Chaque année, les écrivains de France et de Franche-Comté, reçoivent une injonction de leur éditeur les priant de se la ramener vite fait bien fait à la capitale pour communier avec leurs supposés lecteurs lors de comices littéraires qui prennent place dans un hangar désaffecté de la Porte de Versailles où le tout-Paris culturel vient promener sa mauvaise humeur dans les travées du salon du livre, puisque c’est de lui qu’il s’agit.
Docile par essence et par nature, l’écrivain obtempère tout en passant à sa pharmacie de quartier s’approvisionner en antidépresseurs et autres anxiolytiques avant de s’accorder une halte dans la supérette du coin afin de se ravitailler en mignonette de bourbon. Faute de quoi, après une demie-heure d’exposition dans son stand posté tout au fond des écuries nationales, entre le box réservé à la littérature picarde et celui consacré au renouveau de la langue occitane, ruminant sa solitude, voyant passer ce flot intarissable de lecteurs qui jamais ne s’arrêtent mirer ses œuvres complètes, il abandonnera son poste et se traînera vers l’infirmerie où lui sera administrée dûment une lampée de valium en intraveineuse.
Avant qu’il ne reparte au combat, ce combat perdu d’avance qui se soldera par des ventes approchant le néant, si ce n’est l’exemplaire de son propre ouvrage qu’il se sera acheté avant de se l’auto-dédicacer d’un misérable ” A toi, cancre parmi les cancres, postillon d’écrivain que je méprise du plus profond de mon âme.”
De ces tourments indicibles qui taraudent l’écrivain en perdition, les touristes qui tournicotent dans les allées du salon ne se doutent pas une seule seconde. Ravis de se retrouver dans la plus grande librairie du monde, leur catalogue à la main, le plan de l’exposition dans l’autre, ils s’en vont gambader de stands en stands à la recherche d’un auteur rendu célèbre pour ses frasques télévisuelles.
Souvent un ancien curé qui, fort de son expérience, a composé un serment sur l’onanisme, une actrice porno qui se prend pour la réincarnation d’Anaïs Nin et s’est fendue d’un traité implacable sur la femme phallique ou la décadence du mâle dans nos sociétés occidentales, voire un footballeur inspiré contraint à signer son livre dont il peine à comprendre le titre.
Sous une chaleur étouffante et accablante, les badauds patientent des heures durant à attendre leur tour, anticipant ce moment exquis où la vedette consacrée daignera lever ses yeux de sa pile de livres, se fendra d’un sourire fatigué, s’enquerra du nom du trublion puis torchera d’une écriture illisible un lapidaire ” A Trucmuche, avec mes sentiments distingués ” avant que l’attachée de presse, juchée sur un tabouret, portant haut un mégaphone, ne lance un ” au suivant ” tonitruant qui ne souffre d’aucune contestation.
Au fond, on ne sait pas très bien à quoi sert le salon du livre. Certes le bibliophile averti, versé dans la lecture bourguignonne tendance icaunaise, trouvera son bonheur à hauteur du stand A43-B56 en se procurant un exemplaire unique de l’histoire de la ville de Sens du temps des croisades jusqu’à la chute de l’empire romain. Certes, le lecteur avisé se régalera d’un débat organisé par le Centre National du Livre sur ” le Numérique, une chance pour l’édition ou la fin d’un monde ?”
Mais sinon, à quoi bon risquer une entorse de la cheville en se prenant les pieds dans un crottin de cheval, vestige du salon agricole de la semaine dernière, alors que désormais, de son cabinet de lecture, en deux trois clics, il dispose via son ordinateur de toute la panoplie de la littérature mondiale ?
Il existe enfin une dernière catégorie de visiteurs qui hante sans relâche les travées du salon du livre avec la force du désespoir constituant le cauchemar absolu de l’écrivain rivé à son stand, à savoir le futur prix Nobel de littérature qui, en attendant cette ultime consécration, se cherche encore un éditeur et accapare le premier auteur rencontré sur son chemin de croix pour lui refiler de force son manuscrit épais comme une bible écrite en gros caractères, en le conjurant de le lire avec toute l’attention requise vu que ce livre constitue toute sa vie.
Et c’est ainsi que les éditeurs reconstituent, à moindre frais, leurs stocks annuels de papiers servant au bon fonctionnement de leurs photocopieuses…
Une lampée, ça veut pas dire une gorgée ? Alors, en intraveineuse…
Bon c’ est deux footeux qui se parlent de leurs ” livres” respectifs à l’ entrainement et l’ un dit à l’ autre :
” Il est bien ton bouquin, qui c’ est qui te l’ a écrit ?”
Et l’ autre lui répond:
” J’sais plus, et toi, qui c’ est qui te l’ as lu ?”
Bon sinon, doit-on en conclure que vous y serez au Salon du L ? parceque j’ ai un ou deux manuscrits à vous confier…
@ Laurent : d’abord vous me piquez tous mes sujets, c’est agaçant. J’y vais, ce soir, parce que ma chère éditrice (Qui a aussi 10 romans derrière elle et se retrouverait assez bien dans votre problématique) bat le rappel de ses auteurs inconnus en leur promettant de boire un coup. J’en profiterai pour aller chez AS leur recommander de vous fouetter un peu, je suis sûr que vous adorez. C’est vrai que la chaleur y est étouffante, que les phobiques s’évanouissent au milieu de la foule. Je crois que c’est parce que le SdL succède au salon de l’agriculture, après les vaches, les plumitifs s’installent dans une chaleur d’étable pas encore dissipée.
“un exemplaire unique de l’histoire de la ville de Sens du temps des croisades jusqu’à la chute de l’empire romain”
ne faites pas envie aux autres inutilement, c’est moi qui l’ai cet exemplaire là
@ Saga : Et puis d’ abord qu’est ce qu’il vous a fait ce pauvre Marc Levy ? Attention, c’ est un peu limite…
mais rien. Absolument rien. J’ai quand même le droit de me servir de ses dédicaces ! Je n’émets aucun jugement de valeur!
@ Laurent : Vous vous faites dédicacer les romans de ML ? Interessant… Vous le lisez pour lui piquer son style, ou pour rassasier un coeur (bien caché sous une peau d’ours) de midinette ?
Jaloux!
@ Laurent 🙂
Sans déconner, je n’ai rien contre lui, ni Gavalda, ni S. King. Ils ont trouvé “un truc”, une recette, et ça s’est déjà pas mal, même si leurs livres sont plus des produits que des oeuvres. Surtout, on ne les voit jamais ou presque. Ils n’étalent pas dans les Médias une morgue ennuyée de génie littéraire bâtissant une oeuvre, aucune cohorte Savigneaunesque pour se faire voir de loin, aucun prix littéraire “sérieux”. Au moins, tout cela est honnête. Bref, entre Marc Lévy et Justine, mon coeur ne balance pas ! Excusez ma franchise.
completement d’accord. Levy ne l’a jamais ramené et n’a jamais prétendu être celui qu’il n’est pas. ( C’est vrai que j’en ai lu un et c’est vraiment pas terrible mais bon on s’en fout)
Ben pourquoi Hannah elle laisse sa photo sur le site de Bernard et pas sur le mien? Décidement ce Bernard quel tombeur!
Moi j’ai lu 60 pages de “Et si c’était vrai?”
j’ai appris au passage que le “?” est un truc de marketing. le chaland qui voit un titre sous forme interrogative est naturellement interpellé par la question, et se saisira plus facilement d’un livre qui dira donc, Et si c’était vrai ?, que c’était donc vrai. D’aileurs, il est amusant de constater que l’éternel second sur le même coeur de marché que Levy, à savoir Guillaume Musso, applique parfois la même recette (“Seras tu Là?”, “Que serais-je sans toi?”?).
j’ai trouvé que Levy avait une structure de récit très cinéma hollywoodien, et ça non plus pas par hasard, sans doute. On tend la perche à l’adaptation.
@ Bernard : Enfin de là à le comparer à Stephen King, pour moi y’ a un peu de marge…
j’ai vu le film que j’ai trouvé totalement niais mais on m’a dit que l’adaptation était mauvaise
Ils ont chacun une recette. SK aussi. le héros de SK est souvent un être qui a vécu un lourd traumatisme dans le passé, plus ou moins enfoui. Confronté au Mal, ce traumatisme ressurgi. Ensuite, dans son combat contre ledit Mal, quelque soit sa forme, le héros découvre que pour vaincre, il doit aussi surmonter ses propres terreurs intérieures. Ce qu’il fait, en général (mais certains SK finissent mal, Simetierre, Brume) gagant par le même coup la paix intérieure qui lui manquait au début, et souvent aussi l’amour d’un ravissant d’une ravissante créature apparu(e) dans l’histoire, SK est bon prince.
@ Hannah : Il existe aussi un roman pastiche qui s’appelle justement “Et si c’était niais?”
@ Laurent : La différence : Les cheveux… 🙂
je vous fais une belle photo de Marc Levy si je le vois. Promis. Et de Jean Paul Huchon pour Vinnie.
Je vous déconseille de vous approcher du stand d’actes sud. Les cerberes sont prévenus et sont prets à passer à l’attaque. Faites un large détour, un trés large détour. Sinon, je ne réponds de rien!
@Bernard, je viens de regarder et en effet j’avais manqué ça, c’est le mot qui vient naturellement à propos du film
@Laurent… ce n’était pas censé recevoir une quelconque publicité;)
@ Laurent : tel MoIse et la terre promise, je n’ai vu AS que de loin, promis… En fait, vous avez 6 mois de retard sur votre remise de texte, et ils cherchent partout , c’est ça, non ?
@Hannah : tant qu’à voir des adaptations de littérature industrielle, on est sans doute moins dessus par le “Shining” de Jack Nicholson, tire de SK. Ça se revoie avec plaisir…
Shining, je le place aussi dans les bonnes adaptations
je nargue depuis toujours la Porte de Versailles, moi c’est Porte d’Orléans pour attraper l’A6
Rhô, je n’ai lu aucun Lévy, aucun Musso, et deux SK pas mal mais dont j’ai oublié les titres.
Mal barrée, sur ce coup.
comme d’hab quoi!
Ben ouais.
Pfff…
allez zou au lit. Ca vaut mieux. Vous allez encore écrire des betises sinon
🙂
J’écris jamais de bêtises.
(mais je vais quand même obéir.)
@ Bernard : Et vous avez eu mon autographe de Jean Paul Huchon ? ou vous êtiez-trop occupé à regarder les fesses d’ Anne Hidalgo ( ou de Delanoê, pas d’ exclusive, l’ écrivain est naturellement ouvert à toute experience..)
Désolé. je ne fréquente que des auteurs (Le mot écrivain est banni de mon vocabulaire) “du bâtiment” comme disait Hemingway, pas des avatars du microcosme.
@ Laurent : Il y a de plus en plus de pubs sur votre page. Vous me conseillez quoi ? La Fiat sur la droite ou la Nissan au-dessus ?
un casque pour votre vélo!
@ Laurent : Merci de tenir à moi ! 🙂
euh disons que je tiens plutot à l’acheteur de mes oeuvres completes passées et à venir.
@ Laurent : j’ai vos 4 opus, rendez-vous compte. Il m’en reste un à lire, je le garde un peu sous le coude. J’espère seulement que, comme cela est arrivé deux fois avec des idées de billets, vous ne m’avez pas piqué mes personnages… Déjà que j’ai mon ordi portable dans la nature avec toutes mes élucubrations livrées au regard de je ne sais qui, ça ferait beaucoup. Mais j’en doute. Bon, quand vous publiez un bouquin, vous mettez un masque sur le nez et vous daignez faire un saut en France ?
me demande si je peux avoir une mission Stendhal pour rentrer au pays…
Stendhal ? Un Goy ? 🙂
Et le patron de Slate, il peut pas vous envoyer en reportage à ce moment-là ?
Je pense que je vais taper Vinnie plutôt. Il dort sur un matelas d’or le bougre.
@ Saga : depechez-vous, il fond à vue d’ oeil…Bon, j’ écoute Paul Weller dans mon plumard, petite joie simple…
Ça va, Laurent ? Le vendredi, je vous sens un peu seul, parfois, ici, avec tous vos fans de France qui vont faire la java et boire jusqu’à pas d’heure…
Ah là là.
Ah, non, y’a Vinnie. Todo bene. 🙂
Vinnie: un petit jam des familles.
Merci Sophie de penser à moi. J’en chialerais d’émotion
C’est l’infirmière qui roupille en moi, z’inquiétez pas.
ben qu’elle continue à roupiller, ca nous fera des vancances
ce serait une sorte de french connection pour inonder le marché français de bouquins frelatés et dont la plaque tournante pourrait bien être ce blog^^
mais comment vous faites pour débarquer tous à la même heure ? Vous appartenez à la même secte ou quoi?
Oui. Nous sommes venus en paix.
(Nous pas vouloir embêter toi. Nous juste prendre tes économies, ta maison, ta femme et ta voiture, puis te laisser tranquille.) (Toi pas crier, ça fatigant.)(Toi écrire livres, ça très bien, mais nous pas lire en fait.)
z’êtes pas tombé. Il y a plus rien dans le frigo depuis belle lurette.
La c’ est la BO de Drive, ” there’s something inside you ” Nightcall, le morceau d’ ouverture, a fond au casque, c’ est sublime.
Oui, Saga, nous sommes vos Légions, nous nous levons tous entre minuit et une heure, et nous sommes la..
bon il est heure maintenant. Va falloir songer à se coucher. saga vous bénit. Dormez en paix, revez à moi, et demain est un autre jour. Vive La france , vive la république
Rhâ crotte. Les écrivains, ça être traîne-misère, j’te l’avais bien dit Paulo. allez zou, on rentre sur Aldebaran illico.
Mouarf. Le sarkozyndrôme.
Terrible. 😀
moi j’attendais le dernier moment pour prendre mon antalgique opiacé mais Sophie elle est naturellement délirante:)
Haha ! Et encore j’me r’tiens par respect pour Saga (et pour pas qu’il bloque mon IP)… Chus pire en vrai.
Ah misère.
Je vous ordonne d’ aller écouter “Oh my love ” par Katie Ranieri avant d’ aller vous coucher, les filles. C ‘est mieux que tous les somnifères du monde.
et l’autre qui se prend pour charlie dans droles de dames. Ah je te jure j’ai tiré le pompom moi!
Ok Vinnie. Y’a un lecteur CD sur le spaceship, ça tombe bien.
(Tchuussss !)
@Vinnie, je suis pas sûre que ça soigne mon bobo là
et Laurent, ptêt bien que vous vous adressez à une bande de bots, c’est flippant … http://www.slate.fr/lien/51579/robots-humains-internet… va savoir…
et pour Saga : All things must pass, d’ Harrison, remastérisé, avec ce son de piano si spécial, et le wall of sound de Spector ( à l’ époque ou il ne butait pas encore ses fiancées..)
Et plaignez-vous, vous en connaissez beaucoup des blogs ou les lecteurs sont toujours là, à une du, et ou c’ est l’ auteur qui essaie ( vainement) de les coucher ?
Et cette version de “beware of darkness” unplugged, harrison, toujours, c’ est quand même mieux que, que quoi d’ailleurs ? Que tout, en fait.
Tiens je vais me faire Jokerman de Dylan, après..
plutot idiot wind de dylan,non ?
Plutôt “Stuck in Mobile again etc.”, pour moi.
STUCK INSIDE OF MOBILE WITH THE MEMPHIS BLUES AGAIN
idiot wind, quelle bonne idée.. Vous voyez quand vous voulez. Mais la je finis ” Well the book of leviticus and the deuteronomy..” Sublime
Voui, “Steuc insaîde oeuf Moubile wiz de Manfis blouse eugaine”, c’est ça parfaitement. Meurci Lourent, gne chuis fatiguaiche, j’ai plus ma teute.
Ca me donne envie d’ ecouter “Me and Bobby Mc gee” de Kris Kristoferson. Vous savez que j’ ai un pote qui a écrit un livre entier sur cette chanson? Il s’ appelle Laurent Chalumeau. Si vous avez l’ occasion, lisez ce bouquin, c’ est un bijou.
(C’est mon morceau préféré de Mob Dylane, “Steuk insaïde of machintrucchouette.)
Chalumeau écrit comme un as.
Agree. Et c’ est un mec bien.
un p’tit geste ( 10 dollars pour moi!) http://www.kickstarter.com/projects/lynchthreeproject/david-lynch-documentary-lynch-three
Protection, de Massive Attack, quel son… j’ aurais du fumer un truc, moi, tiens…
Que se passe t’il ? Le magazine des vieux jeunes de Pigasse s’est associé à Notre Temps, le magazine des jeunes vieux pour éditer un CD spécial ?
The Gladiators, Sweet So Till
http://www.deezer.com/fr/music/track/3475790
cool..Nico (smiley qui fume un pétard et voit un éléphant rose) dsl pour le cliché, c’est un peu mon état actuel dû aux antalgiques
@Laurent, je n’ai pas lu mais David Lynch a besoin d’argent? il est grillé auprès de son banquier?
Lynch est aussi un adepte des “antalgiques”. J’ai déjà vu le soleil se lever en pleine nuit. Les apparences sont parfois trompeuses.
J’ai vu ça aussi, splendide.
http://www.rts.ch/info/sciences-tech/3862176-venus-et-jupiter-se-cotoient-durant-une-semaine.html
pour ça, je suis le contraire d’une adepte…
ah sorry ce n’est pas un documentaire by david lynch
je regarde ça aussi.quand j’en ai marre de voir c’que j’vois à hauteur des yeux.
http://www.youtube.com/watch?v=d-diB65scQU&ob=av3e
🙂
bon il est temps que je ponde un post je suis completement perdu dans vos commentaires
Ca devrait même déjà être fait…
insolent garnement. Que je vous y reprenne pas!
Si vous étiez aussi réactif pour poster, héhéhé
Ecrivez à Monsieur Slate. Moi je suis payé pour dix post par mois!
Si c’est une question d’argent, je comprends.