Les critiques de l’alimentation industrielle entraînent une “naturalisation” de l’offre

Nous sommes régulièrement touchés par des scandales alimentaires, ce qui nous pousse à vouloir du vert, du “naturel”, vaste notion aux contours flous…

“Critiques de l’alimentation industrielle et valorisations du naturel: sociologie historique d’une “digestion” difficile (1968-2010)”, c’est le titre de la thèse d’Olivier Lepiller, menée sous la direction de Jean-Pierre Poulain. Le désormais docteur en sociologie est venu présenter son travail lors d’une conférence organisée par le Fonds français Alimentation & Santé.

On parle d’un sujet d’actualité brûlante. Mais depuis déjà près de 15 ans, un contexte très critique cohabite avec “la multiplication des garanties données à la critique”.

Allez, un peu de socio et des typologies qui nous aident à comprendre… Premier constat d’Olivier Lepiller: “il y a un problème de confiance entre les mangeurs nourris et les industriels nourriciers”, autour de thématiques comme les OGM, les additifs, l’huile de palme, les publicités abusives, les tromperies sur la marchandise…

Alors les mangeurs critiquent, sous plusieurs formes selon Olivier Lepiller:

–       La critique toxicologique, avec comme argumentation: l’industrie agroalimentaire néglige la santé, intoxique…

–       La critique politique et morale: l’agroalimentaire exploite, domine injustement, dupe, trompe, dissimule… Cette critique a des sous-catégories, les critiques “consumériste”, “ruraliste”, “tiers-mondiste”, “altermondialiste”, “gastronomique et identitaire”, “animaliste”…

–       La critique écologique: les modes de production industriels polluent, détruisent l’environnement et la biodiversité…

–       La critique diététique: l’industrie appauvrit les aliments, détraque les régulations physiologiques et socioculturelles…

Ces critiques semblent avoir des effets sur la communication, le marketing, les manières de produire ou les formulations. Les acteurs de l’offre veulent démontrer leur vertu, avec du bio, des emballages verts…

Depuis les années 1990 et la crise de la vache folle, on observe ainsi clairement une certaine tendance à la “naturalité”. Une volonté de donner des gages de bonne conduite et de qualité: la lettre scientifique d’Olivier Lepiller précise que “de plus en plus souvent, la nature est convoquée comme une instance morale sanctionnant les actions humaines”.

Là aussi, petite typologie de la contre-attaque agroalilentaire,  le travail de naturalisation (attention mot hyper-polysémique!) des produits industriels:

–       Un travail de naturalisation “inspiré”, avec l’absence d’artificiel et moins d’interventions techniques: la communication sur le “sans colorant ni conservateur”, les céréales complètes, le lien avec le sauvage (“miel de montagne” par exemple), l’absence d’éléments chimiques, la production décrite comme spontanée (“la nature nous offre…”), le “100% vrai”…

–       Un travail de naturalisation domestique, qui “met en avant des modes de production inscrits dans un héritage”: avec comme argument de vente des technique de production naturalisées (“des procédés naturels”…), des méthodes “artisanales” ou “traditionnelles”, la mise en scène du passé (pubs avec la nappe à carreau de mamie)… On pourrait ajouter la proximité et le local mis en avant par les industriels, évoqués ici il y a peu.

–       Un travail de naturalisation écologique, avec la promotion des actions positives sur l’environnement (“actions en faveur de la biodiversité”…), limitation des effets nocifs (économies d’énergie dans la production…), labellisation AB…

–       Un travail de naturalisation industriel, sur des produits en accord avec les recommandations nutritionnelles, avec l’ajout d’une substance recommandée (par exemple “enrichi en Oméga 3”). Une idée appuyée par “des arguments issus de la biologie de la nutrition, qui est une science de la nature”.

Ces types de naturalisation sont chacun plus ou moins reliés avec les différents types de critiques de l’alimentation industrielle identifiées plus haut.

La critique est bien “digérée”, par “l’adoption par les acteurs industriels de qualifications marchandes précisément pensées, à l’origine, contre l’industrialisation”. Une sorte de détournement alors…

Et au fait, pourquoi on aime manger des trucs “naturels”? Une piste: ces produits, on les mange, on les incorpore dans nos corps. Et, conclut Olivier Lepiller dans sa lettre scientifique, “l’incorporation met directement en jeu la dimension naturelle des mangeurs à travers leur corps, qui les rattache au domaine du vivant et du naturel”.

Photo: Greens and vegetables at Whole Food Market, London/  ciao_yvon via FlickCC License by

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Trois repas et tout va!

Petit déjeuner, déjeuner, dîner: depuis environ deux siècles, manger trois fois par jour et à heures à peu près fixes est devenu une pratique généralisée dans notre pays. Une norme qui s’impose encore aujourd’hui, au point qu’elle devient un baromètre de la santé, sociale, économique et psychologique, des individus.

Eclatement des familles, allongement des temps de transport, travail généralisé des femmes, métissage culturel, crise économique, généralisation du grignotage et même réchauffement climatique? La norme des trois repas par jour résiste à tout, ou presque. Les chercheurs de l’Inra l’ont encore confirmé dans un récent article «Who still eats three meals a day? Findings from a quantitative survey in the Paris area» dont un résumé gratuit est disponible en ligne. Une étude limitée à l’Ile-de-France qui, selon les auteurs, est la région la plus inégalitaire de France, tant au niveau économique que social, et donc la plus susceptible de désintégrer la tradition culinaire française.

Eh bien non: 66% des ménages franciliens enquêtés font bien trois repas par jour, le repas étant considéré comme une prise alimentaire «structurée» (à l’inverse du grignotage). Plus parlant encore, ils prennent tous ces repas à peu près à la même heure: pour une grande majorité de personnes, le petit déjeuner se déguste entre 7h et 8h, le déjeuner débute vers 12h ou 13h et le dîner entre 19h et 20h.

Moins d’un quart des Franciliens interrogés ne font que deux repas, le repas sauté étant alors, généralement, le petit déjeuner. Ceux qui ne font qu’un repas par jour sont carrément marginaux (3% des personnes enquêtées), une proportion plus importante (6,7%) en revanche s’attablant devant un quatrième repas, en général le goûter. On soupçonne qu’il s’agit de sportifs qui reprennent un peu de force entre leur travail et l’entraînement.

A noter cependant: si 23,6% des Franciliens ne s’attablent que 2 fois par jour, ils ne sont en revanche que 16% à ne faire que deux prises alimentaires par jour. Autrement dit, les autres font bien une troisième prise alimentaire, mais non structurée, sous forme de grignotage.

Mais la grande majorité des personnes fait donc trois repas par jour. Ce qu’elles mangent, en revanche, diffère énormément selon le type de famille, ce qui fait l’objet d’une autre étude de l’Inra. Les femmes, les familles et les personnes âgées sont celles qui se conforment le mieux à la norme. Les exceptions sont à chercher parmi les jeunes adultes, a priori ceux qui ont quitté le foyer familial mais pas encore fondé de foyer; parmi les entrepreneurs (ils n’ont pas le temps?); mais surtout, parmi ceux qui se trouvent en dessous du seuil de pauvreté.

«La principale césure est économique», confirme Olivier Cardon, l’un des auteurs de l’étude. Et la précarité touche d’abord les femmes seules avec des enfants qui sautent ainsi plus souvent un repas que les autres.

En réalité, souligne le chercheur, manger trois fois par jour et à des heures à peu près harmonisées est devenu une telle norme qu’elle en deviendrait presque un signe d’intégration économique, sociale, culturelle.

Tant qu’on mange trois fois par jour, autrement dit, c’est que tout va à peu près bien. Et quand on arrête, c’est que l’on est trop précaire, ou que l’on tombe dans la dépendance: «Les personnes âgées sont celles qui se conforment le plus à la norme, et s’y accrochent autant qu’elles peuvent», constate Olivier Cardon. Lorsqu’elles cessent de faire leurs trois repas quotidien, c’est le signe qu’elles tombent dans la dépendance, la maladie ou la dépression.

Servir des repas appréciés –à domicile ou en institution–, ou carrément associer les personnes du quatrième âge au choix voire à la confection des mets, apparaît donc comme une bonne méthode pour retarder leur entrée en dépendance.

Plus surprenant pour les chercheurs, il semble que les trois repas aux heures «françaises» constituent également un signe d’intégration pour les populations d’origine étrangère. Et de fait, les Français naturalisés s’y conforment comme le reste de la population (70% font trois repas, contre 68,6% pour les Français d’origine), alors que les étrangers ne sont que 50% à s’attabler trois fois par jour. L’enquête n’ayant cependant pas été réalisée dans ce but, les chercheurs ne savent pour l’instant pas s’il s’agit d’habitudes alimentaires différentes, ou simplement du fait que les étrangers ne considèrent pas le petit déjeuner français comme un repas à part entière et ne le comptabilisent donc pas comme tel. A suivre donc!

Catherine Bernard

Photo: Petit déjeuner

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Plus de précarité = plus d’obésité?

La nouvelle étude Abena (sur l’alimentation et l’état nutritionnel des bénéficiaires de l’aide alimentaire) vient d’être rendue publique.

Elle révèle des chiffres préoccupants: les pathologies liées à la nutrition (obésité, hypertension artérielle, diabète) sont très élevées chez les usagers des aides alimentaires, qui connaissent “des contraintes dans leurs conditions de vie qui ont un impact sur, entre autres, leur santé nutritionnelle, même si le recours à l’aide alimentaire devrait permettre d’en atténuer les effets délétères”.

La prévalence de l’obésité chez ces usagers est ainsi de 28,8% (contre 17,6% dans la population générale selon l’ENNS 2006-2007), chiffre en augmentation depuis la dernière étude de ce genre en 2004-2005.

Les femmes sont particulièrement touchées, puisque 35,1% d’entre elles sont obèses, et 36,3% en surpoids. En outre, 48,5% des hommes et 39,3% des femmes souffrent d’hypertension artérielle (contre 34,2% et 27,8% dans la population générale).

Enfin, la prévalence du diabète semble plus élevée que dans la population totale, surtout chez les femmes (8,9% contre 3,3% de la population générale).

Cependant, certains “marqueurs biologiques de l’état nutritionnel” évoluent favorablement. On observe une baisse de l’anémie par carence en fer.

Ces chiffres concernant “les pathologies liées à la nutrition” s’expliquent, entre autres, par des conditions particulières de consommation. 39,5% des usagers déclaraient “moins de 3 prises alimentaires la veille de l’enquête”.

Certains groupes d’aliments sont mangés bien moins souvent que ne le préconisent les recommandations nutritionnelles, et à des fréquences inférieures à celles de la population générale, comme par exemple pour pour les produits laitiers.

Seulement 6,5% des usagers affirmaient consommer des fruits et des légumes 5 fois par jour. Un quart des personnes déclaraient avoir consommé des boissons sucrées quotidiennement au cours des douze derniers mois.

L’étude note que l’aide alimentaire est “la principale source d’approvisionnement pour de nombreux types d’aliments”, comme les produits non périssables (pâtes, sucre, farine…), les conserves ou le lait.

Parmi les conclusions de l’étude,il apparaît donc prioritaire de renforcer les actions de prévention, notamment de proximité, ainsi que les dépistages du risque de maladies chroniques auprès de ces publics”.

Ces résultats sont bien sûr à mettre en parallèle avec les situations socio-économiques des personnes interrogées, et notamment l’accès aux soins. Une personne sur dix déclarait ne pas bénéficier d’une couverture maladie au moment de l’enquête.

Etude réalisée auprès de plus de 2000 bénéficiaires de l’aide alimentaire en 2011-2012, sur six territoires urbains (Paris, Marseille, Grand-Dijon, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Hauts-de-Seine), financée par l’Institut de veille sanitaire, l’ORS (Observatoire Régional de Santé) Île de France, l’Inpes.

Photo: Spaghetti/ angermann via FlickCC License by

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Vos légumes, vous les achetez frais ou transformés?

Frais ou “transformés”? Il y a plusieurs manières d’acheter et de cuisiner courgettes, carottes et autres salades vertes. Le Programme national nutrition santé explique d’ailleurs que les “5 fruits et légumes par jour” peuvent être consommés sous des formes différentes.

Des chercheurs en sciences sociales de l’INRA (Institut national de recherche agronomique) se sont penchés sur la consommation de légumes des Français, dans une étude publiée dans l’European Journal of Public health:

“Depuis la fin du XXème siècle, la consommation de légumes frais décroît, même si elle est partiellement compensée par une augmentation de la consommation de légumes transformés”.

L’équipe a alors cherché à identifier les facteurs qui agissent sur la consommation de telle ou telle forme de légumes.

En excluant les pommes de terre et les lentilles, ils ont séparé les légumes frais, les légumes transformés (légumes épluchés et lavés en sachet, conserves, surgelés, légumes en potage, légumes cuisinés, et même les plats préparés contenant une portion de légumes identifiée. Par exemple du colin-petits pois-riz, mais pas des lasagnes…), et les aliments pour bébé comportant au moins une portion de légumes.

Alors, toutes formes confondues, les Français consomment en moyenne 114 kg de légumes par foyer et par an, dont 60% de frais. Plus on prend de l’âge, plus on achète des légumes. Ainsi, “les plus gros consommateurs sont les personnes âgées de plus de 60 ans, qui achètent deux fois plus de légumes que les trentenaires”.

Au rayon frais?

Plus précisément, du frais ou du transformé? “Les consommateurs achètent d’autant plus de légumes frais que leurs revenus sont élevés (14 kg/ an d’écart entre les 15% les plus riches et les 15% les plus pauvres) ou qu’ils sont diplômés”.

Le facteur de l’âge est aussi important, sans doute à cause d’un effet de génération (les plus âgées ont moins été habitués à fréquenter les grandes surfaces et donc les légumes préparés), mais aussi peut-être parce que les retraités ont plus de temps pour cuisiner des produits frais.

Par contre, il y a moins d’inégalités dans l’achat des légumes transformés: “les quantités de légumes transformés achetées sont indépendantes de l’âge et du niveau socio-économique des ménages”, mais varient juste en fonction du nombre d’enfants et d’adultes dans le foyer.

Du coup, les chercheurs pensent qu’il est important de continuer à encourager la consommation de légumes frais, qui reste majoritaire, mais que “les légumes transformés ne doivent cependant pas être négligés: consommés dans toutes les couches sociales, ils représentent une alternative intéressante à la baisse du temps consacré à la préparation culinaire”.

La qualité nutritionnelle pose question, les légumes frais préservant plus les nutriments. Mais Marie Plessz, une des auteurs de l’étude, expliquait ce matin que nous avons “peu d’informations sur la manière dont les gens cuisinent les légumes frais. Ils peuvent aussi être bouillis, ou préparés avec beaucoup de gras”… Donc les légumes achetés frais ne sont au final pas forcément plus nutritifs.

Quid des comparaisons internationales? Elles sont peu aisées, Marie Plessz précise que “la définition de la catégorie légumes n’est pas uniforme. Par exemple la pomme de terre est considérée comme un légume dans les études aux Etats-Unis”. En fait, cette question est toujours délicate, car on peut suivre la défintion potagère (potager ou verger?), culinaire ou nutritionnelle…

L.D.

Photo: Eat Your Vegetables, They’re Good For You!/ the bridge via FlickCC License by

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En Afrique du Sud, pas de cheval non étiqueté… mais de la chèvre, de l’âne et du buffle

En France et chez nos voisins, on achète des lasagnes (ou des raviolis ou des boulettes)  au cheval, étiquetées comme des plats au boeuf. En Afrique du Sud, une étude vient juste de révéler que de l’âne, du buffle et de la chèvre ont été trouvés dans des produits censés contenir du boeuf.

Sur le blog de l’Université de Stellenbosch, les auteurs expliquent que 68% des 139 produits testés (achetés dans des boucheries ou des magasins de vente au détail) contenaient des espèces non déclarées sur l’étiquette. Particulièrement dans des saucisses, des steaks pour les burgers et de la charcuterie. Notons que du soja et du gluten ont aussi été dénichés dans 28% des échantillons, sans être identifiés clairement sur les étiquettes.

Les fabricants ont ainsi utilisé des viandes de substitution pour remplacer discrètement le boeuf: du porc dans 37% des échantillons, du poulet dans 23%.

Et donc aussi des bêtes moins courantes au supermarché: “des espèces non conventionnelles comme l’âne, la chèvre et le buffle ont aussi été détéctées dans un certain nombre de produits”, déclare le professeur Hoffman, un des auteurs de la recherche. Ces conclusions ont été possible grâce à des recherches d’ADN dans les préparations carnées.

«Nos résultats soulèvent des préoccupations importantes sur le fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement de la viande en Afrique du Sud», et “cela viole les réglementations d’étiquetage de la viande, mais a aussi des impacts économiques, religieux, éthiques et sanitaires importants”, déclare Hoffman.

Le Washington Post précise que “l’Afrique du sud a des viandes excellentes et reconnues, boeuf, agneau, porc ou poulet. Mais une chaîne de production complexe, qui fait que des produits pourraient être contaminés par d’autres produits, dans des abattoirs ou lors des étapes de conditionnement. Ou à cause de nombreuses viandes importées”

Hoffman déclare pourtant que ses échantillons sont 100% locaux. Pour lui, il ne coûterait pas bien cher à l’industrie de la viande de se conformer aux lois concernant l’étiquetage en Afrique du Sud.

Et de conclure: “les gens ont le droit de savoir ce qu’ils mangent. Il n’y a rien de mal à manger de l’âne si vous aimez bien l’âne. Mais si vous n’aimez pas, vous avez le droit de savoir”.

Photo: Goats eat weeds at Cloisters City Park July 2011/ mikebaird via FlickCC License by

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Entre confiance et méfiance dans l’assiette

Avec cette affaire de lasagnes à la viande de cheval, la confiance (ou pas) dans ceux qui font notre alimentation est questionnée. A l’occasion du Salon de l’Agriculture à Paris, le baromètre Ifop pour Dimanche Ouest-France sur les agriculteurs montre que les Français font majoritairement confiance à ceux qui cultivent et produisent leurs aliments bruts.

77% (c’est + 3 points par rapport à 2012) des sondés pensent qu’ils peuvent avoir confiance dans le travail des agriculteurs. 69% (+ 5 points) pensent qu’ils sont respectueux de la santé des Français.

Les agriculteurs sont jugés “modernes” par 80% des Français. Mais aussi “compétitifs” par 58%, chiffre en baisse de 6 points. Par contre, seulement 54% estiment que les agriculteurs sont respectueux de l’environnement.

Côté industries

La confiance dans les produits bruts et l’image des agriculteurs semblent donc préservées. Ces dernières semaines, c’est plutôt l’image de l’industrie agro-alimentaire qui s’est dégradée.

Comme le souligne La Tribune, un Français sur quatre déclare ne plus vouloir consommer les marques mises en cause dans l’affaire de la viande de cheval. En outre, pour 70% des Français, ce scandale n’est pas un accident isolé, et est “révélateur d’une réelle détérioration de la qualité des produits alimentaires”.

Toujours selon la Tribune, une étude menée par Tilder/OpinionWay pour LCI montre que 56% des Français ne font pas confiance aux indications sur la composition indiquées sur les étiquettes des produits.

Confiance?

Cette confiance (ou méfiance) envers ceux qui fabriquent et transforment le contenu de nos assiettes est en ce moment au coeur des débats. François Hollande a insisté sur la confiance, hier, lors de l’inauguration du Salon de l’Agriculture: “Je suis venu délivrer un message de confiance dans l’agriculture française” affirmait-il en arrivant, rapporte Ouest-France.

Le Président s’est déclaré partisan d’un « étiquetage obligatoire sur les viandes qui sont insérées, introduites dans les produits cuisinés. D’ici là je soutiendrai avec le ministre de l’Agriculture et les ministres concernés toutes les initiatives qui seront prises pour des démarches volontaires d’étiquetage de manière à ce que le consommateur puisse être informé de la provenance des produits qu’il consomme, et notamment des viandes »

Seule une évolution de la législation européenne pourra permettre cet étiquetage obligatoire de l’origine de la viande dans les plats préparés. Une transparence qui pourra sans doute rassurer…

Il est encore question de confiance quand, interviewé par BFMTV, José Bové explique que «les consommateurs sont inquiets aussi de savoir comment sont nourris les animaux. (…) Je pense aux farines animales dont on dit qu’elles vont être réintroduites, il faut clairement là aussi que ce soit étiqueté !».

Des inquiétudes et indignations se sont faites entendre à l’annonce de la Commission européenne affirmant que les poissons d’élevage pourraient à nouveau être nourris avec des farines de porcs et de volailles à partir du 1er juin. Malgré cela, François Hollande a déclaré hier que la France ne réintroduira pas les farines animales dans l’alimentation d’élevage. De quoi rassurer un peu?

Photo: CHAMPS/ Hrvoje Go via FlickCC License by

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Consommateurs (ou pas) de nourriture bio: quel est votre profil?

64% des Français ont consommé bio en 2012. C’est l’un des résultats du 10ème baromètre Agence Bio/CSA 2012. Pour l’Agence Bio (qui a notamment pour tâche de promouvoir l’agriculture biologique), c’est «une vraie tendance de fond qui s’affirme».

71% des sondés déclarent privilégier les produits respectueux de l’environnement et/ou du développement durable, c’est 5 points de plus qu’en 2011. «Cette conscience environnementale croissante est en harmonie avec la montée en puissance de l’agriculture biologique en France», commente l’Agence.

L’Agence Bio distingue 5 profils de consommateurs (ou non-consommateurs!) bio :

Les «Bio-quotidiens» ou «les précurseurs», 8% des Français: ils consomment bio chaque jour, et sont acquis à la cause depuis longtemps… 18 ans en moyenne! Il s’agit pour eux d’une habitude familiale. Pour eux, le bio ce n’est pas que l’alimentation, et pas qu’à la maison. Enfin, ces “Bio-quotidiens”, qui ont 52 ans en moyenne, s’estiment bien informés sur le sujet, plus que le reste des Français (75% contre 54%).

Les «Bio-Hebdos», des «Bio-quotidiens en devenir», 15% des Français: ils consomment bio une à plusieurs fois par semaine et ont « une connaissance très pointue des qualités et principe de la Bio ». 97% connaissent le logo AB (contre 93% des Français) et 61% le logo bio européen (contre 42% des Français).

Les «Bio-mensuels», «les plus récents», 20% des Français: ce sont des consommateurs bio plus nouveaux, qui achètent bio au moins une fois par mois, «à l’image de la population française en moyenne». Le bio n’a pas encore beaucoup changé leurs habitudes alimentaires, et l’Agence bio estime qu’ils ont «besoin d’informations complémentaires».

Les «Bio-occasionnels», «des consommateurs désireux d’information complémentaire», 21% des Français: ils consomment bio moins d’une fois par mois. 50% d’entre eux s’estiment insuffisamment informés sur le bio. Ils trouvent que le prix du bio est trop élevé (pour 83%) ou «n’ont pas le réflexe d’acheter» (76%). Mais les parents «Bio-occasionnels» souhaitent en large majorité plus de bio pour leurs enfants, à l’école.

Les «Non-consommateurs», les «désintéressés », 36% des Français: cette catégorie rassemble une grande part de 15-24 ans. Ils s’estiment mal informés (54%), mais n’attendent pas spécialement plus d’informations…

Notons que pour ces différents consommateurs, la part du «bio made in France» gagne du terrain, sans doute grâce au développement de circuits courts. L’année dernière, le cabinet Xerfi diagnostiquait un ralentissement du bio, peut-être évincé par le locavorisme. Mais bien entendu, les deux ne sont absolument pas contradictoires.

Photo: Small deluxe organic box/ WordRidden via FlickCC License by

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Les Français veulent être mieux informés sur l’origine des aliments

La CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie), une association de consommateurs, vient de rendre public un sondage (réalisé sur 1040 personnes) sur les attentes des consommateurs en matière d’informations sur l’origine des produits alimentaires.

L’association fait d’abord le constat d’une situation de départ à améliorer:

« Aujourd’hui, l’information des consommateurs sur l’origine des produits alimentaires est déficiente. En effet, cette information n’est obligatoire que pour certaines catégories de produits: les fruits et légumes, la viande bovine, le poisson lorsqu’il n’est pas conditionné ou préparé, le vin, l’huile d’olive, la volaille lorsqu’elle ne vient pas de l’Union européenne, le miel et les œufs. Pour les autres produits, les labels officiels comme l’AOP et l’IGP peuvent bien sûr fournir une information mais les produits ainsi labellisés sont beaucoup plus chers et pas toujours disponibles.»

Marketing

En plus, la CLCV souligne que des origines peuvent être suggérées à travers la pub ou l’image des marques, mais induire les consommateurs en erreur.

Ainsi, «Findus met en avant le fait que ses produits Croustibat sont fabriqués à Boulogne‐sur‐Mer mais l’origine du poisson est plus lointaine: Pacifique ou Alaska suivant les espèces». L’origine des matières premières n’est pas la même chose que le lieu d’élaboration…

Autres exemples donnés par la CLCV, la marque «France Champignons» qui vend des pleurotes venues d’Espagne, ou «Jardins du Midi», qui vend des oignons australiens… Ou encore le jambon de la marque «Aoste», produit fabriqué en Isère… Et non en Italie comme le «Jambon d’Aoste»,  qui bénéficie quant à lui d’une appellation d’origine protégée.

Viande tracée

Alors, 99% des sondés considèrent qu’il est important d’être informé de l’origine du contenu de nos assiettes, que ce soit pour contribuer au développement économique d’une région ou d’un pays (71%), ou pour des motifs d’ordre environnemental (66%), social (63%) ou concernant la sécurité des produits (62%).

79% des gens aimeraient avoir des infos plus précises sur l’origine de leur viande: lieux de naissance, d’élevage et d’abattage des bêtes. Pour une confiture, 92% des sondés souhaiteraient avoir des infos sur le lieu de production des fruits ET le lieu de fabrication du produit.

La CLCV profite de ces résultats pour tenter d’influer sur l’évolution progressive de la réglementation européenne sur l’étiquetage, qui prévoit plus de transparence.

Elle souhaiterait notamment rendre obligatoire la mention de l’origine sur les produits composés d’un seul ingrédient comme l’huile ou la farine. Et voudrait qu’on donne aux consommateurs des infos sur l’origine des principaux ingrédients (50%) dans les produits élaborés.

Enfin, l’asso demande aussi que l’origine des ingrédients corresponde au lieu de production de la matière première… Et non de sa transformation.

Photo: supermarket/ xophe_g via FlickCC License by

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Manger plus tôt pour perdre du poids?

On devrait manger «comme un roi au petit déjeuner, comme un prince au déjeuner et comme un pauvre au dîner», vous avez sans doute déjà entendu ce genre de conseil? On a de plus en plus de preuves sur la vérité de cette phrase, avec entre autres cette récente étude espagnole qui affirme qu’il est préférable de ne pas trop avaler de calories en fin de journée…

Cette étude, publiée dans International Journal of Obesity entend démontrer que l’important n’est pas seulement ce que l’on mange, mais aussi quand on mange, raconte El Mundo. Notre corps comprend très bien les horaires, et les scientifiques conseillent à ceux qui veulent maigrir de manger plus tôt.

Une équipe de l’Université de Murcie, en collaboration avec des scientifiques de Harvard, a mené cette recherche sur 420 personnes, hommes et femmes, en surpoids ou obèses, qui essayaient de maigrir. Ceux qui mangeaient avant 3 heures de l’après-midi arrivaient à une perte de poids beaucoup plus significative que ceux qui mangeaient après cette deadline.

Marta Garaulet, prof de physiologie à Murcie, explique plus précisément à El Mundo que ceux qui ont pris le principal repas de la journée (environ 40% des apports) avant 15 heures ont réussi à perdre 12% de leur poids, contrairement aux autres qui ont perdu seulement 8%. Même si tous ont mangé exactement la même chose, fait la même quantité de sport et dormi le même nombre d’heures.

L’heure à laquelle on mange pourrait donc avoir une influence sur la régulation du poids et du métabolisme… José Maria Ordovas, un autre des auteurs de l’étude, déclare qu’il s’agit d’une «observation vraiment intéressante» mais qu’il faudra reproduire l’expérience sur d’autres échantillons pour voir plus précisément quels sont les facteurs en jeu et quelle peut être l’implication clinique.

Npr a interrogé Franck Scheer, directeur du programme de chronobiologie à Harvard. Il explique que comme on envoie des signaux à notre horloge interne en mangeant, il est possible qu’en retardant le repas dans la journée, les choses deviennent hors de contrôle:  «La grosse horloge du cerveau est désynchronisée avec les mini-horloges dans les cellules qui régulent le métabolisme». En gros, «quand les heures de repas ne correspondent pas au cycle veille-sommeil, il y a une sorte de déconnexion entre les différentes horloges de notre corps».

Et cette déconnexion ferait que le complexe système qui régule notre poids ne marche plus à merveille.

Npr rapporte aussi les propos d’une sceptique, Madelyne Fernstrom, du Centre médical de l’Université de Pittsburgh: «L’étude montre une association entre l’horaire des repas et la prise de poids, mais ce n’est pas la preuve d’une relation de cause à effet».

En effet, la perte (comme la prise) de poids est vraiment multi-factorielle. Pour Madelyne Fernstrom, beaucoup plus que les horaires, «le plus important, c’est ce que vous mangez. Si vous voulez perdre du poids, vous devez manger moins de calories et faire du sport». Comme le souligne Npr, c’est un message qu’on a déjà entendu quelque part…

Photo: Clock / Dave Stokes via Flickr CC License by

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La viande de dinosaure, ça avait quel goût?

Si les hommes avaient croisé des dinosaures et avaient réussi à chasser un specimen bien dodu avant de le faire cuire à la broche, quel dinosaure aurait été le plus goûteux?

David Varricchio, professeur de paléontologie à l’Université du Montana, a peut-être une réponse, signale le Huffington Post… Il a analysé le régime alimentaire et le type d’activité des dinos pour pouvoir juger de l’éventuel goût de leur viande.

Pour le chercheur, le met de choix n’était sûrement pas le T-Rex: «On a trouvé des anomalies dans ses mâchoires, qui suggèrent qu’il mangeait de la viande fétide, et qu’il avait des maladies transmises par ses proies», dit-il à Popular Science. Une viande pleine de parasites donc!

Diverses théories affirment que les dinosaures avaient un goût de poulet, en se basant sur leur proximité avec les oiseaux. Selon Slate.com, la viande de T-Rex ressemblait plus à du faucon qu’à du poulet… Puisque d’ «innombrables facteurs déterminent la saveur de la viande, y compris la composition des muscles d’un animal, ses habitudes alimentaires et ses hormones», la saveur du grand dino aurait été plus proche de celle d’un oiseau carnivore, assez forte donc…

Les dinosaures qui avaient un régime à base d’animaux marins ne devaient pas être vraiment délicieux non plus, non pas à cause de leur goût de poiscaille, mais parce que la consommation de beaucoup d’huile de poisson devait rendre leur viande plus sensible à l’oxydation, et donc lui donner petit goût rance.

Alors, quels dinosaures avaient bon goût? Ceux qui mangeaient des plantes en général devaient sans doute être meilleurs que ceux qui mangeaient de la viande ou du poisson.

Par exemple, un bon steak d’ornithomimosaure (qui ressemble à une autruche moderne) aurait sans doute été délicieux selon le paléontologue! Celui-là, principalement herbivore et très actif, aurait eu un excellent mais léger goût sauvage.

Les sauropodes (très grands dinosaures herbivores) aussi devaient être plutôt bons. Le brachiosaure par exemple, qui avait un long cou très costaud pour s’empiffrer de feuilles d’arbres, aurait été un excellent dîner de près de 30 tonnes.

“Le cou de sauropode aurait été un met de choix”, sûrement une viande rouge bien robuste, précise Varricchio à Popular Science.

Voilà donc les recommandations du chercheur. Précisons que ces commentaires sont fondés sur le goût du consommateur moyen, qui actuellement n’aime pas vraiment les viandes aux goûts trop forts, et préfère donc souvent manger des animaux plus herbivores que carnivores…

Photo: tag préhistorique/ OliBac via FlickrCC License by

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