Que moi, juif jusqu’au bout du prépuce, j’éprouve quelque ressentiment envers l’Allemagne, quoi de plus normal et de plus légitime. Que je puisse être taxé de germanophobie primaire, non seulement je l’admets, mais je le revendique haut et fort. Voilà c’est dit : je n’éprouve envers le peuple allemand, la culture allemande, l’âme allemande, aucune forme d’attendrissement, aucune envie de pardonner ou de passer l’éponge, aucune propension à excuser l’inexcusable. Et qu’on ne vienne pas me dire, que le temps a passé, qu’il faut savoir tourner la page, que s’arc-bouter ainsi sur les vestiges du passé, en ressassant de vieilles rancunes moisies, n’est guère constructif et ne contribue en rien au dialogue nécessaire entre les peuples. Je n’en ai cure. Si vous voulez vraiment connaître le fond de ma pensée, je rajouterais que l’Allemagne, au regard de l’étendue de ses crimes commis avec la complicité totale et assumée du peuple allemand, aurait dû être condamné à une perpétuité perpétuelle, devenir une nation pestiférée, condamnée à errer indéfiniment sur terre jusqu’à finir par s’éteindre et disparaître dans une mer d’indifférence.
Maintenant qu’un français bien français, j’entends un français fier de ses racines, de son histoire, de sa géographie, un français de souche, baptisé, communié, labélisé gaulois, vienne agiter, en ces temps de crise, la menace d’une résurgence d’un nationalisme allemand potentiellement dévastateur, me fait doucement sourire. La France n’est pas la Grande-Bretagne. La France a les mains sales. La France ne peut pas prétendre au rôle de chevalier blanc qui lave plus blanc que blanc. Faudrait-il rappeler à messieurs Montebourg et Cambadélis les infâmes rafles orchestrées par la seule décision univoque de la milice ? Faut-il vraiment ressortir les livres d’histoire pour se souvenir que durant les années sombres et troubles de la seconde guerre mondiale, la France gouvernementale a collaboré avec un zèle enthousiaste qui a surpris les allemands eux-mêmes ? Et que si la résistance a bel et bien existé, la collaboration, entretenue ou silencieuse, n’a pas été qu’une seule vue de l’esprit. Qu’il a fallu attendre 1995 pour que l’État Français reconnaisse enfin sa dette imprescriptible vis-à-vis des populations déportées, déportations effectuées de son propre chef sans avoir eu à requérir l’assentiment de la puissance occupante. Sans parler de la torture pratiquée comme un noble art en Algérie, la tragédie du métro Charonne, le massacre de Sétif, autant de méfaits qui n’apparaissent qu’en pointillé dans nos livres d’histoire. Quand ils daignent apparaître.
Au moins doit-on reconnaître à l’Allemagne d’avoir entrepris un devoir de mémoire et de repentance considérable qui lui permet de pouvoir prétendre à jouer à nouveau dans le concert des nations. Mais la France ? De quel droit immémorial qui serait inscrit dans le marbre de son histoire collective viendrait-elle donner des leçons de morale à l’Allemagne ? Fort de quel passé glorieux se permet-elle ainsi d’apostropher, du haut de la tribune de l’Histoire, ses cousins germains ?
La France a cette propension parfois intolérable à s’ériger en parangon de vertu alors que bien souvent elle s’est comportée avec une bassesse et une ignominie affligeante. Comportement qui la rend si populaire à l’étranger. Cette incessante manie de donner des leçons de morale à tout-va sans jamais avoir eu le courage de se remettre en question, cette fameuse arrogance bien française qui hérisse et insupporte, tant le décalage avec ce qu’elle fût paraît grand et abyssal.
Si la France avait effectué ne serait qu’un dixième de ce que l’Allemagne a entrepris pour affronter les yeux dans les yeux son passé, il est fort à parier que l’extrême droite ne serait pas là à venir jouer les trublions dans le jeu démocratique ou à s’inviter au deuxième tour d’une élection présidentielle. Qu’elle parlerait dans des termes plus aimables de l’étranger qui réside, en toute légalité, sur son sol. Qu’elle serait une société bien plus ouverte et bien plus épanouie qu’elle ne l’est actuellement. Qu’elle serait même devenue un pays où il fait bon vivre dans la concorde et l’harmonie au lieu d’être toujours dans la dissension et la discorde. Si seulement la France acceptait de se considérer enfin comme une puissance moyenne, elle cesserait de s’essouffler à courir après elle-même à la recherche d’un passé qui, s’il n’a pas le visage à jamais ensanglanté de l’Allemagne, comporte assez de cicatrices et de stigmates pour que le silence parfois s’impose.
Boudard a dit et il avait raison :
” Tous ces petits bourgeois tourangeaux, picards, bourguignons destinés à l’épicerie ou à la basoche et qui se figurent être des personnages de tragédie… des juifs persécutés d’Europe orientale, des traqués de toutes les polices, rescapés des pogroms… des âmes en délire ! Lorsqu’ils deviennent auteurs, artistes, ils continuent à faire Kafka dans leur culotte… ça produit des oeuvres tout à fait bâtardes, du toc, de l’angoisse de café crème. On n’exprime bien que sa fibre, ses origines.
Les nôtres, hélas ! sont cul-terreuses, quoi qu’on fasse… Pour rivaliser avec Kafka, il faut avoir connu, dès son enfance, la hantise de véritables persécutions. ” (Source : Alphonse Boudard 1925 – 2000. in “Le café du pauvre”, Ed de la Table Ronde 1983)
sans parler de notre histoire on ne peux plus barbare : napoléon, les croisades, je pense que la france a bien mérité le rouge sur son drapeau !
Saga,
ce n’est pas très imagé cet article. Je trouve étonnant cet façon que vous avez de faire de l’universel ou autrement dit à mettre tout le monde dans le même panier. Je vous rappelle vos propos sur le CRIF :
“A titre personnel, étant français, certes par naturalisation, mais ça compte tout de même, non, et juif, par consentement mutuel de mes deux géniteurs, non seulement, on ne m’a jamais demandé mon avis pour que le Crif parle en mon nom…”
Pourquoi pensez vous alors que Montebourg et Cambadélis parlent en mon nom ou au nom de la France?
Je pense que le nom de votre blog vient de prendre ici toute sa signification. Je trouve ça fort dommageable à votre inspiration. Cela altère votre talent. Mais ceci n’est que mon humble avis.
Puisqu’il faut finir par une citation je propose celle ci :
“L’étude critique, froide et impartiale des faits politiques et sociaux peut seule contre-balancer et modifier les obsessions de l’atavisme.”
Introduction Biographique de Charles Martins à la Philosophie Zoologique de Lamarck. Wikisource la bibliothèque libre.
De confédération tant helvétique que pacifique, je peux témoigner à la fois de notre francophobie et de notre germanophobie (en plus d’une xénophobie généralisée tout à fait compréhensible); nous, les anciens petits pions des puissances européennes,ne pouvons qu’être d’accord avec de tels propos.
Cependant, ma fière patrie s’étant parfois compromis pour le bien du plus grand nombre en ces temps troublés, je me demandais ce que vous, Saga… pensiez de notre plat pays et de son comportement en ce temps-là.
Vous me faites souffrir, LS, je suis même effondré. Je suis français, (Même si mon père était étranger) , je suis blanc, non issu de la diversité, je ne suis pas juif, je ne suis même pas homo, je ne me drogue pas non plus, je n’ai jamais poussé la délinquance au delà du vol d’une pochette de stylos Bic au Suma du coin quand j’avais dix ans, je ne nécessite pas l’assistance d’une quelconque cellule psychologique pour un traumatisme vécu collectivement, je ne vais pas chez le psychiatre, je ne suis pas socialiste, je n’ai pas (Je crois) de maladie interessante, mon père ne m’a jamais sodomisé sur le capot de la Fiat 124 familiale (Ni ailleurs, je crois) sous les regards de ma petite soeur (que je n’ai pas), je ne vais même plus chercher mes idées dans Libé…
Bref, vous comprenez, je suis, dans la société française de la fin de la modernité tardive,, coupable potentiel par intention de nombreuses mauvaises pensées au regard de la morale citoyenne dominante.
Et vous, vous me sautez dessus tel le braqueur de fourgon postal, et, dans l’uchronie que vous crééz, vous supposez que, du fait de ma nationalité, j’aurais sans doute dénoncé, menti, exploité, voire sinon fait déporter des juifs, au moins ne pas m’y être opposé.
Alors vous comprenez, certes je n’étais pas né à cette époque, mais quand même, soudain vous me gâchez ma journée, me revoilà coupable soudain, alors que je ne pensais l’être que de la montagne de dettes que nous laisserons à nos gosses.
Mais en tant que non juif polytraumatisé pour les siècles, vous me direz que je l’ai bien mérité, sans doute.
@ Phillipe : ah si Boudard l’a dit…
@ Nico : je suis trés limité vous devez le savoir maintenant
@ Chouette : c’est tellement beau la suisse, je ne veux pas l’égratiner
@Bernard: un petit tour en auto lib et ca ira mieux. Uchronie dés le matin, c’est dur!
vous exagérez toujours un peu.
Je vous rapelle qu’en France on a fait LA révolution!
et toc!
“rappelle” plutôt non ?
Nic-kel
Vous n’avez pas fait le rapprochement ?
Moi, je l’ai fait… Nickel c’est Nicolas associé à Merkel
La bonne nouvelle ?
Je ne vous ai pas dit que c’était nouveau
Puisqu’il s’agit d’un couple à l’ancienne, c’est le couple le plus crade
Celui de la double peine où les deux sont condamnés à se supporter
Parce que personne ne les blairait
Déjà qu’ils ne se blairent pas eux-mêmes
C’est Nickel : Nicolas Merkel !
http://www.lejournaldepersonne.com/2011/12/nic-kel/
En 2001, Daniel Barenboïm a fait jouer “Tristan et Isolde” de Wagner, en Israël. Quelque crétins indignés (déjà) sont sortis de la salle en traitant Barenboïm de fasciste. Les gens cultivés sont restés et ont chaudement applaudi. Arnold Schoenberg serait sans doute resté aussi, mais évidemment lui c’est un génie. Wagnérien, autrichien et… monarchiste, imprégné de l’âme germanique que vous vomissez tant. Yehudi Menuhin a aidé à la reconstruction de la Frauenkirche de Dresde, parce qu’il n’aime pas la haine, parce qu’il aime ce qui est beau et surtout parce qu’il n’est pas nazi, lui. Votre mépris de la France est logique : si Wagner (par exemple) c’est le mal, Saint-Saëns aussi, mais en plus médiocre, forcément. C’est proportionnel.
Décidément, les Juifs sont vraiment des gens comme les autres : de Kubrick à Arthur, du sommet au maxi-nul…
“Quand j’entends du wagner, j’ai envie d’envahir la pologne”. Woody Allen, un autre crétin de juif
Phrase célèbre de mélomane. En écoutant un compositeur plus moyen, on a évidemment envie… de tourner le bouton.
Mais jolie réponse. 1 partout…
Je ne saurais trop vous conseiller de lire “L’âme de la France” de Max Gallo (tome 2). Il traite ces problématiques de façon éclairante et passionnante.
> Que moi, juif jusqu’au bout du prépuce, j’éprouve quelque ressentiment envers l’Allemagne, quoi de plus normal et de plus légitime.
Ca c’est du troll de compèt et de la petitesse d’esprit.
Non seulement les allemands d’aujourd’hui n’ont RIEN fait, mais on ne condamne pas un pays pour ces actions passés, sinon il n’y a pas de pardon possible et c’est la guerre perpétuelle.
TOUT les peuples ont commis des atrocités. Que cela soit sous l’inquisition ou le nazisme.
D’ailleurs comment sera jugé le comportement actuel d’Israël dans l’histoire ?
cher monsieur, je vous décerne la palme du commentaire le plus niais. Félicitations!