La culture à la télévision ? Quelle tartufferie !

 

La télévision n’a pas vocation à diffuser de la culture.

C’est aussi simple que cela.

Nul besoin à chaque fois que l’on ratiboise une émission dite culturelle d’envoyer l’avant-garde du troupeau de l’intelligentsia beugler en chœur qu’on assassine la culture.

La culture n’a pas sa place à la télé.

La télévision a pour seule et unique mission d’abrutir les masses en les divertissant ; pas de les élever en les obligeant à se farcir des émissions aussi érudites que rébarbatives.

Franchement qui cela peut-il donc intéresser d’écouter à l’heure du digestif un écrivain décati marmonner quelques lieux communs, débiter des sornettes à la chaîne, se perdre en arguties ineptes ?

Un écrivain à la télévision est aussi utile à la societé qu’un poisson rouge dans une piscine vide.

Un écrivain ca écrit, ça pond, ça compose, ça ne vient pas faire le mariole à la télévision pour raconter ce que raconte ce qu’il a raconté dans son roman.

Les émissions dites culturelles ne sont qu’un cache-sexe affiché par la télévision publique destiné à assurer nos gouvernants qu’elle ne prend pas le peuple pour des idiots télévisuels.

Ce qu’ils sont pourtant.

Rien que de posséder un poste de télévision et de s’en servir démontre déjà que le combat est perdu d’avance, que les gens ont déposé les armes depuis bien longtemps et qu’ils n’aspirent plus à rien si ce n’est disparaître dans une mare d’imbécilités transformant leur cerveau en un grille-pain destiné à carboniser leurs quelques neurones restant.

Le simple fait de s’avachir dans un canapé, de branlotter une télécommande, de fixer de son regard hagard un écran encore plus hagard que soi, atteste et certifie la mise en bière de toute pensée, l’enterrement en première classe d’une amorce de raisonnement, la mort cérébrale d’un cerveau asphyxié par une embolie de crétineries en tout genre.

Croire qu’en proposant à gogo des émissions à visées culturelles, le public s’épanouira dans une mer de connaissance n’est qu’une tartufferie de plus visant à s’offrir une virginité de façade.

Qui en rentrant d’une dure journée de labeur passée à effectuer des tâches plus ou moins palpitantes, à s’être épuisé dans des transports en commun saturés, possède encore assez de fraîcheur mentale pour se taper une heure entière d’entretien avec une quelconque sommité intellectuelle pérorant sur la fin de l’Histoire ou sur le structuralisme à travers les âges ?

Qui oserait prétendre qu’il serait doux, à l’heure où le cerveau navigue en eaux basses, de se farcir l’intégralité de Don Giovanni ou de suivre une représentation d’Hamlet en version originale ?

Il faut aussi que le cerveau se décontracte de temps à autre.

Bien sûr il y a eu Apostrophe.

Avec le temps, on a l’impression que la France entière regardait Apostrophe.

Mieux, que la France entière se précipitait le samedi matin, toutes affaires cessantes, chez son libraire de quartier pour en ressortir avec un caddie entier de nouveautés.

Que la France, portée par l’enthousiasme gourmand de Bernard Pivot, lisait avec une avidité féroce les romans portés aux nues par le sémillant et sympathique animateur aux goûts littéraires par ailleurs fort discutables.

Que d’un seul coup la France connaissait comme sa poche les œuvres complètes de Nabokov et s’endormait tous les soirs en rêvant à Soljenitsyne.

C’est aussi vrai que d’affirmer que la France a gagné la seconde guerre mondiale grâce à ses quarante millions de farouches résistants.

Ou que les allemands…

 

Au fond, les gens normaux n’ont pas vraiment besoin de livres pour vivre. Ni d’opéras. Ni de pièces de théâtres classiques. Ni de films suédois en V.O.

La lecture est et restera une activité réservée à une infime minorité de gens.

Ce n’est ni à déplorer ni à regretter. Juste à constater.

Peut-être existe-t-il en France un réservoir de 50 000 lecteurs qui se passionnent réellement pour la chose littéraire.

Qui lisent non pas pour se divertir mais pour tenter de trouver une raison de ne pas se défénestrer.

Qui lisent avidement, cherchant à comprendre comment le cœur humain en conflit avec lui-même fonctionne, quel chemin faut-il tenter d’emprunter pour s’essayer à vivre une existence qui ne soit pas qu’une simple et oiseuse fête foraine, mais plus une plongée radicale dans son moi le plus intime, là ou palpitent les vrais sentiments et les tentations les plus obscures.

A savoir qu’ils ne sont pas les seuls à souffrir de cette existence qui bien souvent les effraie.

Et parmi ces lecteurs, peu, très peu doivent posséder une télévision.

Le lecteur, le vrai, celui pour qui lire revêt une importance vitale, a compris depuis belle lurette que la vraie vie se passait ailleurs.

Dans ses bibliothèques.

 

A l’ombre de son téléviseur, désormais tout juste bon à servir de reposoir pour sa pile de romans à lire…

 

33 commentaires pour “La culture à la télévision ? Quelle tartufferie !”

  1. Apostrophe c’est comme l’appel du 18 juin, tout le monde regardait Apostrophe comme tous les Français avaient l’oreille vissé au transistor pour Radio Londres.

  2. Y’a un mec qui a dit : “la connerie, c’est la décontraction de l’intelligence.”

  3. Depuis 25 ans je n’ai pas de télévision, Laurent. Je lis. Oui, 20, 25 livres par mois.
    Résultat : personne ne comprend de quoi je parle et réciproquement.

  4. @ sirandane : hein ?

  5. “Qui oserait prétendre qu’il serait doux, à l’heure où le cerveau navigue en eaux basses, de se farcir l’intégralité de Don Giovanni ou de suivre une représentation d’Hamlet en version originale ?”
    Merdouille : moi, j’oserais le prétendre ! Je suis faite comme un rat, donc. Pardon.
    En plus, j’ai la téloche et je lis, d’ailleurs je lis souvent DEVANT la téloche (devant Roland Garros, par exemple, quand un Français perd en 5 sets). C’est terrible.

    (Et c’est Bernard Pivot, pas Bertrand, le roi du pavé au pavot, spice de tête en l’air.) 😀

  6. Voici ce qui se passe quand une “starlette” de la télé-réalité (télé débilité à mon avis) rencontre qqun qui a un peu plus de vocabulaire qu’elle :
    Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéoLe Supplément du 02/06 – Retour vers le futur

  7. @vince: trop bonne la blague, j’en suis encore trop pété de lol !

  8. Zoo TV 1992 :
    “I have a vision”
    “What a vision ?”
    “I have a vision : T-E-L-E-V-I-S-I-O-N ! T-E-L-E-V-I-S-I-O-N

    On est tiré vers le bas. Tout est vulgarité. La palme au Grand Journal de Canal Plus, parce qu’il se croit plus intelligent que les autres, et qui n’est en fait qu’un ramassi de petits crétins lécheurs de pompes.

  9. “cireurs de pompes” ou “lécheurs de …”

  10. la télé c’est comme tout, faut pas en abuser, il y a suffisament de chaine maintenant pour y trouver de quoi apprendre quelque chose, même si effectivement la majorité des gens n’ont pas vraiment envie d’apprendre quoi que ce soit.c’est la loi de l’hyper interactivité, on agit avant tout, on réfléchira plus tard….si on réfléchit 🙂

  11. @vince, ça y est, je sais! l’oignon c’est l’embleme de l’équipe de rugby Lituanienne!

  12. @ Nicolas : assez déprimant de voir que les starlettes d’aujourd’hui sont quarante mille fois mois intelligentes que les speakerines des années 1960. J’pense qu’on régresse, oui. Sauf sur la taille des balloons (quoique Jayne…)(mais elle faisait semblant d’être bête, aussi)
    http://www.youtube.com/watch?v=8_cmEr2bw1s

  13. @ rakam : ça doit être parce qu’ils pleurent après chaque match !
    @ tout le monde : arrêtez de dire n’importe quoi sur la télé ! La télé c’est très bien. Moi-même, j’ai été élevé à la télé et je ne pense pas m’en être trop mal sorti. Alors OK, mon fils est héroïnomane, et après ?! Je préfère dire que sa conscience s’ouvre à de nouveaux horizons. Oui, ma fille est prostituée, et alors ? au moins elle ne souffre pas de la crise économique comme tous ces traders, là. Oh et puis j’en ai marre de ce blog d’intellos à la con…

  14. Mais il carbure à quoi au juste Vince ????

  15. à l’oignon je crois

  16. 🙂

  17. L’autre jour je suis allé assister à l’émission de Drucker, et franchement il parle bien je trouve (même si je comprends pas tout, ‘faut dire le gars il a fait des études, enfin je crois). A la fin de l’émission je lui ai dit que ça serait bien d’inviter Marine Lepen un jour, il m’a pas répondu mais j’ai senti un truc entre nous, genre clin d’oeil mentaliste, sans bla bla, quoi.

  18. @ laurent le magicien : Comment vous posez votre pile de romans à lire (“PAL”) sur votre télé, vous ? Zon pas inventé l’écran plat au Canada ou serait-ce que vous ne savez pas ce que dites ???

  19. Culture = littérature + opéra + … et… et c’est tout pour vous ?

    C’est peut-être votre définition de la culture, mais elle est en réalité bien plus vaste et large que cela, ne serait-ce que le côté scientifique de la chose. La nature, les voyages également pour les sujets les plus simples à comprendre (par exemple le soir après une journée de boulot).

    La culture n’est pas ce que seuls des spécialistes de chaque discipline serait capables de comprendre. Elle peut être vulgarisée et popularisée sans toutefois tomber dans l’inutile. Heureusement d’ailleurs, sinon à quoi servirait d’expliquer l’histoire moderne à nos collégiens ??

    Je ne suis probablement pas du genre à me lancer dans du Nietzsche après mes 9h de boulot non stop, mais je ne crache jamais sur un moyen de compléter mes connaissances (et non, je ne nierais pas non plus regarder des imbécillités de temps à autres, faut bien se faire une culture généraliste…)

    Je serais donc plus mesuré en disant que la télévision est là pour divertir ceux qui la regarde. A chacun de choisir son programme…

  20. C’ était pas mal le truc sur le rugby, y s’est bien fait avoiner le père Saga. Il tourne autour du sujet, mais il va bien finir par les faire les motards

  21. @ Vince : vous etiez au SDF au moins ? Nous, oui

  22. @ Vince : Drucker fait partie des aliens d’ “Invasion Los Angeles”. Comme Ruquier. Voilà des mecs très contagieux, et avec les bonnes lunettes, on voit qu’ils sont ugly.

  23. Je vote pour Vince, ce mec est trop drôle.
    Et sinon, sirandane, celui qui a dit que “la connerie, c’est la décontraction de l’intelligence” c’est Gainsbourg.
    Besos

  24. Vince aligne les contres vérités http://www.slate.fr/lien/72957/prostitution-angleterre-crise La télé c’est le moyen pour le commun des mortels pour accéder à une culture commune (j’ai mis un petit c mais on est pas obligé) comme par exemple blablater avec des collègues à la machine à café du dernier épisode des Simpson ou encore des images du Mur qui tombe diffusées au 20h – on peut en citer comme ça des kilomètres dans un registre des plus varié – ou encore des charmantes jeunes filles qui vous lisent de la Littérature (là j’ai mis en grand L mais on est pas obligé non plus) ou on peut apprendre à chasser la galinette cendrée ou écouter Rithy Panh répondre à Elkabbach qu’il n’y a pas que la “banalité du mal” dans la vie mais aussi celle du bien, celle qui lui est apparue sous la forme de cette petite fille qui l’a extrait de son mouroir (ça c’est pour le point sagawin, c’est obligatoire) etc etc etc. Il est donc dommage de supprimer la diversité mais le truc intellectuel je ne regardais pas, trop brouillon et Nagui je peux plus l’encadrer, Taratata ce n’est plus ce que c’etait (mieux avant), une émission vieillissante, il était temps que ça change.

  25. Ca y est, revoilà les autres dingos…

  26. et moi ceci et moi cela

    et moi je lis

    et moi jconnais denise fabre

    et j’aime pas non plus

    et c’était mieux avant

    rhâââââ les vieux cons incultes, prétentieux et mal baisés.

  27. “L’homme, je crois, ne fera pas que supporter cela, il l’emportera. Il est immortel, non parce qu’il est le seul parmi toutes les créatures à avoir cette voix indéfectible, mais parce qu’il a une âme, un esprit capable de compassion, de sacrifice et d’endurance.” Faulkner, donc. Ah, c’est très américain, ça, l’homme immortel, l’homme conquérant, l’homme indestructible, et aussi l’homme qui boit comme un trou pour échapper à sa propre mort… Pas étonnant que son cheval l’a balancé dans le fossé…

  28. attention Vince one touche pas à William! Quel discours magnifique!

  29. so what? (appel du 18 juin oblige je me dois d’user quelques mots de la perfide albion)

    oki c’est en même temps un cri un peu évident, obvious non, sans grand risque?

    car les gens qui te lisent vont pas (sauf peut être maintenant s’écrier, j’adoooore la culture à la tv blablabla)
    en même temps la culture n’est pas un socle où on expose sa petite affaire (ah si finalement), c’est sensé être un terreau…la tv en ca a engendré un joli terreau (le fumier amène de jolies cultures)

    faut arreter la dichotomie entre culture et divertissement…les deux peuvent cohabiter…si ils vaut mieux souvent que les écrivains rédigent et non se pâment devant la caméra même si on pourrait sacrément nuancer, il y a eu une culture populaire comme des séries riches en trouvailles cinématographiques, en limon sociologique (je me rappelle que duras était passionnée par dallas), comme reflexions également sur l’image temps, cela a engendré justement également des ouvrages passionnants comme ceux du trop oublié mac luhan etc

    certaines émissions comme le cercle de minuit était parfois passionnantes je trouve justement pour la palabre et parce que ces émissions à l’époque laissait du temps, du temps …ce qui manque souvent à la tv et pourquoi effectivement parfois une certaine culture (un brin élitiste) n’a pas sa place c’est pour les moments de silence, la tv sature d’information or l’information non digérée est stérile

    les fraises sont rouges…les fraises sont rouges (et ce n’est pas une référence à bergman)…ici radio bustydoll…

  30. La télé, c’était bien quand la champions league passait gratuitement sur TF1. Fin de la discussion.

  31. c’est la fin des programmes?

  32. c’est pas les fraises qui sont rouges, c’est les petits pois. Car les petits pois sont rouges.

  33. La télé est un outil .
    Il n’y pas de mauvais outils mais il y a Sagalovitsch .

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