Les magasins de sex toys doivent à Paul McCarthy une fière chandelle : grâce à lui, leur carnet de commandes ne va plus désemplir d’ici la fin des fêtes.
Déjà, dans une quelconque province reculée de Chine, des enfants passent des nuits blanches à polir à la chaîne des plugs anaux afin de satisfaire les envies des parisiens désireux d’offrir à leur arrière-train des sensations nouvelles.
Ce sera du dernier chic pour les cadeaux de Noël.
Un plug anal pour Madame, un autre pour Monsieur, un à planter au sommet du sapin, un à disposer dans la crèche, un dans le fion de la dinde ou du chapon et voilà la garantie de passer une nuit de Noël inoubliable.
Le tout autour de convives découvrant la délicieuse extase de se sentir fouillé par les formes délicates d’un godemichet occupé à défricher des contrées jusqu’ici inexplorées.
Rien que pour la découverte de ce ravissement si singulier et pourtant si peu répandu, il nous faut remercier la salutaire entreprise de Paul McCarthy, d’avoir dépucelé de cette façon si radicale la pourtant si froide et conservatrice Place Vendôme, plus connue pour son palace et ses bijouteries que pour ses extravagances sexuelles.
Exceptés les coffres percés ou les vitrines brisées par les malfaiteurs en quête d’émeraudes, la Place Vendôme n’avait jamais eu l’honneur d’être visitée de cette manière si brutale et si effrontée.
Dans les appartements cossus entourant la fière obélisque, hormis le traditionnel et annuel ramonage de la cheminée, de telles pratiques n’avaient cours excepté quand des domestiques dépravés ramenaient dans leurs chambres de bonne de bien mauvais garçons.
Il a donc fallu un courage inouï à Paul McCarthy pour installer au cœur de Paris son sublime étendard à la beauté si verdoyante.
Quel pied de nez à la bienséance bourgeoise !
Quelle insolence !
Quel panache !
Quelle claque pour l’établissement !
Que chacun en prenne pour son grade.
L’artiste a tous les droits.
Il n’a de compte à rendre à personne si ce n’est à lui-même et à son auguste génie.
On n’a pas à juger l’art contemporain puisque se situant par essence dans un espace où, à escient, il s’affranchit de tous les canons esthétiques ordinaires, il n’a pas vocation à susciter l’approbation du plus grand nombre.
Inclassable, il percute de plein fouet nos habitudes et bouscule nos certitudes.
Il provoque tout autant qu’il interroge.
Il dérange.
Il ne répond à aucune problématique, il ne prétend à rien, il ne propose rien, il n’a d’autre visée que de nous interroger sur notre propre rapport à l’Art.
Il n’est ni beau, ni laid.
Il est.
Et en étant ce qu’il est, c’est à dire une incarnation du rien ou du n’importe quoi érigé en œuvre, il s’autorise à être un objet de moquerie dont je suis le premier à ricaner tant je ris de ces prétentions qui ne sont à mes yeux que l’expression d’une pensée tournant à vide.
Un aimable attrape-gogo pour bobos prêts à dépenser des millions pour s’encanailler d’une œuvre signée d’un simulacre d’artiste.
Pour autant il fallait bien évidemment laisser la sculpture de McCarthy dans sa place.
On ne répond pas à la provocation par la destruction.
On passe son chemin et on s’en va offrir des roses à sa bien-aimée.
Ou un plug si on est d’humeur canaille.
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Il ne s’agit pas d’une destruction, mais d’une performance, qui peut être jugé artistique : dégonflement d’une baudruche, allégorie du marché de l’art contemporain, grosse outre enflée de prétention et de €€€.
Ne pouvant décider si l’ « art contemporain » est vraiment de l’art au sens traditionnel et général (« expression dans les œuvres humaines d’un idéal de beauté »), admettons avec vous que la bonde de Paul McCarthy « n’est ni [belle] ni [laide] ». Admettons de surcroît que les artistes qui pratiquent les arts dits « contemporains » visent à « percute[r] de plein fouet nos habitudes et [à] bouscule[r) nos certitudes ».
Beaucoup de contemporains ne cracheront probablement jamais au bassinet dudit artiste ni à celui d’autres de ses pairs en provocante contemporanéité, le moindre kopeck pour aller admirer, en quelque musée, leurs œuvres. Que l’on objecte l’exemple des impressionnistes, moqués, puis portés aux nues, ne saurait faire relativiser les certitudes d’un goût jugeant moches maintes œuvres d’art « contemporain ». Ni l’observation selon laquelle un tel rejet trahit une inféodation indécrottable aux « canons esthétiques ordinaires ». La « froide et conservatrice place Vendôme » peut bouder – d’ailleurs, qu’en sait-on vraiment ? – « les extravagances sexuelles » réelles, on lui reprocherait avec peine de ne s’être accommodée que contrainte et forcée, sans doute, de ce… vert bouchon que Paul McCarthy put en son centre planter.
N’étant ni fortuné, ni coutumier du bélier pour bijouteries, ni lié en quelque façon au personnel du ministère de la Justice, je ne fréquente pas la place Vendôme. Mais je ne trouverais pas choquant que les admirateurs d’ « art contemporain » viennent y faire pèlerinage pour admirer la bonde de Paul McCarthy, même regonflée et flanquée de vertes rustines.
Je suis d’accord avec l’article sur le fait que l’artiste peut bien faire ce qu’il veut mais de quel droit nous impose-t-on la vue de ses créations, du plus mauvais goût de surcroit ??? Qu’il expose dans son jardin
Longue vie à la Place Vendôme !
et pourquoi pas un tantinet bousculée …
Jérôme Jabès,
Diamantaire
“L’art comptant pour rien” j’adore cette expression … il faut bien satisfaire le vide sidéral de certains artistes qui exploitent sans vergogne la crédulité de beaucoup, si ça marche … l’art et le kul … vaste sujet … ou la vulgarité et la bêtise vont de pair …
Vous êtes bloqué sur le plug anal, difficile de “s’interroger sur notre propre rapport à l’Art” à l’aide “d’une pensée tournant à vide.” L’art peut être plein de truc, beau, engagé, vérité etc mais c’est aussi une discussion perpétuelle or ce plug anal est au carré blanc ce que le fromage à pizza dégueu est au st nectaire. Ça ressemble vaguement à du fromage mais ça n’en est pas. Une paire de louboutin stileto et un diamant dans le cul et tu obtiens un vague mélange d’art, de mode, de chic et de porno, du porno chic. Le marketing a prit le pas sur l’art. Le premier carré est noir, c’est le trait matière, l’expression de l’artiste qui recouvre la toile, le néant, tout est dit. Le blanc en dit plus, forcément, le trait est inutile, c’est la pensée de l’artiste qu’il faut imaginer comme quand Klein a fait une expo sans tableau. Et puis il y a le carré bleu, ce petit coin de ciel bleu, ce rêve à imaginer, poétique à souhait. Un peu de la branlette intellectuelle dirons certains, j’aime me masturber le cerveau, ça me fait du bien. Klein nous montre que l’art contemporain n’est rien sans com. En même temps Camus disait bien que “L’art n’est pas à (ses) yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes (et de femmes) en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes.” Rêver est jouissif.
Je suis quand même un peu d’accord avec vous Saga. “Pour autant il fallait bien évidemment laisser la sculpture de McCarthy dans sa place.” C’est à mon humble avis ce qui montre que ceci n’est pas de l’art ou alors de l’art de baltringue. McCarthy fait de la provoque et dès qu’il se prend une tartignole y’a plus personne. Certains meurent pour leur art, d’autres en vivent. Qu’il aille se trifouiller ailleurs avec ses réflexions anales, à conchier.
pourtant en France, tellement l habitude de prendre dans le cul, que meme celui là il doit passer 😉
non sérieux qu est ce qu on en a foutre. en plus si y a l’obélisque à coté ca dénature rien. un plug à coté d un symbole phallique, c est meme putain de naturel.
M. Sagalovisch,
A propos de votre texte justificatif “You will never hate alone”, je ne vous emmerderai que sur un point de grammaire : vous confondez le futur et le conditionnel. Quoi d’autre
encore ?
On reconnait les petits esprits à leurs petits actions. L’agression physique dont à été victime McCarthy est sans aucun doute l’oeuvre d’un de ces minuscules esprits, car un esprit plus évolué aurait dialogué, échanger et peut être chercher à mieux comprendre le travail de McCarthy qui est un artiste qui à déjà une oeuvre conséquente à son actif. Cette oeuvre est faite de provocations, de réflexions, mais qui semblent être bien loin de qui c’est passé dans la petite tête de cet agresseur brutale à qui il doit manquer un bon paquet de neurones.
Un article présentait ce gros machin vert comme un “arbre de Noël” pour justifier finement sa présence……
Tant qu’au tableau blanc vide, déjà il y a une trentaine d’années à Beaubourg j’avais vu la même chose en 4m X 3m, mais en bleu turquoise…