La gauche caviar a encore de beaux jours devant elle.
Ainsi Aurélie Filippeti a cru bon adresser à la veille de la visite de François Hollande à Florange une sorte de lettre ouverte plutôt bien tournée par ailleurs, où s’émouvant du sort réservé à l’usine de Grandrange, elle dit son désespoir d’avoir vu notre Président de la République tourner le dos à ses promesses électorales et lui rappeler que c’était ”un combat à ne pas perdre. Surtout un combat à ne pas jouer perdu d’avance. C’était le sens même de la politique. C’était la confiance dans la parole de ceux dont la mission, le beau et le noble combat était de parler au peuple et au nom du peuple”.
Rien à redire.
D’où vient alors ce sentiment d’assister non pas à de fausses confidences mais plutôt à une sorte de marivaudage de la pensée politique de la part de cette pourtant sincère militante socialiste jamais plus à son avantage quand elle s’affiche avec une constance rare aux bras d’hommes dont l’appartenance aux classes laborieuses ne saute pas aux yeux.
Que ce fut avant-hier avec Thomas Piketty, hier aux côtés de Frédéric de Saint-Sernin, aujourd’hui auprès d’Arnaud Montebourg.
Certes, chacun est libre de s’accoquiner avec qui bon lui semble, de proclamer que le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas, que l’amour est aveugle ou que de se revendiquer de gauche n’interdit pas la fréquentation d’hommes ou de femmes placés tout en haut de l’échelle sociale.
Qu’on peut, après tout, très bien se promener en imperméable Burberry à mille euros pièce, se rincer les dents au champagne, dormir dans des draps de soie, parader dans Gala en tenue de soirée et continuer malgré tout à défendre les classes les plus défavorisées.
Sauf que non.
Quelque chose ne va pas.
Une distorsion trop grande entre un idéal de justice et une manière de conduire sa vie qui respire l’opulence, le luxe, l’argent facile (même si honnêtement gagné), les possibles week-end à Deauville, les probables repas dans les grands restaurants, les escapades amoureuses à San Francisco et autres comportements outranciers dont on devine qu’ils sont plus un mode de vie qu’une obligation imposée par un quelconque ordre protocolaire.
Je rêve un jour de voir un ministre ou une ministre de gauche (ou de droite, soyons fous!) tomber amoureux d’un ouvrier, s’enticher d’une caissière de supermarché, avoir les yeux doux pour une fleuriste ou fricoter avec une infirmière.
Ces gens-là ne seraient-ils pas tout aussi parfaitement fréquentables que ces énarques, ces directeurs de cabinet, ces journalistes, la grande galerie des élites triomphantes vers qui immanquablement nos dirigeants se tournent quand arrive le moment de se choisir un compagnon de route ?
Ne serait-ce pas cela le véritable mal français ?
Cet entre-soi dont on se sort jamais.
Ces gens dont on est censé défendre la cause et qu’on ne fréquente jamais, ni lors de ses années de formation passées bien souvent à l’ombre de lycées privés ou situés dans les beaux quartiers, ni au sein de ces grandes écoles coupables de pratiquer encore trop souvent un rigoriste apartheid social et encore moins quand vient l’heure de se retrouver à la tête d’un ministère entouré de collaborateurs issus très exactement du même milieu que le sien.
A quel moment de leur vies nos gouvernants croisent le destin des gens ordinaires, que peuvent-ils donc bien savoir de leurs problèmes et de leurs préoccupations, de la difficulté d’un quotidien qui se détériore jour après jour, de leurs vies normales et banales, hormis les trop rares moments où ils consentent à venir leur rendre visite quand éclatent des échauffourées, ou surgissent des faits divers exigeant une réponse forte de l’État ?
Même avec la meilleure volonté du monde, il arrive un moment où à force de côtoyer vos semblables, tous issus de ce même moule qui ne connaît ni la diversité sociale ni la mixité républicaine, on en arrive à perdre souvent malgré soi tout contact avec la réalité du pays.
Lequel s’en va confier les clefs de la maison à des pitres de démagogues assez cyniques pour prétendre comprendre leurs aspirations en flattant leurs vils instincts.
On s’était gaussé un jour des chaussettes par trop ordinaires de Pierre Bérégovoy.
N’étant pas du sérail, il dénotait.
Et il le savait.
C’était pourtant un bien honnête homme.
Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true
Bravo ! Et cet écart, cette mise à distance, cette consanguinité, ce copinage constant au nom de soi-disant idéaux ou valeurs politiques dont ils nous rebattent les oreilles et qu’ils ne paraissent guère s’appliquer à eux-même, on le trouve à tous les échelons de la vie du pays, du plus petit, de la moindre association ou commune rurale aux plus grandes métropoles et au pouvoir central. C’est là que réside le mal français, dans la politisation permanente et artificielle du plus petit acte hors de la sphère privée. On joue Tartuffe tous les jours, c’est une pièce contemporaine.
Oh que ça m’énerve! Oh que ça m’énerve…
Je vais encore me faire incendier mais tant pis…
1 Vous intéressez -vous a la vie privée de tous les dirigeants politiques ou focalisez-vous sur Aurélie Filippetti:
a) parce que c’est une (jolie)femme et donc il est beaucoup plus drôle de savoir avec qui elle couche que Michel Sapin ou Bernard Cazeneuve….
b) parce qu’elle a attiré l’attention des médias auquel cas vous faites dans le people bas de gamme…
2 Connaissez-vous le pedigree affectif de TOUTE la classe politique française ou faites-vous une fixation sur la gauche?
3 Êtes-vous au courant que bien souvent (et d’autant plus lorsque la vie professionnelle est très prenante) tout un chacun rencontre souvent l’amour (ou juste le plaisir) dans son entourage professionnel? Il est rare qu’une chirurgienne vive avec un boucher parce qu’elle le rencontre rarement en salle d’op ou alors il est endormi…
4 Quand on est de gauche (et bien qu’étant issue d’une classe populaire comme A. Filippetti) serait-on moins soupçonnable de “trahison” parce qu’on irait en vacances à Palavas les flots et faire ses courses à Leader Price? Je vois que le soupçon va jusque sur le terrain de la vie privée, c’est pas joli-joli ça, mon bon monsieur… Pourtant le bon Jean-Marc Ayrault et son camping-car se sont bien faits moqués…! Une seule solution dès lors: devenir de droite? Ah ben oui, remarquez, c’est ce que font beaucoup!!
5 Qu’est-ce-qui vous dit qu’elle a renié ses valeurs?? A-t-elle à rougir d’avoir fait des études et d’avoir eu de l’ambition? Quel est cette histoire d’argent” facile”? A partirvdu moment ou on est un(e) ministre, on ne mérite pas son salaire? Fait-elle des choses soupçonnables a côté pour que précisiez (très rapidement) que son argent est honnêtement gagné?
6 Décidément il est plus pratique et moins compliqué de faire des études et d’avoir un métier et un salaire valorisant lorsque l’on sort du sérail “naissance dans le 17eme-études dans le privé-prépa commerce”, que lorsque l’on est issue d’une classe modeste ou moyenne… Bien difficile d’être un transfuge social, quel que soit le sens du changement de classe!
7 Ne se passe-t-il RIEN à ce point au Canada pour qu’article après article (“plutôt bien tournés d’ailleurs” :-)))) arf bonjour la suffisance!!) vous polarisiez ainsi sur la vie politique française? Vous savez, il s’y passe aussi plein de choses super comme partout! N’´iriez-vous vous pas dans le sens du vent finalement, comme un classique journaleux?
Pfffff… Bonne journée, bien cordialement, mais c’est votre faute, vous m’avez énervée…
Et le scandale de ces boulangers qui se marient avec des pâtissières, quand est-ce qu’on en parle!!! Scandale!!!
@Catherine : les boulangers ne sont pas aux manettes et ne gèrent donc pas l’argent des contribuables. Donc je n’attends rien d’eux (sauf une bonne baguette).
Par contre, de la part de ceux qui nous gouvernent, oui, on pourrait attendre, sourtout en temps de crise, un minimum de sobriété et d’exemplarité.
Le pouvoir actuel, qui devait faire mieux que le précédent, s’est en fait vautré dans la même indécence, la même vulgarité : fraude fiscale, people, phobie administrative and co.
Le même développement pourrait être servi à la droite dite « républicaine ». Ne prétend-elle pas porter « un idéal de justice », tout en vivant une « vie qui respire l’opulence, le luxe, l’argent facile » ? Aussi, dans l’hypothèse où vous évoqueriez, dans un prochain article (qui emprunterait à celui-ci), tous les politiques « républicains », vous pourriez titrer sans abus : « La classe politique caviar ».
Non qu’il faille excuser quiconque, mais la politique professionnalisée se prépare dans les mêmes grandes écoles, prospère sur un terreau, l’ « entre-soi », composé de réseaux de tous bords, appelé presque affectueusement « la République des copains et des coquins » par une presse désormais plus cinglante car cela fait mieux vendre. Autant dire, vous le remarquer pertinemment, que le politique, devenu un professionnel, s’éloigne du peuple – s’il en fut jamais proche. Et ce, vous l’écrivez : « avec la meilleure volonté du monde ».
Le cliché, pas totalement inexact, selon lequel le pouvoir corrompt (et d’autant plus quand il croît) saute l’idée qui le précède : le pouvoir isole, aussi peut-il corrompre.
Dans l’Antiquité, ce ne fut pas pour rien que la démocratie athénienne, pendant une période (qui dura peu), élisait ses représentants en puisant dans ce que nous nommons « la société civile », à savoir des responsables politiques non professionnels. Leur mandat durait une année. Athènes était une cité-État pratiquant la démocratie directe, imitée bien plus tard par la Genève de Jean-Jacques Rousseau. La France compte soixante-six millions d’habitants !
Vos arguments sont très solides, mais l’on peut cependant estimer que – sans vouloir « péter dans la soie » ni se gaver de truffes – le peuple caresse l’espoir d’y goûter un jour, et pas une unique fois ? Quant à l’idée que les gens de gauche n’auraient pas droit à une relative aisance, elle sert, très souvent, à une droite culpabilisante. Issu du peuple, Thierry Lepaon s’est hissé au secrétariat général de la Confédération générale du travail, et il ne pourrait pas disposer à Vincennes d’un appartement de fonction confortable, où se reposer des lourdes tâches de chef d’un grand syndicat ?!
Si les citoyens veulent être gouvernés par des saints, qu’ils attendent leur assomption au paradis, où ces êtres-là pullulent. Dit-on.
@achtungbaby je ne comprends pas…pourquoi nous parlez-vous de fraude fiscale alors que la publication de Laurent (et donc mes commentaires) portent sur la vie privée? La peoplelisation de la vie privée étant la mise en scène de celle-ci je crois que l’on reproche plutôt au président actuel d’être trop discret sur la sienne… D’où une certaine frustration du public et des médias. Quant aux choix des petits copains d’A. Filipetti (notre ami semble bien au courant) chacun ses goûts, cela ne nous concerne pas. Il faudra prévenir le prochain président qu’un quinquennat s’apparente à rentrer dans les ordres et qu’il peut laisser toute pulsion sexuelle ou affective hors bénédiction nuptiale au vestiaire pour 5 ans!
Quant au bling bling qu’à-t-il à voir avec la moralité? Une faute de goûts (ou des goûts différents) ce n’est pas un crime… Rachida Dati aimait les grands couturiers, ce n’est pas ce qui m’a gênée chez cette personne. Gardons un sens critique aiguisé mais juste, beaucoup ont trop d’intérêts à faire monter le “tous pourris”.
Enfin je constate que pendant qu’on parle de cela, Jérôme Cahuzac est bien tranquille…
@Catherine : et les boulangers ? vous ne m’en dites rien.
Si, j’ai été gêné d’apprendre que R Dati gardait les robes après les diners officiels. Elle n’est pas là pour profiter de sa situation. Se goinfrer, toujours se goinfrer.
S’agissant de la vie privée, je fais partie de ceux qui estiment que notre président aurait pu, aurait dû, ne pas tromper sa conjointe pendant la durée de son mandat. A ce titre si, sa vie privée m’intéresse.
La même vie privée qu’il prend plaisir à afficher dans Gala, il ne faut pas qu’il s’étonne si elle lui revient dans la figure dans Voici ou Public.
A propos des chaussettes de Bérégovoy, “on” c’était Pierre Joxe, grand bourgeois de gauche…Quant à Béré, il ne “dénotait” pas mais détonait (n’être pas dans le ton).
http://fr.wiktionary.org/wiki/d%C3%A9tonner et non dénoter
Ce commentaire ne connote toutefois pas un désaccord; tout est bien vu
Et si tu lisais un peu gars. Je parle pas de dépêches, d’articles, non de littérature. Je te recommande “Les derniers jours de la classe ouvrière”. de Aurélie F. Tu y verras le parcours d’une jeune fille de la classe ouvrière. Aurélie n’a pas oublié ses racines, n’est pas coupé d’elles. Elle sait d’où elle vient, c’est ce qui fait son épine dorsale, c’est ce qui lui a donné sa détermination pour battre l’héritier des “maîtres de forges”, un de Wendel dans sa circonscription de Moselle (pas donnée gagnante du tout pour la gauche aux législatives de 2012, Sarko y avait été largement majoritaire à la présidentielle qq semaines avant). Et tu sais quoi de sa vie au fond, de sa vie affective, sexuelle ?. Tu nous prends 3 cas et en conclue qu’elle ne baise qu’avec les riches et les hommes de pouvoir. Qu’est-ce que t’en sais qu’elle n’a pas connu d’ouvrier, de “petites gens” ? Les anonymes n’intéressent pas les médias, ne t’intéressent pas. Et une fois de plus on dézingue la vie, les combats, les convictions d’une femme en laissant entendre qu’elle vogue au gré de ses relations avec les mecs.
En cette journée du 25 novembre tu me fais pitié.
Bertrand
Vous vous emportez Bertrand… et la colère n’est pas (toujours) bonne conseillère. Ce billet ne dézingue ni la vie ni les combats ni les convictions d’Aurélie F. Il émet seulement des doutes sur la réelle “solidarité de classe” de ceux qui parlent au nom du peuple, pour le bien du peuple, et ne le côtoie pas… ou plus. Et le fait qu’Aurélie F. soit issue d’un milieu ouvrier ne change rien à l’affaire. Sans doute est-elle fidèle à ses origines et ses convictions, peut-être même lui arrive-t-il de succomber à des amours prolétaires. Il n’en reste pas moins qu’elle ne s’affiche pas avec eux, donc nous n’en savons rien, et ce que nous voyons nous autorise à penser qu’elle affectionne plutôt des partis plus clinquants et trébuchants.
Ce que vous voyez? Ce que les médias vous montrent et que donc vous regardez…
@Catherine : Certes. Vous avez tout à fait raison. Sur ce sujet comme sur tous les autres, nous fondons nos opinions sur les informations dont nous disposons et que nous fournissent les médias. Impossible de faire autrement. Nous pouvons seulement croiser les informations et les sources pour tenter d’approcher la vérité.