Deuxième épisode de notre enquête sur l’huile de palme (premier épisode: l’huile de palme, vraiment mauvaise pour la santé?)
La production d’huile de palme est utilisée à 80% dans le secteur alimentaire. Le reste sert à fabriquer des produits d’hygiènes, cosmétiques ou de ménage. Comme on l’a vu ici, c’est donc loin d’être le gras idéal, tant au point de vue nutritionnel et sanitaire qu’écologique et social.
Mais alors, pourquoi les usines agro-alimentaires continuent à l’utiliser aussi largement? Tout d’abord, le prix influence bien sûr les industriels… Le palmier à huile est exceptionnellement rentable. Parmi les huiles végétales, celle de palme est la moins chère du marché.
Pas chère, la palme
Selon l’USDA (le Département de l’agriculture des Etats-Unis), l’huile de palme avait un prix moyen de 1052 dollars par tonne entre octobre 2011 et mars 2012. Sur la même période, l’huile de soja était côtée 1234 dollars à Rotterdam, l’huile de tournesol 1229 dollars et l’huile de coprah 1389 dollars. Les industriels arguent donc que l’huile de palme leur permet donc de rester compétitif sans augmenter les prix…
Mais l’huile de palme est aussi beaucoup utilisée dans l’industrie agro-alimentaire à cause de ses «qualités» technologiques. D’abord, elle reste semi-solide à température ambiante dans nos climats tempérés. Elle est donc pratique à transporter, et donne un côté onctueux aux produits comme la margarine.
Le chimiste Adrien Gontier, qui a contacté de nombreux industriels pour documenter son blog sur une année sans huile de palme, explique les propriétés séduisantes du produit:
«cet aspect semi-solide apporte du fondant, de la longueur en bouche aux chocolats. Cet argument n’est pas forcément valable puisque le beurre de cacao apporte aussi du fondant… Autre exemple, dans les soupes en poudre, l’huile de palme permet de mettre du gras sans que la poudre colle au sachet, mais reste bien sèche».
Croustillant et fondant
Mais l’huile de palme peut aussi donner du croustillant aux pâtes à tarte toutes prêtes. Pour Adrien Gontier, «ces arguments ne sont pas toujours vérifiés. Un biscuit à l’huile d’olive peut être très croquant aussi! En fait, les arguments des industriels sont vrais, mais les propriétés vantées ne sont pas inhérentes à la palme».
Ces aspects de texture sont étroitement liés au goût des produits. L’huile de palme, c’est entre 20 et 30% d’un pot de Nutella. On ne connaît pas le pourcentage exact, c’est un «secret de fabrication»… En substituant l’huile de palme à du beurre ou à une autre huile, la texture onctueuse changerait, tout comme le goût. Il faudrait donc habituer les consommateurs à la nouveauté gustative, un gros risque à prendre pour les industriels…
L’huile de palme «tient bien à la cuisson, elle est moins fragile que l’huile de colza, souligne Adrien Gontier. Mais aujourd’hui, la majorité des chips sont désormais frites à l’huile de tournesol, c’est un bon exemple de substitution progressive». En outre, elle s’oxyde peu et se conserve facilement. «Mais veut-on forcément faire des gâteaux qui tiennent 10 ans dans un placard?» se demande Adrien Gontier.
Des remplaçants potables?
Cécile Rouzy, diététicienne à l’Ania (Association nationale des industries alimentaires), expliquait en 2010 à l’AFP qu’ «aucune autre matière grasse végétale ne peut remplacer l’huile de palme sans modifier la recette». Tout du moins «pas au même prix, ni avec les mêmes délais de conservation».
Des gros groupes tentent quand même le “sans huile de palme”. Findus assure ainsi avoir supprimé l’huile de palme de tous ses produit depuis le 1er décembre 2010, après avoir commencé par les produits phares comme les poissons panés.
En 2010, Casino a pris l’engagement de substituer petit à petit l’huile de palme par d’autres graisses pour les produits alimentaires de sa marque (et seulement alimentaires: les savons et produits de ménage ne sont pas concernés par la suppression).
Philippe Imbert, directeur de la qualité du groupe, affirme que «sur les 571 produits alimentaire de la marque Casino, 75% sont aujourd’hui sans d’huile de palme. Pour certains, comme la margarine, la substitution est plus compliquée, la R&D fait un gros travail. Il y a la question du prix aussi…»
Les recettes sont changées, la matière grasse devient une huile plus liquide comme de tournesol ou de colza, ou du beurre. Quels sont les produits les plus difficile à fabriquer sans huile de palme? «Les pâtes à tartiner, la margarine, les fonds de tarte, les fourrages des biscuits» selon Philippe Imbert. «Si on ne trouve pas de solution pour certains produits d’ici 2015, on utilisera de l’huile de palme durable», explique-t-il.
Bonne volonté ou marketing, de plus en plus de groupes se lancent. Mais les données du problème sont nombreuses et le rendent presque insoluble: une huile de palme bio ou durable a exactement les mêmes effets qu’une autre sur nos artères. Parallèlement, si on utilise une huile de palme durable dans l’alimentation sans se soucier des produits ménagers et d’hygiène, la démarche écologique n’est pas complète.
En même temps, si on choisit d’acheter des biscuits sans huile de palme, il convient de vérifier sur les étiquettes si le gras controversé n’est pas remplacé par exemple par une autre huile, partiellement hydrogénée pour la rendre plus solide. En effet, les huiles hydrogénée contiennent des acides gras trans, qui augmentent aussi les risques cardio-vasculaires.
Sur ce sujet, les entreprises agro-alimentaires mettent en avant dans les faits et le marketing, soit l’aspect nutritionnel, soit l’aspect environnemental. Aux consommateurs, donc, de voir ce qu’ils veulent privilégier.
Lucie de la Héronnière
Pour des infos sur l’usage de l’huile de palme dans les produits de ménage, d’hygiène ou les cosmétiques, pas traité sur ce blog sur l’alimentation, vous pouvez consulter le blog très bien documenté d’Adrien Gontier!
Photo: Nutella. 38-365./ PV KS via FlickrCC License by
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Cachée dans les biscuits, les plats préparés, les viennoiseries du supermarché, la mayonnaise en tube, le pain de mie, la fameuse pâte à tartiner aux noisettes, les céréales et bien d’autres produits, y compris bio, elle est rendue coupable de mille maux. Souvent considérée comme un ingrédient «politiquement incorrect», elle est accusée d’être un des grands ennemis de la santé. Qui est-elle? L’huile de palme bien sûr!
Tout d’abord, qu’est-ce donc au juste que cette graisse tant décriée? Il s’agit d’une huile végétale naturelle, issue d’un palmier spécifique, le palmier à huile Elaeis guineensis. Comparée aux autres huiles, elle est très riche en acides gras saturés (50%), accusés de s’accumuler dans les artères et de favoriser le cholestérol.
Mauvais gras bien caché
Dans son avis sur la “réévaluation des apports nutritionnels conseillés en lipides: ni trop, ni trop peu” rendu public en mars 2010, l’ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire, précise:
“les acides gras saturés sont consommés en excès par la population française (16 % des apports énergétiques en moyenne alors que l’apport nutritionnel conseillé est inférieur à 12%). Ils sont notamment constitués d’acides laurique, myristique et palmitique qui, en excès, sont athérogènes”.
Justement, vous l’aurez deviné, un des composants essentiels de l’huile de palme est l’acide palmitique. Il est donc athérogène, c’est à dire qu’il favorise les dépôts graisseux à l’intérieur des vaisseaux sanguins. Et augmente par conséquent les risques cardio-vasculaires quand il est consommé de manière excessive.
lire le billetMac Donald’s, un des principaux sponsors des Jeux Olympiques, a le monopole de la frite pendant l’événement et a construit pour l’occasion le plus grand restaurant McDo du monde. Les sportifs ne vont pas pour autant s’astreindre au régime BigMac. Ni au régime «choux de Bruxelles et betteraves» d’ailleurs. Que trouve-t-on dans l’assiette d’un athlète qui s’apprête à démarrer les JO de Londres? Le Huffington Post fait un petit tour d’horizon, du plus étrange au plus délicieux.
En 2008, le nageur américain Michael Phelps affirmait déjà engloutir 12000 calories par jour, rien que ça. Exemple de petit déj’ pour le nageur américain: trois sandwichs aux œufs, avec fromage, laitue, tomates, oignons frits et mayo, ainsi que café, cinq œufs en omelette, un bol de céréales, trois toasts saupoudrés de sucre et trois pancakes au chocolat. Et ce n’est que le repas du matin…
Bien sûr, ce n’est pas le cas de tout le monde. Les athlètes dames en taekwondo se contentent plutôt de 1500 calories par jour, et les athlètes messieurs en javelot, 3500, ce qui est déjà bien conséquent. Les entraîneurs de la gymnaste Son Yeon Jae pèsent sa nourriture chaque jour au gramme près. Même si elle avoue qu’elle préfèrerait manger de la pizza et des gâteaux de riz toute la journée.
Les bases sont à peu près les mêmes pour tous: le poisson, source d’acides gras et d’oméga-3, est privilégié. Le nageur David Roberts engloutit volontiers un steak de thon et des betteraves. Pour tout le monde, c’est eau et thé vert à volonté. L’alcool est généralement à éviter, et même formellement interdit pour les sportifs de la délégation russe. De nombreux sportifs, en particulier des coureurs de fond, sont végétariens ou végétaliens.
Chacun a son péché mignon secret à engloutir avant et après les performances. La beach-volleyeuse américaine Kerri Walsh Jennings adore manger des sandwichs au beurre d’amande et au miel avant les match, tandis que la nageuse Natalie Coughlin préfère le chou frisé bien frais. Le champion de badminton Lee Chong Wei se requinque avec du porridge ou des soupes chaudes…
Les délégations aiment conserver leurs traditions nationales. A Londres, l’équipe du Brésil aura au menu son repas traditionnel, la Feijoda, un ragoût de haricots noirs. Les haltérophiles venus du Kazakhstan ont demandé des saucisses de cheval, qui renforceraient leurs performances.
Enfin, selon les déclarations du papa du sprinter Usain Bolt lors des derniers JO, le secret de l’incroyable vitesse de son fils vient de la consommation d’igname, un tubercule que l’on trouve entre autres en Jamaïque. Ses adversaires vont-ils mettre ce légume-racine dans leurs menus, pour tenter de concurrencer Bolt?
Photo: Hurdles/ julie.froo via Flickr CC License by
lire le billetManger des algues? L’idée effraie encore bon nombre de Français. Pourtant, il paraît que c’est très bon pour la santé…
Sincèrement, c’était excellent. Vraiment. Mais horriblement frustrant. Car où est donc passé le «grand cocktail aux algues» annoncé dans l’invitation? L’alignement de mini-bouchées que présentent les serveurs ressemble à n’importe quel buffet clôturant un colloque, un congrès ou une conférence de presse: suffisamment attirant pour faire bon effet, mais pas trop fourni pour n’attirer que les pique-assiette en rupture de tickets restaurants.
Aujourd’hui, les tables proposent quelques makis d’inspiration japonaise, des cuillères au saumon ou à la viande, des mini-roulades de quelque chose farcies à d’excellents machins (faute de liste d’ingrédients, impossible d’en dire plus), et finalement, des minuscules petits fours (et ce n’est pas un pléonasme) aux goûts variés (citron, chocolat, fruits rouges) qui fondent dans la bouche. Exquis vraiment, mais aussi vraiment vraiment frustrant: je ne l’aurais pas su, je n’aurais jamais deviné la présence de ces fameuses algues qui devaient clôturer la présentation d’Ultrans, une constellation de 5 PME bretonnes bien décidées à valoriser le patrimoine algal de l’Armorique.
Evidemment, j’aurais dû m’y attendre. Thierry Marx, l’un des grands papes de la cuisine moléculaire et qui a, paraît-il, conçu ce «grand cocktail», n’est pas connu pour préparer des platées de légumes vapeur encore craquants –fussent-ils marins– assaisonnés d’une sauce aussi improbable qu’exquise.
Mais quand même. Ses algues, il les a bien cachées. A part celles qui entourent les makis, et les petits bouts de vert qui saupoudrent quelques préparations, elles restent invisibles, inodores. Et surtout sans saveur. Mais il paraît qu’elles sont bien là, promis, juré, et que sans elles, nos mini-petits fours sans doute n’auraient pas si bonne allure.
Oui, mais pour le goût, on repassera. J’en connais qui seront déçus, et notamment celui qui, à Slate –je tairai son nom–, prévenu de mon aventure culinaire, avait commenté: «Hahah oui, degueu, j’adore.» Pff… Même pas dégueu.
Evidemment, c’était peut-être le but. Car les algues ont en France bien mauvaise réputation. Tout habitué des côtes bretonnes, aussi amoureux soit-il du grand air iodé et des rochers de granit, finit toujours par pester lorsque, pour tenter quelques brasses, il lui faut d’abord escalader un malodorant mur d’algues (rouges ). Quand, en plus, il s’agit d’un mur d’algues vertes tueuses de sangliers et de chevaux, il devient vraiment difficile d’imaginer les mettre dans son assiette.
Pourtant, paraît-il, les algues sont excellentes pour la santé. Les centres de thalassothérapie, du reste, les mettent en bain. Une quinzaine d’entre elles sont également autorisées à la consommation, dont la laitue de mer, autrement dit, cette fameuse algue verte qui par ailleurs, a une fâcheuse tendance à recouvrir les plages de Bretagne-Nord. Car elle ne devient toxique qu’en fermentant. Récoltée en pleine mer, elle est pleine de fer, de calcium, riche en protéines, manganèse et vitamine C. Comme la majorité des algues comestibles. En Asie, et notamment en Chine et au Japon, l’algue fait partie de l’alimentation quotidienne. Elle expliquerait même pourquoi les Japonais –du moins ceux qui vivent au Japon, car lorsqu’ils déménagent et arrêtent de manger des algues, tout change– seraient épargnés par certains cancers.
On veut bien le croire, mais comment manger des algues? Christine Le Tennier, fondatrice de «Algues de Bretagne», le reconnaît elle-même: en France, la récolte des algues reste artisanale ce qui contraint parfois la dame –comble du paradoxe– à importer sa laitue de mer! Car pas question, bien entendu, d’aller les recueillir lorsqu’elles se sont échouées sur les plages: une algue à manger se ramasse encore pleine d’eau ou ne se ramasse pas. D’où l’initiative Ultrans, qui devrait permettre au moins d’industrialiser un peu les collectes en pleine mer. Avant, peut-être, que certains ne se lancent dans une véritable «algoculture» qui, comme son nom l’indique, permettrait de faire pousser des algues comme l’on cultive les salades.
Pour apprendre à cuisiner ce nouveau légume, Christine le Tennier a écrit un beau livre, Algues Gastronomie (Palémon Editions) où 26 des meilleurs cuisiniers bretons donnent leurs recettes aux algues. Elles ont l’air succulente: lotte pochée en laitue de mer, allongé de sardines et de foie gras de canard aux algues bretonnes, macaron coco citron au chutney de dulse, agneau «Ecume Marine», morgate farcie au wakamé. Miam. Mais je me demande si les algues y jouent un véritable rôle gustatif ou plutôt décoratif.
D’un certain côté, quelle importance? Si les algues n’ont aucun goût, rien n’empêche de les manger en quantité. Si c’est bon pour la santé…
Catherine Bernard
Photo: une laitue de mer / Kristian Peters via Wikimedia Commons
Les crèmes et autres poudres censées jouer le rôle de «substitut de repas» occupent un gros rayon du supermarché, coincées entre le bio et les lardons. Mais à quoi ça sert vraiment, ces aliments «diététiques» supposés remplacer un repas normal pour perdre du poids?
A table!
En pratique, il s’agit de poudres à la vanille ou au chocolat à mélanger à du lait, mais aussi de potages, crèmes dessert, biscuits, barres… Pour tester la chose, j’ai jeté mon dévolu sur un pot de crème censé me nourrir jusqu’au goûter (quatre heures composé d’une barre protéinée bien sûr selon les recommandations de la marque…) et apporter de la «douceur» à mon midi, avec une saveur «vanille-biscuit». Pour plus de 6 euros les 3 pots…
Au programme de ces 200 calories: «Lait écrémé, eau, sucre, protéines de lait (émulsifiant : lécithine de soja), texturants (amidon modifié de maïs, carraghénanes, gomme de guar, agar-agar, pectine), huile de colza, minéraux (citrates de sodium, de potassium et de magnésium, dihydrogéno-phosphate de potassium, pyrophosphate de Fer, sulfates de zinc, de cuivre et de manganèse, sélénite de sodium, hydroxyde de potassium, iodure de potassium), émulsifiants E471, arômes (vanille, biscuit) maltodextrines, vitamines (C, A, E, B1, B2, B8, PP, B9, D, B12, B5, B6), édulcorants (acésulfame de potassium, sucralose), colorant : béta-carotène». Pas très simple tout ça… Le goût est très artificiel, même si pas complètement désagréable, mais l’impression de n’avoir pas assez mangé est assez prenante puisqu’il n’y a rien de “solide”.
lire le billetAdrien Gontier, 26 ans, est chimiste. Depuis juillet 2011, il traque l’huile de palme partout, pour vivre sans ce gras contesté pour ses dommages sur la santé et l’environnement. Considérée comme moins chère par les industriels, elle est très utilisé dans l’alimentation (biscottes, biscuits, pâte à tartiner…). Adrien Gontier raconte ses tribulations sur son blog, Vivre sans huile de palme, avec des chroniques rigoureuses, scientifiques, et très drôles.
Pourquoi vous-êtes vous lancé ce défi ?
A la base, j’étais déjà assez sensibilisé à ce que je consommais, citoyen attentif sans être vraiment militant. Un jour, j’ai eu une discussion avec des amis, ils ne connaissaient pas l’huile de palme. Le lendemain, j’ai lu un article dans Courrier International sur une journaliste qui avait vécu un an sans Made in China. Et j’ai eu un déclic… J’ai donc commencé mon année sans huile de palme et ses dérivés en juillet 2011, pour faire un bilan à ce sujet, dénicher l’huile de palme où elle se cache et réfléchir à la manière dont on peut s’en passer.
Pourquoi avez-vous choisi l’huile de palme comme élément à éliminer ?
L’huile de palme a des conséquences sur la santé qui dépendent des antécédents de chacun, et aussi provoque des problèmes sociaux et environnementaux. Mais cette démarche est surtout un bon moyen de se poser des questions pour mieux consommer de manière générale. Les industriels ne vont pas arrêter l’huile de palme du jour au lendemain. C’est la même chose pour beaucoup d’autres problèmes, la déforestation, la surconsommation. Je me demande par exemple aussi s’il est normal de jeter un tiers des aliments produits…
Comment ça se passe dans la vie courante pour éviter l’huile de palme ?
En fait, c’est un processus, je dois chercher beaucoup d’infos, je suis plutôt en année de transition car l’huile de palme se cache partout. Je l’élimine au fur et à mesure. Au quotidien, ça ne change pas trop car je faisais déjà beaucoup la cuisine et n’achetais pas trop de préparations industrielles, mais il faut juste faire plus attention. Des dérivés de l’huile de palme et palmiste sont aussi souvent présents dans les savons, shampooings, déodorants, et même les produits ménagers… Alors je cherche des alternatives. Il faut remettre en question toute sa consommation. Par exemple, dans une purée en sachet, je voyais qu’il n’y avait pas explicitement d’huile de palme dans les ingrédients. Mais des mono et diglycérides d’acides gras, qui peuvent peut-être provenir de l’huile de palme… On ne peut le savoir qu’en contactant les industriels! J’ai découvert comme ça 140 dérivés de l’huile de palme et palmiste, et ce nombre peut encore grandir. C’est une vraie boîte de Pandore!
Avez-vous des astuces spéciales ?
Je suis chimiste alors j’ai des idées et j’adore tester… Je cuisine depuis longtemps et je cherche donc des alternatives. Par exemple je fais du Nutella maison, qui n’a pas le même goût que le vrai bien sûr. Mais c’est génial, car il n’est pas standardisé… Et contrairement à ce qu’on peut penser, ça ne coûte pas plus cher de manger sans huile de palme. J’ai fait un calcul sur une semaine, et j’ai obtenu une moyenne de 2,60 euros par repas, ce qui est assez raisonnable…
Comment réagissent les industriels quand vous leur écrivez pour avoir plus d’informations ?
Les grandes marques répondent souvent, mais pas forcément de manière claire. Il ne faut pas trop leur en demander! Je dois vraiment insister pour avoir des précisions sur le terme «matière grasse végétale»…
Et vous partagez toutes les informations que vous récoltez…
Oui, une connaissance non partagée ne vaut rien! Alors j’ai décidé d’écrire ce blog pour raconter cette expérience. J’ai aussi écrit un Petit Guide vert pour aider les gens qui se posent des questions sur leur consommation d’huile de palme. En fait, c’est assez simple, il suffit de connaître 4 mots clés pour retrouver tous les dérivés «palmés». Quand on commence à lire les étiquettes, c’est un engrenage…
Propos recueillis par Lucie de la Héronnière
Photo: Jukwa Village Palm Oil Production, Ghana/ oneVillage Initiative via FlickCC License by
«Fruits, légumes et pesticides au moins 5 fois par jour», «Au vrai goût d’arôme», «Génération bisphénol», voilà quelques slogans qui accompagnent les photos du projet Wild Food de la plasticienne Martine Camillieri, militante de la lutte contre l’objet de grande consommation en plastique qui submerge la planète. «Tout mon travail est basé sur le quotidien et l’hérésie de la surconsommation. Je pense que plus on multiplie l’utilité des objets, moins on aura d’objets…» explique-t-elle.
Pour Wild Food, son dernier projet de livre en cours de réalisation et de financement, Martine Camillieri est partie du constat de l’immensité du flot d’informations qui nous assaille sur la nourriture qui empoisonne. Elle a photographié les aliments mis en cause, transposés en plastique coloré, et leur a attribué des slogans publicitaires critiques comme «Just say no 2 GMO» (Dites juste non aux OGM) ou «Eau secours!». «Je symbolise mes inquiétudes face à la nourriture. Si ça continue comme ça, on va finir par ne manger que du plastique !» dit-elle.
Cette démarche a commencé par un gros travail d’investigation. «Je suis tributaire de ce que je reçois, je ne suis pas scientifique» explique Martine Camillieri. A la fin du livre, il y aura des commentaires et des alternatives, pour aller plus loin… Le projet réunira donc ces images et des informations patiemment collectées pour expliquer chaque photo. Elle compte faire valider tout cela par des scientifiques.
Pour financer le livre, Martine Camillieri a choisi KissKissBankBank la «plate-forme de financement participatif dédiée aux projets créatifs et innovants»: «je veux que ce soit un livre voulu par les gens. C’est une petite participation pour essayer d’améliorer les choses». La collecte servira à éditer le livre Wild Food, et peut-être à monter une exposition, si la somme est dépassée.
Pour l’artiste, il s’agit d’un «livre-alarme» pour faire bouger les choses: «Je veux alerter les gens, pour qu’ils deviennent à leur tour alerteurs. J’aimerais par exemple que mon expo circule dans les écoles». Pour partager son indignation face aux nourritures qui empoisonnent… «Pour moi, tout est poison », ajoute-t-elle. «Après, c’est une question de dose, il faut jongler. Par exemple cette phrase sur les 5 fruits et légumes par jour, ça m’énerve, il faudrait au moins dire de les laver ou de les éplucher, car on utilise beaucoup trop de pesticides».
Lucie de la Héronnière
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Les mangeurs bio deviennent-ils peu à peu prétentieux et arrogants? C’est la thèse que défend une étude américaine parue dans le journal Social Psychological and Personality Science. Selon un article paru sur le site de 20minutes, les consommateurs de produits issus de l’agriculture biologique «seraient moins altruistes et porteraient des jugements moraux plus durs que les autres».
Kendall Eskine, prof de psychologie à l’Université de la Nouvelle-Orléans et directeur de cette étude, explique à MSNBC qu’il avait remarqué que beaucoup d’aliments biologiques portaient des terminologies morales, comme le Honest Tea (ou Thé Honnête). Il a donc voulu savoir si les consommateurs de bio étaient plus altruistes que les autres…
Il est arrivé à la conclusion suivante: «lorsque les gens s’auto-félicitent de leur comportement, ils deviennent moralisateurs et suffisants». En bref, l’auto-satisfaction rendrait méprisant envers les gens qui consomment moins «vert» ou «durable»… Selon les auteurs de l’étude, manger bio donnerait une «caution morale» qui inciterait ensuite à moins bien se comporter, tout en regardant de haut les mangeurs de fast-food et en jugeant sévèrement les acheteurs de légumes non bio.
Kendall Eskine ajoute que «les gens se sentent comme après avoir fait une bonne action. Ils ont ensuite comme une permission d’agir de manière non éthique par la suite. C’est comme quand vous aller à la salle de gym ou courir, après vous vous sentez bien dans votre peau et vous mangez une barre de chocolat»…
C’est ce qu’on peut appeler «l’équilibrage moral» ou «l’éthique de compensation». Pour arriver à ce résultat, les chercheurs ont divisé un groupe de soixante personnes en trois: le premier groupe a regardé des photos d’aliments bio. Le deuxième a eu droit à des images d’aliments «réconfortants» comme des cookies ou des brownies. Le dernier a pu observer des images de produits courants comme du riz ou de la moutarde. Après, les participants ont dû noter sur une échelle de 1 à 7 des situations moralement répréhensibles.
Conclusion, les personnes exposées au bio sont beaucoup plus sévères dans leurs jugements. Enfin, les chercheurs ont demandé aux participants combien de temps ils seraient prêts à accorder de l’aide à quelqu’un dans le besoin: la moyenne est de 13 minutes pour les «bio», 19 minutes pour les «produits courants» et 24 minutes pour les «gourmands».
Ceci dit, cette première étude observe des personnes qui ont été exposées à des images de certaines catégories d’aliments, et non des consommateurs réguliers… Kendall Eskine espère justement faire d’autres études complémentaires sur le sujet.
Photo: Small deluxe organic box/ WordRidden via FlickCC License by
lire le billetQu’est-ce que le verbe «manger», d’apparence si anodin, enseigne sur l’Histoire de l’Humanité? Ce mot fait appel à tant de disciplines (sociologie, diététique, économie, psychologie, théologie, histoire, agriculture, anthropologie…) qu’il est bien difficile à cerner. Le philosophe italien Paolo Rossi s’est penché sur la question. Son dernier ouvrage Manger, besoin, désir, obsession est sorti début mai chez Arléa, quelques mois après sa disparition.
Ce simple verbe a des définitions bien différentes: «ingérer des aliments solides ou semi-solides en les mastiquant ou en les avalant», «consommer un repas», «user habituellement d’une nourriture», «consommer un mets préparé d’une certaine façon», «grignoter ou ronger (comme les mites dans les lainages», «corroder (comme la rouille une grille)», «consommer du carburant», ou encore «dilapider»…
Parallèlement, les expressions liées à l’idée de manger sont innombrables: manger des yeux, avaler des couleuvres, avoir faim de culture, dévorer un livre, cracher dans la soupe… Pour Paolo Rossi, «l’idée de manger oscille entre l’agréable simplicité du quotidien (qui peut représenter une forme de jouissance raffinée, voire très raffinée), et l’angoisse tragique que la rareté ou l’absence de nourriture a provoqué et provoque encore chez de nombreuses personnes».
Alors l’auteur aborde, du point de vue de l’histoire des idées, «un fatras de choses hétéroclites», liées entre elles par le concept de «manger». Il commence par se demander pourquoi les êtres humains omnivores, tous dotés du même système digestif, avalent des choses extrêmement différentes d’un coin à l’autre de la planète, pour arriver à l’affirmation selon laquelle «manger ne relève pas exclusivement de la nature, ni exclusivement de la culture, mais procède autant de l’une que de l’autre » et que «la préparation de la nourriture offre une médiation entre nature et culture».
On croise ensuite chez Paolo Rossi les différentes déclinaisons du verbe, via des réalités et des légendes: les jeûneurs, la faim (abordée notamment via les exemples des grandes famines d’Ukraine ou le ghetto de Varsovie) et les grèves de la faim… Mais aussi des vampires (autour du sang et des vampires modernes, les Human Living Vampire), des ogres et des cannibales. Et des thèmes au cœur de l’actualité, tels que la mondialisation de la nourriture, l’obésité et les «maladies d’époque», ou encore l’anorexie.
Tout cela nous laisse à voir que «manger» peut correspondre tout autant à une «jouissance raffinée», à une «nécessité dramatique» ou à une «obsession pathologique». Pour Paolo Rossi, «manger» est donc un concept culturel et anthropologique extrêmement vaste, qui habite nos imaginaires, nos désirs, nos répulsions et nos émotions profondes.
Lucie de la Héronnière
Photo: fork/ jronaldlee via FlickCC License by
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Le site Gizmodo a voulu se servir de la Nike Fuelband, un bracelet mesurant vos dépenses énergétiques au quotidien. Le gadget calcule les pas faits, les calories brûlées, mais aussi les «unités Nikefuel» récoltées (une unité de mesure construite sur la quantité d’oxygène qu’on utilise dans nos mouvements, plus de détails ici): en gros, le plus on gagne d’unités Nikefuel, le mieux c’est (contrairement donc aux calories).
L’intérêt du bracelet étant qu’on n’a pas besoin de marcher pour qu’il se mette à fonctionner, Gizmodo s’est donc amusé à calculer les calories perdues et les Nikefuel gagnées avec toutes sortes d’activités quotidiennes, permettant enfin de déconstruire ce mythe des magazines féminins peu recommandables qui dit que faire la vaisselle brûle plus de calories que faire l’amour.
Pas du tout, répond la Nike Fuelband. Faire la vaisselle fait dépenser 30 calories contre 179 pour le sexe (le journaliste de Gizmodo n’a malheureusement pas précisé quel type de vaisselle et quel type de sexe. Combien d’assiettes équivalent à un missionnaire de 10 minutes? Mystère. On ne sait pas non plus si une femme brûle plus ou moins de calories qu’un homme en faisant l’amour ou d’autres activités puisque le journaliste n’a enregistré que ses mouvements).
Une partie de jambes en l’air brûle plus de calories qu’une séance de masturbation (82) mais moins qu’une «nuit passée à boire» (463, ce qui paraît étrange vues les calories ingérées dans les boissons) et encore moins qu’une «nuit dont je ne me souviens pas» (1.129 calories). La gueule de bois du lendemain permettant de perdre 102 calories en plus.
Gizmodo s’est intéressé aux comportements très quotidiens, délaissant les activités sportives à part, donc, le sexe, monter 4 étages à pied ou «secouer son bras pendant 30 secondes». Mais nous vous parlions en 2010 des activités qui permettaient de brûler le plus de calories:
1-Le ski de fond: de 1.125 à 545 calories à l’heure.
2-Le cyclisme: de 850 à 580 calories à l’heure.
3-La course à pied: 850 calories à l’heure.
4-Le saut à la corde: 815 à 680 calories à l’heure.
5-La boxe: 815 à 515 calories à l’heure.
6-Le rameur: 650 à 580 calories à l’heure.
7-Le squash: 820 calories à l’heure.
8-La natation: 680 à 545 calories à l’heure.
9-L’escalade: 750 à 540 calories à l’heure.
10-Le rugby: 715 à 681 calories à l’heure.
C.D.
Photo: Dishes /suckamc via Flickr CC License By
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