Ce post s’adresse tout particulièrement à la nouvelle génération, à toute cette tripotée de petits branleurs du dimanche qui ne connaissent pas leur chance d’être nés dans le corridor des années 80, opportunité qui les a autorisés, aussitôt que sont apparues leurs premières érections notables, potables et exploitables, leurs premiers émois sexuels, leurs premières pensées salaces, à salir leur drap sans trop avoir à se fouler le poignet.
Toute cette escouade d’adolescents prépubères qui, grâce à cette garce d’internet, ont pu mirer en toute quiétude, non seulement des jeunes lolitas en petites tenues coquines à souhait, mais aussi contempler la géographie intime de femmes pas revêches pour ce qui est de révéler leur anatomie secrète dans les moindres détails, sans parler de la possibilité de s’ébaubir des heures durant devant des créatures de rêves aux seins silliconés, occupées à forniquer avec tout ce qui bouge dans des vidéos dégoulinantes de foutre et suintantes de secrétions intimes.
Quand je pense que j’ai dû attendre la quarantaine pour découvrir à quoi pouvait bien ressembler une triple pénétration anale, tandis qu’aujourd’hui n’importe quel gamin de n’importe quel pays, sans même bouger le cul de sa chambre, peut se pervertir l’âme et s’astiquer le chibre, en matant à l’infini des ribambelles de fellations plus goulues les unes que les autres, des cortèges de doubles pénétrations à la chaine, des colonies de jeunes couples lubriques déclinant leur kamasoutra intime sous l’œil bienveillant d’une caméra intrusive.
Apprends donc, jeune homme gâté par le sort, comment à mon époque, celle où You porn, sucemoipendantquejeteregarde.com et autres sites du même accabite n’existaient pas, à quels stratagèmes retors il fallait se livrer pour assouvir sa soif somme toute naturelle de matériel dit pornographique.
Que les choses soient bien claires, je ne parle pas là des années cinquante : la bobine du film de mes souvenirs intimes ne déroule pas des images sépias, et je ne suis pas Jean Pierre Léaud dans les 400 coups. Nous sommes de plein-pied dans le monde moderne. De la navette spatiale. De la télé en couleur. De l’époque bénie de Platini, de Maradona et de Morrissey, des débuts de Dépêche Mode, des Smiths, des Woodentops, des années de confirmation de The Cure, d’Echo and the Bunnymen, The Jam ou des Simple Minds. Des premiers romans de Paul Auster ou de Richard Ford. De Blue Velvet et de Paris Texas. Pas du temps de Raymond Kopa, Buddy Holly, de Boris Vian ou de Raymond Queneau.
Donc, à cette époque pas si lointaine, le seul moyen de partir à la conquête du mystère éternel et charnel de la femme à jamais inaccessible, s’appelait Monsieur Vincent, le tenancier en chef du kiosque de l’avenue Charles de Gaulle ou du boulevard de la République ou de la rue Jean Jaurès.
Te raconterais-je combien de fois, à l’heure cruciale où ton corps réclamait, sans plus attendre, sa quintuple ration de branlette quotidienne, il te fallait passer et repasser devant ce sinistre chapiteau, objet de tous tes fantasmes et de toutes tes convoitises, tout en t’essayant à jeter des regards furtifs afin de découvrir l’emplacement où Monsieur Vincent fourguait sa collection de magazines défendus, qui à cette époque, répondaient au doux et innocent patronyme de Lui, New Look ou Union. Voire, pour les plus chanceux, de Hot Vidéo, ce magazine putassier à souhait qui ne révélait tout ses charmes et tout son potentiel qu’après s’être fendu d’une lettre circonstanciée envoyée à monsieur le rédacteur en chef pour que ce dernier daigne t’envoyer en toute discrétion, un jeu de précieuses vignettes à coller, te permettant enfin de comprendre, pourquoi la jeune jouvencelle de la page 38 présentait une bouche si outrancièrement gonflée.
Cependant, avant de se décider à passer à l’action et de faire montre d’assez de courage et d’audace pour s’emparer du magazine de charme, il fallait avant tout choisir son moment, de préférence l’heure molle du début d’après midi où le risque de tomber sur la concierge de l’immeuble venue acheter la dernière livraison d’Ici Paris restait dans la limite du raisonnable. L’heure affable où Monsieur Vincent s’emmerdait comme un rat mort et somnolait tout son soûl derrière son comptoir à rêver à sa ferme dans le Périgord où il ne tarderait pas à prendre sa retraite, tout en s’avalant de temps à autres quelques rasades de calvados pour tenir le coup.
Enfin, arrivait l’heure tant attendue où plus personne ne poireautait devant le tourniquet des quotidiens, où du plus loin que le regard portait, pas une âme en vue ne se profilait à l’horizon. L’heure de passer à l’attaque. Tout tremblant d’émotion, suant comme un soudeur travaillant à la chaine dans une mine péruvienne, écarlate comme un poisson rouge qui se serait suicidé en avalant une des ses arêtes, tu parvenais alors dans le sein des seins, nez à nez avec des revues où des créatures ensorcelantes, en tenue vaporeuse, te promettaient un voyage inoubliable dans des contrées luxuriantes de luxure et de stupre.
Le temps était compté. Le cerveau congelé, tu t’emparais de la première revue disponible, pas le temps de la feuilleter, et sans croiser le regard de Monsieur Vincent, tu présentais la dite revue sur le petit présentoir, avec la somme exacte que tu avais pris soin de compter et de recompter durant tout le temps passé à arpenter en long et en large l’avenue de la république de Charles de Gaulle à Jean Jaurès. Evidemment, cette enflure de M. Vincent, qui ne se souvenait pas qu’il avait été jeune lui aussi, prenait un temps infini à s’emparer de la revue, à regarder combien elle pouvait coûter, avant de vérifier pièce après pièce qu’il ne manquait pas un centime. Et pendant ce temps là, inévitablement, tu sentais derrière toi la présence menaçante d’une personne, peut-être ton père, ou pire ton grand frère, trépignant d’impatience, la dernière édition du Monde à la main.
Finalement Monsieur Vincent t’autorisait à repartir chez toi. La partie était gagnée. Enfin presque. Parce qu’il se trouvait que, manque de pot, tes chers parents avaient eu la saugrenue idée d’habiter dans une rue distante de 300 mètres de l’avenue Jean de Gaulle. Là deux solutions s’offraient à toi. Si tu avais économisé assez d’argent de poche, tu avais pris la précaution d’acheter en même temps que ton magazine pour gros cochon pervers et solitaire, la dernière parution de Best ou de RocknFolk, parfait cache sexe, qui te permettrait de rentrer chez toi en sifflotant, voire même de t’en servir pour cacher l’horrible bosse qui déformait ton pantalon, vu que ta turgescence, en pleine révolution copernicienne, au bord de l’extase, te remerciait d’avance de l’avoir tant gâté. Sois tu étais pauvre comme le fils caché de l’Abbé Pierre, et tu étais condamné à planquer ta revue sous ton blouson et à raser les murs en priant le ciel de ne croiser personne de ta connaissance, et surtout pas ta pauvre mère qui ne manquerait pas de s’apercevoir, rien qu’en te regardant, que tu avais quelque chose à te reprocher.
Finalement, te voilà rentré chez toi, dans la quiétude de ta chambre….
A suivre. Ou pas. C’est moi qui décide. ( Seulement en cas de plébiscite)
la suite !
Vous avez oublié la revue du pauvre ou du timide, le célèbre catalogue de La Redoute…
Sinon, le sujet vous réussi, on sent que la plume glisse sans effort.
Il est évident que vous ne pouvez décemment nous laisser ainsi en plein milieu du gué : entre cet état quasi concupiscent dans lequel nous plonge la lecture de ce billet faisant appel à certains de nos souvenirs adolescents, et cette envie (t)urg(esc)ente de consommer résolument, d’un œil goguenard plus que d’une main fébrile, la suite littéraire et potentiellement jouissive où votre esprit libertin saura nous guider grâce aux expériences onanistes de vos jeunes années ; mais si je me fie à votre penchant immodéré pour l’ironie grinçante et à votre maîtrise de l’art du contre-pied, dont vous abusez parfois au-delà du supportable, le risque est grand que, la partie perverse et désormais adulte de votre intellect n’en décidant ainsi, mon excitation alors bassement éveillée ne soit obligée, contrite, de retrouver « flaccidement » un état neurovégétatif qui la caractérise trop souvent…
Quelle iconographie géniale! Ces décolletés sentent la madeleine à plein nez.
Mais, si je peux me permettre, cela ressemble plus à un exercice littéraire (réussi quand même..) qu’à des souvenirs. Car si je me souviens bien, à cet époque, tout ce qui nous tombait sous la main faisait l’affaire, le programme télé, les danseuses du saloon de Lucky Luke, évidemment le catalogue de la Redoute d’avant Photoshop (comme le précise bien à propos Riad Sattouf dans Les Beaux Gosses), voire un ticket de métro froissé bizarrement nous transportaient dans la piscine de Hughes Heffner avec les Barbie Twins plus vite que le Concorde…
Mais, s’il vous plaît, continuez. J’adore ce que cela raconte de la nature humaine.
c’est bizarre vous évoquez tous le catalogue de la Redoute mais jamais, jamais je ne l’ai eu entre les mains. Impression d’être passé à côté de quelque chose là.
LS, en tant que supporter des Verts, vous deviez nager dans le catalogue Manufrance, au moins.. 🙂
Beatriz Preciado vous connaissez?
Elle dit un truc comme ça sur Playboy :
“Comme dans l’utopie sexuelle du magazine, le néolibéralisme vient abattre les frontières traditionnelles entre travail et loisir, masculinité et féminité, production et reproduction, intimité et espace publique.”
http://www.youtube.com/watch?v=uGcraj-9guM
Ps : la suite vous vous la gardez.
mais jusqu’où ira se nicher le néo, l’ultra libéralisme et autres doctrines évangéliques de la modernité tardive…
C’est désespérant, alors qu’il s’agirait de simplement jouir de la prose du redoutable L. Salassovitsch, très en verve sur le sujet (Plus que sur la version Vancouverienne de l’Auto LIb’ parisienne, comme quoi, oui, la mondialisation c’est pas un vain mot, finalement)
Continuez donc, et n”hésitez pas à en rajouter question nostalgie avec ces photos au grain légèrement passé.
@nicopedia: rien compris. désolé. Je suis lilmité intellectuellement
@bernard: vous voulez du salace à ce que je vois! Petit frippon
Aaah!!!!ouiiiiiii!!!!aaaaaahhhhhh!!!!encore!!!!!! On en redemande!!!!!
Hé, tu chies dans la colle, mec.
Tu me piques mes sujets.
J’allais en causer, de l’époque pré-youporn et compagnie.
Dans un billet un peu chiader que je prends pas le temps d’écrire. Merde, quoi.
Bon, t’es excusé si t’écris la suite.
Mais gaffe, mec. Je t’ai dans le viseur. T’as pas intérêt à saloper le boulot, hein.
Mike : faire feu de tout bois. Putain, t’as tout à fait raison.
le cul appartient à tour le monde bordel!
justement !
et nous les femmes, nous le charme…
la libido enfin débridée
après des siècles de régime sec
http://www.youtube.com/watch?v=o1ONRpYDkhA
Laurent : si seulement… 😉