N’ayant, tout comme les jurés du prix Goncourt, lu aucun livre se trouvant sur la dernière liste des poulains à même de remporter la mise, je pense être particulièrement bien placé pour livrer mon pronostic bien réfléchi quant à la nature du futur lauréat, heureux récipiendiaire d’un chèque de 10 euros.
Participants à la fête:
Carole Martinez, Du domaine des Murmures (Gallimard), Alexis Jenni, L’art français de la Guerre (Gallimard), Sorj Chalandon, Retour à Killybegs (Grasset), Lyonel Trouillot, La belle amour humaine (Actes Sud).
Membres du jury du peuple souverain:
Bernard Pivot, 71 ans, Edmonde Charles Roux, 91 ans, Didier Decoin, 66 ans, Robert Sabatier, 88 ans, Patrick Rambaud, 65 ans, Tahar Ben Jelloun, 66 ans, Regis Debray, 71 ans, Francoise Chandernagor, 66 ans, Francoise Mallet Joris, 81 ans, Jorge Semprun, décédé.
Moyenne d’age, 74 ans. Si on compte Semprun, on grimpe à 76.
Statistique du sale gosse : 87,7 % des malades atteints de la maladie d’alzheimer ont plus de 75 ans.
A vue de nez, on peut supposer que Alexis Jenni part grandissime favori. D’abord, c’est un premier roman. Un auteur en devenir donc, qui répond parfaitement au souhait d’Edmond de Goncourt, 115 ans, et de son frere Jules, 141 ans, qui sont toujours désireux, malgré leur calvitie de plus en plus accentuée et leurs problèmes récurrents à la hanche gauche, de récompenser un auteur pas encore anobli par la république des lettres.
Autre indice qui laisse à penser qu’Alexis Jenni va décrocher la lune et être courtisé dans la foulée par son banquier, la taille monstrueuse de son livre : 633 pages pour un poids total d’environ 998 grammes. Autant dire que la moitié des membres du jury, atteint d’arthrite et de conjonctivite, n’a pas pu physiquement tenir la distance, vaincu par ce poids rédhibitoire. Ce qui représente toujours un avantage certain puisque les jurés seront tentés de penser que les lecteurs en auront au moins pour leur argent.
De surcroît, cette année, on célèbre en grandes pompes le centenaire de la maison Gallimard. La ville de Paris a déjà rebaptisé la rue Sébastian Bottin en rue Gallimard. Il serait très surprenant voire impoli de la part des vénérables membres de l’académie Goncourt de ne pas récompenser un auteur issu de la prestigieuse maison. Un crime de lèse-majesté. Une tache indélébile sur l’histoire jusqu’ici irréprochable du Prix Goncourt, Gallimard ayant grandement contribué au rayonnement des lettres françaises à travers les âges.
Depuis que Sorj Chalandon a été honoré en recevant le grand prix de l’Académie Française, sa côte apparaît en chute libre. En effet, n’importe quel libraire vous le dira, il très compliqué voire impossible de faire cohabiter deux bandeaux rouges sur une même jaquette. C’est foutraque, ça finit par manger la moitié de la couverture, le titre disparaît, le nom de l’auteur surnage à peine. De plus, Sorj Chalandon demeure tout de même un affreux gauchiste, autrefois journaliste à Libération.
Reste Lyonnel Trouilot qui peut toujours créer la surprise, au cas où les deux enfants Gallimard se tireraient la bourre au point de ne pouvoir être départagés. Auquel cas, Régis Debray, toujours prêt à défendre la veuve et l’orphelin, verrait peut-être d’un bon œil de décerner le Goncourt à un écrivain franco-haïtien. Comme en plus, les excellentes éditions Actes Sud, dont on ne dira jamais assez à quel point ils ont contribué à redonner un souffle nouveau à la littérature française en prenant le risque de publier des romans de jeunes romanciers époustouflants de talent (Laurent Gaudé, Laurent Cohen, Laurent Sagalovitsch), tout en ayant l’insolence d’avoir pignon sur rue à Arles, Place Nina Berberova, 13200, Bouches du Rhône, et non dans les caves des Deux Magots, ce choix audacieux et courageux permettrait de fermer une bonne fois pour toutes le clapet aux mauvaises langues de toute cette colonie d’auteurs frustrés et jaloux, déjà prêts à jouer les pleureuses en entonnant le refrain bien connu, tous pourris, tous corrompus, Pivot t’es foutu, les écrivains sont dans la rue ; des magouilles on en a plein les couilles, rendez-nous les cuisses de grenouilles et les fenouils d’Anouilh.
Restent évidemment les imprévus. Les impondérables. Une souris d’agneau trop cuite, une bouteille de vin bouchonnée, une canette de Perrier éventée, et tout peut basculer dans l’anarchie la plus totale. Quelques uns des jurés pourraient exiger de leurs majordomes qu’on attele la cariolle et qu’on les ramène immédiatement dans leurs chambres ; dans la panique générale, il se peut fort bien que les boîtes de médicament des membres les plus vulnérables du jury, se mettent à cavaler sous la table et être englouties par les coquilles d’escargots jetées par inadvertance par un papy farceur.
Avec les conséquences effroyables qu’on imagine : les crises de nerfs, les torrents de larmes, les empoignades, les couverts qui volent, les insultes qui fusent, l’inévitable lancé de purée à la truffe, Françoise qui s’en prend à Edmonde et exige qu’elle lui rende sa serviette, faute de quoi, elle la provoquera en duel, demain dès l’aube, au Champs de Mars, Robert qui, tout en jouant avec ses allumettes suédoises, s’essaye de les raisonner en fourrant son doigt dans l’oreille de Didier, Bernard, complètement paf, qui se met à chanter à gorge déployée, qui c’est les plus forts, évidemment c’est les Verts, Tahar qui se lance dans un numéro de danse du ventre, Didier qui demande à Régis mais où a bien pu passer Jorge, Patrick qui joue au mikado avec les asperges de Françoise.
Si bien qu’in fine, sur le coup de 13 heures, Didier Decoin sortira sur le perron de chez Drouant pour annoncer à la meute de journalistes présents que le prix Goncourt 2011 a été décerné à l’unanimité à André Gide pour son roman, Les caves du vatican paru aux éditions… Gallimard.
Cher LS, je passe tous les matins ouvrés devant chez Gallimard pour aller bosser et gagner ma misérable vie. Un clochard s’est installé juste devant la porte depuis mercredi, un gars ma foi confortablement installé, avec une plaid de bonne taille sur le trottoir, un duvet, un réchaud, un poste de radio, plein de bouffe, des bouquins de chez Verticales, bref plutôt un clochard dans le ton d’un quartier respectable. Au dernière nouvelle, il ne décarera pas de devant la maison Brottin tant que le Goncourt n’aura pas été décerné à Katherine Pancol.
encore un malheureux auteur victime de la tornade blanche. Vous lui donner une piece j’espere?
“on célèbre en grandes pompes”, vous voulez dire que les membres du jury ont de grands pieds ?
c’est de notoriété publique…
Je lui ai donné un bouquin de David Foenkinos qu’on m’avait offert, je sais, ce n’est pas charitable, je me rattraperai, promis.
vilain garnement! Ce n’est pas bien de dénoncer ces camarades de jeux. Aprés tout, nous formons une grande famille, non?
Joli billet… En revanche, dire que Laurent Gaudé est un auteur époustouflant est risible… Dans son Goncourt, deux fautes de syntaxe à la première page, sans compter la foule d’imprécisions… mais passons… Jerôme Ferrari (Actes Sud) aurait été plus judicieux ; question de goût…
je plaisantais vous savez parceque franchement sagalovitsch aussi ca vaut pas tripette…
Quoi!?
Qu’entends-je, qu’ouïs-je? Saga vaut pas tripette!? Enfer et damnation!!!
Je ne suis peut être pas le critique littéraire du siècle mais moi vot’ bouquin j’l’aime bien. Certes ce n’est pas suffisant pour vous attribuer le prix Goncourt mais de toute façon pour ce qu’il vaut…quel honneur y’a t’il à se faire adouber par une bande d’alzheimer en devenir? Surtout que ce n’est pas près de changer :”l’académie a changé son règlement en 2008, les jurés perdront désormais leur droit de vote à 80 ans” Mouarf mouarf mouarf. Serait on en train de se foutre de notre gueule? Ils ont du métier ces vieux filous…on nage en plein surréalisme!
http://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature-francophone/la-metaphysique-du-hors-jeu
Saga, t’étais sous la table ou quoi ?