La messe médite

Insupportable cette attente haletante pour connaître le successeur de Laurence Ferrari aux manettes du journal de 20 heures. Voilà des semaines, depuis que la funeste nouvelle était tombée, celle de la mise à l’écart de la meilleure d’entre nous, que la France, pétrie d’effroi, orpheline de sa chérie, retenait son souffle et, inquiète, les yeux dans les yeux, s’interrogeait sur la nature du prochain potentat prompt à leur servir leur sousoupe d’infos moisies et périmées.

Pujadas, l’as des as, jamais pris la main dans le sas, s’emparait-il de la scène du studio du journal carbonisé au risque d’apparaître comme la figure ressuscitée du Judas de cette Cène des temps modernes ?

Laurent Delahousse ficherait-il la frousse à ces journalistes de cambrousse en leur imposant des sessions d’esbroufe où il jouerait des claquettes avec les touffes des stagiaires tout en détroussant Claire Chazal affairée à débrousser la nouvelle version de son journal dominical avant de lancer la bande annonce de la Mort aux trousses ?

Harry Roselmack deviendrait-il le nouveau mac de service en se démarquant de ses prédécesseurs en décidant de lire les nouvelles à travers le marc de café ou se contenterait-il de noircir des remarques sur la disparition des macaques perdues dans les calandres grecques tout en rendant hommage à Julien Gracq à travers des décalcomanies décalquées du décalogue ?

Saga n’étant pas Devos reprenons le chemin de Davos.

La France n’en pouvait plus de ne pas savoir.

C’est qu’avec le temps, elle s’était habituée à sa Ferrari, à ses réparties toujours saillantes, à la pétillence durasienne de son regard, à l’intelligence affutée de ses remarques avisées, à l’impertinence iconoclaste de ses perfides questions, à cet esprit remarquable de promptitude, toujours aux aguets, pétrie de culture classique, capable de lire son prompteur sans jamais trébucher sur une seule syllabe, antique beauté à la chevelure cendrée, à même de rendre à nos journées désespérantes d’ennui et de conformisme une touche magique de fantaisie même pas réfléchie.

On ne plaisante pas avec le journal de 20 heures. Les français ont déserté leurs églises mais continuent à entretenir des affinités électives avec leurs téléviseurs. Ils ont besoin de leur ratatouille indigeste de nouvelles servies à la tronçonneuse par un automate de présentateur dont on peine toujours à comprendre en quoi il peut se prétendre être journaliste ? Au mieux un dictaphone assez appliqué pour débiter des sornettes avec l’air pénétré de celui qui postule à être le porte-parole de Dieu sur cette maudite planète.

Et Dieu a tranché. Sa parole sera transmise à ses cloportes de sujets par la voix de Gilles Bouleau. Qui ? Gilles Bouleau ? Il est québécois ou quoi ? Na, il marche du ciboulot et carbure à la ciboulette. Chouette.

Saga sors ta calculette, arrête la fumette sinon tu vas prendre perpet’.

Conseil d’un expert.

 

11 commentaires pour “La messe médite”

  1. 😀

    Notez, Gilles Bouleau, ça fait plus sérieux, pour un homme tronc.

  2. (Quant à Delahousse, on ne pouvait pas l’y caser, au 20h, il ne s’assoit que sur les tables, c’est stipulé dans son contrat en toutes lettres.)

  3. Si ce papier vous a fait c’est rire c’est que vous êtes completement pompette! Il est consternant!!

  4. Ts tsss ! Vous êtes très drôle quand vous êtes très consterné – et encore plus quand votre propre consternation vous consterne.
    Non mais.

  5. ceci dit, je vous parie que comme moi, pas un de vos commentateurs ne regarde le journal de TF1. Je pense même que la moitié ne regarde pas celui de la 2…

  6. Evidemment ce sont tous des truffes!

  7. Hahaha !
    Bon, je garde Pujadas en Judas, ça lui va très bien. Vais l’appeler Pujudas, d’ailleurs, désormais.

  8. la grand messe du JT à la sauce TF1 n’est pas suivie que par des retraités ? jamais regardé Mme Ferrari mais j’ai dû la voir dans une séquence zapping lire son message de départ sur le prompteur

  9. Juste une remarque (venimeuse, perfide, phallocrate et de mauvaise foi) sur les présentatrices d’informations (statutairement, des journalistes) des différentes chaînes télévisées : elles paraissent toutes également intelligentes et compétentes… de telle sorte que ces deux qualités n’ont pas pu être les critères discriminant guidant le choix de leur employeur.

    Logique, non ?

  10. Bon sang.
    Soit ils sont tous engloutis par le foutchbaule, soit ma montre est arrêtée…

  11. ah bon, il y a du foot !!?
    @Philippe :
    “Le monde est peuplé de jolies filles intelligentes, il suffit modestement de savoir les regarder, les choisir et les former, a déclaré Jean-Claude Dassier, président de LCI. Une phrase qui explique bien les modes de sélection de la chaine.
    Audrey Pulvar, ancien atout charme de LCI, confie sur le plateau de Pif Paf de Philippe Vandel, que c’est effectivement la beauté qui prime sur la chaine d information.
    Je vais vous donner un scoop. J ai eu une discussion avec Jean-Claude un jour, il y avait un poste qui était libre et que j’espérais avoir. Mais il m a dit : t’es vachement bien mais machine est plus jolie que toi.”

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