On a eu chaud. Un peu plus et la banque du Canada lançait sur le marché des billets de cents dollars avec peinturluré dessus le visage d’une asiatique penchée sur son microscope. A la dernière minute la vénérable institution bancaire a fait marche arrière prétextant que les enquêtes d’opinion révélaient que la plupart des canadiens sondés s’offusquaient de cette forme de racisme latent consistant à associer l’image du monde scientifique avec des gens originaires d’Asie. Trop réducteur. Trop stigmatisant.
Comme si les Asiatiques ne pouvaient pas aussi prétendre à exceller dans d’autres domaines comme ceux des arts ou de la chasse au caribou. S’offusquant que ce serait privilégier une ethnie sur une autre.
Fabuleux cache sexe ! La vérité est toute autre : il eut été pénible pour un certain nombre de canadiens même s’ils s’en défendront en jurant que leur esprit de tolérance n’est plus à démontrer, de devoir régler l’achat de leur moto-neige à coups de billets de 100 dollars respirant des parfums de Chine.
Evidemment pareille mésaventure n’arriverait jamais en France. Il ne viendra à l’idée de personne, au sein du conseil d’administration de la banque de France, de proposer que les nouvelles pièces de 1 euro soient à l’effigie d’un quelconque Noir. Pas plus de suggérer qu’un Arabe de souche puisse prétendre à plastronner sur le versant d’une pièce de 2 euros.
On n’ose imaginer l’effroi qui s’emparerait de la nation si une telle décision était votée : les évanouissements à répétition survenant au moment de payer sa baguette, les urgences saturées par l’afflux de patients atteints d’infarctus à l’instant de régler sa blanquette de veau, la ruée vers les banques pour réclamer des pièces non salies par des représentations nègres ou maghrébines, la panique d’une population étranglée d’indignation d’être représentée par des gens à l’origine plus que douteuse.
Pourtant quel bel symbole ce serait ! Avoir le portrait d’Aimé Césaire sur nos petites pièces de monnaies. Ou de Marius Trésor. Un beau visage resplendissant de négritude assumée. Quel formidable appel d’air cela représenterait !
Evidemment pour les Arabes le choix serait plus difficile : notre glorieuse république pratiquant depuis toujours un racisme institutionnel parfaitement orchestré empêchant
toute personne d’origine maghrébine d’accéder à des postes à responsabilités, il serait plus ardu de trouver une égérie arabisante à plaquer sur le cuivre de notre monnaie.
Quant aux juifs, n’en parlons même pas. Déjà qu’ils œuvrent en sous-main en colonisant nos établissements financiers, en jouant sur les leviers de l’économie afin de favoriser l’entregent sémite, on ne saurait admettre de voir l’un d’eux s’afficher dans l’ovale d’une pièce de 5 centimes d’euro.
De toutes les façons leur nez disgracieux ne rentrerait pas dans le cercle argenté…
lire le billet” Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1″, proclame la fameuse loi Godwin.
C’est devenu une habitude. Dès lors que dans un papier, les miens par exemple, on dérape en osant rappeler le bon vieux temps du nazisme, on se fait immanquablement rattraper par un internaute de passage qui sort son carton rouge sous la forme d’une perfide remarque signalant à l’auteur de l’article qu’il s’est encore pris la plume dans le pot de colle de Godwin.
Ce qui ne manque pas de m’étonner.
A dire vrai, c’est le contraire qui serait surprenant.
Il faudrait plutôt se demander comment dans une discussion on peut à un moment ou un autre ne pas se référencer au nazisme.
Dès lors que l’on s’entend que le nazisme, avec ses corollaires funèbres que furent la Shoah, les chambres à gaz, les fours crématoires, est depuis la naissance du Christ l’évènement le plus marquant survenu dans l’histoire de l’humanité, il apparaît somme toute logique que toute conversation finisse par l’évoquer.
Oui je sais camarade, nul besoin de te fatiguer en laissant un commentaire offusqué signalant que si la Shoah fut certes un bien triste évènement ô combien regrettable, il ne fut pas le seul. Et d’égrener la kyrielle d’évènements douloureux qui ont essaimé le fleuve putride de l’Histoire : le génocide des Indiens d’Amériques, l’esclavage, la guerre d’Algérie, les guerres de religion, la déforestation, etc., etc…
Oui je sais camarade d’infortune tu es fatigué d’entendre parler de la Shoah encore et toujours. Tu aimerais qu’on passe l’éponge. Le passé est passé. Il ne fut pas glorieux mais on ne va pas s’éterniser dessus pendant des siècles. Il faut aller de l’avant. Chaque peuple a connu ses déconvenues. Ce n’est pas parce que les juifs ont été visés qu’il faut nous enquiquiner avec ça à tort et à travers. C’est bon. Et puis ce qui se passe en Israël ce n’est pas joli joli non plus hein ?
Et pourtant.
Il faudrait avoir de la chiure de pigeon dans les yeux pour ignorer que la Shoah ne fut pas non seulement la pire des abominations possibles mais qu’elle marque une césure définitive dans l’histoire de l’homme, qu’elle enterre à jamais les idéaux du siècle des Lumières, cette fantasmagorie de l’idée de progrès contribuant à l’émancipation de l’homme.
Le fait que ce furent les juifs ou les tziganes ou les homosexuels qui eurent à en souffrir n’a rien à voir dans cette considération. Ou alors dans la stricte mesure où pour la première et seule fois dans l’histoire de l’humanité, on a voulu exterminer tout un peuple, non pas pour des visées économiques ou financières – conquêtes de territoires, d’argent, de ressources naturelles, de main d’oeuvre – mais juste parce que ce peuple était.
L’extermination des juifs n’a rien rapporté aux nazis.
Ce fut juste un meurtre de masse métaphysique.
L’homme n’a pas trébuché à Auschwitz. Il y a creusé sa propre tombe.
Le point Godwin n’est que la conséquence de cet enterrement de première classe.
L’onde de choc du nazisme est tellement puissante, elle dégage une telle force tellurique que nous ne pouvons pas y échapper.
C’est ainsi que j’énonce ici une nouvelle loi, le point Sagawind qui peut se résumer ainsi : “Toute discussion qui à un moment ou un autre ne fait pas référence au nazisme n’a pas lieu d’être”.
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D’emblée le combat est inégal. Entre des surfeurs dont l’univers mental se résume à l’apparition d’une nouvelle vague et le requin, monstre d’intelligence et de ruse, le destin choisira toujours ce dernier pour faire triompher les forces de l’esprit sur la vanité des riverains des mers.
N’empêche ces derniers, remontés comme des coucous à l’heure du changement d’heure, sont bien décidés à ramener les requins dans le droit chemin. Pour des raisons qui leur sont propres, ils refusent obstinément de servir d’apéritif à ces infâmes carnassiers des océans, fantasme de toutes nos peurs marines, qui, quand l’ennui les gagne, s’amourachent des maigrelettes gambettes des surfeurs en goguette dont ils emportent le souvenir au large en traçant des sillons de sang qui épouvantent les plaisanciers pendant des décennies encore.
Pourtant, la vie de requin n’est pas des plus reposantes.
Alors qu’ils paressent tranquillement dans des eaux endormies en contant fleurette à des baleines impavides en se remémorant le bon vieux temps où l’homme n’était encore qu’un vague projet à l’étude, ils sont constamment dérangés dans leur sieste dominicale par le clapotement incessant de planches à repasser qui colonisent les rivages de mers ensoleillées.
Il faut s’imaginer le vacarme de ces planches se fracassant sur la surface de l’eau et dont le bruit assourdissant, effrayant, redondant, se répercute, en s’amplifiant, dans les profondeurs nautiques. A force, le requin qui lui n’a jamais emmerdé personne devient fou et finit par péter un aileron.
Exactement à l’image du propriétaire de l’appartement 3C lorsque son voisin du dessus ramène une bibliothèque à monter de chez Ikea et entreprend de la construire en milieu d’après-midi. Et sur laquelle il continue à tambouriner longtemps après que le soleil se soit couché, bientôt imité par tout l’immeuble qui, en signe de solidarité avec ce voisin aux abois, entonne l’internationale à coups de marteaux invasifs et de scies sauteuses.
La fin ne peut-être que tragique. C’est soit le suicide au valium soit la sortie par le haut sous la forme d’un coup de sonnette au voisin suivi d’un lancer sans préavis de la marmite en fonte de belle-maman direct dans la poire de l’inconnu de l’appartement 4D.
Qu’on se le dise. Les sympathiques surfeurs qui à longueur d’année cultivent leurs bronzages sur leurs tapis volants en enchaînant des sauts de cabri surpris à l’heure de la tonte sont les seuls responsables des malheurs qui leur arrivent.
C’est un fait : le surfeur a les idées courtes.
Au lieu de se contenter d’admirer et de respecter ces vieux et nobles océans en restant bien tranquillement affalé sur les plages ensablées à mater le bikini de la femme de son meilleur ami, le surfeur, insatisfait de naissance, las de relire les derniers potins du magazine people piqué à la cousine de sa femme, ne s’en laisse pas conter et se décide à jouer l’équilibriste sur les crêtes des vagues indomptées.
Le tout dans une posture des plus ridicules où l’arrière-train pointé vers la ligne de flottaison, le torse à l’horizontale, les bras suspendus, il se prend à rêver à courir sur l’eau avant de voler en éclats et de valdinguer dans l’immensité du ciel azuré.
Le requin lui n’a pas ce genre de distraction. Les agences de voyages pour requins fatigués qui proposent des destinations exotiques afin de se décontracter les mâchoires sont encore rares. Pour survivre, les requins sont obligés de nager, nager encore, nager toujours, sans jamais s’accorder une pause, pour finir par tomber sur un phoque égaré en haute mer qu’il dégustera en l’assaisonnant d’un saumâtre jus de crevettes aux calamars farcis.
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Les surfeurs qui transforment l’océan en cimetière marin n’ont que ce qu’ils méritent. Ce sont des suicidaires récidivistes. Des pleurnichards pleutres. Des perturbateurs aquatiques. Je ne pleurerais pas leurs morts prochaines. Ce serait comme de s’attendrir sur le sort d’un chat qui s’amuserait à venir gratter le cul d’un ours en pleine cueillette de myrtilles sauvages.
Ou sur celui d’une gazelle qui s’amuserait à venir brouter les testicules d’un lion affairé à recoiffer sa crinière.
Dans ces cas-là, l’affaire ne peut que mal se passer.
Il faut laisser le requin à son antique solitude.
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Décidément j’ai un réel problème avec les Jeux Olympiques. A ranger dans la catégorie ” grande question existentielle encore irrésolue “. Tout juste à côté de la mort de Dieu et de la chute de l’homme après Auschwitz. Un problème si aigu qu’il m’amène à m’interroger sur le fondement même de mon identité.
Je suis encore sous le choc.
Hier alors que d’un oeil distrait je regardais ce gringalet de Renaud Lavillenie s’élancer pour son dernier essai, lors du concours au saut à la perche, je me suis surpris à espérer du plus profond de mon âme qu’il se rate lamentablement. J’ai même peut-être prié. Je voulais vraiment qu’il échoue. C’était plus fort que moi. Pourtant je savais pertinemment que s’il venait à se manquer, cela signifierait que la médaille d’or reviendrait à un Allemand. A un Allemand !!!! Je supportais donc un Allemand. Oui, moi, tout Sagalovitsch que j’étais, je souhaitais avec une ardeur fervente la victoire d’un possible ou probable petit-fils de kapo SS.
Voilà des révélations qui, au détour d’une anodine retransmission télévision, vous changent radicalement un homme.
Mais d’où, d’où me vient donc cette haine farouche pour tout ce qui s’apparente à la France ? Parce que cet exemple du perchiste français, je pourrais le multiplier à l’infini. Sitôt qu’un athlète franchouillard ou qu’une équipe cocardière se présentait sur un parquet ou dans un bassin durant ces jeux, je voulais les voir faillir et repartir la mine basse, la queue entre les jambes.
Je jouissais de leurs échecs.
Leurs triomphes me navraient.
Je crois que je redoutais de les voir plastronner des semaines durant à la une des journaux où à longueur de pages, quelques greffiers de journalistes nous raconteraient l’exploit historique de nos compétiteurs en remontant jusqu’à leur petite enfance. Je déteste cela. Cette façon de s’auto-glorifier de son génie national à travers les faits et gestes d’un quelconque sportif. Cela m’exaspère. Me navre. M’horripile.
Le sport ne devrait pas avoir de frontières et tous les sportifs devraient être apatrides.
Mais ce n’est pas tout.
Je ne comprends pas le nationalisme ou le chauvinisme. Je l’exècre. Le vomis. Peut-être par envie. Ou par jalousie. Né d’un père né à Bruxelles, d’une mère enfantée à Sousse, ayant eu un grand-père originaire de Minsk, une grand-mère de Bucarest, une autre de Tunis, je conçois qu’il me soit difficile de me revendiquer d’une quelconque patrie.
Vivant loin de ma terre natale où au final je n’aurais fait que passer, je ne ressens aucune affinité élective particulière avec la France. Je suis né en France. C’est tout.
Mais cette détestation ?
Mais cette animosité ressentie durant tout ces jeux envers les représentants de la fille ainée de l’église, d’où me vient- elle ? Où puise-t-elle ses racines ? Cette rage négative qui me gagne à chaque fois que je vois un drapeau tricolore, à quoi ou à qui dois-je l’attribuer ?
Je ne sais.
Ou alors serait-il vraiment possible que je voie à chacune de l’apparition d’un de ces athlètes une réincarnation de l’esprit de Vichy ? Qu’à mes yeux ahuris ils sont tous des petits-fils de ces braves gendarmes qui sont venus recueillir ces malheureux juifs le 16 juillet 1942 pour les parquer sans sourciller au Vel d’Hiv ?
Se peut-il que je sois aussi obtus que cela ?
Pourtant je suis récupérable.
L’autre jour, n’ai-je pas pesté comme un beau diable quand l’équipe canadienne féminine de soccer s’est faite crucifiée à la dernière minute des prolongations par leurs rivales américaines ? C’est donc que j’aurais aimé la voir triompher ! Et quand elle a disposé de l’équipe de France pour la conquête de la médaille de bronze, je n’ai pas boudé mon (double) plaisir.
Comme quoi il se peut que je sois sur le chemin de la rédemption.
Quelle horreur !!!
lire le billetConsidérant que le visionnage des J.O est devenu un exercice obligatoire en ce mois d’août où le monde s’accorde une dernière respiration avant de croiser le fer avec la crise, la vraie, l’ultime, celle qui va affamer nos portefeuilles, je me suis astreint à les regarder ces fichus jeux du cirque avec leurs haltérophiles gérontophiles, leurs kayakeurs castagnant des cascades, leurs judokas en jupettes et leurs nageurs en string léopard.
Mon téléviseur, planté dans le salon comme un étendard flamboyant de ma pauvreté s’enrichissant jour après jour, réduit à devenir un aquarium pour mes illusions perdues, j’ai dû, encore une fois, supplier mon ordinateur de bien vouloir crachoter quelques images volées sur un site de streaming de contrebande.
Je l’ai soudoyé en lui promettant une nouvelle webcam et quelques rames de mémoires si bien qu’après avoir longuement délibéré avec son disque dur, il a fini par accéder à ma demande.
Il n’aurait pas dû.
Depuis je vis un véritable enfer.
A ce jour, je n’ai toujours pas pu suivre une course du début jusqu’à la fin. Arrive toujours un moment où l’image se fige, où les coureurs restent pétrifiés comme s’ils jouaient à un,
deux, trois soleils, immobiles comme des colonnes de Buren, avant que piqués au vif par une mouche Tsé Tsé intéressée par la visite scrupuleuse de mon écran, ils ne se mettent à galoper à triple allure afin de rejoindre leur double qui pendant que l’image s’immolait en direct, en avait profité pour filer une centaine de mètres plus loin.
J’ai vu des sauteurs rester perchés au-dessus de leurs barres de qualification pendant de très longues minutes, sans se décider à la franchir, hésitant encore à retomber sur le reposoir mollasson posté de l’autre côté de la Tamise.
J’ai aperçu des myriades de disques voler dans le ciel de Londres et ne jamais retomber, s’offrant une excursion intemporelle au-dessus d’un stade olympique figé dans une stature d’immortalité béate.
J’ai contemplé des marteaux cherchant un clou à enfoncer sans jamais le trouver, incapables de s’arracher des mains d’un lanceur slovaque atteint de paralysie aigüe.
Longtemps, il m’a été offert de disséquer les gambettes d’une sauteuse en longueur désireuse de s’émanciper avant de se raviser et d’attendre l’arrivée d’un bus à impériale pour s’envoyer en l’air.
Souvent, sans même me prévenir, des sites de retransmission se sont suicidés en direct me laissant désemparé et sans autre alternative que d’aller voir ailleurs si l’image n’était pas plus verte, n’en trouvant aucune, en cherchant encore, sans résultat, contraint dès lors à patienter en espérant que les faux départs se multiplient jusqu’à mon retour.
J’ai reçu des dizaines de propositions indécentes de femmes délaissées qui toutes me trouvaient irrésistibles et me conjuraient de les rappeler pour convenir d’un rendez-vous.
J’ai participé à des centaines de jeux concours qui me promettaient de gagner la berline de mes rêves.
Mais j’ai pu aussi grâce à la puissance redoutable de mon ordinateur, surprenant de ténacité, assister dans le même mouvement à une course à l’échalote sur un vélodrome en ébullition tout en suivant les tribulations d’une heptathlonienne se disputant avec sa perche à sauter.
A force, grâce à un entrainement intensif, j’ai fini par voir un judoka sauter des haies, un triathlète gambader sur une jument encore à dresser, un haltérophile séduire une cible de
tir à l’arc, une basketteuse enfourcher une planche à sauter, un handballeur se marier avec un poteau de corner, une pongiste rouler une pelle à une surface de réparation, un perchiste s’amouracher d’un panneau de basket au point de vouloir le sauter.
Au final, je n’ai rien vu.
Je ne suis même pas sûr que les jeux aient vraiment commencé. Les journaux en ligne m’assurent que oui mais comment les croire ? Je n’ai plus en confiance en personne.
J’attends juste désormais la crise pour me sentir un peu moins seul.
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Selon d’éminents professionnels de la profession qui se sont réunis en conclave dans le soubassement d’une synagogue désaffectée, le plus grand film de tous les temps depuis l’invention du septième art se nomme désormais Vertigo de Monsieur Alfred Hitchcock.
Pourquoi pas ?
Pour une raison mystérieuse que les exégètes exigeants attribueront au fait que nous vivons dans une époque vertigineuse ou que la coupe de cheveux de James Stewart correspond mieux aux canons de la beauté masculine contemporaine ou que les nichons de Kim Novak valent bien toutes les récompenses au monde ou que San Francisco est décidément une ville super chouette, il a supplanté Citizen Kane qui jusque-là paradait en tête du palmarès.
Ces classements à répétition qui s’ingénient à répertorier les cent plus grands films, livres, chansons, tartes aux citrons meringuées, soupes aux choux, de tous les temps sont évidemment d’une crétinerie sans nom.
Au nom de quoi peut-on prétendre que tel film mérite d’être considéré à tout jamais comme le plus grand long métrage jamais réalisé ? Comme s’il agissait de mesurer la plus grosse citrouille jamais éclose ou de décerner le titre de l’escargot le plus rapide au monde ou de remettre les palmes académiques au prêtre auteur du plus grand nombre de défloraisons d’orphelins nés dans le Sussex.
Que Vertigo soit un grand film, c’est entendu. Et Citizen Kane aussi. Et Mullohand Drive de même. Et Oscar aussi. Si, si. Et Les feux de la rampe. Et Sur les quais. Et le Parrain.
Et Manhattan. Et A bout de souffle. Et Rio Bravo. Et Les Gendarmes et les gendarmettes. Et La Mélancolie d’un berger de campagne. Et Le soleil ne ment jamais deux fois. Et Laurent de Mongolie. Et Le Premier des irritants. Et Les Ailes de la routine.
Mais affirmer que l’un d’entre eux supplante tous les autres s’apparente à une escroquerie intellectuelle de haut vol. D’une vanité folle. D’une insolente crânerie. Un exercice en tout point puéril et vain, digne d’une cour de récréation où des écoliers prépubères s’entendent à supputer la professeure la plus douée dans l’enroulement de sa langue autour d’un bâton à la réglisse.
On pourrait s’entendre à dresser un classement des cents films les plus marquants de l’histoire du cinéma sans pour autant s’essayer à les départager, en s’accordant sur le fait qu’ils constituent une liste non-exhaustive des films qui par leur audace, leur créativité, leur poésie, s’imposent comme des oeuvres marquantes, indissociables de l’art qu’ils représentent.
Sans nul besoin de les affubler d’une quelconque place protocolaire. Sans les affubler d’une chasuble avec un numéro inscrit dans le dos.
Il n’y a pas de premier dans l’art, ils n’existent que des ex-aequo.
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Inutile de tourner autour du pot d’harissa mais les juifs sont nuls en sport. A les voir courir dans un stade, on a comme l’impression que ce sont leurs jambes qui ont été
circoncises. Conséquence naturelle, le nombre de sportifs juifs émérites, à même de figurer dans l’album d’or des plus grands sportifs nés une kippa à la tête, se comptent sur les doigts d’un chandelier à sept branches.
Tout bien considéré, le plus grand effort physique que le juif consent à accomplir consiste à porter la Torah le jour de la bar mitzva de son fils. Et encore. Bien souvent, lors de cet exercice toujours délicat à effectuer, sous le poids redoutable des centaines de rouleaux de textes sacrés, il se met à vaciller, à tanguer, à valdinguer avant de se prendre les pieds dans son talith et de s’effondrer de tout son long sur la première paracha venue, sous le regard furieux et attristé du rabbin.
Evidemment la coupable toute désignée à ce genre de dysfonctionnement biblique est à rechercher du côté de la mère juive. Qui d’autre ? En effet, sitôt qu’un enfant ayant eu le
malheur d’être né sous une bonne étoile de David, émerveillé par les exploits répétés de son sportif préféré, émettrait le souhait, de devenir, par exemple, lorsqu’il sera grand, footballeur, la réaction de la mère juive ne se fait guère attendre.
Elle adopte un peu près la même attitude que si sa progéniture songeait à se fiancer avec la fille adoptive de l’abbé Pierre, à se convertir au tantrisme ou à s’exiler au Qatar.
A savoir l’arme de destruction massive, celle qui ne sert que dans les situations d’urgence absolue, j’ai nommé la culpabilité.
De fait, le sport n’a jamais compté dans les familles juives.
On ne voit jamais dans les photos d’archives relatant la vie dans les shtetls des bandes de garçons défroqués courir comme des dératés autour d’un ballon. Généralement, dans toute
famille juive qui se respecte, on considère les activités sportives comme au mieux inutiles, au pire nuisibles. Voire dangeureuses.
Chacun sait que les piscines municipales sont aussi infestées de microbes que les eaux de la mer morte, notamment côté jordanien, que les terrains de football sont aussi bien entretenus que les balcons des maisons délabrées de Tel-Aviv, et que les gymnases sont remplis d’appareils aux formes bizarroïdes qui ne sont pas sans rappeler la chambre des tortures qu’affectionaient les zélés zélotes du Troisième Reich en manque de sensations fortes.
C’est ainsi qu’on n’hésitera pas à excuser son petit dernier d’avoir manqué le cours d’éducation physique, en écrivant une lettre circonstanciée au proviseur de l’établissement
où son chérubin étudie, pour lui expliquer que, vu la santé extrêmement précaire de Simon, ses problèmes respiratoires, son asthme chronique, son rhume du cerveau, sa tendinite du menton, ses problèmes d’articulation à l’auriculaire gauche, la myopie de ses oreilles, ses pieds plats, son nez crochu, il serait préférable, à tout point de vue, qu’il soit dispensé à tout jamais des séances de gymnastique qui, soit dit en passant, représentent une perte de temps non négligeable. Ci-joint, veuillez trouver une attestation du docteur Benhamou du consistoire central.
C’est pourquoi les juif ne raméneront aucune médaille des J.O.
Pour faire le paon casher, il faudra attendre la remise des Prix Nobels…
( Extrait d’un texte paru sous le titre Nul, en sport, tu seras, écrit par votre serviteur et publié dans l’abécédaire incomplet de l’humour juif aux éditions folies d’encre )
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D’habitude je ne me sers jamais de mon imprimante. A quoi bon ? La taille de mon écran est assez conséquente pour que je puisse relire mes crachats de chroniques et autres postillons littéraires afin de traquer en toute quiétude la kyrielle de fautes de frappes, fautes d’orthographe, fautes de syntaxe, fautes de grammaire qui pullulent dans l’enchevêtrement de ces lignes saturées d’erreurs.
Sauf que hier pas moyen d’y échapper. Je devais me confronter avec la version papier de mon fichu manuscrit. Un face à face incontournable exigeant le recours impérieux à l’imprimante qui sommeillait depuis des siècles dans le vestibule crasseux de mon armoire à pharmacie.
Après lui avoir infligé une bonne paire de baffes, elle s’est mise en branle, à scintillé de mille feux, m’a demandé c’est pour quoi, tu veux envoyer un fax, tu veux que je te scanne
le cerveau, tu veux que je photocopie ta raie culière, na rien de tout ça mamie veux juste que t’imprimes.
J’ai mis la rame de papier dans son arrière-train, j’ai effectué quelques réglages de mise à niveau, j’ai sélectionné imprimer en encre noir, mode silencieux, j’ai appuyé sur démarrer, elle s’est mise à gronder, la terre a tremblé, je me suis agrippé au bureau, elle a commencé à siffler, à s’ébrouer, on aurait dit une carcasse de vache s’éveillant après sa sieste, tout juste si elle ne soufflait pas des naseaux.
Finalement elle a commencé à crachoter ses feuillets.
C’est bien ma cocotte, continues, tu tiens le bon bout.
Au bout d’une demi-heure alors que j’étais plongé dans une partie de solitaire tout en matant une compilation de quintuple pénétration anale d’une actrice finlandaise entreprise par un harem d’ouvriers texans, elle s’est invitée dans ma réflexion, et m’a dit, attention, je commence à fatiguer, va falloir songer à me donner de quoi manger sinon je suis bonne pour une crise d’hypoglycémie, j’ai mon niveau d’encre jaune qui commence à faiblir.
Mais qu’est-ce que tu me chantes là, je t’ai demandé d’éjaculer en noir pas en jaune. Je sais mais on m’a programmé ainsi. Quand je travaille, j’ai tous les niveaux d’encre qui baissent. C’est dans mes gènes. Pas de ma faute.
J’ai laissé dire.
J’ai pensé que c’était juste un coup de chauffe, qu’elle déraillait, qu’elle était juste un peu rouillée.
Je me suis replongé dans ma partie de solitaire.
J’étais sur le point de remporter la mise quand soudain sans prévenir elle m’a dit, ça y est la bête se meurt, mon magenta m’a lâché. Ma route s’arrête là. Magenta ? Mais qui t’as dit
de te servir du magenta ? Personne. Continues en noir alors. Peux pas. Pourquoi pas ? Pour qu’une imprimante flamboie, le noir a besoin du magenta afin que rejaillisse le feu de l’ancien volcan qu’on croyait trop vieux.
J’ai filé chez le revendeur du coin de l’avenue. Ça m’a couté près de 70 euros. J’ai demandé au vendeur si c’était normal. Oui il a répondu. C’est comme cela que cela se passe chez Epson. Même si vous n’utilisez pas leurs cartouches couleurs leurs niveaux baissent automatiquement. Hein ? Vous vous foutez de moi ? Même pas mon brave. Mais c’est du vol caractérisé ? Tout à fait. Et personne ne plaint ? Si. Et alors ? Rien. C’est la loi du marché. Si ça vous chante vous pouvez toujours acheter une machine à écrire.
C’est ainsi que j’ai découvert le pot aux roses qui peut se résumer ainsi : une imprimante Epson même si tu ne l’utilises que dans sa version noire et blanche, même si tu n’imprimes jamais un document en couleur, elle est conçue de telle façon qu’au bout d’un moment tu es forcé de changer des cartouches d’encre qui n’ont jamais été utilisés.
J’appelle cela du Génie.
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Le CIO a tranché : afin de ne pas gâcher la grande partouze de la cérémonie des J.O de Londres, il ne sera observé aucune minute de silence en mémoire des athlètes israéliens assassinés il y a quarante ans aux J.O de Munich.
Il est vrai que ce serait vraiment une minute de gâchée. Une minute de trop. Après tout ils n’étaient que des peccadilles d’athlètes israéliens pris en otage par Septembre noir, une organisation palestinienne des plus pacifiques, avant d’être sommairement massacrés.
Des athlètes israéliens. Autrement dit des athlètes pas tout à fait comme les autres. Pas totalement innocents non plus. Limite coupables. D’ailleurs, la sagesse populaire qui jamais ne se trompe, ne dit-elle pas qui sème le vent récolte la tempête. On n’allait tout même pas sacrifier une minute entière pour honorer la mémoire de sportifs qui d’une manière ou d’une autre avaient du sang sur les mains. Qu’on se le dise, le C.I.O, ce n’est pas une association caritative tenue par une horde de bonnes sœurs au cœur d’artichaut.
Le C.I.O ce n’est pas l’U.E.F.A, cette bande de pleureuses affectées qui a accepté que l’on respecte, pendant un match de l’Euro, une minute de silence pour cet esprit brillant et pacifiste qui n’a cessé d’œuvrer sans relâche au rapprochement entre les peuples, j’ai nommé Monsieur Thierry Rolland, l’Abbé Pierre du journalisme sportif.
Afin de démontrer qu’ils avaient quand même du cœur, les éminents membres du CI.O, augustes personnages à la morale irréprochable, ont consenti, du bout des dents, à dépêcher Monseigneur Jacques Rogge, leur grand manitou aussi charismatique qu’incorruptible, au village olympique afin qu’il se fende d’un furtif hommage aux onze prétendus martyrs de l’Olympisme. Touchante attitude. On n’espère seulement que les athlètes présents n’ont pas été de trop secoués par ce douloureux rappel.
Faudrait tout de même pas qu’ils nous tirent une gueule d’enterrement pendant la cérémonie d’ouverture, cette grande fête interplanétaire, où, de Damas à Kaboul, l’on célébrera l’amour universel, le respect de toutes les races et de toutes les religions, la croyance en des lendemains qui chantent, la glorieuse incertitude du sport, la revanche du bien sur les forces du mal.
On comprend dès lors qu’il eût été des plus inconvenants en cet instant solennel où le monde chantera à pleins poumons que nous sommes tous frères d’accorder soixante misérables secondes pour prendre la peine de se souvenir de onze brebis égarées qui d’ailleurs, au regard de leur pays d’appartenance, auraient mieux fait de rester chez eux à zigouiller quelques enfants palestiniens au lieu d’oser s’inviter parmi le concert des nations civilisées.
Au fond, ils n’ont eu que ce qu’ils méritaient, ces fieffés zélotes de l’état hébreu. A force de coloniser à coup de schlague des terres qui ne leur appartenaient pas, ils savaient bien qu’à tout moment ils risquaient de déclencher le courroux de pacifistes combattants palestiniens qui n’avaient d’autres moyens que de recourir à des solutions extrêmes pour rappeler au monde le sort atroce qu’Israël infligeait jour après jour à leurs frères martyrisés.
D’ailleurs, si on avait accordé une minute de silence en la mémoire de ces félons de colonisateurs, combien de temps eût-il fallu donner en mémoire de toutes ces victimes du terrorisme israélien tombées sous les balles perfides de Tsahal ? La cérémonie entière n’aurait pas suffi.
Le C.I.O a donc agi avec toute la sagesse qui l’a toujours caractérisé. Honorer la mémoire de Mark Slavin, de Eliezaar Halfen, d’Andre Spitzer, de David Mark Berger, de Zeev Friedman, de Yosef Romano, de Moshe Weinberg, de Yosef Gottfreund, de Amitzur Shapira, de Yakov Springer, de Kehat Schor, eut signifié ni plus ni moins qu’ils approuvaient la politique d’extermination du peuple palestinien par le gouvernement israélien.
Une faute de goût qu’ont su éviter avec brio les instances du comité olympique.
On ne peut que les saluer bien bas d’avoir su résister avec détermination à l’affreux lobby américano-israélien.
lire le billetIl y a des jours où j’ai envie de demander le divorce avec mon ordinateur. De lui demander de cesser de m’importuner. De le ranger dans le placard et de ne jamais le ressortir. De
prendre une hache et de le fendre en deux. De lui cracher à l’écran. De lui dire que depuis qu’il est rentré dans ma vie, il me pourrit l’existence. Qu’il ne m’a rien rapporté. Qu’il me trompe. Qu’il m’ennuie. Que vivre à ses côtés est nuisible pour ma santé. Qu’à cause de lui, ma vie s’est réduite comme une peau de chagrin.
Qu’avant que je ne le connaisse, je passais mon temps à lire, à flemmarder dans le canapé, à marcher dans les rues, à regarder le ciel, à parler aux pigeons, à rêver tout éveillé, à
essayer de trouver un sens à ma vie, à me provoquer, à me sentir inutile mais vivant.
J’avais des amis, des maîtresses, des envies et des dégoûts, des colères et des élans de tendresse, je crois même que de temps en temps il m’arrivait de penser.
Maintenant je ne pense plus qu’à lui, je ne pense plus qu’avec lui, je me surprends à passer des heures à relire exactement les mêmes nouvelles sur différents sites d’informations qui racontent au détail près la même chose, qui se penchent sur des évènements qui au fond ne m’intéressent guère, ne me concernent pas.
Pas plus tard qu’hier, sans même réfléchir, j’ai passé en revue les sites de l’Express, du Nouvel Obs, du Point, de Libération, du Figaro, au sujet de l’attentat perpétré à Damas.
Pourquoi ? Je n’en sais rien. Au fond de moi, dans ce qui me reste comme parcelle d’intelligence, je savais pertinemment que tous reprendraient la même dépêche de l’AFP ou de Reuters, que tous allaient se complaire à redire exactement la même chose, et quand bien même, je me suis astreint à accomplir ce tour de site. Et encore une fois. Indéfiniment. Machinalement. Mécaniquement. Bêtement. Et évidemment en pure perte. Je ne savais même pas ce que je cherchais. Et j’ai déjà oublié de quoi il en retournait. Je pense même que je me fous totalement de ce qu’il peut advenir à Damas. Ou à Tombouctou.
A la place, j’aurais été plus inspiré de me saoûler la gueule, de m’engueuler avec le voisin, d’écrire un haïku, de paresser sur la plage, d’aller boire un café avec un ami, de
passer un coup de fil à mon père, de lire les dernières pages d’un roman dont j’ai entrepris la lecture voilà un mois déjà.
Parfois j’ai honte. Honte de moi. Honte de ce que je suis devenu. Un pantin débile qui a perdu les commandes de sa vie. Et tout ça par ta faute. Tu es là à trôner comme un monarque idiot et mollasson sur mon bureau. A peine levé, je me précipite vers toi pour voir comment tu as passé la nuit. Je prends mon café en te regardant au fond de ton écran. Je n’ai même plus la force de descendre aller acheter le journal. Tu flattes ma paresse. Je te déteste parce que tu es plus fort que moi. Parce que je suis sous ton joug. Parce que tu me maltraites.
Grâce à toi je sais tout mais je ne sais rien. Je suis au courant des dernières avancées médicales, des cours de la bourse, des inondations qui surviennent dans des terres reculées,
des catastrophes qui surgissent dans des contrées lointaines, des morts ici et là, de la vie des célébrités. Minute après minute, tu me donnes l’occasion de suivre des évènements qui n’ont aucune espèce intérêt, qui ne me parlent pas. Mon cerveau s’est comme rétréci.
Bientôt il disparaîtra totalement. Tu auras gagné. Tu auras tout recouvert de ta médiocrité innommable.
Je suis devenu bête.
Je le sens.
Je dois être malade.
Le problème c’est que je ne suis même pas certain de vouloir guérir.
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