Il n’y pas d’âge pour commencer à lire Shakespeare


Jusqu’à cet hiver, je n’avais jamais lu Shakespeare.

Voilà c’est dit.

Il me terrifiait.

Du haut de ma parfaite insignifiance, je le regardais surplomber de tout son génie mon imaginaire littéraire, je le voyais voltiger à des hauteurs insoupçonnables, je le contemplais déployer les grandes ailes noires de son œuvre immense, infinie, inégalée, et pas téméraire pour un sou, je préférais déguerpir que de l’affronter.

Le combat était trop inégal.

Il allait m’écrabouiller, me réduire à néant, m’aspirer tout entier dans son monde fabuleux où je disparaîtrais à tout jamais, enseveli sous un amas de personnages aussi célèbres que fameux qui prendraient un malin plaisir à  rire de mes mésaventures, à me déchiqueter, à me broyer de leurs répliques aussi obscures qu’assassines.

William Shakespeare

Je n’étais pas prêt, je ne le serais jamais, il était plus fort que la mort elle-même, il était un Dieu veillant sur un royaume aussi vaste que l’univers en personne, un monstre tentaculaire n’appartenant pas vraiment au genre humain, un Golem fait de mots et d’adjectifs dont les sonorités emmêlées résonnaient à travers la brume des siècles.

Un phare trônant sur le toit du monde dont les lumières continuaient à nous éclabousser de leur génie séculaire.

Jusqu’au jour où, me rebellant contre ce despote qui me terrorisait depuis mon adolescence, pris d’une soudaine envie d’en découdre, désireux de me confronter au Père de toutes les littératures quitte à m’y brûler tout entier, je frappai à sa porte.

Ce fut Hamlet qui vint m’ouvrir le premier.

Hamlet !

S’en suivirent le Roi Lear, Macbeth, Othello, Richard II, Jules César, Roméo et Juliette… toute cette cosmogonie de personnages que je connaissais sans connaître, dont j’avais entendu de loin bruire ces illustres réparties qui avaient d’une certaine façon façonné le monde moderne, jeté les bases d’une nouvelle ère, consolidé les fondations mêmes de notre civilisation. 

Oh oui je les ai lues ces pièces, parfois même à voix haute pour mieux essayer de percer leurs indicibles secrets, j’ai senti physiquement leurs forces se mouvoir en moi, j’ai reniflé leurs parfums de drame et de tragédie, j’ai goûté à leurs licences poétiques, j’ai entendu le cuivre de leurs dialogues, j’ai lié des amitiés éphémères avec des bouffons et des clowns, des Princes et des Rois, des sorcières et des fanfarons mais, en toute honnêteté, je crains de n’avoir pas compris grand-chose à ces pieuses lectures.

Il est trop tôt.

Je suis comme ce nouveau propriétaire d’un vaste domaine s’étendant sur des centaines d’hectares, qui après une première visite de son acquisition, peine encore à comprendre comment s’agence l’architecture de ses terres, si grandes et disparates lui apparaissent-elles.

Et qui désespère de ne jamais avoir assez de temps, de talent et d’intelligence pour percer leurs mille et uns mystères.

Tout est à la fois inconnu mais pourtant familier.

Ténébreux. Broussailleux. Plein de ronces et d’épines.

De chausses-trappes, de sentiers abrupts, de raccourcis s’achevant en impasses, de culs-de-sac débouchant sur des clairières ombragées, de falaises vertigineuses à escalader, de forêts mystérieuses et insolites, de châteaux-forts lugubres et austères, de pont-levis qui se dressent devant vous et vous interdisent l’entrée.

Une assemblée de fantômes qui surgissent soudain sur  la scène, s’agitent le temps de quelques actes avant de rejoindre leur campement situé en des territoires reculés qui doivent être les ténèbres elles-mêmes, vous laissant seul face à vous-même, effrayé mais ravi d’avoir fait leur connaissance et brûlant d’en savoir plus sur eux.


De les lire dans leur langue originale.

D’être à leur hauteur et d’approfondir le sens de leurs dires.

D’entretenir avec eux des connivences vraies afin de puiser dans leur répertoire éternel un sens à notre quête personnelle.

D’accéder au tourbillon de leur immortalité et d’entrevoir le champ des possibilités que cette exploration réserve.

Leur donner la réplique pour mieux nous éprouver et tenter de comprendre la raison même de ces sentiments qui nous fatiguent tant le cœur et l’esprit.


C’est à n’en pas douter le travail de toute une vie.


Et encore.


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Un taxi pour l’Ina


A l’heure où j’écris ces lignes, on ne connaît toujours pas l’identité du petit salopard qui s’en est allé cafter aux personnes concernées les sommes dépensées par la Présidente de l’Ina relatives à son usage quelque peu exagéré de taxis sommés de la transporter de réunions en réceptions, de pince-fesses en cocktails divers et variés, de soirées privées en sauteries dominicales.

Son chauffeur particulier, jaloux de voir ses prérogatives lui échapper au profit de conducteurs de taxis roulant comme des eunuques ?

Son illustre prédécesseur, le désormais célèbre Mathieu Gallet, représentant en meuble à Radio-France, toujours pas remis d’avoir quitté l’Ina sans avoir emmené avec lui la moquette de son ancien bureau ? Ou bien le propre fils de l’incriminée, vexé de s’être vu refuser le recours à un taxi pour emmener son hamster se dérouiller le museau en forêt de Fontainebleau ?

Ou encore un simple quidam comme moi, toujours aussi furibard de constater que pour accéder à une retransmission d’Apostrophes ou de Radioscopie, il lui faut verser chaque fois à l’Ina quelques quatre euros de bon aloi afin de visionner des émissions qui, faut-il encore le rappeler, furent déjà financées en leurs temps par l’argent public ?

Nul ne le sait.

Cependant, ne comptez pas sur moi pour accabler cette pauvre Agnès Saal.

C’est que, tout comme elle, je souffre du même mal des transports et tout particulièrement du métro.

Que voulez-vous, c’est là l’apanage des gens sensibles.

Cette promiscuité forcée, ces odeurs nauséabondes, ce contact insupportable avec toute la misère humaine, ces vagabonds chanteurs criards de variétés, ces clochards moldaves magiciens de l’éphémère, ces jeunes de banlieue à la langue bien pendue, ces travailleurs solitaires perdus dans la lecture de leurs journaux gratuits, voilà de quoi rebuter des âmes supérieures comme les nôtres, à Agnès et moi.

Vous n’imaginez tout de même pas la directrice de l’Ina, la directrice de l’Ina hein, pas la thénardière du bar-tabac de l’avenue Jean Jaurès, présenter son passe navigo quatre zones au poinçonneur des Lilas, crapahuter dans les crasseux couloirs du métro, cavaler de stations en stations, s’engouffrer dans des wagons bondés, subir les quolibets de la populace, changer à Châtelet-Les-Halles pour espérer choper le RER A qui, en dix-huit minutes pétantes, la déposera dans la gare désolée de Bry sur Marne où il lui faudra encore cheminer dans les mornes rues de la cité endormie avant d’espérer rejoindre le siège de son auguste entreprise ?

Est-ce que vous vous rendez seulement compte de l’importance vitale que représente l’Institut des Archives Nationales pour le pays ?

Un métro qui s’accorde une pause pipi entre Raspail et Vavin, occasionnant un retard de Madame la Présidente, et voilà l’équilibre du monde entier qui vacille sur son socle.

Une grève soudaine décrétée par des machinistes en colère après l’agression d’un des leurs, et c’est la France qui ne répond plus de rien, c’est notre sécurité intérieure qui part à vau-l’eau, c’est notre arsenal nucléaire qui passe à l’ennemi, c’est la fin des haricots, c’est le début de la fin, c’est le commencement de la bérézina, c’est tout bonnement le retour des taxis de la Marne, et les fantômes de Verdun qui ressuscitent.

Ni plus ni moins.

Et ne croyez pas un seul instant que c’est de gaieté de cœur que tous les matins Madame Agnès Saal s’engouffre dans sa berline direction Bry sur Marne et ses mornes plaines.

Il n’existe pas de pire souffrance que de se coltiner jour après jour la présence d’un chauffeur amorphe, accroché à son volant comme une moule bretonne à son rocher finistérien, de se farcir semaine après semaine son regard torve, proche de celui d’un saumon congelé, qui vous dévisage sans scrupules dans son rétroviseur, d’écouter tout au long de l’année ses mêmes blagues douteuses ou ses sempiternelles remarques sur le connard de devant qui n’avance pas, de subir ses coups de volant brusques, de sentir son after shave atroce de puanteur, de supporter ses humeurs changeantes selon que les branquignols du PSG aient gagné ou perdu, de le voir se plonger dans la lecture de l’Equipe en attendant votre retour.

Horrible sort que celui d’un haut fonctionnaire !

Misérable existence vouée à servir l’Etat de droit dans toutes ses missions régaliennes.

Vie de labeurs, de sacrifices et d’endurance qui ne peut souffrir d’aucune compromission.

Et qui vous oblige, en cas de nécessité absolue,  à siffler un taxi pour aller à la cueillette aux champignons.

En forêt de Bry sur Marne.


Avec Agnès et même pas à bicyclette.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true )

 

A lire aussi : https://blog.slate.fr/sagalovitsch/2013/11/15/pour-revoir-apostrophes-cest-3-euros-99/

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Sid Ahmed Glam, le Pierre Richard du terrorisme


J’ai mal à ma France.

Je ne la reconnais plus.

Mais où est donc passé son séculaire génie qui fit sa renommée depuis la création de l’univers ?

De quels maux peut-elle bien souffrir pour offrir ce si triste spectacle d’une nation à bout de souffle, incapable de se réinventer, percluse de rhumatismes, voguant de désillusions en désillusions ?

Avec son économie en ruine, ses équipes de foot à l’abandon et ses terroristes de pacotille qui sont la risée du monde entier.

Non, Sid Ahmed Glam, toi qui portes un si beau nom digne de figurer dans les pages enchantées des Mille et Une Nuits, je ne te félicite pas.

A toi tout seul, tu as réduit à néant le peu d’espoir qui me restait de voir la France retrouver le chemin de son glorieux passé.

Sait-tu seulement la honte que j’ai pu éprouver quand j’ai appris le récit de tes mésaventures à répétition ?

Comme si même nos terroristes hexagonaux ne pouvaient échapper à cette fatalité toute française d’échouer dans la moindre de leurs entreprises, de se vautrer dans les eaux croupies de l’échec, d’épouser le sort d’une nation vouée à chuter encore plus bas que terre.

Peut-on seulement imaginer terroriste plus inconsistant, plus incapable, plus incompétent que toi ?

Prétendre épouser un destin de martyr et être réduit à appeler le Samu pour soigner une blessure infligée par ses propres soins, n’est-ce pas là la définition la plus éclatante qui soit d’être un raté absolu, un Pierre Richard de la mouvance islamiste, un corniaud du djihadiste en grenades courtes, un branquignol du terrorisme ?

Avec de surcroît, cerise sur la kalachnikov, cette idée des plus saugrenues de s’en prendre à une église située dans les faubourgs de Villejuif.

A-t-on déjà vu projet plus stupide tout au long de la glorieuse histoire du terrorisme ?

Et pourquoi pas aussi faire exploser une synagogue à Ramallah, une mosquée à Mexico ou un temple hindou en Sibérie ?

Où es-tu allé dégoter une idée pareille hein ? Dans une boîte de lessive Daesh ?

Et après t’en être pris à des catholiques venus prier pour le salut de leurs âmes, tu comptais t’attaquer peut-être à une escadrille de témoins de Jéhovah, à une patrouille de mormons à la mords-moi-le-nœud, à un troupeau de scientologues se branlottant le chibre sur un poster de Tom Cruise ?

Rarement vu un terroriste aussi pathétique que toi.

On avait déjà eu les frères Kouachi et leur carte d’identité tombée de la poche arrière d’un de leurs pantalons, Coulibaly qui oublie de raccrocher le téléphone en pleine prise d’otage mais toi, sincères félicitations, tu as décroché le pompon, l’oscar, la palme d’or du djihadiste le plus inepte de la terre : tu t’es tiré dessus comme un vulgaire chasseur épris de boisson avant même de commencer ta boucherie.

Et au lieu de filer à la syrienne, de serrer les dents et de trouver refuge dans un abri de fortune, de déchirer ta chemine pour t’en servir comme garrot,  voilà que comme n’importe quelle andouillette d’automobiliste victime d’un quelconque accident de circulation, tu appelles le Samu pour être secouru !

Et pourquoi pas S.O.S Plombiers tant que tu y étais ? Ou Urgence Vétérinaires 24/24.

Un cave.

Un vrai cave.

Si ça se trouve la malheureuse professeur de fitness, c’est par erreur que tu l’auras abattue : abruti comme tu es, tu te seras perdu dans les rues de ton propre quartier, tu lui auras demandé la direction de la bouche de métro de la plus proche et, en dépliant ton plan de la RATP afin de visionner l’emplacement exact de la station, tu te seras débrouillé pour dégoupiller ton arme fatale.

Crétin.

Abominable crétin.

Un cancrelat de la terreur, voilà ce que tu es. Un postillon de combattant. Une truffe de salafiste.

Pas étonnant après cela que les Français n’aient plus le moral : même en terrorisme, on se retrouve déclassé.

Comment veux-tu que notre belle jeunesse reprenne confiance en elle en voyant tes piteux états de service ?

Et nos chefs d’entreprise, tu crois vraiment qu’ils ont le cœur à embaucher des apprentis quand ils considèrent ton niveau de formation qui avoisine le néant absolu ?

Et nos médecins, tu penses qu’ils vont se résoudre à appliquer le tiers-payant quand ils doivent continuer à se coltiner des heures supplémentaires pour soigner des terroristes même pas fichus de manier un revolver ?


Sid Ahmed Glam, si tu voulais porter un coup fatal à notre beau pays, c’est réussi : jamais je ne me suis autant senti peu fier d’être français depuis dimanche dernier.


Honte à toi, triple buse que tu es.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est  par ici: https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Netflix et moi, une saison en enfer


Vu que tu n’as pas d’Iphone, pas de compte Twitter, pas de Google Glass, pas de montre connectée à tes couilles pour connaître l’état de tes hémorroïdes en temps réel, pas d’Ipod, pas d’Ipad, pas d’Idées non plus, tu décides que pour une fois tu vas jouer le jeu de la modernité et par un beau matin tu t’en vas t’abonner à Netflix.

Vu les prix affichés, tu te dis que c’est presque dans tes moyens et qu’au pire, tu rogneras sur le budget des croquettes bio du chat pour honorer ton engagement qui désormais te lie avec l’une de ces grandes entreprises américaines qui incarnent paraît-il les plus grandes avancées du monde occidental depuis l’invention de la pizza surgelée.

Vu que tu n’as pas non plus de télé, tu te contenteras de voir les mille et une pépites offertes par ton nouvel ami sur l’écran de ton ordinateur qui s’avère être aussi grand, tu t’en apercevras par la suite, que la largeur du postérieur de ton chat qui, désireux de parfaire sa culture cinématographique, viendra désormais récupérer de sa dure journée en se servant de tes jambes comme un reposoir où asseoir son physique de sphinx.

Tu commences par visionner la dernière saison de House of Cards,  celle qui se passe les trois quarts du temps dans l’avion présidentiel, à un tel point que tu passes ton temps à te demander quand donc l’hôtesse de l’air va passer t’offrir ton jus de tomates que tu prends toujours quand tu te retrouves à voyager dans les airs.

Tu regardes deux, trois films que tu avais manqués lors de leur sortie en salles il y a quinze ans, tu dégottes par hasard un documentaire sur Woody Allen amputé de sa seconde partie, tu découvres une série québecoise à laquelle tu ne comprends rien : tu es un homme heureux, tu es fier de toi, tu peux désormais marcher dans la rue la tête haute en éprouvant ce sentiment unique d’appartenir enfin au genre humain.

Au bout de deux semaines, tu as vu ce que tu voulais voir, et la personne en charge de veiller à ton bonheur sur Netflix te propose alors des listes et des listes de films établies en croisant les algorithmes présupposés de tes affinités cinéphiliques, elles-mêmes déduites de la sélection de films que tu as déjà eu l’occasion de visionner.

C’est ainsi qu’un jour tu te retrouves à regarder dans son intégralité un documentaire sur des fourmis monoparentales employées par l’armée américaine pendant la Guerre de Corée, chaudement recommandé par ton responsable de compte, au seul motif qu’un jour de déprime particulièrement prononcé tu t’es laissé aller à voir un film de zombies racontant l’histoire d’une petite ville succombant à une attaque de sauterelles sanguinaires venues de Mars pour coloniser Los Angeles.

D’ailleurs, des films de zombies tu en trouves une ribambelle, tout comme des films de séries Z, des films d’horreur, aussi des films qui ne sont pas des films d’horreur mais qui sont tout de même des horreurs à regarder, des films improbables, des films introuvables ailleurs, des films en pagaille dont tu ne connais ni les acteurs ni le réalisateur ni le maquilleur en chef ni le pays où il a été tourné ni la police de caractère de l’affiche.

Sans parler d’une orgie de séries dont tu n’as jamais entendu parler ni dans cette vie, ni dans ta vie précédente, ni dans ta vie future.

Des séries romantiques, des séries académiques, des séries comiques, des séries véridiques, des séries orthopédiques, des séries horrifiques, des séries honorifiques, des séries dramatiques, des séries historiques, des séries christiques, des séries hystériques, des séries nordiques, des séries politiques, des séries zoologiques, des séries humoristiques, des séries écologiques.

Si bien que désormais tu passes tes soirées toujours sur Netflix, non plus à regarder des films mais à chercher des films que tu pourrais éventuellement voir si jamais, par un extraordinaire concours de circonstances, tu parvenais à en trouver un à même de déclencher chez toi un début de soupçon de commencement d’envie de le voir.

Maintenant tu connais le catalogue presque par cœur.

La souris de ton ordinateur a tellement voyagé sur l’accoudoir de ton canapé  qu’elle commence à souffrir de crampes abdominales, tandis que ton chat désespéré par l’inanité des films proposés essaye tous les soirs de se suicider  en pratiquant l’auto-strangulation à l’aide de sa queue.

Toi tu ne vas pas très fort non plus, tu as la vue qui baisse, la tension qui monte, ta patience qui s’impatiente, tu t’enfiles des tablettes de chocolat pour tenir le coup, tu regardes d’un air coupable ta bibliothèque où t’attendent des livres qui se languissent d’ennui, tu ne sors plus, tu ne dors plus, tu ne vis plus ; toi et Netflix, c’est à la vie à la mort.

Il t’appelle par ton petit nom, tu lui donnes des doigts d’honneur sitôt que la face de son site apparaît.


Sadique, tu abonnes d’office un ami en profitant des largesses offertes par ta plate-forme préférée.

Il te remercie et te demande il y a quoi à voir ?


A l’heure qu’il est, tu ne lui as toujours pas répondu.


Il le découvrira assez vite.

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A la recherche du foot perdu

                                                                                                                                                                                                                                                    En assistant aujourd’hui à une rencontre de football, à ce condensé d’émotions surannées qui exaltent bien souvent le pire de la condition humaine, la tricherie, l’égoïsme, l’individualisme forcené, l’appât du gain, la vulgarité, il est difficile d’imaginer qu’il fut une période où ce sport se contenta d’incarner le beau visage d’un simple jeu destiné à enjoliver le réel.

Oui, aussi incroyable que cela puisse nous paraître, il exista bel et bien un temps où les footballeurs ne contestaient jamais les décisions arbitrales, où quand l’homme en noir portait son sifflet à la bouche, personne, absolument personne n’accourait vers lui comme s’il venait de commettre un infanticide en l’accusant de tous les maux de la terre.

Oui, il fut une époque où jamais, après un contact plus ou moins vif avec un adversaire, les joueurs ne toupillaient sur eux-mêmes comme des blessés de la Grande Guerre fauchés au moment de partir à l’assaut d’une tranchée ennemie.

Où une partie pouvait se dérouler sans que jamais le soigneur de service ne foule la pelouse afin de venir soigner le chéri de ces dames, terrassé par des douleurs si violentes qu’on en vient à craindre pour sa vie avant de le surprendre quelques minutes plus tard à gambader comme un pur-sang afghan.

Où l’argent, le fric, le pognon n’étaient pas la motivation première des joueurs cavalant comme des morts de faim aux quatre coins du terrain.

Où le football n’était pas un spectacle mais un jeu, un simple jeu révélant à l’homme sa nature profonde, celle de ne jamais devoir renoncer au monde de son enfance afin de ne pas se décevoir de trop, et tenter de mener sa vie d’homme comme un funambule dansant sur le fil de ses rêves enchantés.

Où, au fond, les joueurs pensaient avant tout à jouer très exactement comme des gamins qui déposent leurs cartables au bord d’un pré pour se livrer à leur activité favorite sans autre préoccupation que celle d’épuiser leur passion.

L’enfance du football. Le football de l’enfance.



Regardez, mais regardez-les ces vidéos grâce auxquelles, merveille de la technologie, il nous est désormais possible de remonter le cours du temps et de s’oublier dans la retransmission d’une finale de Coupe d’Europe des clubs champions, millésime 1972 ou 1973.

C’est aussi émouvant que si soudain il nous était permis de voir Proust allongé sur son lit affairé à décrire sur son cahier d’écolier ses tourments après la disparition d’Albertine.

Tout un monde englouti renaît sous nos yeux, constituant une surprise totale et un ravissement inédit.

Il est là le vrai football.

D’une simplicité biblique.

Sans artifices, sans fioritures, sans tout ce grand barnum qui a aujourd’hui transformé ce joyau de sport en une fête foraine souvent grotesque et obscène, où des joueurs épris d’eux-mêmes se demandent à tout instant s’ils sont bien les plus beaux pour aller tirer un corner.

Là, tout est vie, mouvement, action.

Le temps ne s’arrête jamais et le cuir vit de la première à la dernière minute.



Quand une faute est commise, on se dépêche de se relever pour profiter au maximum des possibilités infinies qu’offre le jeu et on s’empresse de repartir à l’assaut.

Un but marqué est juste l’occasion de recevoir les modestes félicitations de ses partenaires avant de reprendre au plus vite le fil de la partie.

Même les passes en retrait au gardien, autorisées à l’époque, n’arrivent pas à ralentir la folle course du ballon.

Aussitôt capté, aussitôt relancé.

Pas de temps à perdre.

Le foot ne vaut rien mais rien ne vaut le foot, alors autant en profiter au maximum, telle semble être la devise de ces rencontres du temps jadis.

Soudain, en regardant ces matchs d’hier et d’avant-hier, je fus pris d’un sentiment de honte de voir ce que ce sport, mon sport, la passion de toute ma vie, était devenu.

Ce spectacle grossier où toute décision arbitrale devient une affaire d’état.

Où toute faute commise est prélude à une tragi-comédie qui s’éternise.

Où les joueurs ressemblent à des banquiers en short. Des banquiers capricieux et hautains.

Où tout sonne faux. Artificiel. Surjoué. Affecté.

Et pourtant malgré tout, malgré mes écœurements répétés, malgré ses à-côtés qui le rendent parfois insupportables, malgré ses travers qui ne sont que le reflet d’une époque où le paraître l’emporte sur toute autre considération, je continue et continuerai à le regarder ce football de malheur !

Pas le choix.

                                                                                                                                                                                                                                                        C’est dire la force d’attraction et la capacité de résilience de ce sport unique entre tous.

                                                                                                                                                                                                                                                         Le football a ses déraisons que la raison ne connaît pas.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est  par ici: https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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L’homme ne cuisine pas, il crée

                                                                                                                                                                                                                                                         Il arrive qu’un jour, après des années et des années passées à attendre le cul vissé dans son canapé que le repas soit enfin prêt, où l’homme, pris d’un soudain élan, cédant à une envie inexpliquée, décide le temps d’une soirée ou d’un dîner dominical de s’occuper de la cuisine.

Le monde entier se gausse à l’idée de le voir jongler avec des casseroles, mais l’homme ne renonce pas pour autant : il a le goût des défis, il a en trouvé un à sa mesure, il va le relever et prouver à son entourage que même là, dans ce simple exercice visant à marier des aliments entre eux, il possède cette touche de génie qui le différencie à tout jamais de la gent féminine.

Car quand l’homme se décide enfin à passer derrière les fourneaux, il ne cuisine pas : il crée.

Il est artiste.

Peu importe la recette sur laquelle il aura jeté son dévolu – spaghetti bolognaises,  blanquette de veau, tarte au citron – il demeure persuadé qu’il va révolutionner à tout jamais la confection de ce plat ancestral qui désormais prendra la dénomination de son auguste créateur.

Tout commence par l’achat des ingrédients nécessaires à ce qui constituera son chef-d’œuvre, et consacrera son entrée triomphante dans le monde de la Grande Cuisine.

Par un beau matin de printemps, il s’en va visiter son supermarché dont jusqu’ici il ne connaissait bien souvent que le parking d’où, calfeutré dans sa voiture, il attendait de voir Madame apparaître pour s’extraire de son siège afin de remplir d’un air désabusé le coffre de sa berline.

Cinq heures plus tard, on le retrouve en train de régler ses achats, son caddie débordant de produits que même le caissier, pourtant en poste depuis plus de vingt ans, a eu de la peine à reconnaître.

C’est que Monsieur là aussi ne s’est pas contenté de procéder à l’acquisition de simples produits de consommation courante, non, fort de son degré d’exigence, il s’en est allé dégotter des paquets de pâtes confectionnées à l’unité par une Mama italienne centenaire, il a cédé à l’appel d’épices ramassées brin par brin par un cultivateur originaire d’un village reculé de l’arrière-pays piémontais, il a déniché une huile d’olive bio importée de Nouvelle-Zélande, il a succombé au charme d’un condiment ayant reçu la suprême onction d’un grand chef bulgare lui-même auréolé de prestigieux prix internationaux.

Si bien qu’en une seule session de courses, il a dépensé autant d’argent que sa femme en une année.

Il s’enferme alors avec ses emplettes dans la cuisine avec interdiction formelle de venir le déranger.

S’ensuit un brouhaha d’enfer qui terrifie tout le quartier : claquent les portes des armoires recevant baffes sur baffes pour qu’elles délivrent leurs secrets, gémissent les tiroirs mille fois ouverts puis refermés puis réouverts avec une brusquerie tout germanique, hurlent de douleur les casseroles arrachées sans ménagement à leur support habituel, implorent la clémence des spatules en bois employées à servir à ouvrir des boites de conserve récalcitrantes, appelle au secours la gazinière dont tous les chalumeaux allumés à grands feux mettent son existence en péril, sanglote le four subissant des variations de températures jusqu’ici inconnues de lui, mugissent les appareils électriques débauchés pour entonner les accents funèbres de la Cinquième de Beethoven.

Le Créateur s’affaire.

Il a bien évidemment boudé le livre de recette que sa femme lui avait pourtant conseillé de consulter.

Il ne mange pas de ce pain là, lui, il n’a rien à apprendre de personne, il ne va pas suivre pas à pas comme un demeuré d’apprenti les étapes nécessaires à l’élaboration de son plat, il galope sur les sentiers de son imagination débridée, il invente, il improvise, il renouvelle le genre, il se laisse guider par son inspiration.

Trois heures plus tard, la porte s’ouvre.

L’homme dépose sur la table de la salle à manger sa création.

Derrière lui, la cuisine ressemble au décor apocalyptique d’un champ de bataille venant de subir le feu nucléaire.

Les casseroles gisent éventrées dans l’évier, des couteaux se suicident au cou de fourchettes décimées par une attaque terroriste de grande ampleur, les murs sont défigurés atteints par les éclaboussures d’une sauce en éruption, la cuisinière baigne dans une mare d’on-ne-sait-quoi au juste, le parquet a été baptisé de traces dont on peine à saisir l’origine exacte, la table de travail a disparu sous un amoncellement d’objets hétéroclites allant du dé à coudre à la bouilloire de Belle-maman ; tout n’est plus que ruines, chaos, désolation.

L’homme, lui, ressemble à Jack Nicholson dans Vol au-dessus d’un nid de coucou.

Il a le regard exalté de ces êtres qui viennent de voir Dieu.

La suite est pénible à raconter.

La plupart du temps, le repas se termine dans la confusion la plus totale : monsieur engloutit son plat en se pourléchant les babines tout en se disant que finalement ce n’est pas si sorcier que cela de cuisiner, l’idée d’ouvrir un restaurant le caresse pendant que le reste de la famille juge plus prudent de filer directement aux urgences.

Simple principe de précaution.

Pendant longtemps encore, on se souviendra de ce jour où l’homme de la famille est passé du stade de bipède passif à celui de courtier en gastronomie, comme on se souvient du 11 septembre 2001 ou du 11 janvier 2015.

                                                                                                                                                                                                                                                        Le jour où la civilisation a chancelé sur son socle.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est  par ici: https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

 

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Le don d’organes ? Sans moi, merci

                                                                                                                                                                                                                                                Apprenant que dorénavant le corps médical pourrait procéder au prélèvement d’organes sans accord préalable de la famille, j’ai réuni la mienne pour les avertir que, me concernant, il était hors de question qu’un toubib mal intentionné me ravisse mon foie, mon rein, mon cœur pour les greffer sur le premier demeuré venu.

Qu’en conséquence, si par malheur je venais à agoniser dans d’atroces souffrances, au lieu de rappliquer dans ma chambre pour la décorer de fleurs dont je me foutrais éperdument, occupé que je serais à papoter avec des éléphants roses, mes proches devraient plutôt filer voir le directeur de l’hôpital pour le sommer de ne point toucher à mes organes vitaux.

A aucun prix.

Je sais, c’est affreusement égoïste comme comportement mais j’ai toujours eu une sainte horreur de prêter mes jouets.

Déjà enfant, je rechignais à laisser ma petite sœur jouer avec mes aiguilles à tricoter.

Adolescent, je refusais à mes camarades de classe le droit d’user de ma calculatrice hyper-puissante offerte par mon oncle d’Amérique pour ma bar-mitzvah.

Adulte, j’ai séquestré à perpétuité ma femme dans la cuisine pour que personne ne me l’emprunte. 

Je ne suis pas prêteur, c’est tout.

Et puis surtout je suis prudent.

Qui peut m’assurer que si jamais je me présentais devant mon Créateur dépourvu mettons d’un cœur, d’une oreille ou même d’une demi-couille, je n’essuierais pas une soufflante divine, hein ?

Vous avez vu de quoi Il est capable quand Il se met en colère, l’Autre Empoté qui soi-disant veille sur nos destinées ?

Qui me dit que, constatant qu’il manque une pièce au corps que je lui ramène, Il ne va pas, comme un vulgaire loueur de voitures ayant pignon sur rue à Juan-les-Pins, exiger des réparations sonnantes et trébuchantes, me matraquer ma carte bleue, me menacer de poursuites, m’enfermer à triple tour dans son garage céleste et me condamner à récurer pour l’éternité le cuir de son trône marbré ?

Ou m’obliger à servir des repas à la cantine fréquentée exclusivement par des pédophiles versés dans le culte de popotins d’anges aux ailes blanches ?

Très peu pour moi.

Entre nous, je n’ai aucune envie de me le mettre à dos ce brave homme, surtout le jour de mon arrivée. Ça ferait tout de suite mauvais genre. Moi qui ai en horreur de me faire remarquer, je ne supporterais pas d’être mis à l’index de la sorte. Tel que je me connais, je serais capable de me choper une vilaine attaque de panique devant tous les autres défunts réunis pour le pot de bienvenue. 

La honte.

Et puis, ma mère m’a toujours appris à ramener les objets que j’avais empruntés dans l’état exact où on me les avait prêtés.

Et la parole d’une mère c’est sacré, non ?

D’autre part je ne supporterais pas l’idée que mon cœur, par-delà ma mort, puisse servir à alimenter en oxygène le cerveau d’un pauvre sbire qui passerait le reste de sa vie à pratiquer des jeux vidéos débiles, à supporter le PSG, à martyriser son chat, à voter à droite, à manger des pizzas surgelées, à courir des marathons, à lire des bande-dessinées en écoutant Lara Fabian, à regarder le journal télévisé de TF1, à se marier à l’église ou que sais-je encore.

Vous imaginez un seul instant le calvaire de ce malheureux cœur qui, après avoir sillonné la vie auprès d’un être aussi remarquable que moi, se retrouverait du jour au lendemain condamné à fréquenter une personne crasseuse d’insignifiance, vouant sa vie à collectionner par exemple des emballages de camemberts normands ?

Je ne peux tout-de-même pas lui faire ce coup-là.

                                                                                                                                                                                                                                             C’est pourquoi j’ai décidé, après en avoir longuement délibéré avec ma conscience, que je ne mourrai pas.

Ni aujourd’hui, ni demain.

C’est encore la meilleure solution.

                                                                                                                                                                                                                                          Circulez, y a rien à donner.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est  par ici: https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

 

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Mon père, mon père, que n’avez-vous dit là ?

                                                                                                                                                                                                                                                        Évidemment tout cela n’est que manigance, stratagème, bluff.

De la poudre aux yeux balancée à la face de l’opinion publique afin de ratisser large et d’entrevoir des lendemains triomphants.

Un opéra-bouffe à la mise en scène poussive élaborée dans le seul but d’innocenter la fille de toutes arrière-pensées incompatibles avec le suffrage universel.   

L’interview foireuse à un torche-cul de journal, tout juste bon à récurer les fosses septiques de nazillons en culotte courte, les provocations à tout-va devant laquelle la fille, mise soi-disant devant le fait accompli, ne manque pas de pousser des hauts-cris d’indignation “Mon père, mon père, que n’avez vous dit là”, les cris d’orfraie du beau-fils putatif qui en rajoute une couche “Mes juifs, mes juifs, ne touchez pas à mes juifs”, tout l’appareil du parti qui s’émeut, ”Ah scélérat trop c’est trop, cette fois, ton compte est bon, de ta langue vipérine, nous n’en pouvons plus, il te faut nous quitter, l’heure de la séparation est advenue ; à minuit, de ton royaume tu seras excommunié.”

Grand rire gras du Père.

Il s’en va, la fille triomphe, le peuple applaudit.

Le faux-sacrifice d’un père, afin de permettre à sa fille de conquérir de nouveaux galons, de gagner en notabilité et en respectabilité, d’apparaître aux yeux de tous sous le doux visage d’une fille éprouvée par le comportement outrancier de son géniteur avec lequel elle se montre en complet désaccord.

On ne choisit pas ses parents.

Mon père, c’est mon père, moi, c’est moi.

Je ne suis pas le gardien de mon père.

Ô quel sort cruel que le mien.

Pour mon plus grand malheur, je fus élevée par mon père, sinistre personnage au caractère bien trempé, dont je ne partageais ni les idées ni les pensées. A plusieurs reprises je fus sur le point de rompre toute relation avec lui mais à chaque fois, prise d’un soudain remords, je me ravisais et endurais en silence sa compagnie, tout en jurant de prendre un jour prochain ma revanche sur cet être que j’exécrais avec une force indicible. (Le Pen Goriot)

On ne dira jamais assez l’infortune d’avoir pour père un homme dont le comportement tout au long de sa vie eut comme conséquence de me présenter aux yeux du monde comme une femme animée de pensées si viles que bien souvent, quand je me retrouvais dans l’intimité de mon appartement, je succombais à des crises de larmes que rien ne parvenait à apaiser. (Mémoires d’une jeune fille en peur)

Toute ma vie, j’eus à me battre contre l’influence d’un père versé dans l’art de déclencher l’opprobre par des discours dont la teneur morale m’effrayait et me scandalisait à un point tel que plus d’une fois je songeais à le quitter en m’engageant dans la marine marchande.(Madame Lepenory)

Longtemps j’eus à souffrir de la réputation de mon père. Souvent, au moment de me présenter à une élection, à l’heure où j’allais à la rencontre de mes concitoyens, je dus composer avec lui, avec ce fatras de pensées nauséabondes dont naguère il avait fait commerce et qui jusqu’à aujourd’hui, malgré les condamnations qui n’avaient pas manqué, non pas comme on pourrait le penser, de l’accabler mais bien au contraire de le ravir, continuaient à affleurer sous sa bouche comme autant de galets surgissant dans la mer étale au moment du retrait de la marée, dès lors qu’il se laissait aller à exprimer le fond de ces pensées qui, à peines rendues publiques, me plongeaient alors dans une profonde détresse, que ravivait encore le souvenir de ce père que malgré tout j’aimais comme seule une enfant sensible comme moi pouvait aimer, un amour impossible auquel il me fallut malgré tout renoncer. (Le Pen retrouvé)

                                                                                                                                                                                                                                                Le Roman des Le Pen, suite et… suite.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                        Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est  par ici: https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

 

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Ne le dites pas à Fleur Pellerin mais j’aime autant Marcel Proust que Michel Platini

                                                                                                                                                                                                                                            Factuellement Fleur Pellerin a eu parfaitement raison de déclarer hier matin que lorsqu’on écoutait France Inter on n’écoutait pas RTL.

C’est qu’à moins de souffrir d’une schizophrénie aiguë se traduisant par un sévère strabisme auditif, il est d’évidence fort compliqué  d’entendre dans le même mouvement et France Inter et RTL

J’en déduis donc que Fleur Pellerin a voulu signifier par cette délicieuse boutade que l’auditeur qui se paluchait tous les matins en écoutant la matinale de la radio nationale n’avait pas grand-chose à voir avec son voisin s’éveillant avec le brouhaha intempestif de la radio préférée des Français.

Ou autrement dit que les sieurs de la France d’en-haut ne frayaient pas avec les ploucs de la France d’en-bas.

Que quand on était cultivé, bien né, propre sur soi, possiblement de gauche, on goûtait entre gens de bonne compagnie aux savants programmes concoctés par les équipes de France Inter, on se gaussait des délicieuses saillies de François Morel, on s’amourachait des pédantes analyses de Bernard Guetta, on riait de bon cœur aux chroniques pleines de fiel de Sophie Aram.

On était chez soi.

Tout le contraire de RTL où, dès potron-minet, on se farcissait les pétomanes de l’info, les Francois Lenglet, les Pascal Praud, les Alba Ventura, jacassant inepties sur inepties sous les ordres d’un Yves Calvi qu’on imaginerait plus volontiers comme patron débonnaire d’un bar tabac du côté de Mourmelon que comme maître de cérémonie d’une émission de radio digne de ce nom.

Madame Pellerin pratique et incarne le sectarisme comme personne.

De ce mal français qui barricade les gens dans une case sans jamais leur donner l’autorisation de changer de chemise de peur de brusquer les habitudes.

De ce système éducatif absurdement rigide qui trace dès l’adolescence des parcours professionnels qui ne permettent aucune sortie de route.

De cet insupportable snobisme de façade qui produit une élite intellectuelle incapable de parler ou de comprendre les vraies passions du pays réel.

De ce tropisme intellectuel qui érige une frontière intangible entre le corps et l’esprit.

Et qui se gausse de celui qui prétendrait aimer d’une passion égale et les circonvolutions narratives de Marcel Proust et les arabesques footballistiques de Michel Platini.

Qui apprécierait tout autant Marlon Brandon que Louis de Funès.

Morrissey et Mozart.

La Callas et Jean Roucas (c’est pour la rime).

Patrick Modiano et Jacques Chazot.

Tout et son contraire.

En restant néanmoins capable d’établir une hiérarchie entre eux sans pour autant privilégier l’un au détriment de l’autre.

Ce qu’on nomme tout simplement l’ouverture d’esprit et qui permet de jouir des plaisirs de l’existence sans avoir à s’encombrer d’œillères qu’on nous applique de force dès l’école maternelle.

Sans se référer à un supposé bon goût qui n’est que le reflet d’une puante suffisance intellectuelle à mille lieux de la vraie appétence pour les choses de l’esprit qui se fout bien des écoles, des académies et des cours de maintien.

Qui s’émancipe des règles établies et garde intacte sa capacité d’admiration sans se demander si la société autorise de pareils engouements.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        Un esprit libre.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est  par ici: https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

 

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L’Holocauste low cost de Jean-Marie Le Pen

                                                                                                                                                                                                                                                    Allô, Papa, c’est Marine. Oui Marine ta fille. Non Papa Marion c’est ta petite-fille. Oui la blonde avec un joli sourire. Oui Papa moi aussi je suis blonde. Tu me remets maintenant ? Dis-moi Papa je peux savoir ce qui t’a encore pris ce matin chez Monsieur Bourdin. Oui Papa il est gentil ce Monsieur Bourdin. Oui très gentil. Oui il a des belles dents aussi. Tu veux les mêmes quand tu seras grand ? C’est d’accord Papa. Oui je lui demanderai le nom de son dentiste. Ne t’en fais pas. Non je n’oublierai pas Papa. Tu sais que tu peux compter sur moi. Voilà je lui demanderai la prochaine fois que je le verrai chez le coiffeur. Mais non Papa ce n’est pas Florian Philippot mon coiffeur. Non Papa je t’assure Florian n’est pas coiffeur, ce n’est pas parce qu’il est pédé qu’il est coiffeur. Non Papa je t’ai déjà dit tous les pédés ne sont pas coiffeurs même si oui tu as raison tous les coiffeurs le sont. Et d’abord on ne dit plus pédé Papa mais gay. Oui gai. Gai comme un pinson. Non un pinson Papa pas un poisson. Dis-moi Papa, tu es certain que tu avais pris tes pilules ce matin avant d’aller voir Monsieur Bourdin ? Non tes pilules Papa pas tes libellules. Oui Papa je sais bien que tu ne manges pas de libellules au petit-déjeuner. C’est ça seulement avant te coucher. Deux libellules rouges. Et trois blanches. Non jamais de libellules pendant les repas. Tu avais oublié de les prendre ce matin ?

 

Non je ne dirai rien à l’infirmière, tu as ma parole. Oui d’honneur. Ma parole d’honneur. Oui Papa je sais bien que c’est toi le Président d’honneur de notre mouvement. Oui oui je sais Papa c’est le Maréchal qui t’a nommé en quarante. Calme-toi Papa. Personne ne va venir te prendre ta place. Elle est à toi, c’est la tienne. Mais pourquoi tu as recommencé avec cette histoire de détail Papa, on s’était mis d’accord que tu n’en reparlerais jamais plus. Tu m’avais promis tu t’en souviens ? Mais non enfin je ne suis pas juive Papa. Je suis ta fille. Oui ta fille. Oui Pierrette est ma maman. Non toi c’était Anne-Marie ta maman. Oui elle est morte Papa. Mais non elle n’était pas juive non plus. Philippot non plus. Bourdin non plus. Oui Papa je sais ils sont partout mais ce n’est pas une raison pour que tu minimises ainsi l’Holocauste. Un Holocauste low cost tu dis ? Ah ah il faut que je la note cette-là, elle est tordante.  Tout de même Papa six millions ce n’est pas un détail. Comment ça ils étaient que six ? Monsieur Benhamou, sa fille, et ses quatre enfants ? Tu l’as entendu à Radio Alger hier soir ?????

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est  par ici: https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

 

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