Longtemps, longtemps après que le parti socialiste aura disparu, on se souviendra encore de ce brave Monsieur Thévenoud.
De cet incroyable personnage tout droit sorti de l’imagination d’un romancier fabuliste, capable durant la même période de détenir la vice-présidence de la mission d’information sur la fraude fiscale, tout en omettant plus ou moins sciemment de remplir sa propre déclaration d’impôts.
Il faut le dire, le répéter, l’asséner mais on frôle là le génie absolu quand avec un tel aplomb on parvient à tenir, sans rien trouver à y redire, des positions aussi antagonistes.
De ce génie qui vous déconcerte et vous sidère, provoquant chez vous comme une sorte d’effarement mêlé à un sentiment d’irréalité, une espèce de stupeur muette si prononcée qu’elle plonge votre esprit dans un océan de perplexité où vous vous retrouvez à vous demander, non plus si l’essence précède l’existence, mais si le cas du Sieur Thévenoud procède de la folie, de l’inconscience ou de la désinvolture.
Cette capacité inouïe à endosser le rôle du cheval blanc de l’évasion fiscale tout en étant l’un des moutons noirs de cette administration des impôts à laquelle il est censé apporter de nouvelles méthodes pour empêcher des chenapans de son espèce ou apparentés de prospérer à l’ombre de la citadelle de Bercy.
Une dualité quasi dostoïevskienne.
Thévenoudalovitch.
Il y eut jadis dans notre bourgade un homme nommé Taras Thevenoudavitch marié en première noces à Sofia Elouagivitch qui déclencha un scandale si retentissant que des curieux dépêchés de Moscou débarquèrent aussitôt la nouvelle répandue pour mieux connaître ce personnage si singulier dont l’ascension fut tout aussi fulgurante que sa perte…
Non pas que notre lascar, comme un Cahuzac de bazar, se serait essayé d’une quelconque manière à tromper le fisc en recherchant la clé des paradis perdus, ce qui eût été d’une banalité confondante, mais plutôt qu’il nous rejoua en sifflotant la partition du Fantôme de l’Opéra : va donc voir là-bas si j’y suis, tais-toi quand tu parles, la vérité si je mens, je ne déclare rien donc je ne suis pas, et puisque je ne suis pas je ne paye pas.
Limpide.
L’attitude de l’homme de bonne volonté qui vient prêter renfort aux forces de l’ordre pour arrêter un délinquant qui ressemblerait trait pour trait à son propre portrait.
La conduite d’un directeur de conscience prônant la chasteté comme seul et unique principe de vie et qu’on retrouve tous les soirs Chez Huguette à lutiner le popotin de soubrettes déguisées en mères supérieures.
Les agissements d’un moniteur d’école détenteur d’un permis de construire mais nullement de conduire.
Pour sa défense Thomas Thevenoud a admis qu’il souffrait d’une phobie administrative.
Ne reste plus qu’à soigner le patient par le biais d’une thérapie comportementale cognitive où, étape après étape, sans jamais essayer de le brusquer de peur de provoquer une fatale rechute, un personnel qualifié lui apprendra à se familiariser à nouveau avec une déclaration d’impôts, en partant de la case patronyme pour arriver triomphant à celle de la somme à déclarer.
Avant de l’inscrire aux Oubliants Anonymes afin de l’aider à résister à la tentation, un soir d’ivresse, de culbuter à nouveau dans le ravin de ses errements passés en omettant par exemple de s’acquitter du règlement de son loyer…
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C’est stupéfiant ! En abusait il ?
Alzheimer ? Je propose qu’on le mette sous tutelle !
Magnifique; et l’évocation de Dostoïevski est particulièrement savoureuse! Merci pour tous ces moments de délectation.
@closde : je propose plutôt le goudron et les plumes.
Et nos politiques qui vont s’étonner, un soir d’élection, du score du FN.
C’est à pleurer.
@achtungaby : bonne idée : le goudron et les plumes et pas seulement pour lui !!! je pense qu’on va avoir un poulailler ! hi hi …. n’empêche que le dindon de la farce, c’est toujours nous !
J’ai moi même une phobie de travail, c’est grave docteur ?
@ ahh la politique : faites vous élire maire de Levallois, et tout ira bien. Bonne continuation.
Syndrome de Tartuffe très diafoireux, en somme. Goudron et plumes, oui.
Ne disait-on pas qu’un « mal répand la terreur », aujourd’hui en France ? Plus précisément : « Un mal qui répand la terreur, /Mal que le Ciel en sa fureur /Inventa pour punir les crimes de la terre, /La Fraude (puisqu’il faut l’appeler par son nom) /Capable d’enrichir en un jour l’Achéron, /Faisait aux imposables la guerre ». Mais non, les mânes du Poète, ne se courroucent pas ; ce sont des mânes compréhensifs.
Vous, monsieur, qui faites passer pour fou un probable rusé ; vous, monsieur, qui simultanément nous le présentez comme un sous-héros dostoïevskien et un émule de Jérôme le Sublime ; vous enfin monsieur, qui, dans un louable élan d’humanité, souhaitez que l’on traite en institution(s) idoine(s) l’administrative phobie de notre pauvre frère Thomas qui craint, tel un chanteur de variétés (mais à voix) installé naguère en Patagonie, d’être contaminé aux seuls vue et toucher d’un formulaire de « Déclaration des revenus », vous monsieur, disons-nous, ne pousseriez-vous pas un peu trop loin la mansuétude ? Et la clémence ?
L’État ne se meurt-il pas ? L’État n’est-il pas mort, saigné à blanc, privé de pépettes, oseille, fric, blé, thune (tous autres synonymes sont acceptés) ? Et vous voudriez qu’en outre, on sollicite les fonds perdus, les fonds de cale de la nef Sécurité sociale pour un incurable que la récidive guetta, guette et guettera ?!
Ou alors, vous tenez que pauvre frère Thomas, malsain malgré qui n’en peut mais, est seulement victime d’une société qui perd ses valeurs et se raccroche opiniâtrement à l’ultime : l’argent. Qu’à ce titre, donc, mieux vaudrait le promettre à la béatification qu’à la geôle ou à l’hôpital. Inutile de préciser que nous abondons dans ce sens, car il vaut sans doute mieux sauver un « mouton noir » que condamner un « cheval blanc ».
Cahuzac, fait pas l’idiot,
Thévenoud est ton maestro.
Si seulement si, l’imbécile n’avait pas été aspiré par une passion ministérielle aussi forte, une schizophrénie amoureuse invétérée pour la fonction ministérielle, un désir obsessionnel aussi exacerbé de prendre part à son propre théâtre, personne n’aurait rien su de son affaire, de sa peur maligne et à son avantage, et de ses mensonges huilés.
Hélas, quand on a tant de fois doublé, roulé, roublé, on finit par s’imaginer des dons et des pouvoirs de super-zéro. Un phobique qui se moque des valeurs régaliennes de la belle France en lui montrant non seulement sa naïveté administrative mais aussi sa myopie morbide mériterait beaucoup plus que des critiques. Un sombrero pareil à des athlètes de pouvoirs surentrainés et aguerris me guérit de mes apaisements et ma trouille.