Les bêtises du petit Nicolas

 

Nicolas Anelka a parfaitement raison.

Il n’est ni raciste ni antisémite.

Il est simplement, irréductiblement, infiniment bête.

Mais de cette bêtise qui finit au fond toujours par nous attrister, tellement elle nous rend honteux et presque coupable de voir à quel degré de vague imbécilité l’être humain est parfois capable de se morfondre.

Il n’est pas question ici de reprocher à Anelka de n’avoir comme bagage culturel autre que celui qui lui permet seulement de saisir dans toutes ses nuances les nouvelles règles d’un jeu vidéo à la mode.

La culture ne préserve pas de la bêtise.

Non il y a toujours eu chez Anelka cette manifestation d’une bêtise presque triomphale dans l’exacte mesure où l’on devine chez lui la certitude bien ancrée d’être une personne qui précisément se pense comme un être supérieurement intelligent, naviguant dans des latitudes si élevées que nous autres, journalistes, chroniqueurs ou simples observateurs de la vie publique, peinons à saisir la pleine fulgurance de ses pensées ensorcelées.

C’est cette dichotomie entre ce qu’il est et ce qu’il pense être qui provoque, à chacun de ces coups d’éclats, comme une gêne qu’on ressentirait à sa place tellement il nous apparaît que chez ce footballeur l’intelligence n’a jamais eu droit de cité, s’étant contentée d’une brève et furtive visite avant de déguerpir, dépitée de voir qu’aucun terrain favorable ne pouvait l’accueillir.

C’est pour cela qu’on aurait tort de penser Anelka capable ou coupable d’un quelconque sentiment antisémite, l’antisémitisme étant, dans son acception noble, une construction intellectuelle, une tournure d’esprit, une assertion morale permettant à un individu d’exprimer son ressentiment vis-à-vis du juif.

Que ce ressentiment obéisse à des raisons qui nous écœurent ou nous indignent n’enlèvent rien au caractère pensé, raisonné voire articulé qui le sous-tend.

Cet antisémitisme qui puise ses racines dans un antijudaïsme de bon aloi où le peuple juif continue d’être représenté comme l’archétype du peuple déicide refusant de voir le Christ comme l’incarnation de l’image messianique et continuant à afficher ses certitudes avec un aplomb apparaissant alors comme ignominieux.

Autant de nuances qui, il va s’en dire, demeurent étrangères à un esprit aussi chétif que peut prétendre l’être celui de Nicolas Anelka ou de tous ces autres sbires qui se gargarisent d’être, non pas antisémites mais antisionistes, comme si leurs pensées étriquées pouvaient arriver à concevoir la différence mise à l’œuvre entre ces deux courants de pensées dont les passerelles sont trop nombreuses pour prétendre n’entretenir entre eux aucune étroite contingence.

Anelka et tous ceux qui le soutiennent ne sont ni antisémites, ni racistes, ni antisystèmes, ils ne sont que les pauvres victimes d’une maladie qui a toujours eu cours et ne cessera jamais aussi longtemps que l’espèce humaine se perpétuera.

Cette maladie incurable, intangible, intarissable, c’est la bêtise.

De cette bêtise qui autorise tous les débordements, légitimise les actions les plus niaises et assure à celui qui la professe et la théorise la reconnaissance instinctive de ses pairs tant elle n’est jamais aussi qu’éclatante que lorsqu’elle se trouve être partagée, échangée, démultipliée.

De cette bêtise qu’il faut combattre sans relâche parce que c’est elle qui permet à toutes les intolérances de prospérer dans le flux continu de ces diarrhées verbales qui finissent par gangréner d’un mal sournois une société déjà bien abîmée.

Sachant qu’on ne triomphe jamais de la bêtise.

Qu’on peut simplement essayer de la contenir afin qu’elle ne se propage de trop et nous précipite à nouveau dans le purin de l’histoire.

 

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Et un cerveau artificiel c’est pour quand ?

 

Franchement, je ne voudrais pas être à la place de celui qui a reçu comme cadeau de Noël un cœur artificiel.

Je serais en proie à de tels vertiges métaphysiques que je me pendrais avec la première perfusion perchée au-dessus de ma tête, autour de laquelle je sacrifierais mon cou bien volontiers.

Rien que de se demander si, avec cette pompe pompant mon sang avec la régularité d’un automate, je serais à nouveau capable d’éprouver une émotion, de ressentir de la peur ou de la joie, de succomber à un accès de colère ou de feindre un enthousiasme, provoquerait chez moi une envie irrépressible de visiter sur-le-champ la morgue de l’hôpital en tant que membre permanent de cette caverne aux cadavres réfrigérés.

Ou alors d’épuiser la pile de mon nouveau cœur en participant à un marathon sous-marin enchaîné avec un triathlon effectué en apnée sur les hauteurs de l’Everest terminé par une partie de badminton disputée au meilleur des 25 sets afin de m’assurer de mettre hors d’usage cette foutue pile qui obligerait mon cœur fictif à battre des deux valves avec le même flegme qu’un lord anglais relisant les œuvres complètes de Thomas Hardy devant son feu de cheminée.

Entre un nouveau cœur mécanique et le néant, il me semble que je choisirais toujours le second.

Vous vous imaginez un seul instant entrain de visionner des chiffres et des lettres sans même que votre cœur ne se mette à soupirer d’ennui, affichant la même tranquille et imperturbable décontraction que si vous regardiez un remake de l’Exorciste ou une version colorisée du Testament du docteur Mabuse ?

De regarder Élephant Man sans être capable d’écraser une larme ?

D’admirer le fantôme d’Élisabeth Taylor sans même sentir son sang fourmiller d’envie de la prendre là de suite, séance tenante, en jouant aux osselets avec sa poitrine sublimement rebondie ?

Être vivant mais déjà mort.

A ce rythme-là, viendra immanquablement le temps où un chirurgien encore plus barré que ses confrères se mettra en tête de greffer un cerveau artificiel à une personne atteinte d’une avarie cérébrale incurable.

Un cerveau flambant neuf, avec des neurones fonctionnant à la perfection, des synapses affichant une forme pétaradante, une mémoire infaillible, un inconscient rutilant comme un sou neuf, une conscience ne sombrant jamais dans l’inconscience, un cerveau qu’on mettrait en mode veille à la nuit tombée avant de le rallumer le matin survenu.

S’éveillant à un jour nouveau encore bercé par de doux rêves qu’on diffuserait savamment pendant la nuit par bouffées évanescentes comme ces parfums d’ambiance qui saupoudrent l’atmosphère de fragrances délicieusement délicates.

Ce serait une vie rêvée.

Plus de conflit inutile entre le ça et le surmoi.

Plus de trous de mémoire, de crises d’angoisse, d’attaque de panique.

Plus rien.

Juste un cerveau parfait à qui préalablement on aurait pris soin d’inculquer les notions de bien et de mal.

Qui serait alors capable de discernement sans jamais succomber à la haine ou au ressentiment.

Le début d’une nouvelle ère où l’on cesserait une bonne fois pour toutes de traiter l’auteur de ce blog de triple connard trépané à la botte du lobby israélo américain dont on peine à comprendre l’intérêt des jactances aussi passionnantes à lire que le journal de bord d’un capitaine de péniche assurant la liaison Paris/Rouen.

Quelle tristesse ce serait !

 

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Quand l’Etat verse 400 000 euros de subventions à Voici

 

Il existe désormais deux mystères insondables qui m’empêchent de dormir la nuit : le pourquoi de la création de l’univers et le fonctionnement des aides à la presse, dont le ministère de la culture vient de dévoiler la liste exhaustive.

Où l’on apprend en toute logique que les grands quotidiens de la presse nationale reçoivent les subventions les plus conséquentes.

Suivis de près par les titres de la presse régionale.

Et puis soudain, aux alentours de la 113ème place on lit effaré, abasourdi, ébaubi, que Voici, oui Voici, le torche-cul des intellos dotés d’un Q.I négatif, s’est vu accordé, pour l’année 2012, la substantielle somme de 410 066 euros.

Juste un peu moins que Closer, dont la subvention culmine à 558 619 euros.

Mais nettement plus que France Dimanche, qui ne doit se contenter que d’un rachitique versement de 310 213 euros.

Soit la somme identique allouée aux Inrockuptibles.

Et là, d’un coup d’un seul, à la lecture de cette nouvelle renversante, on se retrouve en prise avec un vertige métaphysique d’une force tellurique, de convulsions existentielles tellement puissantes qu’elles provoquent chez vous un mouvement de sidération si radical que vous commencez à douter de la réalité de votre propre existence.

C’est aussi déstabilisant que de se retrouver à papoter avec le fantôme de Bernadette Soubirous.

Ou d’assister à une lecture de Roland Barthes par Franck Ribéry.

Ou de découvrir que Martin Bouygues vote à gauche.

Ainsi donc, dans un pays qui compte près de quatre millions de chômeurs, qui joue au jokari avec une dette abyssale, qui cherche par tous les moyens à économiser quelques centimes pour éviter la banqueroute, on se permet d’allouer, à un journal aussi essentiel à la vie intellectuelle de cette nation que Voici, une somme proche du demi-million d’euro.

Ou autrement dit l’État subventionne les activités d’un journal dont le souci majeur est de nous tenir au courant, semaine après semaine, de l’évolution des hémorroïdes d’une starlette défoncée au jus de papaye, des amours clandestins d’un présentateur de télé avec un bichon maltais, de la nouvelle conquête d’une ex-vedette de la téléréalité éprise d’un prêtre polonais unijambiste.

Sans oublier son apport considérable à la photographie contemporaine sous la forme de remarquables clichés dévoilant l’adorable sein gauche de Claire Chazal aperçu au détour d’une chute de ski nautique survenue dans la baie des anges à l’heure où les oiseaux se cachent pour dormir.

Et celui de la bedaine de Jean Dujardin prise en flagrant délit d’expansion après une séance d’aquagym disputée dans un fjord islandais à l’heure où les saumons remontent la rivière pour aller mourir.

Je ne voudrais surtout pas verser dans un populisme de bon aloi mais il ne m’était jamais venu à l’esprit que l’une des nombreuses missions de l’Etat consistait à verser des émoluments à un paparazzi planqué dans des buissons situés en hauteur de la piscine d’Emmanuelle Beart afin de s’assurer qu’elle maîtrise à la perfection la technique du plongeon en canard.

Ou de permettre à ce même paparazzi  d’acheter suffisamment de pellicule afin de ne pas manquer l’instant crucial où Vincent Lindon, après avoir longtemps hésité, finira par se gratter la couille gauche plutôt que la droite lors d’une partie de tennis disputée avec la concierge de sa résidence secondaire.

Il paraît qu’en agissant de la sorte l’État veillerait à préserver la pluralité de la presse écrite et éviter des licenciements économiques à la pelle.

On pourrait aussi, à ce rythme-là, offrir quelques euros à Dieudonné pour promouvoir les arts vivants et leur diversité mais je sens que je m’égare dans des sentiers de traverse.

Par contre, il semble que Slate n’ait reçu que 166 524 euros.

Vu que mon salaire avoisine les 150 000 euros annuels, j’hésite désormais entre deux solutions : demander une augmentation ou proposer mes services à Voici…

 

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Pourquoi un juif français ne peut pas critiquer Israël

 

J’entends souvent cette remarque exaspérée, au détour d’un article publié sur ce site, ou proféré lors d’une conversation informelle “mais pourquoi vous autres les juifs, vous êtes tout le temps à défendre Israël ?”.

Pourquoi vous affichez toujours un soutien inconditionnel envers ce pays ?

Pourquoi vous ne vous permettez jamais de le critiquer comme si ce pays n’avait rien à se reprocher ?

Cette apostrophe est des plus fondées.

Oui, force est de reconnaître que publiquement, nous avons plutôt tendance à afficher ce fameux “indéfectible soutien vis-à-vis d’Israël” comme si, en abordant cette question, nous perdions notre sens critique, notre capacité de jugement, notre faculté de raisonnement.

Comme si, devenant des automates d’une pensée formatée et répétitive, nous nous improvisions porte-paroles intransigeants de ce pays.

Pourtant, ce n’est pas tellement que nous n’avons rien à lui reprocher.

C’est qu’en tout premier lieu, nous nous sentons d’abord illégitimes à juger les agissements de personnes qui elles, ont décidé, contrairement à nous, bien souvent sur les ruines ensanglantées de la seconde guerre mondiale, que leur destin devait s’inscrire en Israël, avec toutes les conséquences que ce choix implique.

Qu’ayant décidé de vivre en diaspora, dans le confort souvent douillet de nos sociétés occidentales, nous avons tourné d’une certaine manière le dos à ce pays qui quelque part devrait être aussi le nôtre, et que partant, nous nous sommes disqualifiés pour émettre un quelconque avis sur la façon dont les israéliens devraient se comporter.

Au nom de quoi, nous qui n’avons pas passé trois années de notre vie à servir dans les forces armées, qui ne connaissons pas la réalité de vivre dans une contrée où le pire est toujours possible, un pays que nous connaissons somme toute fort mal, ignorants des réels problèmes qu’un israélien peut rencontrer dans sa vie au quotidien, serions-nous aptes à lui commander d’agir selon nos seuls référents ?

Et pourtant, il est bien évident que pour la plupart d’entre nous, nous n’approuvons pas la façon dont Israël parfois se conduit avec ses minorités.

Que nous avons grand mal à comprendre, à titre d’exemple, le pourquoi de cette colonisation qui ne veut pas cesser, que chaque nouvelle annonce de la construction de nouvelles habitations nous interpelle et, bien souvent, nous navre.

Nous ébranle.

Nous laisse interloqués.

Bref que non, nous ne considérons pas qu’Israël serait par nature un pays de lait et de miel qui agirait, sous toutes circonstances, de la manière la plus appropriée possible, d’un pays qui serait sans défaut, absolument parfait, lévitant dans une mer de béatitude.

Sauf que ce désaccord nous ne pouvons l’exprimer publiquement pour la simple et bonne raison que nos propos seraient dans la minute même exploités par des organisations, mouvements et groupuscules pour qui l’existence même d’Israël pose problème.

Que nos réflexions seraient sciemment détournées et déformées afin qu’elles servent à légitimer un discours qui tend à présenter Israël comme une nation par essence malfaisante, coupable d’agissements criminels, laissant à prouver que seule sa totale disparition règlerait tous les problèmes.

La puissance du ressentiment, en France notamment, vis-à-vis d’Israël est si outrancier, si irrationnel, si entaché d’une idéologie pestilentielle, si dégagé de toute nuance, qu’elle nous condamne par réaction à adhérer à sa politique.

Nous sommes contraints, par le truchement de cette violence professée par une grande partie de l’opinion accablant Israël de tous les maux, n’ayant cesse de le vilipender, le mettant à l’exergue là où, pour d’autres contrées infiniment plus outrancières dans ses manquements à la personne humaine, elle affiche une mansuétude complaisante à soutenir envers et contre tout, et parfois même malgré nous, ce pays.

Étant au final intimement persuadés, que quand bien même Israël parviendrait à négocier une paix véritable, les critiques à son encontre ne cesseraient jamais, comme n’ont jamais cessé, depuis la nuit des temps, les brimades, les pogroms et les génocides que le peuple juif a eu à subir.

 

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Pourquoi tant de violence verbale sur le net ?

 

Vous connaissez Caroline Moreau ? Moi non plus.

Pourtant cette résidente strasbourgeoise, sur la page Facebook de Slate, au sujet de mon dernier post , s’est fendue d’un commentaire des plus charmants :

” Que Laurent Sagalovitsch soit un connard, soit, c’est pas dérangeant. Mais franchement, Laurent Sagalovitsch est connard qui écrit mal, et ça, pour un journaliste-écrivain, c’est quand même hautement moins tolérable ” écrit-elle.

Il est à noter que je ne connais absolument pas cette personne.

Et que partant, je n’ai jamais proféré à son égard une quelconque insulte ou une vague remontrance qui pourrait justifier la violence verbale de son commentaire qui ne manque pas de m’interpeller.

facebbok

J’accepte volontiers les critiques, les mises en accusation, les réparties cinglantes, je ne censure presque jamais les commentaires, partant du principe qu’à partir du moment où l’internaute prend la peine d’expliciter le pourquoi de son mécontentement, je le considère comme possédant une certaine valeur et donc à même d’être publié.

Ce que je ne parviens pas à comprendre et encore moins à admettre, c’est ce recours systématique à l’insulte pour exprimer son prétendu courroux, un courroux d’autant plus difficile à appréhender que dans le papier incriminé, je m’en prenais, sur le ton de la simple badinerie, à un logiciel informatique auquel j’accolais certes le terme  “putain”  sans pour autant le comparer aux agissements équivoques d’une péripatéticienne.

Qu’un tel papier puisse engendrer des réactions aussi outrées me laisse, je dois le dire, sans voix.

Par ailleurs, il me semble que la langue française est assez riche pour éviter l’emploi d’un terme si peu ragoûtant que celui de connard.

Mademoiselle Caroline Moreau, traitez-moi donc de crétin, d’imbécile, de puceau de l’intelligence, de scribouillard illisible, d’écrivaillon possédant autant de talent que son crâne ne recèle de cheveux, de littérateur aphasique, de chroniqueur onaniste, que sais-je encore, de bloggeur pétomane mais de grâce évitez ce connard qui ne vous honore guère.

Je pourrais certes vous traîner devant les tribunaux dans l’exacte mesure où le recours à ce vocable de “connard ” constitue une insulte à caractère publique puisque publiée sur la plateforme d’un journal et donc susceptible de vous valoir une amende de 12000 euros.

Ayant d’autres tâches à accomplir dans l’existence que celle de pourrir votre existence, je laisserai la justice traiter de problèmes plus impérieux que celui qui nous oppose tout en le regrettant, tant il me semble qu’un rappel du législateur pourrait contribuer à améliorer votre capacité à vivre ensemble dans une société apaisée.

Je ne saisis pas bien l’origine de cette violence verbale.

Est-ce que parce que vous considérez que préservée par un certain anonymat vous pouvez vous laisser aller à exprimer des injures, alors que si vous vous teniez devant moi lors d’une réunion publique, vous n’oseriez jamais les professer, non pas par de peur de recevoir en retour une paire de gifles bien sentie, mais bien plus parce que le regard interloqué et navré des autres personnes présentes dans l’assistance vous disqualifierait même à vos propres yeux ?

Et que vous prendriez conscience sur-le-champ que vous avez dépassé là les limites de la bienséance.

Internet et ses affidés que sont Facebook et Twitter ont très certainement libéré la parole qui n’hésite plus à se déverser par tonneaux entiers dans de grands dégueulis de haine au détour de chaque article commis ici ou là, et ce, peu importe, le sujet abordé.

Cette lâche et ignominieuse bêtise qui permet à certains individus de se livrer à des attaques qui rabaissent chaque jour un peu plus notre espérance dans la capacité de l’être humain à essayer de se montrer à la hauteur de la tâche considérable que constitue le dur métier de vivre.

 

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Putain de Flash Player

 

J’ignore le nom du sombre crétin qui un jour pour tromper son ennui a eu l’idée saugrenue d’inventer ce logiciel à la noix qu’il a cru bon de baptiser de ce sobriquet apparemment triomphant de Flash Player

mais

je sais seulement que cette personne, je la maudis, je l’exècre, je la voue aux gémonies, je la déteste de tout mon être, je la vomis, je la haïs, oh non, le mot n’est pas trop fort,

car oui, cher inconnu,

Tartuffe de l’informatique, Fantômas du cyberespace, Zébulon de la soi-disant révolution informatique,

où que vous puissiez vivre sur cette planète que vous n’avez pas contribué à rendre meilleure, j’espère de toute mon âme que vous souffrez le martyr, que vous souffrez avec la même intensité que je souffre

lorsque,

promenant ma mélancolie maladive sur le net,

j’essaye de l’étourdir en écoutant la bande-son de mes angoisses nocturnes sous la forme d’une liste de mes musiques favorites répertoriées sur un site de musique gratuit ou en visionnant une quelconque vidéo mettant en scène des êtres qui me sont chers, ou encore en tentant par le biais d’un streaming d’une qualité infâme de suivre l’évolution de mon équipe de football favorite,

et,

que là,

sans crier gare,

soudainement,

apparaît dans toute son horreur symbolique sur mon blafard écran d’ordinateur un énorme point d’exclamation peint en un gris terne et lugubre venant m’avertir que la fête est finie, que la fin de la récréation vient d’être sifflée, que les courts sont désormais bâchés et que la partie ne recommencera que lorsque j’aurai pour la centième fois réinstallé ce maudit logiciel à qui je le précise bien je n’ai jamais rien demandé,

que de force,

oui parfaitement de force,

on m’a forcé à installer, à graver dans les entrailles de mon P.C et qui pourtant, à intervalle régulier, se rebelle et décide, suite à je ne sais quelle déconvenue sentimentale dont par ailleurs je me contrefous éperdument, de se saborder sous la forme d’un suicide spectaculaire dont l’apparition de ce scélérat point d’exclamation n’est que la forme la plus visible, point d’exclamation sournoisement accusateur qui pour un profane comme moi sonne comme un désaveu cinglant,

et,

cruel et moqueur,

stigmatise mes lacunes informatiques, jouit de contempler ma mine déconfite, rit de ma colère, se gausse de mes cris d’indignation, que dis-je, de mes étranglements offusqués, que dis-je encore, de mes hurlements scandalisés que j’adresse par-delà les frontières invisibles du monde cybernétique à ce Docteur Mengele des temps modernes que je prendrais un plaisir infini à flageller et à flageller encore jusqu’à ce qu’il finisse par réclamer ma pitié,

pitié que par ailleurs je lui refuserais,

tant,

ses agissements délétères ne m’inspirent qu’un dégoût des plus profonds, un ressentiment d’autant plus puissant que bien évidemment, n’entendant rien aux arcanes de ce nouveau monde, je ne comprends même pas la raison de cette mise en accusation, de cet abandon qui m’oblige à recommencer tout le processus d’installation pour que je puisse à nouveau me sentir le roi de l’univers,

avant de redevenir,

quelques heures plus tard,

cet être débile, ce corniaud certifié conforme, regardant ahuri ce point d’exclamation ressemblant à un doigt d’honneur adressé par un Dieu cynique et cruel, descendu de ses limbes, pour venir en rajouter une couche à cette vie impossible que je mène déjà,

écartelé entre,

le désir de vivre une existence débarrassée de tout ces gadgets informatiques,

et,

l’impérieuse nécessité de composer avec eux afin de pouvoir prétendre appartenir au genre humain dont, je suis un peu près certain, l’un de ses représentants les plus éminents ne manquera pas de me demander, à la lecture de ce billet biscornu, de sa voix de fausset que j’entends déjà résonner au loin,

mais pourquoi,

tu ne t’achètes pas un Mac ?

 

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A quand une femme pour entraîner une équipe de ligue 1 ?

 

Camarades féministes, il est temps d’abolir ce dernier privilège que les hommes se sont appropriés comme un droit légitime et qu’ils défendent depuis avec un acharnement coupable.

C’est l’ultime bastion à conquérir.

Le dernier combat à mener, la dernière discrimination à abattre, la dernière frontière à abolir.

Après cela, nous pourrons enfin proclamer sur l’autel de cette victoire triomphale que nous sommes bel et bien égales en droits et en devoirs aux hommes

Aussi le temps est venu d’investir le saint des saints, j’ai nommé le vestiaire des footballeurs.

Non point pour admirer leurs physiques prétendument avenants ou pour tâter de leurs muscles puissants mais bel et bien pour leur indiquer la marche à suivre afin que sur les pelouses continentales ils s’illustrent de la plus conquérante des manières.

Au nom de quoi ce droit nous serait refusé ?

En quoi serions-nous moins capables d’éructer des discours mobilisateurs, de remobiliser des énergies défaillantes, d’encourager un Valbuena désabusé, de sermonner un Payet par trop nonchalant, de proposer sur tableau noir, à l’aide de croquis détaillés, une alternative pour contourner une défense adverse qui ne veut point rompre.

Nous œuvrons à la tête de grandes entreprises, nous dirigeons des pays entiers, nous nous retrouvons à la manœuvre sur les champs de batailles, pourquoi donc devrions nous être exclues des bancs de touche au seul motif qu’aucune paire de disgracieuses testicules ne vient alourdir nos parfaits entrejambes   ?

Nous connaissons sur le bout de nos ongles les lois du football, nous sommes tout aussi expertes que n’importe quel mâle pour disséquer le jeu de l’adversaire, diriger et cimenter un collectif en perdition, proposer des schémas de jeu conformes aux qualités de nos joueurs, les guider dans l’apprentissage de ce jeu qui n’a plus de mystères pour nous.

Qu’est-ce donc cet infâme ostracisme dont nous sommes les malheureuses et iniques victimes ?

Pour quelle obscure raison les dirigeants de nos équipes professionnelles refusent-ils de s’adresser à nous pour diriger leurs ouailles capricieuses ?

Auraient-ils donc peur de s’apercevoir que nous sommes tout aussi capables que nos collègues masculins d’amener leurs troupeaux de starlettes à côtoyer l’excellence ou douteraient-ils par hasard de nos capacités intellectuelles ou physiques à assumer cette mission des plus sacrées ?

Le football n’a pas de sexe.

Il nous semble que les règles du football féminin sont très exactement les mêmes que celles du football masculin, non ?

Et combien sont nombreux les hommes appelés pour entraîner des formations composées de nos meilleures joueuses !

Pourquoi devrions-nous accepter que nous soyons dirigés par des messieurs bien souvent incompétents sans que l’inverse ne soit jamais rendu possible ?

Au nom de quelle insupportable arrogance sommes-nous ainsi mises à l’écart afin de préserver ce dernier carré où la masculinité essaye encore d’asseoir ce qui lui reste de son pouvoir de domination.

Etablissons la parité dans le monde du ballon rond.

Exigeons que la moitié des équipes de notre championnat national s’enorgueillissent de posséder à leur tête des femmes.

Cela nous changerait de ces entraîneurs frustres et rigides qui ont transformé notre ligue 1 en un cimetière des illusions perdues.

Après tout, nous devinons les hommes mieux que quiconque.

Nous connaissons leurs failles, leurs fêlures, leurs vices cachés.

Nous excellons dans l’art de les amener à nous obéir.

Pour nous plaire, ils seraient capables de se mettre vraiment à courir.

Un seul de nos regards suffira à les ramener à la raison.

De par notre long asservissement aux tâches domestiques, nous savons d’expérience comment se comporter face à des enfants gâtés, écouter sans broncher leurs doléances geignardes avant d’adapter notre comportement afin que cessent ces gamineries.

Rien ne nous effraie.

Et nous avons notre franc parler.

L’avenir du football français passe par nous.

Mais hélas camarades je crains que cette heure n’ait pas encore sonné.

Il y a fort à parier que les hommes consentiraient plus volontiers à élire une femme à la Présidence de la République que de se résourdre à ce que l’une d’entre nous sévisse sur le banc de l’OM.

Pourtant vu le niveau affiché par les joueurs olympiens, il nous serait bien difficile de ne pas obtenir de résultats plus probants…

 

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Un groupe facile ? Bah voyons…

 

Et là, tu comprends mieux pourquoi tu as quitté ta France de ton enfance.

D’un seul coup tout ressort : la suffisance, l’arrogance, le manque d’humilité de ton pays natal qui continue vaille que vaille à se penser comme le centre de la terre, incapable d’admettre que son âge d’or est passé depuis belle lurette, atteint d’une myopie si carabinée que lorsqu’il se contemple dans une glace il pense encore que le soleil le jalouse.

Donc, tu as l’équipe de France qui, après avoir réussi l’incroyable exploit de se débarrasser, au bout de la nuit, lors d’improbables barrages, d’une redoutable équipe d’Ukraine, se retrouve dans un groupe de tâcherons que d’aucuns s’accordent à trouver facile.

Facile.

Tu penses : la Suisse, le Honduras, l’Équateur.

Tellement facile que d’ailleurs personne n’est foutu de dire à quoi ces équipes fantoches ressemblent, que personne même ne les a jamais vu jouer mais ce n’est pas bien grave parce que tout de même nous sommes la France.

En conséquence de quoi, on ne va pas commencer à trembler devant des équipes dont on ignore même si elles connaissent les règles élémentaires du football ou si elles savent opérer la différence entre Franck Ribery et Jean Tiberi.

Après tout tu pointes tout de même à la dix-neuvième place du classement FIFA.

Ce qui n’est pas rien.

Certes il est bien évident qu’il faut toujours respecter son adversaire, qu’en football tout est possible, qu’on ne peut jamais vraiment savoir, que la glorieuse incertitude du sport autorise tout les renversements possibles mais là franchement…

La Suisse, Le Honduras, l’Équateur.

Tout de même.

Parce que la France en compétitions internationales, lors des phases finales, ça se pose quand même comme une référence incontournable.

Surtout depuis 2008.

Avec au compteur : un match nul dantesquement pourri contre la Roumanie, une belle branlée contre les Pays-Bas, une jolie rouste contre l’Italie, un match nul poussif au possible contre l’Uruguay, une défaite pathétique contre le Mexique, une défaite annoncée contre l’Afrique du Sud, un match nul équitable contre l’Angleterre, une victoire mirifique contre l’Ukraine, une défaite minable contre la Suède, une défaite programmée contre l’Espagne.

Quand tu rajoutes des parcours en groupes de qualification qui ont ressemblé à des accouchements sous césarienne, avec intervention de l’urgentiste de service venu à la rescousse avec son trousseau de bistouris pour réanimer la patiente en état de coma dépassé, c’est sûr qu’après ça tu as toute la légitimité requise pour penser que tu as hérité d’un groupe facile.

Quand de surcroît tu peux te vanter en 59 années de compétition, avoir remporté avec tes clubs nationaux deux misérables Coupes d’Europe, ce qui te situe au même niveau que l’Ecosse ou la Roumanie, mais loin derrière la Hollande ou le Portugal, c’est sûr que tu peux voir largement venir.

D’autant plus que quand tu consultes un peu l’historique des matchs France/Bouffeurs de gruyères, tu t’aperçois que sur un total de 36 rencontres, tu as goûté à la victoire quinze fois, tu t’es incliné seulement douze fois, et tu as partagé les points à douze reprises notamment lors des trois dernières confrontations.

Comme quoi, y a pas à dire, t’as vraiment de la marge…

 

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Nul en mathématiques ? tant mieux !

 

La belle affaire : il apparaîtrait que nos pioupious éprouvent quelques difficultés à jongler avec les chiffres ou à résoudre d’absconses équations les yeux fermés.

Et de s’alerter de cette déliquescence mathématique comme s’il y avait péril en la demeure, comme si confondre cosinus et sinus relevait d’une pathologie mentale des plus sérieuses.

J’ai été une victime des mathématiques.

Alors que je n’avais aucune disposition naturelle pour elles, le système éducatif de tout son positivisme implacable a réussi à convaincre mes parents de l’absolue nécessité de m’accoquiner avec elles afin que je ne devienne pas un demeuré patenté, condamné à végéter dans les limbes de mes rêveries adolescentes.

De force j’ai dû avaler des équations du deuxième degré, me farcir des racines carrées, m’engloutir des identités remarquables, bouffer de la géométrie dans l’espace, m’empiffrer de triangles isocèles, m’assommer de probabilités.

Les mathématiques abîment les gens.

On a beau me dire qu’elles forment l’esprit, façonnent l’intelligence, illuminent notre capacité de raisonnement, je préfère rester sourd à ces discours autocrates qui ont transformé mon adolescence en un cauchemar climatisé où je passais des heures à m’escrimer à résoudre des problèmes qui ne me concernaient pas.

Les mathématiques ne sont pas des humanités.

Elles développent en vous cette intelligence froide, mesurée, abstraite qui rendent les hommes insensibles aux problèmes du cœur humain en conflit avec lui-même, les seuls qui vaillent la peine de vivre et de souffrir.

C’est un monde clos sur lui-même, renfermé sur ses propres certitudes, enferré dans sa logique intraitable, incapable de communiquer avec le monde extérieur, si ce n’est par le biais d’inventions qui ne sont que des subterfuges visant à légitimer le bienfondé de ces sciences empiriques.

Oui je suis de mauvaise foi et alors ?

Froides et austères mathématiques vous avez assez saccagé mon adolescence pour que je ne vienne pas, rendu à l’âge adulte, vous demander des comptes pour tout ce temps perdu à essayer de vous appréhender afin de pouvoir prétendre à cette excellence trompeuse qu’exigeait et qu’exige toujours la société.

Mathématiques, que de crimes ont été commis en ton nom.

Que d’enfants as-tu mis au supplice parce qu’ils n’entendaient rien à tes austères déclinaisons.

Que de jeunes hommes as-tu broyés parce qu’ils n’accédaient pas à tes froids raisonnements.

Cette folie dictatoriale mise à l’œuvre dans les salles de cours, cette mastication implacable de théorèmes qui ne me parlaient pas, ne m’aidaient pas à comprendre ce monde étrange et insolite dans lequel je me retrouvais projeté, ne m’étaient d’aucun secours pour affronter la rudesse de la vraie vie, celle des sentiments exaltés et des chagrins d’amour.

Les mathématiques ne vous rendent pas meilleurs.

Elles sont exclusives, autoritaires, ségrégationnistes, et jugent les hommes non pas sur leur inclinaison à comprendre la souffrance de l’autre mais développent ces égoïsmes qui étranglent les sentiments, assassinent la tendresse, guillotinent le droit à la paresse et à la rêverie.

Non, chères mathématiques, je ne vous dois rien.

D’ailleurs, heureusement de vous, j’ai absolument tout oublié.

Le jour on l’on vous désacralisera, où l’on reniera ce droit que vous vous êtes approprié de juger les hommes selon leur capacité à vous comprendre, ce jour-là le monde s’en portera mieux.

La littérature nous apprend à comprendre et parfois à aimer les hommes même si nous les haïssons.

Les mathématiques, elles, transforment nos vies en des sépultures glaciales qui rapetissent nos cœurs et glacent nos cerveaux.

Quand Rimbaud écrit, le meilleur, c’est un sommeil bien ivre sur la grève, vous vous contentez de répondre que (a+b)² = a² + 2ab + b².

Quand Brel chante, il nous fallut bien du talent pour être vieux sans être adulte, vous rétorquez que le carré de la longueur de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés.

 

Jugez nos enfants sur leur capacité à vous comprendre est non seulement veule, stupide, bête : c’est aussi un crime dont un jour on contemplera avec horreur les charniers sanglants que vous aurez contribué à remplir de vos intransigeances assassines.

 

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Nous sommes tous des français d’origine étrangère

 

Ah cette expression scélérate dont usent et abusent journalistes, politiques, marchandes des quatre-saisons, cette baveuse accolade verbale qu’on ne manque jamais de rajouter lorsqu’on évoque la situation d’une personne née de parents au pedigree douteux : français d’origine étrangère.

Ce farouche et tendancieux idiome de “français de seconde génération” dont on nous caquète de plus en plus les oreilles, ne pourrait-on pas simplement le supprimer une bonne fois pour toutes de notre vocabulaire, l’éradiquer, le déclarer hors-la-loi tant il contribue à différencier d’une manière sournoise mais bien réelle les vrais des faux français, les bons des mauvais, les purs des impurs.

A alimenter ce fantasme à jamais inassouvi d’une France blanche, chrétienne et parée des mille vertus qui empestent le parfum entêtant et pestilentiel du nationalisme, cette affirmation affectée de se déclarer de rang supérieur au seul prétexte de posséder un nom dont on retrouve les traces dans les bulletins des archives historiques.

Qu’il doit donc être fatigant, épuisant, lassant, humiliant pour un Karim ou une Fatima de toujours être présentés sous cette appellation contrôlée de français d’origine magrébine alors que nés en France, éduqués à l’école de la république, élevés dans le respect de nos valeurs communes, ils n’ont d’étranger que ce beau nom qui les honore et les magnifie.

C’est qu’ils auront beau briller au palmarès de nos universités, parader en tête de nos concours publics, s’illustrer par leurs mille et un talents, toujours il leur faudra redoubler d’efforts afin de convaincre leur voisin, leur employeur ou leur collègue de leur indéfectible appartenance à ce pays dont ils sont pourtant les plus-que-parfaits légitimes enfants.

De devoir toujours redire que ce pays est tout autant le leur que celui de n’importe quel Alphonse de pacotille dont les origines certifiées gauloises se perdent dans le vestibule parfois crasseux de l’histoire nationale.

Ou d’une Constance de souche qui se plaît toujours à raconter que son arrière-grand-père tâtait de la croupe de la baronne de Montmajour pendant que Grand-maman servait de la soupe aux armées napoléoniennes en déroute.

Et qu’ils n’ont surtout pas à s’excuser d’avoir des parents nés au bled ou de déclamer leur tendresse pour cet autre pays envers lequel tout naturellement ils éprouvent une douce nostalgie, même s’ils ne le connaissent qu’à travers les récits de leurs parents ou les photos sépia trônant dans l’album de famille.

On ne peut pas être coupable d’être né différent.

Il faudrait cesser, sachant la difficulté de la France à se penser comme une société multiculturelle,  avec cette exaspérante manie de toujours vouloir présenter le fils d’immigré comme un français d’origine étrangère, et partant, comme un français imparfait, comme un français relatif, comme un français inabouti dont on se complaît à penser qu’il nourrit en son sein le secret désir de défier la république ou de venir un jour ou l’autre pervertir notre identité nationale.

Et de rappeler qu’hormis une infime fraction de la population pouvant remonter l’écheveau de son cadastre familial jusqu’à Pépin le Bref, nous sommes tous, absolument tous des français d’origine étrangère, des français rapportés, des français bigarrés, colorés, incertains, peut-être mêmes improbables.

Et que nous soyons musulmans, catholiques, juifs, athées ou un peu tout à la fois, nous représentons à travers nos parcours heureusement variés la vraie richesse de ce pays qui sans l’apport de nos différences ne serait plus qu’un dépotoir désolé, un cimetière à l’abandon crevant de solitude dans l’enfer de son identité consanguine.

 

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