C’est entendu.
Les Hébreux, les Juifs, les Israéliens ont été, sont, et seront toujours coupables.
Coupables de vouloir continuer à exister.
Qu’ils fussent dans des temps reculés d’infâmes usuriers suppliciant les petites gens, avant-hier de dangereux agitateurs bolcheviques ou des argentiers taxés de cosmopolitisme, hier des cobayes de l’extermination de masse option conduit de cheminée, aujourd’hui des massacreurs d’enfants palestiniens, ils demeurent obstinément coupables.
On aura beau chercher dans leur histoire récente ou passée une période où on n’eût rien à leur reprocher, on n’en trouvera pas.
Ballotés d’un pays à l’autre, sommés de se convertir ou de disparaître, subissant continuellement pogrom sur pogrom, servant de bouc émissaire à des peuples perpétuellement insatisfaits de leur condition, connaissant des ribambelles d’assassinats de masse, de déportations et de génocides, la persistance même de leur existence demeure tout à la fois une énigme absolue et un affront presqu’insupportable à tolérer.
Un scandale en soi.
Ils sont le poil à gratter de l’humanité.
De cette humanité qui s’est égarée à tout jamais dans les four crématoires d’Auschwitz d’où elle n’est jamais vraiment revenue ou alors tellement effrayée par ses propres agissements que depuis elle ne cesse de chanceler, luttant de toutes ses forces pour ne pas retomber dans le fossé de sa propre inhumanité.
C’est évidemment à Auschwitz que l’humanité a cessé de croire en elle et cette faute en incombe encore et toujours au Juif.
C’est là qu’elle s’est abîmée pour ne jamais se relever.
Que l’idée même de Dieu a été assassinée.
Qu’on a tenté de réduire en poussière ceux-là qui avaient reçu de Dieu ou de son incarnation ou de l’imagination des hommes, les Tables de la Loi, ce sang de toute morale humaine.
Et tout découle d’Auschwitz.
Les Juifs ont eu ce tort immense, cette insolence inouie de ne pas tous mourir à Auschwitz.
Disparus, l’occident aurait pu finir par oublier le crime imprescriptible qu’il avait commis ou laissé commettre.
Ce crime perpétré non seulement contre les Juifs mais contre l’Homme en général, c’est-à-dire contre Soi.
Alors pour se racheter une conscience, pour s’amender, pour continuer malgré tout à exister, il a fallu se résoudre à donner une patrie à ces orphelins de l’Histoire.
Au détriment d’un autre peuple.
Dès le début les dés étaient pipés.
Même si on se disait qu’entouré par des ennemis si nombreux, outragés de devoir subir la présence de ce peuple tout sauf bienvenu, refusant à juste titre de servir de caution morale à cet Occident en perdition, ce nouvel état, issu des braises de la seconde guerre mondiale, serait un état mort-né.
Et d’évidence, là aussi, là encore, Israël n’aurait jamais dû exister plus que quelques années.
Si les armées des pays arabes n’avaient pas fait preuve d’une telle incompétence, si les israéliens n’avaient pas fait montre d’un courage et d’une inventivité redoutable, le sort d’Israël eut dû être réglé en quelques jours.
On avait oublié une seule chose : consciemment ou pas, après Auschwitz, le Juif avait juré que plus jamais il ne se laisserait mener à l’abattoir en courbant le dos.
Plus jamais, il ne creuserait des fosses communes avant de s’enterrer dedans.
Plus jamais, il ne serait une victime presque consentante de sa propre annihilation.
On ne peut pas comprendre Israël sans cette donnée fondamentale.
Ce refus obstiné de tendre le bâton pour se faire battre.
Cette rage de prendre son destin en main.
Cette certitude de ne pouvoir accorder sa confiance à personne.
Aujourd’hui cette impossibilité de tendre la main à une organisation terroriste qui non seulement ne reconnaît même pas cette main mais jure de la décapiter un jour.
Un mouvement dont la devise est : ” Dieu est son but, l’Apôtre son modèle, le Coran sa constitution, le jihad son chemin et la mort sur le chemin de Dieu la plus éminente de ses espérances “.
Au fond, on demande à Israël d’accepter d’avoir comme voisin un pays qui, avant de se soucier du bien-être de son peuple, entend éradiquer toute trace juive de la Palestine reconstituée.
C’est-à-dire de signer son propre arrêt de mort.
A plus ou moins brève échéance.
Il n’est pas besoin d’être un grand stratège en géopolitique pour réaliser qu’un jour, immanquablement, Israël disparaîtra.
Dans un siècle ou dans dix siècles.
Quand les masses arabes s’extirperont de leurs obscurantismes pour embrasser la modernité.
Quand elles comprendront que c’est par l’éducation que l’on accède à la prospérité et à la vraie liberté.
Quand elles maîtriseront la technologie qui leur permettra de réduire en poussière Israël fusse au prix d’un holocauste nucléaire.
Les Israéliens le savent trop.
On ne peut pas demander à un peuple d’anticiper ses propres funérailles…
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Je sais.
Cette affirmation peut me valoir la guillotine.
En ces temps bâtards où chacun se décerne des Prix Nobels d’intelligence à la louche, où fleurit sur les réseaux sociaux l’affirmation de sa propre capacité à disséquer avec une pertinence rare les évènements surgissant à la une de l’actualité, où n’importe quel clampin peut se vanter de théoriser ses fulgurances sur un blog lu par le seul cousin de son chien, se prétendre élitiste relève du suicide mental.
C’est que tout se vaut aujourd’hui.
On assiste à la victoire éclatante de la culture de masse, de cette culture en mignonnette qui permet à un pétomane de rappeur de souffrir la comparaison avec n’importe quel Fils de la Poésie sans que personne ne s’en offusque puisque désormais il suffit d’aligner deux rimes pour être consacré comme le nouvel ensorceleur de mots célébré par toute la place de Paris.
Il paraît qu’il faut s’en réjouir.
Que l’on assiste à la désacralisation du savoir, à la démocratisation de la connaissance, à la fabuleuse redistribution de la culture.
D’ailleurs il suffit de se promener sur n’importe quel site pour s’en convaincre.
Là jaillissent des saillies à l’éloquence si gracile, à l’intelligence si éblouissante, à la profondeur si abyssale que l’on se surprend à penser que finalement le genre humain a encore de beaux lendemains à célébrer.
Ce n’est qu’invectives doucereuses, réparties délicates, réponses argumentées.
La fête de l’esprit à jamais recommencé tout au long de ses commentaires déclinés avec un tel à-propos que l’on se demande encore comment on a pu vivre en restant sourd à cette voix venue des entrailles de la France profonde à laquelle jusqu’alors on ne pouvait goûter que quand saoul de désespoir on s’en allait noyer son chagrin au fin fond d’un bar crasseux hanté par des sociétaires de l’infinie et intarissable connerie humaine.
Maintenant ils sont partout.
Et ils osent tout.
Sans jamais se douter un seul instant qu’ils appartiennent à cette triste confrérie, qu’eux-mêmes sont les récipiendaires tout choisis de cette répartie, ils se balancent au visage, sûrs de leur effet, la cinglante et savoureuse citation de Michel Audiard : ” Les cons ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnait “.
A quoi ledit con balance généralement son scud placé sous les auspices de ce brave Albert Einstein qui un jour a eu le malheur de dire ou d’écrire ” qu’il n’existait que deux choses infinies : l’univers et la bêtise mais pour l’univers je n’ai pas de certitude absolue “.
Gérard en reste bouche bée avant d’appeler à la rescousse Coluche : ” l’intelligence c’est pas sorcier, il suffit de penser à une connerie et de dire l’inverse “.
Il est à noter que les deux gusses en question sont en train de disserter doctement sur la politique étrangère mise à l’œuvre par le nouveau gouvernement indien ou s’apostrophent à grands coups d’arguments triomphants au sujet de la possible dévaluation de la roupie et de ses conséquences voire à propos du rôle de la religion dans les sociétés tribales situées au nord du 41ème parallèle.
Sans parler des petits dieudonistes de service qui au plus fort de la mise en cause de leur maître à penser s’étaient soudainement découvert une passion pour Voltaire dont la veille encore ils associaient le nom à une seule station de métro ou à un boulevard, inondant les réseaux sociaux de ” Pour savoir qui vous dirige vraiment il suffit de regarder ceux que vous ne pouvez pas critiquer. ” Ou de ” Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire …”.
Citations balancées d’un air martial suivies juste du nom de l’auteur de Candide comme pour mieux souligner que maintenant, après une telle charge signée de l’un des plus grands esprits français, ” le débat est clos, tu peux la boucler, la culture tu l’as ou tu l’as pas.”
Sans se douter un seul instant que ce même Voltaire pouvait aussi tenir des propos aussi inspirés que : ” Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les Nègres ; on nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l’acheteur. Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir.”
Alors oui, je réitère cette assertion haut et fort : plus que jamais je me revendique élitiste, je vomis toute cette bêtise crasse qui un jour sera le terreau de nouveaux dérèglements de l’histoire, je me replonge dans la correspondance de Flaubert (Tome 2, pléiade), j’écoute en boucle le dernier Lloyd Cole et j’emmerde mon monde.
Bonne journée.
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A dire vrai, avec la fin du Mondial, je craignais de vivre un été assommant d’ennui, sans relief, ronronnant des journées abrutissantes de banalité, ressassant la vieille rengaine d’une actualité condamnée à attendre la rentrée pour reprendre des vraies couleurs.
L’affreux ressac de ces cieux ensoleillés que rien ne vient troubler dans sa parfaite monotonie, l’entassement de nouvelles aussi passionnantes que le nombre de kilomètres bouchonnés aux alentours du Tunnel de Fourvière, les bébés oubliés à l’arrière des voitures, les bancs de méduses, les alertes aux noyades dans les piscines, les reportages sur le prix du melon, sur le coût d’achat d’un ventilateur et, enfer des enfers, la reprise de la Ligue 1 avec un tonitruant Evian contre Caen comme affiche suprême.
Heureusement, afin de nous sauver de cette léthargie ambiante, nous avons droit aux derniers chapitres du grand roman de la Bande de Gaza et avec eux la garantie de vivre un été des plus palpitants.
Avec le comptage scrupuleux des victimes dont désormais les sites d’information continue font leur miel, nous entretenant minute par minute du score de la rencontre, réinitialisant toutes les dix minutes le funèbre décompte, s’impatientant dès qu’un temps mort intervient, réclamant son lot de nouvelles sanguinolentes afin de satisfaire le lecteur se paluchant de plus belle au fur et à mesure que s’élève le nombre des tués.
La joie des commentateurs et experts de tout poils, capables de résoudre en deux minutes un conflit si ardu à déchiffrer, engoncé dans des problématiques si complexes à définir que les protagonistes même de cette guerre sans issue en sont à ignorer jusqu’à la raison de leurs agissements.
Une guerre impossible où il ne peut y avoir de vainqueur.
La lutte toujours recommencée entre la modernité et l’obscurantisme, entre l’idée de progrès et l’ancrage dans un monde figé, obtus, régi par des lois appartenant à une autre époque, le combat perdu d’avance d’une démocratie opposée à une certaine forme de dictature religieuse où, pour faire triompher ses idées, on n’hésite pas à sacrifier ses propres enfants afin de s’attirer la sympathie de la communauté internationale.
Des échelles de valeurs si diamétralement opposées que tout espoir de dialogue se retrouve mort-né.
Et sur les champs brûlants de cette désespérance dansent et ricanent les esprits dérangés de ceux qui depuis toujours pensent, affirment, décrètent que la faute originelle ne peut, par simple principe métaphysique, être attribuée qu’au juif dont on continue à se demander par quel impossible et scandaleux miracle il souille encore de sa présence malfaisante la surface de la Terre.
De ce juif qui après des siècles d’humiliation, d’exil, de déportation, n’aspire plus qu’à une seule chose : s’endormir tous les soirs dans le périmètre sécurisé de sa propre terre en ayant l’assurance que demain il ne faudra pas à nouveau reprendre les routes de la désolation.
De ce juif qui a tant apporté à l’humanité et a reçu si peu.
De cet être insaisissable, effrayant par nature parce qu’indomptable, ayant toujours refusé de se laisser apprivoiser et payant depuis le prix de son obstination.
L’antisémitisme est une drogue dure.
Qu’on a consommé depuis des siècles dans des proportions si démesurées qu’il demeure désormais impossible de vivre sans.
Si puissante qu’elle provoque des ravages dans des contrées où pourtant on n’a jamais vu le moindre prépuce circoncis d’un juif.
Et pour lequel, comme la méthadone pour l’héroïne, on a trouvé un substitut plus convenable à s’injecter dans les veines : cet antisionisme de bon aloi qui permet aux bonnes consciences d’épancher leur fiel sans avoir mauvaise conscience.
Ainsi soit-il.
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Ne comptez pas sur moi pour tenter de proposer le début d’une solution au conflit israélo-palestinien.
Je ne suis pas Superman. Ni Jokerman. Ni Zuckerman.
Autant me demander de résoudre le problème de la faim dans le monde.
Ou de tenter d’apporter la preuve de la supériorité pourtant manifeste du chat sur le chien.
Ce sont là des notions qui dépassent ma maigre intelligence.
Les faits sont pourtant têtus.
Tous les deux, trois ans désormais, on a droit à un remake de la bataille d’Hernani : les maudits et sanguinaires Israéliens s’amusent au Pac-Man avec des agnelets palestiniens en détruisant une par une leurs habitations, tout en prenant bien soin de s’assurer auparavant que toute la famille est bien présente dans leur logis histoire de dégommer avec certitude la cervelle des enfants gazaouis.
La question des enfants est évidemment centrale : tout comme les thuriféraires joyeux du Troisième Reich, les Israéliens, en dignes successeurs de ces sinistres personnages, ont le souci, en éradiquant un par un les nouveaux-nés palestiniens de la surface de la terre, d’empêcher une nouvelle génération d’apparaître, sachant pertinemment que la démographie joue contre eux.
D’ailleurs, mais cela les journaux occidentaux, aux mains des petits caporaux sionistes, ne le diront jamais, les instructions données aux pilotes de chasse israéliens sont des plus claires : viser en premier lieu les salles de travail où les femmes palestiniennes accouchent de leurs descendants, ensuite les maternités, après les nurseries, et enfin les écoles maternelles.
Après tout, c’est de bonne guerre.
Certes, dans la situation inverse, les Palestiniens, pétris d’une sagesse millénaire, éduqués à l’école de la démocratie, conduits par des idéaux moraux d’une rectitude irréprochable, agiraient d’une toute autre manière, en accord avec le respect de toute vie humaine, notion qu’ils ont développée tout au long de leur tragique histoire.
Sensibles et précautionneux comme ils sont, ils prendraient d’abord le soin d’avertir les habitants de l’immeuble destiné à être bombardé de bien vouloir quitter les lieux, ils lanceraient encore un autre avertissement sous la forme d’un coup de semonce afin de s’assurer que les consignes d’évacuation ont bien été respectées, sait-on jamais, puis ils procéderaient enfin à leurs frappes.
Le tout pour éviter un carnage et réduire au maximum le nombre de victimes.
Evidemment une telle façon de mener une guerre obligerait leur armée à procéder avec une lenteur inouïe et à obtenir des résultats équivoques.
Là où les Israéliens bombardent à tout-va sans se soucier un seul instant du nombre de victimes, rasant sans sommation ce qui doit être rasé, accumulant les bavures et les atrocités, les Palestiniens seraient condamnés à mener une guerre au rabais, obsédés d’épargner au maximum les victimes civiles.
Si bien qu’incapables de mener d’une manière efficiente leur mission d’éradiquer les lanceurs de roquettes israéliens, ils devraient à intervalles réguliers recommencer cette guerre sans issue, en déclenchant à chaque fois la réprobation de la communauté internationale, jamais assez prompte pour villipender les méchants Palestiniens en prise aux pacifistes Israéliens.
Lesquels, d’une fourberie inouie, n’hésiteraient pas à se servir de leurs enfants comme bouclier humain afin de démontrer l’incroyable cruauté de leurs agresseurs.
L’histoire est un pérpetuel recommencement.
Au Proche-Orient, c’est même un bégaiement continuel.
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Il y a trois ans jour pour jour j’écrivais le premier billet de ce qui allait devenir le blog le plus vu, le plus connu, le plus lu par mon chat rejoint dans cet exercice douloureux par quelques amis lointains.
Depuis, à ma stupéfaction ahurie, j’en ai composé 346 autres.
Je ne m’en pensais pas capable.
Je le pense toujours.
Je crois pouvoir me vanter que, hormis une poignée, je n’en ai bâclé aucun.
Certains étaient assurément moins inspirés que d’autres.
Nombreux ont dû paraître bien poussifs ou sans grand intérêt.
Mais tous ont été écrits, l’angoisse cintrée au cœur, la peur au ventre, certain que j’étais que, cette fois, je n’aurais rien à dire, que je n’avais aucune légitimité à m’exprimer sur tel ou tel sujet, que je n’étais qu’un faussaire dont bientôt on finirait par découvrir la réelle identité : celle d’un usurpateur à la petite semaine sans envergure aucune.
Je ne connais pas la recette pour être un tenancier de blog respectable.
A chaque fois que j’achève et publie un papier, je savoure quelques heures de repos, je m’adresse des félicitations sincères, je me flatte d’être arrivé encore une fois à produire un papier qui, s’il ne brille pas par son éloquence, demeure tout de même écrit dans une langue assez honnête pour ne pas susciter l’ennui ou la désolation.
Puis passées ces quelques heures, lancinant et redondant, le doute revient.
Toujours.
Que vais-je bien pouvoir écrire la prochaine fois ?
En quoi mon avis pourrait-il donc intéresser un éventuel lecteur ?
Quelle légitimité ai-je à m’exprimer sur des sujets dont parfois, souvent même, je ne sais pas grand-chose.
C’est que je suis un expert de rien ou sinon de moi-même.
Je n’ai pas une intelligence très profonde, je n’entends rien à la marche du monde, je ne possède pas assez de connaissances pour juger de la manière dont les grands argentiers conduisent leurs affaires ou les politiques leurs barques, je mène une existence des plus banales, je me sens tout le temps dépassé par mon époque, j’ai une tendresse rentrée pour le genre humain et, surtout, je n’ai même pas de compte twitter.
Je possède juste assez de roublardise pour apparaître comme un amuseur public dont on se plaît à lire les billets sans toutefois y attacher trop d’importance.
Ce qui me convient et me correspond.
Tenir un blog, avec la régularité qui est la mienne et dont je m’honore (si j’ai le droit), demande une énergie folle, un investissement total, une disponibilité d’esprit entière, et pourtant, paradoxalement, depuis que je me suis lancé dans cette entreprise inconsidérée, j’ai aussi publié un roman et me retrouve en train d’en achever un autre.
Comme si le fait de pouvoir cracher mes colères, clamer mes indignations, pousser mes petits jappements de douleur avaient contribué, par une étrange alchimie, à me stabiliser, me permettant de jouir d’un calme intérieur assez souverain pour mener de front ces deux activités que tout oppose mais qui se retrouvent dans l’amour des mots que j’essaye de ne pas maltraiter de trop.
Le malheureux qui, pour une raison biscornue, souffrant d’une incontinence mentale considérable, ambitionnerait de se farcir l’intégralité de ce blog devrait avaler plus de deux cent mille mots, soit un livre de six cents pages.
C’est colossal et franchement inattendu venant de ma part.
Parallèlement, douze mille commentaires ont été postés.
Par dizaines, j’ai reçu des invectives, des injures, des insultes, une fois un compliment, des crachats, des postillons, des mises en garde, des mises en bières, des mises à mort, aucune demande en mariage, des doigts d’honneur, des sermons, des avertissements, des injonctions, deux remerciements, des baffes virtuelles, des menaces de procès, des promesses de castration.
On m’a traité de sale juif. De sémite enragé. D’israélite de souche.
De petit con.
De grand con.
De con tout court.
De vrai connard.
Je l’ai bien cherché.
Et j’ai adoré cela.
Et si ça se trouve, je vais même continuer.
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Je ne comprends pas.
A peine la nouvelle de la disparition aussi soudaine que tragique de Benoît Duquesne était-elle tombée que dans la foulée notre Président de la République suivi de son Premier Ministre se fendaient, l’un d’un tweet, l’autre d’un communiqué de presse pour mieux dire leur tristesse et leur affliction.
Je ne voudrais surtout pas jouer au populiste de caniveau mais j’ai beau chercher et chercher encore, j’ai du mal à me figurer en quoi la mort de ce journaliste, de n’importe quel journaliste d’ailleurs, possédait-elle plus d’importance que le décès d’un professeur ou d’un boulanger qui hélas a bien dû survenir dans la même journée ?
Autrement dit, suffit-il donc d’être un personnage public pour que les plus hauts sommets de l’état s’émeuvent de votre mort, tandis qu’ils demeureraient d’une parfaite indifférence dès lors qu’il s’agirait de la disparition d’un citoyen des plus anonymes, étant il est vrai dans l’impossibilité de le connaître puisqu’il a eu le mauvais goût de vivre sa vie en catimini.
A dire vrai, je ne réalise pas bien en quoi la vie de Benoît Duquesne, aussi exemplaire a-t-elle été posséderait-elle plus de valeur que celle d’un quelconque ouvrier, d’un agriculteur méritant, d’un épicier travailleur, d’un maçon valeureux, d’un pompier courageux, d’un chômeur, d’une femme de ménage, d’un cycliste du dimanche, d’un carreleur, d’un bateleur, d’un affabulateur ?
On tient là, dans cette déclamation de la République attristée, la victoire ultime de la société du spectacle où, mélangeant célébrité et respectabilité, visibilité et honorabilité, on en vient à hiérarchiser son émotion en fonction de la notoriété du défunt.
Le même Benoît Duquesne, très exactement le même, avec les mêmes qualités humaines, avec la même intelligence, la même rigueur professionnelle, la même opiniâtreté, eût-il choisi d’embrasser une carrière tout autre que, l’Exécutif, à l’annonce de sa disparition, se serait montré d’un silence d’outre-tombe.
On me dit que l’Élysée n’a pas vocation à saluer la mémoire de tous les morts de France.
J’en conviens aisément.
Mais alors pourquoi précisément prendre la peine de pondre un communiqué pour dire sa peine, au nom du peuple Français, faut-il le rappeler, lorsque disparaît un journaliste, aussi talentueux fut-il ?
Rien n’empêchait me semble t-il notre président, attristé personnellement par l’annonce de sa disparition, d’écrire à la malheureuse veuve pour lui confier sa peine et lui dire son chagrin au lieu de venir pétarader sur l’estrade de la République médiatique.
Que je sache, Benoît Duquesne ne se situait pas dans l’expression d’une pensée si originale ou radicale qu’elle aurait révolutionné les sciences humaines, il n’est pas venu bouleverser le champ de la connaissance médicale ou scientifique, il n’incarnait pas le Génie de la nation, il ne sauvait pas des vies, il ne se battait pas pour l’honneur de la nation, il n’œuvrait pas à l’élévation des âmes par la production d’écrits ou de peintures immortelles, autant de dispositions qui auraient pu légitimer les plus hautes personnalités de l’État à venir saluer, au nom de la République endeuillée, sa mémoire.
On me dit qu’il était connu, à la différence de l’instituteur de la rue Saint-Pierre le Vif à Sens qui lui, pauvre malheureux, n’était connu que de ses élèves.
C’est parfaitement vrai.
Encore faudrait-il m’expliquer en quoi la notion d’être connu serait une qualité qui par nature serait exceptionnelle et à même de susciter un tel émoi du côté de l’Elysée.
Etre connu, apparaître à la télévision, converser à la radio suffirait-il donc pour qu’automatiquement on reconnaisse en vous des qualités attribuées d’ordinaire à des êtres visités par la Grâce ?
Suffit-il donc de tenir un micro, d’être connu de la mère Michu, reconnu par Monsieur Martin, pour que d’emblée, vous apparteniez au corps d’élite de la République et que cette même République s’afflige, en des termes circonstanciés, de votre décès ?
Que la République ne s’afflige que des disparitions relatives à des êtres aux parcours vraiment hors-normes, consacrés par les lauriers du Temps.
Pour les autres, le dernier salut du fossoyeur suffira.
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Ils vont continuer encore longtemps les nouveaux Diafoirus des temps modernes à nous martyriser avec leurs avertissements à gogo repris en chœur par tous les sites cassandresques de la planète ligués entre eux pour mieux nous empêcher de vivre en rond ?
Ainsi, il apparaîtrait selon les grandes papesses de la médecine moderne alliées pour la circonstance avec les plus éminents chercheurs de la glose thérapeutique que près de 30% de la population mondiale se trouverait en surpoids et partant en danger de mort.
Bon.
Personnellement, je me suis senti en danger de mort le jour de ma naissance, la faute à un traumatisme familial, la résurgence d’une histoire forcément tragique que mes ancêtres se seraient amusés à m’infuser dans les veines, histoire de s’assurer que je ne devienne pas un imbécile heureux.
Ce en quoi, concernant ma qualité d’heureux, ils ont parfaitement réussi.
Pour imbécile, c’est plutôt variable.
Désœuvré comme je peux l’être parfois, souvent même diront certaines mauvaises langues crachotant leurs vipérines remarques au sujet de ma paresse supposée, je me suis donc amusé à calculer l’indice de ma masse corporelle afin de de savoir si j’allais mourir un jour ou si j’étais bon pour glandouiller une vie de patachon jusqu’à la fin des temps.
Evidemment je n’aurais pas dû.
Le résultat a été sans appel.
Avec un résultat de 25.1, je suis officiellement déclaré en surpoids et j’ai reçu dans la foulée un mail de l’Organisation Mondiale de la Santé m’avertissant que l’heure de ma mort se rapprochait à grand pas.
Si seulement Dame Nature avait eu la bonne idée de rajouter un malheureux centimètre à ma taille pourtant déjà lilliputienne, ou si je ne m’étais pas resservi hier soir une triple portion de carottes râpées, ou si j’avais pris la peine de descendre à cloche-pied les escaliers avec la poubelle juchée sur mes épaules, je m’en sortais.
Là, non.
Il est vrai que je souffre d’une pathologie rare et franchement honteuse qui m’handicape grandement dans ma vie de tous les jours, notamment au moment de décliner mes mensurations au préposé de la préfecture à l’heure du renouvellement de mon passeport : je suis plus gros que grand.
Je l’ai toujours été.
Jusqu’à mes treize ans, j’étais si minuscule que ma mère, craignant que je ne finisse, à force, par rapetisser au point de disparaître, avait fini par convaincre le docteur de famille de m’administrer des pilules d’hormones de croissance manquant par ailleurs en agissant de la sorte de commettre un infanticide auquel j’ai pour l’instant réchappé.
Et de doubler mes rations quotidiennes de couscous, convaincue que la graine contenue dans la semoule possédait des vertus magiques, de celles qui permettent par exemple à un adolescent haut comme trois briques au miel de se métamorphoser en un adulte capable de rivaliser avec les grands de ce monde.
Et miracle je crûs.
Pas de beaucoup mais je crûs tout de même assez pour que ma mère ne crut plus (ah ah ah) que j’étais destiné à vivre une existence misérable où, petit parmi les petits, je n’aurais jamais pu m’élever plus haut que le rang de simple tâcheron tout juste bon à cirer les chaussures des puissants de notre stratosphère.
Je crûs donc et en parallèle je développais ma masse musculaire par la pratique assidue de nombreux sports avec comme conséquence que mon poids crût, crût si fort, crût si vite, crût si haut qu’il finit par dépasser ma taille, réduisant donc à néant mes chances d’inscrire ma destinée dans le marbre de l’éternité.
Je suis donc coupable.
Et je donne le mauvais exemple à toute cette jeunesse moribonde qui se paluche le cervelet en lisant mes niaiseries.
Remarquez bien, je ne suis pas le seul.
Bien qu’il soit deux fois plus grand que moi Roger Federer souffre du même mal que le mien : 1m86 pour85 kilos.
Pas étonnant après cela que sa carriere tennistique n’ait jamais vraiment décollé.
Plus proche de mes standards, je trouve aussi comme compagnon d’infortune Eden Hazard qui fort de son 1m73 pour 74 kilos le condamne à être un footballeur du dimanche.
Le monde moderne est devenu un enfer climatisé où l’idée de la mort même est devenue scandaleuse.
A force de vouloir coûte que coûte allonger la durée de la vie, il arrivera un jour où, dans les tribunaux, des morts viendront porter plainte auprès de leurs docteurs pour promesses non tenues…
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Depuis que je regarde le Mondial, j’ai honte d’être juif.
Alors que d’habitude nous n’avons pas notre pareil pour nous retrouver sous les feux de la rampe, éblouissant de notre génie intemporel les diverses activités du champ humain, récoltant ici et là mille et unes gratifications prouvant la fulgurance de notre pensée, là, depuis le début des rencontres, nous n’existons plus.
J’ai eu beau décortiquer le pédigrée des 736 joueurs convoqués pour cette compétition, tâter de leurs arbres généalogiques, traquer le moindre indice d’une possible ascendance juive, interroger la structure de leurs visages, scruter leurs morphologies nasales, étudier leurs bulletins scolaires, consulter leurs professions de foi, nulle part je n’ai trouvé la trace d’un joueur portant son judaïsme en crampons.
Grace à Google, j’ai quand même fini par en débusquer un : Kyle Beckerman, milieu de terrain dans l’Equipe américaine.
C’est peu.
En pourcentage, on obtient donc 0.00135689565 et des poussières de présence juive au Mondial brésilien.
Un chiffre qu’on pourrait éventuellement doubler, considérant que Mario Balotteli, le fantasque et déconcertant avant-centre de la Squadra Azzura, a été adopté par une famille juive mais j’ignore si le rabbin serait d’accord, la Torah à ce sujet – j’entends l’adoption de footballeurs – restant, pour une raison mystérieuse, des plus élusives.
Quelle déconfiture.
Je ne m’en remets pas.
La faute bien évidement à ces satanées et obtuses et castratrices mères juives qui, à chaque fois qu’un de ses enfants émet la simple hypothèse d’abandonner ses études afin de se consacrer pleinement à une activité sportive, menacent soit de se défénestrer, soit de le déshériter, soit les deux à la fois.
Combien de carrières prometteuses ont été ainsi brisées dans l’œuf, à commencer par la mienne qui pourtant s’annonçait sous des auspices plus que favorables.
Le jour où j’ai annoncé à ma mère que j’ambitionnais très sérieusement de devenir le nouveau Rocheteau, que je me sentais plus disposé à fréquenter des vestiaires que des cabinets d’expert-comptables, elle m’a pris par les cheveux et m’a dit textuellement :
” Mon fils, si tu me fais un coup pareil à moi ta propre mère qui t’a engendré dans la douleur et la souffrance, moi qui t’ai tout sacrifié pour t’élever, absolument tout, moi qui t’aime comme la prunelle de mes yeux, ce four (oui on était dans la cuisine lorsque j’ai suggéré de me métamorphoser en Rochetalovisch), tu sais quoi, je l’allume, je règle le thermostat au maximum, je me glisse dedans, je referme la porte et je me laisse fondre “.
C’est ça que tu veux ?
Non maman.
Du terrorisme émotionnel capable de défootballiser n’importe quel gamin ayant eu le malheur d’être né dans une fratrie juive, de l’obliger à échanger sa paire de crampons contre la collection complète du code des impôts, de renoncer à gambader sur des pelouses verdoyantes pour mieux moisir d’ennui dans des prétoires confinés à défendre le gendre de Madame Boutboul, d’abandonner ses rêves d’entendre son nom scandé par une foule en délire pour le plaisir de revitaliser les dents en perdition de Monsieur Abecassis.
Avec comme résultat, un seul malheureux footballeur juif présent au Mondial.
Toutefois, comme toujours dans l’histoire juive, même à ses heures les plus sombres, il demeure une lueur d’espoir.
Le brillantissime entraîneur de la Colombie, José Pekerman, ancien international argentin, se trouve être le fils de parents juifs venus tout droit d’Ukraine.
A dire vrai, j’aurais dû m’en douter.
Il suffit de voir évoluer l’équipe colombienne pour comprendre son essence profondément juive : sa roublardise, sa capacité à transformer du plomb en or, sa façon de monopoliser le ballon comme d’autres phagocytent les banques mondiales, son âpreté au gain, sa manière de constamment venir se plaindre à l’arbitre de fautes qui n’ont jamais été perpétrées, cette inclinaison à se victimiser sans cesse pendant 90 minutes, ce penchant à manipuler les règles du jeu afin qu’elles abondent dans leur sens, sa sournoiserie à œuvrer toujours dans l’ombre de leurs adversaires.
Pourvu seulement que la Colombie ne remporte pas la Coupe du monde, sinon on va encore dire que…
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Tous les quatre ans c’est la même histoire qui recommence.
Quand survient le Mondial, Madame se surprend à avoir des engouements footballistiques.
Elle qui jusqu’alors boudait avec une obstination rare la retransmission de matchs dont je me gavais avec ostentation, qui considérait ma passion pour le ballon rond comme une déviance plus que suspecte, comme l’expression d’un dérèglement cérébral avéré, là voilà encline à réviser ses jugements sitôt le Mondial entonnant de nouveau sa petite musique de chambre.
Pour une raison qui m’échappe, le folklore, la communion des supporters, l’internationale du bonheur, le sourire de Sepp Blatter, l’organisation de cette compétition provoque chez elle des débordements d’enthousiasme qu’elle réservait jusqu’alors au visionnage des photos du dernier moutard engendré par sa meilleure camarade de promotion.
Evidemment comme elle a tout oublié des règles pendant ces quatre longues années où sa passion aura hiberné sous des couches d’ignorance, il me faut reprendre à zéro son éducation footballistique qui souffre de lacunes si béantes qu’elle nécessite de ma part un considérable effort intellectuel afin d’expliciter d’une manière aussi simple et pédagogique que possible les retorses lois du roi des sports.
Le nombre de joueurs par équipe, la durée d’une rencontre, la définition exacte d’un coup franc direct, la différence entre un carton jaune et rouge, le champ d’intervention de l’arbitre, la raison de l’existence du point de corner, le pourquoi du sifflement d’un penalty, l’explication relative à la nécessité ou pas d’effectuer un changement, les règles du calcul du goal-average, l’intérêt de porter des protège-tibias, le nom du coiffeur de l’entraîneur.
Explications qu’il faudra répéter match après match, d’une manière quasi continue, dans le même infini ressassement qui finira toutefois toujours par achopper sur la délicate question du hors-jeu, échec patent qui se traduira pas l’exclamation forcenée et répétée de ” mais c’est pas possible il y avait hors-jeu là ” au moment d’une passe en retrait du défenseur à son gardien.
Des couples se sont déjà délités sur la question du hors-jeu de position.
D’autres ont fini par divorcer.
Certains se sont écharpés au point d’en venir aux poings.
C’est le moment que je redoute le plus lorsque le jeu s’interrompt suite au lever du drapeau du juge de touche.
Son regard alors qu’elle m’adresse, ce regard plein de perplexité inquiète, d’étonnement scandalisé, de remontrance outrée, de soif d’explication que je tâche de lui fournir mais d’une manière si abrupte que sa confusion va s’agrandissant avant de se transformer en une colère froide qu’elle retourne contre le chat qui s’en mange une avant de valdinguer du canapé.
Mais aussi ses glapissements quand un tir pourtant anodin, destiné à décoiffer un abruti de supporter posté derrière les buts, appelle chez elle une excitation qu’elle ne sait contenir, certaine d’assister à un évènement d’une portée universelle.
Ces petits couinements à répétition servis tout au long de la rencontre à propos de faits de jeux discutables qui m’amènent à me demander si en cas de meurtre perpétré à la hache suivi d’une trépanation opérée à la scie sauteuse, je pourrais attendrir un jury populaire en plaidant la torture mentale comme circonstance atténuante.
Ces exclamations extatiques sur l’arrière-train d’un avant-centre colombien, ses évanouissements devant l’exposition des pectoraux d’un milieu portugais, ses feulements face aux cuisses d’un ailier nigérian, ses soupirs d’épouvante quand un joueur interprète le rôle du malade imaginaire en éructant de douleur feinte.
Ces remarques parfois pleines de bon sens qui me laissent interdit de surprise et m’amènent à me demander si en douce elle n’aurait pas ajouté la lecture du site de l’Equipe à ses favoris.
Ses encouragements à des équipes en bois au seul motif qu’ils portent beau leurs nouveaux maillots.
Son obstination à supporter des formations pratiquant un jeu contraire à ma conception du football où l’élégance du beau geste, la fluidité entre les lignes, la grâce d’une passe exécutée dans le dos des défenseurs, priment sur tout autre considération.
Encore deux semaines à tenir.
Pas gagné.
P.S : Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
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Comme vous aviez bien aimé ses précédents romans même si vous n’en avez gardé aucun souvenir, quand vous apprenez que Donna Tartt publie un nouveau livre, vous tournicotez autour de la possibilité de le lire, quand bien même, vous-même plongé dans l’écriture de votre œuvre immortelle, vous rechignez d’habitude à lire des œuvres par trop contemporaines.
Juste question d’hygiène mentale.
Comme vous vivez dans une ville étrangère, vous ne trouvez évidemment nulle part le roman dans sa version traduite.
Aussi, comme vous n’avez guère envie de débourser ce qui vous reste d’économies, préférant à la place offrir à votre chat un nouveau grattoir, en demandant à une amazone de venir vous le livrer à domicile, le livre, pas le grattoir, vous finissez par l’acheter dans sa version originale malgré son titre, The Goldfinch qui, considérant votre niveau d’anglais des plus chaotiques, vous évoque plus le titre d’un film de James Bond que le nom d’un oisillon.
Lequel nom, une fois que vous apprendrez sa signification en français, le “chardonneret”, vous laissera également perplexe, vos connaissances ornithologiques étant tout aussi sommaires que vos compétences en verbes irréguliers déclinés dans la langue de Morrissey.
Qu’importe.
Le roman comporte plus de 700 pages et cela vous convient bien : vous avez toujours aimé souffrir, relever les défis les plus ardus, vous lancer dans des entreprises vouées dès le départ à l’échec, vous éprouver afin de vous convaincre que décidément vous n’accomplissez jamais rien comme les autres.
Que pour résumé, vous êtes de toute éternité un petit con snobinard, imbu de vous-même, égotiste à souhait, un branleur de pseudo-intellectuel assez épris de sa personne pour livrer à intervalle régulier vos réflexions dans un blog que personne ne lit, pas même votre chat.
Vous prévenez votre compagne d’annuler tous les repas auxquels vous n’étiez pas même convié vu qu’à partir de maintenant et jusqu’à nouvel ordre, vous passerez vos soirées en tête-à-tête avec Donna.
Etrangement, vous n’éprouvez pas de réelle difficulté à vous immerger dans l’univers du roman, quand bien même il vous faudra quelques pages supplémentaires afin que vous parveniez à comprendre que le héros a effectivement embarqué avec lui le tableau qui donne le titre au roman.
Ce qui de prime abord vous avait échappé.
Sûrement un moment d’inattention ou alors l’irruption soudaine de votre chat qui, ivre de croquettes et de soleil, pensant que l’oiseau présent sur la couverture se mettait à sautiller pour de vrai, aura perpétré un vol plané rebord de la fenêtre-couverture du livre avec comme conséquence un triple salto arrière effectué par Donna et ses amis.
Mais hormis ce petit incident, votre lecture va bon train.
Evidemment, vous ne comprenez pas tous les mots, loin s’en faut.
Sitôt que les dialogues s’évanouissent, que les descriptions s’allongent, que la langue fourmille d’adjectifs subtils, ruisselle d’adverbes précieux, s’orne de locutions savantes, votre cerveau à l’arrêt émet des signaux de détresse mais vous avez décidé une fois pour toutes de ne pas en tenir compte.
Tout comme vous refusez de vous servir d’un dictionnaire.
D’expérience vous savez que ce serait vous saborder.
Consulter un dictionnaire à chaque expression non comprise par votre imbécile de cervelet vous amènerait à interrompre votre lecture d’une manière si répétée que vous finiriez par vous fiancer avec votre Harrap’s en une étreinte si furieuse qu’à l’heure actuelle vous seriez entrain de publier vos bans de mariage.
Vous savez que c’est sans importance.
Vous pouvez ainsi comprendre, à titre d’exemple, que l’auteur vous entretient d’un ciel frondeur, d’un orage grondant au loin, même si vous seriez bien en peine de déterminer l’exacte couleur des nuages décrite avec le plus grand soin par l’auteur, grise, grisâtre, grisonnante, cendrée, allez savoir, mais à partir du moment où vous avez saisi qu’il va bientôt pleuvoir et non pas que le héros s’apprête à aller skier, l’essentiel est acquis.
Et c’est ainsi qu’un beau jour, heureux comme Saga qui aurait fait un beau voyage, vous arrivez au terme du roman.
Vous vous congratulez, vous vous adressez des louanges, vous finissez par pardonner votre chat voltigeur, et quand on vous demande, ” au fait il est comment le dernier roman de Donna Tartt ? “, vous répondez d’un hautain, ” je l’ai lu en anglais, la langue est tout à fait remarquable”.
Et vous changez vite de sujet de discussion.
C’est plus prudent.
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