Le chat est un juif comme les autres

 

Je proclame ici, que suite à mes expérimentations opérées sur mon chat, à l’observation purement scientifique de son comportement, je suis dans la mesure d’affirmer, d’une manière irréfutable, le caractère profondément juif de ce dernier et partant son appartenance au peuple élu.

Autrement dit, si le chien dans sa soumission à l’autorité, dans son penchant obstinément suiveur, dans sa capacité à tendre l’autre bajoue, exalte des valeurs profondément catholiques, le chat lui, par son attitude frondeuse, par sa capacité à survivre en milieu hostile, dans sa paranoïa atavique, scande tout au long de sa vie des valeurs intrinsèquement juives.

Tout comme n’importe quel juif de pacotille, le chat n’accorde jamais sa confiance à autrui.

Constamment sur ses gardes, conscient de son extrême vulnérabilité que des siècles de poursuite dans des ruelles malfamées ont consolidée, averti du constant danger que représente toujours l’autre, le chat, tout comme le juif, sait devoir compter, en toutes circonstances, uniquement sur lui-même.

C’est ainsi que mon chat, lorsque survient dans le déroulé de sa journée parfaitement cadencée (croquettes, sieste, câlin, croquettes, sieste, croquettes, câlin, sieste, croquettes, câlin, course, sommeil) un évènement imprévu – coups frappés à la porte, apparition d’une personne inconnue, bruit non répertorié dans sa conscience animale – ne connaît qu’une seule et unique réponse : la fuite.

La fuite éperdue, désespérée, irraisonnée vers un endroit parfois connu de lui seul où il se pense être à l’abri de tout danger : au fin fond d’un placard enfoui sous la pile à caleçons de son maître, à l’arrière d’une bibliothèque de fortune, sous le matelas du lit, au-dessus du frigo derrière la corbeille à fruits, au cul de la table à repasser, dans les décombres du panier à linge…

Le syndrome Anne Franck.

Exactement à l’image du juif qui sollicite, par temps de guerre, les moindres recoins de son habitation afin d’échapper à la rafle de quelques gendarmes par trop zélés et s’entiche d’un double plafond, pratique l’enfermement volontaire à l’ombre d’un grenier ou opte pour une retraite dans une cave confinée.

Comment ne pas percevoir dans cette attitude précautionneuse et emplie d’une sagesse éternelle le fondement même de l’identité juive consécutive à des siècles de persécution et de déportation ?

Cette peur de servir de victime expiatoire à la folie des hommes ou des chiens.

Cette crainte d’être le bouc émissaire d’un peuple frustré dans sa révolution nationale ou d’une bande de garnements défroqués cherchant à tromper leur ennui.

Il est à noter, concernant mon chat, que dans pareille situation évoquée plus haut, j’ai beau essayer de le rassurer par des paroles apaisantes, lui réitérer mon total engagement à le protéger en cas de réel danger, lui jurer ma parfaite loyauté en le forçant à me regarder droit dans les yeux afin d’y lire ma détermination entière à le défendre au péril de ma vie, il n’en a cure.

A l’heure où sa vie se retrouve en danger, il sait ne pouvoir compter que sur lui-même.

Tout comme le juif en cavale qui dans sa fuite renonce à demander de l’aide à quiconque et poursuit son chemin sans demander son reste.

Ou qui à force d’avoir été dénoncé par sa voisine de palier en vient à changer de trottoir lorsqu’un gendarme apparaît au loin, et ce même en temps de paix, ou à refuser d’ouvrir au plombier, quand bien même l’aurait-il lui-même convoqué, si ce dernier se trouve avoir un accent sentant bon les remparts de Varsovie.

En définitive, le chat et le juif partagent la même obsession : parvenir à survivre entourés d’ennemis qui ont juré leur éradication définitive.

 

Ce qui explique, quand des coups sourds sont frappés impunément à la porte, me voir essayer par tous les moyens de ralentir mon chat (croche-pattes, cloutage de moustaches, torsion de la queue) dans sa fuite effrénée afin d’être le seul à profiter de la meilleure cachette.

 

Chatcun pour soi !

 

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La gauche peut trembler, Benoît Hamon a décidé de se laisser pousser la barbe

 

D’évidence, l’évènement principal de la journée d’hier n’était pas les fanfaronnades télévisées de notre président, pas plus que le remarquable match nul obtenu par Saint-Etienne contre de coriaces Azerbaïdjanais, et encore mois la question référendaire proposée à ces ivrognes d’écossais.

Non, l’information majeure, capitale, incontournable, lourde de conséquence pour l’avenir, est que Benoît Hamon a décidé, contre vents et marées, de se laisser pousser la barbe.

Non pas une simple barbichette de bon aloi, non pas une de ces coquettes barbes de trois jours tellement à la mode auprès de nos célébrités médiatiques, mais une barbe hirsute, broussailleuse, cafouilleuse, dévorant la moitié de son visage.

Une de ces barbes de gros nounours débonnaire qui d’ordinaire viennent garnir les mentons de responsables syndicaux acquis à la cause de la sauvegarde de l’ours polaire en milieu hostile.

Qu’est-ce donc qui motive un homme apparemment sain d’esprit, d’une normalité sans faille hormis une tendance à gauchir tout ce qu’il touche, à arborer une telle extravagance capillaire, susceptible de susciter la controverse, alimenter les rumeurs les plus folles, fourbir des armes à ses nombreux ennemis ?

Certes, il est tout à fait possible que Monsieur Hamon ne soit plus en odeur de sainteté avec son barbier.

Ce sont des choses qui arrivent.

Un dérapage verbal lors d’une séance de décrassage, une envolée lyrique au sujet des avantages scandaleux réservés à certaines professions réglementées incluant celle des coiffeurs et voilà que tous les barbiers de la capitale décident d’un commun accord de bouder les joues de l’ancien Ministre de l’Education.

Il se peut aussi que désormais privé de son salaire d’édile de la République, rattrapé par le coût de la vie, découvrant ahuri le prix exorbitant de ses lames de rasoir favorites, il ait décidé, anticipant mieux que quiconque l’aphasie prolongée de notre croissance économique, de sabrer dans les dépenses courantes et de modifier en profondeur sa façon de consommer, à commencer par cette superfétatoire obligation de se raser le visage tous les matins venus.

A moins que ne pouvant plus se voir en peinture, honteux d’avoir été berné comme un bleu par son camarade Arnaud, point encore remis de sa déconfiture ministérielle, il retarde à l’infini le moment de se croiser dans la glace et de se demander “toi que je regarde au fond des yeux, l’inconnu avec qui je dois cohabiter, qu’as-tu donc fais de ta vie, qu’est-ce qui t’as pris de défier ainsi le premier ministre auquel tu avais pourtant juré fidélité ? ”

Ah les détours que peut prendre la haine de soi quand, écœuré d’être ce qu’on est devenu, sachant la faute irréparable, connaissant le poids de son impair, on en vient à se mépriser avec une telle radicalité que la seule vue de son propre visage déclenche au plus profond de soi des vagues de dégoût capables de tout emporter sur leur passage.

Confrontés à de pareilles situations, certains enjambent des ponts, quelques-uns s’essayent au vol plané du haut de leur immeuble, et d’autres enfin se résolvent à se laisser pousser la barbe dans une sorte de renoncement méditatif, de passage obligé vers une sanctification mystique où l’apparence humaine n’a plus cours, supplantée par la seule élévation de l’esprit vers des sommets de pureté inaccessible.

 

Quant au rédacteur de ce billet barbant et inconsistant, étant déjà atteint d’une calvitie étendant peu à peu son empire sur son crâne d’œuf, il préfère pour le moment rester imberbe du visage, soucieux qu’il est de veiller à présenter à son entourage le parfait visage d’un homme certes sans qualités mais aussi sans poils.

 

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Le dégoût du football

 

Année après année, le football s’éloigne de moi.

A la longue, il finirait presque par me donner la nausée.

Trop, beaucoup trop d’argent, ont (presque) fini par avoir raison de mon amour, de ma dévotion pour lui.

Ce n’est plus un sport, c’est devenu une mère maquerelle d’une vulgarité inouïe, une pute de luxe, une catin assoiffée de bijoux et d’oseille, qui exhibe chaque semaine son veau d’or devant lequel, nous autres amoureux transis de la prose footballistique, seraient censés nous prosterner et remercier des capitalistes plus ou moins véreux de nous offrir un tel spectacle.

Les clubs de football, autrefois étendards et porte-paroles d’une ville, d’une histoire, d’une mémoire, d’une culture, sont devenus de simples caisses enregistreuses, des entreprises sans cœur ni âme qui se contentent d’aligner des millions avec une ostentation obscène afin d’attirer dans ses filets les meilleurs joueurs de la planète.

Tout en se moquant éperdument de respecter les valeurs intrinsèques des couleurs qu’elles sont censées représenter.

Capables d’évoluer sans l’ombre d’un joueur formé au club, vague agglomérat d’individualités amoureuses de leurs nombrils, venues chercher non plus la gloire, non plus la communion avec le public, non plus la reconnaissance de leurs pairs, mais juste de quoi engraisser encore un peu plus leur mirobolant compte en banque.

Les joueurs s’échangent comme autrefois les vignettes de nos collections Paninis et changent de club avec la même avidité qu’une call girl délaisse un hôtel pour en coloniser un plus prometteur.

Sans aucun scrupule, on les voit passer d’un club à un autre avec une déroutante désinvolture, capables d’une année sur l’autre de déclamer leur amour éternel pour une équipe qu’ils quitteront sans regrets quelques mois plus tard.

De rouler une pelle à l’écusson de leur maillot après chaque but marqué, comme pour mieux signifier leur appartenance inébranlable à son histoire, avant de s’en servir la saison suivante comme torche-cul à leur collection de lingots d’or.

Les clubs ne représentent plus rien si ce n’est des ribambelles de millions qu’on dépose sur les pelouses en offrande à des joueurs mercenaires qui viennent goulûment se servir avant de décamper ailleurs.

Le football, sport hier encore incertain, plein de surprises et de rebondissements, est devenu affreusement prévisible.

Chaque année les mêmes équipes, les plus fortunées, les plus encrassées d’argent, les plus dégoulinantes de fric, se disputent les titres nationaux et européens, finissant par constituer une élite consanguine renouvelée à grand-peine et entretenant en son sein des connivences coupables.

Les joueurs changent mais l’argent reste.

D’une année à l’autre, une équipe peut se permettre de bouleverser la moitié de son effectif sans rien perdre de son prestige, juste en procédant à des transferts juteux à même de leur permettre de figurer en bonne place dans les compétitions disputées.

Les entraîneurs sont désormais des stars à part entière dont on se complaît à examiner la gestuelle sur leur banc de touche afin de mieux saisir l’essence même de leur supposé génie.

Tous les samedis, c’est la foire aux vanités recommencée.

Les gens ne vont même plus au stade, ils vont au zoo assister aux pitreries de joueurs transformés en homme-sandwichs, tous plus ahuris les uns que les autres, bien plus préoccupés de l’apparat de leur ahurissante coupe de cheveux ou de la dernière version de leur tatouage que de parfaire leur technique balle au pied.

L’amoureux du football lui, cherche encore des raisons d’aimer son sport.

Il regarde mais ne s’enthousiasme plus.

Il n’assiste plus à des matchs mais à des performances.

Il cherche en vain un joueur capable de lui redonner le frisson de son enfance ou une équipe susceptible de lui ressembler.

Il est orphelin.

Quelque chose s’est cassé.

 

En même temps, jeudi soir, Saint-Etienne se déplace à Qarabag (???) au Stade Tofiq-Béhramov à Bakou pour le compte de la première journée de la Ligue Europa.

 

Ça va chauffer nom de Dieu !

 

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Pourquoi je n’achèterai pas l’Iphone 6

 

Voilà c’est décidé, après une longue séance d’introspection, j’ai pris la douloureuse mais ferme résolution de ne point concourir à l’achat de la dernière merveille d’Apple.

C’est que, à ma grande honte et au désespoir de mon concierge et de ma maîtresse scandinave, il me faut convenir que je ne possède pas d’IPhone 5S. Ni même d’IPhone 5. Pas plus d’IPhone 4 ou 3 ou 2 ou 1 voire 0.

D’ailleurs étant con comme la Lune et Venus réunies avec Saturne en supplétif pour s’assurer de ma parfaite incongruité, de téléphone intelligent, je n’en ai point.

Juste une vieille antiquité de bidule tout décati avec un écran grand comme la ficelle de mon string léopard, lent comme une limace atteinte de pleurésie, véloce comme un guépard reposant au cimetière des éléphants et qui doit tout juste servir à téléphoner. Et encore.

Oui je sais, pour ce forfait inqualifiable, pour ce comportement en tout point contraire à la déclaration des droits de l’homme, je mérite la cour martiale.

Ou la décapitation en place publique pour refus de participer à la plus grande couillonerie de ce début de siècle, j’ai nommé l’obligation d’acheter des biens de consommation dont l’utilité approche de zéro et l’infini.

Inutile de mentionner que pour toutes ces raisons j’attendais la présentation de l’IPhone 6 avec l’impatience caractéristique du demeuré de la crèche guettant dans le ciel muet l’apparition d’un clochard céleste porteur de révélations capitales sur le salut de son âme.

Palpitant d’appréhension, récitant des chapelets de versets à la mémoire du génie interstellaire que fut Steve Jobs, mon maître à penser, mon berger, mon étoile, le Moïse de mon panthéon personnel, je sautillais sur mon canapé avec l’allégresse d’un perroquet venant d’ajouter un nouveau nom à son vocabulaire, tout à ma joie de découvrir les nouveaux développements du plus bel objet jamais inventé par l’homme depuis le balai-brosse.

Je n’ai pas été déçu.

Pensez, un écran encore plus large, une résolution de l’image de 401 points par pouce,  un capteur photo iSight 8 mégapixels avec mise au point Focus Pixels, enregistrement Full HD et slow motion jusqu’à 240 images par seconde, une caméra FaceTime 1,2 mégapixel compatible 720p en vidéo, Touch ID, baromètre, LTE catégorie 4, NFC, Voice over LTE.

J’ai été foudroyé d’émotion non retenue au point d’inonder de mes larmes le tapis de ma souris ; je me suis prosterné devant mon écran et j’ai révéré les ingénieurs d’Apple d’avoir pu réaliser de telles prouesses technologiques, d’avoir osé repousser encore un peu plus loin les limites du possible, et sans même comprendre comment ni pourquoi, j’ai été pris d’une érection pantagruélique.

Je n’avais rien ressenti de tel depuis les premiers pas de mon chat sur mon parquet, ce sentiment inouï de comprendre que ma vie, ma propre vie, allait basculer dans une autre dimension où plus rien ne serait jamais pareil, où j’aurais désormais accès à un nombre si important de fonctionnalités que mon esprit galoperait dorénavant sur les crêtes d’une inventivité à jamais recommencée.

Je pressentais que désormais je pourrais à la fois appeler ma chérie afin de savoir s’il restait du pain azyme dans la corbeille à pain, tout en tweetant avec mon chat afin de connaître l’évolution de son rhume des foins et, en attendant sa réponse, me renseigner sur l’heure de la prochaine marée, commander dans la foulée sur un site d’achat en ligne un maillot de bains dessiné par un créateur tibétain, avant de découvrir le nombre exact de calories que j’avais brûlées entre le moment où j’étais sorti du métro et celui où j’avais entrepris de me prendre en photo en train de téléphoner à ma chérie afin de savoir s’il restait du pain azyme dans la …

Je vais rentrer dans une nouvelle ère.

Je le sens de tout mon être.

Avec l’IPhone 6, je deviens le prophète de ma propre vie.

 

Et le califat de mon calIphone.

 

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Mais il est fou ce Thévenoud !

 

Longtemps, longtemps après que le parti socialiste aura disparu, on se souviendra encore de ce brave Monsieur Thévenoud.

De cet incroyable personnage tout droit sorti de l’imagination d’un romancier fabuliste, capable durant la même période de détenir la vice-présidence de la mission d’information sur la fraude fiscale, tout en omettant plus ou moins sciemment de remplir sa propre déclaration d’impôts.

Il faut le dire, le répéter, l’asséner mais on frôle là le génie absolu quand avec un tel aplomb on parvient à tenir, sans rien trouver à y redire, des positions aussi antagonistes.

De ce génie qui vous déconcerte et vous sidère, provoquant chez vous comme une sorte d’effarement mêlé à un sentiment d’irréalité, une espèce de stupeur muette si prononcée qu’elle plonge votre esprit dans un océan de perplexité où vous vous retrouvez à vous demander, non plus si l’essence précède l’existence, mais si le cas du Sieur Thévenoud procède de la folie, de l’inconscience ou de la désinvolture.

Cette capacité inouïe à endosser le rôle du cheval blanc de l’évasion fiscale tout en étant l’un des moutons noirs de cette administration des impôts à laquelle il est censé apporter de nouvelles méthodes pour empêcher des chenapans de son espèce ou apparentés de prospérer à l’ombre de la citadelle de Bercy.

Une dualité quasi dostoïevskienne.

Thévenoudalovitch.

Il y eut jadis dans notre bourgade un homme nommé Taras Thevenoudavitch marié en première noces à Sofia Elouagivitch qui déclencha un scandale si retentissant que des curieux dépêchés de Moscou débarquèrent aussitôt la nouvelle répandue pour mieux connaître ce personnage si singulier dont l’ascension fut tout aussi fulgurante que sa perte…

Non pas que notre lascar, comme un Cahuzac de bazar, se serait essayé d’une quelconque manière à tromper le fisc en recherchant la clé des paradis perdus, ce qui eût été d’une banalité confondante, mais plutôt qu’il nous rejoua en sifflotant la partition du Fantôme de l’Opéra : va donc voir là-bas si j’y suis, tais-toi quand tu parles, la vérité si je mens, je ne déclare rien donc je ne suis pas, et puisque je ne suis pas je ne paye pas.

Limpide.

L’attitude de l’homme de bonne volonté qui vient prêter renfort aux forces de l’ordre pour arrêter un délinquant qui ressemblerait trait pour trait à son propre portrait.

La conduite d’un directeur de conscience prônant la chasteté comme seul et unique principe de vie et qu’on retrouve tous les soirs Chez Huguette à lutiner le popotin de soubrettes déguisées en mères supérieures.

Les agissements d’un moniteur d’école détenteur d’un permis de construire mais nullement de conduire.

Pour sa défense Thomas Thevenoud a admis qu’il souffrait d’une phobie administrative.

Ne reste plus qu’à soigner le patient par le biais d’une thérapie comportementale cognitive où, étape après étape, sans jamais essayer de le brusquer de peur de provoquer une fatale rechute, un personnel qualifié lui apprendra à se familiariser à nouveau avec une déclaration d’impôts, en partant de la case patronyme pour arriver triomphant à celle de la somme à déclarer.

Avant de l’inscrire aux Oubliants Anonymes afin de l’aider à résister à la tentation, un soir d’ivresse, de culbuter à nouveau dans le ravin de ses errements passés en omettant par exemple de s’acquitter du règlement de son loyer

 

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Quand la France se suicide

 

Il est fascinant, surtout vu de l’extérieur, de voir de quelle manière la France fonce droit dans le mur de sa désespérance, comment elle tisse avec des forces obscures des affinités électives qui la mènent tout droit dans le ravin de l’Histoire.

Cet acharnement à pratiquer la politique de la terre brulée, à se détourner des partis traditionnels pour s’en aller s’offrir, cuisses grandes ouvertes, à une formation nationale assez roublarde dans ses déclarations pour laisser entendre qu’elle en a fini avec ses errements du passé, et présentant désormais le doux visage d’une brebis bêlant son amour pour la démocratie et le respect de chacun.

Belles paroles qui voleront en éclat si, par l’expression de la volonté populaire, elle accédait aux plus hautes responsabilités, libérant ce flot de haine grignotant peu à peu le cœur de la nation française.

Ce serait alors le temps des ratonnades autorisées, de la mise au pas des médias institutionnels, de la revanche des obscurs, des envieux et des aigris qui, ivres de leur victoire, n’hésiteront plus à recourir à la force pour se débarrasser de la figure de l’étranger, de cet autre se présentant d’abord sous les traits de l’arabe du coin puis du juif de service avant de régler son compte à ses semblables, coupables de ne pas adhérer à la cause du prétendu redressement national.

La faillite manifeste des partis politiques est avant tout notre propre faillite : il serait trop facile de rejeter la seule faute de cette chute collective sur nos élus, en se gardant bien de se remettre soi-même en cause. Eux c’est nous. Nous c’est eux.

La faillite d’un pays vivant dans le lustre de son passé glorieux, incapable d’admettre les bouleversements engendrés par un monde nouveau, rechignant à monter dans le train de la modernité et pleurnichant dans son coin de ne plus être le premier de la classe.

Et attendant tout du politique, tout en hurlant sa désapprobation dès lors que ce dernier émet juste l’hypothèse de procéder à des ajustements qui apparaissent dès lors comme des saignées opérées à cœur ouvert, des sacrifices inacceptables dont on se plaît pourtant à accepter le principe du moment qu’il ne s’applique pas à sa propre personne.

Si demain un gouvernement, comme dans tant d’autres pays, décidait de plus rembourser les crèmes hémorroïdaires, les pastilles anti-gastriques ou les cachets contre la toux, il prendrait le risque de précipiter dans la rue des millions de français scandalisés à l’idée de voir l’Etat se détourner de sa mission première, celle de permettre de soigner ses blessures culières à moindre frais.

J’ai quitté la France en 2009, ce pays où j’étais né de parents étrangers.

Où j’avais grandi à l’école de la République.

Et où j’étais atteint d’une sorte de fatigue existentielle, d’une désespérance de plus en plus grandissante de vivre au sein d’une société moisie, repliée sur elle-même, figée de peur, rongée par un racisme et un antisémitisme latent dont je pressentais que ses plus belles heures étaient encore à venir.

Ce n’était pas bien courageux, juste salutaire.

Je n’avais pas l’âme d’un damné ni la vocation d’un martyr et assurément, considérant la fragilité de mes liens avec ce pays, il m’était plus facile qu’un autre de m’en détacher.

Je suis devenu un Français du dehors, tout autant attaché à ce pays, tout autant impliqué dans ses affaires intérieures mais comme dissocié de lui, conservant avec lui des connivences étroites mais teintées d’une sorte de langueur propre à l’exilé, conscient de mon défaut de légitimité pour le juger mais ne me résignant pas à l’abandonner à son sort.

Et vivant désormais à des milliers de kilomètres de lui, je ne peux m’empêcher de frissonner d’effroi et de dégoût mêlés quand je le vois adopter les comportements d’une vieille dame aigrie vitupérant l’attitude d’un monde qu’elle ne comprend plus, et s’en allant confier ses maigres économies à un marchand des quatre-saisons revêtu des couleurs nationales.

 

Quand un peuple décide en conscience de se suicider, on ne sait jamais s’il parviendra un jour à ressuciter.

Ni dans quel état.

La France est en train de s’ouvrir les veines.

Son sang commence à perler sur les terres meubles de son désespoir.

Elle peut être encore sauvée mais le temps presse.

 

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Valerie Trierweiler ou la pornographie des sentiments

 

Dégueulasse.

On a beau avoir cherché et parfois même trouvé des circonstances atténuantes à Valérie Trierweiler, admettre que la manière dont elle fut traitée par le chef de l’Etat ne rehausse en rien l’éclat de ce dernier, il n’en demeure pas moins que de livrer ainsi ses secrets d’alcôve à la face de l’opinion publique provoque chez nous au mieux de la consternation au pire du dégoût.

Rien ne peut justifier de jeter de la sorte l’opprobre sur un homme dont on croit comprendre que la seule faute fut de cesser d’aimer celle qui pensait avoir noué avec lui une relation assez forte pour résister à l’appel de l’Elysée.

Et pour tout dire, autant peut-on comprendre la rage et le dépit d’être supplantée par une autre, la colère de l’apprendre par le biais d’un journal de caniveau, la nécessité presque thérapeutique d’inscrire sur le papier l’expression de son ressentiment, autant ne peut-on que réprouver cette odieuse manière d’essayer de tirer quelque profit de cette déconfiture amoureuse.

Cette façon putassière de créer l’évènement afin de rentabiliser au maximum la rédaction de ses confessions, l’odieuse machinerie visant à distiller à la presse quelques extraits croustillants, les plus graveleux, les plus susceptibles de créer la polémique, cette course après de possibles rentes, cette manière de prostituer ainsi son cœur afin de susciter l’attention et de jeter en pâture l’intimité d’un couple, tout cela révulse et écœure.

Pourtant, combien on sent la fragilité chez cette femme, combien on devine les impossibles tourments par lesquels elle a dû passer, combien on soupçonne que l’apparente dureté dont elle faisait montre en public n’était que l’expression d’un malaise venu de cette soudaine exposition, cette incapacité à trouver sa vraie place au milieu de cette foule de courtisans et autres rivales papillonnant autour de l’objet de son amour.

Le complexe d’une provinciale née modeste et parvenue à force de ténacité, de travail et espérons-le d’un certain talent au sommet de ses espérances les plus folles avant la chute brutale dans le ravin d’un cocufiage devenu affaire d’état.

Oui de cette Valérie-là, on pouvait se sentir proche.

Mais pas de celle qui, ivre de jalousie et de rancœur, d’aigreur et d’amertume, vient nous agresser avec le récit partial, forcément partial, d’événements, d’anecdotes et de révélations dont par principe on ne connaîtra jamais la réelle teneur.

Et qui au fond ne nous concernent en rien.

 

Ce règlement de comptes écrit à la va-vite dont il suffit de lire les extraits proposés pour réaliser toute la laideur d’une écriture réduite à sa plus simple expression, désincarnée, simpliste afin de ne pas perturber un de ces vagues lecteurs habitués à acheter ses nourritures spirituelles en même temps que son baril de lessive et son saucisson en promotion au supermarché du coin.

Il y a tout à parier que Valérie Trierweiler finira par avoir honte d’avoir manœuvré de la sorte.

Peut-être est-ce déjà le cas.

Peut-être que cette femme éprouvée regrette-t-elle déjà l’exposition de ses blessures les plus secrètes, cette pornographie des sentiments qui salit tout autant la personne visée que celle qui les rédige.

 

Et qui prend pour témoin une France en droit d’attendre de celle qui, il y a quelques mois encore la représentait parfois à l’étranger, un peu plus de dignité et de tenue.

 

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Mais qui c’est ce Gerhard Schröder à la fin ?

 

Schröder par-ci, Schröder par-là, Schröder a fait ceci, Schröder a accompli cela, Schröder n’a pas hésité à…Schröder a eu le courage de… Où est notre Schröder à nous ?… Qui pour oser ce que Schroeder a osé entreprendre ?…Il nous faudrait un Schröder… C’est du Schröder dans le texte… Il reprend les mêmes idées que Schröder…

Schröder, Schröder, Schröder !!!

Pas un jour ne se passe sans que d’une manière ou d’une autre nos gouvernants, nos opposants, nos commentateurs ne fassent référence à cet auguste personnage auquel ils n’en finissent pas de tresser des lauriers, de déposer à ses pieds des gerbes de compliments, de dresser de lui un portrait si flatteur qu’il finit par apparaître comme un de ces redresseurs de torts des temps anciens dont l’aura continue à se perpétuer à travers la brume des siècles.

Un surhomme capable de changer à lui seul le destin d’une nation.

Un homme providentiel, paré d’une intelligence si fine, doté d’un courage si grand, pourvu d’un sens de l’intérêt général si développé qu’il mériterait qu’on rajoute un nouveau chapitre à la Bible afin que ses exploits à répétition viennent concurrencer ceux de Samson ou de David.

L’homme qui a permis à l’Allemagne de redevenir ce phare qui nous guide dans la nuit incertaine de la Grande Histoire.

Personnellement, le Gerhard je ne le connais pas bien.

Voire pas du tout.

Il est vrai que j’ai toujours eu quelque mal à m’intéresser aux affaires germaniques, que la seule évocation du vocable  ” allemand ” provoque en moi des crises de tachycardie si violentes qu’elles m’obligent à prendre des douches glacées pour les calmer, que Jankelevitchien dans l’âme, il peut m’arriver de penser que décidément on se sera montré d’une clémence extrême vis-à-vis de cette nation coupable pourtant de la sortie de route la plus tonitruante de l’histoire de l’humanité.

Mais passons.

Puisqu’il paraît qu’il faut tourner la page, revenons donc à nos Schroeder.

A cet homme qui parvient à s’attirer les louanges de la droite et de la gauche réunies dans la même béate admiration, à ce totem autour duquel s’agglutine toute la classe politique s’offrant des orgasmes à répétition à son seul nom évoqué, soupirant de ne pas posséder parmi son troupeau un taureau aussi férocement volontaire dans son souci de réformer l’Etat fût-ce au prix d’une popularité en berne.

Entre ici Gerhard, toi Chevalier sans peur et sans reproche, Don Quichotte des temps modernes, Che Guevara du nouveau siècle, Moïse de l’économie allemande, Pharaon de la construction européenne, Hercule des marchés financiers, César du redressement national, Napoléon de la lutte contre les déficits, Attila de la réforme, Tarass Boulba de la politique de l’offre, Goldorak du volontarisme, Dieu Tout-Puissant de l’effacement de la dette.

Puissions-nous, nous autres simples franchouillards mous du béret et hérauts de la prudence, s’inspirer du sillon que naguère tu traças dans le fracas d’une économie déboussolée et à laquelle tu fis don de ton corps et de ton âme, n’hésitant pas à sacrifier ton ambition personnelle au nom de l’intérêt supérieur de ta patrie en danger.

Puissions-nous puiser dans ton exemple la force de redresser notre pays de veaux, lui assener une claque si forte qu’il finisse par sortir de sa torpeur immémoriale où des politiques trop avenantes l’ont plongé, l’amener enfin à se regarder en face et contempler la force de son immobilisme, cette aspiration à rester encrouté dans de vieilles certitudes inébranlables.

A défendre coûte que coûte des privilèges acquis en des temps plus favorables, à se dresser sur ses ergots dès lors qu’il s’agit de procéder à des changements pourtant indispensables s’il veut se sortir de cette inertie dans laquelle il se complaît depuis trop longtemps maintenant, l’empêchant de s’extirper de cette dépression moisie où il se morfond avec une délectation souffreteuse, à la recherche d’un glorieux passé qui ne reviendra plus.

 

Levez-vous vite Gerhard désiré qui devez emmener la France dans les espaces d’une autre vie !

 

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J’ai refusé le Ministère de la Culture

 

Au milieu de la nuit le téléphone a sonné.

J’ai bondi hors de mon lit, envoyant valdinguer dans les airs mon chat endormi sur mon flanc, j’ai cavalé jusqu’au salon, je me suis mangé le lampadaire du couloir, j’ai manqué de m’étrangler avec une liane du ficus, j’ai fini par trouver le combiné caché sous ma réserve de valium.

J’ai décroché.

C’était le directeur de cabinet de Manuel Valls.

Je m’en doutais.

Depuis que j’avais appris la nouvelle de la démission du gouvernement, je pressentais ce coup de fil, je savais que je figurais en bonne place sur la short-list du premier ministre, il me l’avait confié en personne lors d’un tête-à-tête impromptu à la fête de la musique, “la prochaine fois, tu en seras, la France ne peut pas se passer de toi”, je l’avais cru ; il n’était pas homme à ne point tenir ses promesses.

Quel Ministère ? j’ai demandé. La Culture. La quoi ? La Culture. Je voulais l’Économie. Déjà pris. Par qui ? Macron. Lui ? Oui. Pourquoi ? Il a le profil. Et moi pas ? Non. Tu es trop pro-israélien. Qui a dit ça ? Manuel. La Justice ? Impossible. Taubira reste. Elle reste ? Oui. La Culture alors, c’est ça ? Oui. Je dois réfléchir. T’as dix minutes. C’est tout ? Oui. On doit l’annoncer avant le 20 heures. Je vois.

J’ai raccroché.

Je suis allé me servir un grand verre d’eau.

Le chat est venu se frotter à moi. Je l’ai balancé dans le frigo pour avoir la paix et j’ai refermé la porte. Il n’a pas moufté. Il avait l’habitude.

Je me suis posté devant la fenêtre.

La Culture.

Cocktails. Discours d’inauguration de la bibliothèque Katherine Pancol à Trifouillis-les-Oies. Remise de médaille à des écrivains obscurs, à des chanteurs oubliés, à des metteurs en scène cafardeux. Les Césars. Les Molières. Le Festival de Cannes. Les poignées de main à des demi-portions d’artistes amoureux de leur ombre. Les ballets. La danse. L’opéra. Les intermittents. Des pinces-fesses avec des attachés culturels guatémaltèques ou bulgares. Des négociations impossibles avec des escrocs googliens ou amazoniens. L’horreur.

Et Macaron qui filait à l’Économie. Impensable.

C’aurait dû être moi.

J’avais le profil parfait.

Me situant à la gauche de la droite du parti mais point trop excentré de son centre, à l’extrémité nord de la face sud du courant réformiste, tout juste à mi-chemin entre la tendance sociale-libérale et sa composante sociale-démocrate, partisan de la relance par la politique de l’offre tout en demeurant un adepte de cette même relance par l’augmentation du pouvoir d’achat, ancien maoïste en culotte courte mais désormais voué à la cause du grand capital, ami fraternel des banquiers mais resté en bons termes avec mes camarades syndiqués de l’école communale, j’aurais pu rassembler sous mes couleurs tout le spectre de la gauche gouvernementale et ornementale.

Bref, j’étais le candidat idéal.

Je pratiquais aussi bien la fronde que la tonte.

En tant que membre éminent de la communauté juive, j’avais mes entrées dans tous les conseils d’administration des plus grands instituts financiers de la planète ; avec un peu chance, j’aurais pu les convaincre d’investir dans des start-up installées du côté d’Auxerre ou de Clermont-Ferrand, relancer la production de l’houmous hexagonal, soutenir l’activité d’industries versées dans le recyclage de roquettes artisanales.

Et puis surtout je n’entendais rien mais absolument rien à l’économie, ce qui devait, en toute logique, me valoir la sympathie de Bruxelles.

Et voilà qu’on me proposait la Culture.

Quelle drôle d’idée avait eu Manuel.

Quitte à me refiler un strapontin d’honneur, j’aurais préféré celui des Anciens Combattants.

Un pèlerinage une fois l’an en Normandie, un autre dans la Somme et le reste du temps, la rédaction de lettres de condoléances à des familles venant de perdre leur vétéran.

Le téléphone a sonné à nouveau.

Je n’ai même pas pris la peine de répondre.

J’avais d’autres chats à fouetter que de m’occuper du déclin culturel de la France. De toutes les manières, il était inexorable. Autant mettre Jean-Pierre Foucault à ma place.

Du coup, je suis allé sortir le mien (de chat).

Il avait bouffé la moitié du reste de mon houmous.

 

Alors que je me faufilais sous les draps, ma femme m’a demandé qui c’était.

Personne. Juste un zozo qui voulait me refourguer des macarons de droite.

 

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Arnaud Montebourg, le Joe Dassin du Parti Socialiste

 

C’est un véritable séisme, une claque monumentale que vient de recevoir en pleine poire notre bon Président de la République dont on ne sait s’il se relèvera d’un tel désaveu : Laurent Ruquier, la conscience du peuple de gauche, le maître à penser de la refondation du socialisme, se dit atrocement déçu par sa mandature et regrette même d’avoir voté pour lui.

Le coup est sévère.

Nul ne peut prédire à cette heure la portée d’un tel sermon, si ce n’est qu’il s’inscrit d’ores et déjà dans la droite lignée de ces déclarations charnières qui ont marqué de leur empreinte l’histoire de la Cinquième République, de ces dates clés dont plus tard les collégiens se souviendront à l’heure d’étudier les grands mouvements de la société française en ce début de siècle.

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Comparée à cette cinglante mise en demeure, les rodomontades acérées de nos Quick et Flupke de la politique hexagonale, j’ai nommé Arnaud Del Dongo accompagné de son fidèle lieutenant Benoit Sancho, réunis en conclave dans la champêtre localité de Frangy-en-Bresse, ne pèsent pas bien lourd.

Pourtant, Dieu sait qu’ils portaient beau nos deux ministres dans cette fête de la Rose qui ressemblait étrangement à ces comices agricoles du siècle dernier, si délicieusement et vertement décrites par Flaubert dans Madame Bovary, quand toute la fine fleur d’un département se retrouvait réunie au beau milieu d’un champ à écouter les savants discours de leurs élus revenus le temps d’une fin de semaine de leurs hautes assemblées.

Les tenues sont légères, les chemises blanches et retroussées, le soleil est de la partie, les arbres papillonnent de bonheur, les rires des convives attablés autour des grandes tables sont joyeux et comme le vin servi vous monte à la tête, voilà que sans crier gare, du haut de l’estrade d’où vous dominez toute l’assistance, vous vous surprenez à claironner votre opposition à un gouvernement auquel pourtant il semblerait que vous appartenez.

Mais qu’importe.

L’ivresse est dans l’air, l’humeur à la fête, les cœurs primesautiers et voilà que devant une foule conquise, vous soupirez votre dépit de voir la gauche filer à droite, emprunter des sentiers contraires aux aspirations de ce peuple de gauche que vous vous targuez de représenter et d’incarner à travers la figure de celui qui, rompant le consensus général, ose prétendre, sacrilège ultime, que le salut de la nation passera par une relance de la consommation.

La foule chavire, les roses claquent au vent et vous encouragent à aller encore plus loin, vous déboutonnez un nouveau bouton de votre chemise, c’est votre heure, votre moment, les mots coulent dans votre bouche, vous êtes beau, vous êtes fort, rien ne peut vous résister, vous ne vous retenez plus, vous attaquez à tout-va, vous dégosillez votre désapprobation envers cette politique économique qui étrangle peu à peu le pays, vous fustigez tous ces serviles exécutants allant prendre leurs ordres à Berlin.

Encore un peu plus et vous serez capable de réclamer la démission de ce ministre de l’Économie qui, du haut de sa citadelle bercyçoise, aveugle à la souffrance du peuple, sourd à l’étranglement des classes populaires, indifférent à la désespérance de la petite-bourgeoise, mène la France au désastre.

Mais oui qu’il s’en aille ce j’en foutre au sourire écarlate.

Qu’il parte donc ce troubadour de la politique, ce Joe Dassin du Parti Socialiste, cette girouette incontrôlable qui depuis ses débuts dans les affaires publiques a tellement changé d’avis et de camp, a si souvent retourné sa veste, qu’on finit par se demander s’il ne consulte pas son horoscope avant d’émettre une quelconque opinion.

Qu’il parte donc ce Chevalier à la Rose, on le regrettera pas.

 

De toutes les façons sa reconversion est toute trouvée : à partir d’aujourd’hui Laurent Ruquier, l’homme qui donne des sueurs froides à François Hollande, reprend les Grosses Têtes.

 

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