Afin de se démarquer des scélérates pratiques mises en œuvres par l’infâme Sepp Blatter, j’invite le futur président de la FIFA à retirer au Qatar l’organisation de la Coupe du Monde en 2022 afin de la refiler aux deux enfants terribles de la diplomatie universelle, Israël et la Palestine.
A la seule condition que d’ici-là les deux entités nationales se soient entendues pour signer une paix éternelle, avant d’entamer une lune de miel couronnée par un échange de territoires juste et équilibré où chacun puisse vivre sa petite existence peinarde sans se soucier de se manger un tir d’obus ou de missile à l’heure du Shabbat ou pendant le Ramadan.
Ce très léger obstacle levé, plus rien ne s’opposerait à voir la Coupe du Monde débarquer en Terre sainte.
On n’aurait nul besoin de corrompre quelques intermédiaires véreux afin de s’attirer des votes bienveillants, personne n’osant présenter sa candidature face à un tel symbole qui magnifierait le vivre ensemble, la concorde entre tous les peuples de la terre, la réunion des hommes de bonne volonté.
Le match d’ouverture se tiendrait à Ramallah, la finale à Tel Aviv ou l’inverse, la rencontre pour la troisième place à Gaza.
La mascotte représenterait une colombe, habillée d’un pyjama étoilé et coiffée d’un keffieh de bon aloi.
Toutes les équipes participantes devraient avant chaque rencontre se taper et la visite du Saint-Sépulcre, et la promenade sur l’Esplanade des Mosquées, et la séance d’embrassade au Mur des Lamentations afin d’honorer les Dieux qui veillent depuis la nuit des temps sur la région et ses environs.
Les équipes se réclamant de Bouddha et consorts se contenteront d’un bain de pieds dans la Mer Morte.
Nombres de rencontres se disputeront sur le lac de Tibériade où, pour une fois, les joueurs marcheront vraiment sur l’eau et trouveront une juste récompense à leurs prières d’avant-match, le maître des lieux connaissant une nouvelle jeunesse en voyant ces jeunes gens de leurs foulées toutes jésuitiques gambader sur son terrain de jeu favori où il signa jadis l’un de ses plus retentissants exploits.
Ce bon vieux Moïse ne sera pas en reste.
Quand son équipe fétiche se produira, retrouvant ses vieux réflexes du temps de la sortie d’Égypte, il ne manquera pas de séparer le terrain en deux sitôt que l’équipe adverse osera déclencher une contre-attaque, de changer la pelouse en marécage lorsqu’un va-nu pied d’arbitre sifflera un penalty contre la sélection du peuple élu ou rajoutera un onzième, douzième et treizième commandement à ses Tables de la Loi en proclamant, du beau jeu tu pratiqueras, à l’offensive tu te lanceras, des buts par dizaines tu inscriras.
Allah quant à lui se contentera de faire disparaître le ballon dans les cieux au moment où il s’apprêterait à pénétrer dans les cages des équipes arabisantes.
Ce serait la Coupe du Monde de la fraternité, de l’émotion vraie, du triomphe de la lumière sur l’obscurité.
L’Homme, après des siècles passés à se chamailler, accéderait enfin à l’age adulte et, devant de telles marques de sagesse, les Dieux réunis en conclave décideraient de suspendre la Mort jusqu’à nouvel ordre.
Même Sepp Blatter serait pardonné.
Les Allemands, par devoir de mémoire, iront jusqu’à accepter d’être éliminés dès le premier tour.
Et évidemment c’est en rêvant à cette dernière impossibilité métaphysique que je me suis réveillé en sursaut.
C’est le problème avec les rêves les plus fous, il existe toujours un moment où la conscience, choquée par une énième incongruité, décrète la fin du couvre-feu et reprend les commandes.
Les Allemands éliminés au premier tour ? La bonne blague.
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Les lunes de miel survivent rarement à la gloutonnerie des époux, et l’avènement de la paix éternelle coïncidera très probablement avec la fin du monde (sauf si quelques extraterrestres venaient régénérer notre humanité). Ainsi l’histoire incline-t-elle à penser. Évidemment, rien n’interdit de rêver. Mais votre aperçu restrictif d’une Allemagne footballistique insusceptible de provoquer sa propre élimination, « dès le premier tour » pour le bien de tous, est décevant quand on songe à la patrie d’Emmanuel Kant, auteur d’un célèbre « Projet de paix perpétuelle ».
Un Moïse ankylosé reprenant du service, le Dieu des musulmans escamotant tout ballon près de fusiller le portier palestinien, pourquoi pas ? Encore qu’il existe des Palestiniens chrétiens et que les trois commandements prêtés à Moïse n’auraient sans doute pas la puissance théologale des dix que lui dicta le Très-Haut.
Mais vive l’utopie ! C’est mieux que les tranquillisants. Et paix à Sepp Blatter – après a démission avérée !
Bien sûr : “après sa démission avérée !”
Nous vous connaissions excellent styliste. Vous voila non seulement poète mais encore visionnaire.
Si on aggrave votre cas en rappelant que vous êtes un indéfectible supporter des verts (Association Sportive de Saint-Etienne), alors prenez garde… vous risquez de devenir sympathique