François Hollande ne lit jamais de romans, et ça se voit.


Évidemment qu’il va y aller le bougre, quelle question.

A moins d’être absolument certain non pas de perdre, non pas d’essuyer une sévère défaite, non pas d’être éliminé au premier tour, mais de se prendre une raclée mémorable, une véritable humiliation, une déroute cuisante, un bonnet d’âne destiné à rester dans les annales de la République, il ira le François, il ira.

Ne serait-ce parce qu’il doit être quelque part convaincu, par une de ces fortunes du hasard dont il est si coutumier, va savoir, sur un malentendu, par un trou de souris, en catimini, qu’il pourrait fort bien tirer son épingle du jeu et, sans qu’on sache vraiment comment, parvienne à l’ébahissement général à prolonger son bail élyséen.

Tant qu’il y a de la vie, il y a des voix à reconquérir !

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Oh oui il ira, le François, il ira, il n’hésitera pas un instant, il foncera, il dégoupillera, il se mettra en quatre pour convaincre les Français de lui accorder à nouveau sa confiance, il mouillera sa chemise, il dira, je vous ai compris, il s’écriera, j’ai eu du mal à l’allumage mais maintenant je maîtrise, il s’enflammera, le temps de la relance c’est ici et maintenant, mais il aura beau s’époumoner, mouiller sa chemise, appeler à la rescousse Jaurès et Blum, il ne récoltera que quolibets, haussements d’épaules, barquettes de tomates et macarons invendus.

C’est qu’au fond François Hollande n’a jamais su parler à l’âme de ce pays, non point parce qu’il ne la comprendrait pas mais parce que la pauvreté et la sécheresse de son registre lexical lui empêche de rentrer en communion avec les gens, ces gens qu’il prétend aimer, qu’il aime sûrement.

Il ne sait pas habiter la langue, à aucun moment il n’ensorcelle le verbe, il reste perpétuellement engoncé dans une sorte de langue monochrome, plate et monotone qu’on écoute d’une oreille distraite, mi-ennuyé, mi-désabusé comme une leçon de catéchèse récitée par un moine moribond.

Il a cette atrophie du langage propre à ceux qui n’ont jamais ouvert de romans, ont toujours considéré la lecture comme une perte de temps, ne se sont jamais frottés à l’univers romanesque jugé à leurs yeux bien trop futile pour y accorder une importance réelle.

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La vie, ce n’est pas du roman, c’est plus sérieux que des historiettes de bonnes femmes qui déclinent des intrigues à dormir debout.

Pourtant lire des romans ne vous rend pas plus savant mais développe en vous cette qualité qui devrait être la première de tout homme politique, à savoir la compassion, cette capacité à comprendre la souffrance de l’autre, cette possibilité d’entrer de plain-pied dans des consciences que par temps ordinaire vous ne connaîtrez jamais, d’entrouvrir la porte sur les mystères du cœur humain en conflit avec lui-même, sur les sortilèges de l’âme prise à son propre piège, sur tout ce qui constitue l’essence même de l’homme, qu’il fut un gueux ou une duchesse, un empereur ou un simple ouvrier, l’éternelle et impérieuse douleur de vivre de toute condition humaine.

Orphelin de cet apprentissage, vous restez toujours en dehors des gens, à leur périphérie, dans une zone de confort dont vous échouez à vous départir.

Vous êtes aphone, vous n’atteignez jamais les gens dans ce qu’ils ont de plus cher et de plus secret, vous échouez à rentrer en résonance avec eux, non pas parce que vous seriez d’une classe différente de la leur, vous l’êtes, mais bien plus parce que votre formation intellectuelle, rigide et abstraite, technocratique à souhait, vous empêche d’accéder à la vérité du verbe, à cette transcendance du langage qui permet à l’orateur de toucher le cœur d’une foule, de l’attendrir ou de l’élever, de s’en saisir pour mieux l’amener vers des horizons nouveaux.

French Republic President Francois Hollande shakes hands with supporters as he arrives in Mana, in the French oversees territory of Guiana, on December 14, 2013. Francois Hollande made ??his first trip overseas as French President to Guyana, after having recently approved two newly signed agreements, one which aims to fight illegal gold mining and another which hopes to promote better vocational training nationwide. AFP PHOTO / POOL / ALAIN JOCARD / AFP PHOTO / POOL / ALAIN JOCARD

Vous êtes emmuré dans une langue muette qui tourne sur elle-même, stagne, s’appauvrit, se rabougrit, ne possède ni chair ni âme, rien, demeure juste une succession de formules creuses, rabâchées et exsangues, tournant dans le vide abyssal d’un jargon désincarné où l’on désespère de trouver une quelconque marque de sincérité, un élan qui viendrait non pas de l’esprit mais du cœur même, cette pulsation du sentiment capable d’étreindre l’autre dans une communion fraternelle.

François Hollande ne s’en est jamais caché : il n’a jamais lu de romans, leur préférant des biographies historiques.

Il n’est pas le seul.

Ils sont désormais légion dans notre classe politique.

A l’heure où cette dernière souffre d’un désintérêt grandissant, rendant le pire possible, il serait grand temps pour nos hommes politiques de s’inscrire à la bibliothèque municipale de leurs circonscriptions.


C’est le meilleur moyen, peut-être le seul, pour renouer un lien tangible et profond avec les citoyens.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                     Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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Franchement quand tu vois Renaud, t’as pas vraiment envie d’arrêter l’alcool


Au moment où des études démontraient la relative efficacité du Baclofène dans la lutte contre l’alcoolisme, on apprenait que Renaud, décidément très en forme, après avoir confié son admiration pour François Fillon et sa tendresse pour les forces de l’ordre, venait de décorer son dos d’un tatouage géant du Christ.

Il faut se souvenir que ce même Renaud, il y a peu encore, se suicidait doucement à coups de bouteilles de Pastis : il ne se réveillait que pour biberonner du Ricard, il désespérait ses fans, accablés d’assister à pareille déchéance, il n’avait plus le goût à rien, on le disait fini pour la musique, pour la vie même, sa nécrologie était comme prête.

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Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin : arriva le jour où Renaud, las de barboter dans ses vomissures, ayant épuisé les charmes de la dive bouteille, peu enchanté à l’idée de visiter si tôt le caveau de famille, se reprit en main : il cessa ses mauvaises fréquentations, s’enferma dans un studio, poussa de nouveau la chansonnette et sortit un album qui connut un succès immédiat.

Alléluia.

On pleura dans les chaumières, on remercia le Seigneur d’avoir permis une telle résurrection, dans les médias on salua le retour de l’enfant rebelle de la chanson française et Renaud, tout à sa joie d’être ainsi célébré, se laissa aller à quelques confidences : il avait vieilli, avait vachement réfléchi sur la vie et sur le monde, avait pris conscience que tout était ni noir ni blanc.

Les salauds d’hier étaient les enfants du bon dieu d’aujourd’hui, François Fillon avec sa droiture et son honnêteté le bottait bien ; surtout, il aimait désormais les hommes, tous les hommes, les cons comme les veules, les beaufs et les patrons des beaufs, les CRS comme les sapeurs-pompiers, et pour s’en souvenir, il s’en alla demander à un tatoueur de christianiser son dos.

Renaud, Jésus, même combat.

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Franchement, si j’étais alcoolique, en regardant comment Renaud se comporte depuis qu’il a cessé de boire, je m’accrocherais comme un mort de soif à ma bouteille de whisky.

Pire, je redoublerais d’effort pour ne jamais mais alors jamais dessaouler. Pas même une minute.

On aura beau m’avertir que si je continue à carburer de la sorte, je vais au-devant de grands dangers, je mets ma vie en péril, ma carrière, mes amours, je m’en foutrais pas mal : ” franchement docteur, c’est pas pour vous fâcher mais je préfère continuer à picoler que de prendre le risque de voter un jour pour François Fillon. ”

Question d’honneur.

Arrêter de boire pour que demain, sans y prendre garde, je commence à trouver Marine Le Pen désirable, Laurent Wauquiez intelligent, Brice Hortefeux séduisant, que je me découvre des affinités électives avec le Dalaï-lama, que je me mette à pratiquer la méditation transcendantale et à léviter dans l’éther de la résurrection, merci bien, à tout prendre, je préfère crever alcoolique.

Franchement, si Renaud continue à délirer de la sorte, il va porter un rude coup à la lutte contre l’alcoolisme.

Boire ou Renaud, il faut choisir.

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Alors même que le Baclofène redonnait à des millions de personne l’espoir d’en finir avec l’alcool, je crains fort que désormais ils ne réfléchissent à deux fois avant de se ranger des bouteilles.

Il y a des limites humaines tout de même à l’abstinence.

Le type de droite qui voit en François Hollande l’incarnation même du diable, le suppôt du socialisme, va commencer à se demander si d’aventure, lorsque sobre il sera devenu, il ne sera pas atteint de gauchisme aigu et louera l’art de la synthèse du premier des Français.

Tandis que le frontiste de souche aura des suées froides en s’imaginant fraterniser demain avec son voisin d’arabe.

                                                                                                                                                                                    Renaud alcoolo, ça va, Renaud sobre, bonjour les dégâts.

                                                                                                                                                                                                                                             Pour suivre l’actualité de ce blog, c’est par ici : https://www.facebook.com/pages/Un-juif-en-cavale-Laurent-Sagalovitsch/373236056096087?skip_nax_wizard=true

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