Trop de cul au cinéma: et la pudeur bordel !

                                                                                                                                                                                                                                                      Je ne pense pas être spécialement puritain.

Ainsi, je confesse avoir passé des heures à décortiquer image par image des séquences pornographiques afin de comprendre les sortilèges de la quadra pénétration anale.

J’ai gaspillé des litres d’essence naturelle à m’extasier devant les acrobaties buccales de starlettes expertes dans l’art de redresser des dards.

Dans la bibliothèque familiale, j’ai coché ce que jugeais être les passages les plus réussis des romans Henry Miller afin de les utiliser le moment voulu comme arme de corruption massive. 

Bref j’ai péché et par les mots et par l’image.

Et pourtant depuis quelque temps maintenant voilà que je me surprends à soupirer d’ennui quand, regardant un film tout public, je me retrouve condamné à assister aux ébats amoureux d’un couple se donnant l’un à l’autre dans une étreinte qui ne nous épargne aucun détail.

Difficile de trouver de nos jours un film qui, à un moment ou un autre, ne va pas nous dévoiler et la poitrine de mademoiselle, et l’arrière-train de monsieur, et le popotin de madame, et l’arrimage dudit popotin aux cuisses de monsieur, et la mise en action de ce dernier, et le ballet des corps, et la cavalcade des amants, et la montée de leur plaisir, et la symphonie de leurs râles et l’apothéose de leurs joutes.

La plupart du temps, la scène montrée sous toutes ses coutures, filmée en gros plan, dans la pénombre d’une chambre à coucher, au beau milieu de draps défaits, n’apporte rien, strictement rien à la dramaturgie du long-métrage.

On se doute bien que si deux personnes se retrouvent ensemble, au même moment, dans un lit, sans apparat vestimentaire, ce n’est pas pour remplir leur grille de P.M.U ou prononcer des actions de grâce, mais bel et bien pour se livrer à une séance de galipettes échevelées.

Dès lors, quel besoin de nous montrer par le menu détail le déroulement de leurs escapades sexuelles ?

A priori, à moins d’une surprise de dernière minute toujours possible,(effondrement du lit, apparition de Madame la Baronne, décrochage inopiné du lustre) s’étant retrouvé soi-même dans la même situation, connaissant le répertoire des possibilités gestuelles en ces instants particuliers, on devine sans peine le déroulé des minutes à venir et leur inévitable conclusion.

Rien ne se ressemble autant que deux scènes de cul dans le cinéma contemporain.

On filme comme on baise.

Sans passion, à la va-vite, en bâclant, dans un accouplement des plus factices qui finit bien vite par nous assommer d’ennui ou nous procurer une certaine gêne, comme si le réalisateur à court d’idée nous forçait à assister à une scène qui ne nous concerne en rien.

Une pure séance de voyeurisme sans aucune utilité, sinon la découverte de l’intimité d’une actrice à la mode, chose pas déplaisante en soi, mais superfétatoire au regard de l’intérêt du film. 

Certes de temps à autre, il arrive qu’une scène de ce genre puisse participer à la construction d’un personnage, posséder son utilité en ce qu’elle nous révèle la nature profonde des relations à l’œuvre entre deux protagonistes,  constituer le chaînon manquant à la compréhension de leur pulsion profonde.

Auquel cas, elle possède toute sa place dans l’orchestration d’un film.

A la seule condition d’être filmée avec suffisamment de singularité et de talent pour être autre chose qu’une simple baisouillade, aussi passionnante à regarder que la dégustation faussement énamourée d’un cassoulet dans une publicité William Saurin.

Une sorte de pornographie à l’emporte-pièce destinée seulement à assouvir notre désir pervers de voir à quoi ressemble les seins de Scarlett Johansson.

Lesquels sont sans surprise au nombre de deux, d’une forme plus ou moins arrondie avec une proéminence érectile en leur milieu.

                                                                                                                                                                                                                                                Gabin ou Ventura n’ont jamais montré leur cul à l’écran.

Question de pudeur.

Ou d’époque.

Ou des deux à la fois.

                                                                                                                                                                                                                                                    Pas certain qu’aujourd’hui ils pourraient s’épargner de dévoiler la part la plus secrète de leur intimité.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

6 commentaires pour “Trop de cul au cinéma: et la pudeur bordel !”

  1. Dans Ne tirez pas sur la pianiste il est au lit avec sa voisine prostituée qui lui fait ça gratos. Elle est assise à coté de lui les seins dévoilés et il remonte le drap pour les couvrir et lui dit quelque chose comme “c’est comme ça au cinéma”. Un genre de révélation de ” la nature profonde des relations à l’œuvre”. C’est beau.

  2. “à quoi ressemble les seins ”

    nan pas possible, vous faites exprès là ?

  3. Enfin quelqu’un qui ose dire, certes après maintes précautions oratoires, qu’il en marre des scènes de cul tous azimuts. Bravo pour votre courage

  4. Demandez-vous pudeur au cinéaste, ou promesses ? Et en l’espèce, promesses à peine tenues – au quart, suffirait. Car la promesse du nu, entièrement tenue par l’image filmique, ne pourra jamais montrer ensuite que du déjà-vu, c’est-à-dire qu’aucune place ne sera plus laissée à l’imagination des spectateurs. Aussi réussis soient-ils, rares sont les films dont le réalisateur n’aurait pas brimé l’imaginaire du spectateur. Le romancier, quelque puissant et détaillé que soit son texte, fait, par nature, rêver le lecteur, lui laissant ainsi une part de création et d’imagination. Non qu’il faille bannir les films, notamment ceux structurés par un solide scénario. Par le riche jeu de l’ellipse, du suggéré, du flou, etc. –, le cinéaste ménage des niches, où chacune, chacune, glisse à sa guise des images que le réalisateur n’a pas fixées. Mais jamais votre Emma Bovary ne sera la mienne, ni son incarnation par Isabelle Huppert dans le film de Claude Chabrol.

    Évidence, quand tu nous tiens… Si vous voulez. Mais le cinéma et l’image animée nous bouffent tant aujourd’hui que, si l’on ne lit plus, ou moins, on oublie cette merveilleuse évidence de la lecture : la liberté.

    Quant au « trop de cul », vous le décortiquez ici, si l’on ose dire, avec une sagacité si gauloise et si diversement illustrée, que vous nous renvoyez à la redite ou au silence. À moins que l’on affirme, sans risque de se tromper, que Jean Gabin, Lino Ventura, à personnalité inchangée, eussent eu grand-peine à se régaler, en vrai et sous l’œil de la caméra, de casse-croûtes fast food – dont, sans même évoquer le goût, leurs dents supposées d’acier ne pourraient broyer la mollesse… une seconde fois. Aussi peut-on croire que, même dans la pire dèche, leur derche fût resté dans l’ombre d’un plumard !

    Et puis, on imagine Gabin, qui professait, qu’ « un bon film, c’est d’abord une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire » remplacer par trois fois, pour se mettre au goût du jour, « une bonne histoire » par « une belle paire de fesses » ?!

  5. La majorité des gens sont plus intéressés par leur cul que par leur cerveau … les décérébrés, ça se manipule mieux.

  6. Oui!!!

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