Tous les quatre ans c’est la même histoire qui recommence.
Quand survient le Mondial, Madame se surprend à avoir des engouements footballistiques.
Elle qui jusqu’alors boudait avec une obstination rare la retransmission de matchs dont je me gavais avec ostentation, qui considérait ma passion pour le ballon rond comme une déviance plus que suspecte, comme l’expression d’un dérèglement cérébral avéré, là voilà encline à réviser ses jugements sitôt le Mondial entonnant de nouveau sa petite musique de chambre.
Pour une raison qui m’échappe, le folklore, la communion des supporters, l’internationale du bonheur, le sourire de Sepp Blatter, l’organisation de cette compétition provoque chez elle des débordements d’enthousiasme qu’elle réservait jusqu’alors au visionnage des photos du dernier moutard engendré par sa meilleure camarade de promotion.
Evidemment comme elle a tout oublié des règles pendant ces quatre longues années où sa passion aura hiberné sous des couches d’ignorance, il me faut reprendre à zéro son éducation footballistique qui souffre de lacunes si béantes qu’elle nécessite de ma part un considérable effort intellectuel afin d’expliciter d’une manière aussi simple et pédagogique que possible les retorses lois du roi des sports.
Le nombre de joueurs par équipe, la durée d’une rencontre, la définition exacte d’un coup franc direct, la différence entre un carton jaune et rouge, le champ d’intervention de l’arbitre, la raison de l’existence du point de corner, le pourquoi du sifflement d’un penalty, l’explication relative à la nécessité ou pas d’effectuer un changement, les règles du calcul du goal-average, l’intérêt de porter des protège-tibias, le nom du coiffeur de l’entraîneur.
Explications qu’il faudra répéter match après match, d’une manière quasi continue, dans le même infini ressassement qui finira toutefois toujours par achopper sur la délicate question du hors-jeu, échec patent qui se traduira pas l’exclamation forcenée et répétée de ” mais c’est pas possible il y avait hors-jeu là ” au moment d’une passe en retrait du défenseur à son gardien.
Des couples se sont déjà délités sur la question du hors-jeu de position.
D’autres ont fini par divorcer.
Certains se sont écharpés au point d’en venir aux poings.
C’est le moment que je redoute le plus lorsque le jeu s’interrompt suite au lever du drapeau du juge de touche.
Son regard alors qu’elle m’adresse, ce regard plein de perplexité inquiète, d’étonnement scandalisé, de remontrance outrée, de soif d’explication que je tâche de lui fournir mais d’une manière si abrupte que sa confusion va s’agrandissant avant de se transformer en une colère froide qu’elle retourne contre le chat qui s’en mange une avant de valdinguer du canapé.
Mais aussi ses glapissements quand un tir pourtant anodin, destiné à décoiffer un abruti de supporter posté derrière les buts, appelle chez elle une excitation qu’elle ne sait contenir, certaine d’assister à un évènement d’une portée universelle.
Ces petits couinements à répétition servis tout au long de la rencontre à propos de faits de jeux discutables qui m’amènent à me demander si en cas de meurtre perpétré à la hache suivi d’une trépanation opérée à la scie sauteuse, je pourrais attendrir un jury populaire en plaidant la torture mentale comme circonstance atténuante.
Ces exclamations extatiques sur l’arrière-train d’un avant-centre colombien, ses évanouissements devant l’exposition des pectoraux d’un milieu portugais, ses feulements face aux cuisses d’un ailier nigérian, ses soupirs d’épouvante quand un joueur interprète le rôle du malade imaginaire en éructant de douleur feinte.
Ces remarques parfois pleines de bon sens qui me laissent interdit de surprise et m’amènent à me demander si en douce elle n’aurait pas ajouté la lecture du site de l’Equipe à ses favoris.
Ses encouragements à des équipes en bois au seul motif qu’ils portent beau leurs nouveaux maillots.
Son obstination à supporter des formations pratiquant un jeu contraire à ma conception du football où l’élégance du beau geste, la fluidité entre les lignes, la grâce d’une passe exécutée dans le dos des défenseurs, priment sur tout autre considération.
Encore deux semaines à tenir.
Pas gagné.
P.S : Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
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Ce « Portrait d’épouse ingénue au moment du penalty », si d’aventure le lisaient quelques féministes du sous-groupe II des Femmes à barbe, section 4 [« Sus aux machos ! »], l’auteur devrait numéroter ses abattis.
Glissons sur l’animalisation passagère de l’épouse – « feulements » (de couguar ?) zyeutant des cuisses nigérianes (colonialisme ?) mâles (concupiscence ?) –, sur son esprit obtus, frappé d’oubli récurrent des lois élémentaires du football, ou, au contraire, prodigue en « remarques parfois pleines de bon sens » (tours plus élogieux : subtiles, pleines de sens tactique).
Cette mise au jour des intermittences du savoir footballistique féminin vise à instiller, à installer, dans l’esprit du lecteur, l’idée de duplicité : l’auteur, soudain « interdit de surprise », se demande si « en douce [l’épouse] n’aurait pas ajouté la lecture du site de “L’Équipe” à ses favoris »… L’insinuation du… loucedé est claire : une femme, ça feint l’ignorance, ça dissimule ses connaissances, et puis paf ! Ça en bouche un coin à l’époux, qu’elle sidère à l’improviste en lâchant une observation d’initiée… Mais d’initiée indépendante, dédaignant l’encyclopédique savoir de son homme sur le ballon rond au profit de gazettes spécialisées. D’où elle tire, fine mouche, la substantifique moelle des us et règles du foot pour moucher l’Assommant toujours collé à l’écran.
Ah, traîtresse !
Et s’il nous fallait relativiser ? Et si, au-delà d’un machisme feint, « Le Mondial, ma femme et moi » était discrète louange de la finesse des femmes, de toutes les femmes, qui s’avancent félines, à feulements feutrés, vers l’homme ébahi par tant de charme et de séduction ?
Rien n’empêche lectrices et lecteurs (reines et rois, n’est-ce pas ?) de ressentir ainsi, la prose de l’auteur. Ou, bien sûr, autrement. Mais nous, c’est ainsi.
(Commentaire de gonzesse ) : On devrait rajouter que, quand même, punaise, ces coiffures de footeux… Ça gêne la concentration sur lles subtilités du jeu, de rigoler autant devant toutes ces crêtes de Mohicans, ces tresses de rasta-vikings, ces galettes, ces touffes, ces monticules, ces pics (que dis-je : ces péninsules capillaires !)…
Quelle bande de victimes de la mode, tous ces gaillards ! Et après on dit que ce sont les filles qui ne pensent qu’à leur look.
Tsssssssssssssssss.
Comme Madame, je ne regarde que les coupes du monde, mais cette année quel supplice leur coiffure, tous ou presque rasés de chaque côté et la crête au milieu !
2 questions : est ce pour l’aérodynamie ou ont ils tous le même coiffeur imposé par la FIFA ?
A part ça, sont un peu prometteur les French….on y croit…un peu…
quand est-ce que ça se termine le mondial ?
jamais!!
Donc si on comprend bien, votre arrière-train est affligeant, vos pectoraux inexistants et vos cuisses immondes… :o(