Voilà donc un homme qui selon toute vraisemblance ne comparaîtra jamais devant un tribunal.
Un homme que la justice continue à déclarer, affaires après affaires, non pas comme innocent, mais comme non coupable des faits qui pourraient lui être reprochés.
Et pourtant, un homme qui restera à jamais coupable.
Coupable de quoi ? Nul ne le sait vraiment.
Chacun a son idée, son opinion, son avis, sans que ces jugements se fondent sur quelques certitudes avérées.
On se doute bien qu’il n’est pas tout blanc.
Que tout de même il n’y pas de fumée sans feu.
Que vu ses fréquentations bancales et ses extravagances sexuelles, il doit y avoir quand même anguille sous roche.
Et pourtant, à cette heure-ci, DSK demeure un homme totalement libre, au casier judiciaire rigoureusement vierge, parfaitement autorisé à voyager où bon lui semble, à s’afficher ici et là au bras de ses nouvelles conquêtes, à prodiguer des conseils à des pays émergents.
Mais qui malgré tout reste coupable.
Un coupable métaphysique.
Tout comme les héros de Kafka, il est cet homme dont personne ne peut vraiment dire s’il est innocent ou coupable.
C’est un coupable innocent.
Ou un innocent coupable.
C’est là une situation atrocement inconfortable où DSK se retrouve victime d’une sorte de malédiction réservée d’habitude à des personnages bibliques, avec qui un Dieu perfide et sadique joue pour mieux éprouver leur foi dans l’adversité toujours recommencée.
Il eût été plus aisé pour DSK d’être in fine condamné, de purger une peine de prison, d’éprouver la déchéance et la mise au rebut afin qu’un jour il puisse nous dire les yeux dans les yeux qu’il a payé pour ses forfaits, réels ou imaginaires, et que la société se doit de le réintégrer dans le chœur des hommes.
Pour qu’on puisse passer l’éponge.
Mais même ce sort pourtant peu enviable, la justice s’obstine à lui refuser.
Tout comme dans Le Procès, on refuse le droit à DSK d’en avoir un.
Et cette mansuétude judiciaire le condamne à demeurer, envers et contre tout, ce perpétuel innocent aux mains sales.
Ainsi chemine DSK.
Vivant une existence plongée à jamais dans une sorte de clair-obscur tremble d’où il ne parviendra jamais vraiment à s’échapper, quelque puisse être la nature de ses agissements, pèsera toujours sur lui le poids d’un soupçon indéfinissable.
Il est cet homme crucifié, prisonnier d’un destin qui le ramènera sans cesse vers son passé trouble sans que jamais il ne puisse nous délivrer la preuve éclatante de sa totale innocence.
Ni innocent, ni coupable, il ne pourra plus jamais connaître le repos ou le droit à être un simple homme parmi les hommes.
Il aura beau affirmer à juste titre que la justice n’a rien à lui reprocher puisque que toutes les plaintes portées à son encontre se sont terminées par un non-lieu, il demeurera pour l’éternité ce paria qu’on ne veut plus voir traîner autour de chez nous.
On ne peut pas briser de chaines quand il n’y en a pas de visibles écrivait Kafka.
DSK est en train d’en faire l’amère expérience.
Comme l’a bien résumé l’employée du FMI que DSK convoitait, “à partir du moment où il vous convoquait dans son bureau aussi souvent, avec des comportements aussi insistants, que vous disiez oui ou non, vous étiez perdante”.
Il semblerait que cette employée n’ai pas été la seule mise dans cette situation par l’ex-futur “sauveur du monde”…
Au final je trouve qu’il y a une certaine “justice” à ce que pour une fois, le perdant, ce soit lui.
Ca ne choque personne, toute cette hystérie médiatico-judiciaire autour de Tony Meilhon ? Encore un homme révolté que les puissants de ce monde veulent abattre…
Caïn est condamné à errer sur la terre lui aussi…et il est bien coupable du meurtre de son frère, mais il le nie comme meurtre “suis- je le gardien de mon frère ?”
Joseph K, lui, ignore quelle est sa faute – si ce n’est l’originelle.
Il est donc paralysé.
DSK nie et reconnait à la fois. Il n’est donc plus innocent ( le début d’une culpabilité récuse aussitôt l’innocence ). Il installe un clair-obscur avec une espèce de génie qui en appelle à cette fameuse “part d’ombre” qui est en chacun d’entre nous, donc aussi en “la victime”, qui le devient un peu moins; stratégie de séducteur, à la fois perverse et simpliste, qui inverse les rôles.
Il sait endosser le rôle de bouc émissaire, d’homme poursuivi par la fatalité intérieure et extérieure, se glisser dans les cothurnes d’Oedipe ou d’Oreste, comme, il est vrai ne saurait pas le faire un représentant en spiritueux accusé d’attouchements sexuels par la technicienne de surface au Formule 1 de Châteauroux.
@ Sirandane : c’était un Etap hotel, pas un formule1 !
Il n’a jamais été condamné pour des raisons techniques dira t’on mais il est coupable. Au vu des ses responsabilités, de l’homme publique qu’il était il ne peut plus revenir sur le devant de la scène mais il peut toujours vivre et travailler dans le privé, un peu comme Bertrand Cantat.
Ce que je retiens du Procès ce sont tous ces bureaucrates qui sont des écrivains empêchés d’écrire. Écrire la nuit et mettre de coté ses pensées la journée pour exercer un métier vous tue.
Laurent, tu oublies la noblesse de l’âme, quand même. Le héros de K. a l’âme noble. Le harceleur qui profite de son poste, je ne crois pas, en revanche.
a t’il aussi un souci avec son père?
@ Sophie K : ça doit faire au moins 3 fois que Sagalo nous fait le coup avec Kafka et DSK ! On va finir par confondre les deux.
@ Vince : Laurent aime les K perdus. 🙂
@ Sophie : C’est l’impunité des gros K libres…
@ Laurent : Sirandane a raison. Ferait on autant de cas, élèverait on (vous même d’ailleurs) ce porc au rang des personnage métaphysique s’il s’était agit d’un banal représentant en parapluie qui aurait glissé la main dans la culotte d’une femme de chambre d’un Etap Hôtel ? Même déconsidéré, ce type jouit d’une vie bien plus agréable que la grande majorité des habitants de ce pays, et je ne me fais pas de souci sur la pelote qu’il a amassé pour ses vieux jours.
J’imagine que vous avez tous plus ou moins raison !
@ Bernard : ça n’était pas tout à fait une femme de chambre, mais qu’importe, qu’importe.
@ VInce : C’était plus une femme de chambre qu’un écossais en kilt, quand même.
@ Bernard : on va dire qu’il y a des gueules de bois plus difficiles que d’autres.
@ Vince : De toute façon, si c’était un Ecossais, il l’avait bien cherché
@ Bernard : je dois bien avouer que ça ne me réconforte pas trop.
http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/06/13/pesticides-les-preuves-du-danger-s-accumulent_3429549_3244.html
Une explication du vote FN ?
en vérité je vous le dis, sa kékétte est toute petite…