Le monde a faim de fin

Fin de semaine.

L’actualité ronronne des pilotes qui ne comprennent plus le mode d’emploi de leurs coucous, des dettes publiques qui s’envoient en l’air dans le firmament de la finance toujours aussi obscure à déchiffrer et à appréhender pour celui qui n’a pas eu la fortune de finir major au concours d’entrée de la fonction publique, des tueurs de masse qui plastronnent du fond de leurs cellules norvégiennes que le monde les remerciera un jour de nous avoir alerté sur des menaces fantômes qui n’existent que dans leurs esprit perturbés, saturés de stéroïdes stéréotypés, l’Europe se suicide, le socialisme menace le nationalisme, nos identités remarquables vacillent devant la faucille de l’étranger hostile

 

Des violées en série qui convoquent Jésus et Mahomet pour jurer sur la toute sainte bible que le diable s’habille du coté des puissants et des colonisateurs, des chanteuses qui entre le chagrin et le néant ont choisi le néant et nous laissent encore plus seuls pour nous débrouiller avec nos existences qui s’effilochent chaque jour un peu plus, des alcooliques même plus anonymes qu’on empêche de se désalcooliser par peur de tourner en rond dans des cliniques désertées, des starlettes écologiques qui pleurnichent en breton que les français sont des veaux,

Des écrivains hongrois qui ont refermé à jamais le grand cahier de leurs douloureuses élégies, chuchotées dans la langue de Flaubert, des grands argentiers de la Fifa qui vaticanisent à coups de milliards des fédérations sans le sou, des coureurs français qui s’acoquinent avec des chronos à même d’affoler Big Ben à l’ombre de l’été prochain, des étés maussades comme des nuits d’automne, des automates de sangliers qui se suicident parce que les algues sont devenues soudainement trop vertes, routine des sentiments, comptine des ressentiments, pressentiments d’anéantissements

Sinon, ce matin j’ai pesé mon chat. Il a perdu deux cents grammes en un mois. Remarquable. J’ai donc bien fait de l’inscrire de force et à son corps défendant au club de gym de l’association sportive du coin de la rue, stage intensif, séances de sauts périlleux effectués du haut d’un trampoline perché au plafond du gymnase, étirement des moustaches, allongement de la patte gauche, écartèlement de la narine droite, tout en l’affligeant d’un régime strict et jobard comme un discours d’Eva Joly, réduction significative des croquettes matinales, suppression de la bière casher, rationnement de yaourts à la rhubarbe importé d’Argentine. Désormais je songe très sérieusement à sortir la méthode Sargan pour aider les chats en surpoids à retrouver leur allure féline en quelques semaines. Avec l’argent de mes royalties canins, je pourrais enfin racheter l’ASSE, installer Carlos Ancelloti sur le banc vert, débaucher quelques joueurs qataris qui chanteront l’internationale à cappella sous le magnifique crachin chagrin du Forez.


Finalement, le poète avait raison, Le meilleur c’est un sommeil bien ivre sur la grève.

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T’as voulu voir du foot, t’as vu le trophée des champions.

C’est toujours la même litanie avec les années impaires. Au moment où s’achève la finale de la Ligue des Champions, on sait d’avance que l’été sera long, très long, horriblement long, avec son cortège de jours morts-nés, de réveils sans joies, de soirées passées à scruter l’air hagard un écran de télévision qui apparait encore plus ahuri que d’habitude, cruel dans son apparence figée, qui nous renvoie l’image d’un homme seul, défait, désemparé, buvant seul, la mine patibulaire et l’air affecté, une cannette de bière tiède et fade, le cerveau ramolli, le cœur éteint, le regard exsangue.

On a beau s’y préparer, se dire que cette année sera différente, s’organiser en tentant de se passionner vaille que vaille pour ces demeurés de coureurs qui, année après année, gravissent des cols pour mieux les redescendre, s’intéresser à des sports exotiques, s’exalter pour le championnat inter régional de la ligue féminine de curling de la région Midi Pyrénées, il arrive un moment, comme cette semaine, où l’on craque, où l’on pleurniche de longs sanglots en réclamant sa dose quotidienne de foot, où la seule vue d’un rectangle vert, même si ce n’est que celui de son crétin de voisin qui passe ses journées à bichonner son parterre de légumes bio assaisonné à la pisse de son idiot de clébard, fait naitre en nous des envies sauvages de défénestration, de plongée radicale dans les eaux saumâtres d’un fleuve sombre comme la mort, de pendaison définitive, accroché à la poutre du salon, entouré de sa collection chérie de France Football, étalée à même le parquet, comme un ultime hommage rendu à nos passions défuntes.

Cette année c’est encore bien pire. Il a fallu se taper un simulacre de mondial avec des simulacres de suffragettes de nymphettes de femmelettes même pas mignonettes, cheveux longs, idées courtes, pieds carrés( avant de mordre mes pauvres mollets, mesdemoiselles, prière de regarder sur votre droite, merci), évoluant sur un terrain trois fois trop grand pour leurs malheureuses gambettes, impuissantes à tirer un corner digne de ce nom, avec des gardiennes mêmes pas foutues d’effectuer un six mètres dépassant leur surface de réparation tandis que La Copa America a ressemblé à un long suicide assisté, avec des rencontres si ternes et si cadenassées, si pauvres et si approximatives, qu’on avait la pénible impression d’assister à une interminable procession pour un enterrement de soldats de la Grande Guerre.

D’habitude, au moins, on pouvait se consoler en suivant le mercato. Il existait toujours un feuilleton de l’été.

Ribery, t’as voulu voir Madrid, t’as vu Munich. Gourcuff, t’as voulu voir Milan, t’as vu Bordeaux. Ben Arfa, t’as voulu voir Manchester, t’as vu Newcastle.

 Mais cette année, rien. Le néant absolu. Madame Lagarde, fraichement débarquée au FMI, a sifflé la fin de la récréation et a dit, cette année, silence dans les rangs, pas une tête qui dépasse, le premier que j’entends, je le transfère au Panathinaikos. Ah si, dans la moiteur de l’été, on a appris que Laurent Bonnart, décu par le mariage de Charlène et d’Albert, quittait la principauté de Monaco pour aller se les geler dans le couloir droit lillois, que Toulalan avait échangé son trente-huit pièces place Bellecour contre une résidence sous le soleil de Malaga, que Jeremy Menez, lassé de la dolce vita, venait à Paris voir si les saints du Qatar valaient ceux d’Anita Ekberg.

Triste à pleurer. Ce soir, il parait que la saison redébute avec le trophée des champions, entre Lille et Marseille. La rencontre aura lieu à Tanger. Sans commentaire. Si ce n’est qu’on ne savait pas que Fréderic Thiriez aimait à ce point-là Paul Morand, Paul Bowles et Williams Burroughs.

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Branleurs de grecs

Nous vivons dans un monde terrifiant. Bien sûr, de toute éternité, il l’a toujours été, et, avec un peu de chance, il le sera toujours. Nous resterons toujours seuls et sans réponse face au feu d’artifice d’angoisses qui nous étreint devant le spectacle vertigineux d’un univers qui, né à partir de rien, d’un postillon de particule, d’un simple coup de dés ou d’un soupir d’exaspération d’un Dieu s’ennuyant comme un rat mort dans son parc de loisir déserté, s’en ira un beau jour, s’éteindre, en s’excusant de n’être pas déjà mort ( désolé, c’était là mon paragraphe obligé d’écrivain à la noix ; c’est dans la charte que Slate m’a fait signé. Sous la contrainte, je me dois de le préciser).

Seulement avant, dans des temps pas si reculés que cela, ce monde terrifiant et chaotique, sauvage et plein de bruit et de fureur, se dévoilait à nous avec la lenteur d’un escargot asthmatique atteint d’un cancer de la prostate, ou avec la délicatesse, tout en retenue, d’une effeuilleuse, surprise au beau milieu de son numéro languissant, dans des maisons de retraite à l’abandon.

Avec l’apparition de cet agité du bocal d’internet, tout est devenu si soudain, si abrupt, si simultané que tout se passe, comme si notre cerveau déboussolé, saturé d’informations, ne parvenait même plus à les assimiler, se contentant dés lors d’ânonner, d’une voix pâteuse et lasse, au suivant, sans même essayer de les comprendre.

Pour preuve, l’autre soir, on en était encore à se gratouiller l’hypothalamus gauche pour savoir si l’Euro n’allait pas nous laisser au bord de la route, terrassé par une crise cardiaque radicale, dû à des ventricules empoisonnées d’un sang grec épais comme de l’ouzo rance qui bouchonnait ses artères fémorales. On se retrouvait là, transi de peur, planqués derrières nos écrans d’ordinateurs, priant Sainte Angela de convaincre ses compatriotes de daigner cracher quelques-uns de leurs marks, pour venir aider leurs cousins grecs qui, pendant des décennies, n’en ont pas foutu une, se contentant seulement de signer leurs feuilles d’impôts imaginaires à coups de tartines huilées de tarama non taxé, tandis qu’au même moment, dans les banlieues riantes de Duisbourg et de Hanovre, on travaillait comme des dératés pour mieux s’excuser d’avoir commis quelques impairs deux, trois décennies plus tôt. 

Branleurs d’armateurs grecs qui là où d’autres, grâce à leur génie millénaire et militaire, contribuaient, au progrès du genre humain, en peaufinant leur savoir-faire en matière de chambre à gaz et autres usines d’exterminations, eux, avachis dans des transats au bord du port du Pirée, se contentaient de jeter les bases de la démocratie et de la philosophie occidentale. Autant dire trois fois rien.
Heureusement, en fin de soirée, à l’heure de l’apéro, on apprenait que la Germanie renonçait à envahir le Pirée et préférait à la place prêter aux grecs quelques milliards d’euros, à la seule condition que ces derniers se retroussent les sangles de leurs sandales et se mettent enfin à comprendre que seul le travail rend libre.

Le lendemain, au moment où Cadel Evans s’apprêtait à dévorer tout cru toute la fratrie des frères Schleck qui la veille, dans les contreforts des Alpes, s’étaient aperçus, tout benêts et penauds, que, contrairement à ce que leur avait dit leur papa, à l’heure du bain, dans la maison familiale, l’union ne fait toujours pas la force, on apprenait qu’à Oslo, les loups étaient entrés dans la ville et s’amusaient aux dominos avec les immeubles de la capitale norvégienne.
C’est à ce moment précis qu’Amy Winehouse, écœurée de voir qu’Andy Schleck finirait encore deuxième du tour de France, décidait qu’elle ne pourrait pas supporter la perspective de voir Cadel Evans défiler sur les champs élysées et nous disait, désolé mais cette fois ce sera sans moi, nouvelle qui avait le don d’énerver l’autre fou furieux de norvégien qui, se sentant orphelin après la disparation tragique de la chanteuse soule, décidait de régler une fois pour toutes leurs comptes à ces petits cons de nordiques qui, refugiés sur une ile, devaient à coup sûr se trémousser sur des airs de Justin Bieber. Et pendant de ce temps-là, les grecs n’en foutaient toujours pas une…


Bref à la fin du weekend end, on comprenait que le monde allait de plus en plus mal, en réalisant que Anders Behring Breivik était le premier coureur grec a avoir gagné le tour de France juste devant Amy Winehouse, battu d’une poussière d’héroïne, podium inattendu qui avait déclenché la fureur des frères Schleck, les décidant à se reconvertir, en vue des prochains Jeux Olympiques de Beyrouth, au tir à la carabine, en s’entrainant d’arrache-pied dans les faubourgs de d’Oslo.

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Banon? Ben non.

Je ne connais pas Tristan Banon. Pourtant je sais, je suis écrivain et il m’est arrivé, à mes heures perdues, d’être parisien. Mais je jure sur la tête de mon chat que, pour autant que je sache, je n’ai jamais rencontré Beidbeger pas plus que Heidegger d’ailleurs, que je ne sais rien de la nuit parisienne, de ses réseaux, de ses codes, que jamais je n’ai participé à un pince fesses avec d’autres membres de cette tribu, que pour moi Saint Germain sans être précédé de Paris juste avant ( Paris Saint Germain, PSG, pour le demeuré de service) n’évoque rien, si ce n’est que je n’ai jamais bien compris à quel endroit il fallait traverser le dit boulevard lorsqu’il en arrive à croiser la fin ou le début de la rue de Rennes.


Que s’il m’est bien arrivé de passer devant le café de Flore, je ne me suis jamais aventuré à y commander un café, terrifié à l’idée de me retrouver à la plonge, suite à mon impossibilité à régler la somme astronomique réclamée, entrain de récurer les assiettes d’Ariane Dombasle.

Remarquez bien, je n’ai aucun mérite. Les rares fois où une âme charitable m’a proposé de l’accompagner dans ce genre d’endroit, j’ignore pourquoi, cela tombait inévitablement un soir de Ligue des Champions. Et là désolé, mais entre un rendez-vous impromptu au fin fond d’un boudoir chinois enfumé avec un membre de cette clique littéraire et un Manchester/Liverpool, le choix était vite fait.

Bref, je n’ai donc jamais eu la chance ou le bonheur ou le privilège de papoter avec Mademoiselle Banon pas plus que je n’ai eu jusqu’ici le temps de lire ses œuvres complètes. Je n’ai non plus toujours pas lu les œuvres complètes de Carlos Fuentes ou les nouvelles de Cortázar ou la poésie de Sylvia Plath. Comme quoi. Je n’émettrais donc aucun jugement de valeur sur la possibilité du talent de Banon. Pas plus que je ne me risquerais à un pronostic sur la possibilité de sa rencontre qui aurait mal tourné avec DSK. J’ai d’autres chats à fouetter pour m’accabler de ce genre d’inquiétudes.

Non ce qui m’embête dans toute cette vilaine histoire, c’est la façon dont s’est mise en scène la Triste Anne (Banon pas Sinclair). Et de me demander mais pourquoi, oui pourquoi, a-t-elle ressenti le besoin d’aller se confier auprès de l’autre zozo aux lunettes noires et aux dents blanches ou d’aller festoyer chez lui sous le regard obscène de caméras cette fois assurément violeuses et intrusives ? Pourquoi cette volupté destructrice à se vautrer ainsi dans les fanges boueuses d’une émission de télévision dont le niveau intellectuel devait se situer à mi-chemin entre les errements cocainés de Delarue et ceux aseptisés de Laurent Ruquier ? Pourquoi ce désir obscène de venir ainsi se raconter sous la lumière crue et sodomite de projecteurs blafards ?

Parce qu’on pense que pour se prouver qu’on existe, qu’on compte, qu’on est, il faut bien arriver à paraitre à défaut d’être ? Parce qu’on ne se supporte plus, qu’on en arrive à se détester avec une telle véhémence, qu’on a depuis longtemps renoncé à s’affronter, qu’on a baissé les bras devant un tel combat et, que perdu pour perdu, perclus d’un désespoir impossible à admettre, étourdi par sa propre insignifiance, terrifié par le silence du monde qui vous ignore, on s’en va un beau matin, raconter à la terre entière ses boires et ses déboires auprès d’un parterre d’inconnus tout heureux de pouvoir se branler le cerveau devant ces sordides confessions ?

Parce qu’on n’en peut plus de crever de solitude médiatique, parce qu’on se pense tellement supérieur aux autres ou du moins tellement différent que la frustration de se voir ainsi mépriser, se transformant peu en peu en une rage indicible et triomphante, nous voilà réduit à se convoquer soi-même à ses propres assises pour s’écouter s’épancher, afin que le chauffeur de taxi qui vous ramène chez vous après l’émission, soit à même de reconnaitre votre visage ?

Est-ce un défi qu’on se lance un petit matin, au sortir d’une nuit embrouillée, devant sa glace pour s’étourdir et étourdir les autres, ses amis, sa famille, son boulanger afin de leur prouver que vous n’êtes pas comme eux, que vous serez Sagan ou rien, que si votre vie ne vaut pas la peine d’être vécue, elle mérite au moins d’être racontée par le biais d’un poste de télévision ? Je ne sais. Je ne porte pas de jugement de valeur. Chacun fait ce qu’il peut. Avec ses armes, ses peurs, ses doutes. Pour bien faire, là, je devrais sortir la citation d’un esprit qui gravite dans des latitudes qu’on ne soupçonne même pas mais, désolé je cale, et depuis que Jean d’Ormesson a changé son adresse Hotmail pour une de  chez Gmail, je n’arrive plus à le joindre.

Bon, histoire de se détendre un peu, vous avez vu cela ???? J’ai un ami dont le rêve le plus fou est de voir un penalty marqué de la tête. Eh Tristane, ca, ça je te jure, ça aurait vraiment de la gueule, non ?

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Sarkozy le dernier des corniauds?

Depuis quelque temps déjà, certaines gazettes parisiennes qui détiennent depuis toujours les clés des caves du Vatican et du fantôme de l’Opéra, se tamponnent le bidon en relatant avec mouts détails la soudaine frénésie de culture qui s’est emparée de notre monarque présidentiel. On se marre, on se glousse, on rivalise d’anecdotes les plus croustillantes sur l’incurie culturelle de la plus haute autorité de l’état qui affirme ainsi Libération, jusqu’à ces derniers temps, ne jurait que par Louis de Funès. Ah ah ah !!!! Le cancre, la buse, le circoncis du cerveau, l’atrophié du cervelet, l’idiot du village.

Louis de Funès, non mais Louis de Funès, tu te rends compte un peu à quel point on est tombé bien bas. Voltaire, Rousseau, Montesquieu, réveillez-vous, La France, la patrie de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, le phare de l’Humanité, part à vau-l’eau et se vautre dans le caniveau. Louis de Funès, notre président, le premier des français, adore Louis de Funès. On s’indigne, on s’offusque, on hoquète de dégout. Quelle déchéance. On eut préféré que pendant le conseil des ministres, il se repasse en boucle sur son Smartphone, les scènes les plus scabreuses de Salo ou les 120 journées de Sodome de Pasolini. Ça aurait eu de la gueule au moins. Ces idiots qui nous gouvernent. Et moi, du haut de ma connerie tout aussi monumentale, de m’interroger les yeux dans les yeux. Ainsi donc moi, moi, moi qui ait quand même lu Faulkner dans le texte, moi, moi, moi qui possède sur mon IPod une Saison en Enfer et les Chants de Maldoror, moi, moi, moi, qui s’en est allé vivre à Vancouver pour m’entretenir avec le fantôme de Malcolm Lowry, moi, moi, moi qui dans une autre vie a tout de même été, bordel de dieu, critique littéraire dans les pages de Libé et des Inrockuptibles, moi, moi, moi qui ne suis quand même pas le tout dernier des cons ( la preuve, j’écris dans Slate), moi, moi, moi qui chaque soir, s’endort en lisant la correspondance de Flaubert ou les souvenirs de Klaus Mann, moi, moi, moi qui a des sanglots dans la voix quand il pense à Fitzgerald, à Dostoïevski ou à Keats, moi, moi, moi qui ai pour meilleur ami et Raskolnikov et le Capitaine Achab et Heatcliff, moi, moi, moi qui suis quand même au-dessus de tout soupçon, il se trouve que moi, oui moi aussi, je trouve que Louis de Funès est le plus grand acteur français du siècle dernier. Il se trouve aussi, je l’admets bien volontiers, que j’échangerais toutes les œuvres complètes de mettons Julien Gracq, juste pour emmerder Jérôme Garcin et consorts, contre ce but de Berkampf

Oui je sais c’est sacrilège ce que je viens de dire là. Pourtant je maintiens. Et je suis parfaitement sincère. Pour une fois, je n’en rajoute même pas. C’est déplorable n’est-ce pas, tant il est vrai qu’il existe dans certaines rédactions parisiennes, certaines personnes qui lorsqu’elles entendent le mot de football sortent leurs pléiades de Paul Claudel pour se cacher de ces ballons qu’ils ne sauraient voir. Alors Louis de Funès, vous pensez bien ! Ce pitre pitoyable gesticulant et grimaçant à longueur de bobine ne saurait être un acteur. Au mieux un clown. Au pire un bouffon. Il eût fallu pour qu’il fut considéré que Robert Bresson le fasse tourner dans un de ces films où il aurait dû jouer le rôle d’un professeur de pensionnat qui, tourmenté par le suicide de sa fille prostituée se travestirait tous les soirs, à l’heure des vêpres, en s’en allant flâner respirer des parfums interdits du côté des dames du bois de Boulogne. Ou qu’il donne la réplique à Jean Pierre Leaud dans un film de Truffaut. Ou qu’au moins il ait tourné dans un nanar de Mocky. Mais non, rien de tout cela dans la pauvre filmographie de ce pauvre Louis. Que des films affligeants de crétinerie tout juste bon à faire rire le demeuré du dimanche soir qui après s’être enfilé Telefoot et Stade 2 ( oui je sais ca date tout cela) s’en va du côté de la une regarder les aventures de Rabbi Jacob ou d’Oscar. Oscar ! Oscar ! Oscar ! Mais Oscar, a-t-on jamais fait mieux qu’Oscar ? Mais oui, tout le théâtre de Feydeau, je l’échange contre une réplique d’Oscar. Et Louis, dans l’Homme Orchestre, là dans cet extrait, franchement, entre nous, ça ne vaut pas son pesant de Finnegans Wake (dans sa version gaélique évidemment) ?

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L’Homme est l’avenir du foot

 La Coupe du monde de football des gonzesses en culote courte s’est enfin terminée. Pas trop tôt. Que n’a-t-on pas lu ces derniers jours sur les vertus et les qualités de ces prétendues footballeuses qui seraient devenues, en l’espace d’une compétition, tout bonnement l’avenir du foot. Ainsi donc, nos footballeuses hexagonales seraient simples et abordables comme des marchandes de quatre saisons, pas m’as-tu vu pour un sou, souriantes jusqu’au bout des ongles, affables comme des otaries au zoo,  au moment de la distribution de poisson, et ne parlons mêmes pas de leurs qualités footballistiques puisqu’on les a consacré comme des tripoteuses de ballon hors pair, des manieuses de cuir redoutables, des gazelles élancées gambadant sur le pré vert de leurs exploits retentissants.

Visiblement l’équipe de communication de DSK, en panne de leur poulain, retenu à New York pour affaires, a retrouvé bien vite du boulot pour meubler leurs longues soirées d’été. Engagé pour l’occasion par une bande de féministes enragées, bien décidées à nous ravir, à nous les hommes, notre dernière chasse gardée, l’ultime domaine où l’on pouvait encore parader en toute tranquillité, sans être emmerdé par une escouade de demoiselles, carburant au Perrier, avec une rondelle de citron, vert le citron s’il te plait. C’est tout juste si désormais, il ne va pas falloir patienter à la porte de la salle de bain, pour attendre que madame ait fini de de décortiquer les pages consacrées au foot dans l’Equipe, ou de patienter jusqu’au mercredi matin, pour avoir enfin le droit de consulter France Football.

Pourtant franchement, en regardant un match de foot de ces grandes gigasses épanouies, il n’y a vraiment pas de quoi fouetter un Ribery. Quelle lenteur dans les gestes, quelle manque de puissance et de vélocité, quelle absence de volonté. Evidemment, comme ces dames sont bien plus intelligentes et perspicaces que nous, en l’espace de quelques semaines, elles ont déjà tout assimilé d’un sport plus que centenaire, au point qu’elles n’écoutent même pas la voix autorisée de leurs mâles entraineurs, et, fortes d’une arrogance insupportables, n’en font qu’à leur têtes. Résultat, les lignes sont distendues comme jamais, les joueuses éparpillées aux quatre coins du terrain comme si on les avait lâché dans un magasin de chaussures au moment des soldes, aucun repli défensif, aucun sens tactique, aucun liant dans les passes. Apprenez, mesdames, mesdemoiselles que le football n’est pas un jeu de plage. On n’est pas au Beach volley là. Un siècle d’histoire vous regarde. Pendant des décennies, des hommes ont pensé le football. Le 4-2-4, le 4-4-2, le 5-3-2 ne sont pas des tailles de jupes vichy. Et puis cette manie des plus agaçantes que vous avez de respecter l’arbitre comme si c’était Dieu le père, de ne jamais discuter ces décisions, d’aller fayoter auprès de  lui, comme si vous étiez encore à l’école élémentaire. Quoique vu qu’elles ne commettent jamais de fautes, on ne voit pas trop la différence. Le tacle par derrière vous savez ce que c’est au moins ? Car voyez-vous, mesdames, mesdemoiselles, ne vous en déplaisent, mais le foot est aussi et surtout et avant tout un sport de contact et de duel à gagner. Sinon autant jouer au baby-foot, en talons aiguilles, dans son salon, en sirotant un cocktail sans alcool, dans son déshabillé vaporeux. Le jour où on verra un Roy Keane ou un Van Bommel sur un terrain, on commencera peut-être à vous prendre au sérieux. Pas avant. Et puis, de grâce, apprenez à cracher aussi, à vous rouler par terre pour un rien, à tricher, à grappiller des précieuses minutes en prétextant une triple facture du péroné avant de vous remettre à courir comme des dératées.

Ne vous détrompez pas, votre popularité passagère n’est que le résultat inévitable d’un sevrage commencé après la finale de la Ligue des Champions. Depuis l’Homme n’a pas eu un ballon à se mettre sous la dent. Pas un. Pas étonnant que lorsqu’il finit par en choper un sur son écran de télé, il succombe à son charme et vous trouve des qualités imaginaires. C’est un peu comme le taulard qui, après avoir purgé sa peine, se contente de la première jouvencelle pour satisfaire ses besoins primitifs, et trouve la première Cunégonde rencontrée, aussi bandante que ses nymphettes entrevues dans des magazines de charme. C’est juste l’effet de manque. Exactement le même qui fait dire à celui qui n’a pas les moyens de se payer un abonnement à Canal, que finalement le match du lundi soir sur Eurosport, entre Vannes et Châteauroux, ça a quand même de la gueule.

Camarades, ne nous voilons pas la face, un monde s’est effondré. Le dernier verrou a sauté. Nous sommes foutus. Nous ne servons plus à rien désormais. Les femmes ont tout gagné. L’homme, ou ce qu’il en restait, est mort. Nous ne sommes plus bons qu’à servir à la reproduction. Et encore, jusqu’à quand ? A  se demander, in fine, si l’islamiste pur et dur qui condamne sa femme à écosser les petits pois en burqua, pendant que lui mate son téléviseur, n’aurait pas un peu raison ?

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Introduction à l’introduction

Bon, aux dernières nouvelles, avant que je puisse faire le corniaud en toute décontraction, il faut que je m’introduise. C’est le boss de chez Slate, un type vraiment pas commode, une sorte d’asperge aux oreilles décollées à la sauce Champions League qui me l’a, non pas suggéré, non pas proposé, mais intimé, ordonné, commandé. Il m’a braqué un mail sur la tempe, et m’a aboyé, Saga, tu introduis ou c’est moi qui t’introduis auprès de Monsieur pôle emploi de ton arrondissement. Spirituel en plus le chef.

J’ai failli faire mon Canto, du genre bon ben si c’est comme ça, moi je me casse, m’en vais voir ailleurs si l’herbe est pas plus verte. Ce qui vu mon pedigree de juif errant à la tête de pâtre grecque ne m’aurait causé aucun souci. J’ai bien songé aussi à envoyer un mail bien calibré à Monsieur Attali qui est un cousin de la tante de ma belle-sœur par alliance où j’aurais dit en termes policés mais courroucés, cher cousin, entre le prétendu rédacteur en chef du journal en ligne auquel tu apportes ta modeste mais o combien salutaire collaboration et moi, ton cousin par alliance, il va falloir choisir. J’en ai parlé à ma tante, elle m’a répondu que depuis qu’il ne s’était pas resservi de son couscous lors de rochachana, elle ne lui adressait plus la parole et qu’il ne fallait pas compter sur elle pour jouer à l’entremetteuse. A contre cœur, j’ai dû donc dire au revoir à mon plan machiavélique. Non sans regret. Je prendrais ma revanche plus tard, lorsque Monsieur Attali se sera, de nouveau, empiffré du couscous de ma tante à Rochachana.

Va pour m’introduire, j’ai donc dit au grand manitou qui me sert de superviseur. Qu’est-ce que tu veux que je raconte, au juste ? Que je souffre d’hémorroïde, que je fais de l’hypertension, que je suis sujet à des attaques de panique, que je perds mes cheveux, que je carbure au malox et au temesta ? Toujours aussi délicat, de sa plus belle police de caractère, il m’a dit on s’en tape de tes maladies de gonzesse à la petite semaine. On veut juste savoir ce que t’as dans le ventre, ce que tu vas leur raconter à tes lecteurs de chez Slate.

Pour une fois, je dois avouer, que sur ce coup-là, il n’avait pas complètement tort. C’est vrai ça, qu’est-ce que je vais bien pouvoir vous raconter à vous autres qui êtes précisément, en ce moment, en train de lire ce billet dit d’introduction ( vous avez rien d’autre à foutre???). Une putain de bonne question. Comme quoi, il n’est peut-être pas chef pour rien, le chef. Sauf que moi, lorsqu’il s’agit de se projeter, ne serait-ce que dans une heure, j’ai comme des sueurs froides qui dégoulinent de mes paupières. Qu’est-ce que j’en sais de ce que je vais vous raconter, moi ? Je suis blogueur (la bonne blague), pas expert-comptable ou conseiller en assurance vie. Si vous avez jeté un coup d’œil à la bannière qui sert à introduire ce blog (d’ailleurs le premier ou la première qui reconnait la tronche des petits salopards qui trônent en haut de l’affiche, je le pistonne auprès de mon rédacteur en chef qui vous introduira à son tour auprès d’autres introducteurs de très haut rang), vous aurez à peu près pigé, même si votre cerveau marche sur courant alternatif, que je ne vais pas analyser les cours du jour de la bourse, ni me lancer dans des prévisions sur la possible sortie de l’euro de la Grèce, encore moins sur la possibilité que le marché de l’emploi puisse supporter à long terme la tendance lourde de l’économie française à jouer des déficits.

Reste tout le reste. Sachez seulement que je ne me refuserais rien. De Morrissey à DSK, de Lloyd Cole à Jean Michel Aulas, de Sepp Blatter à Martine Aubry, le spectre est large. Le premier à être convoqué dans mon bureau, c’est Besancenot. C’aurait pu être tout aussi bien Anne Sinclair, Eva Joly, Samir Nasri, Marc Olivier Fogiel, Jan karski, Bachar-al-Assad, Thomas Voeckler, Tristane Banon, ou qui sais-je encore.

J’ai tranché dans le vif.

Il fallait bien commencer.

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Z’avez pas vu Olivier?

On n’est toujours sans nouvelle du postier pacifique, anticapitaliste, révolutionnaire, trotskiste, marxiste, papiste, pépiniériste, helléniste, Olivier Besancenot. Ses parents s’inquiètent de plus en plus de savoir où leur gamin a encore pu atterrir cette fois. Ses collègues se rongent les ongles en attendant de recevoir une carte postale de leur camarade, parti en terre sainte délivrer Gaza de ses fourbes assaillants israéliens. La dernière fois qu’on a eu rumeur de sa présence, le preux chevalier sans peur sans armes sans reproches sans rien, se trouvait à bord de son vaisseau à vapeur, encalminé quelque part en terre de Crète, arrêté net dans son élan par une bande de fonctionnaires crétois, bornés et zélés comme des douaniers rednecks postés à la frontière américano-mexicaine, et, visiblement assez crétins et ignares pour ne pas avoir eu vent des visées uniquement humanitaires du facteur neuilléen. Par leur faute, ce soir, les enfants de Gaza n’auront encore rien à se mettre sous la dent, et devront, une nouvelle fois, s’endormir le ventre creux. La situation est tellement épouvantable, que quelques voix autorisées, se sont élevées pour émettre l’idée de suspendre jusqu’à nouvel ordre les exercices de tir à la kalachnikov, prévus jusque-là, comme chaque semaine, entre le cours consacré à la lecture revisitée du protocoles des sages de Sion et celui des différentes techniques de lapidation à travers l’histoire, jugeant la santé des enfants trop précaire pour manier sans danger les fusils d’assaut.

Heureusement ils peuvent compter sur une escouade de fantassins, au courage exemplaire, qui ont réussi à percer l’ennemi sur son flanc droit et à lui porter un coup presque fatal. L’aéroport Ben Gourion serait sur le point de tomber sous le coup des flèches bien acérées des sauveurs de l’Idée de l’Homme, de ses Droits et de ses Devoirs, même si certains eussent été faits prisonniers, et croupiraient présentement au fin fond d’infâmes geôles israéliennes, où ils subiraient des séances de torture à répétition, prodigués par des tortionnaires formés à  bonne école, puisque détenteurs, pour les plus émérites d’entre eux, d’une maitrise en sévices corporels, attribuée par la très prestigieuse académie Josef Mengelé, rattachée à l’Université de Dachau-Buchenwald. En attendant, ce soir comme tous les soirs, depuis que les croisés hébreux ont eu l’insolence de conquérir un territoire, après avoir été attaqué, à la loyale, par quelques dizaines de nations arabes, désireuses de rendre à leurs frères d’armes cette terre qui leur appartient depuis toujours, ce soir donc, comme  tous les soirs, les enfants de Gaza n’auront pour se divertir d’autre choix que de revoir, sur écran géant, en version originale, les dernières aventures de l’intrépide Ben Laden, planqué dans sa maison d’Abottabad, à essayer de comprendre le fonctionnement de la dernière caméra Sony ramenée, en mobylette d’Islamabad, par le Mollah Omar.

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