Bring Back Our France

 

Samedi, à Bruxelles, un inconnu vérifiait le bon fonctionnement de son fusil en s’amusant à dégommer d’autres inconnus dont le seul tort était de visiter un Musée juif.

Dimanche, la France disait son amour à un parti national en l’amenant sur l’Olympe de sa représentation européenne.

De toute évidence, les deux évènements n’ont aucun rapport entre eux.

Absolument aucun.

Si encore notre Manneken-Pis à la kalachnikov s’en était allé exercer ses talents dans une mosquée de la banlieue bruxelloise, on aurait pu tenter un rapprochement avec la phobie anti-musulman dont semble souffrir une bonne partie du corps d’élite soutenant la cause de notre nouvelle Marianne nationale.

Et encore.

On eut beau jeu de nous rappeler que ce n’est pas tant les musulmans que ces chez gens-là on abhorre mais bien plus l’étranger sous toutes ses formes, le macaque d’immigré venu piquer le boulot de l’honnête ouvrier, la fouine de travailleur clandestin aux cartes vitales démultipliées, le voleur de poules descendu des Balkans, l’africain aux dents jaunes ou encore le maghrébin vendeur de shit.

La pustule d’étranger qui colonise nos banlieues, sodomise nos vaches, crache sur nos églises, débaptise nos enfants, corrompt notre jeunesse, détricote notre identité nationale, déstabilise nos modes de vie séculaires.

Concernant le juif, on verra plus tard.

Pour l’instant, on n’a rien à lui reprocher.

Pour l’instant.

Chaque chose en son temps.

La réouverture de Drancy n’est pas pour tout de suite.

Et la remontée en première division de Laval et de Vichy n’est pas encore programmée.

Nul besoin de se bousculer, il y en aura pour tout le monde.

Les replis identitaires débouchent toujours sur des catastrophes nationales.

On pense toujours qu’une fois débarrassé de sa vermine intérieure, de cette cohorte d’étrangers qui sucent le sang de la nation en danger, on retrouvera l’allant de sa prime jeunesse, on galopera sur le cheval fougueux de sa renaissance nationale qui nous amènera à nouveau sur les collines verdoyantes de l’Esperance, synonyme de plein emploi, de croissance exponentielle, de criminalité atone, de ciel bleu et de récoltes abondantes.

Oubliant seulement que nous sommes tous l’étranger de quelqu’un.

Qu’une fois soulagé de la figure de l’immigré venu du dehors pour violer nos filles et nos campagnes, il faudra encore expurger du terreau national ceux qui de l’intérieur cherchent à entraver la marche en avant de la Patrie retrouvée : cette quête obstinée d’un ennemi à jamais fantasmé qui finira inévitablement, un jour où l’autre, par ce que le chasseur devienne à son tour chassé.

C’est quand le bourreau commence à avoir les même traits que sa victime que généralement le peuple prend conscience qu’il s’est peut-être trompé en confiant les clés de la maison à des esprits assez exaltés pour avoir cru que la source de tous les problèmes résidait dans la figure de l’immigré.

Trop tard.

En psychiatrie, lorsqu’un malade souffre d’une phobie trop envahissante, à savoir une peur irraisonnée face à un danger inexistant, on lui conseille souvent de suivre une thérapie cognito-comportementale.

Où le sujet souffrant sera amené à confronter l’objet de sa répulsion afin que peu à peu, étape par étape, il prenne conscience de la totale absence de danger qu’il représente.

On se demande si la France n’aurait pas besoin d’une cure de désintoxication de ce tonneau-là.

Histoire d’expurger de son cerveau malade le sang mauvais de ses pensées moisies.

Et l’entreprendre afin qu’elle comprenne que rechercher la cause de tous ses malheurs dans la figure de l’étranger n’est qu’une tromperie intellectuelle destinée seulement à la déresponsabiliser, à l’absoudre de son incapacité du moment à grimper dans le grand huit de l’histoire en cours.

 

Un exercice d’exorcisme afin qu’elle retrouve le beau visage d’un pays qui continue encore à incarner à travers le monde un idéal de tolérance et d’humanisme.

 

Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true )

16 commentaires pour “Bring Back Our France”

  1. Reviens, Saga !

  2. Peut-être suis-je stupide mais je ne crois pas que la France soit en danger de fascisme… ne serait-ce que pour des questions d’arithmétique électoral : 25% de 40% des électeurs ont voté pour le Front National. Cela fait en réalité 10% des électeurs dont la plupart sont loin d’être des fascistes.
    Quant à la nature du FN, s’il est incontestablement un parti très à droite, et s’il compte parmi ses membres des individus douteux, il ne peut espérer compter politiquement qu’à la condition de modérer non seulement son discours mais également sa doctrine.
    Donc, inutile de jouer à se faire peur.

  3. Tout ce bla bla européen est soporifique. Tout ça était couru d’avance, aucun intérêt. Que les politiques et les journaliste commencent par faire leur travail correctement. Avez vous remarqué comment notre prez nous a fait un superbe numéro d’endormissement général. Si il y à bien une chose qu’il maîtrise c’est celle ci, il a été aidé par la vacuité de l’UMP mais faut il s’en réjouir? Et Saga arrêter de faire autre chose qu’écrivain, de vous adonner au sophisme, à la mauvaise foi etc comme geo stratège, politologue, ingénieur des ponts et chaussées et maintenant psychologue. Je suis las de vous entendre dire tout et son contraire. Après la phobie des allemands vous allez régler le problème du racisme à coup de séance de psy. Votre papier est simpliste mais fort heureusement le ridicule ne tue pas. Ainsi après la construction Européenne à base de mémoire sacrificielle vous nous vendez le nouvel humaniste du XXI ème siècle. Vos bla bla me rendent las. Commencez par soigner votre géphyrophobie et on en reparle.

  4. Très beau texte, touchant , et une explication limpide sur le processus qui conduit à la haine toujours élargie.

  5. @ Nico Pedia. Selon le dictionnaire, la géphyrophobie est un trouble anxieux qui survient par la peur des pont. Quel est le rapport avec le propos de Saga qui s’alarme légitimement sur une réelle montée de l’antisémitisme, mais qui me semble exagérer le risque fasciste… Car antisémitisme et fascisme ne sont pas autant liés aujourd’hui dans les années 30 du siècle dernier.

  6. Je crois que Saga a essayé de prendre un ascenseur pour affronter sa peur des escaliers roulants (à moins que ce soit l’inverse ?) et que ça n’a pas fonctionné. L’échec de la psychothérapie cognitive, également appelée psychothérapie pour les nuls, est patent. Tout comme les efforts à guérir la bêtise. Comme dit mon psychanalyste : va falloir apprendre à faire avec..

    Peut-être un abonnement au musée de la Chasse ?

  7. « Rendez-nous notre France », belle requête. Depuis les années 1980, ils la détricotaient. Mais non, vous exagérez. Aucun racisme ! À peine quelques racistes. Et puis, après tant (trop, semble-t-il) d’années passées à ronger leur frein dans l’ombre, d’aucuns se décomplexèrent. Le refoulé, jaillissant, déchaîna les tabous. T’as bouts de ficelle ? Nouons-les aux muselières, tirons et arrachons les baillons. Il n’y pas de mal à se faire du bien, pas vrai ? Causons sans entraves. Les frontières, faut bien que ça protège, non ? Etc. Etc.

    Ce 25 mai 2014, les nationaux du « pays des droits de l’homme » apprenaient qu’à l’occasion d’un scrutin à règles inhabituelles (tour unique, proportionnelle, abstention de 26 802 113 électeurs et seulement 18 955 636 suffrages exprimés [pour 46 555 253 inscrits sur les listes électorales]), l’électorat de la pseudo-amie de Jeanne d’Arc installa, pour la première fois, le Front national « en tête ». Était ainsi confirmée la tendance annoncée de longue date par les instituts d’opinion – et corroborée la méfiance de certains Français. Beaucoup de frontistes (et d’abstentionnistes) souhaitaient que le scrutin ne contredît pas les sondages. Ils firent le nécessaire. Là est l’os.

    Le cheval de Troie des parlementaires hostiles à l’Union européenne ne devrait pas faire trembler le Parlement de Strasbourg, mais les effets du scrutin se font déjà jour en France.

    À vous le juste mot : « Les replis identitaires débouchent toujours sur des catastrophes nationales ». À méditer.

  8. Philippe, à mon humble avis ce papier est une escroquerie intellectuelle pour faire parler les bavards, ce que je ne suis pas. Au fond Saga n’a rien à dire sur l’Europe. Qu’il écrive au moins des papiers digne de ce nom, pour ça il faudrait qu’il n’amalgame pas des choses qui n’ont rien à faire entre elles, à force de tirer sur la corde à la fin elle se casse. Si vous voulez une réponse à votre question faites comme moi. Lisez tous les papiers de ce blog, TOUS les papiers, plusieurs fois, PLUSIEURS fois. Et hop! HOP! La réponse…

  9. Vous écrirez un jour ma biographie Nicopedia !

  10. Pour ça il faudrait savoir qui se cache derrière le juif volant atavique 😉
    @Philippe, parce que je suis dans un bon jour https://blog.slate.fr/sagalovitsch/2012/08/22/je-suis-gephyrophobe-pas-vous/ et relisez le papier…. et les archives de ce blog, ça peut pas faire de mal.

  11. Saga est avant tout un styliste… une rareté aujourd’hui.

  12. La forme plutôt que le fond. Ce que vous dites est bien plus intéressant que le charabia de notre hôte. Ainsi peu importe si des “individus douteux” prennent le pouvoir du moment qu’ils disent qu’ils sont gentils. C’est une forme de relativisme toute particulière. Qui vous dit qu’une fois au pouvoir les vieux démons ne vont pas refaire surface?

  13. http://mobile.lemonde.fr/livres/article/2014/05/29/ces-intellectuels-qui-dediabolisent-le-fn_4428431_3260.html

  14. Bravo pour ce billet aussi flamboyant dans sa forme que pertinent sur le fond ! N’en déplaise aux commentateurs qui n’y voient que virtuosité stylistique, il met le doigt sur quelques vérités douloureuses et néanmoins bonnes à rappeler, celle-ci notamment, souvent oubliée : après avoir chassé l’étranger, il faudra aussi débusquer l’ennemi de l’intérieur !

  15. Les thèses de l’extrême-droite raciste et antisémites sont tellement imbéciles, et elles ont tellement fait la démonstration de leur caractère mortifère qu’il me paraît impossible de les revoir se propager de manière dangereuse ailleurs que dans de petits milieux peuplés de crétins complexés : les néo-nazis et les musulmans extrémistes notamment.

  16. @Philippe : puissiez-vous avoir raison, mais je suis moins optimiste, l’histoire a montré qu’il suffit de certaines circonstances (politiques, économiques, etc.) pour que certaines idées nauséabondes se propagent au-delà du cercle a priori restreint des “crétins complexés”. J’espère de tout cœur que mon doute est complètement imbécile.

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