L’adieu au football

                                                                                                                                                                                                                        Inutile de tourner autour du ballon mais mon intérêt pour le football s’émousse de plus en plus.

Parfois même il arrive à me dégoûter.

Voilà que moi, qui ai vécu à travers ce sport, qui l’ai aimé parfois d’un amour déraisonnable, qui l’ai chéri comme je continue de chérir la littérature, j’en viens à le trouver laid, obscène, clinquant, vulgaire, sans âme.

Désincarné.

Ce n’est pas de niveau de jeu que je parle mais bien plus de cette chose indéfinissable, de ce mélange inouï de beauté, de poésie, d’adolescence, de transcendance et d’élégance que le football d’hier incarnait.

Aujourd’hui il a trahi ses idéaux, il ne ressemble plus au monde de mon enfance, il ne possède plus rien d’enchanteur, il se vautre dans une opulence rebutante, il empeste le pouvoir de l’argent, de cet argent facile, trouble, opaque, sans limite, qui corrompt, rend fou, dégrade et salit tout ce qu’il touche.

Désormais on ne parle plus que de fric quand on s’entretient de football, de transferts mirobolants, de primes sonnantes et trébuchantes, de salaires vertigineux, de revenus nets, de droits à l’image.

Les joueurs sont devenus de simples marchandises qu’on s’échange entre clubs comme de vulgaires actions sur une place financière, on brasse des millions avec une désinvolture écœurante, on aligne des billets pour composer des équipes qui ne ressemblent plus à grand-chose, si ce n’est à un empilement de joueurs n’ayant rien en commun hormis l’appât du gain.

D’ailleurs ce ne sont même plus des joueurs mais de simples catins qui attendent de leur carrière, non plus la gloire, non plus la joie toute enfantine de soulever des trophées, non plus la possibilité de se dépasser et se bonifier en tant que personne, mais plutôt des retours sur investissement, des transferts juteux, des lingots d’or qu’ils entassent avec la régularité et l’avidité d’un banquier afin de satisfaire leurs besoins aussi puérils que mercantiles d’empiler voitures de luxes, châteaux en Espagne, jets privés, fontaines de champagne, nounous pour leurs pitbulls et autres coiffeurs à domicile…

Ils sont les victimes consentantes de leur époque, de cette sorte de décadence occidentale qui juge la valeur des hommes aux profits qu’ils sont susceptibles de rapporter, à leurs poids d’argent, à leur rentabilité.

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Les meilleurs d’entre eux comme les plus médiocres ne sont plus là pour servir le football, pour illuminer nos existences, pour colorer la vie de nos gamins, non ils jouent seulement pour satisfaire leurs propres appétits, pour espérer taper dans l’œil d’un recruteur ou d’un agent qui saura au mieux capitaliser leur talent, leur permettre de quitter au plus vite leur club formateur afin de démultiplier leur salaire et s’offrir enfin un mode de vie qui ressemble plus à leurs attentes.

Aujourd’hui dans un club, demain dans un autre, après-demain encore ailleurs, ils sont des mercenaires sans foi ni loi, préférant parfois cirer le banc d’une équipe riche à en crever que de vivre leur passion au sein d’une formation plus modeste.

Le football était un art, il ressemble de plus en plus à une vente aux enchères.

                                                                                                                                                                                                                                        Sans moi.

                                                                                                                                                                                                                       Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

5 commentaires pour “L’adieu au football”

  1. Vous suivez l’actualité de très près : Finkielkraut, Congrès de l’UOIF, départ et coup de pied de l’âne de Taubira etc…
    Vous préférez nous faire une chakchouka de ballons

  2. bravo!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  3. Saunier retourne à Guerande

  4. Sans vous, sans vous ! Le supporterez-vous longtemps ? Si oui, bravo. Supposé-je à tort que vous ne découvrez aujourd’hui pas le mercenariat des footballeurs professionnels ? Vous l’aviez bien entendu supposé, mais le déni a fait son œuvre. Et aujourd’hui, patatras ! [Par parenthèse, le mercenaire n’est pas une catin, celle-ci empoche après avoir cédé ; celui-là combat pour empocher. Certes, la sociologie compréhensive – ce qui est un pléonasme, mais il paraît qu’en matière de terrorisme, des sociologues ne chercheraient à comprendre les acteurs explosifs – trouverait des antécédents communs aux deux professions (chômage de papa, illettrisme de maman, besoin de s’en sortir à tout prix, etc.), mais enfin, ne piquons pas le gagne-pain d’autrui. Encore que, excusez l’insistance, qui au football serait donc le Julot casse-croûte ? Et de qui ?

    Vous voilà donc écœuré ?! Triste, beaucoup ; déprimé, un peu ; un idéal fort amoché en bandoulière ; l’enfance qui se ferait la malle. Ne vous reste-t-il pas Rimbaud, ses semelles de vent et tout le saint-frusquin : Marseille, Le Harar, Verlaine, l’ivre d’absinthe oublié et, inoubliable, « Le Bateau ivre » ? C’est tout de même autre chose que les godasses de Zlatan perçant les filets à coups de ballons, si impeccablement ajustés qu’ils soient ! Et qui dit que Rimbaud, aujourd’hui, n’abandonnerait pas la poésie, encore moins rentable que de son temps, pour les affaires footballistiques, guettant des minots prometteurs en Éthiopie et, pourquoi se priver, dans toute l’Afrique noire ?

    Allez ! Une goutte supplémentaire d’absinthe sur votre sucre, ça ne tue pas. Enfin, ne récidivez pas trop souvent, ça rendrait aveugle. Et alors, adieu l’Association sportive de Saint-Étienne contre qui vous voulez à la téloche !

  5. Ce qui demeure intéressant à observer et à réfléchir, c’est l’attachement des masses à un spectacle qu’elles savent être complètement pourri.

    Un autre aspect intéressant, c’est l’instrumentalisation politique du foot-ball qui permet au politique de mettre en scène une chimère d’intégration multiculturelle et multiethnique.

    De plus le foot-ball est un prisme particulièrement révélateur des manoeuvres d’investissement des grands détenteurs de cash, non seulement dans les secteurs industriels et financiers, mais encore dans les secteurs du spectacle.

    Enfin, le foot-ball est une école de la vie et de la société qui enseigne la pub, la gloriole, la dope, la politique, le fric-roi et la frime. Une école de vérité, en quelque sorte…

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