Dans les années vingt et même jusqu’en 1933, les gens cultivés, éduqués et sains d’esprit prenaient bien souvent Hitler pour un simple clown, au comportement si grotesque et si outrancier que jamais, ô grand jamais, à leurs yeux, il n’accéderait à la chancellerie.
Jamais.
Nous aussi, gens tout aussi éduqués et cultivés, avons bien ri quand Donald Trump s’est lancé dans la course à l’investiture républicaine : tout comme avec le pitre à la petite moustache, il nous semblait complètement farfelu d’imaginer un seul instant que cet homme-là, avec ses extravagances médiatiques, ses propositions ubuesques et ses déclarations loufoques puisse un jour prendre pension à la Maison-Blanche.
Aujourd’hui, on ne rit plus. Plus du tout.
On regarde effaré la progression du trublion qui, de mois en mois, engrange succès sur succès, voit de plus en plus d’électeurs se rallier à sa cause, au point d’apparaître désormais comme un possible futur président des États-Unis.
C’est que toujours, quelles que soient les époques, les mentalités, les us et les coutumes des pays, nous autres personnes bien instruites, commettons à chaque fois la même sempiternelle erreur d’appréciation : nous oublions la parfaite et immuable et insondable stupidité, veulerie et mesquinerie de la masse d’hommes et de femmes conviés à voter.
Ce que j’appelle le mur insondable de la connerie, de cette connerie qui résiste à tout, qu’on ne peut combattre ni par la pensée ni par la logique, qui s’affranchit de toute espèce de rationalité et se présente à vous, invincible et si sûre de ses atouts qu’elle peut se permettre de vous brocarder sans vous laisser la possibilité de la battre en brèche.
Il faut le dire, l’homme est con par nature. Profondément. Immensément. Superbement.
Il est d’autant plus con de nos jours que désormais, grâce à l’intervention des réseaux sociaux, à l’omniprésence d’internet, il sait qu’il n’est plus le seul à être aussi con.
Autrefois, le con restait seul avec sa connerie.
Il pestait devant son téléviseur, il terrorisait sa petite famille, il débitait horreur sur horreur mais, se doutant tout même de l’incongruité de ses paroles, n’osait les exprimer en public.
Il vivait sa connerie en solitaire et seul son chien devait supporter à longueur de temps ses diatribes foireuses.
Aujourd’hui, grâce à l’entremise de Facebook et de ses dérivés, il découvre ravi que son voisin ou que son cousin qui habite à l’autre bout du pays est tout aussi con que lui. Voire même encore plus. En voilà une merveilleuse nouvelle. On est si bien entre cons. On se comprend. On s’apprécie. On échange. On s’enrichit l’un l’autre. On s’affiche sans crainte. On rivalise. On s’épanouit.
Le seul génie de Trump, et il est conséquent, est de savoir parler aux cons. D’avoir compris que pour s’attirer les faveurs de l’électeur de base, il n’était nul besoin de l’assommer de discours ronflants, de partir dans de longues dissertations sur l’état du monde, d’élaborer des programmes savants : il suffit de lui débiter connerie sur connerie. De respecter la connerie du citoyen au lieu de la brocarder.
De la flatter. De la célébrer. De l’honorer.
Et plus la connerie est monumentale, plus elle gravite dans les hautes sphères de l’idiotie la plus absconse et plus le con adhère et applaudit.
En l’écoutant pérorer, le con devine qu’il a trouvé un porte-parole, un frère d’armes, un conpatriote.
Un qui le comprend. Un qui l’encourage à revendiquer sa connerie. A la brandir. A l’asséner. A la démultiplier. A la laisser prospérer. S’émanciper. Se répandre.
Alors, à cet instant, le con se révèle à lui-même. Il est heureux. Amoureux. Sauvé. Il peut se regarder dans la glace : il a belle allure, il peut parader en ville, son moment est arrivé.
Le con n’est pas américain. Il est universel. Il attend son heure. Il est patient. Il a tout son temps.
Et il finit toujours, un jour ou l’autre, par être entendu.
Ce jour-là, l’humanité entre en son enfer.
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Je souscris, hélas, pleinement à cette analyse, valable dans notre pauvre pays également.
Et on a la même en France !! Elle aussi sait parler aux cons, et le fait avec autant d’aplomb (et de réussite) que Trump.
Elle aussi est très dangereuse.
Pas besoin de citer son nom. Il suffit de savoir que son père, le Roi des Cons, lui a pavé le chemin.
Le très regretté Georges Frêche, fort injustement attaqué en son temps avait si bien résumé tout ça :
” La politique c’est une affaire de tripes, c’est pas une affaire de tête, c’est pour ça que moi quand je fais une campagne, je ne la fais jamais pour les gens intelligents. Des gens intelligents, il y en a 5 à 6 %, il y en a 3 % avec moi et 3 % contre, je change rien du tout. Donc je fais campagne auprès des cons et là je ramasse des voix en masse.
Les cons sont majoritaires, et moi j’ai toujours été élu par une majorité de cons et ça continue parce que je sais comment les « engraner », « j’engrane » les cons avec ma bonne tête, je raconte des histoires de cul, etc… ça un succès de fou, ça a un succès fou. iIs disent, merde, il est marrant, c’est un intellectuel mais il est comme nous, quand les gens disent “il est comme nous”, c’est gagné, ils votent pour vous. Parce que les gens ils votent pour ceux qui sont comme eux, donc il faut essayer d’être comme eux.
Pourquoi des millions de con auraient tort face à des milliers de moins cons?
Il parait que la démocratie est le moins pire des régimes.
La démocratie, c’est deux loups et un agneau votant ce qu’il y aura au dîner.
bonjour,
Comparer Trump à Hitler est outrancier!
Pour le reste OK
Mais il n’y a pas que les Trump et leurs pendants européens!
En d’autre temps Jospin avait promis les 35h payées 39! la masse des “cons” ‘entre guillemets parce que je vous laisse la responsabilité de ce qualificatif) l’ont suivi!
Cà a été pareil pour Hollande en 2012!
C’est peut-être le suffrage universel qui est un mauvais système, mais les autres sont pires!
A LIRE VITE,LA CONJURATION DES IMBECILES DE JOHN KENNEDY TOOL ON Y EST
Toole
Dans le même genre il y a Modi en Inde qui il y a 5/6 ans était considéré comme fanatique illuminé, et à deux doigts de faire de la taule. Aujourd’hui il est Premier ministre.
En lisant l article, j ai pense tres fort a Marine. Dans une interview un geographe (proche du PS) expliquait la rupture entre le PS et les classes populaire en disant que les dirigeants du PS pensaient que si les gens votent FN, c est qu ils sont cons. Et vous ecrivez la meme chose (mais aux USA)
Évidement, dire que les gens sont cons est une explication facile. Je connais pas assez les USA pour avoir une opinion au sujet des succes electoraux de Trump mais dans le cas du FN, le succes vient au moins autant de l incompétence de ses opposants (negations des problemes (“ca va mieux !”), promesses qui n engagent que ceux qui les croient, sentiment d appartenir a une caste a qui tout est du, tentative se se representer et de verouiller l election alors que son quiquenat est un echec (n est ce pas Nicolas & Francois)
PS Reagan etait depeint comme un acteur de deuxieme ordre, un cow boy mal degrossi. Il n a pourtant pas declenche une guerre mondiale comme certains le croyait
j’avais cette petite musique de Brassens en tête pendant que je lisais l’article fort bien écrit. Félicitations.
Bonjour,
d’habitude je ne fais que lire vos élucubrations avec délice, en y adhérant ou non.
Aujourd’hui, je vous propose si le coeur vous en dit de creuser le sujet de la déconnexion entre élites & peuple telle que décrite par Ph. Silberzahn.
https://philippesilberzahn.com/2016/03/07/homogeneite-diversite-et-aveuglement-ce-que-donald-trump-nous-apprend-sur-les-sources-de-surprise-strategique/
Bonne continuation,
De la responsabilité considérable des médias
C’est une analyse quelque peu bas du front…ils sont “con”…voilà les choses sont expliquées ! On ne nait pas con on le devient en fonction de son environement culturel et médiatique ! Toutes les études montrent que l’électorat FN est le moins instruit ce qui aussi vrai pour celui de l’ami Trump. L’absence de logique, la fierté dans la bétise que vous dénoncez ne vont pas de soi, elles sont le produit d’un manque de culture, d’instruction et de la pauvreté intellectuelle du monde médiatique que soit ici ou aux USA (plus la bas qu’ici quand même).
Mais en plus de contribuer à l’ignorance ambiante, il y a eu un emballement médiatique autour de Trump, comme autour du FN, basé sur rien (ni résultats électoraux, ni manifestation…) sinon un cercle vicieux: la sur-médiatisation entraine une hausse dans les sondages qui renforce la sur-médiatisation….
Donc plutôt que dénoncer les “cons” ne faut-il pas en premier lieu montrer la responsabilité du champ médiatique et se demander en quoi la bétise crasse de millions de gens qui sont fait comme vous et moi est la conséquence de structures sociales qui les dépassent ?
J a PA compris
On a glosé sur Ronald Reagan et pourtant.
On a traité Harry Truman de marchand de bretelles. Et pourtant ..
Vous préférez Hillary et ses casseroles dont chacune peut lui valoir des années de prison ?
Ah, l’explication des bien-pensants des classes supérieurs, les pauvres ne vote pas comme on leurs dit de voter, mais ils sont idiots!
Ou alors peut-être que le mépris que vous leur affichez sans cesse, leurs a donnés la haine. Peut-être que chercher l’explication qui vous dérange est au dessus de votre intellect, mais moi j’y vois la l’explication la plus plausible.