Proximité oblige, je bouffe de la politique américaine en ce moment.
A haute-dose.
Pour tout dire, entre la saison des primaires et les nouveaux épisodes de House of Cards, je ne sais plus où ranger ma bannière étoilée.
Tout juste si je ne finis pas par confondre Kevin Spacey avec Donald Trump, Hillary Clinton avec Claire Underwood, à mélanger les intrigues entre elles, à ne plus trop savoir qui joue à la comédie du pouvoir tant le spectacle offert par les différents prétendants à la primaire, notamment républicaine, pourrait figurer dans le catalogue de n’importe quel studio hollywoodien.
Il faut bien comprendre que les élections américaines sont avant tout un immense show, une sorte de parade un peu folle et baroque où, de villes en hameaux, de salles de réunions en maisons de retraite, de gymnases en préaux d’école, les candidats retrouvent ce goût brûlant et abrupt de la démocratie directe quand il s’agit de convaincre presque un par un chaque électeur de voter pour lui.
Quelque chose qui relève tout à la fois de la mise à nu, du don de soi, de l’abjuration, de la prédication, de l’incantation, de l’art de soulever le cœur des gens tout en prenant soin de toujours parler à leurs âmes.
Un mélange de professionnalisme et de rusticité qui laisse pantois et dubitatif l’observateur européen, peu habitué à ces joutes électorales où un candidat a le devoir d’aller à la rencontre du pays profond, patelin après patelin, dans une ambiance aussi folklorique que pastorale, tout en évoquant du haut de son estrade Dieu et son représentant sur terre, le dollar.
Avant de venir ferrailler avec ses adversaires sous les sunlights télévisuels et de s’affronter dans des débats hauts en couleur qui tiennent tout autant des jeux du cirque, du stand up comedy, de la roue de la fortune et du Jour du Seigneur.
Il fallait les voir l’autre soir blablater du côté de Détroit, juste après le Super Tuesday, dans un combat sanglant digne d’une finale d’Intervilles.
Ce fut sublime.
Ce fut grotesque.
Ce fut tragique.
Ce fut un de ces moments où l’Amérique apparut dans tout ce qu’elle peut avoir de pire et de meilleur (si, si), de démesuré et de grandiose, de fascinant et de révulsant, de régressif et de troupier.
Une sorte de parade, de fête foraine de la politique où chacun des candidats eut droit à son quart d’heure de gloire dans une foire d’empoigne si peu structurée qu’on eut grand-peine à se faire entendre, le débat se polarisant autour de l’abominable Trump, sublimement arrogant, tour à tour cuistre, rugueux, cinglant, comique, clownesque, tout à fait capable d’affirmer tout et son contraire sans jamais se départir d’une assurance qui en dit long sur sa conviction d’être l’homme de la situation.
Si bien que le soir venu, en découvrant les premiers épisodes quelques peu mollassons de House of Cards, série toujours aussi peu convaincante quand elle s’attarde à décrire les tourments intérieurs de ses personnages pris dans une sorte de comédie du pouvoir qui se voudrait shakespearienne mais qui s’avère être la plupart du temps seulement boulevardière, en une apoplexie des sentiments dont on a grand-peine à se convaincre du bien-fondé et de la véracité, on se surprit à regretter ce bon vieux Donald en pleine prise de tête avec ses poursuivants.
House of Cards excelle quand elle laisse à découvrir les envers du décor présidentiel, à décortiquer les rouages de la politique américaine, dans cet apprentissage de l’exercice du pouvoir où à tout instant il faut ruser avec la morale afin de se trouver une place au soleil.
Une place tant convoitée par les concurrents aux primaires qu’il va falloir un sérieux coup de vis dans la suite de House of Cards pour qu’elle puisse concurrencer en intérêt et en intensité cette campagne électorale digne de figurer comme l’une des meilleures séries du moment.
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Téléchargé la saison 1 mais toujours pas vu. Daredevil c’est bien, ça parle des limites tenues entre le bien et le mal, de la pureté spirituelle du carré blanc derrière laquelle se terre l’horreur fondatrice, le dévoiement schumpterien, l’amour noir, la corruption comme mal nécessaire, l’impossible paradis sur terre. Bref ruser pour triompher. Trump a des airs de D’Onofrio en moins subtil peut être, businessman politicien, comme tout aussi illuminer. Fascinant.