La Trahison du Grand Palais

Les jeux vidéos font leur entrée au Grand Palais. Bon. On ouvre le gaz tout de suite ou on attend encore un peu ? Grand Palais, tableaux, sculptures, peintures, art, beauté, transcendance, émotion, Monet, Turner, Rembrandt, poésie, paysages, portrait, représentation… jeux vidéos. Quand Rimbaud écrivait, ” il faut être absolument moderne”, il ne me semble pas qu’il affirmait qu’il fallait être absolument crétin. Qu’il fallait céder, à tout prix, au vent putassier d’une époque si stérile, si désolée, si aride, si triste, si pauvre, si décharnée, si malade que nous voilà réduits à célébrer des objets qui non seulement sont une insulte à l’intelligence humaine, une négation de l’esprit des lumières, un molard craché à la face à de l’art et de ses dérivés mais subodorent aussi que cette fois, nous avons vraiment touché le fond du fond, que nous entrons de plain-pied dans des temps, non pas décadents hélas, mais des temps qui consacrent la victoire totale, complète et absolue de la commercialisation des esprits, des temps de renoncements qui viennent clore quelques siècles inspirés où l’homme, tant bien que mal, s’est efforcé de se surpasser pour se sauver, de tenter de se libérer de sa propre médiocrité et tâcher de s’élever afin de proposer un idéal de vie, de beauté, de tendresse.

 

Voilà, c’est fini. C’est entendu. Ils ont gagné la partie. Ils, ce sont toute cette cohorte de génies, illettrés, analphabètes, incultes, apatrides de l’intelligence, orphelins d’une certaine idée de l’homme, qui nous infligent le spectacle de gamins, d’adulescents, de seniors qui ont renoncé à vivre et à s’affronter, et préfèrent, au lieu d’aimer, de baiser, de se haïr, de se connaître, emprunter des sentiers balisés qui les amènent à se planter comme des sentinelles de leur propre connerie devant des consoles de jeux, où durant des heures, ils branleront leurs joysticks, mastiqueront des minutes à tripoter des manettes, afin de se donner l’illusion là de jouer à la guéguerre ou de se transporter sur un stade foot pour disputer des parties fictives par le biais de figurines animées.

Et qu’on ne vienne pas me dire que les jeux vidéos sont, à leur manière, un art ou quelque chose qui ressemble de près ou de loin à de la création. Non, non et non. Bordel de dieu. Ressaisissez-vous bon sang. Aussi élaborés soient ces jeux, aussi spectaculaires soient leurs graphismes, aussi géniale soit leur façon de représenter le réel, les jeux vidéos ne tendent à rien, ne proposent rien, ne visent à rien, si ce n’est à divertir. Voilà le mot est lancé. Divertissement. La nouvelle religion des temps modernes. Dans un monde déserté par les idéologies, abandonné par les intellectuels, dépourvu de spiritualité, nous avons créé un nouveau veau d’or : l’entertainement, le divertissement, l’amusement à tout crin. Ta vie, à t’amuser, tu passeras. Et on va où comme ça au juste ? Vers le néant ? Vers l’abandon total de toute idée d’accomplissement de soi, d’épanouissement intérieur, de tentative de mieux nous comprendre ?

L’art, avec un petit ou un grand A possède cette vertu cardinale qu’elle permet à chacun, par le biais de la création, qu’elle se nomme littérature, peinture, sculpture… de mieux appréhender l’autre, et par-là, de mieux comprendre sa souffrance à être dans un monde effrayant par nature. Elle nous apprend la compassion. Et sans compassion, nous sommes perdus. Foutus. Si, désormais, nous nous détournons de l’art pour nous réfugier dans des activités exclusivement ludiques, centrés sur le seul divertissement, alors, c’est comme si nous renonçions à être des hommes de chair et de sang, animés d’idéaux et d’espérances. Nous devenons aussi insignifiants qu’une nuée de moustiques, aussi inutiles que des chiures de mouches, aussi transparents que des glaces sans tain. Nous abdiquons. Par peur ou par paresse. Nous nous réfugions dans le confort douillet d’existences calfeutrées, renfermées sur elles-mêmes, repliées sur des cocons de vie d’où sont bannis les sentiments, les conflits du cœur avec lui-même, les envies d’ailleurs et les envolées salvatrices et nécessaires vers un monde meilleur. Avec les jeux vidéos, nous ne sommes plus dans la vraie vie mais dans un monde virtuel qui nous robotise et abrutit notre capacité à appréhender le réel. Nous devenons des morts vivants. Nous devenons aussi prolifiques que des cadavres. Nous ne servons plus à rien.

Un exemple concret. Vous connaissez Zelda je suppose ? Tout le monde connaît Zelda de nos jours. Sauf que, pour la quasi-totalité d’entre nous, ce prénom renvoie à un jeu vidéo en vogue, la légende de Zelda que Wikipédia définit ainsi, “un jeu action-aventure où le joueur incarne un jeune garçon, parfois un jeune homme, nommé Link et doit, armé de son épée et de son bouclier, sauver la princesse Zelda, qui est la princesse d’Hyrule. Le nom de la série se focalise sur « Zelda » c’est le nom de la Princesse. L’ennemi principal est Ganondorf également représenté sous sa forme bestiale, Ganon.”

Sauf que pour moi et pour quelques huluberlus de mon espèce, Zelda, c’est à jamais le nom de la muse de Scott Fitzgerald, son épouse, sa diablesse, sa putain, sa folle compagne qui finira sa vie dans un asile.

En moins d’un siècle nous sommes passés de Gatsby à Ganondorf.   

Les créateurs des jeux vidéos commettent, sans le savoir, des crimes contre l’humanité, des génocides envers l’intelligence de nos cadets ; ce sont des castrateurs de notre capacité à vivre comme des hommes. Ils n’ont pas de sang sur les mains. Pas encore. Juste des éclaboussures de cervelets qui en s’accumulant finiront pas recouvrir les champs autrefois fertiles de la pensée humaine.

                                                                                                                                      &

                                                                                                                                  &     &

P.S : Pour le lecteur qui me serait encore fidèle, une bafouille de votre serviteur ici: http://www.onlit.be/index.php?option=com_k2&view=item&id=578:la-facture-de-gaz&Itemid=172

23 commentaires pour “La Trahison du Grand Palais”

  1. L’art ?… Ah oui, ce truc qui a existé de la fin du 13° siècle, jusqu’au début du 20° quand Marcel Duchamp a proposé un ready made (un pissoire) comme oeuvre d’art, un objet industriel qu’il n’avait même pas touché mais seulement désigné en tant qu’oeuvre, opérant ainsi une sorte de transubstantation, c’est-à-dire un acte magique.
    Dès lors, tout a pu être une oeuvre d’art du fait d’un simple discours proféré par une personnalité agréée : depuis le critique fait l’art et non plus l’artiste qui, ainsi, a été évincé il y a déjà presque cent ans.
    Si tout est art, n’importe quoi l’est également ; or n’importe qui sait faire n’importe quoi : ma petite nièce que j’adore, est non seulement une grande feignasse mais également nulle en tout. A son destin normal qui était de devenir caissière à Monoprix, elle a préféré celui d’artiste : elle mélange des matières minérales et organiques semées de figurines Kinder Surprise et de petits emblèmes amérindiens qu’elle touille dans un discours ethnico-multicultiraliste.
    Ça marche pour elle, et j’en suis ravi.
    Au moins n’a-t-elle pas le discours cynique qui fut subliminalement celui de Manzoni : on peut tout leur vendre, y compris de la merde en boîte.
    Quant à mon petit neveu, dès qu’il a commencé à branler son joystick, je lui ai refilé des bouquins sur Cabanel, Bouguereau, Gérôme, Ingres… qui m’ont semblé plus aptes à soigner son onanisme technologique que le ” Nu descendant l’escalier “. J’ai l’impression que ça l’a sauvé.
    L’art, ça n’existe sans doute plus, mais est-ce bien grave puisque la plupart de ses utilités demeurent, servies par d’autres médias ? : prestige social, “distinction”, signe extérieur de richesse, propagande religieuse, propagande politique, érotisme, vertu décorative, intimidation culturelle, intimidation sociale …
    Quant à ” proposer un idéal de vie, de beauté, de tendresse “… c’est vrai que, parfois, on y trouvait également ce genre de propos, jadis.
    Pour les jeux vidéos, je les déteste autant que vous et j’en suis fort aise car, si je les aimais j’y jouerais, or je ne peux pas les souffrir.(Logique de Flaubert sur les épinards dans son “Dictionnaire des idées reçues”.)

  2. Qui de la poule ou de l’oeuf vous pose problème?
    Les joueurs, les fabricants ou les commissaires d’expositions qui doivent provoquer 10% de queue supplémentaire chaque année, sous la pluie de préférence, pour satisfaire les actionnaires qu’on nous a fait devenir?
    @ Philippe: De l’art comme occupation pour les bons à rien, il y a là matière à discussion… voir à controverse.
    Qu’en penses les joueurs de poker vidéos en crampons?

  3. Magnifique article sur la sénescence et l’incapacité à comprendre un monde qui n’est plus le sien.

    Quoi que vous en pensiez, les jeux vidéo engendrent de l’art. Il n’y a qu’à comparer avec les autres “arts” officiels. Je doute fort que “transformers 3” soit une oeuvre d’art, mais certains grands films en sont.
    De plus ce qui était au départ du simple “entertainment” pour s’occuper au coin du feu (au hasard, disons, l “Odyssée” d’Homère) est considéré avec le temps comme un chef-d’œuvre monumental.
    Et je ne m’attarde même pas sur la trajectoire des graffitis

    Il existe des dizaines de genres de jeux vidéos, simplement vous avez une vision binaire de la réalité. Alors oui, c’est pratique pour critiquer et faire de la provoc’ mais côté idées vous rivalisez dangereusement avec un jeune gamer décérébré en train de se branler le joystick.

  4. Mais je ne nie pas qu’un jeu vidéo puisse être génial, je dis simplement qu’il reste un loisir et qu’il n’apporte rien à l’humain, si ce n’est un plaisir ludique. Ce qui n’est déja pas si mal. C’est tout.

  5. Amusant de vous voir condamner le jeu vidéo en attaquant les jeux de guerre et de football, tel un philistin s’en prenant à la littérature en pointant du doigt Musso et Marc Levy. S’acharner sur un mode d’expression entier en visant son versant le plus mercantile – et sans le connaître; était-ce vraiment une bonne idée?

    Et que dire de Zelda, sinon qu’on peut aimer les deux? Avouer son amour pour la fable épique et onirique de Shigeru Miyamoto, est-ce trahir Fitzgerald?

  6. Laurent, pour certains les jeux vidéos remplacent efficacement le valium, prozac et autres. Fuir la réalité sans coûter un rond à la communauté, c’est un vrai devoir de citoyen par les temps qui courent…

  7. Philippe vient de jeter l’art moderne et l’art contemporain avec l’eau du bain, 100 ans d’art remisé au placard, c’est du beau, faut sortir un peu…
    Un seul exemple suffira je pense, j’ai vu ce tableau une fois :
    http://static.guim.co.uk/sys-images/Arts/Arts_/Pictures/2009/1/26/1232962447775/Pablo-Picassos-Guernica-001.jpg
    Vous connaissez?
    Quant au Grand Palais c’est un hall d’exposition (c’est d’ailleurs pour cela qu’il a été construit), ni plus ni moins. Comme le parc des expo de la porte de Versailles par exemple… On y fait un peu de tout, de l’expo de tableau à la convention privée jusqu’à la boite de nuit ou des défilés de mode. Des concours hippiques ou des salons du jeux… il n’est pas uniquement dédié à l’art (faut rentabiliser) et quand il l’est il accueil aussi bien la FIAC que des expos de tags ou d’art forain…
    Sinon les jeux vidéos je n’y ai jamais trop joué, totalement inintéressant.

  8. @sandra. Madame Bovary en poche coute moins cher qu’un jeu vidéo…
    @Phil, vous êtes un érudit!
    @ Nico: Tout fout le camp!

  9. Ça dépend des fois, j’ai trouvé un super lien rien que pour vous, vous m’en donnerez des nouvelles…
    “De la volaille… à la (sous?) culture.”
    http://www.pavillonbaltard.fr/historique.html

  10. Mon grand père chantait cette chanson
    http://www.youtube.com/watch?v=_LmzE8yvY5M
    Mouarf mouarf mouarf

  11. Après les ready-made, la question de l’art ne se situe plus sur le registre du savoir-faire, évidemment ; sur celui de l’esthétique ; sur celui du sens ; ni même sur celui de l’émotion (comme le regrette le tendre et brillant Saga)… mais sur celui du Pouvoir parce que ce qui ” fait art ” est exclusivement le discours, émis par des instances d’autorité institutionnelles ou non, qui s’attache à l’objet.

    De sorte que, paradoxalement, la prépondérance du discours critique aboutit à ce que l’oeuvre d’art n’est plus que l’objet quelconque qui lui est assujetti : dès lors l’oeuvre peut être un pissoire, un aspirateur tout autant que la Pietà de Michel-Ange.

    Cela étant dit, on s’en fout complètement parce qu’on reste libre d’aimer ce qu’on veut…
    Mieux vaut savoir cependant que la problématique est de nature politique.

  12. Mais qu’est ce que l’art?
    Qu’on critique la FIAC avec ses entrées à plus de 30€, de l’art de riches pour riches qui en effet se masturbent le cerveau soit. Qu’on envoie valdinguer tout l’art contemporain (et du XXème siècle en général) parce que soit disant il ne serait plus capable de transmettre de l’émotion c’est bel et bien de mon point de vu le jeter avec l’eau du bain. Si vous ne ressentez pas d’émotion c’est que ça ne vous parle pas. Michel ange ne m’a jamais fait bander…et pourtant c’est bien un artiste incontesté.
    Dans ce contexte on parle du jeux comme du 8ème art… peut être que certains ressentent de l’émotion, inutile de se masturber les neurones… mais la critique qu’on peut en faire est que ce n’est qu’un art esthétique…
    Faut il être cultivé pour apprécier l’art? Qu’est ce que le beau? L’art doit il être contestataire? et bla bla bla et bla bla bla…

  13. à propos de blabla.
    Je m’inquiète, à force de lire ce bon blog, qu’il soit si facile de trouver des sujets d’éxaspération. Au début, je mettais ça sur la sensibilité (j’ai pas dit mauvaise foi…) de MC Saga. Mais maintenant, le jaune de mon rire déteint sur mon foie…

  14. Je le fais même pas exprés! Quelle époque mais quelle époque!

  15. Mouais, moi j’apprends des trucs et ça me va. C’est bien Saga continuez comme ça. Et peut être qu’un jour le jeux vidéo ne sera plus uniquement ludique et que vous écrirez un article dithyrambique sur la dernière nouveauté ou peut être pas.
    http://www.afjv.com/news.php?id=388&title=manuel_ruiz_dupont

  16. @ Nico
    Ne soyez pas naïf. A quelques exceptions près, peu nombreuses, toujours citées en exemple comme alibi à “la liberté de l’artiste”, l’art et les artistes ont toujours travaillé pour les catégories sociales dominantes, le pouvoir politique, le pouvoir religieux et le pouvoir économique… ce qui, d’ailleurs, ne les a pas empêchés de commettre quelques éblouissants chefs-d’oeuvre parmi lesquels la Pietà dont je me suis toujours fichu comme de ma première crotte de nez jusqu’à l’instant où je l’ai réellement vue : au-delà de la mythologie religieuse dont elle relève, vous contemplez un homme adulte supplicié, brisé et reposant sur les genoux de sa mère désespérée qui le pleure avec une grâce qui n’est pas de la mièvrerie ; une oeuvre exécutée avec une virtuosité normalement impossible à un être humain.
    Alors, vous changez d’idée : il peut y avoir de l’art, même dans les bondieuseries… Et l’art peut exprimer les sentiments et les douleurs ” des hommes de chair et de sang ” dont parle Saga.

    La contestation c’est la fleur à la boutonnière des sociétés libérales (que, pour ma part, je préfère évidemment aux sociétés totalitaires) : elles adorent l’exhiber, la rendant ainsi aussi subversive que le portrait du Che sur les tee-shirt des collégiens. Les artistes font, plus ou moins sincèrement, leur numéro de contestataire, et tout le monde est content, chacun dans son rôle sur la scène médiatique de la culture.
    Les seules choses qui semblent insupportables sont ” la faute de goût ” et la ” vulgarité “. Vous pouvez exposer des matières stercoraires, vous pouvez contester les politiques et les régimes politiques, mais vous ne pouvez pas, sans être fustigé, déroger aux conventions du goût dominant.
    Cela étant dit, je ne sais pas si la qualité insupportable de ” la faute de goût ” et de ” la vulgarité ” a un rapport quelconque avec un éventuel caractère contestataire ou subversif… Peut-être.

  17. Pour ma part je n’ai aucun problème avec Dieu, il a inspiré pas mal d’artiste et c’est très bien ainsi. J’ai un jour tout simplement arrêté de croire au père Noël et ai trouvé par la même occasion la réponse à la question « Dieu existe t’il? ». Je n’y peux rien, c’est comme ça, par contre ce que je hais ce sont les dogmes, mais ce n’est pas le sujet.

    Ce n’est donc pas parce que la Pièta est une « bondieuserie » qu’elle me laisse de marbre ni même parce que je ne l’ai pas réellement vu… Les œuvres que j’apprécie me transpercent dans l’instant. Le Printemps de Millet m’a laissé scotché.
    http://1.bp.blogspot.com/-OxqxS7Pq1tE/TZi2e3WgfAI/AAAAAAAABWM/w2G4XbCMbn0/s1600/PrintempsMillet.jpg

    J’ai vu lors des Nuits Blanche une œuvre contemporaine qui m’a marqué mais du coup je suis bien incapable de vous la présenter ici. Le problème c’est que je ne sais toujours pas pourquoi elle m’a marqué, c’est ce qui me fait dire que tout l’art contemporain n’est pas à jeté avec l’eau du bain d’autant que j’apprécie le minimalisme de Donald Judd par exemple même si je n’y comprends rien. Par contre je rejoins votre point de vue sur “la contestation”. J’ai lu un article récemment qui moquait les écrivains qui se prennent pour les nouveaux Rimbaud…c’est du même acabit. Postures grotesques.

    Dans votre commentaire le « A quelques exceptions près, peu nombreuses » me paraît excessif et au lieu d’utiliser « toujours » j’utiliserai plutôt « en majorité ». Et cela ne me paraît pas coller à la photographie par exemple. Mais peut être me trompe-je?

    J’ai vu cette année l’expo des frères Caillebotte. J’aime beaucoup cette vision tournée vers l’avenir et le progrès au sein d’une période en pleine effervescence ce qui n’est pas vraiment le cas en ce début de siècle… Ce qui m’a fait réagir à votre commentaire c’est l’évocation du passé comme du « c’était mieux avant ». Les marécages de la mélancolie me terrifient c’est pour cela que je me refuse à toute forme de nostalgie qui m’y mènerait tout droit.
    http://www.youtube.com/watch?v=RUMfCX7YSIg

  18. Toutes les générations n’ont-elles pas pensé que c’était mieux avant ?

  19. http://fr.wikisource.org/wiki/Po%C3%A9sies_I

  20. J’y connais rien aux jeux vidéos et je n’irais pas voir cette expo dont je me fous, mais j’aime pas qu’on me dise que “ça c’est pas de l’Art”…
    Par ailleurs votre définition de ce que devrait être l’Art me fait penser que vous avez plus besoin d’une messe que d’une expo…

  21. Bonjour à vous.

    J’ai lu avec attention votre billet qui a été copier / coller sur un forum… de jeu vidéo. Je n’ai donc pas effectué ma première lecture ici mais sur le forum en question avec évidement un à priori de l’auteur du message qui disait “je ne suis pas d’accord”.

    D’un, je vous remercie de remuer un peu les esprits à ce sujet, c’est aussi une technique que j’emploie… hum… souvent et qui n’est pas toujours comprise.

    De deux, mine de rien votre billet soulève un point important qui a toujours plombé le jeux vidéo : sa méconnaissance par de nombreuses personnes, y compris ceux qui en font leur travail. Quand je dis méconnaissance, ce n’est pas une histoire de savoir qui a fait quel jeu ou quel concept ludique on retrouve dans tel titre. Mais la base, c’est a dire ce qu’apporte le jeu vidéo et pourquoi continu-il graduellement de toucher le public ?

    Évidement, comme vous le soulignez le public ne s’attarde pas sur ces questions bien trop métaphysiques pour… du divertissement. C’est bien ça qu’est le jeu vidéo, une industrie de l’entertainment tout du moins… aujourd’hui. A la base, le jeu vidéo n’a pas été plébiscité par des « patates de sofa » à la cervelle atrophiée. Mais, bel et bien par des personnes actives intellectuellement, des gens férus de technologie, poussés par ce qui caractérise l’Homme : la curiosité.

    Sans faire une leçon d’histoire, le jeu vidéo est apparu dans les années 70. A cette époque, il en fallait du courage pour jouer. Déjà, le prix des machines était exorbitant, ces consoles tenaient plus de la mécanique qu’autre chose et enfin il fallait que l’heureux acheteur de cette curiosité sache brancher un engin qui n’était même pas sur de fonctionner sur sa TV. Aujourd’hui en 2011, tout s’est simplifié et ce concept de bouger un petit bonhomme à l’écran via un paddle est toujours très vivace.

    Pourquoi ? Parce que au delà du simple divertissement le jeu vidéo offre une sorte d’accomplissement. Celui d’avoir surmonté une épreuve, d’avoir su observer et apprendre. Un cheminement intellectuel tout aussi valable que la lecture, le cinéma ou tout autre forme d’implication qui demande réflexion. Dans cet exemple, les jeux vidéo d’aujourd’hui n’ont plus grand chose à voir avec leurs homologues des années 80 et 90. Pendant 20 ans, un jeu vidéo s’affrontait, il fallait en comprendre les règles, les mécanismes de jeu et savoir comment surmonter ses difficultés. Difficultés parfois involontaire, à cause de défauts de conception, c’est dire… Aujourd’hui, et cela transpire dans votre billet, les jeux vidéo ne s’affrontent plus. Ils se parcourent. L’implication est moindre et la réflexion minime. Pourquoi ? Parce que ces gens du « grand public » ne sont pas comme les curieux de la première heure.

    Tout comme certaines personnes rechignent devant un pavé de 800 pages, se plaignent de la lenteur d’un film et de son manque d’effets spéciaux, le grand public du jeu vidéo d’aujourd’hui ne veut pas de Game Over. Il veut rentrer chez lui après sont harassante journée de boulot et se détendre devant sa série… heu non, son jeu favori : shoot, foot ou GTA. En aucun cas il ne voudrait affronter un jeu qui lui véhiculerait le stress du game over. Le Game Over a d’ailleurs disparu depuis bien longtemps du jeu vidéo d’aujourd’hui. A un jeu, à n’importe quel jeu on gagne ou on perd. Quand on a perdu c’est finit, il faut recommencer une autre partie. Tout recommencer, quel que soit le jeu. Le jeu vidéo d’aujourd’hui est sans doute devenu l’exception qui confirme la règle. Le joueur ne perd plus, il recommence là ou il s’est planté sans aucune contrainte. Pas de contrainte, pas de jeu. Pas de jeu, mais du divertissement. Et vous le dite, l’Homme s’efforce de se surpasser, il vit, ressent des choses. Les jeux vidéo étaient conçu de cette façon. Stress de ne pas vouloir perdre. frustrant, car injuste et non balisé. Enfin récompense, parfois maigre, de contempler la fin d’un jeu, même si elle est famélique, le fait d’avoir surmonté la difficulté, déjoué ses énigmes, prit des claques… et de les rendre est en quelque sorte un simulacre, involontaire, de ce que l’on peut vivre tout les jours.

    C’est là ou vous vous trompez, et ou le public se trompe également. Les gens du marketing du jeu vidéo écoutent ce public et lisent votre billet. Ils lisent :

    « Aussi élaborés soient ces jeux, aussi spectaculaires soient leurs graphismes, aussi géniale soit leur façon de représenter le réel, les jeux vidéos ne tendent à rien, ne proposent rien, ne visent à rien, si ce n’est à divertir ».

    Alors ils agissent, conçoivent des jeux qui caressent leurs futurs acheteurs dans le sens du poil. Toutefois, ce n’est que la surface des choses, le coté mainstream de cette industrie aujourd’hui démocratisé.

    Les joueurs de la première heure, eux, continuent à se frotter à des titres de plus en plus subtils et intelligents. Croyez moi, ça ne les empêche ni d’aimer, de baiser, de se haïr ou de se connaître. Ils sont parfois considérés comme des dinosaures rétrogrades par la jeune génération qui ne jure que par l’aspect graphique et le réalisme. Mais détrompez-vous les meilleurs jeux, les plus intelligents sont souvent les plus austères graphiquement ou les plus simple dans leur déroulement. Nous sommes dans la continuité du jeu vidéo, pas dans la base mainstream de ce que vous décrivez. Nos jeux vidéo ne sont ni balisés, ni pré-digérés. Ils nous divertissent, ce n’est pas salle, mais surtout entretiennent imaginaire, réflexion et nous racontent une histoire. Comme un livre finalement.

    Alors, comme il existe des rats de bibliothèque, des adorateurs de la peinture, des maniaques de la musique il y a aussi des personnes qui sont capables de créer des règles qui vous tritureront les méninges. Pour en rajouter une couche ils placeront par là dessus de la musique, un univers, une histoire subtile ou pas. Mais ce qui compte dans cette création numérique c’est d’abord et avant tout le jeu. Celui ci n’en sera qu’amplifié par sa musique qui est un art, son dessin qui est un art, sa mise en scène qui est son 7ème art. Autant de formes d’arts dans un medium qui est considéré comme un vulgaire divertissement. Pourtant le véritable Art dans le jeu vidéo c’est de savoir capter l’attention du joueur en lui proposant une mécanique de jeu qui n’insulte pas son intelligence. Autant qu’on se le dise : que le jeu vidéo soit un Art ou pas, que cette ridicule et hypocrite association qu’est MO5 tente de s’arroger cette reconnaissance, ça n’empêchera ni les joueur, ni les concepteurs de continuer à nous pondre de vrais jeux vidéo intelligents. Oui ça existe monsieur !

    Vous pourrez à loisir tenter une partie de Stacraft 2 ou voir ce film nommé Idiocracy qui se rapproche de votre billet.

  22. arretez vous allez me convertir! ( merci pour ce commentaire trés instrucif)

  23. Un ami me dit va lire cet article de Sagalovitsch sur l’expo que tu as vu au grand palais. Bah je dois dire que rares sont les blogs où les commentaires sont aussi instructifs que l’article, lecture passionnante merci à tous ! Etant allé au grand palais voir cette expo il y a 1 semaine je dois dire que je suis mitigé. Dans un sens c’est propre, chic et choc. Bien présenté, c’est digne du lieu et les machines sont biens mises à l’honneur. Mais de l’autre, ce n’est qu’une simple expo dans un bel écrin. Pas ou peu d’explications, pas d’histoire. Il y a la forme mais pas de font. Pas super quand on veut obtenir de la crédibilité auprès des profanes qui fustigent le jeu vidéo.

Laissez un commentaire

« »