Il m’arrive parfois de me sentir très seul. De regarder mes congénères autour de moi et de me demander si je n’ai pas raté le train de la modernité. Si je n’ai pas complètement échoué à être un homme de mon temps. Si je ne suis pas en retard de quelques décennies. Si je n’ai pas attrapé quelque maladie orpheline qui m’empêche de ressembler à mon voisin.
Je n’ai pas de téléphone portable.
C’est dit.
Je peux le réécrire afin que cet aveu apparaisse encore mieux dans toute son invraisemblance métaphysique: je n’ai pas de portable.
Enfin pour être tout à fait exact, il me faut confesser qu’on m’a obligé à en posséder un, un vieux bidule tout usé avec lequel on ne peut que vaguement téléphoner et écrire d’hypothétiques SMS: c’était cela ou le divorce.
J’ai eu beau protester, j’ai dit que je n’en avais pas besoin, que je détestais me trimballer avec cet objet ridicule dans ma poche, que c’était de l’argent jeté par la fenêtre: en vain. On ne sait jamais. Au cas où. En cas d’urgence.
Je ne m’en sers jamais.
Presque personne ne peut m’appeler puisque que je n’ai donné mon numéro à personne. Un numéro que par ailleurs je ne connais pas. Pour le connaître, m’a-t-on gentiment expliqué, il suffirait que je m’appelle. Mais je ne veux pas m’appeler. J’ai encore un souffle de raison.
Mes amis me regardent étrangement. Je sens que désormais ils se méfient de moi. Qu’ils s’apprêtent à me jeter hors de leurs sphères. Ils me disent que j’agis par snobisme. Pour me différencier. Pour me placer d’office sur un piédestal d’où j’aurais tout le loisir de me moquer d’eux. De les toiser.
Ce n’est pas vrai.
Même si quand je les vois pianoter à fond de caisse sur les touches de leur écran miniature, quand je croise le regard supplicié qu’ils jettent à leur téléphone qui tarde à bourdonner, quand je les surprends à secouer leur portable comme s’ils cherchaient à conquérir le graal de l’immortalité, je m’interroge sur ce qui ne tourne pas rond chez eux. A quel moment ils ont dérapé.
J’en arrive même à me demander si ce n’est pas toute l’humanité qui, d’un élan commun, n’a pas sombré dans cette même folie ravageuse. Une sorte de maladie collective qui affecte les individus d’une manière si scandaleusement sournoise qu’ils ne se rendent pas compte combien leur attitude a de quoi inquiéter. Cette incapacité à ne pas rester contemplatif ou simplement passif, cette volonté de savoir à tout instant ce que manigance un ami imaginaire, cette folie furieuse de se marier avec un objet dont on peine à comprendre la réelle utilité.
Parfois je me souviens du téléphone de mon enfance et de mon adolescence. Celui à cadran. Avec le bitoniau que l’on tendait à son voisin pour qu’il puisse entendre ce que radotait votre interlocuteur. Cela remonte à peine à une vingtaine ou une trentaine d’années et pourtant j’ai l’impression d’évoquer là des temps antédiluviens.
Je suis un homme du passé dépassé par ce qui se passe.
J’essaye de raisonner mes amis, je leur demande ce que j’aurais à gagner à me servir de leur godemichet mental. Avant de répondre ils m’examinent longuement comme si je venais de dire que Juppé m’était sympathique, ils me demandent t’es sérieux là, avant de lâcher un laconique et condescendant mais tout, tu aurais tout à gagner.
Je n’entends plus rien à leurs conversations. Elles ne tournent plus que sur les avantages et les inconvénients de l’Android dernier cri, du nouvel IPhone, de leur Samsung profilé. On dirait qu’ils s’entretiennent avec gourmandise des attributs de leurs maîtresses respectives. Combien ils pèsent. Le nombre de pixels de leur caméra embarquée. La vitesse d’exécution de leur processeur.
Certains me disent, tu te rends compte que mon téléphone portable possède plus de capacité d’analyse que les ordinateurs qui ont contribué à envoyer l’homme sur la lune. A cet instant précis, je les regarde éberlué et je comprends que le mal dont ils souffrent est profond.
Je les vois de moins en moins.
Les rares fois où je les rencontre, pour une raison qui m’échappe, ils me disent toujours, je viens de t’envoyer un sms pour te dire que j’arrivais, tu ne l’as donc pas reçu ? Je me retiens de leur dire que je savais qu’ils arrivaient puisqu’on avait rendez-vous. Je bafouille que je ne sais pas. Je n’ose pas leur avouer que j’ai oublié d’embarquer avec moi mon portable. Qu’il doit être encore dans la poche de mon veston accroché dans l’armoire.
Ils ne comprendraient pas.
Je ne leur en veux pas.
Je réalise seulement que si je persiste à me comporter de la sorte, les choses vont mal finir. Que je serai excommunié. Mis au rebut. Que les enfants me montreront du doigt quand je m’aventurerai au dehors.
Je vais essayer de m’améliorer. M’entraîner à m’envoyer des sms et tâcher d’y répondre dans la minute. Me bander les yeux et composer un numéro dans le noir. Prendre l’habitude de le poser sur ma table de chevet. L’emmener dans ma salle de bains. Le demander en mariage et l’emmener en lune de miel à Honolululu.
C’est quoi mon numéro déjà ?
J’ai des amis sans portables. Je me les juge pas.
J’ai un portable sur lequel je pianote allègrement et mes amis sans portables ne me jugent pas. On continue à se voir régulièrement et on a bien d’autre chose à se raconter que des histoires de portable.
C’est peut-être plutôt pour cela que vos amis ont fini par partir, parce que vous ne semblez pas respecter leur choix.
Bravo!
J’en ai un mais il est presque toujours éteint.
Vive la liberté !
Un bouquin qui traite du sujet.
“Le téléphone portable, gadget de destruction massive” aux edition “l’Echappée” on est en plein dedans.
De manière un peu plus générale, on peut élever ce débat au rapport de l’Homme avec la technologie en général. C’est à dire, sa capacité à se laisser dominer ou non par cette technologie qui amène de nouveaux mode de vies, de nouveaux rapports socials, et même types de rapport social.
Je serais un jeune con que je vous dirais “vous êtes un vieux incapable de vous adapter à la nouvelle technologie, vous êtes HasBeen”. Mais ce qui est vrai, c’est ce rapport de dominance que, hors de cette technologie, vous êtes à même de déchiffrer chez ceux qui sont ancrés dedans.
Je vous rassure, je suis dans mes 25 ans, et j’ai été comme vous, sans portable jusqu’à 19 ans car je n’ai jamais considéré ça comme utile. Ce sont mes parents qui m’en ont refourgué un, pour avoir de mes nouvelles (j’étais alors en internat en prépa) et déjà a cette époque, les téléphones dont vous parlez commençaient déjà à disparaitre.
Passer aux Smartphones (ces nouveaux téléphones qui permettent tout) a été la même histoire, je n’en voyais aucune utilité, mon portable servant déjà occasionnellement pour appeler mes amis ou famille pour se voir, ou se donner de temps en temps des nouvelles. Mais j’ai du passer dessus car justement, je travaille dessus, comme ingénieur informatique. N’est ce pas ironique ? Aujourd’hui encore, j’utilise assez peu ce Smartphone, mon utilisation a certes évolué, mais pas plus que ça. Juste le minimum pour rester dans les normes sociales en fait. Mais même en étant dans cette technologie, ça ne m’empêche pas de constater ce que vous constatez, que de manière générale les gens restent dominés par la technologie (et je ne pale même pas des très jeunes carrément accros).
C’est triste, mais espérons qu’assez de gens garderont un aspect critique dans les technologies actuelles et à venir. Mais l’horreur de l’homme hyper-connecté et dilué dans le réseau social, conforme aux normes, existe sans doute déjà.
Je n’ai pas de portable non plus.
Je n’en ai jamais eu.
Suis-je un vieux con réactionnaire? Non, je suis un jeune de 25 ans, qui a vécu de près le boom du portable.
Suis-je un hippie réfractaire aux technologies? Non, je suis un informaticien de métier, et un bon gros geek par-dessus le marché (du genre qui passe une nuit à jouer sans s’en rendre compte).
Pourquoi, alors? Rien d’arbitraire, une simple analyse bénéfices/coûts (que j’effectue régulièrement):
On peut de toute façon facilement me joindre chez moi (fixe) ou au bureau, donc peu de bénéfices, que les inconvénients (financiers, logistiques…) écrasent.
Je n’en tire ni honte ni fierté, c’est un simple état de fait : En ce qui me concerne, un portable ne vaut pas le coup.
Notons que je bénis l’ouverture d’esprit de la dame de mon coeur, qui ne me force à rien concernant ce sujet.
P.S. : protester*
Le vrai avantage du téléphone portable, c’est que tu peut l’éteindre quand tu ne veux pas être dérangé. Au contraire du téléphone fixe!
Non, vous n’êtes pas seul. Mais c’est vrai que socialement, c’est dur…
tout à fait d’accord, j’attends patiemment le jour où Apple sera Has been et que tout le monde niera en avoir posséder un.
Moi aussi ça me fait l’impression de vivre dans un monde de fou. Bon d’accord, j’ai un portable. Pour avoir des conversations téléphonique, pas pour aller surfer sur Internet. Sa principale utilité est de pouvoir m’isoler au travail pour les appels administratifs, ceux qu’on ne peut pas passer le soir, car je n’ai pas de bureau. Ou d’avertir quand je suis retardé par les embouteillages, habitant loin de mon travail. Mais pas un tactile, pas de tablette, pas de compte Facebook. Et ma fille au collège n’a pas de portable, alors qu’ils sont une majorité à en avoir. Un portable à 10 ans ? Pourquoi ? Et le principal qui se plaint que les élèves s’envoient des SMS pleins d’injures pendant la nuit, que cela débouche sur des bagarres le lendemain, qu’ils sont tous fatigués en cours. Peillon l’a compris, il veut réduire leur nombre d’heures. Pour qu’ils puissent surfer pendant la nuit sur Facebook, s’envoyer des SMS… A quoi ça sert ? Quel est le but de ces technologies ? Quel est le but de la vie ?
Étrange réflexion. À vous lire, on croirait que quiconque possède un téléphone court le risque rampant de devenir accro, dégainant son téléphone pour un oui ou pour un non.
N’oublions pas que ce n’est qu’un outil. Certes, il permet de rester en communication avec beaucoup de gens… mais l’ordinateur aussi… et vous en utilisez un pour publier ces billets.
Comme toute chose, on peut la consommer de différente manière. Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… ou pas du tout.
Quant à moi, j’ai un téléphone très moderne (je me suis reconnu dans vos descriptions ^^) et pourtant je n’hésite pas à le couper deux jours… quand je m’en fous.
Inutile d’être si binaire.
@ toto
Apple ne sera jamais has been, car Apple, c’est bien sûr la pomme, le fruit défendu tombé du Paradis sur Terre et croqué par Steve Jobs. Il faut oser dire la vérité : Steve Jobs s’est sacrifié pour nous tous, oui ! et les dieux l’ont puni pour s’être dressé contre eux avec courage et offert à toute l’humanité la Liberté. Et vous osez prétendre que tout cela n’a aucun sens, nous écarte du chemin.
Je ne sais pas quoi vous répondre.
Hi hi ! Je croyais que j’étais la dernière à ne pas avoir de portable, mais apparemment non !
Et je vais aggraver mon cas : je n’ai pas non plus la télé.
Alors moi, ça ne m’inquiète pas de voir mes congénères s’exciter avec leur petit appareil, ça me fait rigoler et je regarde ça avec beaucoup d’indulgence. Quand on me demande comment je fais, je dis que je n’aurais de toute façon presque jamais l’usage d’un tel ustensile : quand je fais cours, je ne pourrais de toute façon pas garder un téléphone allumé, et quand je suis chez moi, j’ai le fixe. Mais j’avoue que quand je suis en déplacement, j’emprunte le téléphone de mon mari. Il me sert de cabine téléphonique, vu qu’avec tous ces portables, ça devient infernal d’en trouver une.
Je connais une personne comme ca et elle souffre du meme “probleme”. Mais si je vous disais que meme en temps qu’informaticien, je ne l’utilise qu’en cas d’absolue necessite. Je possede un vieux smartphone qui a 3 ans maintenant et il me convient parfaitement. Mais je trouve ca quand meme plus pratique qu’un telephone fixe, que j’ai d’ailleurs remise au placard.
“plus de capacité d’analyse que les ordinateurs qui ont contribué à envoyer l’homme sur la lune”? Tout ca pour quoi? Appeler sa “moman”. La course a la surenchere technologique en devient ridicule. On n’utilise meme pas 10% de leurs capacites et leurs batteries ne permettent pas d’en faire plus.
vous n’êtes pas seul, je suis dans le même cas que vous, portable imposé par ma femme mais trés rarement utilisé. Les amis que j’ai euh aussi ont un portable oublié au fond d’un placard.
excellent
Les portables sont l’expression la plus grand public et accessible du Progrès, de nos jours. Le progrès technique bien sur. Les progrès humains (intellectuel, moral,…) je n’ai pas l’impression qu’on soit dans l’âge d’or… Et, petit cadeau, ça vous pose socialement alors franchement il serait temps de s’y mettre.
Franchement,à moins d’avoir un boulot de VRP, ou de médecin je ne vois pas l’intérêt de posséder ce gadget.
je communique par mails ou à la rigueur par téléphone fixe(j’ai horreur de ce machin qui permet à n’importe qui de vous casser les pieds à n’importe quelle heure et sous des prétextes fallacieux).
Sinon,toujours pas d’écran plat,mon 27 pouces a la taille d’une petite TV;je n’ai d’ailleurs pas de télé:pourquoi payer pour des programmes pourris et de la propagande électoraliste à deux balles?
C’est grave docteur?
@ Vince :
Steve Jobs a peut être mis sur le marché les premiers écrans tactiles, mais il n’a rien invité, et même si il a mis en place une révolution de type ergonomique, il est bien loin de la véritable révolution d’internet et des téléphones portables, bref, des échanges libres.
Quoiqu’il en soit, il y a un réel paradoxe aujourd’hui, et pour ne pas se plier à la réalité et l’accepter sagement, l’Homme a eu besoin de relever le défi de pouvoir communiquer instantanément malgré la distance, et de réunir tout ce qui se trouve loin au creux de sa main. La proximité est maintenant saturée, et nous avons perdu notre connexion à notre entourage immédiat (que ce soit des personnes ou une situation).
Mais ce n’est pas le problème le plus grave. En accédant virtuellement à toutes ces informations, on accélère la réalité de façon ahurissante, et on se prive du plaisir de pouvoir prendre le temps de vivre, et de vivre dans le présent. Quand cette chance nous est donnée, on se sent stressé et on veut retrouver son portable chéri. Nous sommes allés trop loin, au fin fond d’une extrémité qui nous dépasse. Comme dans tout problème, mon conseil sera celui-ci : rien ne sert d s’acharner, il faut trouver un sage compromis.
“je ne suis pas de ceux qu’on sonne et qui accoure”…
Un portable c’est quand même très utile (les SMS par exemple, pour contacter rapidement plusieurs personnes en même temps). Et comme en plus je n’ai pas de téléphone fixe.
Par contre, c’est un forfait de base (peu cher) et un vieux téléphone. Surtout pas de smartphone (ces “téléphones intelligents”). Je n’en vois aucun intérêt.
Et une dernière chose, les enfants ne vous montreront pas du doigt, ils sont trop occupés avec leur smartphones 😉
Bonjour tout le monde.
A vous lire on en arriverait presque à croire que le monde est constitué d’un manichéisme profond. A ma droite les accros au portable, à ma gauche les “has been”, incapables de s’adapter à une ère technologique qui évolue beaucoup trop vite pour eux.
Pour ma part je ne suis ni l’un, ni l’autre.
Mais, évoluant avec mon temps, j’ai évolué avec internet et le téléphone portable et y trouve de vrais avantages :
1- On a le choix : le portable peut s’éteindre, peut se mettre sur silencieux… à chacun sa façon de communiquer.
2- Avoir la possibilité de téléphoner OU d’écrire est un vrai plus. Personnellement je préfère le sms. Plus discret, il permet aussi d’être plus synthétique et de prendre le temps de bien rédiger ses questions/réponses plutôt que d’avoir des lapsus facheux (et personnellement je m’exprime bien mieux par écrit qu’oralement).
3- Avec les smartphones on a internet et le gps partout. Pour internet je dis pas, mais le gps dans la poche a été une vraie révolution pour moi. Maintenant je n’ai plus peur de me balader au gré de mes envies dans n’importe quelle ville que je visite ou que j’habite : si je me perd, hop, un petit coup de gps et je retrouve illico presto mon chemin.
4- Au niveau professionnel, pouvoir répondre immédiatement à un mail est un vrai atout. Après on peut toujours dire que, justement, c’est parce qu’on est joignable qu’on nous envoie à tour de bras des mails. Et vous n’avez pas faux. Sauf que la majorité des gens est connectée et qu’il faut bien s’adapter.
5- Je gère en même temps vie privée, étudiante, professionnelle et associative. Un peu chargé comme vie, mais tellement enrichissante. Un petit “gadget” pour rester connecter et m’aider à tout gérer tel un agent sur-entraîner du MI6 ne me paraît donc pas être un luxe démentiel.
dans 10000, 1000, 100 ans ou moins, le téléphone (et autres fonctionnalités) sera implanté à la naissance et on n’en parlera plus
C’est marrant comme chacun y va de sa petite histoire : et moi voilà comment je fais, et moi je fais comme ci, comme ça… On sait tous à quoi sert un téléphone portable et quelles sont les dernières fonctionnalités des Iphone !
Il faut croire que l’homme a toujours besoin de raconter sa vie perso.
Le billet nous pousse à aller plus loin dans la réflexion que de raconter chacun nos petites vies médiocres.
Jusqu’où peuvent ou doivent aller les récentes technologies dans nos vies ? Jusqu’à quel point la technologie peut-elle s’y introduire ? Faut-il y voir un danger qui dénaturerait l’homme ? Y a-t-il des limites à ne pas franchir ?
On fait de la philo, là…
@ L.S : je pense que votre technique de camouflage est une liberté, choisie consciemment ou non, et qu’elle vous protège d’une intrusion maléfique. Je vous envie pour cela.
@ cèc : Vous avez tout compris ! Les autres prenez de la graine!:)
Une photod’une soirée entre potes en 2012: http://i.imgur.com/fMRGF.jpg
En faisant de la psychologie de comptoir, je dirais que les gens veulent être reliés mais ne savent pas comment faire.
Alors posséder un téléphone portable leur donne cette illusion.
Un manque de communication, d’amour et de reconnaissance. Du grand classique en somme.
Souvenons-nous aussi de ce mot d’Umberto Eco qui, au début de la vague des portables, déclara : “Tout le monde peut avoir un portable (telefonino), les gens importants ont une secrétaire”.
On ne peut nier le progrès technologique du portable dans le but de nous faciliter la vie, il en sauve parfois même, et accessoirement faciliter la communication. Moi ce qui me choque c’est l’usage que certains en font : son omniprésence, son omnipotence, partout, tout le temps. Cette sensation quand on est en face, que les gens sont partout à la fois et pas vraiment là, au détriment de l’échange que vous espériez. Téléphone sans fil ? C’est vraiment un leurre, c’est plutôt un sacré fil à la patte qui vous rattrape tout le temps. Je dirais même cordon ombilical tant la dépendance peut être forte, rattaché à quoi ? au monde ? pour être toujours plus informé en temps réel, brut de décoffrage, sans le filtre de l’analyse. Rattaché à qui ? aux parents, à la famille, aux amis, l’homme moderne revendique son indépendance mais perd son autonomie.
Et quand le téléphone “à cadran” est sorti tu t’en es bien servi!!!!! on vit avec son temps ou on s’enterre definitivement
Les smart-phones ont aussi la fonction de “diktat-phone”
😉
Les gens qui n’ont pas de portables sont tous des connards. LA preuve: pour leur parler, il faut les voir en vrai, et ça c’est inacceptable.
Un autre exemple: j’avais rendez-vous avec une belle plante qui, elle aussi, s’enorgueillissait de ne pas avoir de portable. Suite à un malentendu sur le lieu du RDV, nous avons poireauté à 100m l’un de l’autre, sans nous trouver… et du coup, adieu rendez-vous, resto en tête à tête, nuit torride, appart commun, ikéa, marmots… merde, elle avait peut-être raison finalement?
Je n’ai pas non plus de laisse électronique. Et je n’ai nulle intention d’en avoir une.
pas mal la charlie hebdo isation.
alors :
-provoc?
-liberté?
-mais est ce bien le moment?
LOL.