Le chameau, un mets de choix?

Lors de sa visite au Mali en février, François Hollande a reçu un chameau. La semaine dernière, «panique en cuisine diplomatique», les autorités maliennes expliquent que la famille chargée de garder la bête l’a cuisinée en tajine. Mais heureusement, le camélidé mijoté sera remplacé par un chameau plus beau et plus gros qui sera envoyé à Paris.

Peu après, Boris Johnson, le maire de Londres, lors d’un voyage au Emirats arabes unis, s’est vu servir un énorme plat de chameau. Qu’il s’est empressé de photographier avec son smartphone. Apparemment, il a adoré le dîner.

Tout cela pousse The Guardian à s’interroger: le chameau, ça a quel goût? Et ça se cuisine comment?

C’est une viande de choix au Moyen-Orient. The Guardian cite l’auteur et chef Anissa Helou, experte en cuisine méditerranéenne et moyen-orientale:

«C’est un met délicat, pas un plat de tous les jours. En Syrie ou au Caire, il y a des bouchers spécialisés dans la viande de chameau. Dans le Golfe, on le mange pendant les fêtes et les mariages».

On le cuisine aussi en Afrique du Nord et de l’Ouest, comme le montre le quiproquo avec la famille malienne en charge du chameau de François Hollande.

Selon Anissa Helou, le goût du jeune chameau se situe «entre le bœuf et l’agneau». La bosse serait la partie la plus appréciée de l’animal, car plus tendre et plus grasse.

Au Royaume-Uni, on peut trouver du chameau (qui vient d’Australie!) chez Exotic Meats (en France, rien à l’horizon…). Pour le porte-parole, «la saveur est légère, un peu comme du veau».

Le chef Luke Mackay a préparé du curry de chameau lors d’une démonstration à Londres: «J’ai bruni la viande avant d’ajouter des épices. C’était  sucré, relativement gras, avec un goût de gibier», explique-t-il au Guardian. Bon, on dirait que tout le monde n’interprète pas la saveur du chameau de la même façon…

Alain Ducasse aussi a cuisiné le chameau, pour le restaurant du Musée d’Art Islamique de Doha. Il l’a fait cuire doucement, pendant 5 jours, et l’a accompagné de… foie gras.

Bref, selon les différentes suggestions, il faut mieux cuire le camélidé très lentement, en tajine ou en curry. Et le manger quand même bien cuit, pas rosé comme l’agneau.

Il s’agit d’une viande plutôt bonne pour nos petits corps, car assez maigre, et source importante de protéines et de vitamine E. Le lait de chamelle contient aussi trois fois plus de vitamines C que le lait de vache. Mais aussi du fer et de la vitamine B.

Selon la FAO, “bien que le lait de chamelle soit surtout commercialisé de façon informelle, il pourrait pénétrer sur un marché mondial d’une valeur de 10 milliards de dollars si des améliorations importantes étaient apportées”.

Les chocolats au lait de chamelle sont arrivés en France il y a quelques mois, bien forts en goût! Alors peut-être que dans 10 ans, on mangera des burgers de chameau, arrosés de milk-shake au lait de chamelle?

Photo: Camel/ xikita via FlickCC License by

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Lait, poisson, miel… Les aliments victimes de la fraude alimentaire

Tiens, tiens, on reparle d’ingrédients fraudeurs, glissés discrètement dans les produits, sans être signalés sur les étiquettes. Le site GOOD nous propose une infographie intéressante, sur les aliments “victimes répétées” des compositions frauduleuses.

“Comment réagiriez-vous si vous appreniez que votre sachet de bon café était composé de farine de pomme de terre et de glands, et non pas de votre mélange colombien préféré?” Hum, mal sans doute.

Nourriture volontairement mal étiquetée, ingrédients remplacés par d’autres ou dilués, manipulés, à des fins de gain financier… Selon GOOD, cette année, près de 800 nouveaux cas d’”aliments fraudeurs” ont été enregistrés à l’United States Pharmacopeia Convention, base de données de ces fraudes alimentaires. C’est une augmentation de 60% par rapport à l’année dernière.

Cette infographie réalisée par GOOD montre donc les aliments très vulnérables à la manipulation et aux fausses informations, selon les cas recensés aux Etats-Unis. La plupart sont des produits d’épicerie courante…

1)    Le lait par exemple dilué avec de l’huile. On y croise du sucre de canne, des protéines de lait de bufflonne…
2)    L’huile d’olive: les contrôleurs y ont trouvé tout un tas d’huiles différentes (soja, palme, tournesol, sésame…etc.)
3)    Le miel, enrichi aux huiles essentielles, au sirop de fructose…
4)    Le safran, gentiment mélangé à des fleurs de souci, des fibres de betterave, du curcuma…
5)    Le poisson, à la chair au soja ou à la mélamine, de la morue d’Atlantique qui vient en fait du Pacifique, du thon qui se révèle être du Tilapia … etc.
6)    Le café, qui peut contenir de la farine de pomme de terre, des glands, de la chicorée…
7)    Le jus d’orange, coupé au jus de citron ou de raisin, coloré au paprika…
8)    Le jus de pomme, qui peut miraculeusement contenir des jus de raisin, ananas, poire, figue, ou du sirop de maïs…
9)    Le poivre noir, coupé au sarrasin, aux baies de genièvre, à l’amidon…
10) Et enfin, le thé, contenant des feuilles déjà utilisées (hum), de la sciure colorée, des huiles de patchouli, de Vetiver et de gingembre…

Pour plus de détails sur ces charmants ingrédients surprise, regardez de plus près l’infographie (en anglais)!

En France, selon le site du Figaro, “un contrôle sur trois dévoile des fraudes alimentaires”.

Autrement dit des  tromperies sur l’origine et la qualité de la marchandise, falsifications chimiques de denrées alimentaires périmées pouvant entraîner des graves intoxications, importations clandestines de produits prohibés via de savants trafics d’étiquettes sur les emballages”…

Suite à l’affaire des lasagnes à la viande de cheval, exemple de fraude parmi d’autres, Tonio Borg, le commissaire européen en charge de la santé et de la Consommation, avait déclaré vouloir durcir les sanctions financières dissuasives en cas de fraude alimentaire, mais aussi renforcer les contrôles.

Image: Capture d’écran de l’infographie de GOOD.

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The Gaza Kitchen: des recettes, malgré les roquettes

Quand on pense à la bande de Gaza, on ne pense pas forcément directement de bons petits plats mitonnés. Npr nous parle d’un récent ouvrage, The Gaza Kitchen (La cuisine de Gaza), pas (encore?) traduit en français, qui raconte beaucoup de choses sur Gaza, à travers la cuisine et l’agriculture, bien particulières à ce territoire.

Maggie Smith a visité Gaza en 2009 et a écrit une série d’articles, dont un papier intitulé “In Gaza, Eating under siege”, publié dans The Atlantic. A l’époque, elle avait déjà constaté que, malgré les sévères restrictions en ravitaillement, les gens cuisinaient, se débrouillaient:

“Autrefois, Gaza était connue pour ses citronniers, ses extraordinaires fruits de mer, la senteur de son jasmin le matin. Cela n’a pas duré, aujourd’hui l’image de Gaza est associée à la mort et la destruction. Mais malgré le siège, malgré les bombes, malgré la tourmente politique, les habitants de Gaza continuent à créer des petits coins de beauté, où ils peuvent. Un de ces lieux est la cuisine”.

Elle expliquait alors que Gaza est riche de nombreux champs et vergers, mais que les “zones de sécurité” laissent de moins en moins de place aux terres arables. Que la viande est très chère. Et que les problématiques du gaz et de l’électricité entrent en considération aussi. Mais que malgré cela, “des plats magnifiques sont sur les tables des maisons”.

A ce moment là, explique Npr, en faisant des recherches sur le web, elle a trouvé peu de choses sur la cuisine à Gaza. Mais elle est tombée sur le blog de Laila El-Haddad, Gaza Mom, contenant (entres autres) pas mal de recettes.

Les deux femmes ont discuté, échangé des mails, et se sont rencontrées en 2010, pour faire le constat que de nombreuses personnes déplacées depuis des décennies ont gardé un sens très précis de leur identité… à travers la nourriture, les traditions très spécifiques de leurs villages. Le projet du livre est né.

“Le cumin, l’ail et les piments, voilà le trio incontournable de cette cuisine”, explique Laila El-Haddad, co-auteur. Autres ingrédients fréquents, “des herbes, du poivre, du citron, du piquant. Beaucoup d’aneth, des graines d’aneth, des saveurs aigres sous toutes les formes. Des citrons, des grenades, et beaucoup de poivrons aussi”.

Alors l’ouvrage distille des recettes de salades, des ragoûts, des pains, des desserts, des boissons: le Kishkik est ainsi une galette de blé fermenté, stockée pendant des mois. La version de Gaza est au lait de brebis et aux flocons de piments rouge. La Fattit Ajir est une jolie salade de pastèque épicée et rôtie.

Les auteurs expliquent leurs motivations à Npr: «Pour nous,  décrire la vie dans les foyers, l’économie familiale, était vraiment important», «parce que ce côté de l’histoire de la bande de Gaza est presque totalement inconnu”.

Et comme souvent, l’histoire des façons de cuisiner et de manger est fortement liée à l’histoire politique, en l’occurrence ici la répartition des rations alimentaires des Nations Unies, les pénuries d’électricité et d’eau, ou encore les restrictions sur la pêche, alors que Gaza était autrefois connue pour ses fameux poissons.

Pour lire plus de rencontres, reportages et recettes (en anglais), le blog The Gaza Kitchen retrace les avancées du projet depuis 2010.

Photo: Lemon tree/ andrewmalone via FlickCC License by

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Finalement, pas touche aux sodas XXL!

On en a parlé plusieurs fois ici, Michael Bloomberg, le maire de New York, a décidé d’interdire les sodas XXL (plus de 47 cl !) dans sa ville, dans le cadre de sa politique de lutte contre l’obésité.

Le débat a passionné les habitants (liberté de boire ce que bon nous semble versus politique de santé publique efficace…), mais un nouvel événement vient juste de changer le cours de l’affaire: un juge, Milton Tingling, a déclaré que cette mesure était «arbitraire et capricieuse» et l’a bloquée «de façon permanente», juste avant son entrée en vigueur, explique Libération.

Le juge a souligné les disparités dans l’application de cette mesure, par exemple les boissons contenant plus de 50% de lait comme de gros milk-shake bien sucrés, n’auraient pas été concernées. Aucune restriction non plus n’était prévue pour les épiceries et supérettes, mais seulement pour les bars, restaurants, fast-food, qui se sentaient donc lésés…

Un collectif d’industriels du soda avait lancé une campagne contre la mesure, avec de nombreuses affiches dans le métro, des bannières de pub accrochées à des avions au dessus de la ville… Avant de porter l’affaire en justice en octobre, ce qui a conduit à la décision du juge.

La mesure était toute prête à entrer en vigueur. Selon le New York Times, «les bars et les restaurants avaient déjà imprimé les nouveaux menus, formé les employés et averti les clients des changements à venir. (…) Dunkin’ Donuts, par exemple, avait déjà demandé à ses employés de ne plus ajouter de sucre dans les grands cafés».

Qui est gagnant dans cette histoire? D’abord, les industriels qui produisent les boissons sucrées, selon le Washington Post. Mais «c’est aussi une victoire de la droite. Beaucoup de conservateurs se sont insurgés contre les régulations et restrictions dans le domaine de l’alimentation, et notamment contre la campagne de Michelle Obama sur le bien manger. Cette décision de justice est une aubaine pour eux».

Michael Bloomberg, pas du tout content, a annoncé que la ville allait faire appel. C’est un coup dur pour lui, puisque son mandat, dont un des combats emblématiques est la lutte contre l’obésité, se termine cette année.

Photo: Untitled/ wholehole via FlickCC License by

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Bientôt des capteurs pour tester la fraîcheur des aliments?

Des tonnes et des tonnes d’aliments encore tout à fait comestibles sont jetées chaque année, parce que leur date de péremption, prudemment apposée par les industriels pour minimiser les risques, est dépassée. Et non pas parce que leur fraîcheur réelle est vraiment douteuse.

Quartz rapporte que des chercheurs européens, et notamment de l’Université d’Eindhoven, aux Pays-Bas, ont mis au point un capteur permettant de déterminer si tel ou tel aliment est encore bon ou doit être jeté. Quelque soit la date inscrite sur l’emballage. Pour en finir avec la date de péremption ?

En pratique, un minuscule capteur mesure certains paramètres de la nourriture, comme le niveau d’acidité. Le capteur produit un signal, converti en signal numérique et diffusé par un système RFID (Radio Frequency Identification, comme les puces des passeports biométriques: une «radio-étiquette» permet de récupérer des données à distance).

Les résultats peuvent être lus avec un mobile: certains téléphones sont déjà équipés pour capter un signal RFID, et cela devrait se développer selon Quartz.

Le circuit du capteur juge donc de la fraîcheur de vos yaourts, vos steaks ou autres denrées périssables. Selon les chercheurs, le coût de ce système est inférieur à un centime d’euro par unité. Ils pensent qu’il faudra 5 ans pour que cette technologie entre réellement dans les épiceries et grandes surfaces.

D’autres technologies sont actuellement en travaux pour réduire le gaspillage alimentaire. Insignia Technologies, une entreprise écossaise, propose une «étiquette intelligente». A l’ouverture de l’emballage, une minuterie se déclenche, la couleur de l’étiquette commence à changer, pour indiquer si la nourriture vient d’être ouverte, ou bien doit être consommée, très, très rapidement.

Histoire de savoir si votre pot de crème fraîche a été ouvert il y a un mois et demi ou il y a 3 jours. Mais cette étiquette intelligente est toujours basée sur une date d’expiration préétablie, et non pas sur la fraîcheur réelle de l’aliment.

Ce genre de technologie pourrait aider à réduire l’immense quantité de nourriture mangeable jetée chaque année. «Sans parler du taux d’indigestion», souligne Quartz…

Photo: Enjoyment’s Interval/ CarbonNYC via FlickCC License by

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En Afrique du Sud, pas de cheval non étiqueté… mais de la chèvre, de l’âne et du buffle

En France et chez nos voisins, on achète des lasagnes (ou des raviolis ou des boulettes)  au cheval, étiquetées comme des plats au boeuf. En Afrique du Sud, une étude vient juste de révéler que de l’âne, du buffle et de la chèvre ont été trouvés dans des produits censés contenir du boeuf.

Sur le blog de l’Université de Stellenbosch, les auteurs expliquent que 68% des 139 produits testés (achetés dans des boucheries ou des magasins de vente au détail) contenaient des espèces non déclarées sur l’étiquette. Particulièrement dans des saucisses, des steaks pour les burgers et de la charcuterie. Notons que du soja et du gluten ont aussi été dénichés dans 28% des échantillons, sans être identifiés clairement sur les étiquettes.

Les fabricants ont ainsi utilisé des viandes de substitution pour remplacer discrètement le boeuf: du porc dans 37% des échantillons, du poulet dans 23%.

Et donc aussi des bêtes moins courantes au supermarché: “des espèces non conventionnelles comme l’âne, la chèvre et le buffle ont aussi été détéctées dans un certain nombre de produits”, déclare le professeur Hoffman, un des auteurs de la recherche. Ces conclusions ont été possible grâce à des recherches d’ADN dans les préparations carnées.

«Nos résultats soulèvent des préoccupations importantes sur le fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement de la viande en Afrique du Sud», et “cela viole les réglementations d’étiquetage de la viande, mais a aussi des impacts économiques, religieux, éthiques et sanitaires importants”, déclare Hoffman.

Le Washington Post précise que “l’Afrique du sud a des viandes excellentes et reconnues, boeuf, agneau, porc ou poulet. Mais une chaîne de production complexe, qui fait que des produits pourraient être contaminés par d’autres produits, dans des abattoirs ou lors des étapes de conditionnement. Ou à cause de nombreuses viandes importées”

Hoffman déclare pourtant que ses échantillons sont 100% locaux. Pour lui, il ne coûterait pas bien cher à l’industrie de la viande de se conformer aux lois concernant l’étiquetage en Afrique du Sud.

Et de conclure: “les gens ont le droit de savoir ce qu’ils mangent. Il n’y a rien de mal à manger de l’âne si vous aimez bien l’âne. Mais si vous n’aimez pas, vous avez le droit de savoir”.

Photo: Goats eat weeds at Cloisters City Park July 2011/ mikebaird via FlickCC License by

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Electro légumière, la douce musique des aubergines

“Cette musique, c’est de la banane” titre The Salt, le blog food de Npr. “Les fruits et les légumes frais n’ont jamais été aussi branchés”. Et pourquoi?

A Brooklyn, un extraordinaire auteur-compositeur-producteur, Jonathan Dagan, alias J.Viewz, joue une cover du titre Teardrop de Massive Attack.

Sauf qu’il a la particularité de jouer tout ça avec tout un bel ensemble de fruits et de légumes, ici des aubergines, du raisin, des carottes. Et quelques petits champignons.

Regardez-donc:

Son instrument? Un circuit imprimé appelé MaKey MaKey, qui permet de transformer (presque) n’importe quoi en touche de clavier. Le principe, explique Npr, c’est de connecter trois choses dans ce circuit: un ordinateur, un objet marrant, et vous-même.

Quand vous touchez l’objet, vous fermez le circuit, et un signal est envoyé au Makey Makey. Ce signal est envoyé à l’ordinateur…

Ce dernier ne fait pas la différence entre un signal venant de votre MaKey MaKey et un signal provenant d’un clavier. Donc, le moindre petit objet conducteur, comme un morceau d’aubergine, peut se transformer en touche de clavier, programmée pour correspondre à tel ou tel son. Avec un bon logiciel de clavier virtuel, vous pouvez créer un instrument de musique complètement unique…

J. Viewz n’est pas le seul à pratiquer cet art. Depuis la sortie du MaKey MaKey l’année dernière, tout un tas de gens ont posté sur Youtube des vidéos de musique légumière. Comme du dubstep avec quatre oranges et une pommes…

D’autres ont même tenté les donuts. En Espagne, le jambon fumé, les poissons et les fruits de mer font d’excellents conducteurs. Mais Npr nous conseille un grand classique, ce remarquable piano de bananes.

Dans le même genre mais avec d’autres techniques, les Autrichiens du Vienna Vegetable Orchestra jouent uniquement avec des instruments fabriqués avec des légumes, violon en poireau, courge perscussion ou encore flûte de carotte. Des instruments périssables, fabriqués spécialement pour chaque concert, en fonction des légumes trouvés dans les marchés. Quelques petits extraits ici, pour apprécier, ou pas, le doux son des légumes frais.

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Coca-cola évoque l’obésité dans un spot télévisé

C’est une première, le géant Coca-Cola lance aux Etats-Unis une campagne de pub abordant l’obésité, en faisant appel à la responsabilité des consommateurs et en rappelant que «toutes les calories comptent pour gérer son poids, y compris celles des produits Coca-Cola et de toutes les nourritures et boissons». Plein de gens qui ont l’air très heureux et en très bonne santé sirotent des boissons du groupe et font du sport tranquillement…

Coca-Cola met en avant son «engagement à offrir plus de choix de boissons, notamment des options à faibles calories ou sans calorie, et à communiquer clairement sur le nombre de calories contenues dans ses produits».

La vidéo précise que sur les 650 boissons du groupe, 180 sont à faibles calories ou sans calorie. Le groupe se félicite aussi de la création de petites portions, de la réduction générale des calories dans les sodas aux Etats-Unis ou encore du soutien à une série d’initiatives visant à encourager l’exercice physique.

Coca veut encourager les gens à bouger leurs corps pour brûler les calories contenues dans les sodas. Un autre spot bientôt diffusé, affirme «clairement qu’une canette de Coca-Cola fait 140 calories» et «encourage les gens à s’amuser en brûlant ces calories, à promener un chien, danser, partager un fou rire avec des amis, faire une danse de la victoire après un strike au bowling…».

Une stratégie critiquée

Ce spot ne fait pas l’unanimité. Le New York Times rapporte les propos de Michele R. Simon, avocate spécialisée dans les affaires de santé publique. Pour elle, cette campagne ne fait qu’apporter de la confusion dans l’esprit des gens:

«Ils minimisent les conséquences graves sur la santé des excès de soda. Ils essayent de faire passer l’idée que le seul problème serait de trouver un équilibre entre la consommation de soda et l’exercice physique. Or, il y a beaucoup d’autres raisons de limiter la consommation de ces produits».

Harold Goldstein, directeur du California Center for Public Health Advocacy, qui a notamment lutté pour sortir les sodas sucrés des écoles, pense que Coca-Cola a la trouille… Pour lui, toujours selon le New York Times, si Coca-Cola avait vraiment voulu faire quelque chose pour diminuer la consommation de sodas sucrés, la firme aurait pu vendre ceux-ci à des prix plus élevés que les boissons à faibles teneurs en calories:

“Au lieu de dépenser des millions dans une campagne de relations publiques qui n’agit en aucun cas contre l’obésité, le diabète et les caries, ils pourraient ainsi changer la consommation de boissons des Américains de façon considérable et bénéfique ».

Enfin, John Sicher, du journal Beverage Digest note que Coca-Cola a trop longtemps éludé la question de l’obésité, en laissant les critiques monter en puissance. Et que le groupe la joue donc très stratégique. Laisser les adversaires de l’industrie du soda définir cette critique n’était pas vraiment dans l’intérêt de la firme…

XXL

Lors du débat sur l’interdiction partielle (dans les cinémas, les snaks et les restaurants) des sodas XXL à New York, le géant américain avait déjà organisé une riposte pour ne pas trop ternir son image.

Katie Bayne, PDG de Coca-Cola Amérique du Nord, bien loin de toute trace de surpoids, s’était ainsi vantée de boire des boissons du groupe à longueur de journée et affirmait qu’il n’existait «aucune preuve scientifique qui relie les boissons sucrées à l’obésité». Cela n’a pas fait changer d’avis le maire de New York…

Le Monde.fr nous recommandait alors de jeter un œil au site Sugar Stacks (piles de sucre) montrant les quantités parfois hallucinantes de sucre présentes dans différents sodas. Or, la corrélation entre excès de sucre et surpoids n’est plus à prouver.

Photo: Untitled/ wholehole via FlickCC License by

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“Je transforme les déchets en nourriture”

Jeremy Brosowsky, 39 ans, est un «serial entrepreneur». Le Washington Post raconte qu’un beau jour, il s’est tourné vers l’agriculture durable. Et s’est rendu compte que sa ville n’avait pas besoin d’une énième ferme urbaine, mais de compost, de matière organique pour enrichir les sols.

«Je ne pense pas à ma boîte comme une société de traitement des ordures… Je suis dans la magie, comme je le dis à mes enfants, je transforme les déchets en nourriture!» explique Brosowsky. L’idée lui est venue en observant l’inefficacité et la perte de temps dans le système de compostage en ville. Il a donc créé CompostCab.

Il propose à ses clients (qui payent quand même 32 dollars par mois…) un panier de collecte et un bac hermétique, afin de minimiser les odeurs et d’éloigner les rongeurs. Les gens remplissent le tout avec des déchets de cuisine comme des peaux de banane, du marc de café, des épluchures…

Chaque semaine, CompostCab passe ramasser les sacs de déchets. Et livre le tout dans des fermes proches qui en font du compost, pour améliorer leurs sols de manière naturelle, pour produire mieux…

Le Washington Post explique que la société a changé les habitants de la ville, qui sans elle n’auraient pas pensé au compostage.

Par exemple, un certain Doug Rang: il ne jardine pas mais souhaite recycler ses déchets alimentaires, sans aller les entreposer quelque part chaque semaine… «Si cela n’était pas si facile, je ne le ferais pas», dit-il clairement.

Aujourd’hui, la société a 350 clients, particuliers et restaurants. Chaque semaine, Compost Cab fournit deux tonnes de matières compostables à des fermes locales. Dans un mois, l’entreprise proposera ses services à Baltimore. Et sans doute à 6 autres villes en 2013.

Brosowsky admet que c’est une démarche à court terme. A long terme, il serait logique que les déchets organiques soient ramassés par les services des villes, triés avec les autres déchets.

«Il ne s’agit pas de traitement des déchets, il s’agit de production alimentaire» souligne-t-il, puisque son boulot aide aussi les producteurs locaux. Avec son idée de compostage très massif, il met en lumière une des solutions pour réduire le gaspillage alimentaire.

Une idée à reprendre en France dans le cadre du plan national anti-gaspillage alimentaire? Peut-être, car pour l’instant, le compostage  et donc le recyclage de certaines matières alimentaires reste peu aisé quand on n’a pas de jardin à soigner. Même si quelques solutions existent, comme les composteurs collectifs ou, un peu plus contraignant, l’installation de lombricomposteurs dans les appartements…

Photo: Rotting Compost Food Macro March 01, 20113/ stevendepolo via FlickrCC License by

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Enfants et ados, plus de restos = toujours plus de calories

En allant au fast-food, il semble évident qu’un enfant consomme plus de calories que pendant un repas préparé par ses parents… Cela ne vous surprend pas, c’est simplement du bon sens.

Mais Reuters rapporte qu’une étude appuie désormais ces craintes évidentes. Lisa Powell et T. Nguyen Binh, de l’Université de l’Illinois à Chicago se sont penchés sur les les conséquences du fait de manger souvent dehors – dans des fast-foods et des restaurants «classiques» – particulièrement sur les enfants. Ils dévoilent leurs résultats cette semaine dans Archives of Pediatrics and Adolescent Medicine.

Les chercheurs ont analysé les données d’une étude nationale sur la nutrition et la santé, réalisée sur plusieurs années sur 4717 enfants (âgés de 2 à 11 ans) et 4699 adolescents (âgés de 12 à 19 ans).

Ils ont examiné l’alimentation de chaque jeune sur deux jours séparés, en examinant différents facteurs: la quantité de nourriture venue du fast-food, celle venue de restaurants «classiques», s’ils ont choisi des menus à emporter ou pas, les boissons et les éléments du menu (gras, gras saturé, sucre, sodium…). Les repas consommés chez les copains ou à la cantine ont aussi été pris en compte.

Bilan, les ados ont consommé 309 calories de plus les jours où ils ont mangé au fast-food. C’est 126 calories pour les enfants qui sont passé par un restaurant rapide… Les enfants qui ont mangé dans un restaurant «classique» ont consommé 126 calories de plus, et les ados 267 de plus qu’un repas à la maison.

Ceux qui ont mangé dehors ont bu moins de lait que d’habitude et deux fois plus de soda. “Les jours où les jeunes vont au fast-food, ils ne réduisent pas les calories dans d’autres moment de leur alimentation”, explique Lisa Powell. Elle dénonce les pubs des fast-food qui bombardent les enfants, et les restos à proximité des écoles. Pour elle, «les parents doivent réaliser qu’un repas à l’extérieur n’est pas un bon substitut à un repas à la maison» et que «la consommation au fast-food et au restaurant ne devrait pas être la norme».

Tout cela n’est pas surprenant, mais Sara Bleich, prof à l’Université de Baltimore, précise à Npr que «ce qui est remarquable dans cette étude, ce n’est pas sa conclusion, c’est sa signification politique. Elle s’adresse aux décideurs». Pour elle, aborder la question de l’obésité n’est pas aussi simple que d’interdire les sodas XXL: “Nous devons changer d’environnement, travailler avec des restaurants pour qu’ils vendent des produits plus sains à des prix attractifs”. Elle rappelle que 12,5 millions de jeunes Américains de 2 à 19 ans sont obèses.

Photo: Fast Food/ SteFou! via Flickr CC License by

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