Il faudrait peut-être songer à laisser tranquille Albert Camus.
D’abord, on a voulu que ses cendres s’enterrent du côté du Panthéon. Et depuis cet été, on se livre à une guerre picrocholine au sujet d’une exposition célébrant le prochain centenaire de sa naissance, censée se tenir à Aix-en-Provence, et rendant hommage à ce fils de la méditerranée qui jamais ne voulut choisir entre son Algérie natale et sa France d’adoption.
Drôle de jeu de massacre avec aux premiers rangs la mairesse atypique et légèrement exaltée de la cité provençale et Michel Onfray qui comme Richard Millet ou tout autre plante exotique se meurt d’ennui quand la lumière ne se porte plus sur son auguste personne.
Et au milieu comme juge-arbitre la fille de l’écrivain qui après avoir joué au jokari avec la candidature de Benjamin Stora comme maître de cérémonie semble vaciller à chaque nouvel acte de cette bouffonne comédie qui agite et secoue l’intelligentsia parisienne et donne le tournis aux irréductibles nostalgiques de l’Algérie Française qui dès qu’on prononce le nom de Camus ressortent leur machette pour mieux se défendre contre le fantôme de l’Arabe sanguinaire.
Camus est en train de devenir comme Jaurès, une figure morale d’exception que les politiques de tout bord se complaisent à disputer l’héritage. Que chacun cite à tort et à travers pour justifier ses moindres actes. Que tout le monde veut convier au banquet de sa propre vanité sans jamais se donner la peine de lire ses œuvres complètes.
Peut-être alors se rendrait-on compte que lorsque la mort a eu l’idée saugrenue et obscène de venir le faucher du côté de Villeblin, Albert Camus, tout Camus nobelisé qu’il est, demeure encore un écrivain en devenir. Un romancier en construction qui est tout juste en train de trouver sa voix.
Qui jusqu’ici a composé des œuvres qui souffrent trop de la contagion et de la fréquentation des grands écrivains qui l’accompagnent dans la construction de son être romanesque pour prétendre à être autre chose que des répliques certes inspirées mais trop appliquées de ses modèles.
Que l’Etranger, malgré sa prose lumineuse, souffre encore trop d’avoir été composé à l’ombre de Faulkner et de Kafka pour apparaître comme une création tout à fait originale, peinant à atteindre la puissance dévastatrice de Sanctuaire ou du Procès.
Que dans la Peste, roman à idée simplette, roman boursouflé où Camus en rajoute trop dans la métaphore symboliste, il ne parvient pas à se démarquer Des Possédés ou de Moby Dick et trébuche à créer le grand roman du milieu du siècle, loin derrière Vie et Destin de Grossmann ou Au-dessous du Volcan de Malcolm Lowry.
Ce n’est finalement que la publication posthume du Premier Homme qui instaure la légitimité romanesque de Camus. Là, parce qu’en évoquant le souvenir de son enfance algérienne et la mémoire de sa mère, il touche au plus près de sa vérité d’homme et entame son véritable parcours d’écrivain.
Évidemment de tout cela la dame patronnesse qui sert de mairesse à Aix en Provence, Maryse Joissains-Masini, dont l’histoire retiendra surtout sa volonté de porter plainte auprès du conseil constitutionnel afin d’invalider l’élection de François Hollande, n’en a que faire.
Elle ne se sert que de la renommée d’Albert Camus pour attirer la lumière sur sa ville.
Parce que bien entendu, en 2013, la France ne parlera que de Camus. Que chacun, du chef d’entreprise au politicard de service, ira de son hommage ému. Que la république sortira sa grande soupière en argent pour le décorer à toutes les sauces. Que notre président qui de roman ne lit jamais s’en ira fleurir sa tombe en récitant un éloge transi d’émotion. Que des philosophes de comptoir s’entartreront pour savoir si Camus philosophait ou s’il se contentait de professer une sagesse de bonne du curé.
Ce sera le bal des hypocrites où chacun se sentira obligé de réviser son bréviaire camusien. De parsemer ses dires d’une citation chuchotée à son oreille par un conseiller prévenant. De se réferer à lui pour montrer l’étendue de sa prétendue culture.
Et déjà, de tout ce barnum funèbre, on en a la nausée…
Picrocholine, tant qu’à faire cultivé !!
Je plaisante hein…
Camus a fini par l’emporter sur Sartre, ce qui d’un point de vus littéraire est une excellente nouvelle.
La honte!
point de vue…
désolé
Très bonne synthèse de la farce nauséeuse qui se trame à Aix-en-Provence. N’oublions pas que Camus a été le philosophe de l’absurde…
Parisien ridicule!Tu n’ arrives pas à la cheville de Camus.L’intellectuel qui parle de foot se dévoile.
N’importe quel joueur français, Ribery par exemple , pourrait te donner des leçons.
C’est pour entrer à l’academie française que tu cries “allez les verts” ?
@Rosa: Heu, j’habite à 12 000 kilometres de Paris!
Un peu facile, car la critique est aisée…..! Mais au fait, c’était qui, Sartre? rien, un tout petit bonhomme qui se prenait pour un philosophe!
“Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois.”
et c’est pas une citation de Ribery !
Quel individu pathétique que ce Cabalovitch. L’incarnation du médiocre consumé de jalousie qui voulait se faire intelligent en vomissant sur les autres.
@ Menard: sur qui je vomis au juste ?
Heu, il y a l’envers et l’endroit, le mythe de Sisyphe, Noce, Eté et d’autres encore. Vous vous arrêtez aux mêmes textes que tous les autres. Personnellement je lis et relis camus depuis longtemps et je n’ai pas attendu les commémorations pour le faire, sa pensée me semble complexe en mouvement sans préjugé, ce qui dérange bien entendu. La mairesse d’Aix légèrement exalté, je la trouve plutôt beaucoup trop exalté par un extrémisme de droite (au demeurant se couvrant de ridicule), que je sache Camus me semblait anti OAS. Mais bien entendu comme vous le dites Camus on le mettra à toutes les sauces, chacun voyant midi à sa porte à commencer par vous…
@ Pïerrot: Vous avez raison mais je me placais du point de vue du romancier
Peut-être pas un grand, grand écrivain mais un homme qui vivait (mal) une époque difficile pour la France
Les camusiens sont pathétiques comme les amoureux sur les bancs publics , des passionnés dont l’objectivité fait cruellement défaut, problème de méthode sans doute. Saga vous avez osé dire « nausée », mais que n’avez-vous donc pas fait là ! c’est un florilège de synonymes qui s’offre à nous, cocasse. J’avais pensé qu’en 2012 il était temps de réconcilier le bourgeois et l’homme du peuple, mais que voulez vous la mélancolie des vieilles luttes a la vie dure. Je suis bien d’accord avec vous, Camus se voulait artiste, le récupérer à des fins « politique » ce n’est pas lui rendre hommage. De toute façon les guéguerres ne m’intéressent pas, je ne suis pas marseillais et les explications de texte ont une fâcheuse tendance à m’ennuyer.
@Peter : En france toutes les époques sont difficiles non ?!
Le plus simple est d’imaginer Camus tranquille…
la nausée Ah Ah Ah
et pourquoi pas “l’enfer c’est les autres” tant qu’on y est?
@Nico Pedia : En quoi les amoureux sur les bancs publics sont-ils pathétiques, parce qu’ils ne sont pas “objectifs” ? ou mal installés peut-être ?
Bref….
Pathétique : “Qui émeut fortement, dont l’intensité dramatique provoque un sentiment de tristesse grave.” http://www.youtube.com/watch?v=ML3QbTy7qxY C’était pour faire cultivé.
Effectivement, cher Saga, vous devriez lire Eté, qui est un livre formidable, sur l’Algérie précisément, plutôt un recueil de courts textes. AC n’était pas l’égal de Faulkner ou Kafka ? SI vous voulez, mais quelle importance? Il a ce style sobre, incisif, qui va directement à l’essentiel, qui part de l’infime et débouche sur l’universel. Qu’aurait il donné en vivant plus longtemps ? Là aussi, vous avez raison. Il hésite encore entre le philosophe et l’écrivain (L’Etranger est la forme romanesque du Mythe de Sysiphe, disait il). Et ces “mélanges” sont forcément délicats et suspects. La Peste en est la démonstration un peu lourde, même si AC était pourtant le premier à dire qu’un écrivain ne doit pas philosopher, il est un peu tombé ici dans le piège qu’il annonce. Mais gardons le plaisir des premiers chapitres de l’Etranger, voilà tout. Le reste, who cares ? Bises à vous.
Quelle horreur, nous sommes presque d’accord ! Pas de bises cependant.
Pourquoi, pas de bises ? Ca vous pose un problème ? De quelle nature ? Vous n’embrassez pas les Goys ? le contact charnel avec d’autres hommes vous trouble ? Je sens qu’il y a quelque chose, tiens, là dessous. Si j’y ajoute ce refus obstiné de faire un Post sur les Motards…
Parlons-en Laurent. En toute discrétion si vous voulez.