Quelqu’un avait dû calomnier Dominique K, car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin…. K vivait pourtant dans un État libéral; partout régnait la paix, les lois étaient respectées; qui donc osait venir ainsi l’agresser chez lui?
K était toujours enclin à prendre autant que possible les choses du bon côté, à ne croire au pire que lorsqu’il arrivait et à ne pas prendre de précautions pour l’avenir même quand tout menaçait. Mais cette fois, une telle attitude ne lui paru pas la bonne; bien entendu, on pouvait considérer tout cela comme une plaisanterie, grossière il est vrai, que lui auraient faites, pour des raisons qu’il ne connaissait pas, ses collègues de la banque… Qu’on dise plus tard qu’il ne comprenait pas la plaisanterie, K. n’y voyait qu’un danger minime, mais en revanche, bien qu’il ne fût pas dans ses habitudes de tirer des enseignements de l’expérience, il se rappelait quelques cas, à vrai dire insignifiants, où, à la différence de ses amis, il s’était sciemment conduire de manière imprudente, sans se soucier le moins du monde des conséquences et où il avait été puni par les événements…

Comment puis-je être arrêté? Et surtout d’une telle façon?
- Voici mes papiers d’identité dit K.
- Que voulez vous que nous en fassions? s’écria le grand gardien. Vous vous comportez plus mal qu’un enfant. Que cherchez vous donc? Voulez-vous en finir rapidement avec votre grand, votre maudit procès en discutaillant avec nous de papiers d’identité et de mandats d’arrêt. Nous sommes des employés subalternes, à peine au courant de ce que sont des papiers d’identité et n’avons rien d’autre à voir avec votre affaire que de vous garder dix heures par jour et d’être payés pour cela. Voilà tout ce que nous sommes et pourtant nous sommes capables de nous rendre compte que l’Administration au service de laquelle nous nous trouvons se renseigne très exactement sur les raisons de l’arrestation et sur la personne de l’inculpé avant de délivrer un mandat d’arrêt. Il n’y a là aucune erreur. C’est la Loi. Ou pourrait-il y avoir une erreur? K ne répondit plus rien. « Dois je donc », pensa t-il, » me laisser encore troubler davantage par le bavardage de ces subalternes au bas de l’échelle ? Puisque c’est cela qu’ils sont, comme ils le reconnaissent eux mêmes. Seul leur bêtise peut leur donner cette assurance, quelques mots échangés avec une personne de mon rang rendront tout instantanément bien plus clair que les plus longs entretiens avec ces gens-là. .
-
- ( Avec l’aimable autoristation posthume de Franz Kafka)
“K était toujours enclin à prendre autant que possible les choses du bon côté”.
Ma foi, voilà une parfaite description de D., qui aime tant, lui aussi, “prendre les choses”, absolument toutes, en “bon vivant” qu’il est, et du “bon côté”, si l’on peut dire !
http://www.dailymotion.com/video/xirqlf_dsk-a-rikers-island_fun
Quelqu’un a effectivement dû calomnier Dominique K.
Merci pour ce petit rappel Kafkaien.
oui et non
oui même sans un tel procès, il a déjà perdu
non la seule chose qui sera broyé c’est sa queue
et encore, parce qu’il n’aura pas hésité à la mettre plusieurs fois dans la machine judiciaire
oh la crudité de vos dires me heurtent profondément!