La messe médite

Insupportable cette attente haletante pour connaître le successeur de Laurence Ferrari aux manettes du journal de 20 heures. Voilà des semaines, depuis que la funeste nouvelle était tombée, celle de la mise à l’écart de la meilleure d’entre nous, que la France, pétrie d’effroi, orpheline de sa chérie, retenait son souffle et, inquiète, les yeux dans les yeux, s’interrogeait sur la nature du prochain potentat prompt à leur servir leur sousoupe d’infos moisies et périmées.

Pujadas, l’as des as, jamais pris la main dans le sas, s’emparait-il de la scène du studio du journal carbonisé au risque d’apparaître comme la figure ressuscitée du Judas de cette Cène des temps modernes ?

Laurent Delahousse ficherait-il la frousse à ces journalistes de cambrousse en leur imposant des sessions d’esbroufe où il jouerait des claquettes avec les touffes des stagiaires tout en détroussant Claire Chazal affairée à débrousser la nouvelle version de son journal dominical avant de lancer la bande annonce de la Mort aux trousses ?

Harry Roselmack deviendrait-il le nouveau mac de service en se démarquant de ses prédécesseurs en décidant de lire les nouvelles à travers le marc de café ou se contenterait-il de noircir des remarques sur la disparition des macaques perdues dans les calandres grecques tout en rendant hommage à Julien Gracq à travers des décalcomanies décalquées du décalogue ?

Saga n’étant pas Devos reprenons le chemin de Davos.

La France n’en pouvait plus de ne pas savoir.

C’est qu’avec le temps, elle s’était habituée à sa Ferrari, à ses réparties toujours saillantes, à la pétillence durasienne de son regard, à l’intelligence affutée de ses remarques avisées, à l’impertinence iconoclaste de ses perfides questions, à cet esprit remarquable de promptitude, toujours aux aguets, pétrie de culture classique, capable de lire son prompteur sans jamais trébucher sur une seule syllabe, antique beauté à la chevelure cendrée, à même de rendre à nos journées désespérantes d’ennui et de conformisme une touche magique de fantaisie même pas réfléchie.

On ne plaisante pas avec le journal de 20 heures. Les français ont déserté leurs églises mais continuent à entretenir des affinités électives avec leurs téléviseurs. Ils ont besoin de leur ratatouille indigeste de nouvelles servies à la tronçonneuse par un automate de présentateur dont on peine toujours à comprendre en quoi il peut se prétendre être journaliste ? Au mieux un dictaphone assez appliqué pour débiter des sornettes avec l’air pénétré de celui qui postule à être le porte-parole de Dieu sur cette maudite planète.

Et Dieu a tranché. Sa parole sera transmise à ses cloportes de sujets par la voix de Gilles Bouleau. Qui ? Gilles Bouleau ? Il est québécois ou quoi ? Na, il marche du ciboulot et carbure à la ciboulette. Chouette.

Saga sors ta calculette, arrête la fumette sinon tu vas prendre perpet’.

Conseil d’un expert.

 

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Twitte-toi quand t’écris

Je l’avoue, au risque d’apparaître comme un affreux pachyderme réactionnaire misanthrope et acariâtre, j’avais déjà grand mal à comprendre l’intérêt fondamental de Facebook avec sa ribambelle d’amis imaginaires égarés dans les coursives fantômatiques du cyber espace, son faux mur des lamentations, ses photos tonitruantes d’inutilité ravageuse ou ses commentaires d’une vacuité vertigineuse – Je vais manger du poulet ce soir – Le poulet était très bon – Je crois que je n’ai pas digéré le poulet – Je confirme, le poulet ne passe pas – Aie, la chiasse au poulet est lancée – Toilettes bouchées, mdr, le poulet est résistant par nature – 200 euros (plombier) ça fait cher le poulet – C’est décidé je deviens végétarien ptdr.

Mais que dire de Twitter alors ? Un chef d’œuvre confondant de connerie à l’état brut. Le comble de l’imbécilité la plus manifeste. La preuve par dix-neuf que l’homme est de toutes les espèces lambinant sur la planète la plus niaise de toutes.

Il est toujours affolant et effarant de constater que lorsqu’une nouveauté apparaît, peu importe sa pertinence ou sa nécessité, notamment dans la sphère des nouvelles technologies, le bipède oublie ce qu’il lui reste de détritus de cerveau, pour s’en enticher et en jouer avec l’acharnement d’un forcené condamné aux travaux forcés.

Car enfin qu’est-ce donc que ce bidule où chacun, dans l’isoloir confiné de sa propre importance, se rêve d’un destin à la Rochefoucauld ou à la Cioran ? Quelle dose extraordinaire de vanité faut-il posséder pour s’imaginer que son simulacre de pensée réduite à 140 caractères puisse intéresser quiconque si n’est un comparse encore plus ahuri que soi ?

L’art bref, car c’en est, exige une précision linguistique inouïe, un sens de la métaphore si développé et si raffiné, un don de la formulation si aigüe que seuls quelques esprits très inspirés, choisis des Dieux, peuvent l’utiliser à bon escient.

Un assassinat perpétré à l’aide de bon mots demeure le plus parfait et le plus exquis des crimes, une suave mise à mort infligée à son mortel ennemi qui jamais ne s’en remettra.

Mis entre les mains d’un pauvre hère qui a déjà du mal à comprendre la teneur d’un éditorial dans télé 7 jours, cet instrument se transforme en une infernale machine à créer à profusion des perles de bêtise crasse, porte-paroles d’une conscience habituée à tourner dans le vide sidéral de ses pensées désincarnées.

Utilisés par nos représentants politiques, ce sont des postillons verbeux qui tiennent plus du crêpage de couettes à l’heure de la récréation que de l’assertion d’une pensée réfléchie et construite.

Des saillies plus dignes de la pétomanie mentale que de la réflexion assermentée.

@laurentsagalovitsch: t’es vraiment qu’un connard bouseux qui pige rien au monde moderne

@laurentsagalovitsch: ils sont tous aussi cons que toi au Canada ?

@laurentsagalovitsch: et ça se prétend écrivain, grave le gars.

@laurentsagalovitsch: plus je te lis et plus je comprends mieux pourquoi je trouve Slate à chier

@laurentsagalovitsch: je suis producteur de poulets et je t’emmerde fraternellement.

@laurentsagalovitsch: me dis pas que t’es payé pour produire de la daube pareille.

@laurentsagalovitsch: pour info on dit pas la preuve par 19 mais par 9. Quelle truffe!

 

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Drôles d’endroits pour un Euro

 

Michel Platini avait souvent des fulgurances lorsqu’il évoluait sur le carré vert de nos pelouses préférées. De celles qui renversaient le cours d’un match et rendaient maboules les défenses adverses condamnées à jouer au jokari avec leurs illusions perdues.

Reconverti en grand manitou des instances footballistiques européennes, Platini n’a rien perdu de sa faculté à se lancer dans des entreprises d’une audace inouïe. Il fallait une bonne dose de courage pour attribuer l’organisation de l’Euro 2012 à des pays aussi bonhommes et accueillants que la Pologne et l’Ukraine.

Deux pays qui respirent la joie de vivre, le respect de l’autre et l’amitié entre les peuples. Deux contrées dont la seule évocation nous donne des envies furieuses de quitter sur-le-champ notre sol natal et de trouver refuge parmi ces villes aux consonances si romantiques qu’elles nous enivrent et nous envoûtent avant même de les avoir visitées : Varsovie, Cracovie, Treblinka, Kiev, Poznań, Auschwitz, Gdansk, Donetsk, Lublin.

Deux belles nations de l’humanisme européen qui tout au long de leur histoire ont su démontrer leur capacité à se sublimer dans l’adversité et à offrir à la veuve et l’orphelin le gîte et le secours quand dans leurs vies il faisait faim et froid.

Je sais bien, il y aura toujours des esprits chagrins, toujours les mêmes d’ailleurs, qui ne pourront, du fond de leurs rancœurs tenaces, s’empêcher de venir rappeler que les Polonais ont eu parfois des comportements limites vis-à-vis de leurs minorités ethniques ou religieuses. Qu’ici et là, de temps à autres, ils ont pu se montrer insensibles quant au sort réservé à leurs compatriotes. Que même aujourd’hui alors qu’il n’existe plus trace de ces fantômes encombrants, ils continuent à leur vouer une inimitié irrationnelle.

Rien n’est plus faux.

C’est oublier que nos amis polonais ont payé de leur sang les errements sanguinaires de leurs cousins germains. Que ce sont eux qui ont été les premières et presque les seules
victimes des abominations nazies. Que ce sont eux qui ont peuplé les infâmes baraquements des camps de concentration. Qu’ils aient été accompagnés par quelques maigres bataillons de descendants des assassins du Christ ne changent rien à la donne. La Pologne a été un pays meurtri qui par la grâce d’un Dieu protecteur et aimant a su retrouver les chemins de la vertu et de la félicité.

Un pays à montrer en exemple pour toutes ces nations qui continuent à verser dans un obscurantisme forcené à l’image de cette France moisie qui s’entête à s’amouracher de ses extrêmes.

Quant à l’Ukraine, il suffit d’avoir discuté un jour avec l’un des sujets de cette démocratie naissante pour se rendre compte que si parfois ils peuvent se montrer  exagérément critiques vis-à-vis de l’homme blanc qui leur inspire méfiance et répulsion, ils débordent de tendresse et d’amour pour tout ce qui est coloré, zébré, mat, jaune, bridé.

Bref, comme lors de ses plus belles années, Platini a encore eu raison avant tout le monde. Il a décroché un de ces légendaires coups francs destiné à dépoussiérer les lucarnes crasseuses de l’Histoire.

Chapeau l’artiste.

 

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Vive le tabac libre

Ah, il fallait les voir, l’autre semaine, lors de la journée interplanétaire sans et contre le tabac, nos petits docteurs de la pensée contemporaine et autres souffreteux sophrologues de la sociologie comportementaliste venir plastronner sur les plateaux de télévision et nous conter par le menu détail combien fumer pouvait fuir gravement à notre santé, comment le triomphant cancer s’amourachait de nos poumons encrassés et emboutissait notre putain d’espérance de vie, ce livret A de nos vies défaites.

Ah c’est qu’ils jouissaient ces nouveaux moralisateurs en éjaculant la longue litanie des méfaits du tabac, la dépendance, le souffle au cœur, les ongles jaunies, les dents gâtés, les vessies dévissées, les affinités électives tissées entre les méchantes bronchites et autre vilaines thromboses, les allergies à répétitions, les asthmes convulsifs, les infarctus soudains et les courts-circuits cérébraux.

Il est entendu, fumer n’améliore pas la qualité de nos précieuses cellules. Prétendre le contraire serait imbécile.

Mais vivre non plus n’améliore pas notre santé. Respirer encore moins. Et lire nous oblige à rester immobile de longues minutes au risque de sédentariser nos vieilles guiboles et redonner une espérance de vie à nos hémorroïdes planquées dans nos cavités rectales.  Et baiser peut conduire directement au cimetière. Et boire est suicidaire. Droguer nous embastille. Écouter Leonard Cohen nous déprime. Manger précarise la longévité de nos intestins. Pisser de trop fatigue notre prostate. L’onanisme forcené maltraite nos poignets.

Pourtant, à les écouter, ces prévaricateurs des temps modernes ne veulent que notre bien. Ils veillent sur nous comme des nounous célestes, attentifs à ce que notre passage sur cette terre se déroule sous les meilleurs auspices, attachés à ce que nous restions gaillards et alertes aussi longtemps que notre ADN le permet. Et nous les en remercions bien bas.

J’admettrais sans sourciller le raisonnement qui nous avertirait que fumer coûte horriblement cher en soins de santé et qu’au lieu de traiter des cancers évitables on serait plus inspiré de se servir de cet argent pour offrir à nos footballeurs des primes plus conséquentes lors de joutes internationales.

Je serais même prêt à entendre que celui qui en toute conscience se carbonise les poumons devrait en partie contribuer au coût de son traitement.

Mais de grâce messieurs les procureurs à la morale impeccable, foutez la paix aux gens qui ne vous ont rien demandé et laissez-les crever de la façon qu’ils ont sciemment choisi.

De tout temps, l’homme a tenté de s’échapper de ce fardeau intemporel que constitue le dur et rude métier de vivre. Toutes les civilisations ont eu recours à des subterfuges pour remédier à cette funeste et tragique condition d’être un simple mortel. Parce que si l’on se donne le temps de réfléchir un seul instant vivre est terrifiant. Parce que tenter d’exister dans un monde dont nous ne savons rien, ni l’origine, ni la destinée, ni le pourquoi, ni le comment, a de quoi vous laisser perplexe. Parce que toute vie sera forcément un échec.

Et que pour se confronter à cet univers glacé et muet quoi de plus normal et de plus humain que de chercher par tous les moyens de trouver un dérivatif pour tenter de s’évader dans les brumes de paradis certes artificiels mais ô combien réconfortants.

Fumer en est un. Courir comme un dératé le long du périph en est un autre. Aimer, un troisième. S’abrutir devant un poste de télévision encore un autre. Chacun sa croix.

Je tiens à préciser que je ne fume pas. D’ailleurs le voudrais-je que je ne pourrais pas, fumer à Vancouver constituant un délit passible de cour martiale. Non seulement vous ne pouvez fumer dans un logement locatif ou aux abords d’un restaurant, du moins dans un périmètre circonscrit à six mètres sur les deux côtés de l’établissement où vous venez de déguster des lasagnes au tofu, mais de plus depuis l’année dernière en griller une en se promenant le long de l’océan peut vous coûter votre salaire. Et ce afin d’éviter de donner un cancer passif à nos amis les canards.

 

Au fond, notre monde, despiritualisé et désincarné, ce monde matérialiste et marchand, n’admet plus la mort. Encore moins l’idée de la mort.

Pourtant comme dirait Monsieur Allen ” l’éternité c’est long, surtout vers la fin.”

 

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Le Canada et ses casseroles

Décidément notre époque s’amuse, avec un malingre plaisir, à entortiller nos repères, nous plongeant dans une confusion grandissante. Ainsi, le Canada, ce pays réputé de cocagne où les ours parlent français en pêchant des saumons frais comme des rêves de promesse d’une vie meilleure tournée vers une nature aussi généreuse qu’une poitrine de soprano roumaine, vient de s’illustrer cette dernière semaine par une succession tragique de faits divers à rendre vert de jalousie son insupportable voisin américain.

Au Québec, une misérable frange d’une jeunesse paresseuse comme une bande d’étourneaux pointant à pôle emploi, terrorise le pays au seul motif de prétendre pouvoir glander à l’université sans débourser de trop. Des jeunes gauchistes, infiltrés par les sbires du Front de Gauche, qui tous les soirs, par un temps à ne pas mettre un grizzli dehors, martyrisent à coups de casseroles hurleuses pas même téfalisées, les oreilles d’honnêtes citoyens qui n’en peuvent plus et en arrivent à se violer les canaux auriculaires avec des pattes de caribou congelés.

Alors qu’au même moment les universités anglophones de la même Belle Province continuent à cravacher pour former la future élite du pays et se débarrasser à tout jamais de ces francophones ronchons rousseauissant à tout-va en rêvant d’une société égalitaire. Jusqu’ici la police, bonhomme comme un paysan polonais regardant sans broncher passer les wagons plombés avant de s’en griller une, a laissé faire. Mais jusqu’à quand ? Il se murmure que si le conflit se perpétue, elle n’hésitera pas à lâcher dans les rues de Montréal, une escouade d’ours affamés et de gnous à la diète depuis la sortie de l’hiver.

 

L’été sera sanglant.

Conséquence funeste et pourtant prévisible, un brave montréalais qui ne supportait plus le bruit infernal de ces vieilles casseroles, a fini par craquer en s’en prenant à son compagnon de chambrée, l’a finement dépecé avec son couteau suisse, l’a assaisonné au sirop d’érable et l’a laissé mijoter quelques heures dans une marmite remplie de jus de poutine. Avant de réaliser que la faute à toute cette puérile contestation estudiantine incombait à la France qui s’essaye à transporter ses élans révolutionnaires hors de ses frontières. Et de prendre le premier avion pour Paris afin de régler son compte avec ce pays fouteur de merde et donneur de leçon.

Tremblez, tremblez gens de Paris, le loup est entré dans Paris et il est très en colère.

Un Canadien qui voit rouge est aussi dangereux et imprévisible qu’un Taliban qui s’adonne à du Pastis fabriqué dans une cave de Téhéran.

Enfin, ultime coup du sort qui tend à valider la théorie que le Canada se trouve être en proie à une grave crise identitaire, son plus fidèle serviteur en la personne de Justin Bieber, charmant garçon à l’intelligence acérée, lors d’un concert privé donné jeudi dernier au dernier étage de la Tour Montparnasse, en tentant une acrobatie audacieuse, s’est méchamment mangé une baie vitrée.

La tour en tremble encore.

Le Canada aussi.

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Euro comme un footballeur français

Pendant que la nouvelle équipe gouvernementale se triture le cervelet pour savoir de quelles miettes supplémentaires le SMIC va augmenter, que notre président rogne sur son budget déplacement en se tapant des voyages éreintants en train fantôme, nos footballeurs, eux, par la grâce de dieu, se portent comme un charme.

Comme des syndicalistes chevronnés, ces pantins de branquignols de footeux décervelés s’en sont allés négocier avec the Great Noël le montant de leurs primes pour le prochain Euro. Résultat des courses : ils resteront pauvres comme Job s’ils ne s’extirpent pas des poules de qualification, toucheront quelques cent mille misérables euros s’ils échouent en quart, 170 milles s’ils arrêtent leur parcours du combattant en demi, et renfloueront leur compte en banque de quelques 320 000 euros s’ils deviennent, par un improbable concours de circonstances, les nouveaux rois d’Europe.

Il y a des gifles qui se perdent.

Alors que le pays est sur les rotules, que les familles cultivent en douce du rutabaga pour manger à leur faim, que les finances publiques sont à l’agonie, voilà que ces branleurs, après s’être comportés comme des petites frappes pleines de morve lors du dernier mondial, au lieu de faire profil bas et de la jouer solidaire avec la France d’en-bas, viennent jouer à nouveau au rappetout de service pour rafler la mise et ratisser encore un peu plus d’oseille.

100 000 euros pour accéder au quart, ça revient à empocher 33 000 euros par match sachant que par la magie des mathématiques ces couillons peuvent très bien perdre un match, enquiller un match nul, et se qualifier tout de même pour le tour suivant. Le taux horaire de ces gentils bambins s’élève donc à 22 000 euros. Quand on sait que même le dernier des remplaçants qui passera les trois rencontres le séant engoncé sur le banc à mirer la sucette de Laurent Blanc, touchera la même somme, on en vient à regretter le temps des bûchers et des supplices sur la place publique.

Sachant tout de même que pendant qu’ils gambaderont sur les vertes pelouses d’Ukraine et de Pologne, leurs clubs chéris continueront à leur verser leurs vertigineux salaires pour rembourser les traites de leur quinzième Ferrari et les frais d’entretien de leur cheptel d’escort-girl.

Naïvement, le péquin de service que la nature m’a condamné à être,  pensait que jouer en représentant les couleurs de son pays constituait une motivation nécessaire pour se sublimer. Que la simple idée d’apporter un peu de joie et de réconfort dans les foyers français, suppliciés par la dette grecque, devait suffire pour se surpasser. Que c’était avant tout un honneur de défendre les couleurs nationales mises à mal par l’infâme mondialisation. Un honneur et non pas un moyen de piquer encore un peu plus de pognon dans la caisse de la fédération.

Non seulement ces joueurs ne nous communiquent rien, ne nous transmettent rien,  sont aussi chaleureux que des gardiennes de prison de haute sécurité mais de plus ils transpirent la suffisance et l’arrogance des parvenus qui du haut de leur fortune toisent le bas peuple.

Ce sont nos nouveaux nobles.

On proposera donc qu’en cas d’élimination prématurée ils soient sanctionnés financièrement et versent à l’état le montant de leur salaire mensuel, contribuant ainsi au redressement national. Au moins, grâce à cette mesure de salubrité publique, on sera assuré que le coq de leur maillot flambant neuf transpirera quelques gouttes d’effort.

 

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En voiture François!

Il va falloir s’y habituer.

Au cours d’une prochaine escapade en voiture pour aller visiter belle-maman recluse de force dans sa maison de retraite désolée, perdue au fin fond de la Corrèze, entre Chamberet et Chamboulive, on risque à tout moment de se retrouver à la hauteur de la berline de notre nouveau président qui s’en va transporter sa paisible normalité visiter les verts pâturages de nos riantes campagnes.

Ce qui constitue une très mauvaise nouvelle pour la sécurité routière. Il ne serait guère étonnant que le nombre de morts tombés au champ d’horreur des joutes autoroutières explose ces mois prochains.

En effet, quoi de plus déstabilisant pour un conducteur agrippé à son volant, l’œil rivé sur le cul de la voiture plombée devant lui, de se voir hurler à ses oreilles par ses marmots parqués sur la plage arrière, papa, papa, t’es entrain de doubler le président. Quel président ? Celui pour qui maman a voté. Et la maman de s’extirper de son lourd sommeil encombré de rêves d’étreintes interdites avec des éphèbes autrichiens et de jeter un furtif regard sur sa gauche, histoire de vérifier les dires de ses moutards, avant de se rehausser d’un bond spectaculaire sur son siège en hurlant d’une voix orgasmique, Marcel, Marcel, le président te regarde.

Lequel Marcel, occupé à tenter le coup du sombre ayrault* sur l’espèce d’empoté d’automobiliste du dimanche qui lambine comme un clandestin malien en souffrance au guichet des régularisations de la préfecture de Paris, encalminé au beau milieu de la voie médiane, alerté par les vociférations répétées et surexcitées de sa fratrie survoltée, se décide à regret à lancer un brusque coup d’œil à sa gauche, un coup d’œil se transformant vite en un grossissement exorbitant de ses prunelles ahuries contemplant de visu le visage tranquille d’un président occupé à se gratouiller le nez tout en essayant de convaincre son chauffeur que c’est à son tour de régler le péage – fatale seconde d’inattention responsable d’un triple saut périlleux du véhicule dudit Marcel lancé dans le ciel ensanglanté comme un boomerang sous acide enfourchant le pont de la bretelle d’autoroute avant de retomber avec fracas sur la chaussée mortuaire.

Bientôt tout le monde prétendra avoir vu le président.

Qui dans une station d’essence l’aura repéré, affairé à donner à boire à sa voiture avant de s’accorder une pause pipi dans les toilettes puis de s’offrir en douce une barre chocolatée pendant que son chauffeur s’enfile un casse-croûte tout en lustrant le drapeau national.

Qui en prenant le train l’aura aperçu affairé à tenter de caser ses valises diplomatiques dans le filet à provision perché au-dessus de sa place, le tout sous le regard consterné et courroucé d’une tripotée de voyageurs désireux de regagner au plus vite leurs sièges.

Qui l’aura croisé au restaurant universitaire en train de se resservir une double portion de purée onctueuse comme une mère de brique.

Qui l’aura vu chez Leader Price se débattre avec un caddie à trois pattes débordant de lots de bouteilles d’eau oxygénée, en promo cette semaine, les douze pour le prix de 3.

Qui l’aura entrevu en bas du Faubourg Saint-Honoré demander de la monnaie à des passants récalcitrants pour régler la facture de l’horodotateur avant de s’aperçevoir que ce dernier n’accepte plus désormais que des cartes prépayées en vente Chez Robert, buraliste en chef posté au coin de la rue de Miromesnil et de la rue de Penthièvre.

Qui l’aura rencontré dans le cyber café de l’avenue Montaigne occupé à lire les dernières inepties de ce blog faussement irrévérencieux et parfaitement inutile.

 

* Jeu de mots trouvé par un improbable lecteur de ce blog qui se reconnaîtra. Ou pas.

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Perpétuelle perpétuité

Jean-Marc Rouillan, le dernier chenapan qui œuvrait au sein d’Action Directe, une bande d’affreux jojos des temps jadis rêvant à des révolutions sanglantes et à des lendemains de terreur, a donc été extradé de prison, après avoir passé vingt-cinq années à arpenter le seul mètre carré de sa cellule capitonnée. On est content pour lui. 25 années à papoter avec l’ombre de son ombre c’est sûrement très long.

Passé ce grand moment d’émotion, demeure l’impérieuse nécessité de savoir si ce passage par la case prison a été assez long. Et là, à ma grande surprise, lorsque j’ai commencé à sonder les tréfonds de mon âme, je me suis entendu m’interpeller que si cela ne tenait qu’à moi, le terroriste en culotte courte aurait continué à se morfondre dans sa cellule jusqu’à que son cachot finisse par devenir son tombeau.

 

En clair, que moi social-démocrate sans peur et sans reproche, vaillant et éternel combattant des droits de la femme et des baleines bleues, je plaidais pour une perpétuité perpétuelle, de celle mise en œuvre en Amérique où pour le simple vol d’une barquette de frites, vous êtes susceptible de vous retrouver confiné dans le baraquement d’une prison perdue au fin fond de l’Arizona jusqu’à ce que la mort daigne vous soulager de vivre une existence aussi palpitante à vivre que d’écouter en boucle Florent Pagny en tondant sa pelouse.

Effroyable découverte.

Je ne songe pas là aux pédophiles, aux violeurs d’enfants, aux psychopathes certifiés conformes, aux névropathes assermentés, à toute cette cohorte d’individus coupables d’atrocités les plus extrêmes, convaincu que chez ces personnes il existe toujours une circonstance atténuante à mettre en avant pour expliquer la monstruosité de leurs actes.

Qu’ils sont pour la plupart des êtres cabossés par l’existence, des hommes et des femmes en réelle souffrance, en proie à des démons intérieurs sur lesquels ils n’ont pas  prise, prisonniers de leurs propres pulsions, égarés dans le dédale de leurs sentiments contrariés.

Pas plus que je ne songe aux crimes passionnels où la perte symbolique de l’être aimé effare tellement qu’elle peut ouvrir la porte à la vengeance aveugle.

Non je veux parler de l’homme ou de la femme, parfaitement normal, totalement équilibré, rationnel, cultivé, à l’aise dans le confort d’une vie apaisée, qui un jour ou l’autre, en pleine maîtrise de ses moyens intellectuels, pour des raisons purement idéologiques ou parfaitement crapuleuses, décide de condamner à mort un individu, qu’il fût un grand capitaine d’industrie ou bien son propre conjoint dont il convoîte avec une avidité folle le prometteur testament.

J’insiste : pas une tête brûlée ou un voyou défroqué, mais un homme ou une femme, inséré dans la société, sachant très exactement à quoi il s’expose, aveuglé d’aucune sorte par une quelconque pulsion incontrôlable, lucide, posé,  calculateur, qui, au bout du compte, une fois pesé le pour et le contre, en toute conscience, décide de jouer à la roulette russe avec sa vie et celle des autres.

Et bien oui je prétends que cet individu qui prend sur lui d’écourter la vie d’un homme ne devrait jamais ressortir de prison.

Je n’ai pas dit peine de mort. Je n’ai pas dit camp de concentration. Je n’ai pas dit quartier de haute sécurité. Je n’ai pas dit châtiment corporel ou mise à l’écart. Non, rien de tout cela. Juste une vie déroulée, dans des conditions humaines, derrière des barreaux.

Ce n’est pas tant de savoir si cet homme est récupérable ou non, s’il s’est suffisamment amendé ou non, s’il regrette ou pas son acte, s’il s’est montré poli envers ses geôliers, aimable avec ses codétenus, avenant avec le directeur du pénitencier, s’il s’est appliqué à repeindre les murs de sa cellule ou à entreprendre des études de linguistique appliquée.

Je me place au seul nom d’une sorte de morale métaphysique qui exigerait que celui qui retire la vie dans les circonstances exclusives décrites ci-dessus doit lui aussi se retirer à tout jamais du champ de l’activité humaine.

C’est ainsi qu’on découvre avec effroi que l’âge venant on se permet d’émettre des pensées qui hier encore nous auraient valu de divorcer avec nous-mêmes.

 

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Loulou d’Arabie

Décidément tout fout le camp en France. Après s’être permis d’élire un tâcheron de président sortie de la cuisse de Pompidou, voilà qu’on décerne le titre de champion de l’hexagone à un club de province dont le seul mérite est de stationner sur la carte de France à quelques encâblures de la Grande Motte ou du Cap d’Adge.

Avec à sa tête ce bon vieux Loulou et ses bajoues qui pendent au milieu de son visage comme une paire de couilles flétries d’éléphants apatrides. Avec sa tronche impayable ressemblant à une caricature défoncée d’un Galabru sous cortisone qui aurait abusé du saucisson trempé au rosé.
Avec son cœur gros comme une baleine, son regard de gosse malicieux, son franc-parler de tapette refoulée dézonée aux poppers qui prend un malin plaisir à sodomiser, en se passant de lubrifiant, la rondelle des petits marquis des hautes instances dirigeantes du football français.

Montpellier, champion de France, ça fait tâche dans le paysage.

Une bande de culs-terreux tout juste connus de leurs parents sentant la bouse à peine séchée de taureaux de Camargue qui se permettent de ravir le titre à la barbe de l’Emir.
Des branleurs de footballeurs entraînés à la schlague par un fou furieux de René Girard qui, lorsqu’il se retourne vers le quatrième arbitre pour lui demander à quelle heure on passe à table, ferait passer Andreis Breivik pour un gentil agneau shooté aux somnifères de troisième génération.

Et puis toujours les deux Nicollin, père et fils, princes de l’élégance, verbe haut, cul bas, ventre gros, avachis comme deux otaries de vaches sur le banc de touche regardant passer la gonfle comme d’autres contemplent filer la micheline entre Saint-Rémy de Provence et Tarascon.

Montpellier c’est le cauchemar du foot français. L’incarnation du foot à papa avec à sa tête un président patriarche qui traite ses joueurs comme ses propres moutards, capable un jour de les priver de dessert à vie et de leur brunir l’arrière-train, et le lendemain de leur payer une virée gratuite dans un lupanar cinq étoiles. Le type qui a compris depuis belle lurette qu’un footballeur ça ne marche pas vraiment à l’intellect, que ce n’est pas la peine de se fatiguer à lui lustrer le cerveau, qu’il vaut mieux le prendre par les sentiments pour qu’il se bouge le popotin sur la pelouse.


Le Prince du Parc version Qatarie va l’avoir mauvaise. Ne pas être champion la première année de son investiture, ça peut à l’extrême limite se concevoir si devant soi un Olympique lyonnais ou marseillais a mieux joué du tango avec la baballe. Mais avoir à baisser son froc devant un patelin grognard tout juste bon à rôter à table ou à caresser à pleines mains le cul de servante, c’est aussi humiliant que de se voir refuser l’entrée d’une boîte de nuit dont les murs vous appartiennent.

Sarko encore Président, le PSG aurait été sacré champion.

Dimanche soir, incapable de mettre au pas une bande vendangeurs bourguignons carburant au Châblis de contrebande, le préfet apeuré aurait appelé en toute urgence Claude Guéant qui aurait appelé le Président qui aurait appelé la femme du chef d’escadron de la patrouille de France pour lui demander de charger les supporters montpelliérains afin de les amener à trouver refuge sur la pelouse. Envahissement du terrain et victoire sur tapis vert pour Auxerre.

Sarko se trouvant à Marrakech à fumer le narguilé de la paix, le prince, par écran interposé, n’avait plus qu’à ramasser les rouleaux de papier-cul balancés par le kop auxerrois pour
sécher ses larmes de crocodile version Vuitton.

Et de penser à s’enfiler une gardienne ou une gardianne de taureaux pour se remonter le moral.

 

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Nous sommes tous des grecs allemands

Les grecs ont inventé le concept de démocratie, les allemands ont poussé jusqu’au raffinement le plus exquis l’art d’exterminer un peuple. Socrate, Platon, Homère se sont attachés à définir l’essence de la condition humaine ; Hitler, Goebbels et Goering se sont attardés à la réduire en poussière.

Vu sous ce tropisme forcément partisan, et outrageusement réducteur, la balance ne penche pas vraiment en faveur de nos cousins germains au regard de leur réticence à venir secourir les pâtres grecs en leur prêtant voire en leur donnant quelques uns des marks qui empoussièrent encore leurs buffets remplis de la vaisselle ramenée par Grand Papa lors de ses conquêtes éclairs des Sudètes et autres territoires annexes.

Le discours des allemands n’est point illégitime. Au nom de quoi devraient-ils secourir les grecs alors que ces derniers n’en foutent pas une depuis des décenies entières tandis qu’eux cravachent comme des damnés pour continuer à asseoir leur domination en Europe ?

 

Un raisonnement à priori implacable n’était-ce l’histoire quelque peu particulière de la nation allemande.

C’est donc ce peuple, auteur du plus parfait des génocides de toute l’histoire de l’humanité, qui rechigne à porter assistance à un autre peuple que la bêtise et l’incapacité de ses dirigeants a poussé dans l’abîme.

Au nom de ce principe, il eût alors été des plus logiques, au sortir de la seconde guerre mondiale, de laisser aussi les allemands à leur triste sort : celui d’une nation exsangue, défaite, ravagée, démunie, blafarde, pestiférée, égarée dans la grande nuit de l’Histoire.

Une nuit dans laquelle elle errerait encore si, plus par nécessité économique que par empathie compassionnelle, le monde civilisé ne s’était pas efforcé de la remettre sur pieds et de lui donner les moyens de survivre après sa tentative de suicide avortée.

Ne serait-ce que pour cette raison, l’Allemagne, hors toute contingence économique, a le devoir impérieux de rendre la monnaie de sa pièce. Faute de quoi, elle prendrait la responsabilité funeste d’amener une nouvelle fois l’Europe au bord du précipice.

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