Parisiens, planquez-vous, le monde de l’ovalie débarque au stade de France.
Ce sera évidemment un public bon enfant.
Contrairement à l’infâme hooligan qui contemple ahuri 22 demeurés jouer à la balle au prisonnier avec leurs pieds, l’amateur de rugby est lui, de toute éternité, d’essence supérieure.
Tout d’abord, il est bien élevé.
Il ne jure pas, il ne crache pas, il ne soulage pas sa vessie contre les piliers soutenant les tribunes, d’ailleurs il ne boit que de l’eau. Gazeuse si possible.
C’est un gentleman.
Venu tout droit de ces nobles terres du sud-ouest où l’on se fait un devoir d’apprendre aux jeunes cadets que le respect de l’adversaire, l’amour du maillot et la fidélité à son terroir priment sur toute autre considération.
Que si le rugby demeure un sport de conquête, cette dernière ne doit être considérée que comme l’expression non pas d’une envie d’écraser l’autre mais bien plus comme une métaphore du vivre ensemble dans une société prompte à sacraliser la masculinité qui sommeille en chacun de nous.
Les rugbymans sont solidaires.
Ils savent la dureté de l’existence. L’âpreté de la vie. La rudesse du quotidien.
Ils ne trichent pas.
Ce sont des forçats aux pieds d’argile.
Des colosses de poètes qui rimbaldisent à coups d’empoignades de testicules qu’ils mastiquent du bout des doigts afin de mieux ressentir l’animalité de leur vis-à-vis.
Des hommes de bonne volonté qui vont au bout d’eux-mêmes afin de s’éprouver pour pouvoir se regarder dans la glace avec la certitude d’être l’un de ceux que le destin a choisi comme émissaire privilégié.
Ce sont des pragmatiques qui jugent que la terre ne ment jamais.
Ils connaissent la valeur du mot travail.
Ils respectent les anciens et honorent la mémoire de leurs aînés.
Ils pensent que la vie ne se pense pas.
Elle se vit. Elle se mange. Elle se dévore.
Foin des arguties intellectuelles, ils s’honorent d’être les dépositaires d’un nouvel ordre moral où la discipline remplacerait la fantaisie, la lutte frontale la tentation de la feinte, la marche en avant la ruse par l’arrière.
Et si parfois ils boivent c’est pour mieux célébrer la fraternité des hommes qui se sont mis à nus.
Ils jouent à un jeu dont bien souvent ils peinent à comprendre les règles tant elles sont ardues dans leur indéchiffrable complexité.
La preuve est que l’arbitre, dans un long soliloque savant, doit sacrifier de longues minutes à tenter de leur expliquer le pourquoi de ses décisions.
Pourtant le rugby exalte des qualités que l’on retrouve d’habitude chez les troupeaux de bovins.
La charge tout en finesse sur le porteur de l’ovale, le rassemblement de la meute pour protéger le bien acquis, l’extraction de ce bien vers le dépositaire du jeu qui d’un coup de pied bien ajusté dégage la balle en touche.
Le troupeau alors se rassemble en rang d’oignon et adoptant la pose du constipé de service, s’essayant à convaincre ses intestins d’assouplir son règlement interne, ils attendent que le lanceur se déleste de la gonfle pour tenter de s’en emparer en empoignant l’un d’entre eux qu’ils propulsent vers des hauteurs insoupçonnées afin que sa trajectoire rencontre celle de l’objet volant à peine identifié.
Le ballon une fois récupéré, un tâcheron de service se charge de le propulser haut dans les airs avant de piquer au milieu du troupeau égaré un sprint de déterré afin de se retrouver à l’endroit exact où le ballon amorce sa redescente vers la terre.
Un grand jeu de stratégie donc.
Le passionné de rugby aime à se gausser du passionné de football, sport d’enfants gâtés pratiqués bien souvent par des jeunes gens qui ne seraient même pas tolérés pour récurer les chiottes de grandes écoles que fréquentent assidûment les petits marquis de l’ovalie.
Reste que le football enchante tous les peuples de la terre là où le rugby n’enlumine que la vie de quelques nantis.
Flaubert adorait jouer au rugby, il abandonnait sans regrets les joies simples et populaires du footibal aux lecteurs de Paul de Kock et Eugène Sue.
De là à écrire que “le rugby n’enlumine que la vie de quelques nantis.” il y a de la marge. Demandez aux spectateurs gallois ou écossais de sortir leurs bulletins de paye….
Alors ? C’est qui qui va ramener la coupe à la maison ? Hein, hein ? C’est qui ? C’est St Etienne ? Eh non. C’est l’OM ? Bah non plus. Le PSG ? Heu… Lyon ? Alors ? hein hein, c’est qui ?
J’ai arrêté de lire à «primer sur».. Ça me navre et pourtant je n’ai pas besoin de respecter les normes éditées par une quelconque Académie.
J’ai arrêté à rugby…
Un connard de plus , va voir au rugby si c des riche qatari ou des russe qui sont derrière les équipe , et pour l intelligence Mr contepomie désoler pour sont non , mais il est chirurgien à côtés du rugby . Ribery à côtés …….. Et pour la stratégie suffis pas comme au foot d envoyer un ballon dans les pied de l autre …. Alors apprend connard
La vision que vous avez du rugby, sport de nantis, est celle de l’Angleterre du XIXe ou de l’Afrique du Sud de l’apartheid. Faire des rugbymen des débiles qui peinent à comprendre les règles, c’est risible : vous vous contredisez vous-mêmes en en faisant des nantis sortis des grandes écoles…Juste un article à contre-pied alors que tout le monde se prépare pour la finale du Top 14. Malheureusement, vous n’êtes pas Desproges…
j’admire votre art à vous faire des amis dans divers milieux, Laurent, les joueurs de Poker, les lecteurs de bluettes, les supporters de Lyon, maintenant les gars du rugby… Très fort (Et ce billet sur les motards, au fait, vous avez la trouille ?) …
Les motards ne lisent pas. Ce serait un coup d’épée dans l’eau
Ils lisent les gars du Poker ? Et les Bad Gones ?
Vous devriez écrire un roman sur le sujet, je vous sens plein d’inspiration
Le monde irait déjà un peu mieux si on commençait par réglementer le marché des oignons. Je suis désolé pour les “bien-pensants” mais la réalité, c’est que c’est véritablement n’importe quoi dans les bacs à oignons des supermarchés.
Merci Hollande.
Vous ai-je déjà parlé des oignons ? Ce qui m’a frappé au début, c’était ses indéniables qualités nutritives. Mais ce n’est qu’après que j’ai compris la véritable nature de l’oignon qui n’est décidément pas une plante comme les autres… En définitive, que serait un monde sans oignons ?
Oeuvrons pour la réhabilitation de l’échalotte !
Allons, Laurent, vous zen faites pas, un jour aussi vous gagnerez la coupe… Enfin, la vraie…
il parait que si les joueurs de rugby de contestent pas les décisions de l’arbitre, c’est justement parce que les règles sont tellement compliquées qu’ils ne savent pas pourquoi l’aribitre siffle. Alors de là à contester…
Reste que le football enchante tous les peuples de la terre là où le rugby n’enlumine que la vie de quelques nantis.
Moi qui fait partie de ces quelques nantis, je ne peux que vous donner raison. Lors de la coupe du monde en 2007, organisée en France, les matchs de poule ayant lieu la semaine n’etaient même pas diffusés sur les chaines hertzienne. Imagine t’on pareille hérésie pour une coupe du monde de football ?
Reste que je me console en voyant le niveau imbécillité et d’abrutissement des supporters de foot du monde entier (y compris de saint-Etienne) . Ne soyons pas trop sévère avec eux cependant, comment leur reprocher d’essayer de se mettre au même niveau que leurs idoles ?
y a pas une équipe de rugby qui a pour embleme l’oignon?
M’enfin c’est Roland Garros, kwa. (Moi je dis que plus la balle est petite, moins les supporters sont crétins, mais ça reste à prouver tant le taux de crétins est grand chez les fans de quoi que ce soit.)
Ou alors c’est un problème de nombre de joueurs, plus y’en a… Au foot et au rugby tu as plein de coéquipiers, c’est tres désagréable, le tennis est bien mieux. Les règles sont simples, les joueurs savent se tenir et le silence règne.
degout et des couleurs..
reste que les fans de foot devraient apprendre a lire et a ecrire.
Jourdan, fan de Mahjong?
Monsieur Sagalovitsch,
Je joue au rugby depuis 16 ans (peu ou prou en comptant les périodes de con..valescence) 😉
Votre petit billet m’a fait terriblement rire aux éclats.
Il y a une mauvaise foi manifeste – comme expliquée dans votre présentation du blog – mais qui sublime une réalité que l’on ne peut guère renier.
Mais après tout, est-ce que ce sport, ce loisir n’est-il pas un peu là pour nous faire rêver et penser à une autre condition que celle de notre quotidien ?
Les poncifs du rugby que vous décrivez ne sont-il pas aussi agréables et formateurs que les “mouche ton nez et dis bonjour à la Dame” ou autres leçons de chose et morale de notre enfance ?
Certes, il y a un penchant bovin – ne faisons-nous pas référence au “pré” en parlant du terrain – et certes le rugby français, une fois sorti de son berceau parisien/francilien, s’est développé dans des régions agricoles avec leurs traditions et leurs valeurs qui peuvent nous paraître hors-temps, hors-contexte mais qui pourtant ne manquent pas d’universalité!
Quant aux règles, je veux bien que nous, amateurs du Dimanche, ne soyons pas au fait de toutes les règles et que bien souvent les arbitres-bénévoles ne nous les sifflent pas toutes pour nous laisser jouer dans ce qui s’apparente parfois à une joyeuse gauloiserie; mais nous sommes-là pour faire un peu de vide dans notre tête comme d’autres feraient de l’aikido, du jardinage ou de la plongée (et vous allez me rétorquer ou de l’hooliganisme).
Après, il est vrai que l’esprit “picole” avec ses corollaires ne me semblent pas qu’une affaire de moeurs liées à ce sport mais relève plus d’un état d’esprit général de la société française et par extension occidentale qui veut voir des valeurs viriles et conviviales à la consommation stupide de boissons ennivrantes.
Bref, très humblement, je ne pense pas apporter ma pierre quelconque à quoique ce soit de constructif sur e blog, mais j’espère juste apporter un peu de tempérance à mes coreligionnaires qui ont voulus vous admonester.
Détrompez-moi, mais j’ai le vague sentiment que votre article laisse malgré tout transparaître une certaine affection pour ce sport.
Sportivement vôtre,
Louis K
🙂 J’avoue que le petit Wilkinson lors du Mondial en Australie… Mais Chuuttt
Vous partagez la même passion que ma compagne !
En tout cas, votre blog m’a donné l’envie de lire vos romans.
Vous m’excuserez si je suis un peu cheap et si je ne ferais que les emprunter à la bibliothèque mais votre éditeur a un peu trop tendance à gonfler ses propres marges sur le prix.
Louis K.
ils sont en édition de poche !
Je me sentirais presque coupable de ne pas les acheter maintenant ! Bon commercial ! 🙂
Par ailleurs, je ne sais pas si c’est dans la culture maison mais j’ai une petite requête à faire : Pourriez-vous faire un billet sur la production d’un livre, s’il vous plaît?
Je me suis toujours demandé comment les livres arrivaient dans ma bibliothèque une fois les mots de l’auteur couchés. Qui intervient, quand, comment? Quelles sont les façons de rémunérer les auteurs?
Qu’est-ce qui justifie des prix aussi élevés lorsque l’on sait qu’un résidu mesquin de ce prix ira dans la poche de l’auteur ? (alors que bien évidemment il n’est pas essentiel dans la création/production du livre)
merci d’avance.