Manifeste pour un duel, un vrai, à l’UMP

Cela se passerait à l’aube. Sur le Champ de Mars. Loin des caméras de télévision. A quatre heures du matin, leurs camarades les auraient réveillés. Ils se seraient préparés. Rasés de près. Habillés avec soin. Auraient déjeuné frugalement. Embrassé une dernière fois femmes et enfants. Puis se seraient échappés par l’escalier de service sans se retourner.

Ils auraient retrouvé leurs témoins près d’un troquet de l’avenue de la Motte-Piquet. Pour se donner du courage ils auraient avalé un dernier calva. A six heures, l’aube blafarde surgissant d’un ciel triste à pleurer, ils se seraient dirigés d’un pas lent mais déterminé vers le Champ de Mars.

Une pluie fine les aurait accompagnés.

En les apercevant, Monsieur Juppé serait sorti de sa berline et serait venu à leur rencontre. Leur aurait demandé une dernière fois s’ils étaient bien sûrs de vouloir disputer ce duel. Qu’il était encore temps de se raviser. Que tout cela n’en valait pas la peine. Que tout ceci n’avait pas de sens. Que tout le monde comprendrait s’ils renonçaient. Qu’il se chargerait en personne d’annoncer la nouvelle à la presse.

Ils ne prendraient même pas la peine de répondre.

François aurait dit qu’on en finisse une bonne fois pour toute.

Jean-François aurait répondu cela fait longtemps que tu es fini mon pauvre François.

François aurait eu un sourire triste.

Ils seraient allés retrouver leurs témoins. Valérie et Lionel pour François, Michelle et Xavier pour Jean-François. De leurs mains gantées, les dames, emmitouflées dans leurs manteaux de velours, auraient sorti de leur coffret en acajou les pistolets puis les auraient tendus à leurs deux champions.

Deux beaux pistolets à un coup. Exactement identiques. Achetés la veille chez un antiquaire du faubourg Saint-Honoré.

Monsieur Juppé les aurait réunis pour leur rappeler le règlement du duel. Marcher quinze pas, se retourner et attendre son signal avant d’armer.

Puis tirer une fois qu’il en donnerait l’ordre.

Au loin, un chien se serait mis à aboyer.

Ils se seraient débarrassés de leurs vestons, auraient retroussés la manche de leur chemise puis, avec application, auraient compté leurs pas.

Au moment d’armer leur pistolet, ils auraient jeté un dernier coup d’œil au ciel, à l’école militaire encore endormie, aux arbres décharnés, comme pour leur dire adieu.

Tirez aurait crié Monsieur Juppé d’une voix tremblante.

Sans s’être même concertés, ce dont ils conviendraient par la suite en s’esclaffant d’un rire joyeux, ils auraient dirigé leur tir sur Monsieur Juppé qui se serait effondré, sans même émettre un son, comme si sa stupéfaction d’être ainsi visé l’eût emporté sur la douleur de la blessure poignardant son cœur.

Ils se seraient serré la main. Leurs témoins aussi.

Beau travail aurait dit François.

Je ne te savais pas si bon tireur aurait répondu l’autre.

Tu ignores encore beaucoup de choses sur moi Jean-François.

Ils seraient retournés rue de Vaugirard. Leur problème n’était toujours pas résolu mais au moins ils s’étaient débarrassés de ce pauvre Alain qui n’avait jamais rien entendu à la nature humaine. Au fond c’était un provincial que la violence des moeurs politique rebutait.

Et à l’idée que leur guerre intestine entamée depuis l’autre dimanche allait encore continuer, ils se seraient réjouis que l’autre fût encore de la partie.

 

17 commentaires pour “Manifeste pour un duel, un vrai, à l’UMP”

  1. Excellent!
    Vous êtes décidément meilleur en stratégie politique.

  2. En même temps, il y’ à des choses plus importantes comme l’ascension des verts..

  3. @ Simon: Trop aimable!
    @ Yvan ; Ca c’est bien vrai

  4. Transmis par un ami qui a apprécié votre fiction autant que moi:
    Merveilleux apologue qui sera vrai dimanche soir lorsque ce brave A J aura compris que s’il y a un cocu dans l’histoire, c’est lui ! Le meilleur d’entre nous battu par des gens qui ne sont même pas inspecteurs des finances ! Quelle décadence !

  5. Vous vous lancez dans la science-fiction maintenant ? Parce que, certes, l’histoire est très bien mais ça manque de réalisme; ok, il y a la licence de l’auteur mais là vous vous rendez bien compte qu’ils n’auraient jamais pu se mettre d’accord sur le champ de Mars à 6h avec des pistolets de duel ?!
    L’un aurait dit fleuret, l’autre lutte gréco-romaine puis : “à midi !”, “non ! à 20h !”, “Jamais je n’irai faire ça place de la Concorde, ce sera sous l’arc de triomphe ou rien”, et ainsi de suite pendant des heures et des jours, se traitant de lâche, de poltron, le premier sortant l’ordonnance Napoléon sur les duels et le second la rejetant sous prétexte qu’elle avait été consignée par l’arrière-arrière-…-grand oncle de la concierge de son adversaire…

  6. Dans Skyrim, Coppé serait un Draugr. Sort de feu, coup de hache, hop.

  7. @ Simon : Faut consulter vos sources, Coppé est énarque, promo 1989, en même temps que denis Kessler, proche de FH, lui même inspecteur des finances, and so on et le déficit public se rapproche de 100% du PIB.

  8. @ Laurent : très bien. Le chien qui aboit me semble cependant superfétatoire. Ah, vous auriez dit “un éléphant qui barie”… je ne dis pas, mais votre chien, votre chien, vous le prézsenteriez à Martina Wachendorff ??? Que nenni (Bon, je déconne, c’est très drôle, votre truc. ne tuez pas AJ avant que le grans stade ne soit livré, quand même)

  9. mais que vient faire M.W dans cette galére ?????????????????????

  10. @ Laurent : Rien, C’est le chien, il n’apporte rien à la dramaturgie merveilleusement tendue que vous brossez.
    JFC n’aurait il pas été motard en ses jeunes années ?

  11. @Bernard: ” Faut consulter vos sources, Coppé est énarque,”. Sans doute me trompais-je. Votre Coppé à deux P est-il le même que le mien avec un seul?

  12. Le peuple veut du SANG !

    Et bourgeois, de préférence.

  13. C’est la première fois qu’ils me font marrer…Copé n’a pas trouvé le bon filon

  14. c’est pas un duel, c’est un suicide collectif^^

  15. @ Simon : Non, c’est le même escogriffe, mais je ne sais pas pourquoi, je veux toujours lui coller deux PP, oui oui, énarque, promotion “Liberté Egalité Fraternité, ne riez pas, c’est vrai. Mais il n’est pas inspecteur des finances, donc il n’en est pas sorti parmi les premiers, comme le compagnon de notre bien aimée présidente Valérie Trierwieler.

  16. ce billet ne tire pas sur une ambulance

    mais sur un corbillard.

  17. Ça ressemble de plus en plus à une partie de poker… Fillon annonce un carré d’as, Copé une quinte floche, lequel bluff? Sans doute les deux… dans un bon western ça finirait à coup de révolver mais si les deux cow-boys sont aussi rapide l’un que l’autre ils finissent par s’entre-tuer…

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