Mais qu’est-ce donc que ce patachon d’écrivain génevois qui, sorti des trous de gruyère de son canton vaudois, vient ravir la vedette à nos auteurs consacrés de notre littérature hexagonale ?
On aura tout vu.
Un petit blanc-bec, à peine sorti des jupons de papamaman, qui collectionne trophée sur trophée et parade insolemment en tête des ventes de livre donnant le tournis à nos écrivains du boulevard Saint-Germain qui n’en peuvent plus de se voir reprocher d’écrire des romans nombrilistes et centrés uniquement sur leurs petites personnes.
Ceci dit, après avoir lu l’ouvrage de monseigneur Dicker, je crois mieux comprendre la raison de cet engouement qui espérons-le ne sera que passager.
D’abord l’histoire est tellement complexe, les péripéties si nombreuses, les rebondissements si soudains, les changements de direction si multiples que personne, une fois le roman achevé, n’osera affirmer qu’il n’a rien compris à l’intrigue au risque de passer pour l’idiot de la librairie.
D’où cette avalanche de compliments, allant ” d’un roman époustouflant incertain jusqu’à son dernier souffle qu’il vous sera impossible de lâcher en route au risque de manquer l’intersection avec la highway 61 revisited ” à ” un récit étourdissant de virtuosité qui prend plaisir à nous perdre pour mieux nous égarer avant de nous retourner à l’envers “.
L’éditeur prend le soin de nous alerter sur la quatrième de couverture sur le fait que ” c’est aussi une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias “.
Il a bien fait, ceci ne sautant pas aux yeux.
Z’êtes sûr que ce n’est pas aussi un roman sur la décadence du monde occidental après la mort de Dieu, un traité sur la mise en abyme présenté comme le reflet du tropisme de nos tourments intérieurs, une mise en perspective de la philosophie quantique revisitée par le prisme d’une pensée résolument freudienne ?
Ceci posé, si le lecteur consent à accepter que la littérature sert aussi à le divertir sans pour autant le désarçonner, s’il entrevoit la littérature comme un aimable passe-temps, s’il envisage l’acte de lire comme un acte innocent nécessitant juste une bonne paire d’yeux et un canapé confortable, alors on peut dire que le roman tient toutes ses promesses.
Qu’il ne dérange pas.
Qu’il se lit même avec un certain plaisir.
Même s’il n’a pas cette odeur de souffre du Maitre des Illusions de Donna Tartt pour rentrer dans notre panthéon personnel. Qu’il manque d’originalité et d’excentricité pour souffrir la comparaison avec Twin Peaks. Que la langue employée est bien trop simple, bien trop polie, bien trop sage, bien trop neutre, bien trop convenue, pour rivaliser avec n’importe quel bon roman américain.
Mais qu’importe !
Evidemment l’énorme raté du roman tient en le personnage de la mère du héros qui heureusement n’apparaît que fort rarement.
Déjà passons outre le fait que Dicker ait choisi comme narrateur un écrivain juif qui ressemble autant à un écrivain juif que Franck Ribery ressemble à Marco Van Basten.
Bon sang quand on choisit, pour une raison qui m’échappe totalement, hormis the référence à l’autre andouille de Philip Roth, un romancier sémite, on envoie la cavalerie lourde : la Shoah, Dieu, le psy, le sexe, le désespoir, l’angoisse, l’autodépréciation, l’autodénigrement, le complexe de supériorité, d’infériorité. Sinon à quoi bon ? On l’appele Michel Marin ou Michael Marine et on n’en parle plus.
Un juif qui pendant 667 pages ne s’interroge jamais sur sa qualité de juif s’apparente à une énorme erreur de casting.
Mais ceci ne serait rien sans la caricature de mère juive que nous sert Dicker.
Rarement ai-je lu autant d’avalanche de clichés éculés et boursouflés sur la reine de toutes les mères.
La vérité, c’est que sur ce coup-là il m’a fait de la peine le Dicker. Il est tellement à côté de la plaque que je me suis dit c’est pas possible Maurice, ce schmock il a vu les films de Woody Allen sous-titrés en vaudois ou quoi ?
Moi je serais le Crif, au nom de toutes les mères juives bafouées, je porterais plainte.
Vous avez remarqué que les écrivains, sociologues et
et… merde, oui, donc je disais : vous avez remarqué que tous ces gens posent souvent devant leur petite bibliothèque personnelle rien qu’à eux ?
Bravo donc à Sagalo de ne tromper personne ne posant devant de magnifiques plants de cannabis.
T’oublies un élément, mon Lolo, une politique marketing imbattable. L’Académie + le Goncourt des lycéens, impossible de lutter… C’est ainsi qu’Actes sud devrait se rappler qu’il fa
(suite)
qu’il faut d’abord le goncourt des lycéens avant de parvenir au goncourt tout court. Demande à Gaudé…
Salut mon Lolo
(suite)
Avec l’Académie tu fais les grosses ventes NF (normes françaises) à offrir à la vieille tante et les d’jeunes avec le Goncourt des gamins.
bon j’arrête là mon lapinou
Stop hating haters.
@Vince
il faut aussi accorder au monsieur un évident don pour la chose! la densité et la vivacité des plants fait plaisir à voir.
BRAVO
bonne année à tous!! surtout une bonne santé et de bon yeux (j’ai l’impression que la “police” des commentaires a diminué ou alors faut que je m’achete un chien)
et à vous mon bon Laurent, toujours autant de bons articles, capablent d’enerver le peuple au delà du raisonable 🙂
ma femme à commencer à lire ce livre je vais donc devoir attendre quelques semaines pour me faire une opinion.
vu le pavé que c’est, ils les ont payé les lycéens pour qu’ils le lisent non?
Bon, une petite histoire : mardi, je prends un TGV bien rempli comme il faut pour rentrer chez moi. Comme mon billet ne mentionne pas de place assise réservée, j’en cherche une de libre et m’assoie. Une bonne vingtaine de minutes après, une femme genre la trentaine me demande si c’est ma place. (Nous appellerons cette femme Gertrude pour plus de facilité.) Je réponds honnêtement que non et elle me dit que c’est la sienne, mais comme je trouve bizarre qu’elle me demande si c’est vraiment ma place alors que c’est justement la sienne (et aussi parce que je suis parano), je lui demande le plus gentiment du monde de me montrer son billet pour vérifier que c’est bien sa place. Gertrude me répond non, je ne verrai pas son billet, et elle s’en va chercher le contrôleur… Trente minutes plus tard, personne à l’horizon, et je me dis que j’ai bien failli me faire avoir et que l’on ne peut décidément faire confiance à personne. Et là, croyez moi ou non, mais une heure et demi plus tard, Gertrude revient sans contrôleur mais cette fois-ci en me montrant son billet. Je lui cède donc ma place et m’assoie un peu plus loin.
Toute cette histoire me plongea dans une profonde confusion. Qu’a donc fait Gertrude pendant une heure et demi ? A-t-elle cherché le contrôleur pendant tout ce temps-là ? Si oui, lui a-t-elle raconté son grand malheur de voir sa place réservée occupée par un sombre connard ? J’ai essayé d’imaginer leur discussion, en vain. Puis je me suis demandé ce que pouvait être la vie de Gertrude pour qu’elle attache à son billet de train une telle intimité qu’elle ne pouvait le montrer à personne, comme si sa place de TGV en disait déjà trop, comme si c’était une partie d’elle-même.
Aujourd’hui encore, je n’ai pas la réponse à ces questions.
tout ceci est passionnant…
et mon cul sur la commode ?
Pas lu, rapport qualité/nombre de page. Vince il vous arrive des trucs de ouf! Moi je glandouillais sur le net et sur quoi je tombe? La petite musique de l’écrivain mal entendant. “Le son (du vinyle) est de bien meilleure qualité que celui des CD ou de la musique qu’on télécharge, et il y a un bonheur particulier à écouter des disques “comme autrefois”. Josyane Savigneau. http://abonnes.lemonde.fr/livres/article/2013/01/03/jeffrey-eugenides-l-homme-qui-ecrivait-lentement_1812463_3260.html Si Dieu existe je lui demande une faveur pour 2013, que les écrivains s’équipent de sonotone.
@ jourdan : n’empêche, vous avez quand même lu !
@ Saga: Je viens enfin de voir votre truc sur Facebook. C’ est affligeant !!! Ca donne envie de lire votre bouquin comme de se pendre. Même Bernard F se vendrait mieux, je pense. Et puis, j’ ai compris : C’ est la librairie Mollat qui a tourné le clip ? Ils l’ ont saboté quand ils ont appris que vous supportiez les verts ( Pour les ignares, Mollat est une librairie Bordelaise)
Le point positif, c’ est votre physique : A cause de la photo en tête de votre blog, je vous voyais comme un Weyergans en un peu plus jeune. En vrai, c’ est un peu mieux
Allez, bonne année quand même, et aussi à tous les malades mentaux qui fréquentent ce blog ( sauf Sophie et Hannah, que j’ embrasse)
@ Vince: m’enfin est-ce que j’ai une tête d’académicien nipponphile moi ? Chez Mollat, c’est Guantanamo : sans vous prévenir, ils vous emmenent dans une cave, vous braquent des projecteurs sur vous et là vous commencez à déguster…
@ vinnie-jones : je suis peut-être schizophrène, paranoïaque et mégalomaniaque, mais malade mental, ça non ! Bonne année, tout de même.
@ sagalo : vous me confondez encore avec vinnie… Je me demande parfois si vous nous aimez vraiment.
@ Vince : Bonne année vous-même. Et désolé pour le diagnostic, mais vous pouvez vous en sortir, on le sait tous.
@ Saga : z’ aviez qu’ a mettre une meilleure photo. Tiens, changez la d’ ailleurs. Et il a raison le Vince, confondre vos blogueurs, quand même, je vous rappelle qu’on est moins de cinq..
c’est ca Vinnievince, vous ne voulez pas que j’organise aussi un jeu concours pour choisir la meilleure photo ?
comme le chante si bien la délicate céline Dion, icône canadienne et “rossignol” du québec: “on ne change pas”.
et c’est vrai, qu’enfant , déjà, tu parvenais à consacrer de très nombreuses heures à la lecture ( apparement, à l’époque, au détriment de tes devoirs de classe)…
cette positive-addiction ne t’a visiblement pas quitté…tu continues d’engloutir des pavés à un rythme hebdomadaire…c’est bien,
mais aujourd’hui encore pour le véritable travail, il ne faut pas trop compter sur toi : “on ne change pas”,
fainéant.
il est souvent décevant de lire un ouvrage primé, ou de voir un film après qu’il ait explosé le box office ( les chtis et intouchables par exemple dont on peut s’interroger sur le succès lorsqu’on les voit après tout le monde, et tant d’éloges)
mais pour ceux qui se risqueront à la lecture de “dad city” de sagalovitsch, l’étonnement sera encore plus grand. réussir à faire éditer la rédaction d’un collégien de troisième; c’est quand même plus fort que d’obtenir le Goncourt avec un bon livre.
réussir ensuite à faire publier sa correspondance d’ado fugueur avec sa mère sous forme d’un roman ( loin de quoi?), ça relève de l’impossible accompli. ( il aurait dit-on enchainé sur une réflexion footballistique…mais là, personnellement j’abandonne…)
c’est pourquoi, je ne sais pas si je dois dire “chapeau l’artiste” à Joêl Dicker pour son succès et pour ses prix, ou , “chapeau Sagalovitsch” qui réussi à faire éditer tout et surtout n’importe quoi.
n’ayant pu s’octroyer les services d’éric Nolleau, Slate s’est visiblement rabattu sur ce petit roquet ….
@ Julie : Rrrrr…
@ Saga : Nouvelle année, nouveaux amis
Ça alors! Un écrivain suisse décroche les honneurs littéraires une fois par siècle et déjà les Écrivains Parisiens lui reprochent son jeune âge, sa façon de poser pour les caméras ou ses préjugés (sans avoir interrogé l’accusé, bien sûr)!
Qu’un roman primé par l’Académie Française caracole en tête des ventes ne vous réjouit pas? Quand bien même il ne s’agit pas d’un auteur du sérail, il y aurait de quoi s’en féliciter, non?
Il me semblait que l’on devait à un Français la maxime suivante: «Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années..» Laissez-lui le temps de faire des erreurs et proposez-lui votre aide de vieux briscard, que diable!
@ Julie : Bonne année à vous aussi
Bon, avec tout ça, tout le monde l’a lu, ce bouquin.
Dans votre Vidéo, vous avez l’air épanoui du gars qui cause en mâchant une brique de mâchefer… Bon, vous êtes un vrai auteur, pas un clown en promo de lui même, alors au final, c’est plutôt bien. Enfin, pour moi, mais je ne prétends pas avoir un avis représentatif au delà 🙂
Vous sortez de Mollat, première à gauche première à droite, et tout en bas un excellent restau à huîtres avec blanc idoine, la prochaine fois qu’ils vous traumatisent. Comment ? Non, je ne sais pas si elles sont casher, les huîtres , je crois pas.
Winnie Jones : Vous êtes pas Trader pour rien, vous. Même devant les élucubrations de ces pauvres auteurs, vous pensez first marketing. Vous voulez aussi un slide show pour le Pitch? Méfiez vous (ou pas, je m’en fous) des auteurs qui parlent trop bien de leurs livres, c’est souvent qu’il n’y a pas grand chose dedans.
Je vais vous dire ce que je pense de Gérard Depardieu.
Gérard Depardieu ne sera jamais aussi blond qu’un russe.
Gérard Depardieu ne sera jamais aussi bourré qu’un russe (quoique).
Mais surtout, Gérard Depardieu ne pourra jamais tabasser sa femme comme un russe.
Gérard, tu ne seras jamais vraiment russe.
@ Bernard : mais enfin, c’ est vous qui m’ avez dit que les auteurs étaient obligés d’ être des bons produits marketing s’ils voulaient vendre leurs bouquins, ce que vous déplorez, certes, et nous aussi. Et le pauvre Saga, franchement, il rame sur sa video faut dire. Mais ce n’ est pas pour autant que je n’ achèterai pas son bouquin.
A part ça je suis en train de lire 1Q84 de Murakami, c’ est assez étonnant et j’ adore
Y’ en a qui l’ ont lu ?
@ Vinnie: mais je ne rame pas du tout. J’essaye de faire mon Modiano, c’est tout. De toutes les facons je suis un homme de radio moi: http://www.radio-canada.ca/emissions/boulevard_du_pacifique/2012-2013/archives.asp?date=2012-11-20
J’avais lu Kafka sur le rivage et j’avais aimablement detesté.
Désolé, j’ arrive pas à vous ouvrir, si j’ose dire. Mais arrêtez, après on va dire que vous avez un physique de radio…:-)
Bon, moi c’ est le premier, j’ en ai pas lu d’ autre, et je trouve ça assez bien foutu. C’ est toujours mieux que l’ autre Jojo le vicaire helvete, en tous cas.
@ Jones : Ah Ah ! Murakami, c’est chiant comme la pluie, j’ai lu le même que le tenancier de ce blog. Du vide enrobé de silence. Je suppose que “ça doit faire japonais”.
Plutôt le coeur de cible de la trentenaire travaillant dans le secteur tertiaire disposant de revenus supérieurs à la moyenne. (Mais les éditions Belfond vous remercient.)
Faites gaffe, lisez en trois à la suite par une nuit sans lune et vous vous réveillerez transformé en gonzesse.
Bonsoir à tous, bonsoir Laurent…je viens de découvrir votre blog, et tout comme vous j’ai adoré ce livre…je continue ma visite sur votre site.
adoré le mot est faible…