Restaurant Day, la journée des “restaurants éphémères”

Le 17 mai, c’est le Food Revolution Day, une journée consacrée au bien (et bon) manger. On en avait parlé ici l’année dernière. Cette année, encore beaucoup d’évènements sont organisés: toutes les infos sont sur le site.

Le lendemain, samedi 18 mai, c’est le jour de la nouvelle édition du Restaurant Day, partout dans le monde. L’idée de ce mouvement citoyen est partie d’Helsinki. Deux potes se sont demandé: «Et si chacun pouvait ouvrir son propre restaurant le temps d’une journée?».

Quelques mois plus tard, une trentaine d’échoppes de rue tenues par des restaurateurs éphémères animaient la capitale finlandaise lors d’une journée bien particulière. Gros succès: un an plus tard, à l’été 2012, 700 restaurants servent des bons petits plats dans 30 pays différents. Et ça continue, au rythme d’une journée par saison.

Deux amis, Hugo Boissin et Corentin Cohen, ont décidé d’importer le concept en France. Le principe? Ce samedi 18, chacun peut ouvrir son resto, le lieu de ses rêves, dans la rue, dans un parc, dans un appartement, et vendre ses spécialités.

Idées et petits plats originaux sont les bienvenus. Il suffit de choisir un concept, de définir un lieu, un menu, un prix (juste pour rembourser les frais) et de communiquer sur les réseaux sociaux et via le portail du Restaurant Day… Tout est basé «sur l’idée de spontanéité et de volontariat».

L’objectif, selon Corentin Cohen, c’est «que chacun puisse proposer sa spécialité. Nous voulons montrer qu’on peut bien manger et déguster des choses de qualité faites maison». L’esprit de création, avec des plats ou des concepts qui sortent de l’ordinaire, est bien présent.

Autre idée importante, celle de «partager des expériences et découvrir des goûts avec des inconnus», chose que l’on a rarement l’occasion de faire. Mais aussi celle de se «réapproprier l’espace public», d’occuper la ville de manière ludique et constructive.

Les «restaurants éphémères» sont répertoriés sur la carte interactive du site et le Facebook de l’événement. Au programme de cette 3ème édition française, de la cuisine antillaise à Montluçon ou des food court dans plusieurs espaces publics à Paris… Et ailleurs, si le coeur vous en dit! «Il est encore difficile d’avoir beaucoup de propositions. Le concept est en train de se lancer», explique Corentin Cohen.

Les deux organisateurs mijoteront dans le 3ème arrondissement, à la French Moulinette, des “Tacos pot-au-feu d’été” et du “Taouk chasseur”…  Il s’agit vraiment de créer, pour une journée, «le restaurant éphémère que l’on aimerait avoir».

Lucie de la Héronnière

Image: Capture d’écran de la carte interactive des restaurants participants dans le monde.

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Le webdocu qui met nos frigos à nu

Nos façons de faire les courses, gérer nos frigos ou cuisiner nous disent beaucoup sur nos rapports avec l’alimentation et plus largement avec la société de consommation. Le frigo est même «un objet intime ». Voilà la grande idée de Frigos à nu, beau webdocu réalisé par Gaël David, photographe, et Antoine Veteau, journaliste et réalisateur.

Au cœur de ce projet multimédia financé par KissKissBankBank, une série de portraits, montrant l’intérieur de 7 frigos (pour le moment!) et suivant leurs propriétaires, des personnes bien différentes, pendant leurs courses et dans leurs cuisines… On saisit des personnalités touchantes, chacune avec une vision bien particulière de l’alimentation, des moyens différents, des façons de cuisiner distinctes.

Par exemple, Nadège et Bryan, artistes de spectacle vivant, gèrent leur alimentation dans l’espace d’une caravane. Christine et Patrick font leurs courses tous les week-ends au marché et dans des petits commerces de bouche. Adama met beaucoup de son pays d’origine dans sa façon de cuisiner. Papyves adore éplucher les légumes en écoutant la radio et recherche toujours le goût des tomates de son grand-père…

Quand l’idée a germé, en 2010, il s’agissait surtout de parler de pouvoir d’achat, ébranlé en période de crise. Il s’est vite avéré qu’ouvrir un frigo, c’était raconter beaucoup plus de choses: le rapport avec la société de consommation, les habitudes, la gourmandise, les manières d’accueillir, les rôles familiaux… Comme le précise Antoine Veteau, ouvrir un frigo c’est aussi deviner des choses sur «la personnalité, l’éducation, la profession, la manière de gérer son argent, l’hygiène de vie…».

L’exercice n’est pas aisé. Le journaliste-réalisateur explique qu’il y a «une certaine pudeur à ouvrir son frigo, cela dévoile énormément les personnalités. Alors on rassure les gens, on prend le temps. Nous ne voulons pas de voyeurisme ni de mise en scène. Nous voulons décomplexer les gens, casser ces barrières, se retrouver à travers l’alimentation, au-delà des clichés».

L’objectif à moyen terme c’est de «créer et concrétiser des rencontres, des échanges», précise Antoine, au-delà du virtuel, notamment à travers le site ami Beyond Croissant (autre initiative très intéressante dont on parlera ici prochainement!).

Frigos à nu est donc «une expérience frigorifique et participative». En plus des grands portraits multimédia, le site propose une carte des Frigos à nu. Chacun est donc invité à poster une photo de son frigo, depuis les 4 coins du monde. De quoi enrichir ce passionnant projet, qui montre encore que nos manières de manger et de cuisiner racontent beaucoup, beaucoup de choses sur nous et nos sociétés…

Lucie de la Héronnière

Photos: Gaël David pour Frigos à nu
Vous pouvez aussi les suivre sur Twitter et Facebook.

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Peut-on s’entraîner à apprécier certains goûts?

Comment s’entraîner à aimer des aliments “sains”? Comment s’habituer à manger des plats ayant moins le goût du gras, du sucre ou du sel?

Si votre palais ne supporte que la pâte à tartiner et le fast-food, des psychologues pensent que des petits trucs peuvent vous apprendre à aimer des aliments qui vous repoussent, mais qui sont pourtant plus sains qu’un Big Mac… The Guardian nous donne quelques astuces de bon sens.

D’une saveur à l’autre

En partant du principe que beaucoup de préférences gustatives sont acquises, on peut apprendre  à aimer de nouveaux goûts en partant de nos préjugés, de nos goûts déjà enregistrés. Une sorte de reflexe pavlovien.

Si on mange un aliment dont le goût nous rappelle quelque chose, on peut aimer au début parce qu’on aime ce quelque chose apprécié dans le passé. Plus on en mangera, plus on appréhendera les autres carastéristiques gustatives de l’aliment.

The Guardian précise ainsi qu’une étude menée en 2006 a montré que sucrer les brocolis peut aider les enfants à en apprécier le goût…

Abaisser les seuils

Nos papilles et nos corps sont habitués à un certain niveau de sel ou de sucre. Si on veut diminuer ces doses, il faut diminuer les niveaux peu à peu, par d’imperceptibles étapes…

“Beaucoup d’industriels sont confrontés à la nécessité de réduire les quantités de sucre, de sel ou de graisses”, explique au Guardian Charles Spence, prof de psychologie expérimentale à Oxford.

“S’ils font le changement d’un coup, les gens n’aiment plus le produit. S’ils font le même changement petit à petit, sur une période beaucoup plus longue, alors les gens vont s’adapter”.

Le facteur “bien-être”

Les effets positifs des aliments que l’on avale ont bien sûr un rôle dans nos préférences. Ainsi, en buvant un verre de Coca, le glucose envoie un message positif à notre cerveau, en tant que source d’énergie.

En gros, un Mars c’est un peu de douceur dans ce monde de brutes. Mais d’autres aliments peuvent donner le même coup de fouet. Un bol de riz complet par exemple…

Plus de stimulus

Être exposé régulièrement à n’importe quel type de stimulus apporte une familiarité avec ce stimulus. Une étude menée en 2010 montre que pour des enfants de 9 et 10 ans, manger régulièrement des légumes augmente le goût pour ces derniers. Pas de raison pour que cette méthode ne fonctionne pas chez les adultes!

“Savoir, c’est pouvoir”

Un bon moyen pour susciter de l’enthousiasme pour un aliment est de devenir expert en la matière. Apprendre par exemple à apprécier les milles nuances entre un chou, une salade et des épinards…

Enfin, pour aimer un aliment – sauf profond dégoût-, il suffirait de trouver la bonne recette pour apprendre à l’apprécier. Ou bien de laisser faire le temps, puisque vos goûts d’enfant ne sont plus vraiment les mêmes que vos goûts d’ado ni même d’adulte…

Photo: Vegetables / mhaller1979 via Flickr CC Licence By

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Petit échantillon de mythes alimentaires…

Un certain nombre de contre-vérités circulent sur l’alimentation, sur le web, dans les supermarchés, et dans les magasins de «nourriture saine». Jane Brody, du New York Times, a décidé de s’attaquer à quelques unes de ces informations douteuses

«Pour commencer, quand est-ce que «chimique» est devenu un mot sale?», se demande-t-elle. Joe Schwarcz, directeur de l’Office for Science and Society de l’Université Mc Gill à Montréal s’est posé la question. La journaliste a lu deux de ses livres, Science, Sense and Nonsense, et The Right Chemistry, et a assisté à un symposium organisé par le scientifique. Et en tire plusieurs éléments pour nous aider à faire de meilleurs choix de «bien manger» en 2013…

Les acides gras trans, pas tous des démons

On connaît la réputation des acides gras trans sur la santé, et notamment les risques cardio-vasculaires. Mais pour le Dr. Schwarcz, «tous les gras trans ne sont pas des démons». Certains peuvent être des composants naturels de produits laitiers par exemple.

Voilà l’explication:

«Le mot «trans» se réfère à la disposition des atomes d’hydrogène et de carbone dans un acide gras. La formation des gras trans liés aux maladies cardiaques arrive quand les huiles végétales sont durcies pour prolonger la durée de vie de produits, avec un procédé de fabrication industriel appelé hydrogénation. Les gras trans naturels, comme ceux des produits carnés et laitiers, prennent une forme différente, avec des conséquences tout à fait différentes sur la santé».

Le plus consommé des «bons» gras trans est l’acide linoléique conjugué, qui selon diverses études peut aider à perdre du poids et gagner du muscle, mais aussi réduire l’athérosclérose, l’hypertension artérielle et les inflammations.

Bio ou pas bio?

On s’est déjà posé la question ici, est-ce que la nourriture bio, certes meilleure pour l’environnement, est également plus nutritive? Pour le Dr Schwarcz, certains produits biologiques peuvent contenir des niveaux légèrement plus élevés de micro-nutriments essentiels, comme la vitamine C. Mais la différence peut dépendre davantage du lieu de culture que du mode de production.

En outre, les producteurs bios sont évidemment contre les modifications génétiques. Cependant, selon Schwarcz, celles-ci peuvent être utilisées pour améliorer le contenu nutritionnel d’une culture, améliorer la résistance aux rongeurs et diminuer ses besoins en eau. Ainsi, une tomate OGM développée à l’Université d’Exeter contient 80 fois plus d’antioxydants qu’une tomate normale. En poussant le raisonnement jusqu’au bout, elle est en effet très nutritive, mais pas le moins du monde bio…

Le saumon d’élevage, un beau rose trop louche?

La plupart des saumons consommés aujourd’hui naissent dans des élevages. Ce qui provoque des préoccupations légitimes sur les polluants éventuels présents dans nos assiettes.

Une inquiétude concerne aussi la jolie couleur du saumon, produite par ajout d’astaxanthine à l’alimentation des poissons. Mais ce pigment est un anti-oxydant présent naturellement dans certaines algues. Et il est donc aussi présent naturellement dans la chaîne alimentaire pour donner au saumon sa couleur rosée.

Les noix, pleines d’avantages

Elles sont souvent accusées d’être trop grasses. Mais des recherches montrent que les gens qui mangent régulièrement des noix en quantités raisonnables pèsent moins, en moyenne, que ceux qui évitent les noix…

Le gras des noix est insaturé et sain pour le cœur. Elle sont en outre de bonnes sources de protéines, d’antioxydants, de vitamines et de minéraux. Tout cela est vrai également pour les avocats. Il suffit de ne pas en abuser…

Photo: Organic Vegetables and Fruits/ Satoru Kikuchi via FlickrCC License by

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Conserves et aliments lyophilisés: la “nourriture d’urgence”, un business très rentable

Bœuf Stroganoff ou glace napolitaine lyophilisés, les «nourritures d’urgence» ont de plus en plus de succès aux Etats-Unis. Comme le rapporte le New York Times, les Américains deviennent inquiets face aux menaces de catastrophes naturelles, économiques ou géopolitiques…

Le passage de l’ouragan Sandy n’est d’ailleurs que le dernier épisode d’une série d’évènements (tsunamis, crises économiques mondiales, etc…) nourrissant les ventes d’aliments d’urgence, en poudre ou emballés sous vide, avec une durée de vie de 30 ans. En ces temps incertains, stocker des vivres rassure.

Les acheteurs de ce genre de produits ne sont pas seulement des «radicaux en tenue de camouflage dans des cabanes de montagne», souligne la journaliste, mais aussi des hipsters, des mères de banlieue ou des retraités.

Les tristes emballages en carton ont cédé la place à des packagings joyeux, le goût s’est amélioré et il est même possible de trouver des «aliments d’urgence» en version bio ou sans gluten… En bref, «il n’a jamais été plus facile de bien manger, même pendant l’Apocalypse»…

Mark Hyland, directeur de FoodInsurance.com (un site qui propose des aliments et des plans pour préparer des stocks, adaptés à tous les budgets…), explique que sa clientèle a glissé des fanatiques et des extrémistes vers le grand public. Ses ventes ont augmenté de 80% l’année dernière: «Il s’agit juste de pouvoir prendre soin des gens que vous aimez en cas de changement inattendu dans votre vie…».

Ce genre d’entreprises de vente en ligne cible les «jeunes mères soucieuses de préserver leurs enfants de la faim». Mais le New York Times précise que les Mormons sont aussi des cibles clés, puisque les fidèles sont encouragés à stocker assez de nourriture pour survivre au moins trois mois, pour faire face à l’adversité, à un désastre ou à la fin des temps. Alors, aux Etats-Unis, la majorité des entreprises de  «nourritures d’urgence» sont gérées par des Mormons.

Au delà de considérations familiales ou religieuses, c’est la peur et l’incertitude qui poussent les gens à investir dans ces aliments. Il y a toujours eu une légère hausse de la demande pendant les campagnes présidentielles, mais aussi en fonctions des résultats industriels, des turbulences de la bourse ou des phénomènes météorologiques.

De nombreux blogs profèrent des conseils sur l’achat d’aliments d’urgence, des recettes, des idées de stockage, des démonstrations sur les bienfaits de la nourriture lyophilisée dans des périodes de privation…. Une certaine Madame Wright a ainsi créé le blog FoodStorageMoms.com pour conseiller ses lecteurs sur la façon de conserver les aliments… Un site qui compte 4000 visiteurs uniques par mois.

Brandon Brooks, co-fondateur de FoodStorageReviewer.com (un site de vente un ligne qui promet la qualité et les meilleurs prix…) déclare que la taille moyenne des commandes est de 1000 dollars. Comme beaucoup des clients, il s’est constitué une réserve, petit à petit. Ses coups de cœur? Le poulet Teriyaki et les lasagnes… Lyophilisés bien sûr.

Photo: emergency food & drink/ mbtrama via FlickrCC License by

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Mauvaises habitudes des 15-25 ans: le décryptage d’une diététicienne

Entre 15 et 25 ans, on est entre la fin de l’adolescence et le début de la vie d’adulte: un moment critique de transition, et notamment au point de vue des habitudes alimentaires… Une enquête Ipsos, réalisée en partenariat avec Logica Business Consulting pour Doing Good Doing Well et publiée jeudi, épingle certaines mauvaises habitudes alimentaires des jeunes qui constituent clairement des facteurs d’obésité.

Isabelle Darnis, diététicienne, spécialiste de l’adolescence et membre de l’association lyonnaise ABC Diététique (qui fait notamment des actions de sensibilisation en milieu scolaire), commente les principaux résultats de cette étude réalisée en septembre sur un échantillon représentatif de 1000 jeunes de 15 à 25 ans.

Un jeune sur cinq est en situation de surpoids ou d’obésité. Ce phénomène est sous-évalué puisque parmi eux, trois sur dix estiment êtres minces ou de corpulence normale.

«Il y a en effet un souci  de diagnostic. Personne ne veut s’atteler à ce problème… On a du mal à recruter pour s’occuper de ces patients. Les pros sont mal outillés. Il y a eu plusieurs PNNS, la diffusion de réglettes, il est très facile de calculer son IMC sur internet… Mais il y a un problème d’accompagnement. Les jeunes vont chez le médecin pour un rhume, pas pour dire qu’ils ont un problème de poids. De l’autre côté, le médecin ne fait pas forcément le chemin vers eux.»

Un certain nombre de mauvaises habitudes alimentaires très diffusées sont des facteurs d’obésité. Par exemple, 54% des 15-25 ans déclarent ne pas manger au moins un repas sur deux à heure fixe.

«Pour moi, ce n’est pas très grave… Bien sûr, le corps aime la régularité. Mais généralement, quand on entre dans la vie active – ce qui arrive de plus en plus vers 25 ans! – ou que l’on s’installe en couple, la régularité revient.»

48% des jeunes sondés ne prennent pas de petit déjeuner au moins un matin sur deux.

«Si ce n’est pas plus! C’est déjà à partir de la 6ème que les chiffres chutent, les jeunes commencent à sauter le petit déj’. Au début, cela est dû à un manque d’encadrement parental, mais aussi aux rythmes scolaires. Les jeunes se couchent tard et donc se lèvent le plus tard possible. S’ils veulent éluder une étape, ce sera plus le petit déj’ que le choix des fringues! Pour eux cela n’a pas d’intérêt, surtout quand la faim n’est pas au rendez-vous. Mais le matin, il faut le temps que l’appétit s’installe! Il se peut aussi que le repas trop copieux de la veille ait une influence. Quoiqu’il en soit, les habitudes prises à l’adolescence peuvent perdurer.»

Plus d’un jeune sur trois déclare que lorsqu’il est stressé, il lui arrive de grignoter toute la journée pour se remonter le moral.

«La pub a banalisé le grignotage! Par exemple cette pub pour les Kinder Bueno, «pour les faims d’après-midi»… Mais de quelle faim parle-t-on? Parce qu’un Kinder Bueno c’est un petit plaisir, mais le plaisir ne remplit pas la faim. Aussi, quand on mange à la cantine ou à la fac, c’est souvent pas terrible… Alors les jeunes ont faim et se jettent sur des aliments très packagés, riches en graisses et en sucres. Et ce comportement n’est pas forcément transitoire! Je pense aussi qu’il faut redéfinir le grignotage. On grignote rapidement, debout. Quand on s’assoit, avec quelque chose que l’on s’est préparé, dans une assiette, c’est plus une collation. Cela se justifie. Mais souvent, les grands ados disent que ce genre de goûter est réservé aux enfants… »

Les jeunes consacrent très peu de temps aux différents repas: en moyenne, 9 minutes pour le petit déjeuner, 24 minutes pour le déjeuner, 27 minutes pour le dîner.

«C’est directement lié au  temps de repas, assis, ensemble, en famille.  Précisons que dans la restauration scolaire, il est recommandé de passer au minimum 20 minutes assis à table. En plus, les jeunes ont souvent la tête ailleurs, pour eux l’alimentation est fonctionnelle, ce n’est pas la peine d’y passer des heures…»

Seul un jeune sur trois déclare consommer quotidiennement à la fois des fruits et des légumes.

«Cela est rattaché à la question du coût, de la préparation plus contraignante. Le rôle parental dans l’apprentissage des fruits et des légumes est primordial… En outre, les jeunes connaissent par cœur le slogan «Mangez 5 fruits et légumes par jour», mais il a peu d’impacts sur eux.  Ils se heurtent aux incitations par les pubs, avec des images de jeunes cool… En plus, quand on est jeune, on est immortel! On n’ est pas très touché par les menaces de diabète ou de maladies cardio-vasculaires… La dimension santé de l’alimentation, on y pense plus tard!»

61% des jeunes disent manger au moins une fois sur deux leur repas devant leur écran.

«C’est une affaire entendue dans un certain nombre de familles… Dans le cas des ados, ils ne veulent plus manger avec les parents et donc vont derrière leurs écrans… Si les parents tiennent à un temps d’échange, tous ensemble, assis à table, je leur conseille de maintenir le cadre, tout en établissant des temps décalés, une soirée plateau repas ou chacun mange ce qu’il veut et s’amuse, ou une soirée où le jeune cuisine…»

Il existe une «fracture alimentaire»: la proportion des jeunes en état de surpoids ou d’obésité est de un sur dix dans les foyers les plus aisés, alors qu’elle est de un sur quatre dans les foyers les plus modestes.

“Il est évident que les raisons socio-économiques du surpoids sont nombreuses. Plus on a un niveau universitaire élevé, plus on a les moyens de bien se nourrir, plus on consacre du temps à l’éducation alimentaire des enfants. C’est lié aussi au nombre d’écrans dans le foyers, plus important dans les foyers défavorisés. Télé et ordinateurs entraînent de la sédentarité, une réceptivité plus grande aux pubs alimentaires… De plus, si on mange devant un écran, on ressent moins bien la sensation de satiété.”

Enfin, l’alimentation n’est pas un poste prioritaire dans les dépenses des jeunes, puisque plus d’un jeune sur quatre est prêt à sacrifier la qualité et la quantité de son alimentation au profit de son habillement (31%) ou de la téléphonie mobile (25%).

«Oui, mais si de bonnes graines ont été plantées pendant l’enfance, ce résultat, comme les précédents, est juste transitoire. Sinon, il peut se prolonger bien après 25 ans…»

Propos recueillis par Lucie de la Héronnière

Photo: 1o6 / FALHakaFalLin via FlickrCC License by

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Bien manger: les 64 règles de pur bon sens de Michael Pollan

«Que devrais-je manger?», c’est la question simple que c’est posé Michael Pollan, journaliste américain, collaborateur du New York Times Magazine et auteur de plusieurs livres sur l’alimentation. Les règles d’une saine alimentation (Food Rules en version originale) a été publié en 2009 et traduit en français en 2010. Je ne le lis qu’aujourd’hui, un peu tard, mais le contenu de ce petit ouvrage est tellement limpide qu’il vaut la peine d’en parler…

«S’alimenter, à notre époque, est devenu compliqué, et cela, selon moi, inutilement», commence Pollan. Le fait de se nourrir, activité pour le moins fondamentale, s’est entourée peu à d’une complexité floue, appuyée par les avis divers et variés d’une bonne quantité d’experts dans des domaines différents. On entend plus parler de nutriments et de calories que d’aliments. Mais on ne sait toujours pas au juste ce qu’on devrait manger.

Alors Michael Pollan s’est tourné vers «la sagesse alimentaire»,

«le produit d’un processus d’évolution impliquant des tas de gens du monde entier qui, ayant trouvé ce qui maintient (ou pas) en bonne santé, ont transmis ces connaissances sous forme d’habitudes et de combinaisons alimentaires, de règles, de tabous et de pratiques quotidiennes et saisonnières, et aussi de mémorables proverbes et adages».

L’auteur a condensé 64 règles pour une alimentation «saine et heureuse», en 3 chapitres qui relèvent tout simplement du bon sens un peu oublié.

“Que devrais-je manger ? De vrais aliments”

Ce serait LA clé du bien manger. Pour Pollan, les «vrais aliments» sont les plantes, les animaux, les végétaux mangés par les hommes depuis de nombreuses générations.  A l’opposé, il y a les produits transformés et industriels, «des substances comestibles ayant l’apparence d’aliments».

A partir de cela, on arrive à une série de règles simples comme «ne mangez rien que votre arrière-grand-mère ne reconnaitrait pas comme un aliment» ou «évitez les produits alimentaires qui contiennent des ingrédients qu’une personne normale n’aurait pas dans son garde-manger».

Pollan nous conseille aussi d’éviter «les produits alimentaires contenant des allégations de santé» (en prenant pour exemple la margarine, censée être plus légère que le beurre mais bourrée d’acides gras trans) mais aussi «les aliments qui prétendent être ce qu’ils ne sont pas» (comme le fromage maigre, les succédanés de sucre, l’amidon synthétique…).

Question pratique, on ne devrait consommer «que des aliments qui finiraient par pourrir» (car «plus un aliment est transformé, plus il a une longue durée de conservation, et moins il est nutritif en règle générale») et «que des aliments cuisinés par des humains». Et non pas par des chaînes industrielles…

“Quels types d’aliments devrais-je manger ? Principalement des végétaux”

L’auteur est favorable à une consommation omnivore, à tendance flexitarienne quand même… Il recommande de «traiter la viande comme un assaisonnement ou comme un aliment réservé aux grandes occasions».

Et il nous propose ce proverbe chinois:

«manger ce qui n’a qu’un pied (champignons et végétaux) vaut mieux que manger ce qui a deux pattes ( volaille), ce qui est encore préférable à manger ce qui en a quatre (vaches, cochons et autres mammifères)».

Ce proverbe laisse cependant de côté la question du poisson, pourvu de zéro patte… Ensuite, Pollan conseille de sucrer et saler nous-mêmes notre nourriture, et de ne pas avaler «de céréales de petit déjeuner qui modifient la couleur du lait», preuve irréfutable de la présence d’additifs chimiques.

Autre règle qui interpelle: «Mangez toute la malbouffe que vous voulez, tant que vous l’apprêtez vous-même». Si on faisait toutes les frites, les chips, les glaces et les biscuits que l’on consomme, on en mangerait bien moins souvent, ne serait-ce parce que cela représente beaucoup de travail. Et ce serait gustativement meilleur!

“Comment devrais-je manger? Sans excès”

Les mœurs et habitudes alimentaires sont bien sûr essentielles dans cette affaire. Les règles «cessez de manger avant d’être rassasié», «mangez par faim et non par ennui» et «consultez vos tripes» nous encouragent à bien réfléchir à la sensation de faim avant de se jeter sur un repas.

«Mangez lentement» et «passez autant de temps à savourer votre repas qu’il en a fallu pour l’apprêter» sont aussi des recommandations utiles si on recherche une expérience alimentaire plutôt qu’un simple apport calorique. D’ailleurs, «cuisinez» est une règle primordiale, pour ne pas perdre le contrôle de ce que l’on mange, au point de vue des portions et des ingrédients.

Dans ce petit ouvrage, on parle donc vraiment de pur bon sens. Mais un certain nombre de ces règles simples ne vont pas forcément de soi partout, elles ont été peu à peu oubliées. Il serait très bénéfique de s’y pencher de nouveau…

Mais bon, il ne s’agit pas non plus d’être obnubilé par ces principes alimentaires. Cela pourrait être «dommageable pour le bonheur et sans doute aussi pour la santé». Alors Pollan conclue par un ultime conseil: «Enfreignez les règles de temps à autre». Car «ce qui importe, c’est d’adopter une attitude décontractée envers l’alimentation».

Lucie de la Héronnière

Photo: knives forks and spoons/ lizjones112 via FlickCC License by

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La cuisine totalitaire (ou l’art de bien manger en ex-URSS)

«La cuisine totalitaire»… Le titre de cet ouvrage est quelque peu trompeur. On s’attend à un recueil de recettes des pires dictateurs de l’Histoire du monde. En fait, il s’agit d’un livre sur la cuisine soviétique, la popote pratiquée en ex-URSS, de l’Azerbaïdjan à la Sibérie, en passant par le Tatarstan…

Les auteurs, Wladimir et Olga Kaminer, ont grandi en Russie et ont obtenu la nationalité est-allemande juste avant la réunification. Ils expliquent que la cuisine russe est extrêmement simple, avec pour unique but de remplir l’estomac.

Mais que «si, sous l’Empire totalitaire, on voulait ravir ses papilles, il fallait plutôt regarder du côté de la cuisine soviétique. Pendant un demi-siècle, l’URSS a retenu le meilleur des recettes de ses quinze républiques: les plats pimentés du Caucase, les mets crémeux d’Ukraine, la nourriture exotique d’Asie, l’alimentation équilibrée des pays baltes, et une douzaine d’autres comme ça».

Alors les deux auteurs malicieux nous embarquent dans un voyage drôle et très intéressant en ex-URSS… Pour une bonne partie des anciennes Républiques soviétiques, ils nous livrent des anecdotes alimentaires décapantes, datant d’avant et d’après la chute du mur. Comme celle de Gleb, l’ami biélorusse qui fabrique à l’armée des pommes de terre sautées à partir de trois fois rien. Ou celle de la dégustation du Lula Kebab dans la famille d’une nouvelle fiancée en Azerbaïdjan. Ou encore celle de la pseudo drogue ouzbek qui s’avère être un thé très fin. Plein d’histoires drôles qui en disent beaucoup sur ces contrées et leurs habitudes alimentaires.

Wladimir et Olga entendent aussi démonter nos idées reçues. Ainsi, «les vrais russes n’aiment pas le caviar». Après avoir été «un objet politique instrumentalisé», ce met est réservé aux tables de fête, mais souvent peu apprécié. «Ils ont mangé tout le hareng et les cornichons, mais ils ont laissé le caviar», se plaignait souvent la mère de l’auteur. En fait, même les nouveaux riches russes, pour frimer, ne mangent pas du caviar à la louche, mais préfèrent se faire livrer des sushis en jet privé ou engloutir… de l’ananas.

Pour l’auteur, loin de cliché caviar et pelménis (un ravioli farci), «le seul plat qui corresponde vraiment aux clichés sur les Russes et leur cuisine nationale est la vodka, qui est bien souvent considérée comme un plat principal en soi».

A côté de ces anecdotes, de quoi mettre en pratique: des recettes typiques des Républiques soviétiques. Comme par exemple la salade d’orties arménienne, le tolma (filet de veau avec des coings) géorgien, la tarte “petite patate” biélorusse, le bortsch ukrainien, le poisson aux canneberges et au miel sibérien, le pudding de carottes letton, la soupe nomade tatar ou encore le Teftelen (boulettes à la viande hachée) à la mode cosaque de Russie du sud… Certaines préparations demandent un certain esprit d’aventure culinaire, d’autres sont simplissimes à reproduire.

Enfin, au cas où, les Kominer nous mettent en garde: “l’ingrédient le plus important de la cuisine russe est l’humeur du cuisinier. Dans un bon jour, il est capable de sortir de sa toque un esturgeon rempli de caviar, de jongler avec des brochettes devant la table, ou de cracher du feu avec de la vodka. Dans un mauvais jour, cela peut devenir encore plus acrobatique. Il faut absolument vider son assiette, car les cuisiniers russes sont très susceptibles”. Nous voilà prévenus.

Lucie de la Héronnière

La Cuisine totalitaire, Wladimir et Olga Kaminer, Gaïa Editions, Septembre 2012.

Photo: The map of USSR/ cod_gabriel via FlickCC License by

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“Globalement, les Etats-Uniens n’ont pas une alimentation moins saine que celle des Français”

En France, les 21-34 ans mangent moins équilibré qu’aux Etats-Unis. C’est l’un des résultats d’une grande enquête du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) intitulée “Comparaison des modèles alimentaires français et états-Uniens”, synthétisée dans un document publié ce mercredi.

Pour obtenir ces résultats, le Credoc utilie le PANDiet, un indicateur synthétique, qui prend en compte négativement le sodium ou les acides gras saturés, et positivement les vitamines et minéraux. Les jeunes adultes français mangeraient beaucoup de sandwichs et peu de légumes. Une conséquence de l’entrée dans la vie active? “Si cela devenait un phénomène générationnel, il y aurait un risque d’affaiblissement du modèle alimentaire français”, s’inquiètent les auteurs de l’étude.

Mais le constat est le même pour les plus de 65 ans: les Français mangent moins équilibré que les Américains. Par contre, notons que les 15-20 ans modèrent mieux leurs apports en gras, salé en sucré en France: “Malgré leur faible consommation en fruits et légumes, ils ont l’alimentation la plus équilibrée, avec les 45-64 ans”.

Autre constat intéressant de l’étude, “le modèle français se distingue par des prises alimentaires moins fréquentes (3,9 par jour contre 5,5 aux Etats-Unis) mais composées d’une plus grande variété d’aliments”. Moins de grignotages, donc, et plus de diversité. Cependant, les auteurs précisent quand même qu’il y a eu “une forte baisse de la diversité alimentaire chez les enfants de 3 à 14 ans entre 2007 et 2010”.

En outre, les comparaisons sur les sujets de plus de 15 ans montrent que même s’il y a globalement des différences qualitives, il n’y a pas de différence quantitative entre les deux pays (on absorbe la même quantité d’énergie). On ingère en moyenne 2095,3 calories par jour en France, et 2073,2 aux Etats-Unis.

Par contre, la part des apports caloriques apportée par les boissons est plus importante aux Etats-Unis (17% contre 10% en France). La consommation d’alcool est à peu près équivalente mais les Américains consomment plus de sodas, de jus de fruits ou de lait…

Une des conséquences est que les Américains avalent plus de sucres, mais les Français plus d’acides gras saturés et de cholestérol. Le rapport explique que “cette différence peut s’expliquer par la consommation plus élevée de produits tels que fromages, charcuteries, viennoiseries, viandes et oeufs”. Mais comme les Français mangent plus de fruits et légumes, l’apport en fibre est plus élevé dans l’Hexagone.

Selon l’OCDE, une personne sur 10 est obèse en France, et presque 40% de la population est en surpoids. Le taux d’obésité approche les 35% aux Etats-Unis. L’obésité est toutefois bien multi-factorielle. Alors, au final, en moyenne “les Etats-Uniens n’ont pas une alimentation moins saine que celle des Français”. Mais “les comportements extrêmes sont cependant plus visibles aux Etats-Unis, alors qu’en France, les écarts entre les individus sont plus ténus”.

Photo: Dinner/ jeff_golden via FlickCC License by

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Que mangent les athlètes aux JO?

Mac Donald’s, un des principaux sponsors des Jeux Olympiques, a le monopole de la frite pendant l’événement et a construit pour l’occasion le plus grand restaurant McDo du monde. Les sportifs ne vont pas pour autant s’astreindre au régime BigMac. Ni au régime «choux de Bruxelles et betteraves» d’ailleurs. Que trouve-t-on dans l’assiette d’un athlète qui s’apprête à démarrer les JO de Londres? Le Huffington Post fait un petit tour d’horizon, du plus étrange au plus délicieux.

En 2008, le nageur américain Michael Phelps affirmait déjà engloutir 12000 calories par jour, rien que ça. Exemple de petit déj’ pour le nageur américain: trois sandwichs aux œufs, avec fromage, laitue, tomates, oignons frits et mayo, ainsi que café, cinq œufs en omelette, un bol de céréales, trois toasts saupoudrés de sucre et trois pancakes au chocolat. Et ce n’est que le repas du matin…

Bien sûr, ce n’est pas le cas de tout le monde. Les athlètes dames en taekwondo se contentent plutôt de 1500 calories par jour, et les athlètes messieurs en javelot, 3500, ce qui est déjà bien conséquent. Les entraîneurs de la gymnaste Son Yeon Jae pèsent sa nourriture chaque jour au gramme près. Même si elle avoue qu’elle préfèrerait manger de la pizza et des gâteaux de riz toute la journée.

Les bases sont à peu près les mêmes pour tous: le poisson, source d’acides gras et d’oméga-3, est privilégié. Le nageur David Roberts engloutit volontiers un steak de thon et des betteraves. Pour tout le monde, c’est eau et thé vert à volonté. L’alcool est généralement à éviter, et même formellement interdit pour les sportifs de la délégation russe. De nombreux sportifs, en particulier des coureurs de fond, sont végétariens ou végétaliens.

Chacun a son péché mignon secret à engloutir avant et après les performances. La beach-volleyeuse américaine Kerri Walsh Jennings adore manger des sandwichs au beurre d’amande et au miel avant les match, tandis que la nageuse Natalie Coughlin préfère le chou frisé bien frais. Le champion de badminton Lee Chong Wei se requinque avec du porridge ou des soupes chaudes…

Les délégations aiment conserver leurs traditions nationales. A Londres, l’équipe du Brésil aura au menu son repas traditionnel, la Feijoda, un ragoût de haricots noirs. Les haltérophiles venus du Kazakhstan ont demandé des saucisses de cheval, qui renforceraient leurs performances.

Enfin, selon les déclarations du papa du sprinter Usain Bolt lors des derniers JO, le secret de l’incroyable vitesse de son fils vient de la consommation d’igname, un tubercule que l’on trouve entre autres en Jamaïque. Ses adversaires vont-ils mettre ce légume-racine dans leurs menus, pour tenter de concurrencer Bolt?

Photo: Hurdles/ julie.froo via Flickr CC License by

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