A quoi bon être riche ?

 

Je ne voudrais pas être riche.

J’entends vraiment riche.

Riche à en crever.

Je reste convaincu que de gagner trop bien sa vie, de glouglouter dans un océan d’argent, de collectionner les médailles d’or de son embourgeoisement triomphant, constitue avant tout une source d’ennuis infinis, une litanie d’emmerdements dont on ne sort jamais, une ribambelle de contraintes qui finit par vous étrangler de leurs nuisances à répétitions.

Je ne prétends pas qu’il faut mieux être pauvre ou misérable.

Il n’y a aucun charme à aligner des chèques en bois, à collectionner les interdits bancaires, à ne connaître de sa supérette de quartier que le rayon réservé aux pâtes alimentaires, à vivre dans un réduit aussi grand qu’une cellule de prison, à se saouler la gueule avec du mauvais vin acheté grâce à la vente à la sauvette de ses dernières Pléiades.

Absolument aucun.

C’est une bataille de tous les jours qui vous épuise, vous amène à rétrécir encore un peu plus votre cercle social, vous condamne à vous replier sur vous-même, à vivre en vase clos, emmuré dans une solitude honteuse et crasseuse, à passer le plus clair de son temps à tenter d’imaginer un moyen de vous sortir de cette impasse.

Mais être riche, simplement riche, pas d’une richesse extravagante mais de celle qui vous classe comme une personne des plus aisées, doit posséder aussi son lot d’infortunes.

On s’habitue si vite à ce mode de vie où les jours se déroulent dans la parfaite quiétude d’une existence apparemment si accomplie que l’on s’épouvante à la simple idée qu’elle puisse un jour cesser.

Alors on s’achète un appartement, on s’endette pour en acquérir un deuxième, on s’entiche d’une résidence secondaire où jamais on ne se rend, on contracte des emprunts superflus, on court après l’argent parce qu’être simplement riche ne suffit jamais, on cherche toujours à le devenir encore plus afin de pouvoir échanger sa voiture contre une plus puissante, sa femme contre un chapelet de maîtresses, ses vrais amis contre des amitiés de classe.

Si bien qu’on ne vit plus dans le présent mais tout comme le pauvre de tout à l’heure on en vient à se triturer la cervelle afin de dénicher un moyen pour s’engraisser encore plus, pour démultiplier la source de ses revenus, pour toujours calmer cette insatisfaction de n’être pas encore suffisamment riche.

C’est une quête sans fin, une quête vaine, une quête absurde, une course irréfrénée vers un objectif impossible à atteindre mais qui possède pourtant sa propre logique, celle prévalant à la plupart des comportements humains et qui commande de ne jamais se satisfaire de ce que l’on possède déjà.

Les gens trop riches sont tout à la fois effrayants et effrayés.

Ils se lamentent de payer trop d’impôts, ils se plaignent de la déliquescence d’une société à laquelle ils n’appartiennent pas vraiment, ils tremblent à l’idée de devoir perdre leurs privilèges, ils s’empâtent, ils s’engraissent, ils s’enterrent vivants sous le poids de leurs richesses inutiles.

Bientôt, ils collectionnent des toiles de maîtres qu’ils n’apprécient ou ne comprennent pas, ils s’obligent à s’acheter des biens dont ils n’ont nul besoin, ils s’envolent pour des contrées exotiques où ils s’ennuient comme des rats morts, ils envoient leurs moutards dans des écoles privées pour s’assurer de leur parfaite éducation et s’étonnent tout de même de la médiocrité de l’enseignement professé.

Ils désespèrent de trouver une bonne qui convienne, ils jalousent leurs voisins, ils s’abonnent à l’opéra où ils s’ennuient à périr, ils s’offusquent de ne pas être invités à la soirée d’ouverture du Salon de la poésie, ils rechignent à donner quelque argent à une œuvre de charité, ils s’admirent, ils s’apprécient, ils s’idolâtrent et ils se congratulent de léviter à des latitudes étrangères au commun des mortels.

Et ils se scandalisent qu’ils puissent être malades comme tout le monde.

Et quand ils meurent, c’est tout juste s’ils ne s’en vont pas porter plainte pour discrimination sociale.

 

Décidément, le poète avait raison quand qu’il ne souhaitait dans sa maison “qu’une femme ayant sa raison, un chat passant parmi les livres, des amis en toute saison, sans lesquels je ne peux pas vivre.”

 

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Une chambre pour l’éternité

 

Ils étaient arrivés à cet âge de la vie où chaque jour ressemble à une veillée mortuaire, où l’existence revêt ce costume blafard des matinées grises, des après-midis chagrins, des nuits sans rêves.

Ils avaient vécu, ils avaient aimé, ils avaient donné la vie, ils connaissaient leurs échecs, ils savaient leurs réussites, ils avaient essayé de donner le meilleur d’eux-mêmes, avaient parfois eu l’impression que leur vie avait un sens mais maintenant ils n’aspiraient plus qu’à une chose : s’en aller doucement, sur la pointe des pieds, sans déranger personne, sans être obligés de continuer à vivre une existence qui ne les intéressait plus.

Ils se sentaient si fatigués, si épuisés, si inutiles, si vides que même respirer leur coûtait.

Ils n’avaient plus la force nécessaire pour se lever, se laver, s’habiller, se nourrir, cette écœurante comédie de l’habitude qui les contraignait à accomplir des gestes dont ils connaissaient pourtant la totale et irrémédiable futilité.

Ils ne redoutaient pas la mort car quelque part ils étaient déjà morts depuis bien longtemps.

Ils avaient simplement vécu trop longtemps.

Et parce que durant tout le long chemin qu’avait été leur vie, ils s’étaient toujours soutenus l’un l’autre, sans jamais décevoir leur promesse de rester soudés dans l’adversité comme dans l’allégresse, ils voulaient que ce dernier pas qu’il leur restait à accomplir, ce basculement vers l’éternité, ils l’accomplissent ensemble, jumelés dans ce désir de s’éteindre sans que l’un d’eux ne reste à pleurer la disparition de l’autre.

Surtout, ils désiraient rester dignes jusqu’au bout.

Ne pas connaître l’infamie de ces maisons de fin de vie où à coups de téléviseurs branchés en continu, de médicaments abrutissants, de chambres aseptisées, on attend la délivrance d’une mort qui se fait attendre, condamnés à subir l’humiliation de devoir toujours compter sur une infirmière de passage afin d’accomplir ce que la nature exige encore d’accomplir.

Ils refusaient cette déchéance aussi morale que physique qui abîme les âmes et fatigue plus que nécessaire des corps qui n’en peuvent simplement plus.

Et comme la société leur refusait ce droit de s’en aller avec toute la dignité dont ils avaient su faire montre tout au long de leur existence, ils avaient, comme une ultime parade, décidé de devenir leurs propres bourreaux afin d’être assurés de pouvoir quitter cette terre côte à côte, et de garder comme dernière image le regard de l’autre le regardant à son tour, dans l’infinie tendresse de cet amour qui avait lié leurs âmes.

Alors ils étaient retournés dans cet hôtel qu’ils aimaient fréquenter dans leurs jours les plus fastes, ils avaient réservé une chambre en demandant qu’on leur serve le petit déjeuner au lit, puis ils avaient refermé leur porte.

Refermé leurs vies aussi.

Peut-être ne se sont-ils même pas parlé.

Ce n’était plus nécessaire.

Ils se connaissaient tellement bien qu’ils savaient précisément ce que pensait l’autre en ce moment qui étrangement n’avait rien de tragique.

Tout juste avaient-ils ri en songeant que jamais ils ne s’étaient sentis aussi libres que dans le décor de cette chambre d’hôtel qui bientôt deviendrait l’endroit où ils s’endormiraient à jamais.

Ils s’étaient embrassés sur le front, avaient réuni leurs mains, s’étaient regardés une dernière fois, dans un long regard qui voulait dire merci, merci d’avoir existé, merci de m’avoir aimé, merci de m’avoir supporté, merci et peut-être à bientôt mon amour, mon tendre mon doux mon merveilleux amour.

Ils avaient fini par éteindre la lumière comme on ferme les volets d’une maison à louer où l’on vient de passer un inoubliable été.

Et ils avaient attendu que l’aube les surprenne dans cette félicité de la mort qu’ils avaient dû convoquer à leur chevet, sous la forme de sacs en plastique où ils s’étaient emmitouflés puis étouffés afin d’exiger de leur cœur qu’il cesse enfin de battre.

 

Cela s’est passé à Paris.

Dans la nuit du 21 au 22 novembre 2013.

A l’hôtel Lutetia.

 

(Ce texte est une simple fiction et ne prétend pas à la vérité concernant la disparition de ce couple et des circonstances qui l’ont entourée)

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L’Iran, la bombe et moi

 

Autant le dire d’emblée, si vous êtes de ceux qui ne comprenent pas pourquoi, à partir du moment où Israël possèderait la bombe atomique, il ne devrait pas en être de même pour les autres acteurs de la région, ce papier ne va pas vous donner envie de relire mes œuvres complètes.

D’ailleurs, à mes yeux, vous êtes irrécupérables et vos fanfaronnades, consistant à ne pas vouloir opérer une franche distinction entre Israël et les pays l’environnant, relève soit d’une imposture intellectuelle, soit d’une idiotie invraisemblable, soit d’une pathologie incurable nommée antisémitisme, pardon antisionisme, excusez encore antijudaïsme primaire, soit, plus vraisemblablement, les trois à la fois.

Ou alors, vous cultivez la connerie intrépide et sur votre lancée exaltée, vous vous indignez aussi que la France puisse se vanter de posséder un arsenal nucléaire tout en refusant dans le même temps à d’autres pays, au nom d’un impérialisme triomphant, le droit de jouir du même privilège.

Auquel cas vous vous trouvez bien au-deçà de la ligne de flottaison, dans les profondeurs encore inconnues d’une terra incognita où les crevettes philosophent avec les moules sur l’avenir de la pêche en haute mer.

Autrement dit, vous avez atteint un stade d’incontinence intellectuelle si avancé que vos pitreries éprouveraient la notion de l’amour du prochain professé à longueur de prêche par sa Sainteté le Pape, amèneraient le Dalaï-Lama à renoncer au principe de la non-violence et consacreraient Mireille Mathieu comme une chanteuse à texte.

Pour autant, en tant que spécialiste reconnu, dévolu et auto-proclamé aux affaires juives, je pense être à même d’expliquer ce qui chiffonne un tantinet les Israéliens à l’éventualité qu’un pays aussi confraternel que l’Iran puisse un jour jouer aux osselets avec sa propre bombe atomique.

En premier lieu, convenez que lorsque le plus haut dignitaire d’un pays, comme encore tout récemment, déclare  “qu’Israël est voué à la disparation “, il se peut que vous éprouviez quelque crainte à ce que cette même personne se retrouve être dans un futur proche celle possèdant l’autorité requise pour décider ou pas de dégourdir sa bombe en l’envoyant visiter ce pays qui suscite chez lui une sympathie aussi féroce.

Disons que si d’aventure vous aviez un sympathique voisin de palier qui ouvertement réclamait à cor et à cri votre départ, le jour où il soumet une demande écrite au syndic de l’immeuble afin de l’autoriser à installer un canon sur son balcon, ce jour-là vous seriez peut-être en droit de commencer à vous inquiéter.

Simple principe de précaution.

Et comme vous n’avez nulle envie de déménager et que de surcroît vous ne pensez guère que le dit canon lui serve à arroser ses fleurs, à divertir son canari ou à sodomiser son pitbull, vous vous démenez afin que le syndic oppose à votre voisin un refus catégorique.

Question de bon sens.

Disons que si demain, le Canada, l’Islande ou l’Australie décidaient à leur tour de s’offrir ce genre de jouet, à priori, Israël ne s’en formaliserait pas et s’en soucierait comme de la refonte du règlement intérieur de l’amicale des joueurs de curling icaunais.

Alors oui je connais la parfaite et implacable argumentation consistant à affirmer que quand bien même l’Iran parviendrait à se nucléariser, il ne faudrait pas s’alarmer outre mesure puisque d’évidence, de toute évidence, forcément, assurément, indéniablement, en toute logique, il ne s’amuserait pas à dépuceler sa bombe sous la forme d’une visite des bordels de Tel Aviv, certain de recevoir en retour un bristol annonçant la tenue sous les 48 heures de ses propres funérailles.

Imparable.

C’est très exactement ce que professaient les chancelleries occidentales en avançant qu’Hitler ne se lancerait jamais dans une guerre mondiale car elle signifierait immanquablement sa fin.

Ce en quoi ils avaient parfaitement raison.

Le troisième Reich qui devait durer mille ans n’a finalement tenu que douze années et, entre autres réjouissances, a permis à six millions de juifs de visiter à prix réduit les jolies campagnes polonaises avec leurs maison en toit de chaume et leurs usines d’incinération de dernière génération.

Ce qui, convenez-en, légitimise une certaine forme de paranoïa…

 

 

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La France ne meurt jamais

 

Ah ce que je peux m’en vouloir d’avoir pu douter, ne serait-ce que le temps d’un billet scélérat, rédigé dans un moment d’égarement, de cette Equipe de France qui hier soir a démontré toute l’étendue de son génie immémorial.

Mais comment ai-je pu douter d’elle, comment en suis-je arrivé à tenir des propos si sévères, si frivoles, si ineptes aussi, alors que de toute évidence cette équipe-là n’a rien à envier à ses glorieuses devancières, qu’elle allie dans le même mouvement ensorcelé, le panache et l’efficacité, l’allant et le talent, le brillant et le clinquant.

Et ce stade de France, d’ordinaire si terne, si constipé, si lugubre, quelle joie de le voir ainsi basculer dans la joie la plus échevelée, cette mer de drapeaux claquant au vent joyeux, ces chants aériens se répondant les uns les autres dans la plus parfaite harmonie, cette ivresse de la communion partagée avec ses joueurs, offrant à nouveau à son public retrouvé, le droit d’être fier d’appartenir à une nation qui n’est jamais aussi belle et aussi forte que dans l’adversité.

Toute l'équipe en liesse (JEAN MARIE HERVIO / DPPI MEDIA)

Qui lorsque des esprits mesquins comme le mien la condamne par avance sait trouver en elle des ressorts insoupçonnés et parvient à renverser des montagnes que d’aucuns jugeaient impossible à franchir.

Ah que je l’aime donc cette France vaillante, conquérante, étincelante, soleil de ma vie, astre de mes nuits, lune de mes humeurs.

Ah sauras-tu un jour me pardonner d’avoir pu douter de toi ?

Ah joueurs magnifiés par cette qualification inespérée que d’âneries ai-je pu écrire sur votre compte.

Et toi Didier Deschamps, rentre ici dans le panthéon de la nation sanctifiée, toi qui a su trouver les mots pour montrer le chemin à tes joueurs qu’on pensait s’être égarés sur le chemin des vanités.

Je n’aurai pas assez de toute une vie pour regretter l’inanité de cet ancien billet qui n’était que le reflet de ma jalousie rentrée, l’expression de ma crasseuse imbécilité, la traduction de ma pensée étriquée.

Rien n’excusera jamais les vilenies que j’ai pu colporter.

Supporters, je ne mérite que vos quolibets et vos sarcasmes, permettez-moi d’en garder quelques miasmes afin de ne plus jamais succomber à ces emportements minables.

J’entends déjà les discours aigris de mes amis d’hier qui ne manqueront pas de rappeler que l’Ukraine, c’était tout de même que de la toute petite laine, une équipe bien vaine, presque naine, toute juste bonne à entamer la complainte d’une formation qui de la coupe du monde n’a jamais reniflé le parfum.

Sornettes !

France-Ukraine: Sakho superstar

Faut-il rappeler que Napoléon et Hitler eux-mêmes se sont embourbés dans les plaines de Kiev ?

Ou que cette équipe là, oui exactement la même qu’hier, a passé huit buts à l’intrépide République de San Marin et qui plus est à l’extérieur, dans l’enceinte bouillante du Stadio Olimpico de  Serravalle où tant d’équipes se sont abîmées.

C’est le Brésil qui doit trembler maintenant.

Dire qu’hier encore il pensait leur victoire assurée en finale de leur Coupe du monde et voilà que désormais il sait sa défaite inéluctable conscient que rien à présent ne pourra entraver la marche en avant de nos conquistadors cocardiers.

 

Encore faudrait-il que Ribery, Benzema et Evra ne se décident pas à détourner l’avion Paris Rio au motif que Valbuena aura décidé de s’asseoir côté hublot alors qu’il était convenu depuis toujours qu’il occuperait le siège 14D.

 

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Pourvu qu’ils se fassent éliminer

 

Avec un peu de chance, mardi soir, aux alentours de 23 heures, les joueurs de l’équipe de France pourront revendre sur eBay leur cargaison de tangas qu’ils espéraient porter pour s’en aller parader, le cul à l’air et les bourses serrées, sur les plages de Copacabana.

On arrivera enfin au terme de cette sordide épopée commencée dans un bus sud-africain où 23 salopards se prirent pour les justiciers du Bengale en opérant une prise d’otage qui n’eut même pas le bonheur de finir dans une mare de sang.

L’histoire d’une équipe qui aura réussi le singulier exploit de se mettre à dos la quasi-totalité de la population française, qu’elle fut entichée de ballon rond ou juste spectatrice ahurie des frasques à rebondissements de ces clampins qui prétendent incarner le football hexagonal.

Une bande d’ahuris à l’égo surdimensionné, imbus d’eux-mêmes, vantards, vaniteux, va-nu-pieds, et dont on cherche encore à déceler dans leur regard exsangue la trace d’une quelconque intelligence, le soupçon d’une étincelle de vie, une virgule d’une vague palpitation qui laisserait à penser que leur cerveau soit en état de marche.

Ce n’est pas tellement qu’ils soient de médiocres footballeurs.

Chacun a ses limites et il serait particulièrement injuste d’incriminer des joueurs au seul motif qu’ils ne parviendraient pas à ensorceler un ballon ou à magnifier l’art footballistique.

Non, le plus exaspérant chez eux, est leur constante affectation de se comporter comme les rois du monde, leur nonchalance coupable et insupportable de se penser comme intrinsèquement supérieurs à leurs adversaires, cette criante distance entre ce qu’ils prétendent être et ce qu’ils sont vraiment.

On préfèrerait de loin voir évoluer une équipe composée de joueurs moyens, conscients de l’être, mais qui, animés du souci d’apparaître sous leur meilleur jour, combleraient leurs lacunes techniques par un surplus d’âme, par une envie décuplée de marcher sur leurs adversaires, par une volonté affirmée d’essayer de se surpasser.

Là, rien de tout cela.

Les dépositaires de l’orgueil national ne proposent rien, ne tentent tien, n’essayent rien.

Ce sont des joueurs de l’inutile.

Renfermés sur eux-mêmes, incapables de distiller la moindre émotion, impuissants à communier avec le public, ils sont des joueurs à la triste figure, récitant après match des discours convenus, d’une fadeur écœurante, d’une vacuité sans nom, où l’on chercherait en vain la moindre trace d’authenticité.

Ils ne ressemblent qu’à eux-mêmes, des enfants gâtés vivant dans un monde d’artifice, le monde de l’argent roi, de la recherche du meilleur contrat, de la situation la plus avantageuse où ils pourront entasser leur sale pognon qu’ils utiliseront à engrosser leur vulgaire collection de voitures de sport ou à enquiller des châteaux en Espagne peuplés d’aquarium grandiloquents, d’écrans plats surdimensionnés, de jacuzzis extravagants.

Ils sont les spectateurs de leur propre vanité, les acteurs de leur indécrottable superficialité qui les poussent à agir comme des divas, épris de leur image, dorlotés par des agents véreux qui les assurent être les rois du monde, confortés par des dirigeants ou des instances nationales incapables de leur tenir un discours de vérité.

Aiment-ils seulement pratiquer leur sport ?

Prennent-ils un quelconque plaisir à évoluer sur une pelouse ?

Jouissent-ils de pouvoir concrétiser ce qui devait être leurs rêves de gosses ou ne sont-ils obnubilés que par la gestion de leur patrimoine ?

S’amusent-ils à gambader sur les plus beaux terrains du monde ?

Rien ne le laisse à penser.

Ils ont l’air si triste, si terne, si las ou accablé qu’on jurerait parfois qu’ils souffrent d’une sorte d’apathie existentielle, d’une mélancolie incurable, d’une dépression si profonde qu’elles ont anesthésiées en eux toute envie de vivre ou de courir.

Peut-être après tout sont-ils vraiment malades.

Auquel cas qu’ils aient au moins la lucidité de laisser leur place à d’autres plus vaillants qu’eux.

Qu’ils disparaissent.

Qu’ils rentrent chez eux.

Personne ne les regrettera.

Et qu’ils nous laissent profiter d’une belle coupe du monde sans qu’elle soit polluée par leur présence.

 

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Pour revoir Apostrophes, c’est 3 euros 99 !

 

Parce que parfois pour échapper à la médiocrité ambiante, vous réclamez la fréquentation d’esprits plus éclairés que le vôtre, vous vous rendez sur le site de l’INA – pour le cancre de service l’Institut National de l’Audiovisuel – à la recherche de ces grands entretiens qui firent les beaux jours de la télévision française.

Lorsqu’elle ne prenait pas ses téléspectateurs pour des nigauds patentés.

Lorsqu’elle osait présenter à des heures de grande écoute des programmes qui n’étaient pas que des bavardages insignifiants de clowns analphabètes caquetant inepties sur inepties à propos de produits prétendus culturels.

Vous vous souvenez encore de ces longs entretiens où Bernard Pivot, tout en intelligence malicieuse et roublardise finaude, pouvait se permettre d’aller à la rencontre de Vladimir Nabokov, de Georges Simenon ou de Soljenitsyne et de fouiller avec eux l’intimité de leur œuvre, en s’efforçant toujours de la rendre la plus intelligible possible.

Alors sur le moteur de recherche de l’INA, ce grenier de l’audiovisuel financé à 70% par l’argent public, vous tapez le nom de ces illustres auteurs et vous découvrez avec bonheur que ces entretiens sont désormais disponibles, qu’ils peuvent prétendre à une deuxième vie sous la forme d’une archive audiovisuelle.

Sauf que non.

C’est que pour les visionner dans leur intégralité, vous découvrez ahuri qu’il vous faut débourser la coquette somme de 3 euros 99 pour chacun d’entre eux.

Sans quoi, vous avez seulement le droit de goûter aux six premières minutes avant qu’on vous demande de passer à la caisse.

Et là vous ne comprenez plus.

Parce que tout d’abord il vous semble que ces émissions diffusées sur les chaînes du service public étaient financées par l’argent du contribuable et que, par conséquent, quelque part, elles vous appartiennent tout autant que la départementale sur laquelle vous promenez votre ennui, le dimanche arrivé.

Que dès lors il vous semble pour le moins incongru de devoir payer une deuxième fois pour regarder une émission qui sans votre argent ou celui de vos parents n’aurait jamais existé.

Et qu’ensuite, il vous apparaît comme totalement incohérent et singulier d’exiger quelque argent pour visionner un entretien qui appartient à la mémoire collective de votre pays.

Que de devoir débourser à chaque fois 4 euros pour se replonger dans cette mémoire audiovisuelle revient ni plus ni moins à instaurer un système de classe où seuls les plus fortunés auraient le droit de se cultiver, où seuls les plus nantis pourraient avoir le privilège d’accéder à des biens culturels qui pourtant devraient être mis au service du plus grand nombre.

Certes vous découvrez aussi que pour revoir la mythique et légendaire confrontation opposant Bayonne à Dax lors de la session d’Intervilles de 1962 vous devez aussi puiser dans votre porte-monnaie, mais moins largement puisque pour une raison que vous préférez ne pas connaître, il ne vous en coûtera cette fois que 2.99 euros.

En cherchant un peu, vous tombez sur la charte de l’INA, qui vous explique que “43% des sommes engrangées servent à rétribuer les ayants droits, 32% étant réinvestis dans la numérisation, la sauvegarde et la valorisation du patrimoine audiovisuel, et 22 % couvrent les frais financiers (TVA, taxes et transactions en ligne).”

Mais qui sont-ce ces ayants droits ?

Les petits-fils de Guy Lux ? Les chevaux de Léon Zitrone ? La coiffeuse de Simone Garnier ?

Ou bien alors le service public, c’est-à-dire vous et moi.

Vous vous dites que c’était bien la peine de voter à gauche si celle-ci s’entête à perpétuer des règlements instaurés sous un gouvernement de droite.

Que notre ministre de la culture serait bien inspirée de cesser ces pratiques bassement mercantiles qui visent ni plus ni moins à confisquer la culture, à la rendre accessible au plus petit nombre, à la privatiser, à la séquestrer dans un coffre-fort dont le seul accès serait réservé à quelques bourgeois ventripotents.

En attendant ce jour, je deviens dès aujourd’hui un pirate culturel auto-proclamé et je m’en vais de ce pas télécharger un enregistrement pirate de Jankélévitch. ( Pour Nabokov/Pivot, le code est : http://www.youtube.com/watch?v=xegVHkULlZI )(Mais l’Ina veille, je ne peux l’insérer dans ce post)

Oui madame la Ministre, vous avez le droit de trembler !

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DSK, le dernier recours

 

L’heure n’est plus à la plaisanterie.

Des bonnets rouges détricotent la république, des peaux de banane jonchent les travées de l’assemblée nationale, des cavaliers en colère galopent vers Paris, des grondeurs professionnels décortiquent des portiques.

Le président de la république ne peut plus temporiser en pompidourisant à tout-va, il lui faut agir, ici et maintenant, avant que les hordes barbares n’en viennent à ressusciter la vieille utopie d’une France dont le destin serait de converser uniquement avec elle-même.

Ou de se mirer dans son miroir aux illusions afin de savoir si elle est toujours la plus belle pour aller défiler au bal des nations éclairées.

Un seul homme peut encore sauver la France de ce marasme qui s’annonce.

Cet homme c’est évidemment DSK.

Qui d’autre que lui serait à même de réconcilier la France avec son économie en perdition, de redonner du sens à l’action politique, d’expliquer au peuple de France les choix difficiles que la nation doit accomplir afin de ne pas manquer le train de l’Histoire ?

L’homme est pédagogue, l’homme est brillant, l’homme est compétent.

On ne va pas quand même pas se priver de l’apport d’un homme de cette trempe au seul motif que par une matinée de mai 2011 il a mal interprété les salaces avances d’une femme de ménage avide de lui vider ses bourses pour mieux remplir les siennes.

Ou qu’il ait pu, de temps à autre, afin de s’aérer l’esprit, organiser des parties fines dans l’antichambre de palaces où après tout la luxure a encore le droit de cité.

Il faut savoir tourner la page.

Quand la république est en danger, que la démocratie vacille sur son socle, que rôdent les fantômes de l’ancien régime et les thuriféraires du Maréchal, la nation ne doit pas avoir honte à demander à son fils le plus prodigue de reprendre du service.

Qui mieux que lui saura pénétrer le cœur du pays pour l’inviter à se ressaisir ? A l’enfourcher avec toute la vigueur qu’on lui connait pour l’amener à nouveau sur le chemin de l’espérance ? A le saisir à pleines mains afin de l’extirper de ce bourbier dans lequel il se complaît ? A sodomiser son âme malade pour qu’elle renaisse à l’aube d’un avenir brillant ?

Plus que jamais, la France a besoin d’un chef d’orchestre à la braguette inflexible.

Cet homme ne peut être que DSK.

Il ne nous trahira pas.

Il sera celui par qui la France se redressera, celui qui en lui administrant des coups de fouets bien sentis, la forcera à s’ouvrir à la mondialisation, l’amènera à reconstituer cette sève libératrice qui mouillera à nouveau les rivières sèches de nos campagnes atones, les fleuves frigides de nos villes atrophiées.

Et si, comme le prétendent certains, la France a besoin d’un bon coup de pied au cul, qui mieux que DSK pour lui apporter ce coup de rein dont elle a tant besoin et qu’elle réclame, en vagissant des feulements suppliciés, exigeant une reprise en main ferme et puissante.

Plus que jamais, DSK est l’homme de la situation.

Reste à savoir si François Hollande aura la témérité nécessaire pour rappeler celui à qui il doit son ascension sur la plus haute marche du pouvoir.

 

 

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Mes excuses à Madame Taubira

 

Il ne faudrait jamais avoir d’indignations sélectives.

Il faudrait pouvoir à chaque fois que nécessaire hurler son dégoût et sa désapprobation outrée quand des gens s’autorisent à émettre des opinions qui saccagent notre foi déjà vacillante en la capacité de l’homme à se conduire comme un être doué de raison.

J’ai manqué à ce devoir concernant les insupportables insultes dont a été victime Madame Taubira .

Je le dis sans ironie aucune.

Non pas que ma voix compte ou que je possède une quelconque responsabilité dans le débat public ou que je devrais à mes hypothétiques lecteurs un devoir d’exemplarité.

Non c’est à moi et seulement à moi que j’adresse ce reproche.

Alors que je ne manque pas de m’étouffer de rage dès lors qu’un individu se permet d’ânonner quelques bêtises antisémites, là confronté à des comportements racistes d’une violence verbale inouïe, je me suis tristement tu.

D’autant plus que sans nul doute, je n’aurais pas gardé ce même insupportable silence si une candidate à une élection locale eut apostrophé Pierre Moscovici en l’invitant à venir déguster avec elle quelques petits fours de son cru ou si des enfants, lors d’une manifestation publique, avaient cru intelligent de demander à Laurent Fabius d’aller voir en Israël si j’y suis.

Je n’aurais pas eu de mots assez durs pour dénoncer ces comportements en tout point inadmissibles.

Et pourtant là je n’ai rien dit, rien écrit, rien professé, comme si je n’accordais pas la même importance à ce genre de dérapages dès lors qu’ils ne s’adresseraient pas à des gens qui partagent avec moi les mêmes origines sémites.

D’ailleurs, en toute honnêteté, il se peut aussi que cela soit rigoureusement exact.

Que oui effectivement je sois beaucoup plus sensible et plus réactif lorsqu’on s’attaque à un juif que lorsqu’on vilipende une personne de couleur, attitude en tout point regrettable et méprisable tant il est vrai que tout discours qui d’une quelconque manière s’en prend à un individu au seul motif qu’il n’est pas blanc, catholique et français depuis toujours, devrait déclencher chez moi la même indignation offusquée.

J’imagine fort bien combien Madame Taubira a pu se sentir seule.

Combien elle a dû rester ahurie de découvrir qu’on pouvait la traiter de guenon sans que personne ou presque ne s’en émeuve.

Sans que d’un élan commun il soit organisé dans toutes les villes et villages de France des manifestations spontanées pour dire qu’il ne saurait être question d’admettre qu’on puisse tenir, face à une caméra de télévision, des propos aussi abjects.

Certes, la réaction eut été disproportionnée, certes, c’eut été accorder beaucoup d’importance à une personne qui mériterait tout juste une bonne paire de baffes ou un passage par la case prison mais qu’importe.

Si on commence d’une quelconque façon à s’accommoder de ce genre de propos, si à chaque fois que de tels énormités sont professées, on ne sort pas l’artillerie lourde, alors nous manquons à tous nos devoirs et nous invitons encore un peu plus à ce que se libère la parole, cette parole nauséeuse de ces aigris qui attribuent toujours la source de leurs problèmes à des gens coupables de ne pas leur ressembler.

La France n’est pas encore l’Allemagne des années noires.

Mais doucement, sans crier gare, jour après jour, elle emprunte des sentiers qui commencent furieusement à ressembler à ceux où l’Allemagne se fourvoya.

Plus que jamais la France doit s’ouvrir à la diversité.

Il nous faut par paquets entiers des ministres de couleur, il nous faut par légions des députés arabes à l’assemblée nationale, des maires nombreux venus de tous les horizons possibles.

Des journalistes noirs, des éditorialistes arabes, des animateurs avec des noms aux consonances étrangères.

Des promotions de l’Ena qui brillent par leur diversité.

Et des blogeurs juifs qui parfois méritent des rappels à l’ordre lorsqu’ils manquent à tout leurs devoirs.

 

 

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Pourquoi je ne lirai jamais Céline

 

Lire a toujours été mon occupation favorite.

J’ai lu de tout, des grands romans, des classiques, des livres éphémères, des récits anodins, des polars, des thrillers mal torchés, des recueils de nouvelles, des romans sans intérêt, des manuscrits, des tapuscrits, des chefs d’œuvre, des niaiseries, des romans expérimentaux.

J’ai goûté à toutes les littératures : anglo-saxonne, sud-américaine, scandinave, russe, française, arabe, australienne, mexicaine, japonaise, maghrébine, israélienne, africaine, hongroise, autrichienne, allemande.

J’ai lu des romans d’auteurs inconnus, confirmés, prometteurs, mineurs,  dépassés, oubliés, renommés, célébrés, révérés, détestés, honnis, adorés, mal aimés, déconsidérés.

J’ai lu, lu, lu et lu encore.

Il n’y a qu’un seul auteur que je me suis toujours refusé de lire, c’est Céline.

Ce faisant, j’ai parfaitement conscience qu’en agissant de la sorte, c’est d’abord moi que je punis.

Que je me prive là du plaisir de lire l’un des romanciers les plus puissants du siècle dernier, l’un des plus corrosifs, l’un de ceux qui, si j’en crois ses admirateurs, a molesté la langue afin de composer des romans qui fracassent la littérature et l’amènent sur des sentiers où elle n’avait pas l’habitude de se rendre.

Mais me demander de lire Céline, ce serait comme de profaner la tombe de ceux qui n’ont eu droit comme sépulture qu’au conduit d’une cheminée.

L’antisémitisme chez Céline apparaît tellement virulent, tellement enragé, tellement vrai que le lisant j’aurais l’impression de devenir le propre bourreau de ma destinée, de m’adresser des crachats, de m’infliger des blessures suintantes de pus et dégoulinantes de haine.

Pour autant, je ne crois pas une seule seconde que celui qui met Céline au sommet de son panthéon littéraire soit d’aucune façon un antisémite qui s’ignore ou qui cautionne de près ou de loin son idéologie rance et obtuse.

On a le droit d’aimer Céline, de louer son génie, de célébrer son verbe sans se reconnaître dans ses diatribes antisémites.

Moi je ne peux pas.

Je n’ai même jamais essayé.

Pour moi, Céline n’existe pas.

C’est aussi simple que cela.

 

 

Et pourtant, je me souviens avoir lu les romans de Knut Hamsun alors que je connaissais ses sympathies hitlériennes. Ou Ernst Jünger. Ou T.S Elliot. Ou Bernanos.

Et si je devais me résoudre à m’empêcher de lire tous les auteurs qui ont éprouvé durant leurs vies des engouements antisémites, je crains que ma bibliothèque personnelle ne devienne des plus chagrines et ne tienne que sur quelques maigres étagères.

Le problème de Céline, sa faute si l’on veut, c’est d’avoir eu le courage ou l’infamie de coucher sur le papier son aversion enragée envers le juif, dans des manifestes putrides où suinte un antisémitisme compulsif.

Et d’avoir continué à professer le même genre d’insanités bien après la révélation de la réalité du régime nazi.

On peut ” admettre ” l’antisémitisme d’avant-guerre.

Après-guerre, on ne peut plus.

Je ne suis pas né avant-guerre.

Je souffre du syndrome post traumatique d’un survivant qui a réchappé à un évènement auquel il n’a pas participé directement.

Je me sais être un rescapé, un personnage en sursis dont l’existence eût pu être toute autre si j’avais eu à venir au monde quelques décennies plus tôt.

A ce titre, lire Céline ce serait comme admettre que quelque part il ait gagné puisque sachant ce qui s’est passé je continuerais à lire un auteur dont les hallucinations verbales entretiennent des contingences étroites avec l’innommable mis à l’œuvre dans les camps de concentration.

Ce serait comme m’asseoir au banquet d’anciens dignitaires du troisième Reich et de trinquer avec eux.

Ce serait me rendre complice d’une politique d’extermination dont j’aurais très bien pu être l’une des victimes.

J’ignore si dans les romans de Céline son antisémitisme apparaît avec la même virulence que dans ses essais et à dire vrai je m’en moque.

 

Se refuser à lire Céline n’est ni courageux ni méritoire.

C’est juste ma façon de promettre à ceux qui ne sont plus là que non seulement je ne les oublie pas mais que jamais je ne consentirai à laisser l’histoire bégayer à nouveau.

 

 

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