Mesgouts.fr: les petits plats à la loupe

Il y a ceux qui veulent manger bon, tout en mangeant bien. Ceux qui désirent surtout préserver l’environnement, ou favoriser le commerce équitable. Ou manger français tout en préservant leur porte-monnaie. Mais au final, comment remplir son chariot?

Faire ses courses alimentaires, aujourd’hui, n’est pas simple. Surtout pour le consommateur tenté par l’excellence. Il lui faut à la fois manger 5 fruits ou légumes par jour, ingérer fibres, protéines, glucides et lipides en quantités contrôlées, sans oublier les vitamines et autres minéraux, tout en vérifiant que tout ceci a une traçabilité environemmentale satisfaisante.  Les plus sourcilleux veilleront aussi à ne s’approvisionner qu’auprès de producteurs /distributeurs respectueux de leurs salariés et fournisseurs, voire, pour les plus chauvins, fabriquant en France et comptant des actionnaires français.

Pour eux, trois trentennaires viennent de créer une plate-forme pour le moins ambitieuse, www.mesgouts.fr . C’est une sorte de de “goodguide” français, moins complet –puisque spécialisé sur l’alimentation– mais sans doute plus transparent sur les critères et les modes de notation.

Une impressionnante base de données

Mesgouts note environ 10.000 produits alimentaires selon 7 critères: la qualité des ingrédients, la nutrition, le prix, l’environnement, l’origine,  l’éthique/social, et l’appréciation de la communauté «mesgouts». Ces données se trouvent pour l’instant sur internet, mais très bientôt, promet-on, il suffira au consommateur de scanner en magasin un produit sur son smartphone pour y accéder directement.

Venus de l’industrie des semi-conducteurs et de l’agro-alimentaire, les trois compères ont compilé une assez impressionnante base de données: pour chacun des produits, ils ont décrypté l’étiquette nutritionnelle, la liste des ingrédients,  ils ont pesé l’emballage, analysé sa recyclabilité. Estimé le nombre de kilomètres parcourus jusqu’à l’assiette du consommateur. Mais ils sont aussi allés chercher  des informations d’habitude assez confidentielles: pour certaines marques de distributeur, «mesgouts» est ainsi capable d’indiquer quel est leur fabricant. Le consommateur curieux apprendra ainsi que Novandie (groupe Andros et Cie) fabrique les yaourts brassés Monoprix et Panzani les spaghettis Auchan.

Libre ensuite à chacun de pondérer chacun des critères selon ses propres préférences. Voire de rentrer dans chacun d’entre eux pour y enlever ou ajouter un aspect qui lui semblerait marginal ou crucial. Ceux qui suivent un régime spécial (halal, ou végétarien) ou tentent d’éviter des ingrédients spécifiques (gluten, ou huile de palme), peuvent ainsi faire influer la note «nutrition» des produits. Et, une fois n’est pas coutume dans ce genre d’exercices, les préférences de chacun modifient de façon sensible le classement des produits: autrement dit, pour un produit donné, le choix de la marque joue un rôle. Mais, en général la plus grande différence de notation reste entre les catégories de  produits (entre un viennois au chocolat et un yaourt nature par exemple) plutôt qu’entre marques.

Que de la grande distribution

Evidemment, on trouvera toujours à redire: les produits ici listés sont tous issus de la grande distribution, où se réalise l’immense majorité des achats,  ce qui chagrinera les adaptes des marchés ou des petites enseignes de quartier.  Et les fruits et les légumes en vrac en sont assez naturellement exclus, puisque les emballage/origine/ etc.. varient de jour en jour.

Enfin, le modèle de financement envisagé –pour l’instant, le site est autofinancé par ses créateurs– ne plaira pas à tous, puisqu’il est prévu de proposer à des annonceurs de mettre en avant certains de leurs produits en fonction des profils enregistrés par les consommateurs. Les créateurs de «mesgouts»  devront alors faire doublement la preuve de leur impartialité –et de leur transparence.

Evidemment aussi, on pourrait rêver encore mieux: que la plate-forme nous aide, par exemple, à constituer une liste de courses parfaitement équilibrée par rapport aux recommandations du PNNS (programme national nutrition santé). Ou ne dépassant pas un certain budget. Ou n’ayant pas au total effectué plus d’un certain nombre de km. Ou géolocalisant le produit le plus proche correspondant aux préférences.

En attendant, mesgouts constitue surtout une mine d’informations pour les consommateurs qui le souhaitent. Et ce n’est déjà pas si mal.

Catherine Bernard

Photo: Qu’on fit Ur(staat) / poilOdo flickr CC License By

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Le gras selon les ados: je t’aime, moi non plus…

Mange pas ci, mange pas ça, mange ci, mange ça, les jeunes sont souvent confrontés à des normes contradictoires en matière d’alimentation. Le Fonds français Alimentation et santé organisait ce jeudi une conférence sur le thème: “L’alimentation des enfants et des adolescents: des normes aux représentations”.

Véronique Pardo, chercheur à l’Ocha (Observatoire Cniel des habitudes alimentaires) s’est notamment attardée sur l’exemple du gras, «au cœur des conflits entre normes et représentations», en s’appuyant sur la grande étude Alim’ados. Les ados et le gras, c’est un peu «Je t’aime, moi non plus». Il est intéressant de voir comment le gras est perçu selon certains critères de texture, d’aspect, qui ne correspondent pas forcément à la réalité.

D’après les enquêtes, pour les 12-19 ans, les gras, «c’est mou». Par exemple, des frites molles sont souvent considérées comme plus grasses que les frites croustillantes.

Le gras est aussi associé à un «fort dégoût», un côté gélatineux, souvent appliqué à certains produits carnés. Mais aussi à un aspect transparent, toujours suspect dans l’assiette… Un jus transparent va être analysé comme de la matière grasse fondue, alors qu’il peut s’agir d’un bouillon tout léger.

Enfin, «le coulant» est connoté gras. Par exemple, un camembert bien crémeux est classé par les ados comme un produit très gras, un camembert plus ferme et perçu comme plus léger!

Plus largement, Véronique Pardo explique que souvent, pour les ados, la définition du gras c’est «tout ce qui n’est pas jugé comme étant sain». Y compris certains produits ne contenant pas de matières grasses, comme les pâtes ou la semoule. «L’idée de saleté s’associe aussi au gras», puisque selon des verbatim d’ados, on a les mains sales après en avoir avalé…

Par contre, le gras de la cuisine des grands-parents est connoté positivement. L’étude a notamment été réalisée en Alsace… Les plats régionaux, pourtant très riches, ne sont pas perçus comme gras, car là, le gras donne du goût ! Ces plats sont aussi liés à des souvenirs d’enfance et des préparations familiales…

Au final, le gras est perçu par les ados comme bon ou mauvais en fonction du lieu, du mode de consommation, des personnes avec qui on mange… Les ados sont tiraillés entre le rejet des corps et aliments gras et leur goût pour ces aliments.

Filles et garçons n’ont pas le même discours sur ce rejet du gras (physique et dans l’alimentation) et sur les normes de minceur. Pour certains garçons, ingurgiter plus de gras peut même être «lié à l’image de virilité». Au final, il existe dans les sphères collégiennes et lycéennes une sorte de “spectre du gras, lié à un jugement moral de la personne pour les ados. Pour eux, avoir un corps ferme est comme une obligation vis-à-vis des autres. D’ailleurs, ils parlent plus d’aspect esthétique que de poids».

Lucie de la Héronnière

Photo: cordon bleu / kochtopf via Flickr CC License By

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L’huile de palme, vraiment mauvaise pour la santé?

Cachée dans les biscuits, les plats préparés, les viennoiseries du supermarché, la mayonnaise en tube, le pain de mie, la fameuse pâte à tartiner aux noisettes, les céréales et bien d’autres produits, y compris bio, elle est rendue coupable de mille maux. Souvent considérée comme un ingrédient «politiquement incorrect», elle est accusée d’être un des grands ennemis de la santé. Qui est-elle? L’huile de palme bien sûr!

Tout d’abord, qu’est-ce donc au juste que cette graisse tant décriée? Il s’agit d’une huile végétale naturelle, issue d’un palmier spécifique, le palmier à huile Elaeis guineensis. Comparée aux autres huiles, elle est très riche en acides gras saturés (50%), accusés de s’accumuler dans les artères et de favoriser le cholestérol.

Mauvais gras bien caché

Dans son avis sur la “réévaluation des apports nutritionnels conseillés en lipides: ni trop, ni trop peu” rendu public en mars 2010, l’ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire, précise:

“les acides gras saturés sont consommés en excès par la population française (16 % des apports énergétiques en moyenne alors que l’apport nutritionnel conseillé est inférieur à 12%). Ils sont notamment constitués d’acides laurique, myristique et palmitique qui, en excès, sont athérogènes”.

Justement, vous l’aurez deviné, un des composants essentiels de l’huile de palme est l’acide palmitique. Il est donc athérogène, c’est à dire qu’il favorise les dépôts graisseux à l’intérieur des vaisseaux sanguins. Et augmente par conséquent les risques cardio-vasculaires quand il est consommé de manière excessive.

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Que mangent les athlètes aux JO?

Mac Donald’s, un des principaux sponsors des Jeux Olympiques, a le monopole de la frite pendant l’événement et a construit pour l’occasion le plus grand restaurant McDo du monde. Les sportifs ne vont pas pour autant s’astreindre au régime BigMac. Ni au régime «choux de Bruxelles et betteraves» d’ailleurs. Que trouve-t-on dans l’assiette d’un athlète qui s’apprête à démarrer les JO de Londres? Le Huffington Post fait un petit tour d’horizon, du plus étrange au plus délicieux.

En 2008, le nageur américain Michael Phelps affirmait déjà engloutir 12000 calories par jour, rien que ça. Exemple de petit déj’ pour le nageur américain: trois sandwichs aux œufs, avec fromage, laitue, tomates, oignons frits et mayo, ainsi que café, cinq œufs en omelette, un bol de céréales, trois toasts saupoudrés de sucre et trois pancakes au chocolat. Et ce n’est que le repas du matin…

Bien sûr, ce n’est pas le cas de tout le monde. Les athlètes dames en taekwondo se contentent plutôt de 1500 calories par jour, et les athlètes messieurs en javelot, 3500, ce qui est déjà bien conséquent. Les entraîneurs de la gymnaste Son Yeon Jae pèsent sa nourriture chaque jour au gramme près. Même si elle avoue qu’elle préfèrerait manger de la pizza et des gâteaux de riz toute la journée.

Les bases sont à peu près les mêmes pour tous: le poisson, source d’acides gras et d’oméga-3, est privilégié. Le nageur David Roberts engloutit volontiers un steak de thon et des betteraves. Pour tout le monde, c’est eau et thé vert à volonté. L’alcool est généralement à éviter, et même formellement interdit pour les sportifs de la délégation russe. De nombreux sportifs, en particulier des coureurs de fond, sont végétariens ou végétaliens.

Chacun a son péché mignon secret à engloutir avant et après les performances. La beach-volleyeuse américaine Kerri Walsh Jennings adore manger des sandwichs au beurre d’amande et au miel avant les match, tandis que la nageuse Natalie Coughlin préfère le chou frisé bien frais. Le champion de badminton Lee Chong Wei se requinque avec du porridge ou des soupes chaudes…

Les délégations aiment conserver leurs traditions nationales. A Londres, l’équipe du Brésil aura au menu son repas traditionnel, la Feijoda, un ragoût de haricots noirs. Les haltérophiles venus du Kazakhstan ont demandé des saucisses de cheval, qui renforceraient leurs performances.

Enfin, selon les déclarations du papa du sprinter Usain Bolt lors des derniers JO, le secret de l’incroyable vitesse de son fils vient de la consommation d’igname, un tubercule que l’on trouve entre autres en Jamaïque. Ses adversaires vont-ils mettre ce légume-racine dans leurs menus, pour tenter de concurrencer Bolt?

Photo: Hurdles/ julie.froo via Flickr CC License by

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Les régimes restrictifs “commerciaux” ne sont pas efficaces à long terme

L’étude NutriNet-Santé, initiée il y a 3 ans, étudie les comportements alimentaires et les relations entre nutrition et santé chez des volontaires recrutés sur le web. Aujourd’hui, 223 000 «Nutrinautes» (mais l’appel aux nouveaux venus continue, pour atteindre l’objectif d’une cohorte de 500 000 sujets!) remplissent chaque mois un questionnaire sur leur alimentation, leur activité physique, leur poids, leur taille, leur état de santé ou sur divers déterminants du comportement alimentaire. Tout est examiné et analysé par une équipe dirigée par le Pr Serge Hercberg. Pour lui, il s’agit d’une «recherche citoyenne».

Ces données ont notamment permis de tirer des conclusions sur l’efficacité des régimes amincissants. D’abord, 2 femmes sur 3 et 1 homme sur 2 souhaiteraient peser moins. Et même chez les sujets de poids tout à fait normal, 58% des femmes et 27% des hommes aimeraient diminuer leur poids.

Alors 76% des femmes et 45% des hommes qui se trouvent trop gros(se)s ont fait au moins un régime au cours de leur vie. Le régime étant ici défini au sens large comme «toute modification volontaire des pratiques alimentaires dans le but de perdre du poids, et ce quelle que soit la durée ou le type de cette modification, qu’elle soit de l’initiative des sujets ou prescrite par un professionnel de santé»... Pour la moitié des sujets, l’objectif est de se sentir mieux dans son corps… La raison esthétique joue pour 12,4% des personnes interrogées. Pour 11,8%, c’est parce que le surpoids peut entraîner des problèmes de santé.

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Les deux candidats et l’assiette des Français

Nicolas Sarkozy goûte des produits locaux d’une ferme d’Isserpent, dans le centre de la France, le 25 novembre 2010. REUTERS/Eric Feferberg

Où est l’alimentation dans la campagne et les programmes des deux candidats finalistes à l’élection présidentielle? Bien cachée, pour une thématique qui concerne la vie quotidienne de tous les français. Quels sont les engagements de François Hollande et Nicolas Sarkozy en matière de «bien manger» et de nutrition? Quelle place accordent-ils à la cuisine saine, au bio, à la prévention de l’obésité, à la qualité de la restauration collective, aux circuits courts?

Finalement, pendant cette campagne, un seul thème s’est rapproché de l’alimentation: la viande halal. Mais dans la bouche de Marine Le Pen, il s’agissait plus de parler d’immigration que de bouffe. Hors des détails personnels et des anecdotes de campagne (Hollande fait ses courses tout seul et aime acheter de la compote, Sarkozy a mangé du boudin à Bayonne…), l’alimentation n’a pas fait recette.

D’abord, examinons purement et simplement leurs programmes. Aucun des deux ne s’attarde vraiment sur le sujet. Parmi les propositions de Hollande, la 6ème concerne la défense de l’agriculture française et le soutien à la ruralité. Le candidat affirme là: “Je défendrai un budget européen ambitieux pour l’avenir de l’agriculture dans sa diversité, en particulier l’élevage, dans le cadre de la révision de la politique agricole commune. J’encouragerai la promotion de nouveaux modèles de production et de l’agriculture biologique. Je donnerai aux producteurs les moyens de s’organiser pour rééquilibrer les rapports de force au sein des filières face à la grande distribution.”

Chez Sarkozy, la section du programme intitulée “consolider le renouveau de notre agriculture” parle de “renforcer l’organisation des filières de transformation afin de permettre aux agriculteurs de peser dans la négociation de leurs prix face aux distributeurs”. Pas de précision sur une éventuelle répercussion des prix pour les consommateurs…

Prévention et éducation

Ni Hollande ni Sarkozy n’a pris le temps de répondre aux questions d’Alimentons 2012, qui lance un appel pour faire de l’alimentation une question politique de premier plan et non plus «un enjeu de spéculation commerciale et boursière». Par contre, ils ont bien voulu répondre à l’Ania (Association nationale des industries alimentaires), qui a posé des questions à tous les candidats, pour éclairer leurs postures concernant l’alimentation et les industries concernées.

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Passage de flambeau sur le blog

La présidentielle s’approchant, je délaisse malheureusement de plus en plus Quand l’appétit va. Mais on a beau élire un(e) président(e) dans quelques mois, on n’arrête pas pour autant de se poser des questions sur la façon de remplir nos assiettes… Je suis donc très contente de pouvoir passer le relais de ce blog à Lucie de la Héronnière, dont le nom ne devrait pas vous être complètement inconnu si vous lisez régulièrement ce blog. Merci de m’avoir suivie et lue et d’avoir fait part de votre expérience ou de vos questions. A bientôt sur Slate.fr, ou, qui sait, sur ce blog en tant qu’invitée!

Cécile Dehesdin

Je laisse Lucie se présenter dans ses mots:

Journaliste très intéressée par le contenu de mon assiette, je vais donc prendre le relais sur ce blog. Vous avez déjà pu me lire ici à propos du Restaurant universitaire et de la street food. J’ai aussi écrit un livre de recettes pour étudiants, après avoir vérifié dans les kitchenettes grenobloises que les étudiants n’étaient pas tant que ça des amateurs de junk food

J’en profiterai pour donner au blog une tournure un peu plus bloguesque, avec des formats variés: des «Lu, vu, entendu» et des articles de fond, mais aussi des interviews, chroniques, critiques, reportages ici et là.

«Quand l’appétit va» traitera toujours de «bien manger», de nos manières d’engloutir tout un tas de choses, du mieux qu’on peut… Cette thématique est très vaste à explorer: parce que parler de nos manières de (bien ou pas) manger permet de parler d’agriculture, de règles sociales, de convivialité, de marketing, de croyances, de consommation, de politiques…

Vous lirez donc des articles à propos de food trucks, d’orthorexie, d’huile de palme, de burgers, de packaging, de locavores, de légumes oubliés. Mais aussi d’alimentation dans les programmes des candidats, de bouquins intéressants, de marketing fou, de nutrition latino, de sociologie végétarienne et de plein d’autres choses encore.

N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires, suggestions, ou interrogations existentielles concernant vos assiettes.

A bientôt !

Lucie de la Héronnière

Photo: So Yummy, Mr. Uncooked Potato Dives Right into It / skippyjon via Flickr CC License By

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Saviez-vous que le sucre nous donne envie de dormir?

Que manger quand on a un coup de fatigue en milieu d’après-midi, à défaut d’avoir un endroit pour dormir au bureau? La mauvaise idée serait de manger un carré de sucre ou autre aliment très sucré, révèlent plusieurs études de la neurophysiologie du sommeil, raconte Wired.

C’est l‘orexine, hormone cérébrale produite par des neurones de l’hypothalamus, qui régule l’équilibre énergétique et l’éveil. Pour se maintenir éveillé, il faut stimuler les orexines, notamment via l’équilibre nutritif des repas. En 2006, une étude de chercheurs de l’université de Cambridge a ainsi montré que la consommation de glucose aura tendance à bloquer, ou ralentir, l’activité des cellules orexines, ce qui pourrait expliquer la somnolence qui s’ensuit. Une nouvelle étude, publiée en novembre dans la revue Neuron, montre que les acides aminés, constitutifs des protéines, ont, en revanche, un effet particulièrement stimulant sur les orexines.

La diminution de l’activité des cellules orexines par le sucre avait été la conclusion à laquelle avait déjà abouti une étude d’une équipe de chercheurs du Sleep Research Centre de l’université de Loughborough, publiée dans la revue Human Psychopharmacology: Clinical and Experimental en 2006. Une heure après le déjeuner, ces derniers avaient fait boire une boisson énergétique contenant 42 grammes de sucre et 30 miligrammes de caféine à cinq adultes et une boisson au goût identique mais ne contenant aucun sucre à cinq autres adultes.

Les deux groupes avaient mangé le même déjeuner et dormi cinq heures la nuit précédant l’expérimentation. Cinquante minutes après, les adultes ayant eu droit à la boisson énergétique sucrée commençaient à montrer des signes de somnolence.

«Une surdose de sucre n’est pas effective pour combattre l’envie de dormir», avait alors avancé le professeur et directeur du Sleep Research Centre, Jim Horne, lequel estime qu’une meilleure façon de la surmonter est de boire une boisson à forte teneur en caféine et faire une courte sieste.

Doit-on alors faire une croix sur les desserts trop sucrés pour le déjeuner? Pas nécessairement, selon la dernière étude des mêmes chercheurs de Cambridge qui, voulant savoir si l’effet inhibitif du glucose sur les cellules orexines pouvait être surmonté par la consommation de protéines, se sont rendus compte que les signes de somnolence n’étaient pas manifestes quand les glucoses et les protéines étaient consommés simultanément dans un même dessert par exemple.

J.C.

Photo: Des morceaux de sucre/ Andrei! via Flickr CC license by

 

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L’UE interdit d’affirmer que l’eau empêche la déshydratation


Après trois ans d’étude, l’agence européenne en charge des standards alimentaires a interdit aux fabriquants de bouteilles d’eau d’afficher sur leur produit une étiquette affirmant que «la consommation régulière de quantités significatives d’eau peut réduire le risque de développement d’une déshydratation et une diminution concomitante des performances».

«L’UE maboul dit que vous ne POUVEZ PAS affirmer que boire de l’eau arrête la déshydratation», titre en s’énervant le Daily Mail, «L’UE dit que l’eau n’est pas saine», titre carrément le Sunday Express, tandis qu’un membre du parlement anglais conservateur s’indigne:

«L’euro est en train de brûler, l’Union Européenne est en train d’éclater et pourtant, voilà ce qu’ils font: des responsables très bien payés s’inquiètent à propos des qualités évidentes de l’eau et essayent de nous enlever le droit de dire ce qui est clairement vrai.»

Sur son blog scientifique du Guardian, Martin Robbins calme tout ce beau monde et donne un peu de perspective sur cette polémique qui ne devrait probablement pas en être une: les seuls députés interviewés sont des eurosceptiques, les professeurs interviewés sont ceux qui ont soumis le cas de l’eau et de la déshydratation [PDF] à l’agence européenne en charge des standards alimentaires (EFSA), deux scientifiques allemands qui conseillent l’industrie agro-alimentaire sur sa publicité et qui ont soumis ce cas pour tester les lois européennes sur les allégations de santé des aliments.

Mais Martin Robbins explique que boire de l’eau n’empêche pas la déshydratation:

«Si je bois une bouteille d’eau en courant dans un désert sous un soleil brûlant, je serai quand même déshydraté, et si je bois plusieurs bouteilles d’eau aujourd’hui, ça ne m’empêchera pas d’être déshydraté demain. La clé c’est de boire suffisamment d’eau quand on en a besoin, et aucune bouteille d’eau ne permet ça sauf si vous l’avez en perfusion.»

D’autant que la déshydratation n’est pas synonyme de manque d’eau ou de soif, et que d’autres éléments entrent en compte, comme les électrolytes.

Surtout, rappelle Robbins, la décision de l’EFSA ne concerne que ce cas très particulier, et n’interdit absolument pas de dire que l’eau est bonne pour la santé ou aide à rester hydraté.

Photo: Water bottle in the Airport/ Leo Newball Jr. via Flickr CC License By

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Faut-il manger au moins 5 fruits et légumes par jour?

Ça fait dix ans que le slogan «Au moins 5 fruits et légumes par jour» est apparu, lancé par la première campagne de pub du Plan National Nutrition Santé (PNNS). Depuis 2001, il est rentré dans nos têtes et tient fièrement sa place dans nos blagues un peu pourries, au côté des antibiotiques pas automatiques et du capitaine de soirée.

Mais pourquoi faudrait-il manger au moins 5 fruits et légumes par jour? *

Contre le cancer, les maladies cardio-vasculaires, et la fin du monde

La recommandation vient de plusieurs études qui ont montré que consommer des fruits et des légumes «permet de réduire le risque de certaines pathologies comme le cancer et les maladies cardio-vasculaires», explique le Professeur Serge Hercberg, directeur de recherche à l’Inserm qui a participé à la mise en place du PNNS.

D’après ces études (dont celle-ci, réalisée par l’OMS), c’est à partir de 400g de fruits et légumes au quotidien qu’on prévient  les maladies citées ci-dessus, le diabète, l’obésité, et les déficiences en nutriments.

«A 400g, le bénéfice est particulièrement net, précise Serge Hercberg, mais de manière générale plus on augmente la consommation de fruits et légumes et plus le bénéfice pour la santé augmente.»

Le PNNS a fixé certains objectifs nutritionnels, explique Florence Rossi diététicienne et porte-parole de l’Association Française des Diététiciens Nutritionnistes, comme diminuer les carences en vitamines, minéraux, fibres, rééquilibrer l’équilibre entre les glucides et les graisses, et augmenter la consommation de calcium.

Puis «ces objectifs ont été traduits en repères de consommation: en pratique, pour répondre aux objectifs nutritionnels, nous devons conseiller à l’ensemble de la population française d’augmenter sa quantité de fruits et légumes consommée».

5 fruits et légumes ou 400g?

Les 5 portions de fruits et légumes viennent donc de 5×80 à 100g=400 à 500g. «C’est particulièrement frappant au-dessus de 5 fruits et légumes, mais dans tous les cas on bénéficie d’en manger plus», souligne le professeur Hercberg.

Mais l’Etat a décidé de communiquer auprès du grand public avec cette idée de 5 fruits et légumes plutôt qu’avec les 400g, «parce qu’on n’a pas envie que la population s’embête à avoir la balance sur sa table pour se demander si c’est bien ou pas bien», explique le Docteur Michel Chauliac, responsable actuel du PNNS.

Pour la diététicienne Séverine Sénéchal, membre de l’Association de Diététique et Nutrition Critique, il serait au contraire «plus facile d’avoir un repère de 400g» que les 5 fruits et légumes: puisque les fruits et légumes que nous mangeons dans la vraie vie ne font pas tous 80g, on peut manger moins de fruits et légumes et pourtant atteindre ces 400g.

Exemple:
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