Mon chat en a rêvé, l’assemblée nationale s’apprête à exaucer son souhait le plus fou, celui que ses ancêtres ont pourchassé pendant des générations et des générations : être enfin reconnu comme un être vivant doué de sensibilité.
Il ne me manquait plus que cela.
Cette andouille m’a réveillé en pleine nuit pour m’annoncer la funeste nouvelle.
Un coup de patte direct dans ma tronche suivi d’une longue diatribe débitée sur un ton sentencieux où il m’expliquait que dorénavant je lui devais le respect dû à son rang, que c’en était fini d’être considéré comme un simple objet qu’on trimballait tel un vulgaire meuble de pièces en pièces, que désormais je devais veiller à son bien-être avec le souci constant d’améliorer ses conditions de vie sans jamais renier ses droits élémentaires.
La révolution est en marche et rien ne nous arrêtera.
A la première incartade je te préviens je porte plainte auprès du Procureur de la République pour non-respect de ma sensibilité.
Et, roulant des épaules, fanfaronnant comme un paon, d’une allure tranquille, il s’en est allé se pavaner sur le canapé comme le nouveau monarque qu’il était devenu.
Ce matin, pour tâcher d’attirer ses faveurs, je me suis aventuré à le caresser.
Il m’a repoussé sans ménagement.
Je ne suis pas d’humeur ce matin, ma sensibilité me pousse à te demander d’enlever sur-le-champ ta main de mon auguste pelage. Faute de quoi je saisirai le tribunal de grande instance pour harcèlement et autres comportements en tout point contraire à la déclaration universelle du droit du chat. Et j’écrirai une tribune dans le Monde pour dénoncer tes agissements délétères. Et j’alerterai la Licha.
Je ne suis pas un jouet ou un simple passe-temps tout juste bon à te servir de distraction, je suis un être doué de sen-si-bi-li-té. Compris ?
J’ai préféré battre en retraite.
Décidément la gauche commence à m’emmerder sérieusement.
Pas foutue de remettre l’économie dans le sens de la marche, mais toujours prompte à nous infliger des leçons de morale à tire larigot, à s’en aller évoquer les figures de Jaurès et de Blum pour mieux défendre le bœuf et la lapine, à prendre le parti de l’opprimé afin de mieux stigmatiser le comportement des puissants de ce monde, à légiférer à tout-va afin d’encadrer nos libertés fondamentales.
Donner à un chat la possibilité d’être reconnu comme un être doué de sensibilité, c’est ouvrir la boîte de pandore à toutes sortes de revendications des plus saugrenues.
Bientôt les chattes demanderont aussi d’être considérées comme les égales de leurs compagnons masculins et exigeront la parité dans toutes les décisions concernant le déroulé des affaires ménagères.
Après quoi, les chats transgenres, ceux au pelage douteux, nés de parents aux pedigrees plus qu’équivoques, s’en iront manifester sur le pavé parisien pour réclamer d’accéder aux mêmes droits que les chats de race, sans parler des chats homosexuels qui revendiqueront leurs aspirations légitimes à jouir des mêmes avantages que les chats hétérosexuels.
A quoi bon s’ennuyer à s’accoquiner avec un chat si on ne peut même plus le suspendre au lustre, le réveiller au beau milieu de sa sieste pour l’obliger à cavaler après un bout de ficelle, le pourchasser avec l’aspirateur, planquer ses croquettes sous une boîte en carton, étirer ses moustaches, replier ses oreilles, lui gratouiller le ventre ou le promener en laisse ?
Désormais mon chat m’a prévenu : plus question d’écouter ma musique de sauvage à tue-tête, cela nuit de trop à la qualité de son repos, essentiel à son équilibre intérieur, lui-même garant de sa sensibilité par trop exacerbée par la diffusion de ma musique jugée trop déprimante.
Surtout Brel, a-t-il rajouté.
Désormais tu l’écouteras avec ton casque.
J’ai quand même tenu à lui rappeler que grâce à cette loi désormais, s’il connaissait un petit pépin fatal lors d’un voyage inopiné dans la soute d’un avion, je pourrais poursuivre la compagnie aérienne pour préjudice moral et toucher des dédommagements conséquents.
Il n’a pas moufté mais j’ai bien senti qu’il me préparait un mauvais coup.
Je ne m’étais pas trompé.
Je viens de recevoir un mail du comité de salut public me mettant en garde contre mes menaces réitérées à l’égard de mon chat, comportement susceptible de me valoir la peine capitale.
En attendant, je dois suivre un stage de sensibilisation à la sensibilité de mon chat.
Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true )
Mon chat exige un câlin matin, midi et soir sous peine d’une amende de 80€ pour devoir d’amour non acquitté. Un gros enfoiré!
Tant qu’on n’interdit pas aux tortionnaires en herbe d’arracher une aile aux mouches, pas la peine de s’inquiéter !
Quant au chat, il y a belle lurette qu’il est chez soi chez vous, pourquoi ne dirait-il pas à son maître : « Tu es ici chez toi » ? Le chat cause et s’approprie. Il est si sensible au logis de son maître qu’à coups de griffes, il fait de ses tapis les siens, se tapit au coin de son canapé, mais ne le tapisse pas d’auréoles nauséabondes. Car le chat se respecte ; il fréquente ses propres toilettes – urine et défèque dans sa caisse, si vous préférez. Le chat est un seigneur : le félin botté de Charles Perrault octroie même à son maître, un pauvre manant, le titre de marquis de Carabas.
Ajoutera-t-on que l’anthropomorphisme ne date pas de Jacques Brel, qui prêta le spleen aux bovins d’arène : « Les taureaux s’ennuient le dimanche/ Quand il s’agit de mourir pour nous… » (« Les Toros ») ? La Fontaine en fit de grands bavards, affabulateurs parfois, et, au Moyen Âge, on leur intenta des procès qui en envoyèrent plus d’un à la potence. Dire qu’il a fallu attendre le vingt et unième siècle pour leur reconnaître le statut d’êtres vivants « doués de sensibilité » !
Une injustice est réparée, et l’on comprend mal que « la gauche commence à [vous] emmerder sérieusement ». Ce souci de justice, au contraire, devrait faire exulter un ami du félin comme vous. À une réserve près, veillez à ce que votre chat n’en use pas avec vous comme le chien de Raymond Devos avec son maître et, par exemple pendant la retransmission d’un match de Saint-Étienne, ne vous lance pas, froidement : « On pourrait peut-être de temps en temps changer de chaîne. »
J’ai bien peur que le projet du gouvernement”de gauche” actuel est d’aligner les droits du citoyen sur ceux des animaux d’élevage,si ça continue,on va se retrouver à bosser 10 heures par jour pour un bol de riz transgénique!
travailler en batterie…..ça va etre le pied…..
si mon chat me tasse les touilles, je le jette sous une voiture, voilà!!
quel rapport avec le RSA ? Les allocataires auraient un trop plein de sensibilité ? Ou devraient-ils être considérés comme des meubles ? assez inutiles, il faut l’avouer…