Photographier le contenu de son assiette, mais pourquoi donc?

 

 

De plus en plus de gens photographient compulsivement le contenu de leurs assiettes. L’auteur du blog du Guardian The Word of Mouth se demande si cela ne les empêche pas de simplement profiter d’un repas… Mais d’où vient cette curieuse obsession d’enregistrer visuellement tout ce que nous avalons?

Platter, une nouvelle application permettant de partager son dîner en photo et de tagguer les principaux ingrédients, rejoint une myriade d’autres sites. Foodspotting, le chef de file qui permet de «recommander des plats, et pas seulement des restaurants», a comptabilisé plus d’un million d’images téléchargées sur son site depuis deux ans. Foursquare, SnapDish et Instagram surfent aussi sur cette tendance. Twitter, Facebook et Pinterest sont également innondés de photos de repas… Un des groupes les plus actifs de Flickr est I Ate this (ce que j’ai mangé), où plus de 25 000 membres ont partagé 470 000 images!

Les bloggeurs ne sont pas en reste. Libby Andrews, auteur du blog Libby Ravenous, raconte au Guardian que ses amis et sa famille connaissent le refrain: «Quand un plat arrive sur la table, tout le monde sait qu’il ne faut pas y toucher avant que j’aie pris une photo rapide».

Alors pourquoi ce besoin de graver sur son I-phone ou son appareil ohoto tout ce qu’on avale? Le Guardian évoque une étude de l’agence 360i, réalisée en 2011: pour le quart des photos de nourriture, il s’agit juste de publier un «journal alimentaire», de partager quelques moments de sa vie. Pour 22% des utilisateurs de ces applications, il s’agit plutôt de frimer avec leurs beaux plats faits maison… Pour 16% le but est d’enregistrer une occasion spéciale, pour 12% de crééer une œuvre d’art alimentaire, et pour 10% d’immortaliser sa famille ou ses amis en train de manger…

Beaucoup de restaurants, après quelques réticences, acceptent maintenant que les clients photographient allégrement les plats. Pour Juliette, qui tient un restaurant vietnamien, «cela veut dire qu’ils sont fiers de ce qu’il mangent. […]Certaines personnes font des photos un peu arty, parce qu’il veulent faire bonne figure. Après tout, ce que vous mangez et ce que vous affirmez manger sur les réseaux sociaux est un reflet de vous-même». Mais pour l’auteur de cet article, cela ne nous ferait pas de mal d’empiler les smartphone au milieu de la table, de laisser tomber photos et appels, pour profiter simplement d’un bon repas…

Photo: Meal of Restoration/ SanFranAnnie via Flickr CC License by

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Le food truck, un remède à la crise?

Le food truck (camion de nourriture), un moyen de manger bon et pas trop cher? En France, le food truck se résume aux camions à pizzas ou à frites, ou aux nouveautés comme Le Camion qui fume, qui déchaîne les aficionados de burgers parisiens. Aux Etats-Unis, ce mode de consommation est largement plus répandu. Mais en Californie, une nouvelle proposition de loi veut interdire aux food trucks de stationner à moins de 500 mètres d’une école publique. Vu le nombre d’écoles en Californie, cette mesure serait un obstacle non négligeable pour ces petites échoppes mobiles…

Ce n’est pas la première fois que les autorités essayent de limiter l’essor de ces camions aux Etats-Unis. L’argument? Les food trucks piqueraient les clients des restaurants plus établis. En Californie, ils démoliraient aussi les effort pour nourrir correctement les enfants… Un article de GOOD s’insurge contre cette vision faussée. Pour Nona Willis Aronowitz, il faut encourager le food truck, qui peut être un remède à la crise.

Pas cher

Pour l’auteur, il ne faut surtout pas lutter contre la multiplication de ces camions colorés, car ils nous aident à amortir le choc de la crise, dans un contexte d’augmentation des prix des denrées alimentaires et de diminution du temps de pause. Le food truck permet de manger pour pas cher, et cela a d’ailleurs toujours été une évidence aux Etats-Unis: quelques pièces suffisent pour acheter un bagel à New-York ou un taco à Los Angeles. Mais le public des food trucks s’est diversifié ces dernières années, en s’élargissant vers la classe moyenne, attirée par les plats gourmets et pas cher.

Jeremy Epstein, propriétaire d’un camion à pizzas à New York, parle carrément de «cuisine de récession». Même “les hommes d’affaires ne veulent plus dépenser des tonnes d’argent dans des repas avec les clients, ils veulent quelque chose de différent”.

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Manger sain n’est pas bon pour la planète


Patatras. A ceux qui en rêvaient encore, le meilleur des mondes n’existe pas. Même pas dans votre assiette. Vous croyiez que manger sain était bon aussi pour l’environnement? Qu’en protégeant sa santé, vous agissiez directement pour un monde plus durable?

Et bien non: «l’impact carbone est peu influencé par la qualité nutritionnelle des régimes», tranche une toute nouvelle recherche de l’Inra, l’Institut National de la Recherche Agronomique apportant un démenti cinglant à toutes les allégations inverses.

Et les chercheurs d’enfoncer le clou: Chez les femmes, l’alimentation des mangeuses «inadéquates» –selon la terminologie de l’institut– a même un impact carbone plus faible de celle des mangeuses «adéquates»». Autrement dit, manger sain augmenterait la «facture carbone» de près de 10%!

Nicole Darmon, l’une des auteurs de cette recherche, était la première étonnée. En effet, toutes les  recherches donnaient des signaux clairs: par exemple, l’élevage de la viande –surtout rouge– provoque plus d’émissions de gaz à effet de serre que la culture des fruits et légumes: en moyenne, 100 g de viande «émettent» 10 fois plus d’équivalent carbone que 100 g de fruits et légumes.

Mangeur «adéquat» contre «inadéquat»

Or qu’est-ce qu’un mangeur «adéquat»? C’est celui qui remplit trois conditions:

  1. Avoir une alimentation riche en nutriments essentiels protecteurs (vitamines, minéraux, protéines, etc….).
  2. Avoir des apports faibles ou modérés en nutriments dont il faut limiter consommation (sodium, sucre, acides gras saturés).
  3. Privilégier des aliments à densité énergétique faible, autrement dit, pour faire simple, contenant peu de calories aux 100 grammes. Un élément dont on a visiblement démontré le rôle dans la lutte contre l’obésité.

Pour réunir ces trois conditions, précise l’INRA, «il n’existe pas un seul bon régime alimentaire, mais sans doute de très nombreux». Certains se passent de viande rouge, ou de produits laitiers, d’autres pas.

La santé est dans votre assiette. Le carbone aussi.

Mais à disséquer l’alimentation au jour le jour d’un bon millier de Français, Nicole Darmon et ses collègues ont constaté quelques incontournables. Les mangeurs «adéquats», selon la terminologie Inra, consomment notamment une large proportion de fruits, légumes, légumes secs, céréales complètes, fruits oléagineux, etc. Et limitent en revanche leur ingestion de charcuterie, pâtisseries, acides gras saturés….

Du coup, les individus ayant la meilleure qualité nutritionnelle consomment plus d’aliments végétaux: ceux-ci représentent 2/3 du poids des produits ingérés quotidiennement (hors boissons) contre moins 50% pour les autres. Théoriquement, le bilan carbone de ces «bons» mangeurs devrait donc s’en trouver limité!

Et bien non!

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Tartare vs sushi, lequel est le plus vert?

<a href="http://www.flickr.com/photos/quinnanya/3821689527/">Tartare</a>/quinn.anya via Flickr<a href="http://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.fr"> CC License by</a>

Tartare/quinn.anya via Flickr CC License by

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Vous aimez autant le steak tartare que le poisson cru, et faites attention à l’environnement? Alors vous vous êtes peut-être déjà posé cette question, qu’un internaute a récemment soumise à l’Explication: le vrai écolo mange-t-il des sushis ou des steaks tartares?

Avant de rentrer dans les détails, rappelons quelques règles générales qui s’appliquent à tous types de nourriture, et qui peuvent faire pencher la balance pour l’un comme pour l’autre de nos deux concurrents. D’abord, la proximité géographique: en termes d’émission de gaz à effet de serre, un bœuf ou un poisson élevé à côté de chez vous est préférable à un steak importé d’Argentine ou à un poisson pêché au large du Japon. Transporter des aliments autour du monde augmente considérablement leur empreinte carbone à cause de l’énergie utilisée dans le processus.

Deuxième règle générale: que vous mangiez un tartare ou un sushi, les conditions d’élevage sont déterminantes. L’impact environnemental d’un produit issu d’un animal élevé selon un mode de production biologique est en théorie moindre que celui d’un animal produit dans des conditions industrielles. Achetez des produits labellisés, comme celui AB (pour Agriculture Biologique), ou assurez-vous que le restaurant que vous choisissez le fait. Enfin, préférez les produits frais à ceux congelés: la surgélation (congélation ultra-rapide en quelques minutes) des aliments et leur conservation au froid utilisent beaucoup d’énergie.

Bon, alors, entre un tartare et un plateau de sushis qui respectent ces règles, lequel est le meilleur pour l’environnement?

Viande et gaz à effets de serre

L’empreinte carbone de la viande fait l’objet d’un débat passionné depuis plusieurs années. En 2006, un rapport détaillé de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dressait un constat sans appel: l’élevage de bétail utilise plus de terres que n’importe quelle autre activité humaine, est une des plus grandes sources de pollution de l’eau et représente 18% des gaz à effets de serre dus à l’activité humaine, soit plus que tous les trains, avions et voitures de la planète réunis.

A cause de leur grand appétit, les ruminants nécessitent une grande quantité d’engrais, de pesticides et d’énergie pour produire leur nourriture, et produisent aussi beaucoup de méthane, un gaz à effet de serre particulièrement nocif, au cours de leur digestion.

Pire pour le tartare, la viande rouge est encore plus mauvaise pour l’environnement que les autres. Selon une étude gouvernementale britannique de 2006 prenant en compte l’utilisation d’énergie, de pesticides, de terres et de ressources non-renouvelables ainsi que l’impact sur le réchauffement climatique, l’acidification et l’eutrophisation, le bœuf est la pire des viandes pour l’environnement, devant l’agneau, alors que le poulet et la dinde sont les viandes les plus «vertes». Seul avantage du bœuf sur les autres viandes: il peut être élevé sur des sols non-arables, contrairement aux porcs ou aux volailles.

Coup de tonnerre

Mais début 2010, le spécialiste de la qualité de l’air au département des sciences animales de l’Université de Californie Frank M. Mitloehner est venu redonner espoir aux millions d’écolos amateurs de steak tartare en présentant les résultats de ses travaux lors du 239e meeting national de l’American Chemical Society à San Francisco. Selon lui, non seulement la réduction de la consommation de viande n’a pas de véritable impact dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais elle a aussi pour conséquence de détourner l’attention du plus grand nombre des solutions les plus efficaces pour lutter contre les changements climatiques mondiaux. Il pointe notamment les problèmes de méthodologie de l’étude de la FAO de 2006, qui faisait jusque là référence.

Si une petite partie des travaux de Mitloehner a été financée par les producteurs de viande, les résultats ont été pris au sérieux et ont rééquilibré le débat autour de l’empreinte carbone de la viande. Mais ils ne changent rien au fait que les bovins émettent naturellement de grandes quantités de méthane, et que leur élevage nécessitent beaucoup de ressources naturelles.

Sushis et biodiversité

Du coté des sushis, les flatulences des poissons ne représentent pas un danger environnemental, mais le principal problème est ailleurs: la réduction parfois alarmante des stocks liée notamment à la surpêche, qui menace la biodiversité des océans.

Dans son dernier rapport sur la question, la FAO estime que 32% des stocks de poissons de la planète sont surexploités, épuisés ou en phase de reconstruction, et doivent être restaurés d’urgence, alors que la consommation mondiale de poisson n’a jamais été aussi importante (17kg par habitant par an en moyenne).

Parmi les poissons qui se retrouvent souvent sur les plateaux de sushi, tous ne sont pas dans la même situation. Le cas du thon rouge, dont les réserves sont menacées, a été largement médiatisé en 2010, tandis que le saumon sauvage est également en danger.

Élevage ou pas, technique de pêche et origine…

Pour éviter de faire disparaître des espèces entières, il y a la solution de l’élevage, qui représente une part sans cesse croissante du poisson consommé à l’échelle mondiale, et une grande majorité du saumon consommé en France par exemple. Mais l’élevage entraîne d’autres dangers pour la planète: il faut nourrir les poissons et donc en tuer d’autres plus petits, les fermes aquacoles produisent de la pollution souvent rejetée directement dans l’océan, présentent un risque d’eutrophisation ou encore avoir un impact sur le patrimoine génétique d’une espèce. Même les conditions d’élevage «bio» ne satisfont pas tous les experts.

D’élevage ou sauvage, origine géographique, espèces de poisson, conditions d’élevage et techniques de pêche: les facteurs à prendre en compte sont nombreux pour s’assurer de manger du sushi vert. Pour savoir si le menu B1 est moins mauvais pour la planète que le C5, l’amateur de poisson cru peut consulter des sites comme celui-ci (Etats-Unis) ou celui-là (France) qui comparent l’impact environnemental de chaque type de sushi, en attendant que plus de restaurant de sushis éco-responsables voient le jour.

Verdict

Au final, le choix de l’animal cru qui va se retrouver dans votre assiette ce soir dépend de vos priorités: si vous êtes un fan de plongée sous-marine et que la biodiversité des océans vous tient à cœur, optez pour un tartare issu d’un bœuf bio élevé en France. Si vous vous inquiétez du réchauffement climatique et de la diminution des terres agricoles disponibles, munissez-vous du guide des sushis responsables et descendez harceler votre poissonnier de questions sur l’origine et les conditions de pêche ou d’élevage de ses poissons.

Grégoire Fleurot

L’explication remercie Mathieu Wernet pour avoir posé la question et Anne Barbarit de Graines de changement.

Vous vous posez une question sur l’actualité? Envoyez un mail à explication @ slate.fr

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Une orange vaut-elle un comprimé de vitamine C ?

Vitamines / shannonkringen via flickr CC License By

 

A ma gauche, des oranges de supermarché pas bien appétissantes. A ma droite, les compléments alimentaires et les vitamines miracles des comptoirs de la pharmacie qui vous promettent une forme olympique avec une petite cure. Prendre ses vitamines dans des comprimés est-il aussi efficace que de les prendre dans des aliments? Tous les types de vitamines se valent-ils?

L’orange ou le comprimé de vitamine C

Les nutritionnistes que j’ai eues au téléphone n’ont pas entendu parler d’études qui s’intéressent spécifiquement aux vitamines en gélule par rapport aux vitamines naturellement comprises dans nos aliments.

Pas de statistiques, donc, mais quelques faits: les aliments contiennent d’autres choses que des vitamines. Quand on choisit d’avaler un comprimé de vitamine C plutôt que de croquer dans une orange, on oublie que dans l’orange il y a aussi des fibres, de l’eau, du fructose…

«Bah y a qu’à prendre des comprimés de fibres», me répondront ceux qui détestent les fruits et les légumes. Certes, mais les fibres en capsule sont pour la plupart des fibres irritantes, explique la diététicienne Florence Pujol (qui vient de sortir Je mange et je suis bien aux éditions PUF), contrairement aux fibres de l’orange ou des courgettes qui sont des fibres douces.

Sans oublier qu’on en découvre encore tous les jours sur nos aliments, note la diététicienne Séverine Sénéchal. Et qu’on ne peut prendre des comprimés que pour les nutriments dont on connaît l’existence…

Le casse-tête de la vie en comprimés

D’autant que prendre des compléments alimentaires n’est pas aussi facile que d’avaler une gélule avec un grand verre d’eau, surtout pour les cocktails de vitamines, oligo-éléments et sels minéraux. Certaine nutriments en empêchent d’autres d’être absorbés, explique Florence Pujol, tandis que d’autres ne fonctionnent qu’en couple.

Par exemple, si vous prenez des compléments alimentaires où il y a du calcium mais pas de vitamine D, «ça ne sert à rien, parce que votre corps ne fixera pas le calcium, même avec une grande dose», détaille Florence Pujol, qui rappelle également que certaines gélules sont fabriquées à partir de molécules qui peuvent jouer un rôle bloquant: votre cure de calcium n’aura servi à rien si la gélatine qui constitue les capsules contient des acides phytiques [PDF]. D’autres couples fonctionnent ensemble: magnésium et vitamine B6, calcium et magnésium, fer et vitamine C…

Il ne suffit donc pas de se saisir de n’importe quel cocktail de vitamines en espérant que ça compense pour le beurre (vitamine A et D), le jaune d’œuf ou l’huile de foie de morue (vitamine D), les noix et certaines huiles (vitamine E), et tous les fruits et légumes (trop de vitamines pour les inscrire toutes!).

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Réfléchissez avant d’acheter bio et/ou local

Une agricultrice récolte du maïs en Indonésie, le 29 septembre 2011. REUTERS/Sigit Pamungkas

Alors que le gouvernement américain s’attèle à mettre en place des réductions de budget qui toucheront tous les domaines, des dépenses militaires à l’assurance maladie en passant par la réparation des ponts, une des réductions envisagées, correspondant à 0,00025% de la valeur de réduction du déficit d’un montant de deux mille milliards de dollars a particulièrement retenu l’attention du public: le soutien aux marchés de producteurs locaux.

Ces 5 millions de dollars de subventions risquent de disparaître du budget agricole de 2012 et provoquent une grande inquiétude. La Farmers Market Coalition affirme que ce programme est «un succès unique dans l’histoire des politiques agricoles états-uniennes».

L’ère des cosmovores

Est-ce si surprenant? Les chaînes de supermarchés, de Whole Foods à Safeway ne cessant de proclamer qu’elles vendent des produits sains issus d’exploitations agricoles voisines, acheter localement et consommer des produits bios et non-génétiquement modifiés semble être une excellente idée pour vous comme pour la planète.

Voilà bien quelque chose que le gouvernement devrait soutenir, n’est-ce pas?

Et bien, pas vraiment. Car ces fétichistes du retour aux sources de l’alimentation sont un danger pour les personnes les plus pauvres à la surface du globe. Si vous voulez faire un vrai geste, laissez tomber le bio et l’achat local et devenez un consommateur global, mais averti. Nous devrions entrer dans l’ère des cosmovores –les consommateurs cosmopolites de la nourriture mondiale.

Ne diabolisons pas les OGM

Commençons par les modifications génétiques –les gènes d’un organisme sont insérées dans d’autres organismes par des scientifiques dans des laboratoires. Le ministre de l’agriculture de Pologne, Marek Sawicki, a récemment demandé que l’Europe interdise la culture et l’importation de produits génétiquement modifiés.

Mais pourquoi de nouvelles cultures labellisées OGM seraient-elles plus risquées que les anciennes semences «traditionnelles», dont les graines sont régulièrement bombardées de radiations afin de provoquer des mutations?

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Pourquoi faisons-nous 3 repas par jour?


«On ne mange pas entre les repas», ou «trois repas par jour» font partie de ces phrases toutes faites que nous avons tendance à suivre sans vraiment y réfléchir. Pourtant, prendre trois repas par jour est une habitude parfaitement culturelle «qui ne repose sur aucun argument biologique», affirme Paul Freedman, professeur d’histoire à l’Université de Yale aux Etats-Unis et auteur de Food: The History of Taste (La nourriture: l’histoire du goût). Un article d’Alternet est consacré à ce rituel qui se perd de plus en plus.

Les humains ont besoin d’être rassurés par des habitudes, des rituels prévisibles, comme celui de prendre trois repas par jour, explique le professeur. Mais selon les époques, les milieux sociaux, le nombre de repas par jour varie. Un paysan européen au Moyen-Age «commençait par une bière, du pain le matin, puis emportait de la nourriture aux champs pour un repas conséquent qu’il prenait entre 2 et 6 heures ou même plus tard, selon son travail, la saison et multitude de facteurs»,  selon Freedman.

Aujourd’hui également, prendre trois repas par jour est de moins en moins la norme. Ce que nous mangeons, et les heures des repas sont en effet de moins en moins prescrits par les habitudes familiales, le rythme des collègues de travail mais davantage par nos goûts personnels et nos envies du moment. La perte progressive de cette habitude met donc en lumière la dislocation de phénomènes de société plus larges que sont la régularité du rythme de travail et le maintien des traditions au sein de la  famille.

Les résultats d’études récentes sur le lien entre le nombre de repas par jour et leur conséquence sur la santé et la diététique disent tout et son contraire. D’un côté, une étude du ministère de l’agriculture américain a conclu que prendre un gros repas par jour plutôt que trois normaux, diminuait l’absorption de graisse mais augmentait la pression sanguine. De l’autre, une étude de l’université de Maastricht montre que manger au moins quatre repas par jour diminue les risques d’obésité de 45%. Une étude de l’université d’Ottawa montre, au contraire que prendre plein de petits repas ne fait pas perdre de poids.

Les conclusions divergent autant, car elles dépendent également d’une multitude d’autres facteurs comme le contenu des repas en question, l’heure de la journée à laquelle il est pris. D’autres informations concernant le patrimoine génétique ou la fréquence d’exercice des personnes interrogées rentrent aussi en ligne de compte.

Alors plus la peine de culpabiliser d’avoir sauté un repas ou d’avoir picoré à un moment de la journée prendre 1, 3 ou 5 repas par jour est une question d’habitude culturelle.

Au delà de la fréquence des repas, leur déroulé peut également être un  rituel culturel. Le repas gastronomique à la française a ainsi été inscrit au  Patrimoine culturel immatériel mondial de l’humanité par l’Unesco en 2010. Comme nous l’expliquions à l’époque, l’Unesco estimait ainsi –à tort ou à raison– que le repas gastronomique est «un facteur important du maintien de la diversité culturelle face à la mondialisation». Le chef trois étoiles Guy Savoy avait alors commenté:

«J’espère que la France va montrer la voie pour que la planète entière prenne enfin conscience que les habitudes alimentaires représentent l’aspect culturel de toute nation.»

Photo: table dressée alexyra via Flickr CC License by

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Qu’est-ce qui fait une cantine réussie?

Dans une cantine du 12e arrondissement parisien / Camille Bosqué.

 

Qu’est-ce qui fait que l’on mange bien dans une cantine scolaire, sur le plan du goût, de la nutrition, et de l’atmosphère? Cinq facteurs principaux très reliés les uns aux autres jouent:

1. L’engagement des élus

Marie-Line Huc du GEM-RCN parle d’une «petite révolution» quand elle évoque la nécessité pour les élus de «prendre conscience que faire des menus et servir des repas aux enfants demande des compétences»:

«Ils réagissent souvent en se disant que c’est simple puisque tous les jours on mange, et se disent qu’il suffit d’un peu de bon sens. Non, il faut un minimum de connaissance pour bien acheter les produits.»

Même si ce n’est pas «en étant cher qu’on a la garantie de faire bien», le budget reste important: elle déplore que trop de collectivités ne connaissent pas le coût moyen du repas à la cantine, et du coup ne sachent pas augmenter la qualité tout en faisant attention au budget.

Et le lien entre élus et budget est crucial, puisque ce sont eux qui décident pour quel type de restauration scolaire ils vont opter: quand, particulièrement dans les petites communes, il n’est plus possible de cuisiner dans les locaux actuels qui ne répondent plus aux normes, c’est un budget de décider d’investir dans une nouvelle cuisine plutôt que d’externaliser.

2. Les cuisiniers

Qui dit bons cuisiniers, et cuisiniers qui aiment être en restauration scolaire, dit à la fois attention aux produits et aux enfants.

Chef de la restauration à Bezons, Jean-Pierre Allo fait par exemple attention à préparer un menu sans porc aussi proche du menu avec porc que possible, «pour qu’il n’y ait pas trop de ségrégation entre les enfants»: rôti de dinde pour rôti de porc, chipolata sans porc pour chipolata avec, etc.

Des hommes et des femmes de qualité en cuisine vont à la fois chercher à faire découvrir des produits ou des saveurs aux enfants et à leur faire comprendre comment sont transformés leurs aliments, tout en prenant en compte leur public:

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Le yaourt est-il bon pour la santé ?

Les bonnes bactéries sont à la mode. On en trouve dans les yaourts, les pizzas, les glaces et même dans les matelas et l’après-rasage. Dans ses publicités américaines, Danone affirme que son yaourt aux probiotiques Activia «contribue naturellement à la régulation de votre système digestif» et que sa boisson DanActive [Actimel] «aide à renforcer vos défenses naturelles» [En France, les deux produits ont renoncé à leur slogan vu le règlement européen sur les allégations santé].

Exagération des bienfaits des probiotiques

Jala proclame pour sa part que ses barres glacées aux bactéries actives possèdent «toutes les vertus des probiotiques» en citant également leurs effets sur la digestion et le système immunitaire. Quant à Naked Pizza, avec ses bactéries capables de résister à la chaleur d’un four, l’un de ses co-fondateurs va jusqu’à rappeler dans son blog que les hommes étaient à l’origine «nus et couverts de microbes», évoquant même l’image d’une femme accouchant accroupie et de son bébé atterrissant sur un tapis d’excréments maternels bien naturels. Enfin, n’oublions pas les produits aux probiotiques supposés combattre les punaises ou calmer les symptômes de l’autisme.

La réponse ne s’est, évidemment, pas fait attendre. La Federal Trade Commission (Commission fédérale du commerce) a accusé Danone d’avoir exagéré les bienfaits de ses probiotiques (la société est parvenue à un accord, mais n’a reconnu aucun tort). Une armée d’avocats a également attaqué General Mills pour sa publicité vantant les mérites sur la digestion de sa marque Yoplus.

Selon eux, ces affirmations manquent de preuves scientifiques et sont «propres à tromper le public». Le New York Times a récemment mis tous ces «alicaments» au pilori, probiotiques compris, en remettant en cause la plupart de leurs soi-disant bienfaits. Même le célèbre animateur Stephen Colbert a plaisanté dernièrement sur ces yaourts «prétendument pleins de bonnes bactéries» en affirmant:

«Ne les écoutez pas. J’ajoute toujours une bonne cuillérée de désinfectant avant d’en manger.»

Bien plus vastes et complexes qu’on ne le pense

Il ne faudrait toutefois pas aller trop vite en besogne. Les probotiques sont, par définition, «des microorganismes vivants qui, lorsqu’ils sont administrés dans des proportions adéquates, présentent des avantages pour la santé du consommateur». La diversité de ces organismes (et le spectre de leurs bienfaits possibles) est bien plus vaste et complexe que ce que peut laisser penser un tour rapide au supermarché.

Différentes souches d’une bactérie bien connue comme le lactobacillus peuvent avoir des effets différents sur le corps humain, raison pour laquelle il est extrêmement important que les recherches soient menées avec soin et que la communication soit précise.

Des recherches universitaires ont, par exemple, suggéré que certaines souches de probiotiques pourraient être utiles dans le traitement de certaines affections intestinales, notamment la diarrhée. Une autre étude séduisante, mais qui n’en est qu’à ses balbutiements, s’intéresse aux effets de différents microorganismes sur le système immunitaire, notamment à leur capacité d’éviter certaines infections courantes ou de prévenir certaines allergies chez les nouveaux-nés.

Le problème, c’est le marketing

Certains articles parlent de prévenir les maladies chez les personnes en bonne santé, d’autres se concentrent sur le traitement des maladies. Mais le problème ne vient pas de la recherche. Il vient du marketing et de ses propos exagérés ou trop vagues pour ne pas prêter à confusion (comment interpréter, par exemple, «l’équilibre de la digestion» vanté par certains produits?).

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Les tomates ont-elles encore du goût?

Au rayon fruits et légumes des supermarchés, les tomates sont toujours belles, rondes, rouges. Si la forme et la couleur sont parfaites, en revanche, côté papilles, on a l’impression de croquer dans… euh. En fait, dans rien. La tomate n’aurait plus de goût?

«Je vais vous citer une anecdote, raconte, mi-rigolard, mi-consterné Roland Robin, président de l’association Jardins de tomates. Il y a quelques années, lorsque nous commencions à distribuer des plants de tomates rares, une vieille dame m’a dit : “Je voudrais celles en grappes“. J’ai souri, parce que c’était la mode. Puis, j’ai précisé qu’il s’agissait d’une variété ancienne, donc qu’elles ne seraient pas toutes mûres en même temps, comme dans un magasin. Et j’ai demandé :

Quelle couleur ?

Rouge !

Quelle saveur ?

Pourquoi ? Ca a du goût ?»

10.000 variétés de tomates

Jardins de tomates réunit quelques centaines de jardiniers amateurs animés d’une passion pour ce fruit qui n’est pas toujours ce que l’on croit.

Car la tomate, ça peut être ça…

Ça…

Ou ça.

Sans oublier ça!

Petites, grosses, rondes, cornues, oblongues, jaunes, vertes, rouges, orange, noires… Il y en a pour tous les goûts. On recense environ 10.000 variétés de tomates! Or, seule une infime portion est commercialisée. En France, on en compte une centaine, avec des zones de ventes plutôt régionales. Ce qui fait que le consommateur se retrouve au mieux face à une petite dizaine de variétés… Un choix restreint et souvent décevant : les tomates vendues sont fades.

D’où cette interrogation:

Les tomates ont-elles encore du goût ?

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