Vancouver, la chute

 
La chute est dure: depuis vendredi dernier, Vancouver n’est plus la ville au monde la plus agréable où vivre. Elle a dégringolé lamentablement à la troisième place du classement opéré comme chaque année par The Economist, devancée désormais par Vienne et Melbourne. Ca fait mal. Se faire dépasser par des australiens à peine sortis de leur cambrousse, passe encore, mais se faire croquer tout cru par des bougres de bourgeois d’autrichiens à peine dénazifiés, la pilule de Zyklon B est dure à avaler.
Il est vrai que la nouvelle était attendue. Moi même, qui pourtant ne sort jamais de chez moi ou alors seulement quand le soleil est de la partie, soit le 23 juillet de chaque année, j’avais bien noté depuis quelques mois, que quelque chose d’imperceptible mais pourtant de bien réel, avait changé dans l’atmosphère de la pacifique cité: les mouettes tiraient une tronche d’enterrement, les écureuils se traînaient à l’ombre d’arbres à la mine pataude, les ratons laveurs avaient encore grossi, leurs estomacs ventripotents râpant le bitume, les coyotes se terraient dans la foret et n’osaient plus s’aventurer en ville pour laper des litres de café à l’eau au Starbucks du coin, les ours arrivaient à peine à tenir sur leurs skis, les phoques et autres otaries rechignaient à venir piquer une tête en pleine centre-ville. C’est dire.
 

 

Même les montagnes avaient perdu de leur beauté d’antan, jouant sur leurs acquis, pas foutus d’élever leur niveau de jeu, se “saminasrisant “ à vue d’œil. Elles ronronnaient des hivers pluvieux, sous un ciel de plus en plus maussade. Les habitants n’étaient pas en reste. Tout juste si la mairie ne devait pas les appeler tous les matins pour leur rappeler d’avaler leur portion quotidienne de 15 kilomètres à parcourir à cloche-pied, en moins de douze minutes. Les vieux, au lieu de filer doux, sur leurs vélos profilés, le long du Pacifique, avaient tendance à flemmarder de plus en plus, et n’hésitaient plus à s’accorder des pauses interminables pouvant dépasser la minute, tandis que leurs troupeaux de chiens, en forme post-olympique, refusaient de nager plus loin que deux miles de la côte.
Les chinois souriaient encore moins que d’habitude, les junkies ne maniaient plus avec leur célérité habituelle leurs seringues d’héroïne, et la ville avait dû organiser, de toute urgence, des classes de rattrapage, pour qu’ils n’accusent pas un retard trop conséquent sur leurs voisins défoncés de Seattle. Sûr que pendant ce temps là, ces gnougnouniafiers de viennois devaient en profiter pour affûter encore un peu plus leurs techniques de dépistage de youpin, enfin plutôt du seul youpin que leurs grands-parents avaient oublié de dénoncer à la Wehrmacht lors de la belle époque de la seconde guerre. 
 
 
 

 

 

N’empêche, se retrouver comme ca troisième place, alors que depuis des années on plastronnait en tête du classement, ça vous casse net le moral d’un déporté. Surtout d’un déporté français. Certains ont dit, ça c’est encore la faute à Sarkozy, on aurait dû voter Bayrou en 2007 ; quelques plaisantins, des nouveaux arrivés à coup sûr, pas encore défrancisés, ont suggéré d’inviter DSK pour une tournée gratuite des suites d’hôtels de la ville; d’autres ont avoué, lors de la réunion du comité central des français boutés hors de France, que depuis les Jeux Olympiques de 2010, ils ne passaient plus leurs tondeuses qu’un jour sur deux, que pour effectuer leurs courses, ils avaient pris la sale habitude d’utiliser leur voiture plus d’une fois par mois, et que, pour couronner le tout, ils avaient ramené en douce, de leur périple au Mexique, des cageots d’avocats élevés en usine. Après avoir longuement délibéré, le conseil de la Renaissance Nationale a tranché dans le vif, et les a condamnés à séjourner plus de deux semaines en Métropole, au cours de l’année à venir. Vu que Paris se morfond comme un petit morveux de cancre, à la seizième place, la sanction est à la mesure du traumatisme subi.

Moi j’avais voté pour les dézoner directement à Haare (Zimbabwe) ou à Dacca (Bangladesh), villes qui trustent les dernières places au classement général, pour qu’ils se rendent compte un peu, quelle chance ils ont de vivre dans une ville où il est possible de pagayer à 6 heures du matin sur les eaux calmes du Pacifique et de se retrouver à 6h34, toujours du matin, en train de dévaler des kilomètres de pistes de poudreuse. S’ils ne changent pas leur compartement honteusement laxiste, l’année prochaine, on leur organisera un voyage organisé, aux frais des anciens combattants du Hamas, dans les faubourgs de Téhéran voire dans la banlieue de Damas ou celle de Tripoli, si elle existe encore. J’en connais, depuis l’annonce des sanctions adoptées, qui font moins les malins. Moi le premier. Depuis ce matin, j’entraine mon chat en vue du marathon des félins sémites qui soit se tenir en 2013, à Tel Aviv, avec port de la kippa impératif, et obligation de s’astreindre à un régime de croquettes casher.

Bio les croquettes bien sûr.

 

12 commentaires pour “Vancouver, la chute”

  1. Rassurez-vous, je suis sur que cette décision qui nique (et n’existant qu’à la faveur d’un pot de vin en fer) n’a rien à voir avec le fait que vous ayez emménagé là-bas, loin de quoi déjà?
    Bien qu’en y réfléchissant bien, le choix d’un comité antisémite (naturellement, dés que plus de trois personnes délibérent ensemble) ne peut aller en faveur d’une ville qui recueille les stigmatisés de votre espèce.
    Bon hiver.

  2. @mike, j’aime votre humour distancié:) ni indifférent, ni détaché
    je connaissais vaguement ce classement, quel en est l’intérêt, honnêtement? vienne, vancouver ou trifouillezy-les-noix.. (qui l’eut cru que j’oserai) vraiment je m’en fiche
    le sujet tombe à pique (sans faute) pour placer comme dirait l’autre^^… “le paradis, c’est là où je suis”

  3. et ca continue à draguoter. Je ne vous dérange pas au moins?
    N’importe où, hors du monde a dit le poete.

  4. Tout ça pour une histoire d’autoroute fermée et d’embouteillages… quel dommage !
    Mais je suis certain que Vancouver retrouvera la première place l’an prochain, elle la mérite tellement !

  5. merci pour elle! M’en vais dire la bonne nouvelle aux canards de Stanley Park!

  6. En fait, vous aimez bien vous plaindre, non ? Vous avez oublié Paris ? On m’a volé mon vélo, fidèle compagnon de 12 ans de vie commune, et depuis lundi, je reprends le métro, avec des gens sinistres, assomés par des médias qui ne parlent que de catastrophe monétaire, furibard de s’être endettés jusqu’en 2178 pour se payer un appart’ sombre, mais dans le “charmant quartier d’artistes” que leur sensibilité, pense-t-il, mérite, frétillant d’avoir croisé Pierre Arditi à la boulangerie, condamnés à se jeter dans les bras de la même classe politique promet toujours la même chose, prospère au fur et à mesure que ce pays s’alanguit… Franchement, j’imagine qu’au moins, à Vancouver, on respire un autre air… Cest déjà au bord de la mer, Paris, c’est au bord du périphérique… So, Enjoy, mister LS…

  7. sincérement, et pour une fois, sans ironie aucune, je vous plains. Paris pouah!

  8. Bon, je me suis un peu excité ce matin, il faut dire aussi que depuis lundi, le métro est envahi par des flopées de moutards hyper actifs direction les écoles du 6eme arrondissement. Deviner lesquels deviendront énarques, délinquants en cols blanc ou plus simplement pervers sexuel gérontophiles est un jeu qui ne vaut pas les coups de cartable pesant leur poids de savoir qu’on se prend dans les genoux. Les gosses au Canada prennent-ils les transports en commun en tenue complète de Hockeyeurs ? Ceci nous est au moins épargné.

  9. bah non, ils prennent le bus scolaire ou ils vont à pied ou à vélo. Pas fous les canadiens!

  10. et vous n’avez pas ces stupides débats sur le port de la blouse, je suppose.

  11. on doit pouvoir corréler le classement avec l’espérance de vie encore que, je ne suis pas sûre qu’une ville du japon soit citée surtout depuis la catastrophe de fukushima…
    peu importe, je n’ai aucune envie de m’expatrier au canada et encore moins dans l’hémisphère sud

  12. On dirait que Paris n’a pas que des travers…
    Qu’en pensez-vous M. Sagalovitsch?

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