A dire vrai, avec la fin du Mondial, je craignais de vivre un été assommant d’ennui, sans relief, ronronnant des journées abrutissantes de banalité, ressassant la vieille rengaine d’une actualité condamnée à attendre la rentrée pour reprendre des vraies couleurs.
L’affreux ressac de ces cieux ensoleillés que rien ne vient troubler dans sa parfaite monotonie, l’entassement de nouvelles aussi passionnantes que le nombre de kilomètres bouchonnés aux alentours du Tunnel de Fourvière, les bébés oubliés à l’arrière des voitures, les bancs de méduses, les alertes aux noyades dans les piscines, les reportages sur le prix du melon, sur le coût d’achat d’un ventilateur et, enfer des enfers, la reprise de la Ligue 1 avec un tonitruant Evian contre Caen comme affiche suprême.
Heureusement, afin de nous sauver de cette léthargie ambiante, nous avons droit aux derniers chapitres du grand roman de la Bande de Gaza et avec eux la garantie de vivre un été des plus palpitants.
Avec le comptage scrupuleux des victimes dont désormais les sites d’information continue font leur miel, nous entretenant minute par minute du score de la rencontre, réinitialisant toutes les dix minutes le funèbre décompte, s’impatientant dès qu’un temps mort intervient, réclamant son lot de nouvelles sanguinolentes afin de satisfaire le lecteur se paluchant de plus belle au fur et à mesure que s’élève le nombre des tués.
La joie des commentateurs et experts de tout poils, capables de résoudre en deux minutes un conflit si ardu à déchiffrer, engoncé dans des problématiques si complexes à définir que les protagonistes même de cette guerre sans issue en sont à ignorer jusqu’à la raison de leurs agissements.
Une guerre impossible où il ne peut y avoir de vainqueur.
La lutte toujours recommencée entre la modernité et l’obscurantisme, entre l’idée de progrès et l’ancrage dans un monde figé, obtus, régi par des lois appartenant à une autre époque, le combat perdu d’avance d’une démocratie opposée à une certaine forme de dictature religieuse où, pour faire triompher ses idées, on n’hésite pas à sacrifier ses propres enfants afin de s’attirer la sympathie de la communauté internationale.
Des échelles de valeurs si diamétralement opposées que tout espoir de dialogue se retrouve mort-né.
Et sur les champs brûlants de cette désespérance dansent et ricanent les esprits dérangés de ceux qui depuis toujours pensent, affirment, décrètent que la faute originelle ne peut, par simple principe métaphysique, être attribuée qu’au juif dont on continue à se demander par quel impossible et scandaleux miracle il souille encore de sa présence malfaisante la surface de la Terre.
De ce juif qui après des siècles d’humiliation, d’exil, de déportation, n’aspire plus qu’à une seule chose : s’endormir tous les soirs dans le périmètre sécurisé de sa propre terre en ayant l’assurance que demain il ne faudra pas à nouveau reprendre les routes de la désolation.
De ce juif qui a tant apporté à l’humanité et a reçu si peu.
De cet être insaisissable, effrayant par nature parce qu’indomptable, ayant toujours refusé de se laisser apprivoiser et payant depuis le prix de son obstination.
L’antisémitisme est une drogue dure.
Qu’on a consommé depuis des siècles dans des proportions si démesurées qu’il demeure désormais impossible de vivre sans.
Si puissante qu’elle provoque des ravages dans des contrées où pourtant on n’a jamais vu le moindre prépuce circoncis d’un juif.
Et pour lequel, comme la méthadone pour l’héroïne, on a trouvé un substitut plus convenable à s’injecter dans les veines : cet antisionisme de bon aloi qui permet aux bonnes consciences d’épancher leur fiel sans avoir mauvaise conscience.
Ainsi soit-il.
Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true )
Un modèle du genre où la concision le dispute à la pertinence, le tout servi par une prose impeccable. Tout est dit et “the rest is silence”. Merci Mr Sagalovitsch.
je crois être né ou presque avec cette guerre..je pense que je mourrai avec elle.
et je ne comprends toujours pas les tenants et les aboutissants qui la font perdurer..
Accords & divergences.- L’ennui épargné d’ « un été assommant » nous coûte la sinistre rencontre, toujours recommencée, de la désolation. Grand écart d’avec les « fendantes » [c’est plus moderne] empoignades à la « Clochemerle » (1934) d’un Gabriel Chevallier. On glissera sur l’insatiable pépie de sang versé aussitôt dilué dans les méticuleux chiffrages – plus « vendeurs, Coco, que les statistiques du chômage ! » – des chaînes et sites en quête continue de manne publicitaire. Les experts s’autoproclament pour lâcher leur… « analyses », tels les lanceurs automatiques, leurs balles sur les courts. Assentiment enfin sur la lutte chronique « entre la modernité et l’obscurantisme ».
La divergence s’esquisse avec le sacrifice délibéré, si l’on vous suit, d’enfants à soi à seule fin d’alerte médiatique. Nouveau ? Non. Est-ce généralisable ? Difficile : tous les habitants de Gaza ne soutiennent pas le Hamas. Et, pour « chirurgicales » que soient les frappes israéliennes (réponse aux roquettes palestiniennes) en milieu urbain, elles ont fatalement le bistouri moins assuré. Enfin, nul doute que « l’antisémitisme est une drogue dure ». Mais, pour n’y jamais céder, faut-il s’interdire toujours la moindre réserve sur la politique de tels ou tels gouvernants de l’État d’Israël ? Et si l’on déroge en pesant, forcément mal, mais de bonne foi, faits et mots, le verdict sera-t-il toujours : « antisémitisme ! » ? Parmi les moins obscurs et les moins obtus, un Edgar Morin en fit la douloureuse expérience.
Pour la porte de Brandebourg, symbole d’union nationale retrouvée en 1989, on inclinerait à penser qu’y fêter une quatrième victoire au Mondial, attendue depuis deux décennies, n’est pas choquant. Ou alors, soupçonnons les Allemands d’aujourd’hui de se revancher des Français de 1944, en emportant à domicile la réplique du trophée Jules Rimet, un Français justement, ancien président de la Fédération internationale de football association…
Humour, ou non ?
Très bon article sur la forme, le fond un peu plus décevant, évoquer l’anti sionnisme (condamnant l’occupation illégale d’un État) comme un substitut de l’antisémitisme (haine du peuple juif), malgré que le drapeau du premier est brandit sous couvert du second , est un raccourci dangereux et insultant pour les victimes de ce conflit. Il est légitime de critiquer un État, mais il ne l’est pas d’haïr un peuple.
“De ce juif qui a tant apporté à l’humanité et a reçu si peu.” Oui.
Et en prime il faut déplorer d’avoir à se réjouir que seul ce genre d’événement réussisse à extraire la sève, l’huile essentiel de votre génie, monsieur Sagalovitsch (je-vous-aime-moi) !
Votre billet a ceci de fabuleux qu’il m’apprends le degré incessamment élevé de mon ignorance. Je suis, part ce billet, séduit par la forme, mais impassible, en ce qui est du contenu car n’y comprenant rien. Et pourtant c’est du français que vous avez à la bouche Mr. Le Gentilhomme Sagalovitsch. Mais, le mot ou groupe de mots qui me pousse à une seconde relecture est ” la bande gaza”. Comme c’est atroce votre description de cette situation! N’y a-t-il pas d’autres moyens moins moyenâgeux de parler de ces pauvres gazaouits? Sûrement non. Sinon vous l’auriez employé. N’est-ce pas cher ami? Et comme je vous vois hocher de la tête, je n’ai plus qu’à me taire. Ainsi sont fait les juifs, ils ne changeront donc jamais?
Je retire ce que j’avais écrit 2 billets plus tot, ca ne m’amuse plus de lire vos betises, ce ne sont plus des betises, ce sont de dangereuses conneries. Réduire l’antisionisme à une forme d’antisémitisme et se demander pourquoi ce conflit ne s’arrete pas, c’est comme aller nu chercher ses enfants à la sortie de l’école et se demander pourquoi on finit toujours au poste.
Essayez juste de vous demander pourquoi le sort du peuple palestinien vous interpelle tant. C’est tout ce que je vous demande. Maintenant si avez une compassion égale pour tous les damnés de la terre, que vous souffrez pour eux avec la même exacte intensité mise à l’œuvre dans votre rapport à la Palestine, je vous accorderais bien volontiers le bénéfice du doute. Sinon…
encore ?!
“il voit des antisémites partout”
merdalor. mais il est vrai qu’un changement eut été plusseke surprenant…
c’est surtout un feuilleton bien chiant, toujours bloqué sur le premier épisode.
pour commencer : résolution 242.
ensuite que chacun fasse ce qu’il souhaite sur son bout de terrain alacon : obscurantiste ou pas, c’est selon.
“L’humour provient parfois de l’incompréhension qui surgit lorsque l’on prend quelque chose au premier degré ; ainsi, l’histoire de ce prêtre atrocement mutilé par une race altruiste d’extra-terrestres bien intentionnés à qui il avait eu le malheur d’expliquer que le destin de martyr était un des plus grands auxquels un Chrétien pouvait aspirer.”
Il est vrai que de ne pas oublier de rester drôle devient de plus en plus compliqué.
Ce serait réellement long à expliquer, je pense néanmoins connaitre les réponses, m’étant posé la question avec toute la froideur intellectuelle dont je suis capable (et là il faudra bien me croire sur parole). Je vous dirais pour faire court : “Mais pour la même raison que vous, Laurent, parce que mon histoire personnelle m’y rattache.”
Pour ce qui est de tous les damnés de la terre, hors-sujet. Je vous rappelle que votre billet parle de Gaza. Et remerciez-moi de ne pas vous demander si vous avez la même empathie envers tous les oppresseurs 😉
Si vous estimez vouloir discuter de ça sérieusement, il nous faudra de l’arak et du houmous. J’imagine que vous avez mon mail, prenons rendez-vous.
c’est bien,petit,continue…Tu fais de belles phrases.
Je retire également ce que j’ai dit. Une plume certes mais un contenu douteux et dangeureux, au limite de la caricature confite par de l’ineptie.
Ce qui est intéressant dans ce papier c’est qu’il n’y a pas l’ombre d’une pensée critique, juste des éléments de rethorique qui ont surtout pour but de ne pas réfléchir afin de s’installer confortablement dans ses certitudes. Victimisation, supériorité morale, amalgame, sophisme et pas mal d’ad hominem. Aucun intérêt sauf s’il s’agit d’opposer la bêtise à la bêtise, dans ce cas c’est très réussit.
C’est ce qui fait la différence Nico
Pour vous l’antisémitisme est juste de la rhétorique, pour d’autre une réalité!
La vérité est que l’on a vu, en France, en 2014 une tentative de pogrom, et vous en faites de la rhétorique, au lieu de la combattre!
triste époque!
Jamais dit un truc pareil. J’ai toujours condamné l’antisémitisme sous toutes ses formes et ce n’est pas demain la veille que je vais changé d’avis. Gardez vos cours de discrimination pour d’autres. Je ne m’interdit pas de critiquer des processus, des paroles ou des actes qui me semble t’il ne font qu’aggraver le problème. Je n’ai pas de solution toute faite mais sans changement de paradigme c’est l’escalade. C’est ma façon de combattre.
Comme Sivalon et Olllllive.
Vrai : j’ai rencontré quelqu’un, prof (et pas de sport !), qui croyait que la bande de Gaza était un groupe de militants, un peu comme la bande à Baader. Comme quoi, y a des gens qui n’en ont vraiment rien à faire de ce qui se passe loin de chez eux.
Si Nico,
Sago démontre que l’antisionisme est une forme déguisée d’antisémitisme et vous dites que ce n’est que de la rhétorique!
Si j’ai tout faux expliquez moi!
Je ne vous ai pas supposé antisémite! J’ai dit que n’ayant pas subi l’antisémitisme vous avez du mal à l’appréhender!
Je sais faire preuve d’empathie, désolé. Quant au sionisme on en a déjà parlé, comme si tout le monde s’accordait sur la définition, les tenants et aboutissants, entre un sioniste de gauche et de droite il me semble qu’il y a une petite différence. Dans tous les cas ce qui m’intéresse c’est la paix et non pas les nationalistes religieux mortifères. S’ils sont sionistes je n’y peux rien.
C’est là que vous faites erreur! (à mon avis). Il n’y a pas de différence de définition entre le sionisme de gauche et de droite! Il y a une différence sur les voies pour y parvenir!
Tout le monde (hormis les extrémistes des 2 bords) sont intéressés par la paix! (çà c’est facile) mais comment y parvenir? N’ayant pas de solution, et ne vivant pas là bas je me garderais bien de donner des conseils n’en subissant pas les conséquences!
Par contre je subis les conséquences de l’antisémitisme en Europe, et les non juifs aussi même s’ils ne s’en rendent pas compte: l’antisémitisme aujourd’hui est attisé par les islamistes qui (c’est déjà le cas dans les régions qu’ils contrôlent) s’en prendront ensuite aux chrétiens et à tous les non musulmans puis aux musulmans modérés!
Pourquoi pas, n’étant pas un spécialiste de la question j’aimerais bien connaître ce que vous entendez par sionisme. Quand à “l’islamisme” comme vous dites je ne vois pas ou vous voulez en venir, il faudrait quoi? Tous les tuer? Et que fais t’on des juifs qui se radicalisent? J’ai lu un article sur Le Monde dont je ne vais pas mettre le lien ça pourrait vous empêcher de penser par vous même paraît il. Il s’intitule “Face à face entre extrême droite et “gauchistes” dans les rues de Tel Avive.” Si vous avez l’occasion de la lire j’aimerais bien connaître votre avis sur ces faits.
Chaque que nous pensons que c’est fini que nous sommes pareils comme les autres et en plus que maintenant nous pourrons distribuer encore plus de générosité, la bête immonde se réveille et nous rappelle que nous sommes juifs et nous dit vous, vous êtes toujours vivants et pourtant, on a tout fait pour vous voir disparaitre, tout le monde s’y est mis, des hitjers dans tous les siècles, des terroristes plus sanguinaires que jamais, même des chefs d’états qui nous disent être nos alliés. Oui, nous sommes vivants, plus encore qu’avant car HM, la vie et l’espoir nous accompagneront jusqu’à la fin des temps.