La haine du dentiste

 

Depuis que j’ai l’âge de raison, c’est une question qui m’obsède et m’empêche bien souvent de trouver le sommeil.

Comment donc une personne saine de corps et d’esprit, ne souffrant d’aucune pathologie mentale connue, élevée au sein d’une famille aimante, peut décider un jour de consacrer sa vie entière à explorer des cavités buccales, à scruter des mâchoires, à détricoter des caries ? 

Par quelle perversité intellectuelle un cerveau en parfait état de marche en arrive à décréter que son existence le conduira à évoluer dans le décor cireux d’un cabinet dentaire à demander à des patients récalcitrants d’ouvrir grande leur gueule afin de tailler un bout de gras avec des dents au bout du rouleau ?

J’avoue ne pas posséder la réponse.

Certes quelques esprits égrillards auront beau jeu d’avancer qu’il est encore préférable d’inspecter cette béance-là que d’explorer des ouvertures encore plus suspectes.

Je ne suis pas de cet avis.

Le proctologue a du panache à mes yeux.

Il se coltine à une tâche certes ingrate, certes d’apparence peu ragoûtante, certes susceptible de déclencher les moqueries et les quolibets, mais qui possède un je-ne-sais-quoi de chevaleresque ou d’héroïque : il va là où personne d’autre n’ose aller, il s’aventure dans des conduits connus de lui seul, il scrute sans scrupule les sombres parois de notre anatomie la plus secrète.

Le dentiste lui, agit au grand jour.

Il commet ses forfaits sous la lumière aveuglante de son phare de gestapiste braqué sur les yeux de son innocente victime qu’il a pris soin auparavant de séquestrer sur son fauteuil de torture d’où elle ne pourra s’échapper qu’une fois transformée en une épave baveuse à peine capable de marmonner un vocable indéchiffrable avant de rassembler ses dernières forces pour signer un chèque dont le montant extravagant aura raison de ses dernières économies.

Le dentiste est sadique, le dentiste est cruel, le dentiste est vorace.

Le dentiste est allemand.

Il jouit de sa toute puissance à maltraiter notre bouche à l’aide d’outils dont  la seule conception, pointe saillante, coutelas crochu, pince rigide, trahit déjà l’effroyable intention de terroriser le malheureux sur qui va s’abattre le joug de ces authentiques instruments de torture.

Cette fraise tressautante, cette ponceuse stridente, cet excavateur torsadé, cette curette acérée, ce détracteur crochu, cette pince scrutatrice, ce miroir inquisiteur, autant d’éléments qui attestent de la déviance morbide du praticien, planté comme un grand échalas au dessus de nous autres patients rendus à l’état de bêtes molles et ahuries par une piqûre anesthésiante distillée à même nos mâchoires.

Ah qu’il jouit donc cet écorcheur de dents lorsqu’il nous voit ainsi sans défense, tout juste bon à obéir à ses demandes infantilisantes ”ouvrez en grand, un peu plus vers la droite, crachez, buvez, levez le menton, fermez légèrement, mordez mon doigt, rentrez votre langue, détendez-vous.” 

Dentiste, je te hais.

J’éprouve plus de considération envers mon fossoyeur qui un jour s’attellera à creuser ma tombe que pour ta misérable personne.

Si d’aventure je devais finir un jour par croupir dans une infâme prison j’aurai plus de commisération pour mon geôlier que pour ta chagrine personne.

Tu jouis de nos infortunes.

Tu rigoles de nos mines déconfites quand on se traîne dans ta salle d’attente où parmi d’autres comparses à la mine aussi atterrée que la nôtre nous entendons vrombir à travers les murs l’atroce bruit de tes machines grondant leur mauvaise humeur dont bientôt nous serons les impuissantes victimes.

Quand tu te penches vers moi, je vois dans ton regard l’étendue de ton vice, la cruauté de ton âme, la froideur de ton cœur ; de tous les métiers recensés depuis l’aube de l’humanité tu en exerces le pire ; tu as le sang-froid d’un serpent, la voracité d’un vautour, la méchanceté d’une hyène.

Et demain matin, à mon rendez-vous de dix heures, apprends que tu ne me verras pas : par ta faute, j’ai décidé de rejoindre les rangs de l’Etat Islamiste du Levant.

                                                                                                                                                                                                                                                     Ils m’ont promis de décapiter ma dent au sabre.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                     Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

 

22 commentaires pour “La haine du dentiste”

  1. J’Adooooore 🙂

  2. Le dentiste est allemand?

  3. C’est pompeux, c’n’est pas pas drôle, c’est mauvais.

  4. Le dentiste est surtout aigri d’avoir raté médecine !

  5. Alors par rapport à la question présentée au tout début de l’article, il se trouve que j’ai la réponse (et vous ne serez même pas stupéfaits, de par sa simplicité si évidente).

    Et oui ! …Et pour ne pas vous faire languir plus longtemps, voici ce qu’il en est : “Comment donc une personne saine de corps et d’esprit…….?” Et bien il s’agit d’un subtil mélange de cupidité et d’égoïsme (ainsi que, dans certains cas, de sadisme!).

    Cependant, il m’aura fallu plus de 30 années passées à fréquenter ces immondes personnages (sachant que je n’ai pas 40 ans), et des prestations à hauteur de l’équivalent d’une Porsche neuve, pour en arriver à cette conclusion (ce qui n’a, par ailleurs, pas réglé tous mes problèmes et en a même amené de nouveaux).

  6. Il n’y a qu’un trou du cul pour encenser les proctologues.
    Il est donc inutile de partir au Levant car c’est bien connu en cet endroit le soleil ne brille jamais.

  7. c’est sensé être drôle ?

  8. S’en prendre à votre dentiste, c’est exactement comme de s’en prendre au messager qui vous apporte une mauvaise nouvelle. Le dentiste n’est pas responsable de votre laxisme.

  9. Chapprends que che jsuis allemand!
    sadique je savais!
    Vous avez oublié escroc! Je le revendique pourtant (Dr es-crocs)
    Il est temps que vous veniez vous allonger sur mon fauteuil. Savez-vous qu’il est assez proche du divan de votre psychanalyste?

  10. Longtemps, les barbiers et les vétérinaires – vaguement chirurgiens quoique les daviers fussent de fichus outils… – arrachèrent les dents. Ainsi l’héroïque cow-boy avalant force laudanum avant l’extraction de dents gâtées relevait-il déjà d’un art dentaire… moderne. Longtemps, les dents s’arrachèrent avec tellement peu de précaution que ceux qui officiaient dans la bouche d’autrui eurent l’honneur d’une expression peut-être en passe d’être oubliée : « Menteur comme un arracheur de dents ». Mensongèrement, ils garantissaient à leurs patients qu’ils ne souffriraient pas…

    Voici un bref passage de « L’Ogre et la dent », de Françoise Loux, Bibliothèque Berger-Levrault, Coll. Arts et traditions populaires (1981) :

    « À Paris [au début du dix-huitième siècle] comme dans les petites villes ou sur la place du village, le déroulement du rituel était le même. La mise en scène du “grand Thomas”, garçon chirurgien au départ, venu s’installer sur le Pont-Neuf, est un exemple célèbre. “Il paradait sur un char composé d’une large plate-forme montée sur quatre roues basses, entourées d’une balustrade à hauteur d’appui et surmontée d’une toiture bombée. Grand et fort, avec une voix de stentor, Jean Thomas se présentait à la foule, vêtu d’un habit rouge galonné d’or, et coiffé d’un vaste tricorne empanaché de plumes de paon ; un énorme sabre pendait à sa ceinture” [Franklin A., « La vie privée d’autrefois », Plon, 1895]. / Quand il avait arraché une dent, il “envoyait le patient se rincer la bouche avec de l’eau-de-vie à la boutique d’une femme, Mme Rogomme, qui se tenait auprès de lui. ‘Allez, disait-il, allez boire un peu de rogomme’ ; c’est ainsi qu’il appelait l’eau de vie, du nom même de cette femme, et ce nom de rogomme s’est conservé jusqu’à nos jours, dans le langage vulgaire [« Histoire illustrée de l’art dentaire », par Duchaume et Huard, Dacosta 1977] ».

    Le Grand Thomas ignorait assurément qu’une bouche dépeuplée provoque des troubles digestifs. Aussi ôtait-il les quenottes sans mégoter, quand aujourd’hui Dame Sécu, qui n’ignore rien, s’octroie de substantielles économies de remboursement – lesquelles profiteront, plus tard, à divers médecins spécialistes, mais pas à la Sécu…

    Les dentistes actuels, moins brutaux que ceux d’autrefois, sont toujours violents. Certes, ils choient nos gencives et nos dents, mais soignent les tarifs des prothèses. Aussi, les prothésistes dentaires, restent, quant à leurs gains, sur leur faim, alors que certains dentistes multiplient par quatre, voire par huit ou dix, le prix de leurs prothèses. Le sadisme du dentiste est donc toujours aussi douloureux : le patient n’a plus mal aux dents, mais au porte-monnaie.

    Une dent « décapitée au sabre » serait immanquablement suivie, dans le panier, de la tête où elle gîte. Le fauteuil du dentiste qui fait longuement cracher au bassinet est quand même un moindre mal.

  11. 9 fois sur 10, lors de la première consultation, le patient me lance en entrant:
    “je vous préviens tout de suite, j’aime pas les dentistes”
    phrase sans doute longuement méditée dans la salle d’attente, à visée hautement humoristique, à laquelle au fond de moi, j’ai toujours envie de répondre (“mais pourquoi tu viens me faire chier alors”) mais je me contente poliment d’un simple ” c’est très original, on ne me l’avait jamais sortie avant”, qui pris au premier degré flatte en général l’égo du consultant .
    ensuite, étendu sur “la chaise électrique”, avant que quoi que ce soit ne ce soit passé, le même me demande, l’œil humide : “ça va faire mal?” (à ce stade , je ne sais même pas ce qui l’amène…)
    alors forcément, on fait des devis exorbitants, dans le seul espoir de ne jamais revoir ces abrutis, qui finissent malgré tout par toujours revenir, du fait de leur hygiène buccale défaillante ou inexistante….
    comme j’envie personnellement les gynécos, car, il m’arrive parfois de recevoir des jolies filles, et d’avoir envie de leur dire péremptoire : déshabillez-vous! j’arrive!, plutôt que ” ouvrez un petit peu plus grand”…. (vous acceptez les règlements en espèces docteur?…même les règlements en nature si tu veux ma chérie…)
    le métier de dentiste est effectivement extrêmement très chiant, pas simplement du fait d’avoir à passer 40heures par semaines enfermé dans 20m2, mais, le plus souvent du fait des personnes que l’on y rencontre.
    alors, soyez différents de la masse de ces patients antipathiques , n’hésitez pas par exemple, à apporter un petit cadeau à votre praticien (des chocolats par exemple) , à lui faire part de votre propre spécialité (réparateur d’ordinateur par exemple) et de lui dire qu’il peut faire appel à vous gracieusement quand il le souhaite, car on épargne bien des souffrances à une impressionnante cohorte de gens, mais au terme d’une carrière, de combien de patient peut on dire “ils m’ont aussi rendu service”….
    (et si vous êtes une jolie fille, j’exerce personnellement dans le val de marne…oui, c’est vrai je ressemble un peu à elie semoun après un choc avec un autocar…mais, je ne fais absolument pas mal…)

  12. Des commentaires de personnes qui ne savent pas de quoi ils parlent!
    Sur un post humoristique, des commentaires absurdes de personnes aigries!

  13. c’est plus j’ai peur des dentistes que j’entends! et je réponds, “çà tombe bien, j’ai peur des patients!”

  14. N’est pas Desproges qui veux !

  15. @ Nelsonne qui parle comme une brouette sans rien savoir :
    A l’issue du concours de 1ère année de Médecine, l’étudiant choisissait librement médecine ou chirdent , il n’y a pas de “raté de médecine” en dentaire et lycée de Versailles ! Avant de dire n’importe quoi on se documente !

  16. Laurent, tu as dû haïr le dentiste nazi de “Marathon Man”… 😀

  17. Décidément qu est ce qui vous manque et que vous ne savez pas ! Vous, pourtant qui savez tant de choses ….. C est d aller voir mon adorable dentiste de fils, il est drôle et arracheur de dents, entre autres.

  18. Moi j’ai trouvé ca très drôle 🙂 c’est justement ce style un peu “pompeux” qui fait que c’est drôle.
    Et puis je suis du même genre : Je n’aime pas ces horribles arracheurs de dents qui soi-disant “ne font pas mal”. On lui dira!
    Mais je respecte l’humain derrière le masque, pas besoin d’être désagréable avec quelqu’un qui va vous soigner. Faut juste pas être trop con et faire la différence entre le métier et l’humain 😉

  19. Nombre de sans dents ont oublié ce qu’est un dentiste …

  20. Brosse toi les dents

  21. le troll est toujours une espece en voie d’expansion 🙂

  22. “Nous entendons vrombir à travers les murs le bruit atroce de tes machines” …… Mdrrr ! A votre tour d’être sadique en prolongeant le cauchemar !

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