Il y a trois ans jour pour jour j’écrivais le premier billet de ce qui allait devenir le blog le plus vu, le plus connu, le plus lu par mon chat rejoint dans cet exercice douloureux par quelques amis lointains.
Depuis, à ma stupéfaction ahurie, j’en ai composé 346 autres.
Je ne m’en pensais pas capable.
Je le pense toujours.
Je crois pouvoir me vanter que, hormis une poignée, je n’en ai bâclé aucun.
Certains étaient assurément moins inspirés que d’autres.
Nombreux ont dû paraître bien poussifs ou sans grand intérêt.
Mais tous ont été écrits, l’angoisse cintrée au cœur, la peur au ventre, certain que j’étais que, cette fois, je n’aurais rien à dire, que je n’avais aucune légitimité à m’exprimer sur tel ou tel sujet, que je n’étais qu’un faussaire dont bientôt on finirait par découvrir la réelle identité : celle d’un usurpateur à la petite semaine sans envergure aucune.
Je ne connais pas la recette pour être un tenancier de blog respectable.
A chaque fois que j’achève et publie un papier, je savoure quelques heures de repos, je m’adresse des félicitations sincères, je me flatte d’être arrivé encore une fois à produire un papier qui, s’il ne brille pas par son éloquence, demeure tout de même écrit dans une langue assez honnête pour ne pas susciter l’ennui ou la désolation.
Puis passées ces quelques heures, lancinant et redondant, le doute revient.
Toujours.
Que vais-je bien pouvoir écrire la prochaine fois ?
En quoi mon avis pourrait-il donc intéresser un éventuel lecteur ?
Quelle légitimité ai-je à m’exprimer sur des sujets dont parfois, souvent même, je ne sais pas grand-chose.
C’est que je suis un expert de rien ou sinon de moi-même.
Je n’ai pas une intelligence très profonde, je n’entends rien à la marche du monde, je ne possède pas assez de connaissances pour juger de la manière dont les grands argentiers conduisent leurs affaires ou les politiques leurs barques, je mène une existence des plus banales, je me sens tout le temps dépassé par mon époque, j’ai une tendresse rentrée pour le genre humain et, surtout, je n’ai même pas de compte twitter.
Je possède juste assez de roublardise pour apparaître comme un amuseur public dont on se plaît à lire les billets sans toutefois y attacher trop d’importance.
Ce qui me convient et me correspond.
Tenir un blog, avec la régularité qui est la mienne et dont je m’honore (si j’ai le droit), demande une énergie folle, un investissement total, une disponibilité d’esprit entière, et pourtant, paradoxalement, depuis que je me suis lancé dans cette entreprise inconsidérée, j’ai aussi publié un roman et me retrouve en train d’en achever un autre.
Comme si le fait de pouvoir cracher mes colères, clamer mes indignations, pousser mes petits jappements de douleur avaient contribué, par une étrange alchimie, à me stabiliser, me permettant de jouir d’un calme intérieur assez souverain pour mener de front ces deux activités que tout oppose mais qui se retrouvent dans l’amour des mots que j’essaye de ne pas maltraiter de trop.
Le malheureux qui, pour une raison biscornue, souffrant d’une incontinence mentale considérable, ambitionnerait de se farcir l’intégralité de ce blog devrait avaler plus de deux cent mille mots, soit un livre de six cents pages.
C’est colossal et franchement inattendu venant de ma part.
Parallèlement, douze mille commentaires ont été postés.
Par dizaines, j’ai reçu des invectives, des injures, des insultes, une fois un compliment, des crachats, des postillons, des mises en garde, des mises en bières, des mises à mort, aucune demande en mariage, des doigts d’honneur, des sermons, des avertissements, des injonctions, deux remerciements, des baffes virtuelles, des menaces de procès, des promesses de castration.
On m’a traité de sale juif. De sémite enragé. D’israélite de souche.
De petit con.
De grand con.
De con tout court.
De vrai connard.
Je l’ai bien cherché.
Et j’ai adoré cela.
Et si ça se trouve, je vais même continuer.
Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true )
Of course il faut continuer, ça ma va bien moi en tous cas tous ces épanchements pseudo-intello-juifo-déliro-pas beaux. Je vais peut être même acheter un livre….. Pas encore fait, étonnant non quand on sait quel plaisir j’ai à voir qu’un nouvel article est paru au blog officiel de notre juif préféré…..il en faut un, on se le doit,comme on doit respecter la parité homme/femme, un pourcentage d’handicapés en entreprise, dire bonjour au monsieur qui tend la main tous les jours devant le magasin…… Allez, que Dieu, Allah Krishna , popeye, Michel Sardou ou votre voisin vous bénisse et bonne journée à tous! M’en vais me sustenter …
Ah non pas Sardou par pitié !
Ce qui suit n’est pas : une invective, une injure, une insulte, un compliment, un crachat, un postillon, une mise en garde, une mises en bière, une mise à mort, une demande en mariage, un doigt d’honneur, un sermon, un avertissement, une injonction, un remerciement, une baffe virtuelle, une menace de procès, une promesse de castration. Quoique vous paraissiez (je relativise) masochiste, je retiens sans douleur mon sadisme. Ce qui précède et suit ? Une simple suggestion.
Malgré les multiples sujétions auxquelles se soumet le « tenancier » de blog et sans que ses « papiers » virtuels s’apparentent à un lupanar non moins virtuel – Diderot écrivit joliment : « Mes pensées sont mes catins » dans “Le Neveu de Rameau” –, peut-on vous suggérer de continuer à bloguer, blaguer, blablater, vitupérer, pourfendre, dénoncer, et même virtuellement occire ? Pourquoi pareille suggestion ? Parce que beaucoup de vos lecteurs sont dépendants. Et qu’être attaché à votre blog vaut bien une quantité d’autres dépendances.
Ce qui suit et précéda n’est pas non plus courbette de courtisan (le féminin aurait un sens voisin), c’est un appel à votre humanité : Internet fournit trop peu d’occasions de sain défoulement, de « purgation des passions » à la grecque [enfin, presque : vous êtes un tragédien de plume, sinon de scène]. Alors, continuez !
D’ailleurs, ce blog qui vous est instrument de catharsis – vous y crachez vos colères, y clamez vos indignations, y poussez vos petits jappements de douleur, dites-vous –, l’est aussi pour d’autres, notamment pour des vieux assez las de leurs éructations vaines, mais reprenant sève, sans risquer l’apoplexie, à travers vos alarmes très, mais alors très souvent, légitimes.
Surtout, n’oubliez pas l’excellente recette : conduire deux activités parallèles permet de garder à chacune sa dose d’oxygène. À vous lire.
Vous me faites rire et c’est si précieux. Mais pas que .. Heureuse que vous continuez . L’impertinence et la sincérité avec parfaite mauvaise fois sont rares. Comme beaucoup me réjouis quand je vois l’avis de nouveau billet . Bel été !
et jamais de vieux con ? ça m’étonnerait !
Bonne idée que celle de rassembler toutes ces chroniques dans un bouquin !
Quid du j’ai des de doutes est-ce que vous en avez ?
De toute façon, on le sait en te lisant. Tu ne nous racontes rien de bien nouveau sur ce par terre luisant mais, tu transmets avide, l’essentiel de ce qui doit être dit. La plume est fluide et habile, comme je t’envie ! bravo l’artiste !
Pour la première fois de ma vie, mon nom vient d’être cité dans un blog, celui de Saga. Eh oui, je suis bel et bien le “douze millième hommes” dont vous parlez. Merci.
Franchement je suis heureux de le lire vos articles, Mr. Le juif grognon. Un secret: j’ai toujours voulu devenir comme vous, mais c’est “déjà gâté” car vous êtes juif, chauve, ventru, fou, foutu. Le seul juif en ma connaissance connaissance qui s’en bat les couilles de l’antisémitisme. Vous êtes un mec chouette. Joyeux anniversaire dans cette marre de blogitude.
Et au petit déjeuner, pianoter sur son téléphone pour voir si de l’autre côté des océans, la plume inspirée de Laurent Sagalovitsch a sévi pendant notre sommeil… Si pour vous Laurent l’écriture du blog vous stabilise, que pour nous elle nous épanouit, que vont devenir les vendeurs de temesta ? Vivement la sortie du roman, relecture enjouée de Loin de quoi et sur le qui vive de Dade City en attendant. On ne vous le dit pas à chaque fois, ce serait inconvenant, mais continuez !!!!!!!!!!
Personne pour m’insulter ?! Vils flatteurs que vous êtes tous
Surtout n’arrêtez jamais; je me régale de vos mots, de votre écriture subtile. Je ne sais pas écrire, alors, je me contenterai d’un bravo. Continuez!!!
Il sort quand le dernier bouquin ?
Il est pas mort au moins Simon ?
J’adore le Blog, mais j’aime encore mieux Simon si c’est possible.
Y’a plus de Simon !
dans ce concert d’éloges, si je puis me permettre un avis légèrement divergent….
quand je pense au grand médecin psychiatre que tu aurais pu devenir…si tu avais été moins paresseux…(sans compter la fierté pour la branche soussienne de ta famille) …quel gâchis.
et quand je cauchemarde qu’un jour , le lycée François Villon, qui a vu pourtant défiler michel Jonasz, Jean-Jacques Goldman, Patrick Bruel, et les enfants de jacques Higelin (que l’on croisait fréquemment dans les couloirs des professeurs, régulièrement convoqué par le proviseur en même temps que ta propre mère!), quand je pense, donc, que ce lycée pourrait un jour être rebaptisé lycée Laurent Sagalovitsch…alors là, les bras,les mains, les doigts, le stylo m’en tombent…
certains pourraient objecter qu’il il y a bien à Nogent sur marne un gymnase David Douillet, à Vitry sur Seine un stade Tony Parker, et dans plusieurs villes de France des collèges Jean Lefèbvre …alors….
(((pour tout éventuel lecteur de passage (apparemment, une poignée d’irréductibles), ce message est à lire et considérer avec bienveillance, avec humour, (au dix-huitième degré), étant moi-même un “addict malgré moi” à ce blog)))
((à la prochaine))
Y’aura peut être un papier sur les motards. Suspense.
T’as intérêt à continuer. Sinon, j’me fâche. Non mais.
Donc, bon anniversaire à ce blog, bravo pour la constance, c’est ça qui est – sans doute – difficile dans cet exercice : conserver la créativité de l’artiste et assumer la production régulière du tâcheron. Bravo donc à l’un et à l’autre, l’artiste et le tâcheron, et tant pis si ces louanges vont à l’encontre de votre perfide désir secret d’être traîné dans la boue et vilipendé. Et bonne continuation !
Le plus étonnant, n’est pas que vous ayez écrit 300 billets, mais qu’il y ait autant de masochistes pour vous lire et attendre le suivant! 🙂
Et comme on dit dans la famille de votre mère
Kmara 1000 billets! 🙂
Ca m’avait manqué de lire vos betises. Chaque année et vous dans le bien.
c’est quand même bien pratique ce blog pour avoir de vos nouvelles ! parce que pour votre chef-d’œuvre, machia’h sera sûrement là avant !
Il publie chez qui ce Machia’h ?
domaine publique mais il y a différentes éditions, très inégales, dont certaines totalement fantaisistes (vie après la mort, schizophrénie tripartite, prairies gorgées de vierges…), la meilleure édition reste la première à mon goût !
rien à ajouter
ah si, aller les verts!!!
blogitude ça ressemble à solitude mdrr