Finalement, pas touche aux sodas XXL!

On en a parlé plusieurs fois ici, Michael Bloomberg, le maire de New York, a décidé d’interdire les sodas XXL (plus de 47 cl !) dans sa ville, dans le cadre de sa politique de lutte contre l’obésité.

Le débat a passionné les habitants (liberté de boire ce que bon nous semble versus politique de santé publique efficace…), mais un nouvel événement vient juste de changer le cours de l’affaire: un juge, Milton Tingling, a déclaré que cette mesure était «arbitraire et capricieuse» et l’a bloquée «de façon permanente», juste avant son entrée en vigueur, explique Libération.

Le juge a souligné les disparités dans l’application de cette mesure, par exemple les boissons contenant plus de 50% de lait comme de gros milk-shake bien sucrés, n’auraient pas été concernées. Aucune restriction non plus n’était prévue pour les épiceries et supérettes, mais seulement pour les bars, restaurants, fast-food, qui se sentaient donc lésés…

Un collectif d’industriels du soda avait lancé une campagne contre la mesure, avec de nombreuses affiches dans le métro, des bannières de pub accrochées à des avions au dessus de la ville… Avant de porter l’affaire en justice en octobre, ce qui a conduit à la décision du juge.

La mesure était toute prête à entrer en vigueur. Selon le New York Times, «les bars et les restaurants avaient déjà imprimé les nouveaux menus, formé les employés et averti les clients des changements à venir. (…) Dunkin’ Donuts, par exemple, avait déjà demandé à ses employés de ne plus ajouter de sucre dans les grands cafés».

Qui est gagnant dans cette histoire? D’abord, les industriels qui produisent les boissons sucrées, selon le Washington Post. Mais «c’est aussi une victoire de la droite. Beaucoup de conservateurs se sont insurgés contre les régulations et restrictions dans le domaine de l’alimentation, et notamment contre la campagne de Michelle Obama sur le bien manger. Cette décision de justice est une aubaine pour eux».

Michael Bloomberg, pas du tout content, a annoncé que la ville allait faire appel. C’est un coup dur pour lui, puisque son mandat, dont un des combats emblématiques est la lutte contre l’obésité, se termine cette année.

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“Think.Eat.Save”: l’ONU lance une campagne contre le gaspillage alimentaire

La lutte contre le gaspillage alimentaire, déjà évoquée au Sommet de Rio en Juin 2012, devient concrètement un enjeu mondial. Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) lancent aujourd’hui une grande campagne, pour réduire les 1,3 milliards de tonnes de nourriture perdue (dans les phases de production, récolte, transformation et distribution) ou gaspillée (au niveau du détaillant et du consommateur) chaque année.

«Au niveau mondial, un tiers de la nourriture produite – soit en valeur environ 1 milliard de dollars – est perdue ou gaspillée dans les systèmes de production et de consommation alimentaire», rappelle la FAO, qui a donc décidé d’agir, en mettant en avant l’absurdité de ce constat dans un monde qui devrait passer à 9 milliards d’individus en 2050.

José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO, déclare clairement qu’il s’agit, outre d’enrayer une des dérives d’un monde ultra-consommateur, de lutter contre la faim:

«Ensemble, nous pouvons inverser cette tendance inacceptable et améliorer des vies. Dans les régions industrialisées, près de la moitié des aliments gaspillés, soit environ 300 millions de tonnes par an, sont le fait des producteurs, des détaillants et des consommateurs qui jettent la nourriture alors qu’elle est encore propre à la consommation. Ceci dépasse la production alimentaire nette totale de l’Afrique subsaharienne, et suffirait à nourrir les quelque 870 millions d’affamés que compte la planète.»

D’ailleurs, et c’est assez évident, on gaspille plus dans les pays riches:

«Le volume des aliments gaspillés par habitant est compris entre 95 et 115 kg par an en Europe et en Amérique du Nord/Océanie, alors qu’en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud et du Sud-Est, ce chiffre se situe entre 6 et 11 kg”.

Alors la campagne Think.Eat.Save (Pensez.Mangez.Préservez) démarre en ce début d’année. Et on ne peut que se réjouir de voir ce combat contre le gaspillage alimentaire traité peu à peu comme un vrai enjeu international. La campagne appuie l’initiative Save Food de la FAO. Et avec l’expertise de gens comme ceux de Feeding the 5000, les organisateurs du Banquet des 5000

L’idée est d’aider les producteurs à réduire les pertes, grâce à de «meilleurs méthodes de récolte, de transformation et de stokage», mais aussi d’informer le public. Le principal outil est un portail web (pour l’instant la version en français ne marche pas!) montrant diverses initiatives actuellement en cours partout sur la terre, et donnant aussi des conseils simples.

Comme par exemple faire ses courses avec une liste, acheter des légumes qui ont une tête rigolote (beaucoup trop de fruits et légumes sont jetés parce qu’ils sont biscornus), éviter les achats impulsifs, faire du compost, utiliser son congélo, finir les restes avant de remplir son frigo… Des trucs simples, des petites démarches individuelles, qui peuvent enrayer la tendance mondiale, selon la FAO.

Cette campagne fait écho au plan contre le gaspillage alimentaire lancé en France, mais aussi aux nombreuses initiatives récentes, comme le Banquet des 5000 ou les évènements organisés par Disco Soupe, en Allemagne ou dans plusieurs villes de France.

L.D.

PS: “Manger sans gâcher” à lire et écouter sur Fance Culture, apporte des éléments très intéressants au sujet du gaspillage alimentaire!

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Aspartame: une grande consultation publique est lancée par l’EFSA

L’autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA) a annoncé hier «le lancement d’une consultation publique pour finaliser son avis, attendu en mai, sur l’aspartame, un édulcorant au pouvoir sucrant utilisé par l’industrie agroalimentaire, et objet de nombreuses critiques», rapporte le Monde.fr.

E951

D’abord, rappelons que l’aspartame est un édulcorant faible en calories, avec un pouvoir sucrant environ 200 fois supérieur à celui du sucre blanc normal.

Comme le signale l’EFSA, l’aspartame est aujourd’hui un additif autorisé, utilisé par exemple dans des boissons, desserts, confiseries, chewing-gums, yaourts, produits amaigrissants, ou comme sucrette pour le café… On identifie sa présence dans les (longues) listes d’ingrédients par son nom ou par son numéro, E951.

En février 2011, l’EFSA déclarait qu’il n’existait «pas de preuve scientifique qui justifierait une révision des évaluations précédentes de la sécurité de l’aspartame», des études scientifiques disponibles menées des années 1980 au début des années 2000. Et concluant à une DJA (dose journalière acceptable sans risque pour la santé, sur la base du poids de l’individu) de 40 mg par kilo.

Jusqu’à présent, l’EFSA s’était donc servie des données disponibles. Mais l’autorité sanitaire a décidé de réévaluer complètement la sécurité de l’aspartame.

Des risques à nouveau évalués

D’une part parce que «d’ici 2020, en vertu du règlement UE 257/2010 sur la réévaluation des additifs alimentaires autorisés, l’EFSA doit réévaluer tous les additifs ayant été autorisés dans l’UE avant le 20 janvier 2009, ainsi que leurs utilisations».

Et surtout parce qu’en mai 2011, la Commission européenne a «invité l’EFSA» à avancer la réévaluation complète de la sécurité de l’aspartame de 2020 à 2012, «suite à certaines préoccupations soulevées par des députés européens». Tout cela arrive donc bien plus tôt que prévu, pour répondre aux interrogations  sur l’aspartame…

Le sujet divise en effet les scientifiques et plusieurs études pointent des risques liés à l’aspartame, comme l’expliquait le Monde en 2009. L’aspartame est notamment accusé de provoquer des accouchement prématurés.

Pré-avis à finaliser

Alors, à l’heure actuelle, le pré-avis des experts scientifiques affirme toujours que l’aspartame «ne présente aucun risque pour la santé avec les niveaux aujourd’hui autorisés en Europe».

L’EFSA reconnait juste que la phénylalanine, un des composant de l’aspartame, peut être un risque pour les femmes enceintes atteintes de phénylcétonurie, une maladie génétique rare (des femmes qui doivent donc suivre un régime alimentaire strict).

Mais la consultation publique est chargée de critiquer ou confirmer ces conclusions avant l’avis final. L’EFSA invite «la communauté scientifique et les parties prenantes» à commenter le pré-avis, jusqu’au 15 février.

Attendons donc le printemps pour lire la conclusion finale de l’EFSA, organisme salué par les uns, critiqué pour son manque d’indépendance par les autres. Dans tous les cas, l’enjeu est lourd pour l’industrie agro-alimentaire, qui sucre un bon nombre de ses produits avec de l’aspartame.

Photo: coca cola dorps/ OmarRiva via FlickrCC License by

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Le lait, symbole de pureté… et de conflit?

«Food fight !» («Bataille de nourriture!») s’exclame le journaliste de Npr. En début de semaine, des agriculteurs européens ont décidé de protester conter la baisse des prix du lait, qui menace «la survie de milliers d’exploitations». 800 tracteurs sont entrés dans Bruxelles, parfois après avoir fait plus de 1000 kilomètres.

Réunis à l’appel de l’European Milk Board (la confédération des organisations de producteurs de lait de 14 pays européens), les agriculteurs ont choisi un moyen spectaculaire pour montrer leur colère. Avec de puissantes lances, ils ont aspergé le Parlement européen (où les eurodéputés débattaient de la réforme de la PAC) de jets de lait.

Selon l’AFP, ce sont ainsi 15 000 litres de lait qui ont blanchi les murs du bâtiment, mais aussi les policiers chargés de sa protection… Les passants ont également reçu des douches assez inattendues.

Pour Npr, ce n’est pas la première fois que la nourriture est l’objet et le symbole de la protestation. Mais cette manifestation se distingue par ses images particulièrement impressionnantes. Plus que les tomates ou les œufs pourris, le choix du lait est «spécialement poignant» du fait de notre relation complexe avec ce blanc liquide…

L’historienne Deborah Valenze note ainsi dans son livre Milk : a local and global history (Le lait, une histoire locale et globale) que «le lait est un liquide associé à la bonté et à l’amour. Il n’a jamais été associé au conflit à travers l’histoire».

Selon elle, «nous avons hésité entre la vénération et le dégoût du lait pendant une grande partie de notre histoire. Il s’agit de l’un des premiers aliments, il est riche en nutriments, et pourtant, il peut rendre malade s’il n’est pas stocké dans de bonnes conditions».

Le lait a même été banni chez certains Grecs anciens, car considéré comme trop bestial pour des citadins sophistiqués. A la Renaissance, il deviendra le symbole d’une ruralité simple, contre l’arrogance de la vie en ville…

Aujourd’hui, on continue généralement à assimiler les produits laitiers à la salubrité de la nature, même si certaines personnes sont victimes d’intolérance au lactose. En même temps, la production de lait est devenue de plus en plus industrialisée.

Du coup, les gouvernements ont commencé à intervenir sur sa vente, pour des raisons de sécurité et d’approvisionnement, notamment au niveau européen… Ce qui provoque aujourd’hui ces manifestations.

Photo: Milk/ Hadleygrass is asparagus via FlickrCC License by

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Face aux critiques sur le Nutella, Ferrero contre-attaque

L’affaire de la «taxe Nutella» n’est pas encore terminée. Comme le rapporte France info, l’amendement sur l’augmentation de la taxe sur l’huile de palme a été adopté mercredi par le Sénat… Avant d’être rejetée jeudi.

En effet, cette proposition était intégrée au budget 2013 de la Sécurité sociale. Or ce budget n’est pas passé, les communistes et la droite ayant voté contre. Le texte fera l’objet d’un nouvel examen à l’Assemblée Nationale, mais d’ici là, rien ne changera pour pour les entreprises agro-alimentaires utilisant de l’huile de palme, sauf si «un député s’empare du dossier et relance la taxe Nutella».

En attendant, Ferrero contre-attaque, sentant les critiques pleuvoir, avec ou sans taxe. L’entreprise publie dans plusieurs quotidiens (le Figaro, le Parisien…) une double page pour défendre son produit culte. Le slogan “Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour” tombe vraiment comme un cheveu sur la soupe au bas de la communication.

Une jeune femme demande: «Nutella, c’est délicieux, mais pourquoi y a-t-il de l’huile de palme?», à côté d’une explication-justification… Notamment sur les acides gras saturés, accusés entre autres de favoriser des maladies cardio-vasculaires, présents en grande quantité dans l’huile de palme et donc dans le Nutella:

«Contrairement aux idées reçues et à certaines communications opportunistes, dans le cadre d’une alimentation équilibrée, l’huile de palme n’est pas dangereuse pour la santé. Elle présente, en termes de matières grasses, un profil nutritionnel proche de celui du beurre»

Sauf que l’on ne consomme pas du tout de la même manière l’huile de palme, cachée dans mille produits industriels, et le beurre. Et que l’avis de l’ANSES, c’est qu’il faut absolument limiter l’acide palmitique, présent dans l’huile de palme.

Ensuite, pour les défenseurs du Nutella, l’huile de palme permet d’éviter les acides gras trans, également très nocifs selon les autorités sanitaires.

“Aujourd’hui Nutella se retrouve de manière injuste, au cœur d’un débat sur l’huile de palme(…). Nous l’utilisons parce qu’elle permet de garantir l’onctuosité et consistance souhaitée sans avoir recours au processus d’hydrogénation des matières grasses, qui peut occasionner la formation d’acides gras trans”

Cette comparaison est quelque peu bancale… “Au petit jeu du «l’autre c’est pire, M’sieur c’est pô moi»  chacun se justifie pour faire en sorte que l’on ne lui impose rien” écrit Adrien Gontier, jeune chimiste qui a vécu un an sans huile de palme et aborde le sujet de manière approfondie sur son blog.

L’huile de palme est aussi la moins chère du marché. Ferrero ne l’utilise donc pas seulement pour préserver l’onctuosité de son produit…

En tous cas, la marque s’est sentie attaquée “de manière injuste” et a lancé ce grand plan de com’. Ce qui prouve qu’elle ne compte pas abandonner l’huile de palme, l’ingrédient essentiel de son produit phare, avec ou sans taxe.

Pendant ce temps là, le nageur Yannick Agnel raconte sur Eurosport qu’il est «uniquement dopé au Nutella» et un «nutelliste anonyme» livre au Plus Nouvel Obs son expérience d’addiction rapide au Nutella, qui lui a fait prendre 16 kilos en un mois…

Photo: Nutella. 38-365./ PV KS via FlickrCC License by

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Ferrero digère mal “l’amendement Nutella”

Suite de l’affaire de «l’amendement Nutella», évoquée ici mercredi… Après une proposition d’augmentation de 300% de la taxe sur l’huile de palme, Frédéric Thil, directeur général de Ferrero France, s’exprime ce samedi dans le Parisien, avant l’examen du texte à l’Assemblée nationale à partir du 12 novembre.

Il défend bien sûr son produit phare, le Nutella, symbole des excès d’huile de palme dans l’industrie agro-alimentaire.

Pour lui, il s’agirait d’une augmentation de taxe injuste:

«On s’attaque à un produit fabriqué en France depuis cinquante ans qui est l’un des préférés des Français. Les répercussions sont catastrophiques alors que les arguments avancés sont injustes».

Ensuite, il évacue les arguments sanitaires à l’encontre de l’huile de palme. Il se contente de la comparer aux huiles hydrogénées (très mauvaises également selon l’ANSES):

«L’huile de palme, comme le beurre, le fromage, contient des acides gras saturés. Il ne faut pas en abuser. Mais, contrairement à d’autres huiles, on n’est pas obligé pour la travailler de passer par une phase d’hydrogénation qui crée des acides gras trans qui sont, eux, très mauvais pour la santé. Et c’est essentiellement pour cela qu’elle est utilisée dans le processus de fabrication».

Bon, en vrai, il y a sans doute pas mal d’autres raisons, comme son prix très faible par rapport aux autres gras et ses propriétés physiques qui donnent cette texture bien particulière au Nutella…

Enfin, pour rassurer les fans et hérisser les anti-Nutella, Frédéric Thil explique dans les colonnes du parisien que «même si cette taxe est votée, nous n’allons pas modifier notre recette. Nous allons l’expliquer à nos consommateurs. Nous allons aussi montrer les démarches que nous menons auprès de nos producteurs en Malaisie. Depuis 2005, nous nous sommes engagés dans la labellisation internationale RSPO. Notre objectif est d’avoir à l’horizon 2015 une production 100% durable en évitant notamment les problèmes de la déforestation».

Avec cette éventuelle taxe, le kilo de Nutella devrait augmenter de 6 centimes, mais le directeur assure qu’il souhaite «essayer de trouver des solutions pour que les consommateurs et notre outil de production soient pénalisés le moins possible».

Cette première réaction de Ferrero fait  donc un peu douter de l’efficacité de cette fameuse “taxe Nutella”. Reste à voir, si le projet de loi est voté, quelles seront les réactions de ses collègues de l’industrie agro-alimentaire.

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Le Sénat prépare une “taxe Nutella”

L’huile de palme est loin d’être le gras idéal, ni pour la santé, ni pour l’environnement. Elle contient beaucoup d’acides gras, accusés par l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) de favoriser entre autres des maladies cardio-vasculaires. Or, elle entre dans la composition d’un tas de biscuits, plats industriels, pains de mie, margarines, mais aussi (en très grande quantité!) dans l’icônique Nutella.

Le Monde rapporte que la Commission des affaires sociales du Sénat a adopté cet après-midi un «amendement Nutella» au projet de budget de la Sécurité sociale, visant à augmenter de 300% la taxe sur l’huile de palme. Elle cible donc une immense gamme de produits, bien plus large que la pâte à tartiner choco-noisette, symbole des excès d’huile de palme dans l’industrie agro-alimentaire.

L’auteur de l’amendement, le rapporteur de la Commission Yves Daudigny (PS), précise à l’AFP qu’il s’agit d’un signal, “non à destination des consommateurs, mais à destination des industries agroalimentaires pour qu’elles substituent à ces huiles de nouvelles compositions plus respectueuses de la santé humaine”.

Avec cet amendement au projet de loi de financement 2013 de la Sécurité sociale (PFLSS, qui sera examiné au Sénat à partir du 12 novembre), les producteurs devraient ajouter 300 euros par tonne à la taxe déjà existante sur «les huiles de palme, de palmiste et de coprah destinées à l’alimentation humaine, en état ou après incorporation dans tous les produits». 20 Minutes précise que pour un pot d’un kilo de Nutella, la taxe s’élèverait à 6 centimes… Est-ce que cela sera dissuasif?

En France, on consomme 126 000 tonnes d’huile de palme à usage alimentaire par an. Du coup, cette augmentation de la taxe additionnelle rapporterait environ 40 millions d’euros.

Après, on peut se demander si l’huile de palme à usage non alimentaire sera également taxée? Car cette huile, dont la production pose des problèmes de déforestation, est aussi beaucoup utilisée dans des produits d’hygiène et de ménage.

En outre, est-ce qu’elle sera appliquée à l’huile de palme portant le label RSPO, censée être produite de manière plus respectueuse de l’environnement et des hommes? Comme souvent en matière de taxes sur les produits alimentaires (bière, sodas…), l’affaire est très complexe.

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Un plan national anti-gaspillage alimentaire est lancé

Le gaspillage alimentaire est estimé à 20 kg de déchets par an et par Français. Une enquête TNS Sofres vient d’être publiée à ce sujet, chiffrant ce gaspillage insensé qui nous fait jeter des kilos d’aliments (phénomène récemment très dénoncé, notamment lors du Banquet des 5000 la semaine dernière…).

L’enquête précise que 43% des foyers de 4 personnes jettent du pain au moins une fois par mois. En outre, même si 78% des Français savent que la date de péremption est seulement informative, 55% jettent quand même des produits parce que cette date est dépassée. Tout cela est dû à nos modes de vies, à nos gestions des stocks et à nos façons de cuisiner aussi…

Alors le gouvernement a décidé de s’atteler à ce problème et entend diviser le gaspillage alimentaire par deux d’ici 2025. Le Monde rapporte que les actions du plan sont destinées à «”enclencher une dynamique” auprès de la grande distribution, des industriels, des associations et des consommateurs, car sur l’ensemble de la chaîne alimentaire, ce sont 150 kilos qui sont gaspillés par an et par personne en France».

Quelles sont les actions qui vont être menées? Le gouvernement veut par exemple encourager la récupération d’invendus pour l’aide alimentaire. Cinq opérations pilotes vont en outre commencer en janvier dans des collèges de Dordogne et un restaurant d’entreprise en Mayenne, pour ajuster les repas afin d’arriver à une juste portion.

Concernant la grande distribution, Guillaume Garrot, ministre délégué chargé de l’Agroalimentaire, déclare dans une interview au JDD:

«ll faut vendre au plus juste. Les packs de produits incitent à trop acheter. Nous voulons faciliter la vente à l’unité dans les rayons. Certains industriels réfléchissent avec nous à cette réduction des volumes. Nous favoriserons aussi les promotions différées. Aujourd’hui, si vous achetez deux produits dans le cadre d’une promo, vous partez avec un troisième gratuit qui risque de se périmer. Demain, le magasin proposera  au client d’emporter son lot plus tard”.

Le Ministère lance aussi une grande opération de communication et de sensibilisation, avec des affiches (ci-contre), sur le thème «Manger c’est bien, jeter ça craint !» et la création d’un site internet, créé pour véhiculer des bonnes pratiques…

Ces actions seront mises en place progressivement, avant la signature d’un pacte national anti-gaspillage en juin prochain.

Photo: Rotting Compost Food Macro March 01, 20113/ stevendepolo via FlickrCC License by

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Plus que six mois pour les sodas XXL à New York

La fin des boissons sucrées taille XXL approche à New York. Proposée par le maire de la ville Michael Bloomberg, l’interdiction de vente de larges boissons sucrées au restaurant, dans la rue et au cinéma a été approuvée le 13 septembre par le département santé de la mairie de New York –dont les membres sont choisis par le maire–, rapporte le New York Times.

Après le vote, Michael Bloomberg a estimé qu’il s’agissait «du plus grand pas fait par une ville pour lutter contre l’obésité», et qu’il pensait que ça «aiderait à sauver des vies».

Sauf si un juge bloque l’application de la mesure, d’ici six mois il ne sera pas possible de vendre des boissons dans des verres de plus de 16 ounces (50 centilitres). Les lobbys de l’industrie du soda comptent bien tenter de tout faire contre cette échéance, peut-être notamment via des plaintes devant la justice.

La ville affirme que la moitié de ses habitants est obèse ou en surpoids, mais ceux qui critiquent la mesure pensent qu’elle pourrait affecter les recettes des petites entreprises. Les établissements concernés sont ceux qui sont inspectés par le département de la santé (depuis Starbucks jusqu’aux stands de hot-dogs dans les stades). Les épiceries comme 7-Eleven ou les distributeurs de boissons ne seraient pas concernés. Ne sont pas non plus concernés les jus de fruit, les boissons à base de lait comme les milkshakes, ou les boissons alcoolisées (ni les boissons light, bien sûr).

Comme on l’écrivait au moment où Bloomberg a proposé cette mesure, pour The Salt, le blog food de NPR, cette mesure ne va en rien changer les habitudes des buveurs de soda ni faire baisser le nombre d’obèses. David Just, qui enseigne le comportement économique à la Cornell University, est «extrêmement sceptique». Pour lui, la manière dont la proposition est structurée va juste provoquer des rebellions… Tout simplement, les gens qui veulent boire beaucoup de soda vont être amenés à acheter deux portions plus petites… De plus, les énormes gobelets de jus de fruit ou de cappuccinos bien sucrés, non concernées par la mesure, contiennent aussi un nombre de calories aussi très élevés.

Michael Blommberg n’en est pas à son coup d’essai contre l’obésité. Depuis plusieurs années, les chaînes de fast-food de New York doivent inscrire le nombre de calories en face de chaque plat et boisson, tandis que les gras trans artificiels ont été interdits dans les restaurants. Enfin, cet hiver, une campagne de pub choc avait déjà suggéré aux habitants de réduire leurs portions de soda XXL.

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La Good Food March est en route vers Bruxelles

Depuis fin août, des milliers d’Européens marchent vers Bruxelles. Une centaine d’organisations (paysannes, environnementales, mais aussi des associations de consommateurs) de 15 pays participent à la Good Food March, et convergent vers le Parlement Européen, où se tiennent les discussions sur la réforme de la PAC (Politique agricole commune).

L’objectif est d’ «alerter l’opinion sur les négociations en cours et inviter les citoyens à faire entendre leur voix pour défendre une agriculture plus équitable, plus verte, plus humaine». En France, les partenaires de l’opération sont donc liés à cette thématique: la Confédération Paysanne, la Fondation Nicolas Hulot, le Mouvement des AMAP, Slow Food France, WWF, Attac… Tous partent du principe qu’une alimentation de qualité passe d’abord par une agriculture de qualité. Et qu’il faut donc essayer de peser sur les orientations de la PAC.

A pied, à vélo ou en tracteur, les volontaires vont vers la Belgique avec 4 grandes «caravanes», en faisant tout le parcours ou juste des étapes départementales. Pierre-Alain Prévost, coordinateur de la manifestation en France, est dans la caravane partie du Pays Basque, aujourd’hui près d’Alençon. Il explique que chaque jour, les marcheurs participent à «des conférences, des fermes ouvertes, des tables rondes, des goûters à la ferme ou encore des soirées-débat sur la PAC»…

«Nous voulons lier production agricole et alimentation », souligne l’organisateur. Les constats de départs de la Good Food March sont que l’agrobusiness supplante le monde rural, que le système agricole actuel détruit les sols et réchauffe le climat, que la crise de production favorise la concentration des exploitations. Et que la malbouffe est liée à nos modes de production…

Alors Pierre-Alain Prévost et ses compères marcheurs veulent arriver à «une souveraineté alimentaire» et «trouver une alternative à la concentration agro-industrielle, développer le tissu agricole des petites et moyennes fermes», car celle-ci «sont plus respectueuses de l’environnement, créatrices d’emplois, et s’adaptent aux territoires». Pour tout cela, il faudrait donc «réorienter les aides de la PAC».

11 «demandes fondamentales» sont ainsi formulées par les organisateurs. Ils appellent entre autres à une PAC qui «valorise notre patrimoine culturel, naturel et gastronomique», «accompagne la transition vers une agriculture plus verte et plus durable, et promeuve des méthodes de production agro-écologiques», ou encore «garantisse la culture des protéines locales pour l’alimentation animale plutôt que le soja importé»…

Pendant la durée de la Good Food March, des évènements sont aussi organisés «hors caravanes», comme une journée de mobilisation le 13 septembre dans les Pyrénées Orientales, ou un grand pique-nique à Paris le dimanche 16, sur l’Esplanade des Invalides.

Au final, les caravanes parties de toute l’Europe arriveront en même temps à Bruxelles, le 19 septembre, pour une journée de discussion avec les élus européens, dans le but de peser sur les décisions en matière d’agriculture, grâce à ce mouvement civil et à des «doléances» apportées de toute l’Europe.

Une grande campagne de demandes citoyennes en photos sera aussi montrée aux députés et commissaires… Des dizaines d’européens ont été photographiés, tenant une petite pancarte avec des inscriptions telles que «pour une PAC avec des paysans dedans», «mieux manger = mieux vivre» ou encore… «I love les tomates qui ont du goût».

Lucie de la Héronnière

Photo: Des demandes récoltées pendant la marche en France, blog de la Good Food March.

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