Non, Mitt Romney n’est pas une truffe

A lire les éditoriaux de quelques édiles parisiens qui se bouchent le nez quand on parle de l’Amérique et ne voient en elle qu’une contrée peuplée de culs-terreux évangélisés, la cause était entendue : Mitt Romney était l’idiot du village qu’Obama moucherait en trois coups de cuillères à pot.

Un semi-débile, à peine plus instruit qu’un hamburger mal cuit, un moribond de mormon marmonnant des propos monotones et mal avisés, un cuistre psychorigide illettré, ignare, ignorant, versé dans un obscurantisme forcené où l’on obligerait les femmes à enfanter jusqu’à crever tandis que les hommes s’embarqueraient dans des expéditions sauvages destinées à rétablir la grandeur d’une Amérique assoiffée de sang.

Un vrai con de faucon.

Le pire, c’est qu’à force, on avait fini par y croire. Moi le premier.

Et puis Mitt a débarqué sur nos écrans de télévision ou d’ordinateur.

Et nos certitudes se sont mises à vaciller.

D’abord le Romney présentait bien. Un bel homme aurait dit ma grand-mère. Grand, bien charpenté mais pas trop non plus, sourire affable, œil pétillant, allure sémillante. Mâchoire volontaire, chevelure impeccable, visage bien proportionné.

L’habit ne faisant pas le moine, on attendait de l’entendre dégoupiller sa première grossièreté pour se gausser.

On attend toujours.

On pensait voir un abruti de fou furieux va-t’en-guerre et ridicule dans ses outrances conservatrices, on a vu un homme pondéré, à la pensée bien huilée, au verbe maîtrisé, capable d’aligner trois phrases sans trébucher, d’amorcer un début de raisonnement et de l’amener à son terme sans se contredire avec le liminaire de sa pensée première, de répondre sans se démonter à des accusations lancées par le camp d’en face.

Bref, comme aurait dit ma grand-mère, une belle intelligence.

C’est le danger de vouloir à tout prix présenter son adversaire sous les traits d’un corniaud patenté, certifié crétin par toutes les sommités de son parti. Il suffit que le jour de l’annonciation il parvienne à discourir sans se dédire, à articuler deux, trois pensées sans se contredire, à énoncer quelques vagues idées sans s’affoler,  pour qu’on finisse par lui trouver tous les charmes.

Et du même coup, l’autre d’apparaître un brin suffisant et au final pas si brillant que cela.

Les démocrates devraient se méfier.

 

Le dernier à qui on prêtait ce genre de comportement balourd et pataud se nommait François Hollande.

19 commentaires pour “Non, Mitt Romney n’est pas une truffe”

  1. Vous négligez un point fondamental dans votre parallèle avec le mari de notre glorieuse présidente : MR n’est pas énarque. Donc c’est une quiche. Comment voulez vous gouverner un pays avec compétence si vous ne sortez pas de l’ENA ? Tsss. On voit bien que vous vivez chez des étrangers.

  2. Effectivement, Mr Sagalovitsch, Romney présente très bien, un peu comme un banquier, disons, ou encore un vendeur d’aspirateur au porte à porte. Mais qu’est-ce que la politique aujourd’hui, si ce n’est de la com’ ?

    “Il met son veto à un projet de loi concernant les recherches sur les cellules souches, en raison du fait qu’il n’interdisait pas le clonage d’embryons humains. Avec la majorité qualifiée, l’assemblée outrepasse alors le veto du gouverneur. Il met également son veto, en juillet 2005, à un projet de loi sur la « contraception d’urgence”.
    Merci wikipedia…

    Et… oui, Romney appartient à l’ancien monde…
    La raison pour laquelle il a toutes ses chances aux USA où la moitié des gens refusent encore la théorie de l’évolution… A peu près comme en Iran, j’imagine ?

  3. Il a quand même l’air d’une truffe.
    (Enfin, selon ma conception des truffes.)

  4. Jadis, les mormons étaient considérés comme les enfants du démon et étaient chassés par les hommes hors des villages à coups de pierre quand ils n’étaient pas harcelés par des chiens affamés les nuits de pleine lune, comme l’exigeait la Tradition. Et aujourd’hui, je vous le dis, que voit-on ? un mormon – oui, un mormon ! – va peut-être devenir président d’une grande et fière nation. Nos temps sont bien tristes…

  5. C’est dans ce pays à l’échelle d’un continent pour des français qu’on peut trouver les plus grandes qualités comme les pires déviances, je m’intéresse à ce pays, sûrement pas par les yeux des éditorialistes mais je n’ai pas suivi grand-chose de la campagne, cela dit Obama est globalement plus rassurant. J’ai essayé de lire deux trois choses sur le mormonisme c’est terriblement chiant. J’imagine que ses adeptes (comme bcp d’autres religieux d’ailleurs) aimeraient imposer comment boire et manger et ne prônent que la position du missionnaire^^

  6. HAHAH.

    après les analyses sociétales et littéraires, une analyse politique de haut vol… du même tonneau.

    “si romney plait à tant c’est qu’il vaut quelque chose..
    et si obama est un good guy c’est naturellement pas parcequ’il est “noir”..”

    et “celui-ci à l’air d’une truffe, et celui-là d’un beauf”

    pfff.

    pendant ce temps les deux vous ignorent. normal ils sont US. et ils continuent la guerre.

    heureusement que la grandmère professe au bar des sports.

    LOL.

  7. @ jourdan

    Vous croyez vraiment qu’on en a quelque chose à cirer de ces deux là ?

  8. Jourdan est un gars à qui faut dire qu’on plaisante quand on plaisante, Vince. Il est de la génération à marquages au sol, à modes d’emploi en chinois mal traduit et à pancartes “riez”, “applaudissez”, “levez les yeux au ciel”, “mouchez-vous”, “ouvrez grand”, “dites 33”.

  9. @ Sophie : :-)) Peut-être même qu’il regarde la télé et croit ce qu’on dit dedans ?

  10. Quand même, vous êtes dures les filles avec jourdan… Je crois me souvenir qu’il a dit un truc intéressant, un jour.
    Allez jourdan ! le changement, c’est maintenant !

  11. @ Bernard : tout est possible, effectivement… 🙂

    @ Vince : 😀

  12. Suis assez partagé : D’un côté, le wasp mormon qui a été capable de passer 6 mois à Talence, banlieue bordelaise ou j’ ai grandi, en 1967 à l’ age de 19 ans, manifeste une capacité d’ adaptation et de survie en milieu hostile bien supérieure à la moyenne. Je me souviens d’ ailleurs de ces grandt types en costards noirs, chemise blanche qui venaient sonner, deux par deux, à nos portes, avec le sourire colgate et la bible sous le bras. Ma mère, catholique romaine tendance pré-Vatican 2, leur reservait toujours le meilleur accueil et tentait systématiquement de les retourner, comme de vulgaires agents de la CIA capturés par le SDECE, mais c’ était en vain. Des types sympa, oui et présentant “bien” c’ est le mot.
    De l’ autre, je me souviens également de discussions avec un gérant de hedge Fund en 2006 ou 2007, à Manhattan, qui me parlait de lui avec des sanglots dans la voix ( il répetait “Mitromni, Mitromni” je pensait que c’ était un dieu Hindou au départ) et me prédisant qu’un nouvel apôtre du capitalisme US pur et dur était en train d’ emerger, et qu’ enfin Wall Street allait avoir son véritable représentant à la Maison-Blanche, ce n’ était qu’une question d’ années..
    Bon, il est en effet moins con que certains ont voulu nous faire croire, mais sans doute pas aussi père de famille sympa et cool qu’ alternativement décrit.
    Au fond, le problème d’ Obama est le même que celui de la gauche française : il incarnait l’ espoir et le changement: quatre ans après il a perdu une grande partie de l’ electorat populaire qui risque de le lui faire payer la semaine prochaine

  13. @ Vinnie Jones : Quel parcours que le votre ! Naitre à Talence et finir à Manhattan en tête à tête avec Madoff. Mais où s’arretera t-il ?

  14. Si c’est bien une truffe, dans le plus pur W.Bush-style, alors c’est une truffe symptomatique de la totale absence d’idées dans le monde politique. A part pour accéder au pouvoir, bien sur !

  15. @ Saga : ben, à Vancouver, comme tout le monde, quand j’ aurai coulé à pic

  16. @ Laurent : Oui, mais c’est un résistant, inflitré dans ce milieu pour mieux le détruire de l’intérieur. Bon, si Obama était un homme politique français, il se situerait probablement entre Borloo et Fillon. Quel tropisme que de croire que ce gars est un mec “de gauche” au sens où on l’entend ici (Enfin, je veux dire, chez les 60 millions d’Hexagons).

  17. D’après mes informations, Mitt Romney serait en train de vendre des parapluies et des sacs plastique aux SDF de Manhattan – ” à un bon prix”, selon son épouse. Qui osera encore dire que cet homme n’a pas de coeur ?

  18. @ Vince : ce type-là finira par vendre leurs cercueils aux macchabées. A petit prix, of course.

  19. Les parapluies, c’est bien, ça protège aussi du soleil l’été.

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