Nos nouveaux cons

Par bien des aspects, Internet représente vraiment le grand trou du cul du monde de la pensée contemporaine. Le défouloir idéal pour celui qui veut exister à tout prix et prouver aux yeux du monde que sa parole compte et importe. Le piédestal rêvé pour l’aspirant journaliste, critique, commentateur, analyste, boursicoteur d’idées, bâtisseur de système philosophique, qui a trouvé là un moyen idéal pour enfin, du fond de son cabinet d’inepties, se faire entendre. Convaincu qu’il est, du haut de son ignorance suintante de crasse et de bêtise confondue, qu’il a forcément des choses pertinentes à dire, des vérités cruciales à asséner, des commentaires judicieux à partager.

J’écris donc j’existe.

Les Bouvard et Pécuchet des temps modernes ont de beaux jours devant eux. Par légions, ces nouveaux cerbères de la crétinerie organisée, ces gardiens du temple de l’idéal philosophique de la pétomanie mentale, sévissent et s’égaillent à longueur de journées sur des sites d’informations dûment répertoriés qu’ils colonisent à coups d’interventions aussi insipides que bavardes.

Sitôt qu’une nouvelle apparaît, peu importe sa nature ou son intérêt, son ampleur ou son insignifiance, les voilà qui sans même prendre le temps de la réflexion, de peur qu’un autre ne les devance, sait-on jamais, s’emparent de leur plus beau clavier et s’en vont crachoter un gargouillis de commentaire d’une stupidité effarante, d’une vacuité si profonde, si absolue, si inouïe de bêtise abyssale qu’elle relève parfois du génie.

C’est que ces gens-là ont un avis sur tout, absolument sur tout. Ils sont à leur aise sur tous les sujets possibles et imaginables. Ils peuvent argumenter avec le même aplomb sur le
prix en hausse de l’essence sans plomb, sur la dernière séance de chimiothérapie d’Hugo Chavez, sur l’apparition d’un nouveau traitement contre le rhume des foins, sur le danger supposé de manger des carottes râpées, sur les vertus de l’onanisme chez le dauphin de l’Antarctique inférieur, sur la mort de Dieu, sur le problème de flatulence d’un animateur de jeux télévisés, sur la nouvelle coupe de cheveux d’une starlette en cure de désintoxication.

Ils adressent leurs condoléances transies à des gens dont ils ne soupçonnaient pas, une minute avant, l’existence. Ils se fendent d’une pensée émue pour celui qui s’en est allé, que ce dernier soit un garagiste bordelais écrasé par une patrouille de sangliers en maraude ou un grand cinéaste kazakhe à la filmographie obsolète. R.I.P. Je prie pour vous. Soyez forte. Après le printemps vient l’hiver.

Ils résolvent les crimes les plus inextricables en trois coups de cuillères à pot, soupçonnent des complots à chaque coin de dépêche, distribuent à tout-va des bons et des mauvais points, s’enorgueillissent de connaître sur le bout de leurs orteils les mécanismes de pensées de ceux qui nous gouvernent.

Ils éructent à l’infini des solutions et des avis pour régler une bonne fois pour toutes les grands problèmes de notre époque : il faut limiter l’influence de la Chine, l’Amérique n’a plus les moyens de ses ambitions, le modèle français date, Ribery devrait jouer à droite, Claude François n’a jamais été remplacé, ma voisine sent des pieds. Affirmation qu’ils appuyent d’une citation implacable de leur auteur favori,  généralement Audiard ou Coluche, qui n’ont jamais rien demandé à personne.

Leur sens de la répartie est sans limites comme est sans limite l’inanité de leur jugement.

Mieux : ils se répondent entre eux. Ils s’invectivent à coups de raisonnement tordus, de jeux de mots foireux, de diatribes emportées et attendent avec gourmandise quel effet leur nouvelle saillie aura sur l’autre qui ne se démonte d’ailleurs pas et en profite au passage pour en rajouter une couche.

Il est à noter que ces gens-là n’ont évidemment aucune mais absolument aucune compétence pour traiter du sujet abordé. Leur raisonnement ne repose sur rien si ce n’est sur leur expérience personnelle puisée dans le néant de leur bibliothèque imaginaire.

Auparavant ils sévissaient dans les cafés du commerce et n’emmerdaient que le tavernier de service. Désormais les voilà consacrés sur la place publique. Promus pollueurs
assermentés et incontinents des forums de discussion. Dépêchés comme maîtres de cérémonie au chevet de l’amphithéâtre du bavardage inconsistant.

Ils s’enivrent de leur propre prose, ils jouissent de se savoir si importants, si illustres, si reconnus. Ils se relisent à l’infini avec un air de satisfaction béate inscrite sur leurs
moustaches, ils se paluchent de plaisir devant l’éclat magnifique de leurs pensées ; ils s’aiment.

Ce sont les nouveaux cons et ils sont là pour longtemps.

Évidemment cette constatation ne s’adresse d’aucune manière aux commentateurs de ce blog qui à une exception près font tous preuve d’une intelligence, d’une perspicacité, d’une sagacité si grande qu’il est souvent plus intéressant de les lire que de perdre son temps à parcourir les inepties rabâchées par l’auteur moisi de blog prétentieux et puéril !

Et pour une fois, c’est à prendre au premier degré.

 

 

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Fin de partie

 

Il y a des nouvelles comme ça qui vous cueillent dès le matin apparu et vous donnent des envies furibondes de défenestration précipitée ou de pendaison certifiée conforme par les pompes funèbres locales : la jeunesse de France, enfin un peu plus d’un quart, en pince pour Marine La Peine.

Que des vieux sur le départ s’amourachent de la poupée barbie du mouvement national, on arrive à le concevoir : quand les fesses s’affaissent et que le ventre ventripote, que les capacités mentales vacillent et se perdent dans la brume de l’amertume et de la vie qui s’en va, que le coeur se rapièce et s’économise, quoi de plus normal que d’appeler au secours et de tenter de trouver du réconfort auprès de personnes qui vous expliqueront que si vous avez raté votre vie, si vous êtes condamné à papoter avec votre poste de télévision, si votre retraite vous permet à peine de vous acheter votre cargaison de couches-culottes, c’est la faute à l’autre qui vit sur vos subsides, au système qui vous rejette, à l’Europe qui vous étouffe, au monde entier qui se détourne de vous.

Mais la jeunesse ?

Alors certes, sociologues et autres exégètes de la philosophie comportementale contemporaine vous diront, chômage, précarité, manque d’horizon, vie à la con, perte de repères, ascenseur social à l’arrêt, âpreté de l’existence, frilosité de la société, égoïsme des aînés, banlieue cloisonnée, accès à la propriété refusé, système éducatif périmé, intégration bloquée, jeunesse sacrifiée, remisée, rebutée.

Et ils n’auront peut-être pas tort.

Mais l’audace de la jeunesse alors ? Et le goût pour la révolte ? Et le désir de changer l’ordre établi ? Et cette croyance que tout est possible, que le futur vous appartient, qu’il vous tend les mains ? Et cette appétence pour le combat, pour la lutte, pour ne pas se ratatiner, alors que la sève de la vie coule triomphante et tonitruante dans les veines, que grondent les orages tant désirés d’une vie déroulée sous des cieux tourmentés, que le monde est là, à portée de mains, qu’il vous attend même, qu’il vous réclame, qu’il vous supplie de l’étreindre et de le bousculer, et que dansent, dansent, dansent les chants de l’espérance ?

 

C’est fini tout cela ?

Ce sont des idées d’un autre temps à jamais révolu ?

Des niaiseries de romantiques égotistes qui datent d’un autre siècle ?

Des envolées lyriques qui sentent bon la nostalgie d’un monde ancien qui n’existe plus que dans la mémoire égarée des rêveurs d’hier ?

Certes il y a belle lurette que je ne suis plus vraiment de ce monde mais tout de même.

Si la jeunesse se fiance avec l’égérie  falote du mouvement national, si elle se met à rouler des pelles à la matrone des idées rassises et moisies, si elle se met à danser une valse endiablée avec la ministre arrogante de la propagande rance, si à l’aube de sa vie à venir, elle baisse déjà les armes, refuse le combat, et s’en remet à une fornicatrice d’idées étriquées, alors il n’y a plus…

Qu’à attendre Godot.

Oui, mais en attendant ?

Si on se pendait ?

Ce serait un moyen de bander…

 

 

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Crasse comme Grass

A la question l’Allemagne a-t-elle le droit de critiquer Israël, la réponse est non, non, et non encore. Quand l’une de ses figures les plus éminentes de son intelligentsia, en la personne de Günter Grass, se permet d’affirmer ” qu’Israël menace la paix mondiale ” non seulement il éructe des imbécillités et des contre-vérités ahurissantes de bêtise crasse, ce qui est son droit le plus absolu, mais plus grave, il salit le travail de mémoire que l’Allemagne, cahin-caha, s’efforce d’entreprendre depuis des générations maintenant.

On ne dira jamais assez combien l’Occident, plus par nécessité et par pragmatisme que par souci de rendre la justice, s’est montrée clémente vis-à-vis de l’Allemagne. Les crimes perpétrés par l’Allemagne nazie sont les crimes perpétrés par le peuple allemand. Nul besoin d’entrer dans des arguties savantes pour savoir jusqu’à quel point la nation allemande est responsable des atrocités commises contre les juifs, les tziganes, les homosexuels. Elle l’est. Entièrement et totalement. Qu’elle le veuille ou pas.

Quand bien même on trouvera toujours ici-et-là des exemples de personnes remarquables de courage et de bravoure qui ont tenté de combattre l’innommable et l’inéluctable, il n’en reste pas moins que la dette contractée par l’Allemagne vis-à-vis du peuple juif est imprescriptible, que les siècles auront beau passer, les millénaires défiler, toujours, il faudra que l’Allemagne d’une manière ou d’une autre rende des comptes. Et que toujours elle se tienne aux côtés d’Israël, cet état que malgré elle et à cause d’elle, elle a contribué à fonder et à légitimer.

Que Günter Grass, écrivain aussi léger qu’une colonie de Panzer, au style aussi aérien qu’un pas de danse d’une colonie d’hippopotames flatulents, à l’œuvre écrite à coups de marteau, s’en prenne d’une telle manière à Israël, laisse pantois de suffocation indignée. Certes la vieillesse est un naufrage et libère la parole. Monsieur Hessel nous l’a déjà prouvé. Raymond Barre aussi. Et tant d’autres.

Non pas qu’Israël soit un pays qu’on ne puisse pas critiquer. Non pas qu’Israël soit une nation au-dessus de toutes les autres. Non pas qu’il ne soit pas possible d’émettre des opinions contrastées sur sa façon de conduire ses affaires intérieures. Mais de grâce que ces critiques s’opèrent avec la même retenue que lorsqu’elles s’appliquent à n’importe quelle autre démocratie agissant sur cette planète. Qu’on ne s’égare pas dans des considérations atrabilaires et vénéneuses qui reniflent les parfums entêtants de l’antisémitisme de bon aloi.

De cet antijudaïsme primaire qui pousse des gens totalement étrangers à la question palestinienne, des gens qui par ailleurs peuvent très bien changer de trottoir pour éviter de passer devant une mosquée, ou se méfier du comportement de l’épicier arabe d’en-bas de la rue, ces mêmes gens qui au nom de je-ne-sais quel raisonnement droit-de-l’hommiste s’en prennent avec une haine irraisonnée à Israël.

Qui n’arrivent même pas à réaliser que leur indignation étranglée n’a rien à voir avec la cause de la Palestine. Qu’elle n’est que la traduction de leur aversion irrationnelle et métaphysique envers un peuple dont le seul crime est d’avoir reçu la parole biblique avant les autres et d’avoir continué à exister malgré les tentatives à jamais répétées de l’exterminer une bonne fois pour toutes.

Le monde dégorge de conflits où il serait louable et moral de s’engager. Ces vociférations crachées à la face d’Israël les entend-on avec la même vigueur et la même exemplarité lorsqu’il s’agit par exemple, mettons de la Syrie ? A-t-on vu ici-et-là des gens manifester en masse pour dénoncer les crimes commis par un régime qui s’amuse à tirer sur des innocents ? Des arabes qui s’entretuent n’empêcheront jamais personne de dormir. C’est même tout le contraire.

Nul besoin de s’acharner outre-mesure sur Günter Grass. La science nous apprend que plus on vieillit, plus les souvenirs inhérents à notre enfance et à notre adolescence remontent à la surface de nos pensées, qu’elles envahissent notre cerveau et altèrent notre perception du monde alentour. Les années de jeunesse de Günter s’étant déroulées sous l’uniforme des Waffen-SS, ceci explique peut-être cela.

 

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L’Euro 2012 se gagnera à Auschwitz

 

Décidément, l’Allemagne, pourtant déjà favorite, ne mégote pas sur ses ambitions et met toutes les chances de son côté pour remporter en juin prochain l’Euro 2012 de football. A cet effet, les instances dirigeantes du football germanique, qui visiblement pratiquent à haute dose le comique troupier, ont annoncé, à grand renfort de publicité, que durant la compétition qui se tiendra en Ukraine et en Pologne, ils offriraient à leurs joueurs un bon gratuit pour s’en aller visiter Auschwitz et découvrir une page méconnue de l’histoire allemande.

Il faut dire que l’occasion était trop belle. Il eut été vraiment des plus inconvenants et des plus sots de ne pas profiter de ce séjour polonais pour ne pas découvrir la principale attraction du pays. Limite rageant. Au lieu de s’emmerder dans leur hôtel à jouer aux cartes ou à se défier à la Play station, quoi de plus revigorant et de plus distrayant pour ces fiers compétiteurs que de s’en aller prendre la pose, afin d’envoyer quelques clichés à la famille restée au pays, devant le fantôme des rails de chemin de fer, le souvenir des fours crématoires, le squelette des chambres à gaz ?

C’est bien connu, une virée au grand air vous ressoud un groupe comme jamais et permet aux joueurs de se changer les idées et d’échapper à la pression inhérente à ce genre d’évènement planétaire. La routine étant l’ennemi du footballeur qui n’en peut plus de passer ses journées à glandouiller dans la chambre de son luxueux hôtel à papoter avec son agent au sujet de son éventuel prochain transfert, cette visite impromptue dans l’un des endroits les plus pittoresques de la région ne pourra donc avoir que des aspects positifs quant à la cohésion du groupe et à son envie d’en découdre avec ses prochains adversaires.

Certes, l’intention est louable et personne ne pourra la contester. Certes, on ne peut qu’applaudir le travail de repentance et de mémoire que la fédération allemande impose à ses méritants poulains. Certes, il est salutaire que le sport allemand prenne le temps de se souvenir que l’innommable a bien eu lieu en cet endroit et que les grands-parents des joueurs qui composent la sélection allemande ne sont peut-être pas étrangers à cette abomination.

Pourtant d’où vient alors cette impression de malaise, cette sensation que quelque chose ne va pas dans cette affaire, qu’il y a là comme une incongruité qui nous conduit à penser que toute la publicité opérée autour de cette visite programmée comporte quelque chose de vaguement obscène et de choquant ?

Peut-être, à choisir, eût-on préféré que ce voyage se déroulât dans la plus grande des discrétions, à un autre moment, en une autre circonstance, sans nécessairement prendre le soin d’en avertir la presse afin d’en tirer un quelconque profit ou d’effectuer une opération de communication qui, même si elle ne se trouve être animée d’aucune arrière-pensée, ne s’imposait pas. Pas ainsi. Pas sous le phare obscène des caméras et des médias. Pas pour transformer un impérieux devoir de mémoire en une contribution pornographique servant à amender la nation allemande de ses crimes imprescriptibles ou à prévenir la résurgence d’un antisémitisme latent.

Et de se demander s’ils prendront-ils le soin de lire le dernier poème de cet impayable tête de nœud de Günter Grass, le prix Nobel de littérature le moins raffiné de l’histoire, qui pas plus tard que lundi s’est fendu une nouvelle fois d’un joli quatrain sur les assassins en puissance que représentent les sanguinaires israéliens au regard des gentils toutous iraniens : « «Pourquoi ne dis-je que maintenant (…) que la puissance atomique d’Israël menace la paix mondiale déjà fragile. Parce qu’il faut dire ce qui pourrait être trop tard demain.»

En même temps lorsqu’on sait, selon un songade récent, que 20% de la jeunesse allemande ignore ce qui s’est passé à Auschwitz, il peut s’avérer salutaire d’envoyer en pélerinage les petits soldats de la Mannschaft pour effectuer une sorte de piqûre de rappel.

La sélection francaise ne voulant pas être en reste, Laurent Blanc a lui aussi prévu d’emmener ses troupes à Auschwitz, mais aussi à Treblinka, mais aussi à Lublin, histoire d’en montrer aux allemands. Juste avant, ils s’offriront une halte à Drancy avant de découvrir Vichy et ses alentours. Si avec ça, on n’arrive pas en finale…

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Loft présidentiel

Abyssale de médiocrité, la campagne présidentielle ronronne des refrains chagrins qui n’enthousiasment guère la foule bâtarde, trépignant d’impatience qu’on réponde enfin à ses grandes inquiétudes métaphysiques : le prix de la baguette va-t-il augmenter, pourrai-je acquérir un forfait téléphonique sans être obligé de signer pour un contrat de trois ans, y aura-t-il de la neige à Noël, l’été sera-t-il chaud, le regime Dukan est-il efficace, les jeux vidéos sont-ils dangereux pour nos crétins d’enfants, le Christ est-il le fils de Dieu ou son lointain cousin, ma crème hémorroïdaire sera-t-elle remboursée par la sécu ?

Les candidats caquètent chacun dans leur coin-coin devant des parterres acquis et conquis à leur cause. L’asthénie intellectuelle des candidats et la vacuité de leurs programmes aidant, les débats s’onanisent et tournent à vide, et le grand brassage des supposées idées s’en va visiter les calendes grecques.

On s’ennuie ferme.

L’absurdité du principe de l’égalité des temps de parole suscite des envies de déni de démocratie, de retour à une élection opérée par la seule noblesse, et un désir irrésistible d’adhésion à l’assertion toute flaubertienne que le suffrage universel est “une honte réservée… à des nigauds qui forment la masse électorale.”

Au nom du respect et du droit à tout candidat à jacquetter des inepties dans la lucarne audio-visuelle, on nous prive de confrontation directe entre les principales têtes de pont des partis représentatifs de la vie républicaine, ce moment de vérité où chacun apparaît dans la nudité de ses convictions et ne peut plus tricher avec lui-même ni avec l’électeur. Le face à face terrible, impitoyable, sanguinaire où se dévoile enfin la véritable nature de celui censé nous incarner, où il n’est plus question de lire les discours rédigés par le gourou de service, où il faut se dépouiller, mouiller le maillot, vaincre, terrasser l’autre pour débouler en vainqueur sur le perron de ses espérances elyséennes.

En attendant, on chemine auprès de candidats qui se contentent d’affirmer “moi je dis que je sais et je sais ce que je dis ” et d’être en retour applaudi par des militants qui ont remisé leur cerveaux au vestiaire. Comportement putassier qui revient à demander à notre maman chérie si elle nous aime encore, ou d’entreprendre son épouse qui, habituée à force, aux déhanchements lubriques de son fornicateur de mari, se pâme de jouissance plus ou moins feinte, à la grande satisfaction de son mâle, tout à sa joie de constater que son coup de rein opère avec la même efficacité qu’au temps des premiers amours.

On en vient à se demander si on ne devrait pas inventer un loft présidentiel, enfermer à triple-tour les dix candidats dans le décor capitonné d’un studio télévisé, les voir évoluer jour après jour, afin de comprendre leur ressort intime, et de saisir leur être et non plus leur paraître.

Où l’on découvrirait que Nicolas veut tout régenter, de l’utilisation du papier toilette à l’heure d’extinction des feux, que François s’emploie à nouer des amitiés avec tous ses camarades d’infortune et à apaiser les rancœurs naissantes, que Jean-Luc passe son temps à dénigrer ses camarades de classe et s’en prend à la vaisselle à la première contrariété rencontrée, que Marine reste dans son coin à marmonner des insultes maussades, que François premier prévient que, faute d’un changement de comportement, on va droit dans le mur et suggère d’avaler de la poule au pot à tous les repas, qu’Eva terrorise tout son monde avec ses remontrances zélotes, que Jacques se complaît à proposer des idées farfelues toutes les deux secondes comme de bâtir un pont entre la salle de bains et le plafond de la salle de billard, que Nicolas propose à chacun de s’enfermer à double-tour dans leur chambre respective et de ne pas en ressortir avant l’effondrement de la ligne Maginot, et que Nathalie et Philippe fomentent en douce une révolte pour changer les règles du jeu.

Où l’on s’apercevrait que Nicolas et Jean-Luc s’entendent pour remiser François au placard, que François et François rêvent à des lendemains communs, que Marine s’acoquine avec Nicolas, que François premier s ’accouple avec lui-même, qu’Eva a un don pour l’auto-flagellation, que Jacques est mal luné et que Nathalie et Philippe se congratulent et se ravissent d’être d’accord sur tout même si ce tout équivaut à rien.

Le programme passerait sur toutes les chaines en flux continu. Pas moyen d’y échapper. A moins d’éteindre son téléviseur. Ce qui entraînerait une vague de suicide sans précedént.

Ce serait déjà cela de gagné.

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Gorge profonde

 

Il se passe de drôles de chose en France décidément. Non seulement on se permet d’accuser un honnête homme de proxénétisme au seul motif de s’être étourdi de luxure lors de parties fines suavement orchestrées par l’entregent de personnes au-dessus de tout soupcon, mais de surcroît on s’arrange pour que dans un journal du soir les attendus de sa confrontation avec la justice apparaissent, avec une rapidité confondante, dans toute leur substantifique moelle.

Et ce vingt-quatre heures à peine après que ladite confrontation se soit déroulée à l’ombre d’un bureau du palais de justice lillois visiblement ouvert à toutes les cuisses.

On connaissait le talent mille fois reconnu des journalistes du Monde, les meilleurs d’entre-nous, mais on ignorait qu’ils excellaient à ce point-là dans la pratique pourtant ô combien délicate de la gorge profonde. Technique qui demande d’habitude des semaines d’entraînement, des mois de tâtonnements, des échecs à répétition, des tentatives avortées, des espoirs déçus, des fausses pistes, des remontées acides, des risques d’étouffement, avant d’arriver in fine à des résultats probants sous la forme d’un jus de nouvelles croustillantes et confondantes de vérité.

 

Dans cette affaire, en moins de 24 heures, l’affaire était pliée. Visiblement, la gorge profonde a de l’entrainement et ne s’embarrasse pas de fioritures. Elle va droit au but, fond sur sa proie, la dévore toute crue, la fait mijoter dans son jus, recueille la semence de ses investigations poussées et partage aussitôt le fruit de sa récolte avec des journalistes qui n’en demandaient pas tant.
J’entends bien que la notion de secret d’instruction soit depuis quelques années toute relative mais qu’elle soit bafouée à ce point, avec cette célérité et cette efficacité, j’en reste pantois d’indignation. Si si.
D’autant plus, qu’à moins que le pigiste de service de la Voix du Nord ne se soit retrouvé planqué dans le tiroir gauche de la juge, on voit mal comment une telle information a pu
arriver si vite dans l’enceinte de la rédaction d’un journal.
A moins que le mari de la juge…Ou la soeur du greffier…Ou le perroquet du concierge…Ou le petit-fils de l’avocat…Ou la cantinière du palais…Ou le chat du rabbin…Ou l’ailier droit du LOSC…Ou le vent du nord… Ou la brise de Lille…Ou que malencontreusement le préposé  aux photocopies, pressé de se rendre au meeting de Mélenchon, ait confondu la touche copie avec celle du fax, et sans s’en rendre compte, pensant à sa prochaine grille de loto, ait pianoté, d’une manière tout à fait involontaire, quelques numéros au hasard, qui, par la plus extraordinaire des coïncidences, se trouvaient correspondre au numéro de télécopie du Monde.

Possible.

Après tout.

Pourquoi pas.

Sait-on jamais.

Ce sont des choses qui arrivent.

Allez savoir.

La vie nous réserve de telles surprises.

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La fin du roman de la prose

Ainsi donc François Hollande ne lit jamais de romans, n’en a jamais lu, et n’en lira jamais. Grand bien lui fasse. A priori l’exercice du pouvoir, aussi suprême soit-il, ne nécessite pas de jongler avec l’arbre généalogique des personnages d’A la recherche du temps perdu ou de perdre son temps, qu’on devine précieux, à lire les affabulations romanesques de Madame Bovary.

On a déjà vu dans l’histoire des grands ce monde ou supposés tels, des dirigeants dont la culture livresque se résumait à la lecture du mode d’emploi de sa déclaration d’impôts ou à la consultation assidue du code civil.

Il se peut même que des esprits tout à fait éclairés, des économistes éminents, des sommités médicales, des chercheurs accomplis possèdent une aversion pour tout ce qui touche de près ou de loin à la littérature sans que cela n’altère en rien leurs capacités à appréhender le monde d’une manière sensible et féconde.

Tant il est vrai qu’à priori la littérature ne sert pas à grand-chose si ce n’est à colporter des commérages et à attendrir le lecteur avec des histoires à dormir debout.

Il demeure toutefois cocasse de remarquer que cette surdité romanesque rencontrée chez le candidat socialiste ne suscite ni quolibets ni cris d’orfraies ni piaillements effarouchés de la part des élites culturelles et partant gauchisantes vagissant dans le pré carré de Saint-Germain des Prés. Ces mêmes prétendues élites  qui, pourtant, ont passé leur temps à se gausser de l’ignorance crasse du locataire de l’Élysée, choquées que le premier d’entre nous préférât pédaler sur sa bicylette plutôt que de composer des odes à une urne grecque et possédât une culture générale limitée aux seuls films de Louis de Funès. Lequel Louis de Funès, du haut de son génie intempestif et intemporel, n’a pas manqué aussi d’être la proie des railleries des gens nés avec une pléiade d’Apollinaire à la bouche et qui ne jouissent d’orgasmes feutrés qu’à la seule vue du Genou de Claire.

Mais passons.

Je l’ai déjà écrit ici, ce qui m’inquiète et  m’intrigue le plus chez François Hollande et pour l’instant complique singulièrement ma vie d’électeur, n’est pas tant sa bouderie obstinée de la littérature que son quart de siècle passé auprès d’une dame que la décence élémentaire m’empêche d’affubler de quelques adjectifs dissonants mais dont on dira, pour le moins, qu’elle aimait flirter avec les abîmes et fricoter avec les abysses.

Qu’un tel homme ait pu ainsi se résoudre à vivre auprès d’une femme à la personnalité si contrastée, en proie à des démons intérieurs si manifestes, me laisse tout de même songeur et pantois quant à ses capacités à discerner la part d’ombre cachée chez chacun d’entre nous. Ou alors cet homme est un Saint Bernard auquel cas on s’incline bien bas devant sa propension inébranlable à endurer le calvaire d’une existence passée à composer avec une personne branchée sur courant alternatif.

Peut-être que s’il s’était plongé d’un peu plus près dans les œuvres complètes de Virginia Woolf il eût reconnu d’emblée dans les portraits de ces héroïnes tourmentées les stigmates d’une pensée désorientée et exaltée.

Après tout, la littérature ne vise qu’à cela : appréhender la folie à l’œuvre dans le comportement d’individus que la vie a rejeté dans le ruisseau de ses illusions perdues et qui s’essayent pourtant à continuer à vivre malgré cette lucidité poignante présente à tout instant martelant que toute vie ne peut être qu’une succession inévitable de brisures, d’échecs, de désespérances, interrompue le temps d’une brève éclaircie par une passion dévorante qu’elle se dénomme amour, sexe, jeu, alcool, suicide.

Et la fréquentation assidue de ces êtres, incapables de choisir entre le chagrin et le néant, anéantis par le métier de vivre, ces êtres qui ne sont rien d’autre que le reflet très exact de nos penchants les plus intimes, entrevus grâce à la littérature, permet au lecteur de romans de gagner en compassion, cette qualité qui au bout du compte rehausse tout être humain, cette capacité à comprendre les tourments et les épreuves subis par l’autre et partant, à les supporter et à les combattre.

Maintenant attend-on d’un président en exercice qu’il fasse preuve de compassion…

 

 

 

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Rien moins que zéro

Et la populace de caqueter fallait faire comme si, pas comme ça, passer par le soupirail externe du soubassement de la fenêtre extérieure et l’endormir avec une grenade au valium, l’ensorceler avec des chansons de Dalida, attendre qu’il meure de mort naturelle, passer par la cuvette des chiottes et l’ajuster d’un coup de revolver dans le tibia droit, lui raconter l’histoire du chaperon rouge pour l’attendrir, appeler la Mère Denis pour le raisonner, demander au soleil de l’aveugler, à la lune de l’assombrir, au temps de s’arrêter.

Et les experts convoqués sur le champ de bataille de plateaux télévisés, le cul bien vissé sur leur chaise, la crème hémorroïdaire à portée de main, de jouir d’initier cette même populace à coup d’analyses drôlement pertinentes sur le comment du pourquoi du déroulé de l’affaire, analyse démentie la minute suivante par la réalité des faits, mais peu importe, c’était prévisiblement prévisible, ce genre d’individus agissant toujours d’une manière irrationnelle. Pakistan, Afghanistan, French Cancan, endoctrinement, loup solitaire, solitude du tueur, salafisme, catastrophisme, sophisme, djihadisme… je jouis de me voir ainsi sollicité.

Et les politiques aux cerveaux désormais paresseux qui se chamaillent à coups de tweets, ces corbillards de la pensée, ces cercueils capitonnés de l’anorexie mentale s’essayant à décrire le vaste état du monde en quelques 160 caractères, pas peu fiers de décrocher des phrases assassines aussi virulentes et pertinentes que des pets de nonne, éjaculations précoces de formulations creuses, assechées, atones, absconses, absconnes, orphelines de toute réflexion, invectives dérisoires d’une pensée atrophiée.

Et les sites d’informations brassant du vide (sauf Slate !), gros titres, articles exclamatifs, interrogatifs, supputatifs, ouvrant grand leurs cuisses obscènes pour appâter le chaland, viens par ici mon petit te réchauffer à l’ombre de mes directs où je te raconterai comment il ne se passe rien.

Et les journalistes chevronés sommés de rapporter des nouvelles fraîches, on a coupé le courant, il s’est mis à pleuvoir, j’ai perdu mon parapluie, il n’y a plus de café, un camion a bougé, un CRS s’est mouché, signe que quelque chose va se passer, s’est passé, se passera, ne s’est pas encore passé, est en train de se passer, peut se passer, est susceptible de se passer, selon nos sources, selon nos informations, selon nos confrères, selon le majordome du valais du secrétaire du ministre, selon la grenouille croassant dans le bocal de la gendarmerie, selon l’épicière du coin de la rue en faction devant sa cuisinière située à moins d’une dizaine de mètres de l’immeuble concerné, l’assaut serait imminent, en cours, achevé, information toutefois à relativiser puisque qu’ici rien ne bouge, si ce n’est que selon toute apparence, mais c’est à prendre avec précaution, le soleil apparemment, je dis bien apparemment, se serait bel et bien couché puisqu’il semblerait, selon des sources très bien informées et haut placées, qu’il fasse nuit, que la nuit soit tombée, même si ça reste à confirmer, signe que quelque chose est sur le point d’advenir.

 

Post rédigé après que l’auteur ahuri de ce post a passé deux nuits blanches à rafraîchir avec frénésie la page d’information continue du Monde, du Parisien, de 20 Minutes, de Libération, du Nouvel Observateur, du Point, de l’Express, du JDD, de Rue 89 (euh non pas Rue 89  faut pas déconner non plus).

 

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De Toulouse à Gaza, l’abject raccourci

L’extrême gauche  en a rêvé (la gauche tout court ?), Catherine Ashton, la représentante britannique en charge des affaires étrangères européennes l’a dit :  ” Quand nous pensons à ce qui s’est passé aujourd’hui à Toulouse, quand nous nous souvenons de ce qui s’est passé en Norvège il y a un an, quand nous savons ce qui se passe en Syrie, quand nous voyons ce qui se passe à Gaza et dans différentes parties du monde, nous pensons aux jeunes et aux enfants qui perdent leur vie.”

Voilà tout est dit.

Ainsi donc, selon les propos à peine implicites de Madame Ashton, qui soit dit en passant, pour l’ensemble de son œuvre,  touche la mirobolante somme de 328 000 livres par an, la consacrant comme la personne politique la mieux payée au monde, les enfants juifs victimes de la folie meurtrière d’un supposé djihadiste, auraient connu le même sort que les enfants tombés à Gaza.

C’est bien connu, les soldats israéliens, lorsqu’ils se sentent un peu désœuvrés ou se languissent de leurs familles, aiment à tromper leur ennui en s’essayant au tir à la carabine sur des enfants palestiniens avant de comptabiliser le nombre de leurs victimes afin de savoir qui recevra les félicitations du premier ministre.

On murmure aussi qu’ils apprécient par-dessus tout, après les avoir sommairement exécutés, trancher leurs têtes et les ramener comme trophée à la maison sous les vivats de la foule en délire. D’ailleurs, dans la plupart des foyers israéliens, trônent sur la cheminée un scalp embaumé d’un enfant gazaouite qui sert aussi à l’occasion de cible pour les fléchettes des vilains garnements d’obédience hébraïque. Sans parler qu’avant de les trucider de sang froid, ils prennent le soin de les saigner de leur vivant afin de se livrer à des abattages rituels là-haut sur la montagne. Et tout comme le tueur de Toulouse, ils filment leurs exploits qui par la suite sont projetés dans des cinémas publics de Tel-Aviv.

Le rapproché de Madame la baronne Ashton of Upholland est non seulement abject et immonde, il est aussi et surtout d’une bêtise crasse, révélatrice de l’état d’esprit de nombreux dirigeants d’Europe et d’ailleurs, qui ne peuvent s’empêcher de considérer, envers et contre tout, l’ État d’Israël comme un état sanguinaire, s’affranchissant de toute morale et prompt à commettre toutes les exactions pour imposer sa loi.

Raisonnement qui me surprend toujours. Si l’État d’Israël ressemblait vraiment à cet État-là, il me semble, mais je peux me tromper, qu’il y aurait depuis fort longtemps que la question palestinienne eût été réglée. Manu militari. Dans une mare de sang bien réelle pour cette fois.

Loin de moi l’idée qu’il n’existe pas au sein de Tsahal quelques brebis égarées qui peuvent se comporter parfois comme des êtres dénués de toute morale et agir comme des fantassins sans foi ni loi tout comme il existe au sein de la société israélienne des juifs violeurs, voleurs, arnaqueurs qui croupissent dans des geôles au beau milieu du désert du Néguev.

Pourtant, j’ai la faiblesse de penser que ces soldats qui sont avant tout des civils, sont tout aussi conscients de ce qu’être juif signifie et impose comme manière de se conduire. Ils savent, dans leur chair, ce que le peuple juif a pu vivre comme pogroms, déportations, meurtres de masse, exécutions sommaires, holocaustes et autres atrocités bonhommes. Ils connaissent l’histoire de leur peuple qui plus que tout autre, sous toutes les latitudes, à toutes les époques, fut humilié, pourchassé, vilipendé, stigmatisé au seul tort qu’il était.

Ils savent la valeur sacrée d’une vie humaine. Ce sont tous des orphelins de l’histoire, des apatrides métaphysiques qui s’essayent à être à la hauteur des commandements et des espérances inscrits dans les textes sacrés, que ces textes fussent d’inspiration divine ou humaine.
Ils n’y parviennent peut-être pas toujours mais du moins s’y emploient-ils.

” L’histoire est un cauchemar dont je cherche à m’éveiller ” répète comme un mantra Stephen Dedalus dans Ulysse de Joyce. Merci bien Madame Ashton de nous le rappeler.

 

 

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Damas est une fête

Au fond Bachar el-Assad est un type bien. Quelqu’un qui, entre l’organisation de deux boucheries perpétrées sur sa propre population, prend le temps de se connecter sur le net pour se procurer sur ITunes quelques morceaux de New Order ne peut pas être foncièrement mauvais. Certes les esprits chagrins se chargeront de contrepèteries de mauvais aloi en s’attachant à démontrer que le choix d’un groupe affublé d’un tel patronyme ne peut pas être le seul fruit du hasard. N’empêche, imaginer Béchar se trémousser le popotin sous les lambris dorés de son palais présidentiel sur le rythme hypnotique de Blue Monday, tout en invectivant son parterre de généraux de mettre la gomme et de surtout viser dans le tas, comporte quelque chose de délicieusement décadent.

Tout comme sa femme, au demeurant loin d’être revêche, tout le contraire même, avec son sourire mutin, son élégance naturelle, sa chevelure cendrée, son petit air à la Miou-Miou, jouant de sa carte bleue avec la frénesie d’un amateur de ball-trap sous acide, pour se fournir en breloques dorées dans des magasins de luxe virtuels, en appareil à fondue à chocolat ou en paire d’escarpins déclinée sous toutes ses couleurs. Des jeunes gens de notre temps en somme. On ne va quand même pas s’arrêter de consommer à chaque fois qu’un massacre se déroule quelque part dans le pays ? La vie continue. Damas est une fête. La Syrie vaut bien une messe.

Après tout, Adolf, lui aussi, n’en foutait pas une. A part aboyer sur son état-major des ordres incompréhensibles et contradictoires, il aimait à se lever tard, traînasser dans son palais, prendre le goûter avec ses admiratrices, piquer un roupillon, jouer avec ses chiens, visionner un film, débattre des qualités du long-métrage avec ses invités, festoyer d’une soupe au cresson autour de minuit et se coucher à pas d’heure.

Les dictateurs sont des hommes comme les autres qui ont besoin d’être étourdis pour se supporter et supporter le poids de leur charge.

La bonne nouvelle c’est que, visiblement, les El-Assad sont accros à internet. Suffit donc désormais de les menacer de couper leur connexion pour qu’ils rentrent dans le rang. Ou de les abonner de force à Orange et de les obliger à se farcir trois heures d’attente pour joindre le service clientèle et s’entendre dire  ” est-ce que vous bien sûr que votre Live Box est allumée ? ” Traitement inhumain certes, d’une cruauté inouïe, d’un barbarisme insoutenable, mais rudement efficace.

Nul besoin de convoquer un énième émollient conseil de sécurité ou de s’en aller lécher les sandalettes des dirigeants Russes ou Chinois pour être autorisé à montrer ses muscles. Un petit mail version Hadopi qui atterrit directement dans la boite de réception de Bachar, l’avertissant que s’il continue à s’amuser au jokari avec sa population, ”  nous nous verrons dans l’obligation de couper d’une manière indéfinie votre connexion à internet ” et l’affaire est dans le sac.

De la diplomatie moderne et pour une fois efficiente.

 

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