Tais-toi quand tu votes

De tous les saperlipopettes de diktats que nous infligent nos parents, ne mets pas les genoux sur la table, tiens-toi voûté, mange ta glace avant qu’elle ne refroidisse, les plus pernicieux sont ceux qui investissent le champ du politique. Ces banalités que s’échangent nos parents autour du banquet familial, entre la poire et la salade de crudités, s’incrustent si profondément dans les replis de notre mémoire qu’avec le temps, elles deviennent si prégnantes qu’il devient quasiment impossible de s’en débarrasser.

Je ne suis pas versé dans les statistiques mais je serais bien curieux de savoir combien de fils et de filles de déportés (tic de language, désolé) dérogent aux recommandations parentales et s’en vont gambader, en franchissant la ligne de démarcation,  émancipées comme des girafes éprises de liberté, pour goinfrer une urne électorale d’un bulletin de vote contraire aux prédispositions familiales.

Les parents nous suivent jusque dans l’isoloir. D’ailleurs comment pourrait-il en être autrement ? A partir du moment où n’importe quel jouvenceau débarqué à peine de ses dix-huit ans a le droit de postillonner un avis, on imagine mal comment il pourrait ne pas s’inscrire dans la droite lignée de la tradition politique de ses géniteurs. A moins de lire en cachette la feuille de chou d’un opus révolutionnaire ou d’être cornaqué par un infâme professeur gauchisant ou droitisant, c’est selon, le bambin votera très exactement comme papa et maman.

Pour la simple raison que depuis qu’il a été admis à vivre parmi les siens, il aura eu pour seule lecture, celle du nouvel obs ou du fig mag, c’est encore selon, comme seul interlocuteur pour son journal télévisé, la tronche du présentateur de TF1  ou de France 2 ou pour les fils de paysans, celle de Soir 3. Autant de petits cailloux qui finissent à la longue par former ce qu’il convient de nommer l’ébauche d’une conscience politique. Avant d’être éventuellement pollué, mais rien n’est moins sûr, par la fréquentation de directeurs de consciences situés à l’opposé du spectre familial des convenances politiques : une amitié nouée avec un fils de cheminot et conclue par des weeks-ends passés dans la maison familiale du retraité cégétiste dans sa maison de la Garenne Colombes, une amourette clandestine avec une fille de sénatrice marquée à droite, parachevée par une visite du palais du Luxembourg et des alentours, une rencontre au bout de la nuit avec un compagnon de beuverie qui s’avère être légionnaire, fils de français de souche, amourtié d’une nuit s’achevant par un pèlerinage en grandes pompes sur la tombe du maréchal.

Ainsi qu’adviendrait-il du brave fils d’une famille d’enseignant qui, cheval rebelle et fougueux, réfractaire à toute forme d’autorité,  s’en irait donner de la voix du côté d’un parti prônant la supériorité de la vache charolaise sur celle du limousin ? Et que dire du sort d’un rejeton d’une famille de grands argentiers qui, défiant les lois de la génétique, s’énamourait d’un parti vantant la prépotence de la vache du limousin sur celle du charolais ?    

Vu la pertinence incontestable de la réflexion ci-dessus, il s’avérerait donc que le destin d’une élection présidentielle ne se jouerait que sur le nombre de fornications réussies entreprises par les adhérents d’un courant politique, quel qu’il fut. Aussi comme conseil aux futurs candidats à une prochaine élection, on proposera non pas le ringardisé et tristounet slogan de Votez pour moi mais bel et bien le plus juteux, Baisez pour moi, reproduisez-vous sans compter, vos spermatozoïdes seront la France de demain.

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Des césars pour les écrivains!

Le cinéma a ses César, le théâtre ses Molière, la télévision ses Gérard, il est grand temps que la littérature adopte un rituel annuel pour décerner son lot de récompenses et autres trophées à ses écrivains les plus méritants. L’idée étant lancée et déjà adoptée, ne reste plus qu’à la baptiser et lui trouver une appellation percutante pour convaincre le PDG de France Télévision ou d’Arte de retransmettre la cérémonie en direct.

Les Proust ? Certainement pas. D’abord parce qu’on ne peut pas décemment organiser une soirée de prestige en remettant des distinctions se référant à un écrivain semi-juif et totalement inverti, et secondement ce serait faciliter de trop la tâche au critique paresseux qui ne manquerait pas de rivaliser de bons mots en circoncisant le nom de Proust de son r ce qui permettrait à Libération de titrer : “Quand les Proust font prout, prout.” Camus ? N’étaient-ce ses origines algériennes et arabisantes, son goût pour les voitures trop rapides, la faiblesse affichée de son œuvre romanesque, il eût été le candidat idéal.  Les Céline ? Impossible. Le CRIF irait sur-le-champ cafarder auprès de l’Élysée et déclencherait dans la foulée une nouvelle guerre de religion. Je propose donc, animé d’un véritable esprit de concorde, les Chateaubriand en hommage à ce grand écrivain français, catholique et chrétien irréprochable, à la prose chatoyante et à la chevelure désordonnée. Va donc pour François-René de Chateaubriand.

Le lieu de la cérémonie ne peut-être que l’Académie Française. Ne serait-ce que parce qu’elle possède déjà des infrastructures de premier plan pour tous les grabataires d’écrivains perclus de rhumatismes qui composent en majorité la république des lettres : ascenseurs ultra-modernes, rampes d’accès sophistiquées pour atteindre sans trébucher l’estrade, personnel déjà formé aux vieillards acariâtres et retors.

Évidemment, le rôle de maître de cérémonie idéal devrait revenir à Bernard Pivot mais il serait capable au beau milieu du déroulé de la manifestation d’infliger une punition collective à son auditoire sous la forme d’une dictée carabinée qui laisserait à découvrir que la plupart des écrivains possèdent des lacunes majestueuses en orthographe et maîtrisent mal la conjugaison du subjonctif passé.

On optera donc pour un tandem détonnant D’Ormesson/Beigbeder couvrant un large spectre des lettres hexagonales, le premier nous abreuvant de “vous savez,  comme disait Mirabeau quand on l’interrogeait sur…”  tandis que le second renchérira en citant les deux seuls écrivains qu’il  a lus, Breat Easton Ellis, Jay Mc Innerney, Breat, Jay, Jay, Breat.

La tenue de soirée ne pouvant en aucun cas être le smoking – les écrivains étant fauchés comme les blés – on  adoptera le classique pantalon de velours côtelé, assez chic pour donner le change, en promotion chez Emmaüs, accompagné d’une chemise blanche mal boutonnée et tachée de disgracieuses auréoles avinées.

L’avantage de cette cérémonie sur ces concurrentes des autres disciplines artistiques, sera sa remarquable brièveté : les écrivains étant alcooliques, asociaux, pas rasés, souvent mal réveillés, mal lunés, d’humeur chagrine, en pleine dépression, divorcés, orphelins, encalés au milieu de l’écriture d’un manuscrit qui n’avance pas, accepteront leurs récompenses en reculant, vendangeront un discours incompréhensible mais surtout, ils ne perdront pas de temps à remercier leurs parents “qui ont toujours cru en eux ” vu que lorsqu’ils ont annoncé à leurs géniteurs leur désir d’embrasser une carrière littéraire ils se sont vus traiter de futurs ratés, de chômeurs en devenir, de cadavres à la renverse, de parasite incommodant, de pédérastes dépravés.

De surcroît, pour vaincre leur timidité maladive, les attachés de presse les auront abreuvés d’un mélange détonnant de vodka et de bourbon, agrémenté d’un litron d’absinthe de contrebande, si bien que la plupart seront excusés de leur absence, remplacés au pied levé par leur éditeur à moins que ce dernier ne les ait accompagnés dans leur beuverie vomitive.

La cérémonie ira bon train. On décernera le Chateaubriand du meilleur roman, du meilleur premier roman, du meilleur deuxième roman, du meilleur septième roman, du meilleur dernier roman  d’un écrivain devant décéder dans l’année, de la meilleure traduction d’un roman anglais, allemand, albanais, autrichien…mexicain, moldave, mauricien…vénézuélien, zimbabwéen, du meilleur personnage de tenancier de bistrot, de l’héroine la plus nunuche, du dialogue le plus enlevé, de la fin la plus réussie, du début le plus envoûtant, du milieu le plus captivant. Sans oublier le Chateaubriand très couru de l’écrivain ne vivant pas à Paris.

Puis viendra le temps des récompenses techniques : meilleure couverture décernée chaque année à Actes Sud, meilleure quatrième de couverture remise invariablement aux éditions de Minuit pour leur implacable sobriété (une page blanche), meilleur imprimeur, meilleur livre numérique pour rester à la page, remise d’un Chateaubriand d’honneur à Philippe Roth ou Jim Harrison qui dans un français impeccable remercieront la France d’avoir su conserver son indéfectible attachement à la littérature tandis que “chez nous en Amérique on préfère remettre des récompenses aux prédicateurs les meilleurs “, ah ah ah rires gras de l’assistance, standing ovation, gros plan sur le ministre de la culture aux anges.  

Enfin pour faire plaisir au CRIF et au lobby judéo-maçonnique, on remettra chaque année, en coulisse, un Chateaubriand spécial pour un écrivain d’origine sémite remis par BHL ou Finkelautre.

La soirée s’achèvera  aux alentours de 21h30 pour permettre aux honorables membres de l’Académie de s’endormir comme de coutume à une heure décente.

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Cancre

 Voulant m’entretenir avec mon neveu des chances de Saint-Etienne de terminer dans les trois premiers de la Ligue 1 (à mon humble avis, aucune) j’ai été estomaqué d’apprendre que non seulement le bougre se trouvait en vacances mais que de surcroît ses vacances s’allongeaient sur deux semaines. Il faut dire qu’au kanada, les vacances de février n’existent pas, et que celles de Pâques ne s’éternisent que sur une semaine. Pourtant à les regarder paître sur les patinoires ou patiner sur des étangs gelés ou kakayaker sur les eaux du Pacifique océan, on ne peut pas vraiment dire qu’ils arborent des tronches d’enfants battus ou maltraités voire maladifs.

Ne voulant pas me lancer dans une étude comparée des systèmes scolaires de ces deux pays amis d’où il ressortirait que la France a encore tout faux, il n’en demeure pas moins que je ne peux passer sous silence le crime perpétré par les autorités françaises auprès de leurs écoliers, collégiens et autres lycéens. Meurtre de masse orchestré par l’ensemble du système éducatif qui condamne des générations d’enfants innocents à se gaver, le temps de leurs pléthoriques études, de connaissances parfaitement inutiles.

 Comme d’apprendre que Napoléon est né à Sainte-Hélène, que les grecs mangeaient du tofu au petit déjeuner, que le carré de l’hypoténuse équivaut à la somme des sinus multipliés par le cosinus de la racine carrée du pape Pie XII, pape ayant aboli l’esclavage du temps de la conquête de la Bretagne par l’armée austro-hongroise lors de la guerre de cent ans qui vit éclore l’anéantissement de la civilisation byzantine, rendue fameuse par sa découverte du génome de la tuberculose que combattit en son temps Charles Martel, en parcourant les fangeuses étendues de la Mongolie intérieure, vaste métropole de bocages septentrionaux où naissent des roches volcaniques remontant au Néolithique supérieur lorsque l’homme entreprit de se livrer au commerce d’épices rares venues d’Inde et ramenées en Europe par l’entremise du Douanier Rousseau, compagnon de route de Jean-Paul Sartre qui s’illustra par ses travaux sur le gérondif participatif du verbe verboten que la langue latine traduisit par rosa, rosam, rosarum, s’opposant en cela à Euclide qui fut le premier à penser que la terre tournait autour de la lune et ce en une révolution des mœurs si éclatante qu’elle conduisit les Visigoths à se passionner pour l’étude de la perspective en tant que principe de la métaphysique copernicienne mise à l’œuvre par le Général de Gaulle qui collabora étroitement avec Graham Bell pour édicter le théorème de Pythagore, serpent appartenant à la famille des orchidées sévissant dans les rizières indochinoises au temps de la mousson, période propice à la reproduction de l’hypothalamus gauche, vecteur de synapses essentielles à la compréhension de l’art Maya en tant que représentation de l’homme moderne en prise directe avec le complément d’objet direct auquel rendirent hommage les romantiques, notamment Sophocle qui épousa en secondes noces Chrétien de Troyes, en la cathédrale de Reims sous les yeux de l’empereur d’Autriche, fils putatif de Pépin le bref, lui-même fils d’immigrés polonais, qui découvrit le premier l’Arkansas, troisième producteur de minerai argenté selon la terminologie de la classification de Medvedev, juste derrière le Chili, pays exportateur de vapeurs dues à la condensation de plantes aborigènes…

 

Post écrit au lait chaud avec du miel de Tanzanie, sous une température de 39.5 dégrés à l’ombre du cerveau embrumé de l’auteur de ces lignes, avec la complicité de son chat et de la chanson Idiot Wind, auteur que l’infirmiere va maintenant reconduire à son lit, lit ou bed en anglais, langue vernaculaire que Brutus apprit à apprendre lors de son expédition lunaire de 1648.

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Génération XFGT

Pour ma part, et en ce qui me concerne, selon moi, à vue de nez, au regard de mon année de naissance, j’appartiens de plain-pied à la génération X, celle décrite avec brio par Douglas Coupland, esprit très éclairé par principe puisque élevé au bon air de Vancouver, dans son roman éponyme où, si je me souviens bien, il racontait la non-histoire de jeunes gens désillusionnés qui glandouillaient au bord d’une piscine en sirotant des cocktails tout en se cherchant une raison d’exister. Ou du moins quelque chose d’approchant.

Après, en toute logique, il a dû donc y avoir la génération Y et maintenant la génération Z. Ou le contraire ? Je m’y perds. Typiquement le genre de papiers qui pullulent dans les pages sociétales des hebdos et que je ne lis par principe jamais. Avec des interviews fadasses de sociologues à la petite semaine qui décortiquent les comportements des nouvelles générations, aidés en cela par une batterie de psychiatres dévoyés qui en rajoutent toujours une couche sur ” le retour du meurtre originel du père opéré par la transformation radicale de la femme en tant que matrice générationnelle du comportement déviant de la société du paraître qui caractérise la jeunesse défragmentaire.” Ou du moins quelque chose d’approchant.

 

Je me propose donc d’inventer à mon tour une nouvelle génération et de la baptiser génération XFGT (choix intuitif de mon clavier envers qui je fais toujours montre d’une confiance absolue) et dans la foulée de cette découverte décisive, je déclare ici, en ce jour du 20 février de l’an 12 d’après le changement de millénaire, qu’appartient à cette génération toute personne ayant connu le monde d’avant internet et celui d’après.

A savoir tous les garçons et les filles de mon âge qui un jour se sont servis d’un téléphone avec un cadran pour souhaiter bon anniversaire à tata Raymonde ou pour demander à Véronique si elle voulait bien sortir avec moi (Non). Qui ont dû s’engoncer un écouteur en fil jaunâtre au creux de l’oreille venant se brancher sur le cul de la radio pour écouter les commentaires hallucinés d’Eugene Saccomano en direct de Marcel Saupin. Qui ont connu les premiers jeux vidéos sous la forme de deux barrettes blanches qui inlassablement se renvoyaient une balle carrée sur l’écran noir et blanc de leur téléviseur. Ou quelque chose d’approchant.

Et qui du jour ou lendemain ou presque ont dû s’adapter à des bidules révolutionnaires permettant de converser en temps réel avec des chinois éveillés. Vendre leur encyclopédie Universalis en 21 volumes pour se fournir sans débourser un franc chez Wikipédia. Découvrir, ahuris de stupéfaction jalouse, des vidéos de quadruple pénétration anales. Apprendre un nouveau langage pour demander à Véronique tu ve sortir avé mwa ? (toujours non). Rassembler toute sa collection de vinyles des 45 tours des Smiths dans une barrette grande et seyante comme un mini-carambar. Ou quelque chose d’approchant.

Depuis l’avènement de l’électricité, et encore, jamais bipède à forme humaine n’avait eu à changer d’une manière si radicale son mode de vie, sa façon de communiquer, d’échanger, d’être. Son rapport au monde, à la sexualité, à l’autre, à Dieu, à l’absence de Dieu. A soi. A trouver l’équilibre entre la relecture du bruit et la fureur et la nécessité impérieuse de savoir de quoi est morte Whitney Houston. De tenter de s’accrocher à ces anciennes croyances en un monde où le temps prenait son temps pour se raconter à une époque où le temps n’a plus le temps pour perdre son temps à temporiser. De composer avec une structure mentale façonnée par l’écrit et d’essayer de l’adapter à un univers où l’image prédomine. De continuer à essayer de réfléchir au sens de sa propre vie tout en se sentant perpétuellement dépassé et écrasé par une société qui n’a plus le temps de se formaliser avec ce genre de pensées.  Ou quelque chose d’approchant.    

Dans une saison en Enfer, Rimbo écrivait :  “La science, la nouvelle noblesse ! Le progrès. Le  monde marche ! Pourquoi ne tournerait-il pas.”  En effet, pourquoi pas ?

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Les mariés de l’ennui

A priori je n’ai aucune compétence particulière pour traiter de l’épineux sujet du mariage gay : je ne suis pas marié pas plus que je ne suis gai. Concernant cette dernière non-qualification, je n’ai aucun mérite. Il est bien connu que, de toute éternité, enfin mettons depuis l’éradication sauvage et radicale de Sodome et Gomorrhe, il n’existe pas, bien entendu, de juifs gays. Ça se saurait. Aussi impossible à dénicher qu’un catho qui vote à droite ou qu’un musulman qui supporte le PSG. Une impossibilité métaphysique passible de provoquer chez la mère juive une envie irrépressible de défénestration voire d’un génocide de toute la famille, chats et chiens compris.

J’avoue, fort de mon ignorance crasse sur le sujet, que je ne comprends pas bien cette obsession enragée de la communauté gay de vouloir à tout prix s’en aller saluer Monsieur le maire avant de se rouler une pelle devant le parterre de la mairie sous une pluie de riz basmati. Être gay pensais-je c’était comme être punk.

 

L’affirmation enragée d’une rébellion à l’ordre public, un crachat envoyé à la face de la bourgeoisie bien-pensante, un bras d’honneur adressé à l’endroit de l’ensemble des corps constitués. Le refus obstiné des conventions. Une manière de vivre bien à soi qui n’admet aucune concession. Vivre à la marge tout en assumant pleinement sa différence. Effrayer le bourgeois et s’en féliciter. Se rire des regards offusqués de la concierge de l’immeuble.

Au lieu de quoi, une frange non négligeable de la communauté gay et lesbienne réclame à cor et à cri sa part de normalité. Les voilà qui veulent à tout prix rentrer dans le rang. Se fiancer, publier des bancs, se marier, s’endetter pour s’offrir une soirée de gala dans un hôtel des beaux quartiers, s’emmerder à aller de table en table pour s’assurer que le saumon est bien goûtu, se trémousser en cadence sur C’est bon pour le moral de la Compagnie Créole, s’enquiquiner avec des marmots de substitution, régler ses impôts sous le régime commun, s’acoquiner avec un plan d’épargne, s’acheter une concession commune au cimetière municipal.     

Arthur Rimbaud acceptez-vous de prendre pour époux Monsieur Paul Verlaine ? Gertrude Stein acceptez-vous de prendre pour épouse Mademoiselle Alice B.Toklas ? Steve Morrissey acceptez-vous de prendre pour époux Steve Morrissey ? Non, messieurs dames, je refuse. De toute mon âme. Je ne suis pas comme vous. Je ne veux surtout pas être comme vous. J’ai en horreur tous ces protocoles sentencieux qui ne sont là que pour rassurer la société et l’empêcher de dérailler. Je suis un hors-la loi.

En voulant renoncer à leur pouvoir de provocation, les gays ne sont-ils pas en train de se perdre et perdre de leur force de déstabilisation ? Ne sont-ils pas désireux avant tout de s’embourgeoiser, de se normaliser au risque se de détourner de ce versant sulfureux qui les rend si indispensables au bon déroulement de la vie moderne ? A l’image des juifs qui veulent à tout prix s’assimiler, se fondre dans le décorum et le grand barnum de la République, au risque de se diluer et in fine de disparaître, de renoncer à ce qu’ils sont : des empêcheurs de tourner en rond, des êtres impossibles, inclassables, dérangeants, des êtres du dehors voués à servir de repoussoir et de bouc-émissaires.

Le juif assimilé est tout autant utile à la société qu’un gay banalisé. Il rejoint le troupeau des masses bien-pensantes, propres sur elles, impeccables de rectitude, pétries de sens commun, réduites à mastiquer une existence sage comme la mort, sans aspérités, sans heurts ni fracas.

Une vie peureuse qui n’engendre que des comportements rassis et des sentiments moisis.

Des vies au rabais.

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Le tennis aussi c’était mieux avant

J’avoue, je n’ai plus fréquenté les abords d’un court de tennis depuis une bonne trentaine d’année lorsque du haut de mon mètre vingt, je me faufilais dans les allées de Roland Garros, à la recherche d’un strapontin pour asseoir mon séant et assister aux exploits des champions de l’époque qu’ils se nommassent Borg, Gerulatis, Gottfried, Villas, Gildemeister, Wilander, forçats de la terre battue, obligés d’en découdre avec des Rossignol Strato, des Dunlop Maxply, des Snauwaert, ces superbes raquettes en bois laqué, aussi rigides qu’un sapin congelé de l’antarctique nord, tendues de cordages en boyaux de chat qui éjaculaient des lancers de balles s’en allant traverser le cours à la vitesse d’un escargot dépressif, laissant le temps au cerveau d’analyser la position de l’adversaire, la force du vent, l’inclinaison du soleil, la teneur en poussière du grain de la terre battue, la tenue vestimentaire du ramasseur de balle.

Désormais, le joueur de tennis n’a plus besoin de cerveau. Tout juste s’il a besoin d’une raquette. Une fois sur deux, il balance un gnon de service qui laisse son adversaire aussi ahuri qu’un canari égaré dans un safari pour qataris enrichis, un adversaire qui doit attendre l’énoncé du score par l’arbitre pour se rendre compte qu’un point vient d’être joué et l’obliger de se mouvoir de quelques mètres de côté pour recevoir une nouvelle balle fantôme, filant à la vitesse de la lumière, trop pressée pour prendre le temps de le saluer.

Et quand par chance, il parvient à relancer la baballe, le serveur vexé de voir son missile revenir, fulmine de rage, et afflige une claque retentissante à l’innocente petite balle jaune qui toute tourneboulée, la chevelure ratiboisée, aussi lisse qu’un poussin atteint de calvitie précoce, chavire sur elle-même, tourbillonne, tournicote dans tous les sens avant de s’en aller dépoussiérer, avec fracas, la ligne du couloir.

Les joueurs de tennis aujourd’hui sont grands. Très grands. Le nain qui culmine à 1m75 n’a plus sa place sur un terrain de tennis. Et de se souvenir de Harold Salomon, ce merveilleux petit bonhomme au cerveau agile qui parvenait à se défaire de malfaisants géants en ensorcelant la balle de telle manière qu’elle radotait sur elle-même avant de retomber, inerte et mollassonne de l’autre côté du filet. Cela s’appelait une amortie. Un geste qui semble-t-il a disparu de la panoplie du joueur moderne. Tout comme le lob. Ou la contre-amortie. Ces adorables et mesquins petits coups de vice qui prouvaient qu’une intelligence était en éveil de l’autre côté du filet. De nos jours, la balle va bien trop vite pour permettre au joueur d’élaborer une quelconque stratégie. A peine la balle a-t-elle pris son envol du cadre de sa raquette qu’elle est déjà de retour. Te revoilà toi ? Et de rage, de lui balancer une volée de bois vert encore plus tonitruante.

Surtout le tennis est devenu aussi emmerdant que le nouveau roman. Aucune intrigue. Style atone. Disparition de l’adjectif. Les joueurs de tennis se ressemblent tous. Ils sont polis jusqu’à l’extrême, ils se respectent, pas un qui ne s’en prend au ramasseur de balle, coupable d’avoir reniflé trop fort entre deux échanges, pas un qui ose se mesurer au juge de ligne pour le traiter de noms d’oiseaux, pas un qui ait l’audace de terroriser l’arbitre en le menaçant de l’émasculer avec un service boisé mal dirigé. Rien. Sages et respectueux, ils récitent leur partition, apprise par cœur, sans dévier d’un pouce de leur texte. Je cogne, tu cognes, il cogne, nous cognons, vous cognez… Et oui je sais, je vieillis, tu vieillis, il vieillit…

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La Raie De Lanal

Et soudain surgi de la brume vaporeuse de l’anonymat Lana Del Rey. Vous ne savez pas qui c’est ? Mon non plus. Pourtant impossible de se balader sur le web sans trouver une notule, un article, une dépêche se référant à cette nouvelle i-conne montante. Il apparaîtrait que Denisot l’ait fouettée en direct au grand journal, qu’elle chante comme La Callas, qu’elle danse comme Isadora Duncan, qu’elle se déhanche comme Zizi Jeanmaire, qu’elle a la beauté d’Ingrid Bergman, l’intelligence de la Comtesse de Ségur, la sensibilité de Virginia Woolf, le sex-appeal de Marilyn, la classe de Gena Rowlands, le compte en banque de Liliane Betancourt.

Bref, une étoile est née. Comme l’autre. La Lady Glagla. Typiquement le genre de demoiselle qui pourrait être ma voisine de palier sans que je soupçonne une seule seconde qu’elle se trouve être une star interplanétaire. De celle qui déclenche à chacune de ses apparitions une hystérie collective, une partouze de sentiments contrastés, une galaxie d’émotions allant du ravissement béat à l’admiration exaltée. 

Sait-on seulement elle quoi ressemble la gaga de ces dames ? A force de se métamorphoser à chaque fois qu’elle daigne honorer de sa présence un plateau de télévision, on ne sait plus quelle tronche elle peut bien avoir. Une déesse grecque réincarnée ? Le sosie de Josiane Balasko ? La sœur de Mère Térésa ? Pourtant aussitôt qu’elle s’abaisse à  ouvrir la bouche pour asséner des vérités existentielles du genre, ” le secret de mon teint de jouvencelle je le dois à l’influence de mon chat siamois, né sous le signe du verseau, baptisé  par un moine taoïste de L.A, qui me suit partout et me conseille”, on entend des oh et des ah extatiques s’élever de la mare imbécile de la masse crédule à qui on impose de se passionner pour des personnalités aussi attachantes qu’une présentatrice de la météo à la télévision nord-coréenne.

Elle ne chante pas vraiment, elle ne danse pas vraiment, elle ne parle pas vraiment, elle ne jouit pas vraiment : elle n’existe pas vraiment. Comme Britney Spears, Marriah Carrey, Madonna ce sont des fantômes qui incarnent à merveille le néant abyssal des temps modernes. Sans aucune identité, dépourvues de tout talent, aussi alertes intellectuellement que des pots de cornichons avariés remisés dans l’arrière-boutique d’une épicerie à l’abandon, elles façonnent les modes, dictent le comment s’habiller, se prennent pour le nombril du monde et condamnent des millions de demoiselles innocentes à lui ressembler.

Sur le site français de Lana Del Rey, on peut lire “l’artiste atteint désormais la France avec ses titres uniques écrits avec une simplicité déconcertante et mis en scène devant sa webcam. La jeune américaine est aussi talentueuse que discrète et les informations à son sujet se payent à prix d’or par les médias du monde entier. Lana Del Rey se résume en quelques mots : on découvre, on écoute, on frissonne et on ne s’en lasse plus”. Nous voilà rassurés. Elle fait frissonner. Bientôt elle frisera aussi. Avant de fricotter avec Mike Larose. Puis de friponner auprès de Berthe Lagrise. Et de se frictionner avec Jude Laverte. Sans oublier de se fringuer comme Harry Lerouge. Et puis un beau jour, sans afféterie, elle redeviendra ma voisine de palier.

Sinon, à titre informatif,  l’adorable bécasse a déjà 12697 de corniauds franchouillards qui se la facebookent tous les jours. Nous vivons une époque formidable.

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L’avis devant soi

Franchement, je n’aimerais pas être le premier ministre israélien. D’abord, parce que de toute éternité, les juifs peuvent se targuer d’être le peuple le plus emmerdant à gouverner. Pire que les français. Râleurs et insatisfaits par nature, rebelles dans l’âme, indociles par principe, ils entretiennent des rapports plus que compliqués avec la notion d’autorité. Souvenez-vous du sketch de la sortie d’Égypte : Dieu, après avoir joué au chat et à la souris avec le Pharaon, se décide enfin à libérer son peuple et l’envoie gambader dans le Sinaï, direction la terre promise. Après quelques jours d’errance dans un désert aride et rocailleux, le peuple commence à gronder et s’en va enguirlander cette nouille de Moïse : “c’est quoi ce voyage organisé de mes deux que tu nous as concocté ? Il fait une chaleur pas possible, la bouffe est dégueulasse, on meurt de soif et la nuit il caille comme c’est pas permis. Si on avait su, on serait resté en Égypte. Au moins, on mangeait à notre faim.”

Le premier ministre israélien et son cabinet ministériel se retrouve aujourd’hui confronté à un terrible dilemme où Israël joue avec sa survie. S’il prend la décision de laisser l’Iran disposer de la bombe atomique, il s’expose au risque qu’un beau matin, il se réveille en découvrant que son pays n’est plus qu’un vaste champ de ruine.

Foutaises argumentent les grands experts des relations internationales qui, dans le confort douillet de leurs bureaux situés dans les grandes capitales occidentales, vous expliquent que l’Iran n’aurait rien à gagner à s’en prendre à Israël puisqu’en agissant de la sorte, elle signerait là son arrêt de mort. Raisonnement à priori impeccable. Sauf que ces sommités de la pensée occidentale partent du présupposé intangible que les dirigeants iraniens raisonnent comme vous et moi et qu’à priori l’idée de finir en particules de poussière atomique ne les enchantent pas outre-mesure.

Pourtant, dans la longue histoire de l’humanité, il semble qu’on ait déjà vu des peuples et leurs gouvernants, apparement sains d’esprit, apparement animés de bon sens et apparement possédant une once de rationalité, précipiter leur pays dans des abysses insoupçonnables. La tentation de l’apocalypse et “d’après moi le déluge” a de quoi séduire des esprits un tantinet dérangés. Sans verser dans la politique fiction à rebours, il n’est pas totalement abscons de penser que si Adolf avait reçu comme cadeau de baptême une belle bombe atomique, il n’aurait guère eu de scrupules à s’en servir. Quand bien même cela eut signifié la destruction totale de son pays.

Si le premier ministre israélien opte pour une non-intervention en Iran, il prend le risque qu’un jour, des générations de survivants l’apostrophent en lui disant “mais Bibi, comment n’as-tu pas pu voir que tout prédisait que l’impossible deviendrait possible ? Comment as-tu pu ne pas entendre les discours de l’autre meschuge répéter à longueur de temps que la destruction d’Israël constituait son vœu le plus cher ?  Pourquoi as-tu été sourd à ces menaces ? Pourquoi l’as-tu laissé disposer de la bombe ? Tu pensais quoi ? Qu’il allait se contenter de la cajoler du regard ? Qu’il allait jouer au jokari avec ? “.

Maintenant, si le premier ministre se décidait à passer à l’offensive, il prendrait le risque de voir la communauté internationale hurler au loup, le traiter de criminel irresponsable, de va-t’en guerre inconséquent, de fouteur de merde par excellence, de sale bâtard de juif déïcide, de fils de pute de Judas, de paragon de nazi, de petit dictateur arrogant et sûr de soi, de pyromane insensé, d’empêcheur de payer son litre d’essence à moins de deux euros, de contributeur à l’embrasement du Moyen-orient.

Sans oublier que sa propre population devrait passer ses journées dans des abris souterrains à jouer au rami tout en se disant “Je t’en prie, qu’est-ce qu’on avait besoin d’attaquer ainsi l’Iran ? Il fait une chaleur à crever dans ces caves, la bouffe est dégueulasse, les portables ne passent pas, il n’ y a pas de wifi, la télé ne marche pas, le coca n’est même pas frais et les chiottes sont déjà bouchées. Si on avait su, on aurait élu un autre premier ministre. ” 

L’histoire étant parait-il un éternel recommencement, le peuple d’israël ayant déjà connu les joies d’un génocide, on souhaite décidément bien du plaisir au premier ministre israélien.

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La plus bête pour aller danser

Marine, mon bel enfant, quelle mouche t’a donc piquée pour que t’en ailles aller danser la valse avec des nazillons viennois sur le parquet d’une salle de bal d’où étaient exclus ces souillons de juifs, apôtres de la décadence occidentale ? Pourquoi t’être accoquinée de la sorte avec ces postillons d’autrichiens rêvant, à l’ombre de leurs pensées dérangées, d’un ordre nouveau gouverné par des aryens de bon teint ? 

Peut-être voulais-tu réaliser là un rêve de jeune fille, quand innocente pucelle bretonne, en dévorant à la dérobée les romans de Joseph Roth ou les nouvelles de Arthur Schnitzler, tu t’imaginais dans la peau d’une de ses fragiles héroïnes, toutes tremblantes d’excitation à l’idée de fouler la salle de bal de tes délicates chevilles, sous l’œil admiratif de toute la crème de la société viennoise qui n’aurait pas manqué de te remarquer, toi sveltesse demoiselle à la chevelure cendrée, au regard de biche, à l’allure si gracile que tu n’aurais pas manqué d’engendrer auprès de la gent féminine une jalousie bornée ?

Marine, mon bel enfant, pourquoi ce soudain écart de conduite qui d’un seul coup ruine tous les efforts que tu avais entrepris pour te départir de l’héritage parfois difficile à assumer de ton père ? Pourquoi, alors que ces derniers temps, tu n’avais eu cesse de démontrer que tu réprouvais l’antisémitisme de bon aloi de la figure paternelle qui préside à ta destinée, pourquoi être allée t’étourdir au bras d’hommes nostalgiques du troisième Reich, affreux jojos de révisionnistes ayant juré la mort de la juiverie internationale ?

Je ne te comprends pas Marine. Hier encore tu te présentais sous les traits d’une Antigone bien décidée à t’opposer à ton Créon de père, mais en l’espace d’une nuit, voilà que tu as revêtu la cape d’une sotte nostalgique d’un temps à jamais révolu, voilà que t’es abaissée à flirter avec  des aristocrates de bas-étage, avec des hommes qui aiment à se travestir en soubrettes berlinoises pour se faire entreprendre par des cohortes de bavarois lubriques salivant de leurs prépuces baveux à l’idée de posséder des tourangelles innocentes ?

Pour toutes ces raisons, mon bel enfant, tu me vois dans l’obligation de refuser de t’accorder mon parrainage. Hier encore, même si je ne partageais pas tes idées, je pensais que ta présence à l’investiture présidentielle honorait la démocratie et que c’eût été comme sacrilège que tu fusses écartée de cette course pour une simple question de signatures défaillantes. Oui, t’avouerais-je que je songeais très sérieusement à t’accorder mon parrainage.

Plus maintenant. Et quiconque te donnerait le sien, je le considèrerais désormais comme le dernier des hommes. Et quiconque te donnerait sa voix, celui-là aussi, je le considèrerais comme le dernier des hommes.

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Monsieur Cohen

Une semaine déjà que j’écoute en boucle le dernier Leonard Cohen – au Canada, c’est obligatoire – et je ne suis toujours pas en mesure d’affirmer, en des termes définitifs et bien tranchés, que le dernier opus du chéri de ces dames s’apparente à une pure merveille, un joyau de délicatesse chatoyante déclinant les thèmes favoris du chanteur, mort, sexe, sexe, mort, mort du sexe, sexe de la mort, ou bien alors, si c’est un disque si ennuyeux et mortifère qu’il rendrait même mélancolique un suicidaire récidiviste cheminant le long du pont Mirabeau, une ode funèbre adressée à un monde qui s’en va et ne reviendra pas. Ou les deux à la fois.

Il est vrai que non seulement je suis lent mais de surcroît je n’ai pas l’oreille musicale. Ce qui fait beaucoup pour un seul homme. Cependant à lire le concert de louanges célébrant le retour du fils prodigue dans son royaume où le soleil ne semble jamais s’être levé, ni hier, ni aujourd’hui, ni demain, il faut croire que  Monsieur Cohen qui ressemble de plus en plus à un berger de l’ancien testament, a fait du bon boulot.

Sauf qu’une chanson de Leonard Cohen c’est un peu comme un verset biblique. De prime abord, on se laisse séduire par la magie du Verbe, on se persuade d’avoir saisi le sens de la parole divine, on se sent comme le fils adoptif et chéri de Dieu-le-Père alors qu’on nage dans la plus grande des confusions, propice à tous les malentendus. Si bien qu’il faut se farcir l’intégralité de la totalité des œuvres complètes du Zohar revisitées par la science d’un rabbi hassidique carburant au pastis pour tenter de comprendre le début du commencent du sens dudit verset.

Ainsi des chansons de Leonard Cohen qui comme le soulignait fort à propos Robert Zimmerman résonnent toujours comme des prières. Des élégies suaves saluant un élan vers l’ascétisme et la pureté, contrebalancées par un attrait quasi mystique pour les plaisirs de la chair magnifiée par la femme, cette sainte en talon aiguilles ou cette prostituée en tenue de cardinal, c’est selon, qui s’amuse à donner le tournis à l’homme, ce pauvre mécréant tiraillé entre une aspiration vers une spiritualité toujours remise en question et une fascination pour tout ce qui s’apparente au monde d’après la chute.

Les chansons de Leonard Cohen, les anciennes comme les nouvelles, déclinent toujours des odes mélancoliques et désespérées révérant l’éternel féminin tout en s’incarnant dans une tradition littéraire qui puise ses origines du côté de Garcia Lorca et de Sholem Aleikhem… et bon dieu, affolant comment je rame, tiens Messi vient de rater un pénalty, c’est étonnant, ah oui, le corniaud, il a tiré à mi-hauteur, quelle erreur, du pain béni pour le gardien adverse, donc oui, je vous avais prévenu, je suis lent, musicalement parlant j’entends, parce que sinon, malgré mon grand âge, je galope comme un étalon détalant dans la dernière ligne droite de Longchamps, enfin non pas comme un étalon, c’est sexuellement connoté, alors mettons comme un canasson, oui voilà, comme un canasson détalant dans la dernière ligne droite de Vincennes, parce que si ça se trouve, Longchamps ça n’existe même plus, comme quoi tout fout le camp, alors soyez gentil, accordez-moi votre clémence et revenez-me voir dans un an, j’aurai peut-être un avis un peu plus pertinent sur le disque de monsieur Cohen, parce que là franchement, comme vous avez pu vous en rendre compte, puisqu’à force de me lire, vous avez acquis la perspicacité de la sagacité, je n’ai pas le début d’une opinion.

Si vous voulez juger par vous-même, c’est par ici. http://www.npr.org/player/v2/mediaPlayer.html?action=1&t=1&islist=false&id=145340430&m=145466815

Gratuit pour les juifs. Pour les goys, offrez une obole pour la reconstruction du troisième temple.

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