Le monde a faim de fin

Fin de semaine.

L’actualité ronronne des pilotes qui ne comprennent plus le mode d’emploi de leurs coucous, des dettes publiques qui s’envoient en l’air dans le firmament de la finance toujours aussi obscure à déchiffrer et à appréhender pour celui qui n’a pas eu la fortune de finir major au concours d’entrée de la fonction publique, des tueurs de masse qui plastronnent du fond de leurs cellules norvégiennes que le monde les remerciera un jour de nous avoir alerté sur des menaces fantômes qui n’existent que dans leurs esprit perturbés, saturés de stéroïdes stéréotypés, l’Europe se suicide, le socialisme menace le nationalisme, nos identités remarquables vacillent devant la faucille de l’étranger hostile

 

Des violées en série qui convoquent Jésus et Mahomet pour jurer sur la toute sainte bible que le diable s’habille du coté des puissants et des colonisateurs, des chanteuses qui entre le chagrin et le néant ont choisi le néant et nous laissent encore plus seuls pour nous débrouiller avec nos existences qui s’effilochent chaque jour un peu plus, des alcooliques même plus anonymes qu’on empêche de se désalcooliser par peur de tourner en rond dans des cliniques désertées, des starlettes écologiques qui pleurnichent en breton que les français sont des veaux,

Des écrivains hongrois qui ont refermé à jamais le grand cahier de leurs douloureuses élégies, chuchotées dans la langue de Flaubert, des grands argentiers de la Fifa qui vaticanisent à coups de milliards des fédérations sans le sou, des coureurs français qui s’acoquinent avec des chronos à même d’affoler Big Ben à l’ombre de l’été prochain, des étés maussades comme des nuits d’automne, des automates de sangliers qui se suicident parce que les algues sont devenues soudainement trop vertes, routine des sentiments, comptine des ressentiments, pressentiments d’anéantissements

Sinon, ce matin j’ai pesé mon chat. Il a perdu deux cents grammes en un mois. Remarquable. J’ai donc bien fait de l’inscrire de force et à son corps défendant au club de gym de l’association sportive du coin de la rue, stage intensif, séances de sauts périlleux effectués du haut d’un trampoline perché au plafond du gymnase, étirement des moustaches, allongement de la patte gauche, écartèlement de la narine droite, tout en l’affligeant d’un régime strict et jobard comme un discours d’Eva Joly, réduction significative des croquettes matinales, suppression de la bière casher, rationnement de yaourts à la rhubarbe importé d’Argentine. Désormais je songe très sérieusement à sortir la méthode Sargan pour aider les chats en surpoids à retrouver leur allure féline en quelques semaines. Avec l’argent de mes royalties canins, je pourrais enfin racheter l’ASSE, installer Carlos Ancelloti sur le banc vert, débaucher quelques joueurs qataris qui chanteront l’internationale à cappella sous le magnifique crachin chagrin du Forez.


Finalement, le poète avait raison, Le meilleur c’est un sommeil bien ivre sur la grève.

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