Ah ce que je puis souffrir à l’idée de pourfendre un homme dont l’extravagante passion pour le ballon rond est si forte qu’elle l’amène à adopter des comportements en tout point contraires à la morale élémentaire !
Pourtant, je sais d’expérience l’atroce douleur d’avoir à renoncer à assister à une rencontre de football auquel vous tenez tant que vous seriez prêt à tous les renoncements afin de ne point la rater.
Le mariage d’une tante prévue depuis des lustres qui, précisément, en vient à tomber le jour d’une finale d’une compétition majeure où s’illustre votre formation fétiche, l’impossible dilemme à résoudre, la panoplie des scénari que vous élaborez alors : l’annonce du déclenchement d’un tsunami inopiné même si vous habitez au cœur de la Creuse, un embouteillage monstre qui vous retient prisonnier à la hauteur du lieu-dit La mare au diable, le fiston atteint d’un accès de démence irrémédiablement contagieux, le décès soudain de sa propre mère qui, manque de chance, se trouve être aussi la sœur de la mariée…
Oui Manuel je sais cette intolérable brûlure qui consume le cœur, retourne l’estomac, assombrit l’âme au point de sentir monter dans la poitrine des sanglots de rage et de dépit mêlés, l’envie d’adresser un point vengeur vers le Créateur pour lui demander la raison d’une telle injustice, ce sentiment d’être la victime expiatoire d’un complot ourdi par des forces malfaisantes, cette conviction de passer à côté d’un événement d’une portée historique.
Et tout cela pour quoi ?
Pour se coltiner un congrès dont la terre entière se fout, vous le premier, une assemblée de militants ahuris venus se perdre dans le trou du cul de la France assister aux discours saumâtres de dirigeants ambidextres, pensant à gauche, réfléchissant à droite, gouvernant au centre ?
Conclave de petits caporaux dont, du haut de votre chaire de Premier Ministre de la République, vous maudissez l’irrémédiable petitesse, l’écœurant manque de courage, l’innommable appétence pour l’immobilisme, vous qui n’êtes que bruit et fureur, verbe haut et coup de menton, main sur le cœur et poing dedans les couilles.
Alors oui j’irai à Berlin !
A cheval, en vélo ou en Falcon.
Rien ne m’arrêtera.
On n’a qu’une vie.
J’entends déjà les vociférations de l’opposition, le bêlement de la vox populi grondant “mes impôts, mes impôts, mes impôts”, la désapprobation à peine muette du Président mais que sont-ce toutes ces lamentations face à l’incomparable, l’inexpugnable beauté de voir de mes yeux voir onze footballeurs incandescents réinventer l’art de dribbler, transcender la simplicité d’une passe, ensorceler le ballon dans une valse à jamais recommencée ?
Entre le PS et le football, je choisirais toujours le football.
Entre les impôts des contribuables et le football, je choisirais encore le football.
Entre la France et le football, je choisirais encore et toujours le football.
Je suis un homme entier.
J’ai horreur de tous les compromis.
Suis-je donc homme à me contenter de regarder pareille rencontre sur un téléviseur mal embouché, avachi sur un canapé de fortune avec comme compagnons de voyage ces impavides pachydermes que sont Michel Sapin, Jean-Christophe Cambadélis ou Jean-Marc Ayrault ?
Je suis le Premier Ministre de la France, pas un troufion de rond de cuir tout juste bon à cheminer sur les sentiers de la prudence en comptant chaque sou avec l’avarice d’un croque-mort.
Je vais, opiniâtre, orgueilleux, ombrageux vers le destin qui est le mien.
Je hais la tiédeur et le compromis, ces deux mamelles qui ont transformé ce pays en une nation rance suintant la mort et la désespérance.
Je réclame du panache, de l’insolence, de la bravoure.
De l’éclat avant toute chose.
De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace.
Je me prénomme Manuel Del Dongo de la Valls, Seigneur d’Espagne, Roi de France, Prince du Barça.
Qui m’aime me suive.
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Génial !!!!!
« Trop d’honneur, M. Laurent Sagalovitsch, trop d’honneur !
L’origine italienne de ma mère, Luisangela Galfetti, née dans le canton du Tessin (Suisse), pouvait certes justifier que vous me décrétiez le transalpin titre de « Del Dongo », à l’instar du neveu d’une des deux héroïnes de « La Chartreuse de Parme », roman de Henry Beyle, dit Stendhal. Mais mon regretté père étant espagnol de Catalogne [votre « la » devant Valls, l’avouerais-je ? sonne curieusement, et loin des trois temps de la valse], l’on saisira combien la finale jouée voici peu à Berlin me travaillait aux racines : elle opposait un célèbre club transalpin, la Juventus turinoise, au Football Club non moins célèbre de Barcelone (sis, donc, outre-Pyrénées). Dès lors, tout Premier ministre de la France que je suis, eussé-je pu sans choquer ne pas assister, dans la capitale allemande, à la finale de la Coupe des champions d’Europe ?
D’autant plus d’ailleurs (M. le Président y fit très récemment une opportune allusion) que les événements qui, ces jours derniers, perturbèrent le “gouvernement” de la Fédération internationale de football association eurent, ont et auront encore quelques conséquences rien moins qu’anodines d’ici 2016. Aussi me devais-je, que dis-je : « me devais-je ? » Je devais à la France, à l’Espagne, à l’Italie, à l’Allemagne, sauf discourtoisie caractérisée, d’honorer l’invitation de M. le président de l’Union des associations européennes de football, Michel Platini. La France n’est-elle pas, de plus, le pays organisateur de l’Euro 2016 ? Quelques médisants, continûment à l’affût, se jetant sur le politique comme la misère sur le pauvre peuple, jacassèrent évoquant kérosène, impôts et empreinte écologique. Pouvais-je me dérober ? La fonction imposait ce déplacement éclair.
Vous m’avez compris, M. Laurent Sagalovitsch. Je vous en sais grand gré. » – P(p)rP : propos (presque) recueillis par Puycasquier